3 – Pour vivre le Psaume aujourd`hui Psaume 129

Psaume 129
L’espérance
Il n’y a pas de vie chrétienne sans espérance. L’espérance est la vertu
théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des
cieux et la vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du
Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du
Saint-Esprit. La vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par
Dieu dans le cœur de tout homme ; elle assume les espoirs qui inspirent les
activités des hommes ; elle les purifie pour les ordonner au royaume des cieux ;
elle protège du découragement ; elle soutient en tout délaissement ; elle dilate
le cœur dans l’attente de la béatitude éternelle. L’élan de l’espérance préserve
de l’égoïsme et conduit au bonheur de la charité.
L’espérance chrétienne reprend et accomplit l’espérance du peuple élu
qui trouve son origine et son modèle dans l’espérance d’Abraham : « Espérant
contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d’une multitude de peuples »
(Rom 4, 18). L’espérance chrétienne se déploie dès le début de la prédication de
Jésus dans l’annonce des Béatitudes. Elle s’exprime et se nourrit dans la prière,
tout particulièrement dans celle du « Notre Père », résumé de tout ce que
l’espérance nous fait désirer. Par l’espérance, le chrétien désire et attend de
Dieu avec une ferme confiance la vie éternelle et les grâces pour la mériter.
Les chrétiens distinguent l’espoir de l’espérance : l’espoir attend, pour le
futur, la réalisation de ce qui rendra l’homme ou la société plus heureux. Vivre
l’espérance, c’est vivre dès à présent du bonheur promis par Dieu. Les
théologiens aiment employer l’expression « déjà là mais pas encore ».Par le
baptême et dans l’eucharistie, le fidèle vit déjà dans la vie éternelle même si
celle-ci n’est pas encore pleinement manifestée. Ainsi l’espérance est aussi
éloignée du désespoir, (quand face aux difficultés de la vie on n’arrive plus à
faire confiance à Dieu) que de la présomption (quand on pense atteindre le
bonheur par ses propres forces).
(Cf CEC 1817 sq)
3 – Pour vivre le Psaume aujourd’hui
- Selon les mots-mêmes de Benoît XVI, encyclique Spe salvi, 2007, en
quoi pouvons-nous dire que « la foi chrétienne est pour nous aujourd’hui une
espérance qui transforme et soutient notre vie » ?
[1b]
Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !
[2]
[3]
Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ?
[4]
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l'homme te craigne.
[5]
J'espère le Seigneur de toute mon âme ;
je l'espère, et j'attends sa parole.
[6]
Mon âme attend le Seigneur
plus qu'un veilleur ne guette l'aurore.
Plus qu'un veilleur ne guette l'aurore,
[7]
attends le Seigneur, Israël !
Oui, près du Seigneur, est l'amour ;
près de lui, abonde le rachat.
[8]
C'est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.
Le psaume 129 est utilisé dans la prière chrétienne à diverses reprises, toutes en rapport avec
l’espérance :
- dans la liturgie eucharistique, le 5e dimanche de Carême de l’année A et le 10e dimanche
ordinaire de l’année B.
- lors des funérailles, ce psaume d’espérance d’un pénitent est souvent choisi, non pas pour
se lamenter, mais pour exprimer en Eglise la confiance en Dieu rédempteur de l’homme.
- dans la liturgie des Heures, il est proposé comme une supplique chaque mercredi soir à
ème
complies et le samedi soir (2 semaine du mois) ;
- enfin, les vêpres de Noël offrent à prier ce psaume dans la joie, en accomplissement du
verset final !
Souvent appelé par ses premiers mots en latin, « De profundis », il est passé à la postérité
dans la littérature ou dans la musique.
1 – Pour goûter le Psaume
Un cantique des montées
Dans le psautier, un ensemble de 15 psaumes (119 à 133) sont appelés
« cantiques des montées ». En hébreu le verbe monter est employé pour dire
« aller à Jérusalem en pèlerinage » pour les trois fêtes annuelles et, en
particulier, la plus importante d’entre elles, la fête des Tentes. La Bible grecque a
traduit « cantique des degrés », c’est-à-dire des « marches », en référence aux
15 marches permettant d’accéder au parvis du temple et sur lesquelles les
prêtres chantaient dans l’exercice de leur ministère. Ces psaumes sont
particulièrement conçus pour être chantés du fait de leur brièveté, des
répétitions mais aussi de leur forme poétique et de la richesse des sentiments
qu'ils expriment. Mais il est plus probable que leur usage ne se limitait pas à
l’enceinte du temple et qu’ils accompagnaient l’ensemble du pèlerinage, la
« montée à Jérusalem » symbolisant la vie spirituelle qui n’est rien d’autre
qu’une montée vers Dieu.
Les 3 fêtes juives de pèlerinage à Jérusalem
Pessah (Pâque) : on commémore la sortie d’Egypte.
Shavuot (Pentecôte) : on rappelle la promulgation de la Torah sur le mont Sinaï.
Sukkot (fête des Tentes) : on remercie Dieu pour sa bonté envers les Hébreux
pendant leurs 40 années d'errance entre l’Egypte et la terre d’Israël.
Un psaume pénitentiel
C'est un psaume pénitentiel, admirablement construit, qui livre une
prière exemplaire pour qui veut reconnaître la miséricorde divine.
Les quatre premiers versets sont formulés en « je » et « tu ». Un dialogue très
intime et personnel se laisse découvrir.
Versets 1b-2. Tout d’abord une supplication de salut, très concise. Les
profondeurs du mal dans lequel gît le malheureux psalmiste est celui qu’il a
causé lui-même. Son péché personnel l’a jeté dans un abîme dont il évalue toute
l’ampleur. Mais un cri est possible, un appel au secours vers Dieu qui se laisse
toucher par la détresse parce que son alliance est placée sous le signe de
l’amour.
Versets 3-4. La prière est exprimée d’emblée : si le gouffre est trop
profond, personne ne pourra s’en sortir. Personne ne tiendra si les fautes
restent comptées. Que le péché n’est pas la fin de l’histoire, voilà bien la
certitude du psalmiste envers son Seigneur !
La « crainte » évoquée ici n’est pas la peur mais l’attitude juste, humble et lucide
du croyant, une adoration pleine d’émerveillement devant la toute-puissance
d’amour de Dieu.
Verset 5. Vient ensuite un monologue : la confiance de l’âme se fait
entendre par une affirmation d’espérance forte ! C’est le centre du psaume.
« J’espère le Seigneur, j’attends sa parole. »
Versets 6-7a. Ayant accompli sa démarche personnelle, le psalmiste peut
aussi interpeller sa communauté, c’est-à-dire « Israël », afin d’élargir la
rédemption à tout le peuple, dont il est solidaire. L’image très parlante des
veilleurs, assurés de la venue de l’aurore quand bien même l’attente paraît
longue ou la nuit froide, en dit plus sur l’espérance que tous les mots abstraits
de notre vocabulaire religieux. Jésus, au temps de son agonie au mont des
Oliviers, n’a-t-il pas appelé à « veiller » la nuit (Mt 26,40.41 ; Mc 14,34.38), et
même à veiller en tout temps (Lc 22, 36) ?
Versets 7b-8. L’aboutissement de la prière est noté sous forme de
réconfort : le peuple croyant en la fidélité et la puissance du Seigneur est assuré
du salut.
Un psaume pour aujourd’hui
Pour nous également, dans les épreuves ou dans les souffrances, et
surtout dans le cas de péché, voici une prière qui soutient celui ou celle qui ne
veut pas se laisser abattre devant le mal ou la mort, devant les « ratés » de la
vie. Comme le psalmiste nous sommes conscients de nos torts, mais encore plus
conscients de la miséricorde de Dieu et animés par l’espérance de la
rédemption. Par Jésus crucifié, l’abondance de la miséricorde, du rachat obtenu
par sa mort, est offerte assurément.
2 – Pour aller plus loin
La rédemption
En latin, rachat se dit redemptio, d’où le terme de rédemption. Cette
notion en vertu de laquelle Dieu « libère » ou « rachète » son peuple est
étroitement rattachée dans la Bible à l’idée de salut : elle désigne le moyen
privilégié choisi par Dieu pour sauver Israël en le libérant de la servitude
égyptienne et en le constituant son « peuple particulier ».
Le terme de « rédemption » ne sert pas seulement à désigner l’œuvre
opérée par le Christ sur le Calvaire mais également celle qu’il accomplira à la fin
des temps lors de la parousie et de la résurrection glorieuse des corps ; et dans
les deux cas, il s’agit d’une délivrance, d’une libération, mais plus encore peutêtre d’une « acquisition », d’une « prise de possession par Dieu », initiale
d’abord, puis définitive, quand l’homme, corps et âme, et l’univers avec lui,
« entreront dans la plénitude de Dieu » : alors Dieu sera « tout en tous » (I Co
15, 28), voire « tout en tout » (Ep 1, 23).
Prier avec le psaume 129
Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit
Pour les siècles des siècles. Amen.
Dieu, viens à mon aide ! Seigneur, à notre secours
Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit,
au Dieu qui est, qui était et qui vient
pour les siècles des siècles. Amen.
Hymne : Ô Père, Source de l’amour,
Tu nous as gardés en ce jour dans ta tendresse.
Si je n’ai pas compris ta voix, ce soir je rentre auprès de toi,
Et ton pardon me sauvera de la tristesse.
Seigneur, étoile sans déclin,
Toi qui vis aux siècles sans fin, près de ton Père,
Ta main ce jour nous a conduits, ton corps, ton sang nous ont nourris,
Reste avec nous en cette nuit, sainte lumière.
Seigneur, reviendras-tu ce soir
Pour combler enfin notre espoir par ta présence ?
La table est mise en ta maison où près de toi nous mangerons.
Pour ton retour, nous veillerons pleins d’espérance.
Antienne : Auprès du Seigneur est l’amour ; près de lui, le pardon.
Antienne : Auprès du Seigneur est l’amour ; près de lui, le pardon.
Parole de Dieu
(Rm 13, 11b.12-13) C’est le moment, l’heure est venue de sortir de
votre sommeil. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche.
Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la
lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein
jour.
Répons R/ Dieu, tu es mon Dieu,
* Je te cherche dès l’aube.
V/ Comment découvrir ta lumière ?
* Je te cherche dès l’aube.
V/ Où saisir un reflet de ta gloire ?
* Je te cherche dès l’aube.
Gloire au Père. R/
Intercession Prions le Christ, source de joie pour qui espère en lui :
R/ Regarde-nous, Seigneur, exauce-nous.
Psaume 129 Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !
Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ?
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l'homme te craigne.
Tu envoies tes disciples annoncer l’Evangile au monde :
- donne-leur courage et fidélité.
Par ta croix, tu as brisé le mur de la haine :
- accorde aux gouvernants ton Esprit de paix.
Tu es venu porter le feu sur la terre :
- donne-nous de combattre toute injustice.
Accueille auprès de ta mère et de tous les saints
- ceux que ta résurrection a libérés de la mort.
J'espère le Seigneur de toute mon âme ;
je l'espère, et j'attends sa parole.
Intentions libres…
R/ Regarde-nous, Seigneur, exauce-nous.
[6]
Mon âme attend le Seigneur
plus qu'un veilleur ne guette l'aurore.
Plus qu'un veilleur ne guette l'aurore,
[7]
attends le Seigneur, Israël.
Oui, près du Seigneur, est l'amour ;
près de lui, abonde le rachat.
[8]
C'est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.
Notre Père
Oraison
Seigneur, notre Dieu, tu nous as envoyé ton Fils Jésus : dans nos
ténèbres, il a fait jaillir la lumière de sa vie ; qu’il nous réveille
maintenant de tout sommeil, qu’il nous relève de toute mort. Grâce à
lui, nous vivrons pour toi et nous marcherons vers ton Royaume. Toi
qui règnes avec lui et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des
siècles. Amen.