apport de l`echograprie endorectale dans les cancers du rectum
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apport de l`echograprie endorectale dans les cancers du rectum
APPORT DE L’ECHOGRAPRIE ENDORECTALE DANS LES CANCERS DU RECTUM R. NGUEMA-MVE*, J.C. SARLES** RESUME autres examens morphologiques, elle permettrait de diagnostiquer précocément les récidives locales de ces cancers. Les auteurs rapportent une expérience d’un an d’utilisation de l’échographie endorectale dans les cancers du rectum. Cette nouvelle technique d’investigation de ces cancers, permet d’étudier leur extension pariétale et loco-régionale. Associée au toucher rectal et à la tomodensitométrie, elle améliorerait sa spécificité et permet une meilleure stadification de ces cancers. Cette étude rétrospective concernait 40 patients ayant subi une échographie endorectale en un an à partir de novembre 1989. Les indications étaient les suivantes : - 20 fois pour une surveillance post-opératoire, - 6 fois pour une surveillance post-radiothérapique et, - 22 fois pour l’investigation d’une tumeur dont la stratégie thérapeutique restait à définir. L’examen n’a pu être réalisé dans 3 cas en raison d’une sténose très serrée empêchant la pénétration de la sonde. Dans 5 cas, l’examen avait montré l’existence d’une infiltration ou d’un épaississement pariétal signant une récidive que ni le lavement baryté, ni la coloscopie n’avaient mis en évidence. Cet examen s’était montré performant surtout dans l’étude de l’extension pariétale de la tumeur où elle avait atteint une spécificité de 75 % et une sensibilité de 100 % ; alors que pour l’étude de l’envahissement ganglionnaire, sa sensibilité n’était plus que de 50 % et sa spécificité de 73 %. Dans ce cas aussi, il faut souligner que la découverte échographique ne permettait pas d’affirmer si ces ganglions étaient envahis ou non. La confrontation de L’EER au toucher rectal avait donné 66 % de résultats concordants. Celle avec la tomodensitométrie, 83 % de résultats concordants. L’EER, examen anodin et r e p roductible, est utile surtout pour les tumeurs des 1/3 moyen et bas où elle permet de dissocier les tumeurs relevant d’une radiothérapie première avant la chirurgie, et celles qui relèveraient d’une chirurgie d’emblée. Associée aux SUMMARY Endorectal ultrasund in the staging of rectal cancer Initialy used at prostate carcinoma, the endor e c t a l ultrasund is extend to rectal carcinoma exploration. This new examination, associated to rectal touch and tomodensitometry, will improve her sensibility and give a very good staging of those cancers. About 48 endorectal ultrasund examinationg realised to 40 patients during one year, we reported our experience. Indications were : - 20 cases for postoperative look - 6 cases for post-radiotherapic look - 22 cases for exploration of a carcinoma, the treatment of which did’nt established. In 3 cases, examination was impossible because of rectal stenosis. In 5 cases, it gives a recidive who was not diagnosed by barytic lavement and endoscopic examination. This examination was performed in the parietal extension of tumor study, with 75 % of specificity and 100 % of sensibility. But in the research of adenopathies, sensibility was 50 % and specificity 73 %. Versus rectal touch, we observed 66 % of concordent results ; with tomodensitometry, we have 83 %. Endorectal ultrasund is a good examination for tumor of mean-1/3 or for low-1/3 of the rectum. It divided tumor, the treatment of which need radiotherapy first and those, who need surgery first. It permitted to diagnose precocely local recidive of rectal cancer. Key-words : Endorectal ultrasund, Treatment, Cancer, Rectum. 1 - Chef du Service de Chirurgie Générale et Digestive de l’Hôpital Régional de l’Estuaire à Libreville B.P : 16498 Libreville GABON. 2 - Professeur, Chef du Service de Chirurgie Générale et Digestive, CHU Sainte Marguerite, Marseille FRANCE. Mots-clés : échographie endorectale, cancer du rectum, traitement. Médecine d'Afrique Noire : 1999, 46 (3) R. NGUEMA-MVE , J.C. SARLES 162 INTRODUCTION L’extension pariétale et ganglionnaire est, avec le siège de la lésion, un facteur pronostic essentiel des cancers du rectum. Son appréciation permet un choix thérapeutique : pour les tumeurs volumineuses dépassant le rectum entre chirurgie d’emblée ou après radiothérapie ; pour les petites tumeurs basses superficielles ou les tumeurs villeuses, entre la chirurgie et la destruction locale par laser, électrocoagulation ou radiothérapie. Pour certains cancers au 1/3 moyen, elle peut inciter à pousser plus bas la dissection et à faire une anastomose colo-anale (l). Jusqu’à un passé récent, le diagnostic des tumeurs du rectum se bornait surtout au toucher rectal, la rectoscopie avec examen histologique des biopsies ainsi que la tomodensitométrie (2). Des publications antérieures ont cependant montré que la détermination de l’extension locale par l’examen digital était fortement subjective, reflétait l’expérience chirurgicale et même dans des centres spécialisés, n’était exacte que dans 75 % des cas (3). L’utilisation récente de l’EER (échographie endorectale) dans l’évaluation des cancers de la prostate a été étendue à l’étude des tumeurs rectales (4). L’anatomie échographique de la paroi rectale a été bien détaillée, et la faculté de dire avec exactitude la profondeur de la pénétration tumorale s’est accrue évidemment rendant plus aisée la stadification des cancers. Nous rapportons ici, notre expérience d’une année d’utilisation de l’EER dans ses différentes indications en matière de cancer du rectum. Nos résultats sont comparés à ceux de la littérature afin de déterminer la place réelle ou actuelle de l’EER dans cette pathologie préoccupante au demeurant. Il s’agissait des malades hospitalisés dans le service du Professeur J.C. SARLES (Chirurgie générale), ou des malades adressés par d’autres services. 2 - L’appareillage Tous nos examens avaient été réalisés à l’aide d’un ”COMBISON 310 A”. C’est un échographe temps réel sectoriel et linéaire. L’appareillage comportait, outre le module de traitement de visualisation de l’image, une sonde rotatrice composée d’une unité motrice munie d’une tige longue de 18cm à la pointe de laquelle se trouvait le transducteur rotatoire pouvant émettre à 5 ou 7,5 MHz. La vitesse de rotation du transducteur pouvait être variée entre 3 et 10 tours/minute. La documentation se faisait sur un film à développement instantané. 3 - L’examen L’ examen était réalisé par un médecin du service ayant été formé pour celà. Les malades étaient installés en position gynécologique ou en décubitus latéral. Un toucher rectal était systématiquement effectué. La sonde d’échographie était recouverte d’un préservatif et enduite d’un gel. Elle était introduite directement dans la marge anale et l’examen pouvait commencer. Il durait environ 15 minutes. Tous les cadrans étaient minutieusement étudiés ; de même que les adénopathies étaient recherchées. Des clichés étaient tirés pour mémoriser les images. En fin d’examen, un compte-rendu était rédigé par l’examinateur et comportait outre les données de l’EER, celles du toucher rectal. PATIENTS ET METHODES RESULTATS 1 - Les patients 1 - Les indications De novembre 1989 à novembre 1990, 40 patients ont bénéficié de 48 EER ou EEV (échographie endovaginale) pour cancer du rectum soit avant, soit après traitement de celui-ci. Il s’agissait de 22 hommes pour 18 femmes. L’âge moyen était de 64 ans avec des extrêmes allant de 26 à 84 ans. 20 fois, l’EER a été réalisée pour surveillance post-opératoire ; 6 fois, pour surveillance post-radiothérapique ; 22 fois, pour exploration tumorale. Médecine d'Afrique Noire : 1999, 46 (3) * 20 fois une EER avait été réalisée en surveillance postopératoire : - 9 fois après une résection antérieure du rectum, - 8 fois après une amputation abdomino-périnéale, - 3 fois après une résection tumorale par voie transanale. * 6 fois elle avait été réalisée pour un contrôle post-radiothérapique. APPORT DE L'ECHOGRAPHIE… 163 * 22 fois, c’était pour l’exploration d’une tumeur dont les modalités thérapeutiques restaient à définir. 4 - Confrontation des données échographiques et histologiques 2 - L’exploration tumorale A partir de 14 patients opérés, l’étude de l’infiltration pariétale avait retrouvé : 57 % de résultats concordants et 43 % de résultats discordants. Dans ces 43 % de résultats discordants, une moitié étaient des surestimations et l’autre des sous-estimations. Pour l’extension à la graisse périrectale à partir de 13 cas, il y avait 84 % de résultats concordants et 16 % de faux positifs. Pour l’existence des adénopathies, toujours à partir de 13 cas, il y avait 69 % de résultats concordants, 23 % de taux positifs et 8 % de taux négatifs, soit 31 % de résultats discordants. Il y avait : - 6 tumeurs du moyen rectum, - 10 du bas rectum, - 6 du haut rectum. Pour les tumeurs du bas rectum, elles ont toutes, sauf une, été explorées par l’EER et l’examen histologique post-opératoire. Il s’agissait essentiellement des adénocarcinomes. 8 fois sur 10, 1’EER et l’histologie étaient concordantes. Il y a eu surestimation de l’EER sur l’existence des adénopathies. Tous ces malades avaient subi une radiothérapie première suivie d’une amputation abdomino-périnéale, sauf 2 cas dont un malade externe (observation n°13) et un malade ayant bénéficié d’une résection tumorale par voie transanale (observation n°8). Pour les tumeurs du moyen rectum, 3 avaient été opérés, les autres étant des malades externes avaient été perdus de vue. Il avait été réalisé 3 anastomoses colo-rectales dont une après radiothérapie. Cette fois, l’EER n’avait pu être formelle du fait de l’existence de lésions radiques. Pour les tumeurs du haut rectum enfin, le problème était simple et elles avaient toutes bénéficié d’une résection antérieure du rectum. Ici, l’EER et l’histologie étaient concordantes dans les 6 cas. 3 - La surveillance des opérés Le délai écoulé entre l’intervention et l’examen variait d’un mois à 9 ans. Dans 53 % des cas, l’EER était normale. Dans 47 % des cas, il y avait une anomalie : . 3 fois, l’existence d’une sténose avait empêché la réalisation de l’examen, . 1 fois un hématome post-opératoire avait entraîné un important remaniement pariétal, . 5 fois, l’examen avait découvert une infiltration ou un épaississement pariétal signant l’existence d’une récidive locale. Ni le lavement baryté, ni l’endoscopie n’avaient permis de faire ce diagnostic de récidive. Il avait été suspecté sur l’élévation des marqueurs tumoraux, l’examen clinique et la découverte échographique. 5 - Confrontation du toucher rectal à l'EER A partir de 24 patients, la confrontation du toucher rectal et de l’EER avait donné 66 % de résultats concordants contre 34 % de résultats discordants. Dans ces 34 % des cas, le toucher rectal avait minimisé la tumeur. 6 - Confrontation des données de la tomodensitométrie (TDM) à l'EER 6 patients avaient eu une TDM pelvienne. Pour la tumeur, les deux examens étaient concordants 5 fois (83 %), une fois, la TDM avait sous-estimé la tumeur. Pour les adénopathies, il y avait eu une fois discordance en faveur de l’EER 5 fois, les résultats étaient concordants. COMMENTAIRES L’EER est, avec le toucher rectal, l’endoscopie et la TDM, 1’un des examens proposés aux patients porteurs d’un cancer du rectum. Cette technique, nouvelle dans cette indication, a été utilisée pour l’investigation, le traitement ou la surveillance post-thérapeutique de ces lésions. Pour le matériel utilisé, on peut dire qu’il était de bonne qualité. En effet, cet appareil émettait des fréquences de 5 et 7 MHz. 0r, actuellement, tous les auteurs pensent que les fréquences de 7MHz sont celles qui donnent les meilleures images (2, 4, 5, 6, 7). Pour notre part, le fait de disposer des deux fréquences est un plus incontestable puisque la fréquence de 5MEz donne une meilleure image en Médecine d'Afrique Noire : 1999, 46 (3) R. NGUEMA-MVE , J.C. SARLES 164 profondeur alors que celle de 7MHz donne sa meilleure image en surface. L’association des deux améliorerait donc la sensibilité de l’examen. Pour les indications, si l’EER ne change pas l’attitude visà-vis des tumeurs du haut rectum, en revanche, elle est capitale voire déterminante pour les tumeurs des moyen et bas rectum chez qui elle permet d’adopter une attitude thérapeutique raisonnable. Avec ce travail, nous avons réalisé l’intérêt de l’EER dans le diagnostic des récidives anastomotiques. En effet, chez 6 de nos patients porteurs de cette récidive, le lavement baryté et l’endoscopie n’avaient pu en faire le diagnostic et c’est l’EER qui l’avait évoqué et permis un traitement adapté. Ceci s’explique par le fait que certaines récidives anastomotiques se font dans la paroi sans atteindre la muqueuse(1, 4). Dans l’interprétation de cette EER, il faut tenir compte cependant de la difficulté d’interprétation après des séances de radiothérapie car il reste toujours une réaction scléroinflammatoire locale qui est d’interprétation difficile autant à l’EER qu’à l’histologie (2). Concernant l’extension pariétale (Tableaux I et II), nos résultats comparés à ceux de la littérature, amènent quelques commentaires : Tableau N°1 : Extension pariétale des tumeurs rectales (musculeuse profonde/graisse péri-rectale). Auteurs/années Nb de cas Sensibilité % Spécificité % HILDEBRANDT : 1985 25 100 100 ROMANO : 1985 23 87 100 BEYNON : 1986 38 96 92 SAITOH : 1986 88 98 72 MOSNIER : 1987 24 100 89 AUTEURS : 1990 13 100 75 Tableau N°2 : Extension ganglionnaire Auteurs/années Le premier est que notre série est très limitée, 13 patients seulement, une telle série ne permet pas de conclusions statistiquement satisfaisantes ; mais notre but était de rendre compte de nos premiers résultats ; dans un proche avenir, le travail serait plus important. Globalement, nos résultats sont superposables à ceux de la littérature et l’on remarque que l’EER est plus performante pour l’étude de l’extension pariétale que pour l’étude des adénopathies (6, 7, 8). Notre sensibilité est encore faible par rapport aux autres équipes. Celà pourrait être expliqué par le manque d’expérience de nos examinateurs. Avec le temps, leur fiabilité ira certainement en augmentant. Ailleurs, l’existence d’adénopathies ne permet pas d’affirmer qu’elles sont envahies ou non (6). L’EER s’est avérée plus performante que le simple toucher rectal et que la TDM. DETRY et Coll. (6) disaient déjà que l’EER est au moins aussi efficace que le TR mais attiraient l’attention sur les limites du TR qui ne pouvait explorer que les tumeurs des 1/3 inférieur et moyen bas, et dont l’interprétation était plus subjective. KRAMANN (7) avait aussi montré la supériorité de l’EER face à la TDM. D’autres auteurs (6, 7), pensent que la TDM garde toutes ses indications en cas de volumineuses tumeurs avec importante extension pariétale. Pour eux, les sténoses limitent l’EER alors qu’elles ne gênent pas la TDM. La surveillance post-opératoire a pour but la détection précoce des récidives. Bon nombre de celles-ci sont sousmuqueuses, voire extra rectales et échappent à l’endoscopie et au TR ; certaines tumeurs non sécrétantes ne s’accompagnent pas d’une élévation des marqueurs tumoraux, leur évolution post-opératoire ne peut donc être suivie par la biologie. Pour HILDEBRANDT (9), bien que l’identification des couches tissulaires soit moins nette au niveau de la cicatrice, l’échographie objective même des petites masses sous-muqueuses et l’on peut comprendre que l’anomalie échographique puisse constituer le premier signe objectif de certaines récidives. Nb de cas Sensibilité % Spécificité % CONCLUSION BILDEBRANDT : 1986 27 86 70 SAITOH : 1986 88 94 42 MOSNIER : 1987 24 71 76 AUTEURS : 1990 13 50 73 L’EER, examen anodin, reproductible et bien supporté est une nouvelle méthode d’exploration des tumeurs du rectum. Elle est très utile pour les tumeurs des 1/3 inférieur et moyen chez qui elle permet de dissocier les tumeurs relevant d’une radiothérapie première et celles pour les- Médecine d'Afrique Noire : 1999, 46 (3) APPORT DE L'ECHOGRAPHIE… 165 quelles elle n’est pas nécessaire. Cet examen a une spécificité et une sensibilité acceptables dans des mains entraînées. Associé à d’autres moyens d’in- vestigation ou de surveillance, il devrait permettre de déceler beaucoup plus précocement les récidives locales de ces cancers. BIBLIOGRAPHIE 1 - GUIVARC’H M. Etude de l’extension loco-régionale des cancers rectaux par l’échographie endorectale. Med.Chir.Dig.1988,17 ; 447-459. 2 - ALZIN H.H.,KOHLBERGER E.,SCHWAIGER R.,ALLOUSSI S. Valeur de l’échographie endorectale dans la chirurgie du rectum. Ann. Radiol.,1983,26, (4) : 344-336. 3 - BEYNON J.,FOY D.M.A.,ROE A.M.,TEMPLE L.N.,and MORTENSEN N.J.Mec. Endoluminal ultrasound in the assessment of local invasion in rectal cancer. Br. J. 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