Nokia joue son va-tout avec sa gamme de Windows Phone 8
Transcription
Nokia joue son va-tout avec sa gamme de Windows Phone 8
Nokia joue son va-tout avec sa gamme de Windows Phone 8 Par Guillaume de Calignon | 06/09 | 07:00 Le finlandais a présenté hier deux smartphones, qui seront équipés du nouveau système d'exploitation de Microsoft. Devant les difficultés de Nokia, l'américain a toutefois décidé de diversifier ses partenaires dans les smartphones. Le Lumia 920, en haut, sera la vitrine de la marque pour les fêtes. En bas, déclinaison de coques colorées pour le Lumia 820. - Spencer Platt/Getty Images/AFP -DR Ce ne sont peut-être pas les smartphones de la dernière chance à proprement parler, mais ça commence à y ressembler. Nokia a présenté hier à New York deux futurs smartphones intégrant Windows Phone 8, le nouveau système d'exploitation de Microsoft pour mobiles. L'un des deux nouveaux-nés de Nokia, le Lumia 920, sera la vitrine de la marque pour les fêtes de fin d'année. Son fabricant mise sur les qualités de son appareil photo et sur différents services nouveaux, qui ne sont toutefois pas révolutionnaires. Les investisseurs ont été déçus par les annonces d'hier. L'action Nokia a plongé de 13 % à Helsinki. L'objectif est clair, mais difficile à atteindre pour le finlandais, qui enregistre de lourdes pertes : regagner des parts de marché sur Apple et Samsung, les deux leaders, qui s'arrogent à eux seuls 90 % des bénéfices dans les smartphones. Seulement, voilà : en cette fin d'année, la concurrence est particulièrement rude. Hier soir, Motorola a présenté sa nouvelle gamme de smartphones (Razr), les premiers modèles depuis son rachat par Google l'an dernier. Apple présentera son iPhone 5 le 12 septembre et, la semaine suivante, ce sera au tour du taïwanais HTC de dévoiler son nouveau smartphone. Samsung, lui, compte sur son Galaxy S3. Jusqu'à présent, le tandem Nokia-Microsoft a du mal à percer. Les Windows Phone n'ont représenté que 2,7 % des smartphones vendus dans le monde au deuxième trimestre, selon Gartner... contre 64,1 % pour Android et 19 % pour l'iPhone. Quant à Nokia, il n'a vendu que 4 millions de smartphones Lumia entre avril et juin alors que, sur la même période, Apple a commercialisé 26 millions d'iPhone et Samsung 50 millions de smartphones. Conséquence : le finlandais a enregistré une perte opérationnelle de 830 millions d'euros au deuxième trimestre et s'est lancé dans des fermetures d'usines et des suppressions massives d'emplois... Casser le duopole Apple-Android Ce qui a aussi une implication sur l'alliance entre Microsoft et Nokia. Au printemps 2011, l'américain misait sur le scandinave. Il est aujourd'hui contraint de diversifier ses partenaires. Les smartphones que sortiront Samsung et HTC dans les prochaines semaines sont équipés de Windows 8. « Microsoft sait qu'il doit atteindre une part de marché à deux chiffres dans les smartphones fin 2013, souligne un expert. Or, ses dirigeants savent désormais que Nokia seul ne peut plus leur apporter une telle part de marché. » Bref, la collaboration entre Nokia et Microsoft n'est pas si étroite. D'autant que HTC, par exemple, a lui aussi intérêt à développer des smartphones équipés de Windows Phone pour continuer à exister face à Apple et Samsung, les deux seuls groupes qui, depuis six mois, gagnent de l'argent dans les smartphones. En utilisant quasi exclusivement Android depuis deux ans, HTC a eu du mal à se différencier face à LG, Sony Mobile et les autres. Le taïwanais va donc tenter l'aventure Windows Phone. Les opérateurs, eux, voient plutôt d'un bon oeil l'arrivée de nouveaux terminaux Windows. « Nous ne pouvons pas nous laisser enfermer dans un duopole Apple-Android », explique l'un d'eux. Microsoft a massivement investi dans la nouvelle version de son système d'exploitation, qui créera des passerelles entre PC, smartphones et tablettes. Pour un expert, « Microsoft s'est vraiment donné les moyens de réussir dans le mobile ». Même sans Nokia, serait-on tenté d'ajouter. G. DE C. Écrit par Guillaume DE CALIGNON Journaliste Tous ses articles Tous droits réservés - Les Echos 2012