Développement local, institutions et gestion des ressources
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Développement local, institutions et gestion des ressources
Développement local, institutions et gestion des ressources naturelles (Tunisie) : le cas de la communauté d'Ouled H'lel dans la délégation de Aïn Draham Elloumi M. in Chassany J.P. (ed.), Pellissier J.-P. (ed.). Politiques de développement rural durable en Méditerranée dans le cadre de la politique de voisinage de l'Union Européenne Montpellier : CIHEAM Options Méditerranéennes : Série A. Séminaires Méditerranéens; n. 71 2006 pages 67-77 Article available on lin e / Article dispon ible en lign e à l’adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://om.ciheam.org/article.php?IDPDF=6400058 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------To cite th is article / Pou r citer cet article -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Elloumi M. Développemen t local, in stitu tion s et gestion des ressou rces n atu relles ( Tu n isie) : le cas de la commu n au té d' Ou led H' lel dan s la délégation de Aïn Drah am. In : Chassany J.P. (ed.), Pellissier J.-P. (ed.). Politiques de développement rural durable en Méditerranée dans le cadre de la politique de voisinage de l'Union Européenne . Montpellier : CIHEAM, 2006. p. 67-77 (Options Méditerranéennes : Série A. Séminaires Méditerranéens; n. 71) -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.ciheam.org/ http://om.ciheam.org/ DŽveloppement local, institutions et gestion des ressources naturelles (Tunisie) : Le cas de la communautŽ dÕOuled HÕlel dans la dŽlŽgation de A•n Draham 12 Mohamed ELLOUMI Salah SELMI, Mohamed HAMMAMI, Houcine DELLAI, Najib AZIZI Chercheurs, INRAT Tunis RŽsumŽ : La communautŽ dÕOuled HÕlel, composŽe de 10 grandes familles, est installŽe dans une zone montagneuse du nord ouest de la Tunisie, en Kroumirie. Cette zone o• la pluviomŽtrie est ŽlevŽe (1000 ˆ 1500 mm par an,) relativement fragile du fait de la prŽsence de marnes et dÕune topographie ˆ fortes pentes, est soumise ˆ des risques importants dÕŽrosion. Elle se caractŽrise par un retard de dŽveloppement consŽquent dž au fait quÕ elle a servi de zone refuge pendant longtemps pour des populations qui se sont ainsi marginalisŽes par rapport au pouvoir central. On note une forte densitŽ dŽmographique de 90 habitants par km2 pouvant monter ˆ 350/km2, un taux de croissance dŽmographique ŽlevŽ et un taux dÕŽmigration tr•s faible jusquÕen 1990. LÕŽconomie locale est peu diversifiŽe et faiblement articulŽe avec lÕŽconomie de la plaine. La pression sur les ressources naturelles est tr•s forte. Cette communautŽ de 1336 personnes pour 284 mŽnages exploite des clairi•res foresti•res ce qui provoque des conflits permanents avec lÕadministration foresti•re. Les activitŽs agricoles, lÕexploitation des produits ligneux et non ligneux ainsi que lÕemploi dans le cadre dÕactions de protection des ressources naturelles caractŽrisent cette population. LÕarboriculture, les cultures cŽrŽali•res et mara”ch•res ainsi que lÕŽlevage constituent les principales productions avec des performances mŽdiocres quoique en nette amŽlioration depuis quelques annŽes (recours au vŽtŽrinaire par exemple). Les activitŽs artisanales liŽes ˆ la for•t (exploitation du bois, distillation des essences foresti•res, li•ge, champignons, pignons et zigougou sont un complŽment de revenu. QuÕil sÕagisse de lÕenvironnement institutionnel rŽgional avec lÕOdŽsypano, le Commissariat au DŽveloppement Agricole ou lÕOffice de lÕElevage et des P‰turages chargŽs de la mise en Ïuvre de la politique de lÕEtat, ou dÕinstitutions plus locales (OMDA, cellule du RCD, ComitŽ de quartier, Groupement de dŽveloppement, ComitŽ Žlargi de DŽveloppement, Miaad plus traditionnel), sans oublier les ONG pour lÕoctroi de micro crŽdits, les outils institutionnels se sont fortement densifiŽs au cours des derni•res annŽes. Plus particuli•rement, le GDA, crŽŽ en 2000, ex comitŽ de dŽveloppement crŽŽ lors de la mise en Ïuvre dÕun projet de lÕOdesypano, dispose dÕun bureau ŽquipŽ et dÕun service dÕencadrement rapprochŽ et intensif. Le GDA couvre 2000 ha dont 1600 ha de for•ts et 400 ha de cultures pour 300 familles. Sur ces familles 156 chefs dÕexploitation adh•rent au GDA. Le GDA intervient dans lÕoffre de services agricoles, la formation de capital humain (formation des membres du Conseil dÕAdministration du GDA, apiculture, ŽlevageÉ), le soutien ˆ lÕinvestissement productif, et la mise en valeur agricole et la protection des sols (CE, plantations dÕoliviers, pŽrim•tres pastoraux, parcelles de triticales, correction de ravinsÉ). Il intervient aussi sur lÕapprentissage collectif et lÕaccroissement de la capacitŽ de dŽveloppement et de gestion des ressources naturelles. Les freins au dŽveloppement sont džs aux conflits nŽs de lÕapplication du code forestier lors de lÕexploitation du li•ge, des plantes aromatiques et des champignons. La rŽsolution des conflits par lÕintermŽdiaire de conventions passŽes entre le GDA et lÕadministration foresti•re ne peut suffire ˆ assurer un vŽritable dŽveloppement. DÕautres activitŽs artisanales en rapport avec les ressources locales restent ˆ explorer. De m•me une meilleure participation des femmes ˆ la dŽcision, connaissant leur r™le essentiel dans la production, et une plus forte scolarisation des filles demeurent un objectif prioritaire. Abstract. The community at Ouled HÕlel consisting of 10 large families lives in a mountainous zone in Kroumirie in north-west Tunisia. This zone with substantial rainfall (1000 to 1500 mm per year) is comparatively fragile because of the presence of marls and steep topography and erosion risks are high. It features a substantial lag in development because it long served as a refuge for population that thus became marginal with regard to central power. Population density is high at 90 persons per km2 and sometimes as much as 350/km2, high population growth and a very low rate of emigration until 1990. The local economy is little diversified with weak links with the economy of the plain. Pressure on natural resources is very strong. This community of 1336 persons (284 households) exploits forest clearings, resulting in continuous conflict with the forestry administration. The population devotes its time to farming, the exploitation of ligneous and non-ligneous plants and employment in actions for the protection of natural resources. Production consists of tree, cereal and vegetable crops and livestock, with mediocre performance that has nonetheless improved over the past few years (e.g. the use of veterinary services). Incomes 12. Ce texte sÕappuie sur les rŽsultats dÕun travail collectif rŽalisŽ dans le cadre du projet de recherche SDC/ICARDA/NARS AlgŽrie, Maroc, Tunisie : AmŽlioration des conditions dÕexistence des communautŽs rurales et de la gestion des ressources naturelles dans les montagnes des pays du Maghreb AlgŽrie, Maroc et Tunisie. En Tunisie le projet est rŽalisŽ par les institutions relevant de lÕIRESA en collaboration avec OdŽsypano et le GDA dÕOuled HÕlel (Projet SDC, 2005). Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 67 are complemented by forest-related craft activities (exploitation of wood, distillation of forest species, cork and collecting mushrooms, pine nuts and zgougou). Institutional tools have become much more dense in recent years through ODESYPANO, the Commissariat for Agricultural Development and the Livestock and Grazing Board whose tasks are the implementation of government policy and more local institutions (OMDA, RCD cell, district committee, development group, enlarged development group and more traditional Miaads) and not forgetting NGOs for the awarding of micro loans. More particularly, the agricultural development group (GDA) set up in 2000Ñformerly a development committee founded during the implementation of an ODESYPANO projectÑhas an equipped office and a close, intensive supervision service. The GDA covers an area of 2000 ha consisting of 1600 ha of woodland and 400 ha of crops with the involvement of 300 families. Of the latter, 156 farmers are members of the GDA, which is involved in the provision of agricultural services, training (training of the members of the board of the GDA, beekeeping, livestock farming, etc.), support for investment in production, farming and soil protection (water conservation, planting olive trees, grazing perimeters, fields of triticale, ravine correction, etc.). It is also involved in collective training and increasing development capacity and in natural resource management. The factors hindering development result from disputes caused by application of the Forestry Code during cork exploitation and the collection of aromatic plants and mushrooms. Settlement of the disputes by means of agreements between the GDA and the forestry administration are not sufficient to ensure true development. Other craft activities related to local resources remain to be explored. Likewise, increased participation of women in decision making, given their essential role in production, and increased school attendance by girls form a priority objective. Introduction Longtemps considŽrŽ comme la finalitŽ du dŽveloppement rural, la prŽservation des ressources naturelles est devenue au fil du temps et de lÕŽvolution des approches la base dÕun dŽveloppement rural durable qui passe avant tout par le dŽveloppement Žconomique et le changement institutionnel. Ce changement de perspective dans les approches et les politiques de dŽveloppement rural se base sur la possibilitŽ de concilier dŽveloppement humain, croissance et gestion durable des ressources naturelles. En effet il est de plus en plus admis quÕune gestion durable des ressources naturelles puisse constituer la base dÕun dŽveloppement des communautŽs sous conditions que la gestion des ressources naturelles soit fondŽe sur une approche participative et que le dŽveloppement prenne en considŽration ˆ la fois les aspects Žconomiques, environnementaux, sociaux, politiques et institutionnels. LÕexemple de la communautŽ dÕOuled HÕlel dans la DŽlŽgation de A•n Draham, Gouvernorat de Jendouba, nous permet de montrer comment la participation de la population ˆ travers sa reprŽsentation constituŽe par un ComitŽ de dŽveloppement (CD) informel, puis par un Groupement de DŽveloppement Agricole (GDA) formel a permis de faire de la population un partenaire dans la gestion des ressources naturelles et pour le dŽveloppement de son territoire et de dŽpasser la contradiction entre prŽservation des ressources et dŽveloppement durable. La communautŽ dÕOuled HÕlel Žtant situŽe dans la rŽgion du Nord Ouest et plus prŽcisŽment au milieu de la rŽgion de Kroumirie, nous allons tout dÕabord prŽsenter la problŽmatique de dŽveloppement des zones de montagne du Nord Ouest de la Tunisie, puis nous prŽsenterons lÕŽvolution de la politique de dŽveloppement rural et de gestion des ressources naturelles ˆ travers les politiques et les approches de lÕOffice de DŽveloppement Sylvo-pastoral du Nord Ouest. Enfin la prŽsentation de la place et du r™le des organisations et institutions au niveau de la communautŽ nous permettront de montrer comment peut sÕarticuler le dŽveloppement local et la gestion durable des ressources naturelles, ceci en nous appuyant sur lÕexemple de la communautŽ dÕOuled HÕlel (voir aussi Selmi, Hammami et Elloumi, 2005). I - La problŽmatique de dŽveloppement des zones foresti•res et montagneuses du Nord Ouest de la Tunisie Les zones montagneuses du NO de la Tunisie se caractŽrisent malgrŽ leur apparente richesse en ressources naturelles (eau, couvert vŽgŽtal et faune) par un milieu fragile et un retard important en terme de dŽveloppement par rapport aux reste du pays. Ce retard se traduit par des indicateurs de dŽveloppement assez bas et surtout par une Žconomie faiblement diversifiŽe qui conduit ˆ une pression forte sur les ressources naturelles et ˆ leur dŽgradation qui met en pŽril leur durabilitŽ. 68 Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 Cette situation est ˆ la fois le rŽsultat de lÕŽvolution historique de la zone et de ses rapports avec son environnement global au niveau rŽgional et national. En effet la zone du Nord Ouest souffre historiquement de sa marginalitŽ par rapport au reste de lÕŽconomie nationale constituant depuis de longue date une zone de refuge ˆ lÕabri de lÕintervention du pouvoir central. En retour la zone nÕa pas bŽnŽficiŽ pendant de longues pŽriodes dÕune politique volontariste de dŽveloppement permettant le dŽpassement des contraintes naturelles. Cette situation de repli a prŽparŽ le terrain ˆ un effet de boule de neige des actions anthropiques inadŽquates qui se sont traduites par un impact nŽgatif en termes de dŽgradation des ressources foresti•re, et de ressources en sol. 1. Un milieu fragile La rŽgion de Kroumirie abrite la for•t mŽditerranŽenne la plus importante de Tunisie. Celle ci se trouve dans une rŽgion aux conditions climatiques et naturelles assez contraignantes avec de fortes prŽcipitations (de 1000 ˆ 1500 mm par an selon les annŽes) et qui prennent le plus souvent un caract•re orageux. Sur le plan morphologique, les fortes pentes et les substrats o• domine le marne renforcent les effets dŽvastateurs de ces prŽcipitations que les mauvaises pratiques agricoles et pastorales ellesm•mes ne font quÕaggraver. 2. Une forte densitŽ dŽmographique Paradoxalement la zone conna”t une densitŽ dŽmographique assez ŽlevŽe qui est le rŽsultat de lÕhistoire (la petite rŽgion comme refuge et comme zone de rupture avec le pouvoir central notamment ˆ lÕŽpoque coloniale) et dÕune sociŽtŽ qui est demeurŽe longtemps rŽfractaire au planning familial. CÕest aussi le rŽsultat du retard pris par la zone au double plan de la dynamique migratoire et de la baisse de la natalitŽ. Ainsi la zone de la Kroumirie, poss•de des densitŽs dŽmographiques supŽrieures ˆ 90 habitants au kilom•tre carrŽ. Cette densitŽ est encore plus importante si lÕon rapporte la population ˆ la surface utile. Ainsi dans certaines dŽlŽgations celle-ci dŽpasse les 300 habitants au kilom•tre carrŽ de Suface Agricole Utile (SAU), avec une disponibilitŽ moyenne en terre agricole infŽrieure ˆ 2 hectares par mŽnage. Il faut signaler toutefois que lÕon assiste depuis le dŽbut des annŽes 1990 ˆ une rattrapage de la zone par rapport au reste du pays tant au niveau de la dynamique dŽmographique quÕau niveau de la baisse de la natalitŽ, comme par ailleurs pour lÕensemble des indicateurs de dŽveloppement tels que le dŽsenclavement, lÕŽlectrification, lÕadduction dÕeau potable ou encore la scolarisation des jeunes, etc. 3. Une Žconomie peu diversifiŽe et faiblement articulŽe avec lÕŽconomie de la plaine LÕŽconomie des rŽgions de Montagne du nord-ouest a depuis de longue date tournŽ le dos ˆ la plaine tant littorale quÕintŽrieure. Ainsi comme lÕa dŽjˆ dŽcrit H. Attia, les complŽmentaritŽs entre les zones de montagne et la plaine ne sont pas mises en Ïuvre sauf au profit de la plaine (Attia, 1986) Economie foresti•re et agricole par excellence, le syst•me de production de la rŽgion est dominŽ par ces deux activitŽs qui sont pour lÕune rŽduite ˆ une activitŽ traditionnelle avec des niveau dÕintensification faible et pour la seconde orientŽe vers la conservation et profite plus aux entrepreneurs venant de lÕextŽrieurs de la zone quÕˆ la population locale. A cela, il faut ajouter la faible internalisation de la valeur ajoutŽe des ressources locales dont la transformation, voire m•me lÕexploitation est le plus souvent rŽalisŽe par des agents extŽrieurs ˆ la zone. Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 69 4. Une forte pression sur les ressources naturelles La forte densitŽ dŽmographique, le manque de diversification de lÕŽconomie et les restrictions des possibilitŽs de migration ainsi que lÕabsence de rŽseaux anciens et bien structurŽs dÕŽmigration ont poussŽ la population ˆ une exploitation excessive des ressources locales. LÕopposition entre la stratŽgie Žtatique de prŽservation des ressources foresti•res et de mobilisation des ressources en eau, jusquÕˆ une date rŽcente au seul profit des plaines littorales et les stratŽgies de survie dŽveloppŽes par les populations locales nÕont pas permis une sortie par le haut du cercle vicieux de la pauvretŽ-dŽgradation des ressources naturelles. Les projets de dŽveloppement dans leurs premi•res phases en mettant lÕaccent sur la prŽservation des ressources naturelles ont figŽ cette opposition. Les nouvelles approches de dŽveloppement participatif, intŽgrŽ et global laisse entrevoir une sortie par le haut de ce cercle vicieux. Cependant les dŽfis restent importants, notamment dans une Žconomie de plus en plus globalisŽe et qui renforce le risque dÕun dŽsengagement accŽlŽrŽ des pouvoirs publics. II - DŽveloppement local et gestion des ressources naturelles : le cas de la communautŽ dÕOuled HÕlel 1. ProblŽmatiques de dŽveloppement de la communautŽ dÕOuled HÕlel La communautŽ dÕOuled HÕlel fait partie administrativement du secteur Sloul de la dŽlŽgation de A•n Draham du gouvernorat de Jendouba. Elle est situŽe dans la cha”ne de montagne de la Kroumirie. On y rencontre la m•me problŽmatique de dŽveloppement que dans lÕensemble de la zone, avec des spŽcificitŽs dues ˆ la situation gŽographique et au contexte social. Cette communautŽ est composŽe de 10 grandes familles. Celles-ci sont regroupŽes en autant de douars avec un habitat relativement dispersŽ malgrŽ les efforts de regroupement entrepris par les pouvoirs publics qui ont construit un premier village dans les annŽes 1960 et mis en place un lotissement pour lÕextension de ce m•me village dans les annŽes 1980. Il sÕagit dÕune communautŽ localisŽe en milieu forestier et exploitant des clairi•res foresti•res qui ont ŽtŽ gagnŽes par dŽfrichement sur la for•t depuis lÕinstallation des premiers arrivants. De cette situation est nŽ un rapport conflictuel avec les services forestiers du temps de la colonisation qui sÕest perpŽtuŽ apr•s lÕIndŽpendance, voire jusquÕˆ nos jours pour certains douars (Ben Mansoura et al, 2000). A. Une forte densitŽ dŽmographique La population de la communautŽ dÕOuled HÕlel est composŽe de 1336 personnes rŽparties sur 284 mŽnages soit une moyenne de 4,7 personnes /mŽnage ce qui est plus faible que la moyenne nationale (5,1 personnes/mŽnage). La zone ˆ lÕimage du reste de la Kroumirie a connu jusquÕˆ une date rŽcente une forte croissance dŽmographique. Toutefois depuis plus dÕune dizaine dÕannŽes on assiste ˆ un ralentissement de cette croissance qui est actuellement infŽrieure ˆ la moyenne rŽgionale elle m•me infŽrieure ˆ la moyenne nationale (1965-1975 : 4,73 %, 1984-1994 : 0,73 %). La croissance dŽmographique passŽe et lÕimportance du couvert forestier se sont traduites par une densitŽ dŽmographique tr•s forte, notamment par rapport aux terres agricoles, densitŽ qui peut atteindre 2 350 habitants au km . B. LÕŽconomie de la communautŽ dÕOuled HÕlel : des activitŽs diversifiŽes, mais faiblement dŽveloppŽes La communautŽ dÕOuled HÕlel tire son existence principalement des activitŽs agricoles et de lÕexploitation de la for•t, soit ˆ travers la mise en culture des clairi•res, soit ˆ travers lÕexploitation des ressources 70 Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 foresti•res (produits non ligneux et produits ligneux), soit encore ˆ travers lÕemploi permanent et occasionnel gŽnŽrŽ par les activitŽs de protection et de valorisation des ressources naturelles. Toutefois une partie des jeunes est conduite ˆ Žmigrer pour la recherche de travail en dehors de la zone. En effet la forte densitŽ de la population par rapport aux ressources naturelles et ˆ leur mode de valorisation rend difficile la fourniture ˆ tous dÕun emploi et dÕun revenu sur place. LÕŽmigration est et restera une source de revenu pour la population de la zone. Toutefois une meilleure valorisation des ressources naturelles pourrait amŽliorer lÕŽquation dÕŽquilibre entre les ressources et les besoins de la population. C. Une activitŽ agricole encore peu performante Les syst•mes de cultures sont dominŽs par lÕarboriculture (noyer, olivier et arbres fruitiers divers), par les grandes cultures (cŽrŽales et cultures fourrag•res) et enfin par les cultures mara”ch•res. Tableau 1. RŽpartition de la SAU selon les principales cultures SPECULATION SUPERFICIE (EN HA) % DE LA SAT 79,6 20,3 Fourrages 49,1 12,5 LŽgumineuses 19,15 4,9 Cultures mara”ch•res 17,03 4,4 CŽrŽales (blŽ et orge) Autre 1,25 0,3 Jach•re 127,1 32,5 104 26,6 Arboriculture (noyer, olivier et arbo. divers) Source : Nos enqu•tes, 2005 Cette situation est le rŽsultat dÕune Žvolution assez importante avec une place de plus en plus importante pour les arbres fruitiers et semi-forestiers (noyer) et pour les cultures fourrag•res et pastorales. Les surfaces en cŽrŽales et en jach•re ont diminuŽ. LÕŽlevage occupe une place importante dans les stratŽgies des mŽnages. Toutefois ici aussi on note une Žvolution du cheptel caractŽrisŽe par la rŽduction de la taille des troupeaux et lÕintensification de la conduite avec un plus grand recours ˆ la complŽmentation. Tableau 2. Effectif du cheptel de la communautŽ CATEGORIE EFFECTIF MISE BAS % MORTALITE NOMBRE /AN/FEMELLE /MISE BAS DÕELEVEURS Bovins de race sŽlectionnŽ 18 0,42 0 12 Bovins de race croisŽe 52 0,64 12% 37 Bovins de race locale 82 0,37 13% 42 Ovins 626 0,96 18% 74 Caprins de race locale 370 0,94 9% 56 Caprins de race croisŽe 85 1,41 5% 10 Source : Nos enqu•tes, 2005. LÕapiculture prend de plus en plus dÕimportance dans lÕŽconomie des mŽnages. Elle sÕest dŽveloppŽe ˆ la fois sous lÕeffet de la formation dispensŽe par les diffŽrents projets et de lÕaide ˆ lÕinvestissement quÕa pu mobiliser le GDA. Il sÕen est suivi une modernisation de cette pratique avec une organisation assez exceptionnelle puisque la plus grande partie des ruchers est collective et conduite sous forme coopŽrative par le groupe dÕapiculteurs. La faible dimension Žconomique des exploitations fait que le recours aux intrants marchands et ˆ la mŽcanisation est relativement rŽduit. Par contre pour lÕŽlevage le recours au vŽtŽrinaire et aux aliments Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 71 concentrŽs est important, ce qui tŽmoigne de lÕŽvolution de la conduite de cette activitŽ et de lÕimportance de sa place dans lÕŽconomie des mŽnages. D. Un r™le important des activitŽs non agricoles Les activitŽs Žconomiques non agricoles sont centrŽes principalement sur la valorisation des ressources naturelles disponibles dans lÕenvironnement immŽdiat de la communautŽ. Il sÕagit de lÕartisanat du bois, de la distillation des essences foresti•res, de la rŽcolte du li•ge et des champignons, des pignons et du zgougou, etc. On remarque par ailleurs une certaine spŽcialisation par douar. Tableau 3. Principales sources de revenu par douar Sous fraction Principale source de revenu Dar Oun Arboriculture (Noyer, cerisier) et travail extŽrieur (fonction publique) Jbil Elevage, travail extŽrieur (bonne ˆ tout faire ˆ Tunis) Mha•dhia Artisanat du bois Ain Jnane Cultures mara”ch•res (CM), noyer et for•t (artisanat) El Hammam For•t, cultures mara”ch•res et Žlevage Hssa•ria Elevage et fonction publique Erritba Cultures mara”ch•res, noyer et grandes cultures Bche•nia Noyer et cultures mara”ch•res Zouaouna Grandes cultures El Manna Noyer et cultures mara”ch•res Source : Nos enqu•tes et les dŽclarations des reprŽsentants des douars Toutes ces activitŽs contribuent de mani•re plus ou moins rŽguli•re et importante au revenu des mŽnages selon une division du travail au sein des mŽnages et surtout au sein m•me de la communautŽ. 2. Le cadre institutionnel : entre tradition et modernitŽ Le paysage institutionnel de la communautŽ dÕOuled HÕlel se caractŽrise par la densitŽ des institutions qui interviennent dans la rŽgulation de la vie Žconomique, sociale et culturelle de la communautŽ. Par ailleurs cette vie institutionnelle est relayŽe par un environnement institutionnel plus large qui lui assure une meilleure articulation avec lÕenvironnement Žconomique et politique au niveau de la rŽgion voire au niveau national. A. Un tissu institutionnel local dense En effet sans quÕil y ait rŽellement une inflation dÕinstitutions, comme on peut en rencontrer dans dÕautres contextes, la communautŽ est dotŽe dÕun nombre assez ŽlevŽ dÕinstitutions qui interviennent dans la vie politique, dans les relations Žconomiques de la communautŽ avec son environnement, dans lÕacc•s et la gestion des ressources naturelles ou encore dans la vie sociale et culturelle. Le Omda : m•me si ce dernier est un reprŽsentant de lÕadministration au niveau du secteur, il nÕen demeure pas moins que du fait quÕil soit lÕhŽritier du Cheikh, sa fonction est une institution locale qui a son poids dans les mŽdiations entre la population et les autoritŽs locales. Les cellules du RCD : la reprŽsentation au niveau local du RCD joue un r™le important dans la mobilisation politique de la communautŽ. Le comitŽ de quartier : il constitue une forme dÕorganisation de base au niveau des quartiers ou des douars. Il sÕoccupe de tout ce qui rel•ve de la vie du quartier au niveau de lÕhygi•ne, de lÕembellissement, etc. Le GDA : il sÕagit du groupement de dŽveloppement agricole constituŽ afin de reprŽsenter la communautŽ pour tous les projets de dŽveloppement et de gestion des ressources naturelles. 72 Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 Le ComitŽ Žlargi de DŽveloppement : le comitŽ de dŽveloppement dans la zone dÕOuled HÕlel a ŽtŽ crŽŽ ˆ lÕoccasion des interventions de lÕOdŽsypano et de lÕadoption de lÕapproche participative et intŽgrŽe. Son r™le a ŽtŽ important jusquÕˆ la crŽation du GDA. Ses attributions Žtaient et sont encore, dans les zones o• nÕintervient pas le GDA, de faciliter la participation des populations aux projet de dŽveloppement. Le Miaad : Il sÕagit dÕune organisation informelle et traditionnelle au niveau de la communautŽ. Actuellement la coexistence entre les structures modernes et cette structure ancienne fonctionne relativement bien puisque se sont les responsable du la Cellule du RCD, ceux du GDA ou encore le Omda qui font appel le plus souvent au Miaad, afin de donner ˆ leur choix et dŽcisions une plus grande lŽgitimitŽ. Le Miaad permet la rŽsolution des conflits entre les membres de la communautŽ au niveau de la gestion des ressources en eau, du foncier ainsi que des probl•mes au sein des mŽnages ou des familles. B. LÕenvironnement institutionnel rŽgional La communautŽ dÕOuled HÕlel bŽnŽficie aussi dÕun environnement institutionnel assez dense et porteur pour le dŽveloppement. Il sÕagit en premier lieu des organes de dŽveloppement dŽconcentrŽs de lÕadministration. Avec principalement lÕOdŽsypano qui met en Ïuvre la politique dÕEtat de dŽveloppement rural des zones foresti•re et montagneuses du Nord Ouest, le CRDA et notamment la direction rŽgionale des for•ts qui intervient de mani•re tr•s forte dans la rŽgion depuis lÕŽpoque coloniale (Gardin, 2000), lÕOffice de lÕŽlevage et des p‰turages (OEP) qui agit au niveau de lÕamŽlioration des parcours sur les terres privŽes et pour lÕencadrement de lÕactivitŽ de lÕŽlevage. Mais on doit surtout citer les ONG dont notamment ATLAS et APEL. Ces ONG interviennent dans le cadre de la politique de promotion du partenariat avec la sociŽtŽ civile pour le dŽveloppement rural en servant de relais pour lÕoctroi de micro-crŽdits. Elles interviennent aussi avec des programmes de dŽveloppement financŽs par des fonds obtenus aupr•s des donateurs Žtrangers. Leur approche est toutefois tr•s souvent comparable ˆ celle de lÕOffice et a connu comme les m•mes Žvolutions (Bouju et Sa•di, 1996). III - Le GDA dÕOuled HÕlel Le GDA est un ancien ComitŽ de DŽveloppement (CD) crŽŽ dans le cadre d'un projet mis en Ïuvre par l'OdŽsypano. Ce dernier met ˆ disposition du groupement un bureau ŽquipŽ dans un centre de dŽveloppement et d'animation (CDA) du projet ainsi qu'un service d'encadrement rapprochŽ et intensif. Avant sa formation, le groupement a pris la forme de CD et a ŽtŽ crŽŽ en fŽvrier 1997 avec 11 membres. Puis avec la nouvelle stratŽgie adoptŽe par lÕoffice, ainsi quÕˆ la suite de la loi du 10 mai 1999 concrŽtisant la crŽation des groupements comme structures formelles, cette communautŽ de dŽveloppement sur la demande de la majoritŽ des propriŽtaires et exploitants a ŽtŽ remplacŽe par les groupements afin de pouvoir mieux rŽpondre aux besoins des exploitants agricoles. Le GDA Ouled HÕlel a ŽtŽ crŽŽ en juillet 2000 et couvre une superficie de 2000 ha constituŽe de 1600 ha de for•ts et de 400 ha de clairi•res. 300 familles rŽsident sur le terroir et seulement 156 chefs de familles sont adhŽrents au GDA. Le GDA prend place dans un environnement institutionnel assez dense. Par ailleurs il sÕinscrit dans une communautŽ qui a une tradition de cohŽrence et des prŽdispositions ˆ un travail collectif. Les compŽtences internes du CD et l'appui intensif apportŽ par l'OdŽsypano sont ˆ lÕorigine des potentialitŽs et des capacitŽs de gestion du pŽrim•tre, dÕaction et de rŽalisation dÕactivitŽs assez remarquables (Turki, 2002). Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 73 1. Les rŽalisations du GDA Au cours de ses trois premi•res annŽes dÕexistence, les rŽalisations du GDA peuvent •tre considŽrŽes comme significatives. En effet le GDA intervient dans quatre grandes activitŽs : (i) offre de services agricoles, (ii) formation du capital humain, (iii) soutien ˆ lÕinvestissement et (iv) mise en valeur agricole et C.E.S. A. LÕoffre de services agricoles Le GDA offre des services agricoles ˆ des cožts moins ŽlevŽs que les entreprises privŽes qui sont par ailleurs rares dans la zone. Il assure ainsi une disponibilitŽ de ses services et garantit leur permanence et leur rŽalisation au moment opportun par rapport au calendrier agricole. Cette disponibilitŽ est importante pour des exploitations de petite taille qui ont des difficultŽs dÕacc•s ˆ la mŽcanisation ou ˆ dÕautres services, mais elle permet aussi au GDA dÕavoir un contr™le sur les techniques culturales et sur leur mode de rŽalisation. Enfin ces activitŽs sont rendues possibles gr‰ce ˆ lÕacquisition par le GDA de certains Žquipements agricoles avec financement propre ou avec un soutien extŽrieur. Tableau 4. Les Žquipements agricoles collectifs acquis par le GDA Equipements Motopompe + tuyaux dÕirrigation Cožt en DT Financement 866 70% GDA ; 30% AdhŽrents 10 000 40% GDA ; 60% AdhŽrents Cultivateur 300 GDA Herse 200 GDA Faucheuse 700 GDA 2 extracteurs de miel 500 OdŽsypano + ATLAS Couveuse Žlectrique 600 OdŽsypano Tracteur + remorque Total 13 166 Source : PDC Ouled HÕlel, 2004 Ces services sont rendus possibles gr‰ce au soutien de l'OdŽsypano qui offre gratuitement les lieux de rŽception, de stockage et de vente des produits. Le GDA participe Žgalement ˆ la transformation et lÕŽcoulement des olives et du miel de ses adhŽrents. B. La formation du capital humain Outre le r™le jouŽ par son intervention sur les facteurs classiques de la production agricole, le GDA intervient par la formation, lÕinformation et lÕŽchange dÕexpŽriences entre les adhŽrents et avec dÕautres communautŽs ou GDA. Ainsi dans le domaine de la formation, les activitŽs dans lesquelles le GDA dÕOuled HÕlel est intervenu comme intermŽdiaire entre la population et les organismes de formation ont touchŽ les membres du conseil dÕadministration, les apiculteurs, les Žleveurs, et plusieurs autres agriculteurs de la communautŽ. 74 Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 Tableau 5. Les actions de formation Actions Nombre des bŽnŽficiaires Financement 10 OdŽsypano Apiculture 40 OdŽsypano Elevage et conduite des caprins 20 Formation des membres du conseil dÕadministration en gestion administrative et financi•re Formation agricole polyvalente 10 Total 80 Bureau dÕEmploi et de formation Centre de formation de la jeune fille ruraleBoussalem Source : PDC Ouled HÕlel, 2004 C. Le soutien ˆ lÕinvestissement productif LÕŽtroitesse de lÕexploitation agricole, le nombre rŽduit des activitŽs ˆ haute valeur ajoutŽe et la difficultŽ dÕacc•s des unitŽs de production ˆ des sources de financement extŽrieur font que les capacitŽs locales dÕinvestissement demeurent faibles. Les micro projets constituent une des solutions prŽconisŽes ˆ lÕamŽlioration du taux dÕinvestissement dans de telles zones. Le GDA intervient alors comme mŽdiateur et garant de la rŽalisation des projets dÕinvestissement dans la communautŽ dÕOuled HÕlel. La prioritŽ est donnŽe ˆ ses adhŽrents. Au cours des trois derni•res annŽes une soixantaine de bŽnŽficiaires ont pu accŽder ˆ des financements pour rŽaliser leurs projets de production agricole. Tableau 6. Inventaire des micro- projets Type des projets Nbre de bŽnŽficiaires Cožt DT Financement Apiculture 20 28500 Fondation ATLAS Elevage des caprins 12 51000 BTS Micro crŽdit (fonds de roulement) 28 26650 Fondation ATLAS Total 60 106150 Source : PDC Ouled HÕlel, 2004 Ces interventions Žtaient centrŽes sur les activitŽs traditionnelles pour la zone et ont ciblŽ le plus souvent les jeunes dŽmunis de ressources fonci•res avec comme objectif la valorisation du potentiel forestier. D. La mise en valeur agricole et la conservation des eaux et du sol Le bilan des rŽalisations de mise en valeur agricole et de CES est encourageant et tŽmoigne de la dynamique du conseil dÕadministration du GDA. Les interventions directes et indirectes sont de nature ˆ consolider le patrimoine productif de la communautŽ et ˆ promouvoir de nouvelles perspectives dÕamŽlioration des revenus par lÕintroduction de nouvelles esp•ces vŽgŽtales comme le triticale et la conservation des ressources naturelles tout en valorisant la plantation pastorale de consolidation des travaux de CES. Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 75 Tableau 7. Les actions de mise en valeur agricole et C.E.S Actions QuantitŽ Plantation dÕoliviers et arbres fruitiers Cožt DT Financement OdŽsypano avec participation du GDA 57 ha 26550 Production des plants pastoraux 185000 plants 29600 OdŽsypano (convention) CrŽation des pŽrim•tres de Sulla 40 ha 4000 OdŽsypano + OEP+ AdhŽrents + GDA (convention) Parcelles de triticale 10 ha 600 15 ha 5727 Correction mŽcanique et biologique des ravins et des adhŽrents (convention) OdŽsypano Et ATLAS avec participation du GDA et des adhŽrents (convention) Source : PDC Ouled HÕlel, 2004 Le GDA cherche, par ailleurs, ˆ introduire de nouveaux services comme la mise ˆ disposition de nouvelles semences pour attirer de nouveaux adhŽrents. Il cherche aussi ˆ dŽvelopper des cultures fourrag•res en association avec des exploitants sans moyens ou avec des propriŽtaires absentŽistes en vue de renforcer les revenus du groupement. 2. DurabilitŽ et cadre institutionnel LÕintervention de lÕOffice et la constitution du GDA ont permis une participation de plus en plus importante de la communautŽ ˆ la gestion de son dŽveloppement et progressivement ˆ la gestion des ressources naturelles. Cette participation semble donner des rŽsultats en terme de dŽveloppement et de gestion durable des ressources naturelle car elle se passe dans un cadre institutionnel qui permet de concilier lÕacc•s aux ressources et leur durabilitŽ. Ainsi ˆ travers les actions du GDA, les jeunes porteurs de projets ont pu avoir acc•s ˆ une formation ciblŽe et ˆ des micro-crŽdits pour le montage de ces projets. Par ailleurs la communautŽ, ˆ travers le GDA, a de plus en plus acc•s de mani•re privilŽgiŽe aux ressources foresti•res de son terroir ce qui permet de diversifier les sources de revenu et leur niveau. Toutefois ce dŽveloppement risque de rencontrer des limites du fait de la faiblesse des activitŽs gŽnŽratrices de revenu qui ne sont pas basŽes directement sur lÕexploitation des ressources naturelles, de la difficultŽ dÕencadrer lÕensemble des membres de la communautŽ dont certains refusent dÕadhŽrer au GDA et enfin par la difficultŽ que rencontre le GDA ˆ inclure les femmes dans le processus de prise de dŽcision malgrŽ la reconnaissance de leur r™le dans les activitŽ productives. La participation de la communautŽ ˆ la gestion des ressources foresti•res reste encore incompl•te du fait des limites que reprŽsente la forme GDA dans la prise en charge de la gestion de ces ressources. Limites qui sont inscrites dans le code forestier qui rend difficile la participation du GDA comme opŽrateur dans lÕexploitation de certaines ressources foresti•res (li•ge, plantes aromatiques, champignons, etc.). Les derni•res modifications du code forestier, avec la possibilitŽ donnŽe au GDA dÕavoir des concessions de gestion des ressources naturelles, ouvrent la voie ˆ une plus grande implication de celui-ci dans lÕexploitation de ces ressources. Reste le probl•me de lÕadhŽsion de certains exploitants des ressources tels que les artisans du bois. MalgrŽ tout, lÕaction de dŽveloppement risque dÕ•tre incompl•te tant que des actions en dehors du cadre de lÕexploitation et de la valorisation des ressources foresti•res ne sont pas identifiŽes et promues. En effet quelle que soit la richesse de la zone en ressources naturelles, leur exploitation et leur valorisation ne peuvent suffire ˆ offrir de lÕemploi et un revenu dŽcent ˆ lÕensemble des jeunes de la communautŽ. Il sÕagit alors dÕexplorer des pistes qui, tout en Žtant en rapport avec elles, ouvrent des voies vers une rŽelle diversification de lÕŽconomie locale et assure ainsi un all•gement rŽel de la pression sur les ressources dans le cadre dÕun projet de dŽveloppement global. Enfin, lÕautre aspect de la faiblesse institutionnelle est la faible participation des femmes aux institutions et le manque de cadre pour leur participation ˆ la dŽcision, malgrŽ la reconnaissance de leur r™le actif 76 Options MŽditerranŽennes, SŽr. A / n¡71, 2006 dans les processus productifs. Ce constat est du ˆ la pesanteur des traditions et il restera pour un certain temps un handicap au dŽveloppement de la zone. LÕamŽlioration de la scolarisation des jeunes filles, dont le niveau est supŽrieur ˆ celui des gar•ons, laisse entrevoir des perspectives meilleures. La crŽation dÕorganisations spŽcifiques pour les femmes peut constituer une phase transitoire en attendant lÕeffet de cette scolarisation massive sur la participation des femmes ˆ la gouvernance locale. Conclusion A lÕorigine, la crŽation du GDA dÕOuled HÕlel sÕint•gre dans les actions et lÕapproche adoptŽs par lÕOdŽsypano. Il sÕagissait de mettre en place des organisations reprŽsentatives de la population cible afin de faciliter lÕintervention et dÕassurer, ˆ travers la participation, une meilleure acceptabilitŽ des actions de lÕOffice. Toutefois, avec le temps et avec lÕŽvolution de lÕapproche m•me de lÕOffice et sous la contrainte de son dŽsengagement et de lÕadoption dÕune approche de partenariat, cette structure a connu une Žvolution ˆ la fois dans ses rapports avec lÕadministration, mas aussi dans sa visibilitŽ sur la sc•ne locale et comme acteur autonome de dŽveloppement de la communautŽ quÕelle reprŽsente. Cette autonomisation de la communautŽ ou plut™t de sa forme moderne de reprŽsentation constitue dans les faits une avancŽe importante et ouvre des perspectives nouvelles pour un dŽveloppement durable de la communautŽ et de son territoire. La rŽussite effective de cette expŽrience passe toutefois par le dŽpassement de certaines limites inhŽrentes ˆ leur mode de crŽation et leur place dans le paysage institutionnel. Elle passe notamment par lÕintŽgration de tous les acteurs et notamment des femmes et par un Žlargissement des perspectives de dŽveloppement dans le cadre dÕun projet plus large pour lÕensemble des rŽgions montagneuses et foresti•res du Nord Ouest de la Tunisie. RŽfŽrences bibliographiques ¥ Attia, H., 1986. ProblŽmatique du dŽveloppement du Nord Ouest tunisien, in DŽsert et montagnes au Maghreb. Revue de lÕoccident musulman et de la MŽditerranŽe, n¡ 41-42, p. 264-280. ¥ Ben Mansoura, A., Garchi, S., Daly, H. 2001. 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