FRIDA KAHLO (1907-1954) L`enfance de Frida se déroule à

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FRIDA KAHLO (1907-1954) L`enfance de Frida se déroule à
FRIDA KAHLO (1907-1954)
Photo de Frida
par Nickolas Murray (1938)
L'enfance de Frida se déroule à Coyoacan (banlieue de Mexico) dans la période de
troubles politiques et de tensions dramatiques de la révolution mexicaine. Fille d'un
photographe juif allemand immigré au Mexique et d'une Mexicaine, elle grandit sous le signe
du mélange des cultures, des violences, de la peur de la mort, de la maladie aussi (une
poliomyélite?). Elle est la seule des six enfants à faire des études secondaires et bénéficie
dans les années 1920 du bouillonnement culturel et politique qui fait suite à cette révolution :
c'est dans ce cadre que se situent la redécouverte de l'art populaire, des civilisations
précolombiennes, du "muralisme" (expression, par des fresques monumentales, d'utopies
sociales et nationales)
En 1925, Frida est victime d'un très grave accident de tramway auquel elle ne survit
que par miracle, jambes, colonne vertébrale et bassin fracturés. Clouée sur son lit pendant
des mois, elle commence à peindre. Quelques temps plus tard elle rencontre Diego Rivera,
très connu parmi les muralistes, à qui elle vient montrer ses tableaux. Le peintre, de vingt
ans plus âgé qu'elle, est immédiatement intéressé tant par les œuvres de Frida (dont il
restera toute sa vie un fervent admirateur) que par la jeune femme qu'il fait poser puis
épouse en 1929. Ce mariage de "l'éléphant et de la colombe" est le troisième de Diego, il
aboutit à un couple infernal et indissoluble. Il est infidèle, irrémédiablement. Elle a, de son
côté, rapidement appris à faire sensation, malgré infirmités et douleurs, avec ses tenues
traditionnelles mexicaines : jupes longues, blouses brodées, bijoux éclatants ; ses liaisons ne
manquent pas d'éclat (ainsi Trotsky en 1937). En tout état de cause, le mariage avec Diego
ouvre à Frida des perspectives complètement nouvelles.
Entre 1930 et 1934, en raison de la situation politique au Mexique, ils séjournent
beaucoup aux États-Unis (Californie, New-York, Detroit) où Rivera a de nombreuses
commandes. Ils regagnent Mexico en 1934. Aux États-Unis comme à Mexico, de façon
récurrente, Frida subit fausses couches et opérations sur les séquelles de son accident. Sa
peinture est "autobiographique" ou plus exactement cherche à reproduire son univers
intérieur, son mal-être, ses hantises, son isolement, ses maladies. Ses représentations
métaphoriques du mal, de la catastrophe empruntent des éléments aux ex-votos, à l'art
populaire, aux masques, à la sculpture précolombienne, à la sorcellerie... Elle a écumé les
bibliothèques, elle connaît et apprécie Bosch et Bruegel. Finalement son univers d'images
croise celui des surréalistes. Quand, en avril 1938, André Breton séjourne au Mexique (où il
rédige avec Trotsky et Rivera le manifeste Pour un art révolutionnaire) il porte un jugement
immédiatement très enthousiaste sur la peinture de Frida. Elle a "ce dispositif de l’œil qui
rend apte à passer du pouvoir visuel au pouvoir visionnaire"...
Frida fait sa première exposition personnelle à New-York, en 1938, dans la galerie de
Julien Lévy qui avait fait découvrir le surréalisme aux États-Unis. Elle a un très grand succès
et s'assure une certaine indépendance financière. Pendant le séjour parisien qui suit, elle
rencontre des difficultés d'organisation et a des mésententes avec la "bande" d'André Breton
: mais le succès est là aussi. Peu après son retour au Mexique, un bref divorce la sépare de
Diego. En 1940 les expositions se succèdent à Mexico, New-York, San Francisco, des
contacts se nouent avec Peggy Guggenheim. Mais en août 1940, Trotsky est assassiné
dans la maison de Coyoacan : Frida doit subir des interrogatoires perturbants. Peu après elle
rejoint Diego aux États-Unis et se remarie avec lui. Elle enseigne pendant quelques années
à son retour au Mexique, mais à partir de 1945 sa santé ne cesse de se dégrader. En 1950,
elle reste hospitalisée neuf mois (opérations, corset de plâtre, gangrène, transplantations) et
doit être amputée d'une jambe en 1953. Épuisée de souffrances, d'alcool et d'analgésiques,
n'ayant trouvé de sens ni dans le bouddhisme ni dans le marxisme des derniers temps, elle
eut le temps de voir sa première exposition personnelle à Mexico (1953), et mourut
quelques jours après une manifestation pour la paix au Guatemela (13 juillet 1954).