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17-Bibliothèque-mai-2013_Mise en page 1 23/04/13 11:09 Page143
LIBRAIRIE
Abderrahmane Bouchène,
Jean-Pierre Peyroulou,
Ounassa Siari Tengour,
Sylvie Thénault (sous la dir. de)
Histoire de l’Algérie à la
période coloniale (1830-1962)
La plus nocive était celle qui cherchait à occulter les crimes de la colonisation. Ces derniers ont été particulièrement monstrueux dans ce
malheureux pays. Aussi l’amendement de février 2005 adopté par l’Assemblée nationale française reconnaissant « les aspects positifs de la
colonisation » a-t-il été considéré
unanimement de l’autre côté de la
Méditerranée comme une intolérable
provocation. Cela est dû au poids,
en particulier électoral, dans la
société française des organisations
de « rapatriés », qui récemment
encore ont milité pour que le
19 mars, date du cessez-le-feu, ne
soit pas commémoré. Mais il y a aussi
en Algérie une langue de bois qui fait
du FLN le seul acteur de la lutte de
libération, et occulte de surcroît les
dissensions qui ont rythmé son existence. Fort heureusement, ce discours totalitaire a été battu en brèche,
en particulier grâce aux travaux de
Mohammed Harbi, à la fois acteur de
cette histoire et historien scrupuleux.
En France, il y a toujours eu une
grande école d’historiens anticolonialistes (il suffit de rappeler les
noms de Charles-André Julien et de
Charles-Robert Ageron, auteurs
d’une Histoire de l’Algérie aux PUF en
1964), et plus près de nous Gilbert
Meynier, présent ici même par plusieurs entrées, dont une sur « L’émir
Khaled, premier nationaliste algérien », éclairant la biographie d’un
personnage trop peu connu.
Peut-on pour autant éluder totalement le jugement moral ? Pas plus
Paris, La Découverte, coll. « Cahiers
libres », 2012, 717 p., 28,50 €
Après l’ouvrage collectif dirigé
en 2004 par Mohammed Harbi et
Benjamin Stora sur la Guerre d’Algérie1, voici une nouvelle somme qui
remonte à l’expédition d’Alger (1830)
et embrasse donc toute la période de
la colonisation, puis celle de la
guerre de libération. Le projet
– impressionnant, plus de 700 pages
et de 80 entrées – était clairement de
transcender les guerres de mémoires
pour offrir un tableau synoptique, un
état des savoirs.
La mémoire, surtout celle des
victimes, est prise en compte, mais
l’« ère du témoin » a ses limites. C’est
en partant du point de vue des Algériens que s’organise l’ensemble, mais
c’est l’histoire qui en définitive l’emporte. Et elle progresse. On l’avait vu
il y a huit ans, au moment du quarantième anniversaire des épouvantables massacres de Guelma et du
Nord-Constantinois. Il y a peu
encore, deux histoires officielles se
figeaient dans un face-à-face stérile.
1. Mohammed Harbi et Benjamin Stora
(sous la dir. de), la Guerre d’Algérie 1954-2004.
La fin de l’amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004
(rééd. Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2010).
Voir le compte rendu publié par Joël Roman
dans Esprit, juillet 2004, p. 199-200.
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