Le bardage en bois naturel : un marché en croissance

Transcription

Le bardage en bois naturel : un marché en croissance
DO S S IER
m At é R I A u
BAR D AG E . I N FO #04 n o v emb re 2 013
01
© Patrice LE BRIS
26
cOnjOnctuRE
Le bardage en bois naturel :
un marché en croissance
Le bardage en bois massif a su s’adapter pour répondre
aux nouveaux enjeux de la construction, tant dans le neuf
qu’en rénovation. Toutefois, des réticences à l’usage du bois
en façade subsistent.
aDELInE DIOnISI
L
e secteur du bardage résiste à la crise. Selon
l’étude publiée en mai 2013 par le cabinet
spécialisé MSI Reports sur « le marché des
systèmes de bardage en France » (voir encadré),
il est en croissance constante depuis 2008. En
2012, il atteignait 30 millions de mètres carrés
mis en œuvre, soit une hausse de 7,4 % par rapport à 2011. Cette tendance devrait se poursuivre
dans les années à venir. Certes, les professionnels
interrogés prévoient un tassement pour 2013 mais
la reprise pourrait être effective dès la fin de la
même année.
Le dynamisme de ce marché s’explique notamment
par l’intérêt de plus en plus marqué des donneurs
d’ordres pour l’isolation thermique par l’extérieur
(ITE). Le Grenelle de l’environnement, la RT 2012
et les mesures gouvernementales en faveur du bâtiment, tant dans le neuf qu’en rénovation, agissent
en effet en faveur du développement de ce système
constructif qui permet d’allier performances énergétiques et design en façade.
S E c O n D E p O S I t I O n E n pa R t D E m a R c h é
Même si l’enduit conserve plus de la moitié des parts
de marché, le bardage est de plus en plus apprécié
par les architectes pour sa large palette de choix
esthétiques. Les concepteurs cherchent à personnaliser et à valoriser l’enveloppe des bâtiments, tant
en termes de forme, de couleur que d’aspect. Les
acteurs du secteur prévoient que le bardage s’affirmera de plus en plus comme la solution privilégiée.
Parmi les différentes typologies de parement
La part de marché du bois en
bardage ne cesse d’augmenter
depuis plusieurs années.
01
0 2 L’aspect naturel et chaleureux
du bois massif motive le choix du
matériau par les architectes.
BARD AGE. INF O # 04 nov em bre 2 01 3
m At é R I Au
D OSSIER
disponibles, le bois massif et ses dérivés (fibres,
placages et particules bois) tirent leur épingle du
jeu. Toujours selon MSI Reports, ils détenaient, en
2012, 24 % des parts de marché en volume, juste
derrière les bardages métalliques (53 %). Si avec
8,4 % de croissance en 2012, la courbe du bois
n’augmente pas autant que celles des parements
en terre cuite (15,9 %) ou en fibres-ciment (12 %),
les prévisions jusqu’en 2017 restent orientées à
la hausse.
27
02
Entre 2008 et 2012, les bardages en bois massif
ont connu une croissance plus importante que les
parements en dérivés du bois. Ils détenaient 72 %
du marché l’année dernière contre 20 % pour les
fibres, placages et particules bois et 8 % pour les
bois composites. Ces derniers sont privilégiés dans
le non-résidentiel en raison du faible entretien
qu’ils nécessitent. Les bâtiments d’habitation font,
quant à eux, la part belle au bois naturel.
Le dynamisme du produit dans sa version brute
résulte de la conjonction de multiples facteurs. Tout
d’abord, il s’intègre dans la tendance architecturale
actuelle qui privilégie les aspects authentiques et
chaleureux pour habiller les ouvrages. Matériau
100 % naturel, 100 % recyclable et capable de
stocker le CO2, il répond aux préoccupations croissantes de la population et des pouvoirs publics
pour l’environnement. Cette tendance s’observe
notamment dans le développement des constructions à ossature bois. Y rapporter un bardage bois
est souvent perçu comme une suite logique à la
démarche du maître d’ouvrage. Ce constat fait
prédire aux analystes une augmentation de la
part du neuf (36 % aujourd’hui) sur la rénovation (64 %) dans les usages du bardage bois. Ce
dernier bénéficie de la croissance du marché de
la surélévation, en grande partie en raison de sa
légèreté par rapport aux autres matériaux tels
que le béton.
Le bardage en bois massif tire également pleinement
profit de l’engouement pour l’ITE auquel il s’adapte
parfaitement.
© Patrice LE BRIS
n at u R E L E t c h a L E u R E u x
une typologie de bois, à l’image de Silverwood
avec le bois massif. D’autres préfèrent au contraire
la diversification des matériaux, comme SCB qui
produit également des panneaux en fibres-ciment
ou encore l’intégration, comme Metsä Wood, qui
possèdent ses propres forêts.
Pour faire face à cette concurrence de plus en plus
forte, les fabricants de bardage en bois « ne raisonnent plus en termes de produit mais de système »,
analysent les auteurs de l’étude MSI Reports. Ainsi
les industriels s’associent avec des fournisseurs
d’accessoires afin d’optimiser les performances de
leurs procédés, tout en réduisant ainsi les coûts
de recherche et de notoriété. C’est par exemple
le cas de Gascogne Wood. Le groupe a signé un
partenariat avec le fabricant d’isolant Saint-Gobain
cOncuRREncE
Résultat : le secteur attire les prétendants, avec
comme conséquence un marché très fragmenté dans
lequel PME et grands groupes se positionnent sur
des segments différents. Les premiers privilégient
les services de proximité et personnalisés alors que
les grands industriels interviennent sur l’ensemble
de la filière bois. Tous n’opèrent pas non plus selon
la même stratégie. Certains se spécialisent dans
Le cadre de l’étude et sa méthodologie
L’étude publiée en mai dernier par mSI reports intitulée « le marché des systèmes de bardage
en France », s’attache à décrypter le marché du bardage en France entre 2008 et 2012
et à effectuer une analyse prévisionnelle du secteur sur la période 2013-2017. elle enrichit
et met à jour une précédente publication parue en 2010. Plus de quarante entretiens avec
des professionnels (fabricants de matériaux, de bardage, d’isolants, revendeurs, poseurs,
prescripteurs, négoces…) ont été réalisés entre janvier et avril 2013.
28
DO S S IER
m At é R I A u
03
Isover qui leur permet de proposer depuis 2010
un système complet d’ITE avec bardage en bois
baptisé K’ITE.
© Patrice LE BRIS
R é S I S ta n c E E t D u R a b I L I t é
La maison individuelle reste le
principal débouché du bardage bois.
03
En parallèle, les fabricants développent différentes méthodes de traitement du bois afin d’en
améliorer la résistance et la durabilité : autoclave, thermochauffage, trempage, saturateur,
thermo-huilage… (voir article page 30). L’objectif :
répondre aux nombreuses interrogations et a priori
qui impactent encore la croissance du bois massif
dans la construction et son usage en extérieur.
Maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre ne sont pas
tous séduits par un matériau, qui, naturellement,
grise avec le temps, sous les effets conjugués de
la pluie, du vent et des UV. « Il faut intégrer ce
paramètre dès la conception de l’ouvrage. Il s’agit
juste d’un changement d’aspect. Il est important de
garder à l’esprit que les propriétés physiques du bois
ne sont en rien altérées », rappelle Estelle Billiotte,
déléguée experte pour le Comité national pour le
développement du bois (CNDB).
c O m m u n I c at I O n
Le bois répond aux volontés
de personnalisation des façades
des architectes.
© Metsä Wood
04
C’est pourquoi le secteur communique tous azimuts
et fait la promotion du matériau. à titre d’exemple,
le CNDB a publié il y a quelques semaines un
ouvrage compilant huit retours d’expérience analysant les performances et les coûts de différents
types de construction de logements collectifs ayant
eu recours au bois pour tout ou partie de l’ouvrage*.
BAR D AG E . I N FO #04 n o v emb re 2 013
Le conseil constitutionnel
annule le décret bois
L’annulation récente par le conseil constitutionnel
du décret bois, qui imposait l’utilisation d’une quantité
minimum de bois dans la construction, n’est pas perçue
comme un handicap par les acteurs du secteur.
« Le bois a encore une carte à jouer. Les Français comme
les pouvoirs publics y sont favorables. nous attendons
les prochaines décisions du gouvernement en matière
d’accompagnement du développement de la filière »,
explique Christine Le nouy, directrice générale du
Comité national du développement pour le bois (CnDb).
Plusieurs réunions se sont tenues courant septembre
rassemblant le gouvernement et les acteurs du secteur
afin de réfléchir à la place du bois dans la construction.
La piste d’un article de loi dédié a été évoquée afin
de remplacer le décret.
Le comité organise également des ateliers de présentation du matériau dans sa version naturelle
(les essences, leur résistance, leur durabilité, les
conditions de mise en œuvre…) à destination
des prescripteurs. Le bardage y fait l’objet d’un
workshop dédié. L’idée : démontrer qu’avec les
bons matériaux et les bonnes méthodes de mise en
œuvre, le bardage bois présente plus d’avantages
que d’inconvénients. l
*Logements collectifs bois, collection Retour d’expériences,
cnDb, juillet 2013, 60 pages.
04
DO S S IER
m At é R I A u
BAR D AG E . I N FO #04 n o v emb re 2 013
tEchnIquE
Le bardage bois, durable sous conditions…
La mise en œuvre d’une façade rapportée en bois massif nécessite
le respect de règles constructives strictes. Avec, en premier lieu,
la gestion de l’eau pour assurer la pérennité de l’ouvrage dans
le temps.
aDELInE DIOnISI
D
errière l’appellation générique « bardage en
bois massif » se cache une réalité bien plus
complexe. « Depuis cinq ans, l’offre s’est largement étendue », remarque Lionel Méli, directeur
général du groupe Ratheau, négociant en bois,
panneaux et dérivés. L’engouement pour les façades
rapportées en bois (voir article p. 26) a provoqué l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché.
Pour faire face à cette concurrence croissante, les
industriels ont misé sur la diversification en développant de nouvelles typologies de profils. Or, la
commercialisation de ces innovations demande aux
différentes parties concernées de s’adapter à des
dispositions constructives qui ne sont pas intégrées,
pour le moment, aux référentiels existants. C’est le
cas par exemple de la pose en claire-voie qui prévoit
un espacement entre chaque lame de bardage (voir
encadré). « Le DTU 41.2, qui définit les règles de mise
en œuvre relatives à la pose des revêtements extérieurs
en bois, est paru en 1996. C’est pourquoi il ne prend
pas en compte ce mode de pose », souligne Arnaud
Onillon, ingénieur construction bois à l’Institut
technologique forêt, cellulose bois-construction,
ameublement (FCBA).
m é c O n n a I S S a n c E D u m at é R I a u
Paradoxalement, même si le bois est utilisé en
construction depuis des siècles, ses contraintes restent
mal connues pour un usage en bardage rapporté.
« Avec le développement de l’isolation par l’extérieur,
les bardages en bois peuvent être intégrés au lot façade
dans les appels d’offres. Leur réalisation est donc de plus
en plus effectuée par les bardeurs qui ne sont pas forcément familiarisés avec le produit et ses contraintes. Ils
sont très preneurs d’informations à ce sujet », explique
Jean-Marie Maillet, responsable produits de structure
et vêture pour le groupe Ratheau qui a développé un
service de conseil spécifique. Même son de cloche
chez certains architectes qui avouent ne pas oser avoir
recours à un bardage bois en raison d’un manque de
connaissance et de maîtrise.
© Patrice Le Bris
30
Les bardages en bois thermochauffés présentent
de bonnes qualités de résistance et de durabilité. en
revanche, son comportement au feu est moins connu.
quelques définitions
- L’aubier : partie vivante du bois, il est situé juste sous l’écorce. riche en matière organique, il est
très sensible aux champignons et aux insectes.
- Le duramen : également appelé « bois parfait », il correspond aux zones d’accroissement les plus
anciennement formées. Il est composé de cellules mortes.
- L’aboutage : cette technique est destinée à la fabrication de lames de grande longueur (jusqu’à
4 m). elle consiste à couper le bois pour en ôter les nœuds potentiellement cassants
et à reconstituer une lame uniforme.
- PEFC : le programme de reconnaissance des certifications forestières est une certification
européenne qui garantit une gestion durable des bois et forêts. La plupart des bardages français
sont issus de bois certifiés.
BARD AGE. INF O # 04 nov em bre 2 01 3
m At é R I Au
D OSSIER
© CNDB / Bois.com
© Presses polytechniques et universitaires romandes
01
Pour combler ces lacunes, la publication d’un
DTU entièrement mis à jour est prévue pour la
fin de cette année. Les principaux aménagements
concerneront l’affectation des classes d’emploi
(voir encadré) en fonction du choix de conception.
Décrites dans la norme NF EN 335, elles définissent
les situations d’exposition vis-à-vis des agents de
dégradations biologiques (insectes et champignons). Ainsi, pour pouvoir être mis en œuvre en
bardage, un bois doit au minimum répondre à la
classe d’emploi 3 (3a ou 3b). Certaines essences
telles que l’épicéa ou le sapin n’ont pas une
durabilité naturelle suffisante, contrairement au
douglas, au mélèze ou au red cedar qui, purgés
d’aubier, s’adaptent à une utilisation en extérieur.
Aujourd’hui, le DTU n’intègre pas la géométrie du
profil et le mode de mise en œuvre dans l’attribution de la classe. Demain, les conditions climatiques, la massivité des pièces de bois (qui favorise
la rétention d’eau) et les capacités drainantes des
bardages selon leur conception conditionneront
cette affectation.
bIEn géRER L’Eau
« L’un des grands facteurs de risque pour le bois,
c’est l’eau, rappelle Arnaud Onillon. Quand elle est
mal gérée, elle peut être la cause de sinistres, tels
que le développement de champignons. » « Pour une
mise en œuvre en extérieur, le bois doit avoir un taux
d’humidité d’environ 18 %. Au-dessus, les organismes se développent », ajoute Estelle Billiotte,
déléguée experte au sein du comité national pour
le développement du bois (CNDB). Les opérations
de séchage lors du processus de production des
lames permettent d’atteindre ce niveau. Pour
Sans traitement, les assauts de la
pluie dégradent progressivement la
couleur du bois qui finit par grisailler.
01
0 2 Le débord du toit protège
de la pluie la tête du bardage.
Le grisaillement n’est donc pas
homogène.
02
le conserver, certaines précautions doivent être
respectées. Une lame d’air de 20 mm minimum
débouchante en tête et en pied de bardage sera
intégrée au système afin de ventiler correctement
le bois et permettre son reséchage suite aux intempéries. La conception de cas de figure piégeant
en eau tel que, par exemple, un bardage avec
lames inclinées, doit être anticipée. Un bardage
à emboîtement (rainures et languettes) avec
un angle très ouvert au niveau de l’assemblage
évitera la stagnation de l’eau dans le bois. De
la même façon, la verticalité des lames favorisera le ruissellement quand une mise en œuvre
horizontale risque de l’en empêcher. En pied de
bardage, une garde au sol de 20 cm doit impérativement être prévue pour éviter tout dommage
à cet endroit.
Les essences en détail
en matière de bardage, les résineux sont plus fréquemment utilisés que les feuillus. Les principales
essences classées 3 que l’on retrouve sont :
- Le douglas : originaire d’Amérique du nord, il s’est progressivement imposé en France au cours
de programmes de reboisements mis en place après la Seconde Guerre mondiale. on en compte
400 000 hectares sur le territoire hexagonal, soit plus de 50 % de la ressource européenne. Sa
résistance mécanique et sa durabilité naturelle en font un produit apprécié pour une mise en œuvre
en bardage.
- Le mélèze : il vient rarement de France mais plutôt des zones montagneuses de l’est de l’europe.
Il présente sensiblement les mêmes caractéristiques que le douglas.
- Le red cedar : essence nord-américaine, elle présente des caractéristiques de résistance et
de durabilité lui permettant un usage en extérieur sans traitement. Il provient essentiellement de
l’importation.
- Le pin maritime : largement produit dans les Landes, le pin maritime est une essence hétérogène
qui connaît des zones de faiblesses en présence de nœud. Il est facile à usiner.
- Le pin sylvestre : également appelé « pin du nord », ce bois provient de Scandinavie.
33
34
DO S S IER
m At é R I A u
« D’autres règles de mise en œuvre impactent la
longévité d’un bardage bois », souligne Jean-Marie
Maillet. La plupart sont décrites dans le DTU 41.2.
Des éléments complémentaires sur les ossatures en
bois et l’isolation par l’extérieur sont également
disponibles dans le cahier 3316 du CSTB.
DISpOSItIOnS cOnStRuctIvES
Ainsi, la pose d’un pare-pluie est obligatoire afin
d’assurer l’étanchéité de la paroi lorsque la structure
n’est pas en béton. Les tasseaux en bois doivent
respecter un entraxe maximum de 65 cm. Quant à la
largeur exposée d’une lame, elle ne doit pas excéder
sept fois son épaisseur pour éviter tout risque de
déformation. Le choix des fixations est également
primordial. Les pointes seront exclusivement en acier
inoxydable annelées ou crantées, d’une longueur au
minimum égale à 2,5 fois l’épaisseur du bardage.
Leur nombre dépend de la largeur de la lame. Par
exemple, si celle-ci mesure plus de 125 mm, deux
fixations seront nécessaires. Les angles doivent
également être traités avec soin en fonction de la
configuration.
BAR D AG E . I N FO #04 n o v emb re 2 013
« Plusieurs
facteurs
influent sur
les temps de
vieillissement :
le sens de pose,
la conception,
l’orientation… »
L’ensemble de ces contraintes prises en compte
permet d’augmenter la durée de vie des bardages
qui reste difficile à évaluer. « D’autres critères doivent
être considérés, comme l’exposition de l’ouvrage »,
remarque Arnaud Onillon. Mais si les qualités
mécaniques du bois sont durables, son aspect, lui,
change avec le temps. La couleur naturelle commence par virer au brun sous l’influence des UV
pour finir irrémédiablement par griser en raison
de son exposition à l’eau. Une caractéristique qui
peut jouer en sa défaveur auprès des donneurs
d’ordre, même si elle n’altère en rien ses propriétés physiques. « Plusieurs facteurs influent sur les
temps de vieillissement : l’essence, le sens de pose,
la conception, le traitement, le climat, l’orientation,
le niveau de pollution, la présence ou non d’ombres
rapportées en façade et le chemin de l’eau sur la
façade », souligne Estelle Billiotte. Ce qui signifie
que le grisaillement est rarement homogène. Un
débord de toiture, par exemple, abrite la tête du
bardage. La zone est donc protégée des intempéries
et le changement de teinte sera plus lent que sur le
reste de la surface courante.
Les principaux types de pose
Pose horizontale*
Pose à recouvrement
horizontal, dite à clin
Pose à joints plats
ouverts / claire-voie
Pose à claire-voie
Pose à embrèvement
simple, dite à faux clins
Pose à embrèvement Pose à embrèvement
Pose à rainure
simple, dite à faux clins simple, dite à faux clins et languette
Pose verticale*
Pose à recouvrement Pose à couvre-joints Pose à joints plats
vertical
ouverts / claire voie
*Types de pose non exhaustifs
Pose à claire-voie
Pose à recouvrement Pose à embrèvement Pose à embrèvement Pose à rainure
vertical, dite à clin
simple
simple
et languette
Source : CnDb
BARD AGE. INF O # 04 nov em bre 2 01 3
D OSSIER
m At é R I Au
©Metsä Wood
Des traitements de préservation peuvent avoir
un effet de ralentissement sur le grisaillement même
s’ils sont avant tout faits pour protéger le matériau
des insectes, des champignons et des termites. Ils
permettent également à certains bois de passer d’une
classe à l’autre. Par exemple, un douglas classé 3
naturellement pourra gagner une classe avec un
traitement adapté. On distingue deux typologies
d’intervention : en profondeur et de surface. Parmi
la première, l’autoclave est la plus connue. Elle
consiste à positionner les lames de bois asséchées
à 18 % dans une enceinte hermétique vide d’air.
Un produit chimique est inséré dans le caisson mis
sous pression. Cette opération permet au traitement
de pénétrer en profondeur à l’intérieur du bois qui
devient imputrescible.
t R a I t E m E n t h a u t E t E m p é R at u R E
Le thermochauffage est une technique plus nouvelle.
« Le bois est séché à très haute température sur un cycle
long et dans une atmosphère saturée en eau », décrit
Christophe Perrault, responsable marketing et développement produits chez Metsä Wood. Pendant 36 h,
il est soumis à une hausse de température progressive
atteignant 192 °C à son maximum. « L’opération
dégrade l’hémicellulose du bois dont se nourrissent
insectes et champignons. Le matériau gagne en résistance. D’autant plus que cette modification cellulaire
évite l’humidification excessive du bois, s’il est bien
ventilé. Son taux d’humidité se maintient à 6 ou 7 %. »
Néanmoins, si certains produits bénéficient d’un
avis technique, ils restent mal connus, notamment
en termes de comportement au feu.
Le mode de traitement apporté au
bois modifie son aspect de façon plus
ou moins importante.
Les classes d’emploi
Classe
Situation en service
exemples d’emploi
Zone sensible
risques biologiques
1
bois sec, humidité toujours inférieure
à 20 %
menuiseries intérieures à l’abri de
l’humidité : parquets, escaliers intérieurs,
portes
2 mm
Insectes, termites dans les régions
infestées
2
bois sec mais dont l’humidité peut
occasionnellement dépasser 20 %
Charpente, ossatures correctement
ventilées en service
2 mm
Insectes, champignons de surface,
termites dans les régions infestées
3a
bois à une humidité fréquemment
supérieure à 20 % (humidification
sur période courte). Conception
permettant l’évacuation rapide de
l’eau
Toutes pièces de construction ou
menuiseries extérieures verticales
soumises à la pluie : bardage, fenêtre…
Pièces abritées mais en atmosphère
condensante
Toute la partie
humidifiable de la
zone non durable
naturellement
Pourriture, insectes, termites dans
les régions infestées
3b
bois à une humidité fréquemment
supérieure à 20 % (humidification sur
période significative). Conception ne
permettant pas l’évacuation rapide
de l’eau
Toutes pièces de construction ou
menuiseries extérieures verticales
soumises à la pluie : bardage, fenêtre…
Pièces abritées mais en atmosphère
condensante
Toute la partie
humidifiable de la
zone non durable
naturellement
Pourriture, insectes, termites dans
les régions infestées
4
bois à une humidité toujours
supérieure à 20 %
bois horizontaux extérieurs (balcons,
Zone non durable
coursives) et bois en contact avec le sol ou naturellement
une source d’humidification prolongée ou
permanente
Pourriture, insectes, termites dans
les régions infestées
5
bois en contact permanent avec l’eau Piliers, pontons, bois immergés
de mer
Source : CnDb
37
Zone non durable
naturellement
Pourriture, insectes, térébrants
marins
BARD AGE. INF O # 04 nov em bre 2 01 3
© FP Bois
01
Les autres types de traitement disponibles sur
le marché consistent en l’application de finition
sur le bardage. Filmogènes, les peintures et les
lasures exercent une protection efficace contre les
assauts du temps. En revanche, l’aspect naturel
du bois si souvent recherché, n’est pas conservé.
Le recours à un saturateur, disponible en version pigmentée ou incolore, quant à lui, « laisse
transparaître le veinage et le fil du bois, souligne
Frédéric Doucet, directeur commercial de FP Bois.
Appliqué en surface, ce produit liquide à base de
composants naturels crée une barrière contre le
vieillissement ». Le bémol : il s’estompe avec le
temps et doit être réappliqué tous les quatre ou
cinq ans pour éviter la reprise du grisaillement.
Même si certains industriels annoncent 10 ans
sans entretien, cette obligation, une fois encore,
peut rebuter les donneurs d’ordre peu enclins à
accepter un changement d’aspect.
© FP Bois
pIgmEnt gRIS
02
D OSSIER
m At é R I Au
De la même manière, les autres solutions de protection du bois, telles que le trempage dans des bains
d’émulsions aqueuses ou d’huiles végétales chauffés
(oléo-thermie), ne traitent pas le matériau en profondeur. Ils s’altèrent et se délavent avec le temps.
Pour faire accepter ces changements de teinte,
les industriels proposent de plus en plus des traitements intégrant des pigments gris, permettant
de conserver une couleur homogène au bardage.
Néanmoins, comme le souligne Arnaud Onillon,
« culturellement, en France, le grisaillement peut
être perçu comme un vieillissement prématuré portant atteinte aux performances de la façade. Il faut
intégrer l’idée qu’il s’agit d’une évolution naturelle
du matériau, sans quoi, le bois continuera à avoir
ses détracteurs ». l
Réaction au feu des bois massifs
La masse volumique d’une essence a un impact direct sur son classement au feu. Ainsi, le classement m3 est possible
sous la condition que la masse volumique moyenne du bois soit supérieure à 390 kg/m3. Dans le détail :
- Les bois massifs non résineux dont l’épaisseur est supérieure à 14 mm sont classés m3. en dessous, ils sont classés m4,
- Les bois massifs résineux dont l’épaisseur est supérieure à 18 mm sont classés m3. en dessous, ils sont classés m4.
en 2011, le ministère de l’écologie et du développement durable a reconnu, par la voix de sa direction de l’habitat, de
l’urbanisme et des paysages, que « dès lors qu’un bois naturel possède un Pv d’essai de réaction au feu de catégorie
m2 ou m3 (classes admissibles respectives C-s3, d0 ou D-s3, d0), il peut être accepté comme revêtement de façade
pour les bâtiments de 3e famille b ».
Parmi l’ensemble des essences présentes sur le marché, il n’y a que le mélèze qui soit classé, par procès-verbal,
naturellement m2 (sous certaines conditions, entre autres, de densité, d’épaisseur et d’usinage de profils). Les
traitements ignifuges, quant à eux, ne sont pas considérés comme durables. « Cette caractéristique n’est pas toujours
intégrée par les décisionnaires », explique Jean-marie maillet.
pour en
savoir plus
- Ingo Gabriel, bardage bois,
guide pratique, Presses
polytechniques et universitaires
romandes, 2011, 115 pages.
- Pierre Dulbecco et Arnaud onillon,
Guide de réhabilitation des maisons
individuelles : rénover avec le bois,
FCbA, 2012, 295 pages.
- Salon européen des sols
et revêtements de façades en bois,
du 16 au 18 mars 2014 au Flanders
expo de Gand (belgique).
Le parement de cette maison
individuelle est en pin de France traité
par trempage et recouvert de deux
couches d’imprégnateur au ton bois.
01
0 2 La pose en claire-voie devrait
être intégrée dans la prochaine
édition mise à jour du DTU 41.2.
39

Documents pareils