Le bardage en bois naturel : un marché en croissance
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Le bardage en bois naturel : un marché en croissance
DO S S IER m At é R I A u BAR D AG E . I N FO #04 n o v emb re 2 013 01 © Patrice LE BRIS 26 cOnjOnctuRE Le bardage en bois naturel : un marché en croissance Le bardage en bois massif a su s’adapter pour répondre aux nouveaux enjeux de la construction, tant dans le neuf qu’en rénovation. Toutefois, des réticences à l’usage du bois en façade subsistent. aDELInE DIOnISI L e secteur du bardage résiste à la crise. Selon l’étude publiée en mai 2013 par le cabinet spécialisé MSI Reports sur « le marché des systèmes de bardage en France » (voir encadré), il est en croissance constante depuis 2008. En 2012, il atteignait 30 millions de mètres carrés mis en œuvre, soit une hausse de 7,4 % par rapport à 2011. Cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir. Certes, les professionnels interrogés prévoient un tassement pour 2013 mais la reprise pourrait être effective dès la fin de la même année. Le dynamisme de ce marché s’explique notamment par l’intérêt de plus en plus marqué des donneurs d’ordres pour l’isolation thermique par l’extérieur (ITE). Le Grenelle de l’environnement, la RT 2012 et les mesures gouvernementales en faveur du bâtiment, tant dans le neuf qu’en rénovation, agissent en effet en faveur du développement de ce système constructif qui permet d’allier performances énergétiques et design en façade. S E c O n D E p O S I t I O n E n pa R t D E m a R c h é Même si l’enduit conserve plus de la moitié des parts de marché, le bardage est de plus en plus apprécié par les architectes pour sa large palette de choix esthétiques. Les concepteurs cherchent à personnaliser et à valoriser l’enveloppe des bâtiments, tant en termes de forme, de couleur que d’aspect. Les acteurs du secteur prévoient que le bardage s’affirmera de plus en plus comme la solution privilégiée. Parmi les différentes typologies de parement La part de marché du bois en bardage ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années. 01 0 2 L’aspect naturel et chaleureux du bois massif motive le choix du matériau par les architectes. BARD AGE. INF O # 04 nov em bre 2 01 3 m At é R I Au D OSSIER disponibles, le bois massif et ses dérivés (fibres, placages et particules bois) tirent leur épingle du jeu. Toujours selon MSI Reports, ils détenaient, en 2012, 24 % des parts de marché en volume, juste derrière les bardages métalliques (53 %). Si avec 8,4 % de croissance en 2012, la courbe du bois n’augmente pas autant que celles des parements en terre cuite (15,9 %) ou en fibres-ciment (12 %), les prévisions jusqu’en 2017 restent orientées à la hausse. 27 02 Entre 2008 et 2012, les bardages en bois massif ont connu une croissance plus importante que les parements en dérivés du bois. Ils détenaient 72 % du marché l’année dernière contre 20 % pour les fibres, placages et particules bois et 8 % pour les bois composites. Ces derniers sont privilégiés dans le non-résidentiel en raison du faible entretien qu’ils nécessitent. Les bâtiments d’habitation font, quant à eux, la part belle au bois naturel. Le dynamisme du produit dans sa version brute résulte de la conjonction de multiples facteurs. Tout d’abord, il s’intègre dans la tendance architecturale actuelle qui privilégie les aspects authentiques et chaleureux pour habiller les ouvrages. Matériau 100 % naturel, 100 % recyclable et capable de stocker le CO2, il répond aux préoccupations croissantes de la population et des pouvoirs publics pour l’environnement. Cette tendance s’observe notamment dans le développement des constructions à ossature bois. Y rapporter un bardage bois est souvent perçu comme une suite logique à la démarche du maître d’ouvrage. Ce constat fait prédire aux analystes une augmentation de la part du neuf (36 % aujourd’hui) sur la rénovation (64 %) dans les usages du bardage bois. Ce dernier bénéficie de la croissance du marché de la surélévation, en grande partie en raison de sa légèreté par rapport aux autres matériaux tels que le béton. Le bardage en bois massif tire également pleinement profit de l’engouement pour l’ITE auquel il s’adapte parfaitement. © Patrice LE BRIS n at u R E L E t c h a L E u R E u x une typologie de bois, à l’image de Silverwood avec le bois massif. D’autres préfèrent au contraire la diversification des matériaux, comme SCB qui produit également des panneaux en fibres-ciment ou encore l’intégration, comme Metsä Wood, qui possèdent ses propres forêts. Pour faire face à cette concurrence de plus en plus forte, les fabricants de bardage en bois « ne raisonnent plus en termes de produit mais de système », analysent les auteurs de l’étude MSI Reports. Ainsi les industriels s’associent avec des fournisseurs d’accessoires afin d’optimiser les performances de leurs procédés, tout en réduisant ainsi les coûts de recherche et de notoriété. C’est par exemple le cas de Gascogne Wood. Le groupe a signé un partenariat avec le fabricant d’isolant Saint-Gobain cOncuRREncE Résultat : le secteur attire les prétendants, avec comme conséquence un marché très fragmenté dans lequel PME et grands groupes se positionnent sur des segments différents. Les premiers privilégient les services de proximité et personnalisés alors que les grands industriels interviennent sur l’ensemble de la filière bois. Tous n’opèrent pas non plus selon la même stratégie. Certains se spécialisent dans Le cadre de l’étude et sa méthodologie L’étude publiée en mai dernier par mSI reports intitulée « le marché des systèmes de bardage en France », s’attache à décrypter le marché du bardage en France entre 2008 et 2012 et à effectuer une analyse prévisionnelle du secteur sur la période 2013-2017. elle enrichit et met à jour une précédente publication parue en 2010. Plus de quarante entretiens avec des professionnels (fabricants de matériaux, de bardage, d’isolants, revendeurs, poseurs, prescripteurs, négoces…) ont été réalisés entre janvier et avril 2013. 28 DO S S IER m At é R I A u 03 Isover qui leur permet de proposer depuis 2010 un système complet d’ITE avec bardage en bois baptisé K’ITE. © Patrice LE BRIS R é S I S ta n c E E t D u R a b I L I t é La maison individuelle reste le principal débouché du bardage bois. 03 En parallèle, les fabricants développent différentes méthodes de traitement du bois afin d’en améliorer la résistance et la durabilité : autoclave, thermochauffage, trempage, saturateur, thermo-huilage… (voir article page 30). L’objectif : répondre aux nombreuses interrogations et a priori qui impactent encore la croissance du bois massif dans la construction et son usage en extérieur. Maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre ne sont pas tous séduits par un matériau, qui, naturellement, grise avec le temps, sous les effets conjugués de la pluie, du vent et des UV. « Il faut intégrer ce paramètre dès la conception de l’ouvrage. Il s’agit juste d’un changement d’aspect. Il est important de garder à l’esprit que les propriétés physiques du bois ne sont en rien altérées », rappelle Estelle Billiotte, déléguée experte pour le Comité national pour le développement du bois (CNDB). c O m m u n I c at I O n Le bois répond aux volontés de personnalisation des façades des architectes. © Metsä Wood 04 C’est pourquoi le secteur communique tous azimuts et fait la promotion du matériau. à titre d’exemple, le CNDB a publié il y a quelques semaines un ouvrage compilant huit retours d’expérience analysant les performances et les coûts de différents types de construction de logements collectifs ayant eu recours au bois pour tout ou partie de l’ouvrage*. BAR D AG E . I N FO #04 n o v emb re 2 013 Le conseil constitutionnel annule le décret bois L’annulation récente par le conseil constitutionnel du décret bois, qui imposait l’utilisation d’une quantité minimum de bois dans la construction, n’est pas perçue comme un handicap par les acteurs du secteur. « Le bois a encore une carte à jouer. Les Français comme les pouvoirs publics y sont favorables. nous attendons les prochaines décisions du gouvernement en matière d’accompagnement du développement de la filière », explique Christine Le nouy, directrice générale du Comité national du développement pour le bois (CnDb). Plusieurs réunions se sont tenues courant septembre rassemblant le gouvernement et les acteurs du secteur afin de réfléchir à la place du bois dans la construction. La piste d’un article de loi dédié a été évoquée afin de remplacer le décret. Le comité organise également des ateliers de présentation du matériau dans sa version naturelle (les essences, leur résistance, leur durabilité, les conditions de mise en œuvre…) à destination des prescripteurs. Le bardage y fait l’objet d’un workshop dédié. L’idée : démontrer qu’avec les bons matériaux et les bonnes méthodes de mise en œuvre, le bardage bois présente plus d’avantages que d’inconvénients. l *Logements collectifs bois, collection Retour d’expériences, cnDb, juillet 2013, 60 pages. 04 DO S S IER m At é R I A u BAR D AG E . I N FO #04 n o v emb re 2 013 tEchnIquE Le bardage bois, durable sous conditions… La mise en œuvre d’une façade rapportée en bois massif nécessite le respect de règles constructives strictes. Avec, en premier lieu, la gestion de l’eau pour assurer la pérennité de l’ouvrage dans le temps. aDELInE DIOnISI D errière l’appellation générique « bardage en bois massif » se cache une réalité bien plus complexe. « Depuis cinq ans, l’offre s’est largement étendue », remarque Lionel Méli, directeur général du groupe Ratheau, négociant en bois, panneaux et dérivés. L’engouement pour les façades rapportées en bois (voir article p. 26) a provoqué l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché. Pour faire face à cette concurrence croissante, les industriels ont misé sur la diversification en développant de nouvelles typologies de profils. Or, la commercialisation de ces innovations demande aux différentes parties concernées de s’adapter à des dispositions constructives qui ne sont pas intégrées, pour le moment, aux référentiels existants. C’est le cas par exemple de la pose en claire-voie qui prévoit un espacement entre chaque lame de bardage (voir encadré). « Le DTU 41.2, qui définit les règles de mise en œuvre relatives à la pose des revêtements extérieurs en bois, est paru en 1996. C’est pourquoi il ne prend pas en compte ce mode de pose », souligne Arnaud Onillon, ingénieur construction bois à l’Institut technologique forêt, cellulose bois-construction, ameublement (FCBA). m é c O n n a I S S a n c E D u m at é R I a u Paradoxalement, même si le bois est utilisé en construction depuis des siècles, ses contraintes restent mal connues pour un usage en bardage rapporté. « Avec le développement de l’isolation par l’extérieur, les bardages en bois peuvent être intégrés au lot façade dans les appels d’offres. Leur réalisation est donc de plus en plus effectuée par les bardeurs qui ne sont pas forcément familiarisés avec le produit et ses contraintes. Ils sont très preneurs d’informations à ce sujet », explique Jean-Marie Maillet, responsable produits de structure et vêture pour le groupe Ratheau qui a développé un service de conseil spécifique. Même son de cloche chez certains architectes qui avouent ne pas oser avoir recours à un bardage bois en raison d’un manque de connaissance et de maîtrise. © Patrice Le Bris 30 Les bardages en bois thermochauffés présentent de bonnes qualités de résistance et de durabilité. en revanche, son comportement au feu est moins connu. quelques définitions - L’aubier : partie vivante du bois, il est situé juste sous l’écorce. riche en matière organique, il est très sensible aux champignons et aux insectes. - Le duramen : également appelé « bois parfait », il correspond aux zones d’accroissement les plus anciennement formées. Il est composé de cellules mortes. - L’aboutage : cette technique est destinée à la fabrication de lames de grande longueur (jusqu’à 4 m). elle consiste à couper le bois pour en ôter les nœuds potentiellement cassants et à reconstituer une lame uniforme. - PEFC : le programme de reconnaissance des certifications forestières est une certification européenne qui garantit une gestion durable des bois et forêts. La plupart des bardages français sont issus de bois certifiés. BARD AGE. INF O # 04 nov em bre 2 01 3 m At é R I Au D OSSIER © CNDB / Bois.com © Presses polytechniques et universitaires romandes 01 Pour combler ces lacunes, la publication d’un DTU entièrement mis à jour est prévue pour la fin de cette année. Les principaux aménagements concerneront l’affectation des classes d’emploi (voir encadré) en fonction du choix de conception. Décrites dans la norme NF EN 335, elles définissent les situations d’exposition vis-à-vis des agents de dégradations biologiques (insectes et champignons). Ainsi, pour pouvoir être mis en œuvre en bardage, un bois doit au minimum répondre à la classe d’emploi 3 (3a ou 3b). Certaines essences telles que l’épicéa ou le sapin n’ont pas une durabilité naturelle suffisante, contrairement au douglas, au mélèze ou au red cedar qui, purgés d’aubier, s’adaptent à une utilisation en extérieur. Aujourd’hui, le DTU n’intègre pas la géométrie du profil et le mode de mise en œuvre dans l’attribution de la classe. Demain, les conditions climatiques, la massivité des pièces de bois (qui favorise la rétention d’eau) et les capacités drainantes des bardages selon leur conception conditionneront cette affectation. bIEn géRER L’Eau « L’un des grands facteurs de risque pour le bois, c’est l’eau, rappelle Arnaud Onillon. Quand elle est mal gérée, elle peut être la cause de sinistres, tels que le développement de champignons. » « Pour une mise en œuvre en extérieur, le bois doit avoir un taux d’humidité d’environ 18 %. Au-dessus, les organismes se développent », ajoute Estelle Billiotte, déléguée experte au sein du comité national pour le développement du bois (CNDB). Les opérations de séchage lors du processus de production des lames permettent d’atteindre ce niveau. Pour Sans traitement, les assauts de la pluie dégradent progressivement la couleur du bois qui finit par grisailler. 01 0 2 Le débord du toit protège de la pluie la tête du bardage. Le grisaillement n’est donc pas homogène. 02 le conserver, certaines précautions doivent être respectées. Une lame d’air de 20 mm minimum débouchante en tête et en pied de bardage sera intégrée au système afin de ventiler correctement le bois et permettre son reséchage suite aux intempéries. La conception de cas de figure piégeant en eau tel que, par exemple, un bardage avec lames inclinées, doit être anticipée. Un bardage à emboîtement (rainures et languettes) avec un angle très ouvert au niveau de l’assemblage évitera la stagnation de l’eau dans le bois. De la même façon, la verticalité des lames favorisera le ruissellement quand une mise en œuvre horizontale risque de l’en empêcher. En pied de bardage, une garde au sol de 20 cm doit impérativement être prévue pour éviter tout dommage à cet endroit. Les essences en détail en matière de bardage, les résineux sont plus fréquemment utilisés que les feuillus. Les principales essences classées 3 que l’on retrouve sont : - Le douglas : originaire d’Amérique du nord, il s’est progressivement imposé en France au cours de programmes de reboisements mis en place après la Seconde Guerre mondiale. on en compte 400 000 hectares sur le territoire hexagonal, soit plus de 50 % de la ressource européenne. Sa résistance mécanique et sa durabilité naturelle en font un produit apprécié pour une mise en œuvre en bardage. - Le mélèze : il vient rarement de France mais plutôt des zones montagneuses de l’est de l’europe. Il présente sensiblement les mêmes caractéristiques que le douglas. - Le red cedar : essence nord-américaine, elle présente des caractéristiques de résistance et de durabilité lui permettant un usage en extérieur sans traitement. Il provient essentiellement de l’importation. - Le pin maritime : largement produit dans les Landes, le pin maritime est une essence hétérogène qui connaît des zones de faiblesses en présence de nœud. Il est facile à usiner. - Le pin sylvestre : également appelé « pin du nord », ce bois provient de Scandinavie. 33 34 DO S S IER m At é R I A u « D’autres règles de mise en œuvre impactent la longévité d’un bardage bois », souligne Jean-Marie Maillet. La plupart sont décrites dans le DTU 41.2. Des éléments complémentaires sur les ossatures en bois et l’isolation par l’extérieur sont également disponibles dans le cahier 3316 du CSTB. DISpOSItIOnS cOnStRuctIvES Ainsi, la pose d’un pare-pluie est obligatoire afin d’assurer l’étanchéité de la paroi lorsque la structure n’est pas en béton. Les tasseaux en bois doivent respecter un entraxe maximum de 65 cm. Quant à la largeur exposée d’une lame, elle ne doit pas excéder sept fois son épaisseur pour éviter tout risque de déformation. Le choix des fixations est également primordial. Les pointes seront exclusivement en acier inoxydable annelées ou crantées, d’une longueur au minimum égale à 2,5 fois l’épaisseur du bardage. Leur nombre dépend de la largeur de la lame. Par exemple, si celle-ci mesure plus de 125 mm, deux fixations seront nécessaires. Les angles doivent également être traités avec soin en fonction de la configuration. BAR D AG E . I N FO #04 n o v emb re 2 013 « Plusieurs facteurs influent sur les temps de vieillissement : le sens de pose, la conception, l’orientation… » L’ensemble de ces contraintes prises en compte permet d’augmenter la durée de vie des bardages qui reste difficile à évaluer. « D’autres critères doivent être considérés, comme l’exposition de l’ouvrage », remarque Arnaud Onillon. Mais si les qualités mécaniques du bois sont durables, son aspect, lui, change avec le temps. La couleur naturelle commence par virer au brun sous l’influence des UV pour finir irrémédiablement par griser en raison de son exposition à l’eau. Une caractéristique qui peut jouer en sa défaveur auprès des donneurs d’ordre, même si elle n’altère en rien ses propriétés physiques. « Plusieurs facteurs influent sur les temps de vieillissement : l’essence, le sens de pose, la conception, le traitement, le climat, l’orientation, le niveau de pollution, la présence ou non d’ombres rapportées en façade et le chemin de l’eau sur la façade », souligne Estelle Billiotte. Ce qui signifie que le grisaillement est rarement homogène. Un débord de toiture, par exemple, abrite la tête du bardage. La zone est donc protégée des intempéries et le changement de teinte sera plus lent que sur le reste de la surface courante. Les principaux types de pose Pose horizontale* Pose à recouvrement horizontal, dite à clin Pose à joints plats ouverts / claire-voie Pose à claire-voie Pose à embrèvement simple, dite à faux clins Pose à embrèvement Pose à embrèvement Pose à rainure simple, dite à faux clins simple, dite à faux clins et languette Pose verticale* Pose à recouvrement Pose à couvre-joints Pose à joints plats vertical ouverts / claire voie *Types de pose non exhaustifs Pose à claire-voie Pose à recouvrement Pose à embrèvement Pose à embrèvement Pose à rainure vertical, dite à clin simple simple et languette Source : CnDb BARD AGE. INF O # 04 nov em bre 2 01 3 D OSSIER m At é R I Au ©Metsä Wood Des traitements de préservation peuvent avoir un effet de ralentissement sur le grisaillement même s’ils sont avant tout faits pour protéger le matériau des insectes, des champignons et des termites. Ils permettent également à certains bois de passer d’une classe à l’autre. Par exemple, un douglas classé 3 naturellement pourra gagner une classe avec un traitement adapté. On distingue deux typologies d’intervention : en profondeur et de surface. Parmi la première, l’autoclave est la plus connue. Elle consiste à positionner les lames de bois asséchées à 18 % dans une enceinte hermétique vide d’air. Un produit chimique est inséré dans le caisson mis sous pression. Cette opération permet au traitement de pénétrer en profondeur à l’intérieur du bois qui devient imputrescible. t R a I t E m E n t h a u t E t E m p é R at u R E Le thermochauffage est une technique plus nouvelle. « Le bois est séché à très haute température sur un cycle long et dans une atmosphère saturée en eau », décrit Christophe Perrault, responsable marketing et développement produits chez Metsä Wood. Pendant 36 h, il est soumis à une hausse de température progressive atteignant 192 °C à son maximum. « L’opération dégrade l’hémicellulose du bois dont se nourrissent insectes et champignons. Le matériau gagne en résistance. D’autant plus que cette modification cellulaire évite l’humidification excessive du bois, s’il est bien ventilé. Son taux d’humidité se maintient à 6 ou 7 %. » Néanmoins, si certains produits bénéficient d’un avis technique, ils restent mal connus, notamment en termes de comportement au feu. Le mode de traitement apporté au bois modifie son aspect de façon plus ou moins importante. Les classes d’emploi Classe Situation en service exemples d’emploi Zone sensible risques biologiques 1 bois sec, humidité toujours inférieure à 20 % menuiseries intérieures à l’abri de l’humidité : parquets, escaliers intérieurs, portes 2 mm Insectes, termites dans les régions infestées 2 bois sec mais dont l’humidité peut occasionnellement dépasser 20 % Charpente, ossatures correctement ventilées en service 2 mm Insectes, champignons de surface, termites dans les régions infestées 3a bois à une humidité fréquemment supérieure à 20 % (humidification sur période courte). Conception permettant l’évacuation rapide de l’eau Toutes pièces de construction ou menuiseries extérieures verticales soumises à la pluie : bardage, fenêtre… Pièces abritées mais en atmosphère condensante Toute la partie humidifiable de la zone non durable naturellement Pourriture, insectes, termites dans les régions infestées 3b bois à une humidité fréquemment supérieure à 20 % (humidification sur période significative). Conception ne permettant pas l’évacuation rapide de l’eau Toutes pièces de construction ou menuiseries extérieures verticales soumises à la pluie : bardage, fenêtre… Pièces abritées mais en atmosphère condensante Toute la partie humidifiable de la zone non durable naturellement Pourriture, insectes, termites dans les régions infestées 4 bois à une humidité toujours supérieure à 20 % bois horizontaux extérieurs (balcons, Zone non durable coursives) et bois en contact avec le sol ou naturellement une source d’humidification prolongée ou permanente Pourriture, insectes, termites dans les régions infestées 5 bois en contact permanent avec l’eau Piliers, pontons, bois immergés de mer Source : CnDb 37 Zone non durable naturellement Pourriture, insectes, térébrants marins BARD AGE. INF O # 04 nov em bre 2 01 3 © FP Bois 01 Les autres types de traitement disponibles sur le marché consistent en l’application de finition sur le bardage. Filmogènes, les peintures et les lasures exercent une protection efficace contre les assauts du temps. En revanche, l’aspect naturel du bois si souvent recherché, n’est pas conservé. Le recours à un saturateur, disponible en version pigmentée ou incolore, quant à lui, « laisse transparaître le veinage et le fil du bois, souligne Frédéric Doucet, directeur commercial de FP Bois. Appliqué en surface, ce produit liquide à base de composants naturels crée une barrière contre le vieillissement ». Le bémol : il s’estompe avec le temps et doit être réappliqué tous les quatre ou cinq ans pour éviter la reprise du grisaillement. Même si certains industriels annoncent 10 ans sans entretien, cette obligation, une fois encore, peut rebuter les donneurs d’ordre peu enclins à accepter un changement d’aspect. © FP Bois pIgmEnt gRIS 02 D OSSIER m At é R I Au De la même manière, les autres solutions de protection du bois, telles que le trempage dans des bains d’émulsions aqueuses ou d’huiles végétales chauffés (oléo-thermie), ne traitent pas le matériau en profondeur. Ils s’altèrent et se délavent avec le temps. Pour faire accepter ces changements de teinte, les industriels proposent de plus en plus des traitements intégrant des pigments gris, permettant de conserver une couleur homogène au bardage. Néanmoins, comme le souligne Arnaud Onillon, « culturellement, en France, le grisaillement peut être perçu comme un vieillissement prématuré portant atteinte aux performances de la façade. Il faut intégrer l’idée qu’il s’agit d’une évolution naturelle du matériau, sans quoi, le bois continuera à avoir ses détracteurs ». l Réaction au feu des bois massifs La masse volumique d’une essence a un impact direct sur son classement au feu. Ainsi, le classement m3 est possible sous la condition que la masse volumique moyenne du bois soit supérieure à 390 kg/m3. Dans le détail : - Les bois massifs non résineux dont l’épaisseur est supérieure à 14 mm sont classés m3. en dessous, ils sont classés m4, - Les bois massifs résineux dont l’épaisseur est supérieure à 18 mm sont classés m3. en dessous, ils sont classés m4. en 2011, le ministère de l’écologie et du développement durable a reconnu, par la voix de sa direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages, que « dès lors qu’un bois naturel possède un Pv d’essai de réaction au feu de catégorie m2 ou m3 (classes admissibles respectives C-s3, d0 ou D-s3, d0), il peut être accepté comme revêtement de façade pour les bâtiments de 3e famille b ». Parmi l’ensemble des essences présentes sur le marché, il n’y a que le mélèze qui soit classé, par procès-verbal, naturellement m2 (sous certaines conditions, entre autres, de densité, d’épaisseur et d’usinage de profils). Les traitements ignifuges, quant à eux, ne sont pas considérés comme durables. « Cette caractéristique n’est pas toujours intégrée par les décisionnaires », explique Jean-marie maillet. pour en savoir plus - Ingo Gabriel, bardage bois, guide pratique, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2011, 115 pages. - Pierre Dulbecco et Arnaud onillon, Guide de réhabilitation des maisons individuelles : rénover avec le bois, FCbA, 2012, 295 pages. - Salon européen des sols et revêtements de façades en bois, du 16 au 18 mars 2014 au Flanders expo de Gand (belgique). Le parement de cette maison individuelle est en pin de France traité par trempage et recouvert de deux couches d’imprégnateur au ton bois. 01 0 2 La pose en claire-voie devrait être intégrée dans la prochaine édition mise à jour du DTU 41.2. 39