Cinéma 2014
Transcription
Cinéma 2014
Coups de cœur Cinéma 2014 Espace des Arts (dernière mise à jour décembre 2014) 2013 CINEMA OCTOBRE Tango Libre, de Frédéric Fonteyne (2013) [F-TAN] JC, gardien de prison introverti, célibataire avec pour seul compagnon un poisson rouge, s'évade en prenant des cours de tango. Il tombe amoureux de sa nouvelle partenaire de danse, Alice. Femme libre, Alice assume totalement sa façon de vivre et d'aimer, en marge de la société... Un vent de Liberté souffle sur ce film. Le tango vient sublimer les sentiments de ce quatuor amoureux, magnifiquement incarné par François Damien, Anne Paulicevich, Sergi Lopez et Jan Hammenecker. NOVEMBRE Le Voleur de Lumière de Aktan Arym Kubat (2010) [F VOL] Aktan, le réalisateur au sourire espiègle, incarne le rôle d'un "héro" des temps modernes : Monsieur Lumière ou « Svet-ake ». Dans ce village perdu au milieu des montagnes Kirghizes, loin du pouvoir et de l’économie, cet ange sans ailes entretient les lignes, trafique parfois les compteurs pour venir en aide aux plus démunis. Coeur ouvert et généreux, il ne leur apporte pas seulement l’électricité : il écoute, conseille, conforte les peines et tempère les disputes conjugales de ces villageois oubliés par la civilisation moderne. Monsieur Lumière a un rêve : construire sur les montagnes des éoliennes pour alimenter toute la vallée en électricité. Mais il va devoir faire face à des hommes puissants et corrompus qui sont les nouveaux maîtres du pays. Ce film est d'une universalité touchante tant par les valeurs qu'incarne le héro que par l'authenticité des acteurs, souvent amateurs. Aktan Arym Kubat parvient, alors qu'il est le plus souvent dans l'improvisation, à réaliser un film exceptionnel. DECEMBRE Wadjda , de Haifaa al-Mansour (2012) [F WAD] Je crois que je n'avais jamais vu de film saoudien auparavant... Et pour cause... une salle de cinéma s'est ouverte dans un hôtel saoudien en 2005 et on ne peut y voir que des dessins animés ! Encensé par la critique, plusieurs fois primé et ovationné à Venise, « Wadjda » n'est pas seulement exceptionnel de part sa provenance. Il est réalisé par une femme, il raconte l'histoire d'une petite fille ordinaire, vivant dans un milieu assez conservateur, qui veut un vélo... Vous l'avez tous compris... il s'agit bien de la liberté des femmes dont il est question. De ce film, il reste des images fortes et simples à la fois. Il émane une intense luminosité des rues de Ryad (rues filmées en plein jour pour la première fois). Et enfin, les femmes expriment leur beauté, leur douceur et leur révolte intérieure, plus modernes que jamais, voilée de noir à l'extérieur ! 2014 JANVIER CINEMA Syngué Sabour ou Pierre de patience, de Atiq Rahimi (2013) [F SYN] Adapté du roman éponyme d’Atiq Rahimi, Prix Goncourt en 2008, Syngué Sabour est un des films incontournables de 2013. « Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre git dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l’autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour aupres de son époux, elle est forcée à l’amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révele, prend conscience de son corps, libere sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu’à ses secrets inavouables. L’homme gisant devient alors, malgré lui, sa “ syngué sabour ”, sa pierre de patience – cette pierre magique que l’on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances... Jusqu’à ce qu’elle éclate ! » FEVRIER En Secret, de Maryam Keshavarz (2012) [F ENS] Atafeh et sa meilleure amie Shirin fréquentent les soirées branchées du Téhéran underground. Elles essayent de profiter au mieux de leur jeunesse quand Mehran, le frère et complice d’Atafeh, devient membre de la police des mœurs. Alors qu’il désapprouve sévèrement leur besoin de liberté, Mehran tombe amoureux de Shirin. Son attachement va vite tourner à l’obsession et mettre à l’épreuve l’amitié des jeunes filles... C'est aussi l'ambiguïté des sentiments dont il est question dans ce film ; une autre manière d'aborder l'homosexualité... Grâce et controverse sont au rendez-vous dans ce film poignant, dont on ne reste pas indemne... MARS Apart together, de Wang Quan'an (2013) [F APA] Après « La Tisseuse », c'est le 5ème long-métrage de Wang Quan'an. D'après Le monde, Quan'an nous transporte dans une histoire d'amour « à la sauce aigredouce », entre Taipeh (capitale de Taïwan ) et Shanghaï (une des plus grandes mégalopole de Chine). Quan'an a un goût pour le mélodrame et les dilemmes sentimentaux. Suite à une autorisation de l'Etat, des Chinois, exilés à Taïwan, lors de la révolution sont enfin autorisés à visiter leur famille. Liu (ancien soldat) revient en Chine après 50 ans d'exil pour ramener chez lui sa « fiancée » -aujourd'hui très âgées- dont il a eu un fils 50 ans plus tôt. Quiao Yu'e (sa fiançée) fille-mère et militante nationaliste, bannit par sa famille, a refait sa vie avec un autre homme. Au retour de Liu, c'est toute la famille qui l'accueille... L'auteur, sans trop politiser son discours, met toutefois l'accent sur l'absurdité et les souffrances qu'a généré ce conflit et apporte un éclairage contemporain sur Shanghaï et sur les conséquences de sa modernisation sur la famille et la vie communautaire. Ce qui ne doit en rien occulté le cœur de cette histoire : l'amour. AVRIL MAI Boy, de Taika Waititi (2012) [F BOY] Plongez dans l'enfance d'un garçon Maori de 11 ans, génération 80, qui loin de son père, va sublimer l'existence de celui-ci, pour en faire un super-héro, une star universelle digne de Michael Jackson. Voici une comédie fantaisiste où l'humour sauve de toutes désillusions. Un vrai bol d'air frais, venu de Nouvelle-Zélande. Sugar Man, de Malik Bendjelloul Oscar du meilleur documentaire (2013) [781.66 SUG] Le compositeur et chanteur, Sixto Rodriguez marche à petits pas dans la neige, face au vent, les épaules légèrement voutées. A 72 ans, il fait des travaux de force pour survivre dans sa vieille bicoque de Détroit. Star oubliée et spoliée, comme ressuscitée des années 70, sa voix nous enveloppe chaudement dans une autre époque...du folk emprunt de blues. Son histoire semble tout droit sortie de l'imaginaire romanesque.. . JUIN Tribulations d'une amoureuse sous Staline, de Borys Lankosz (2012) [F TRI] Début des années 50. Sabine, sa mère et sa grand-mère vivent toutes les trois dans un petit appartement au cœur de Varsovie. Sabine vient d’avoir 30 ans et mène une vie sans histoire. Introvertie, elle peine à trouver l'homme qui lui manque pour s'épanouir. Sa mère, désespérée, donnerait ciel et terre pour qu'elle rencontre le bon candidat. Sa grand-mère, la langue bien pendue, chapeaute le défilé des prétendants à la maison, mais en vain. Sabine ne s'intéresse à aucun d'entre eux. Un beau jour, sortant de nulle part, surgit le terriblement attirant, trop charmant et étrangement intelligent Bronislaw. Sa présence chamboule leur vie et ne tarde pas à dévoiler le côté obscur de la nature de certaines femmes. JUILLET Alabama Monroe, de Félix Van Groeningen (2013) [F ALA] Une pin-up blonde tatouée, posant en maillot de bain (à l'effigie du drapeau américain), sur le capot d'un pick-up ; Un grand barbu joueur de banjo, arborant un chapeau de cow-boy. Le spectateur se croit dans un film américain jusqu'au moment où la langue flamande frappe ses trois coups. Le réalisateur belge Félix Van Groeningen, coupable du mémorable film « La Merditude des choses », nous offre ici son quatrième opus. C'est l'histoire de Didier et Elise qui lutte pour la survie de leur petite fille « Maybelle ». C'est beau, c'est émouvant, jamais larmoyant, c'est vrai. La musique Bluegrass-country, magnifiquement interprétée par les acteurs : Johan Heldenbergh et Veerle Baetens, est omniprésente dans le film. Prix du public au festival de Berlin 2013 et César 2014 du meilleur film étranger. Septembre Mr. NOBODY(2010), de Jaco Van Dormae [F MRN] Les parents de Nemo, 9 ans, se séparent. Sur un quai de gare, l'enfant doit choisir entre rester avec son père, ou partir vers l'inconnu avec sa mère. L'imagination débordante de Nemo s'affole alors, et ouvre vers une multitude de vies possibles. Ce film intensément original et touchant aborde avec délicatesse la question existentielle que nous nous posons tous : quelle serait notre vie si nous avions fait tel ou tel choix ? Comment une feuille portée par le vent peut-elle changer le cours de notre vie ? Mr. Nobody est un projet pharaonique porté depuis plusieurs années par le réalisateur Jaco Van Dormael (film Huitième Jour). Le résultat est un spectacle futuriste d'une grande finesse, nourri d'images magnifiques et d'acteurs lumineux, un incroyable voyage sentimental. Mr. Nobody, c'est vous, c'est, moi, et tout le monde à la fois. Novembre Gabrielle Film de Louise Archambault, 2013 [F GAB] Gabrielle, Québécoise, a 20 ans et un charme fou. Le syndrome de Williams la prédispose au talent de chanteuse et à l'oreille absolue. Elle fait partie des Muses, une chorale composée de personnes handicapées. Elle tombe alors éperdument amoureuse de Martin. A travers les premiers émois amoureux c'est un véritable désir d'indépendance et de liberté qui l'étreint. Un moment de pure grâce transcendé par les chansons de Robert Charlebois dont les paroles prennent alors tout leur sens « Et pour quelles raisons étranges, les gens qui n'sont pas comme nous, çà nous dérange ». Elle-même atteinte de ce syndrome, Gabrielle Marion-Rivard, comédienne, illumine le film. Son partenaire, Alexandre Landry, est vibrant d'émotion et de tendresse, dans un rôle de composition parfaitement crédible. Une pépite cinématographique. A voir absolument ! Décembre Le Mur invisible er 1 Long métrage de Julian Pölster, 2012 (Allemagne) [F MUR] En week-end chez des amis dans les Alpes autrichiennes, une jeune femme se retrouve emprisonnée derrière un mur invisible à travers lequel elle perçoit le reste du monde comme figé dans le temps. Pour seul compagnon, un chien, une vache, un chat. Au-delà du côté fantastique de ce film, l'auteur nous invite à une réflexion philosophique sur la solitude, l'humanité et à ce que serait un retour à un mode de vie primaire. Ce film est une saisissante adaptation d'un best-seller de Marlen Haushofer, paru en 1963. A voir absolument !