Titre : La République triomphante préside à la grande fête nationale
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Titre : La République triomphante préside à la grande fête nationale
Titre : La République triomphante préside à la grande fête nationale du 14 juillet 1880. Date : 1880 Dimensions : 22 cm sur 38 cm Technique : Lithographie en couleur Lieu de conservation : Centre historique des Archives Nationales COMMENTAIRE ORGANISÉ DE L’IMAGE Contexte historique : Devant le renforcement de la majorité républicaine aux élections de 1879, le royaliste Mac-Mahon démissionne de la présidence la République et est remplacé par un républicain modéré, Jules Grévy. Les Républicains sont désormais à toutes les commandes du pouvoir, ce qui leur permet de prendre une série de mesures symboliques : transfert du siège des pouvoirs publics de Versailles à Paris, amnistie accordée aux condamnés de la Commune (10 juillet 1880), adoption de la Marseillaise comme hymne national (1879) et du 14 juillet pour fête nationale (6 juillet 1880). Bien que les Républicains aient remporté les élections de 1879, la République ne fait pas encore l’unanimité et par conséquent les gouvernants n’affichent pas encore leur idéologie. Il s’agit encore de tenter de séduire les derniers récalcitrants. Cette fête est organisée aussi dans cet objectif. Elle consiste en des concerts dans les jardins, des décorations de places, illuminations, feux d’artifice et distributions de secours aux indigents. A Paris des drapeaux sont distribués. Analyse de l’image : Cette lithographie s’adresse à une clientèle populaire désireuse d’emporter un souvenir de la fête. Marianne (allégorie de la République) préside à la cérémonie et arbore le drapeau tricolore et l’épée, ainsi que le bonnet phrygien. Ce dernier attribut constitue un signe frappant pour les contemporains. Cet attribut révolutionnaire de la Liberté encore officiellement interdit révèle l’audace du courant radical qui porte alors la République, surtout à Paris, où l’opinion était plus radicalement républicaine. La cérémonie se présente comme le renouveau de l’armée française au lendemain de la défaite de 1870. Dans cette lithographie, les chefs du gouvernement, Jules Grévy, président de la République et Léon Say, président du Sénat et Léon Gambetta de la Chambre accomplissent leur rôle de représentants de la nation sur un mode naïf qui reflète sans doute la conception populaire du pouvoir républicain. Entre les nuages du ciel et ceux des canons d’artillerie, la prise de la Bastille commémore une aurore. A gauche, le vaisseau, La Loire, qui assure la liaison maritime avec la Nouvelle-Calédonie, ramène les Communards déportés. Le régime républicain les accueille. Cette amnistie répond à l’action pressante menée par Victor Hugo au Sénat et aux aspirations sociales du peuple de Paris. Interprétation : Avec cette lithographie, la République s’implante dans l’imaginaire populaire et dans les mentalités. Il s’agit de faire déborder la victoire politique du régime républicain dans le domaine des représentations populaires et folkloriques. Donc, la République est une lente construction qui s’appuie sur l’enracinement de pratiques démocratiques et de symboles mobilisés à l’occasion de fêtes et de commémorations nationales.