Le clergé séculier et la vie religieuse des fidèles (XIe
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Le clergé séculier et la vie religieuse des fidèles (XIe
1 Le clergé séculier et la vie religieuse des fidèles (XIe-XIIIe siècles) Bibliographie —J. Chélini, Histoire religieuse de l’Occident médiéval, Paris, rééd. « Pluriel », 1991, p. 269-410 ; N. Lemaître et al., Dictionnaire culturel du christianisme, Paris, 1994 ; B. Merdrignac, La vie religieuse en France au Moyen Âge, Gap/Paris, 1994 ; A. Vauchez (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, t. 5, Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté (1054-1274), Paris, 1993. LA RÉFORME GRÉGORIENNE ET LA QUERELLE DES INVESTITURES À partir du milieu du XIe siècle, l’Église connaît un profond mouvement de réforme habituellement nommée « grégorienne » en raison du nom de son plus actif promoteur, le pape Grégoire VII (1073 † 1085). Ce mouvement est triple : — Il vise à réformer les mœurs du clergé et combat en particulier la des charges ecclésiastiques) et le NICOLAÏSME (concubinage). SIMONIE (achat — Il cherche à établir l’autonomie du clergé face au monde laïc, particulièrement en réformant les procédure de nomination des clercs (élection du pape par les cardinaux, des évêques par les chapitres cathédraux) dont sont exclus les laïcs. C’est ce qui conduit à un affrontement très violent avec l’empereur connu sous le nom de QUERELLE DES INVESTITURES. — Il renforce la hiérarchie de l’Église autour du pape qui concentre désormais de plus en plus de pouvoirs dans la définition de la foi et des pratiques ainsi que dans le gouvernement interne de l’Église. Ce programme est exprimée en 1075 dans les « Dits du pape » (Dictatus papae). LE SOMMET DE LA HIÉRARCHIE ECCLÉSIASTIQUE : PAPE, ARCHEVÊQUES, ÉVÊQUES — Le PAPE est d’abord l’évêque de Rome ; il est élu par le collège des CARDINAUX qui sont à l’origine les clercs des principales églises de Rome mais dont certaines sont désormais confiées à des prélats venus d’ailleurs. — L’ARCHEVÊQUE est à la tête d’un ensemble de plusieurs diocèses nommé PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE. Il a un rôle de surveillance sur les évêques nommés SUFFRAGANTS, particulièrement à l’occasion de la réunion annuelle des CONCILES (ou SYNODES) PROVINCIAUX. C’est la courroie de transmission avec le pape. Pour cette raison il reçoit personnellement du pape une étole de laine, le « PALLIUM ». Un exemple de province ecclésiastique : celle de Reims qui comprend douze évêchés : Reims, Arras et Cambrai (gouvernés par un même évêque jusque 1093), Tournai et Noyon (gouvernés par un même évêque jusque 1146), Thérouanne, Amiens, Beauvais, Senlis, Soissons, Laon et Châlons. — l’évêque est élu par le CHAPITRE des CHANOINES de la CATHÉDRALE (= l’église principale du diocèse) : il s’agit d’une communauté de clercs dont la règle est © Université Lille 3 – UFR des sciences historiques – Novembre 2007 2 beaucoup plus souple que le règle de saint Benoît et qui participent avec l’évêque à l’administration de la cathédrale : chant, enseignement, archives, matricule, etc ; il est chargé de l’administration matérielle et spirituelle du diocèse et de la surveillance des communautés monastiques (sauf si elles bénéficient de l’EXEMPTION), des clercs – par la réunion régulière de synodes diocésains – et des fidèles. Lui seul peut ordonner d’autres clercs et administrer le sacrement de confirmation (cf. infra). LA PAROISSE — Dans le gouvernement du diocèse, l’évêque délègue ses responsabilités aux prêtres installés dans les paroisses. Chargés du soin des âmes (cura animarum ) de leurs paroissiens, ces prêtres sont appelés « CURÉS » ; ils sont aidés par d’autres prêtres appelés VICAIRES ou CHAPELAINS. Pour conserver un bon contrôle sur son clergé, l’évêque peut compter sur des ministres intermédiaires : l’ARCHIDIACRE responsable d’un ARCHIDIACONÉ et le DOYEN responsables d’un DOYENNÉ, regroupant lui-même plusieurs paroisses. — L’église paroissiale n’est pas seulement contrôlée par le prêtre et la hiérarchie ecclésiastique, mais également par la communauté d’habitants dont des représentants, les MARGUILLIERS, gèrent la FABRIQUE. Le seigneur du lieu conserve parfois un droit de regard sur l’affectation des biens de la paroisse et, dans certaines régions, présente un desservant à l’évêque. Aux XIIe-XIIIe siècles, cette fonction de PATRON est plus souvent assurée par une institution religieuse qui touche ainsi une part des revenus de la paroisse : la dîme et les oblations des fidèles. — La paroisse forme le cadre de la vie religieuse des fidèles : c’est un territoire désormais strictement délimité de sorte que l’on sait parfaitement au Moyen Âge de quelle paroisse on dépend. Tout paroissien a l’obligation de s’y rendre le dimanche, d’y recevoir les sacrements, d’y verser la dîme (sur les récoltes de l’année) et d’y être enterré à sa mort. La paroisse vit au rythme du calendrier liturgique : Carême/Pâques, Rogations/Ascensions/Pentecôte/Assomption/ Toussaint (et la fête des morts), Avent/Noël)/etc. C’est également au sein de la paroisse que sont distribués les sacrements (7 au total), « signes visibles de la grâce invisible » (Augustin) : communion, baptême ; confirmation (administrée par l’évêque exclusivement), mariage, pénitence (obligatoire au moins une fois par à l’issue de la confession auriculaire), sacrement des infirmes (auxquels il faut ajouter le sacrement de l’ordre). © Université Lille 3 – UFR des sciences historiques – Novembre 2007