un concert dans les palais romains au début du xviie siècle

Transcription

un concert dans les palais romains au début du xviie siècle
« UN CONCERT DANS LES PALAIS ROMAINS
AU DÉBUT DU XVIIE SIÈCLE »
Œuvres vocales et instrumentales
de Girolamo FRESCOBALDI
(1583 - 1643)
ÉDITORIAL
L
e Petit Chœur d’Occitanie est devenu un ensemble habitué des Mercredis de Saint Jacques.
Chaque année, nous nous faisons une joie de présenter un programme qui se démarque de celui de
l’année précédente.
Ainsi, en 2014, nous avions proposé un récital de Musique exclusivement sacrée, avec une participation limitée
de ses instrumentistes, sans costumes, mais en multipliant les décors, qui étaient au nombre de cinq.
En 2015, nous avons presque choisi de prendre le contrepied du programme de l’an dernier.
Ainsi, nous avons choisi de nous tourner uniquement vers de la musique profane, vocale et instrumentale.
Nous avons demandé à nos instrumentistes de prendre une placequ’ils avaient déjà occupée dans nos productions
passées. Nous avons décidé de ne planter qu’un seul décor. Mais nos costumes Renaissance sont de retour.
Ainsi est né ce récital « Un Concert dans les Palais romains au début du XVIIe siècle ».
Dans la Rome papale du début du XVII
siècle, l’opéra était interdit. Mais la Musique était omniprésente.
Les réunions mondaines ne se concevaient pas sans musique. Et les prélats, princes et grandes dames
qui résidaient dans les somptueux palais ou « villas » qui aujourd’hui encore font l’admiration des visiteurs
de la Ville Éternelle, vivaient en musique et se retrouvaient le soir pour en écouter et pour chanter et jouer
ensemble. Nombreux sont les tableaux baroques intitulés « Le Concert ». Les peintres n’inventaient
rien ou n’idéalisaient pas : la pratique instrumentale et vocale entre amis était monnaie courante.
C’est donc cette ambiance des luxueux salons que nous avons voulu évoquer et, dans la mesure de nos moyens,
reconstituer ce soir.
e
Car la Musique, à l’époque de la Renaissance et de l’ère baroque, était intimement liée à la caste dirigeante,
aux puissants de ce monde.
Trois raisons expliquaient cela. Tout d’abord, hier comme aujourd’hui, la musique procurait et procure
un plaisir et les privilégiés entendaient ne point se priver de quelque plaisir que ce fût. Ensuite, si de nos jours,
on eut écouter de la musique à tout moment (il suffit pour cela de tourner un bouton sur nos appareils d’écoute) ;
dans les temps anciens, la musique était un luxe : pour en écouter, il était nécessaire de rétribuer instrumentistes
et chanteurs. Être entouré à tout moment de musique et de musiciens était donc un signe d’opulence,
et donc de puissance que l’on désirait afficher.
Enfin, tous les grands de ce monde recevaient, dans leur éducation, une formation musicale très poussée.
Ainsi, le roi Henry VIII d’Angleterre et le roi Louis XIII de France composaient-il. La reine Elizabeth Ière,
fille du premier, jouait du luth et du virginal. Louis XIV de France, fils du deuxième, jouait excellemment
de la guitare. Marie-Antoinette jouait du clavecin, du pianoforte et de la harpe. Et les enfants du Roi-Soleil
et, quelques décennies plus tard, les filles de Louis XV reçurent des leçons des plus grands clavecinistes de leur
temps, au rang desquels François COUPERIN, pour les premiers. À Florence, les Médicis vivaient entourés
de musiciens – qu’ils estimaient au point de le faire portraiturer - et d’instruments variés et précieux, parmi lesquels
des violons de STRADIVARIUS et GUARNERIUS, des épinettes de CRISTOFORI… Les BOURBONS de France et d’Espagne
en faisaient autant. On considérait en effet que la pratique de la Musique visait la recherche de l’harmonie,
tout comme le gouvernement des peuples. L’on considérait donc que se former à la première préparait
à la seconde…
À la fin de la Renaissance et au début de l’époque baroque, Rome était un foyer culturel de premier plan.
Elle était le centre de ce que les historiens nomment la Réforme Catholique (on disait naguère «la Contre-Réforme»).
Pour convaincre et reconquérir les fidèles, ce mouvement religieux, culturel et social mettait les arts au premier
plan : l’Architecture – LE BERNIN est alors en train d’achever la Basilique saint Pierre – la Peinture, avec Pierre
de CORTONE et LE CARAVAGE, mais aussi la Musique, plus que tout autre art capable, par son détachement
de toute matérialité, d’évoquer l’ineffable…
Et, à Rome, précisément, en ce début de XVIIe siècle, un musicien régnait véritablement sur ce monde artistique :
Girolamo FRESCOBALDI. Inamovible organiste de la Basilique vaticane, il pratiquait plusieurs instruments
et possédait une belle voix de ténor. La légende rapporte que sa prise de fonction dans la basilique papale attira
des dizaines de milliers d’auditeurs et qu’en 1643, la foule romaine éplorée suivit son cercueil qu’on inhuma,
tel celui d’un prélat ou d’un prince, dans la Basilique des Saints Apôtres.
Sa postérité musicale est à la hauteur de son œuvre. L’enseignement que ce pédagogue prodigua se répandit
en Italie, bien sûr, mais aussi en Allemagne du Sud, par le biais de FROBERGER, lui-même maître de PACHELBEL…
dont l’élève Johann-Christoph BACH fut l’un des premiers maîtres de son jeune frère et pupille, Johann-Sebastian…
Lequel, plus tard, émerveillé, recopia de sa main la plus inspirée de ses œuvres pour orgue, les Fiori Musicali.
Évoquer la vie musicale des Palais romains en ce début du XVII
siècle nous ramenait donc inéluctablement
à FRESCOBALDI. Alors, nous avons franchi le pas, fût-il incontestablement audacieux, peut-être quelque peu
inconscient, voire provocateur : proposer un récital composé uniquement d’œuvres de ce seul compositeur.
Ce privilège est souvent réservé à quelques rares musiciens connus : BACH, MOZART, BEETHOVEN…
Certes, son nom est presque inconnu du public. Mais c’est véritablement une injustice tant, à lui seul, il évoque
les fastes princiers romains, l’élégance aristocratique et une infinie poésie. Il est vrai qu’en France,
notre connaissance de l’Histoire de la Musique - et de l’Histoire de l’Art, de manière générale - est singulièrement
déficiente. Les disciplines dites « artistiques » sont, dans notre formation scolaire, négligées lorsqu’elles ne sont
pas déconsidérées… Nous nous sommes dit que nous pouvions, cette fois-ci, contribuer, avec nos modestes
moyens, à briser les habitudes et à faire connaître ce grand musicien… La variété de ce récital nous donnera
raison, nous n’en doutons pas…


e
GIROLAMO FRESCOBALDI :
UNE VIE ET UNE ŒUVRE
F
naquit à Ferrare le 15 septembre 1583. La cité était dirigée par les ducs d’ESTE, mécènes
fastueux, comme la plupart des familles, souvent rivales entre elles, qui régnaient alors sur les
innombrables petits états italiens. Il y bénéficia de l’enseignement de LUZZASCHI, madrigaliste et organiste.
RESCOBALDI
À l’âge de vingt ans, il arrive à Rome. Membre de l’Accademia di Santa Cecilia, il est protégé par le cardinal
BENTIVOGLIO. Il l’accompagne en 1607 – 1608 dans les Flandres. A son retour, le pape PAUL V le nomme organiste
de St Pierre de Rome. Il a tout juste vingt-cinq ans et sa renommée est déjà immense. L’instrument dont
il est titulaire est modeste. Mais le poste est prestigieux. Il le quitte néanmoins à deux reprises. En 1614 – 1615,
il est au service des GONZAGUE, à Mantoue, et de 1628 à 1634, à celui des MEDICIS, à Florence. Mais, à deux reprises
aussi, il le retrouve sans difficulté et l’occupe finalement jusqu’à sa mort, le 1er mars 1643.
Son œuvre est importante. Tout particulièrement celle destinée au clavier – au clavecin et à l’orgue,
instrument qui étaient alors parfaitement interchangeables. En effet, dans les salons des palais, il était fréquent
de rencontrer des orgues positifs, petits instruments portables très aristocratiques, dotés de timbres aigus
et des régales, instruments très appréciés constitués d’une seule rangée de tuyaux d’anches très courts,
à la sonorité un peu nasillarde. Sur ces instruments, comme sur les épinettes et les clavecins, s’interprétaient
des Toccate, des Canzone, des Danses de Cour… Pour l’instrument d’église, il compose quelques Toccate et versets
et surtout les merveilleuses Fiori Musicali (1635), recueil de pièces destinées à la Messe, telles que la liturgie
en usage à l’époque les exigeaient, jouées en alternance avec le chant de la Schola.
À côté de cela, on trouve des pièces instrumentales, destinées à des solistes ou de tout petits ensembles
accompagnés par un clavier ou un luth, des Arie musicali destinées à des groupes de chanteurs restreints,
des madrigaux à cinq voix. Dans toutes ces œuvres règnent une musicalité intense, une poésie infinie,
une souplesse mélodique et rythmique toute baroque, une dynamique, un sens du drame tout en mesure
et en retenue, une élégance à la fois aristocratique et abordable à tous.
Nous avons, en préparant ce concert, choisi quatre types d’œuvres. Deux sont instrumentaux : les Canzoni
et les pièces pour clavier. Les deux autres sont vocaux : les Arie musicali et les Madrigaux. Comme lors
de ces soirées musicales romaines, nous les ferons alterner et dialoguer, car elles s’enrichissement mutuellement.
DÉTAIL DU PROGRAMME




















Toccata IV
..................................................... ................. ...................... Clavecin
Con dolcezza ......................... A T B
..................................................... Guitare .. Mandoloncelle
Lasso io languisc’ e moro S1 S2 A T B
..................................................... ................. ...................... Clavecin
Canzone Ottava
della l’Ambitiosa ....... ................. ................. ................. ................. Violoncelle ................. Orgue
Canzona Decimaquarta
detta la Bianchina .....Violon .... Hautbois ................. ................. ...................... ................. Orgue
Troppo sotto due stelle ...... B1 B2
..................................................... Guitare .. Mandoloncelle
Canzone Seconda
detta la Bernardinia .Violon .... ................. ................. ................. ...................... ................. Orgue
Toccata per Spinettina over Liuto ................................ ................. ................. ................. ................. Guitare
Se m’amate ............................. S T
..................................................... Guitare .. Mandoloncelle
Giunta e pur, Lidia il mio ... S1 S2 A T B
..................................................... ................. ...................... Clavecin
Partite sopra La Follia
..................................................... ................. ...................... Clavecin
Canzona Vigesimaprima
detta la Tegrimuccia . ................. Hautbois ................. Guitare .. Violoncelle ................. Orgue
Capriccio sopra l’Aria « Or chè noi rimena » in partite ........... ................. ................. ................. ...................... ................. Orgue
Canzona Vigesimanona
detta la Boccellina ....Violon .... ................. Flûte ....... ................. Violoncelle ................. Orgue
Cor mio .................................. S1 S2 A T B
..................................................... ................. ...................... Clavecin
Se l’onde ................................. S1 S2 S3
..................................................... Guitare .. Mandoloncelle
Soffrir non posso................. T1 T2
..................................................... Guitare .. Mandoloncelle
Trois danses : Balletto, Corrente del Balletto, Passacagli ........................................ ................. ......................
Clavecin
Toccata per Spinetta e Violino ...................................... ................. Violon .... ................. ................. Guitare ....... Violoncelle Clavecin
Fortunata per me ................ S1 S2 A T B
..................................................... ................. ...................... Clavecin

Documents pareils