141212ANACI CS
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Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 Chers collègues, Chers amis, Permettez-moi tout d’abord de vous remercier bien chaleureusement pour votre invitation qui me permet de m’exprimer au nom du Conseil européen des professions immobilières, association qui me tient à cœur depuis de nombreuses années. Je me permets de vous rappeler que l’ANACI, tout comme mon association luxembourgeoise, la CIGDL, sont des membres fondateurs du CEPI. Il est évident pour nous tous qu’une association professionnelle à elle seule ne saurait influencer le marché immobilier; cela vaut certainement aussi pour les associations représentatives des administrateurs de biens, terme que j’entends ici principalement sous l’assertion de syndic de copropriétés, et accessoirement comme gérant ou régisseur. L’impact que nous voulons avoir vise les professionnels avant de viser le marché: ce sont leurs intérêts professionnels que nous défendons, et ce sont leurs services aux clients que nous voulons soutenir et renforcer. Le développement des associations professionnelles consiste à initier des tâches et des projets, à faire partager des expériences professionnelles, à exploiter des opportunités politiques autant qu’économiques pour aider les professionnels, collectivement et individuellement, à renforcer leur position sur le marché, à améliorer leur visibilité, à renforcer la reconnaissance de leur travail. 1/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 Nous sommes probablement bien d’accord sur ce principe. Mais pourquoi le soulever ? Ou pour le dire autrement : Est-ce que quelque chose nous échapperait dans la manière de gérer notre association? Je ne sais pas si vous vous posez cette question souvent ; pour ma part, et en tant que Présidente du CEPI, je l’entends régulièrement. Et pour être franche, je me la pose régulièrement aussi. Permettezmoi dès lors de partager quelques réflexions avec vous, de vérifier quelques convictions, et de proposer quelques pistes de travail. 1. Pourquoi avoir besoin d’une association aujourd’hui ? Il m’apparaît que les administrateurs de biens sont mis sous pression par le législateur, les clients, les concurrents, et que cette tendance va croissante. Je m’explique : - nous faisons face à une multiplication et une complexification des législations et des réglementations. Pensons aux nombreuses règles et impératifs dans le domaine technique, qu’ils soient environnementaux, énergétiques ; les règles fiscales et financières se multiplient ; la responsabilité juridique du professionnel, tout simplement, s’en trouve renforcée et nous impose une veille continue de notre propre travail ; 2/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 - l’administrateur de biens doit entendre et répondre aux nombreuses demandes des clients ; la gestion des réunions devient un art à part entière, et la prévention des conflits traduit la capacité d’assurer, en amont, un travail de qualité qui tend à les éviter; - de multiples techniques de gestion doivent nous aider à renforcer la qualité de notre travail ; qu’il s’agisse d’outils informatiques nous permettant d’automatiser certaines procédures administratives, de mesurer l’efficacité et l’efficience de nos services et le niveau de satisfaction qu’ils procurent, de comparer la gestion entre immeubles, d’améliorer la communication entre parties prenantes etc. ; - ces mêmes techniques peuvent également nous démarquer de nos concurrents qui, parfois, se font de plus en plus insistants ; si la grande majorité des administrateurs travaille encore sous forme de petites entités familiales dans la majorité des pays de l’UE, une tendance à la concentration se fait sentir partout, permettant une réduction des coûts et un partage des compétences. Ces différentes tendances nous obligent à plus de rigueur, à plus de travail en amont, à plus de compétences. D’autre part, elles nous invitent à nous démarquer davantage et à donner une attention toute particulière à la gestion des demandes des clients, voire à personnaliser les services. 3/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 Certains verront une quasi contradiction entre le besoin de renforcer un ensemble de services de base d’une part, et la nécessité de se démarquer et de personnaliser les services d’autre part. Pour ma part, je pense, que notre capacité à gérer les relations et les demandes individuelles et spécifiques est basée sur une lecture partagée des défis et sur un accord par rapport aux tâches de base à assurer. Notre travail, aussi prenant soit-il, ne peut pas être uniquement dicté et nourri par les besoins de notre environnement professionnel direct. Il me paraît indispensable que nous prenions le temps de partager nos expériences et d’apprendre les uns des autres, avec pour but, de formaliser, normaliser et valoriser davantage nos compétences et notre métier. Il m’apparaît aussi qu’une association professionnelle reste une des clefs importantes pour favoriser et soutenir ce travail de formalisation, de normalisation et de valorisation. 2. Pourquoi une collaboration transfrontalière et européenne ? Tous, nous faisons partie d’une association nationale, active dans un environnement national réglementé ou non réglementé, comprenant des besoins qui doivent être discutés et solutionnés au niveau où ils se présentent. Pourquoi donc l’ANACI a-t-elle pris l’option de s’intéresser au travail des associations d’autres pays ? 4/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 En préparant mon intervention, cette question m’a tout de suite suggéré une image que je voudrais partager avec vous. Si vous avez le bonheur d’avoir des enfants, et si ceux-ci ont l’âge des études supérieures, vous aurez peut-être remarqué que leur manière d’étudier n’a plus grand-chose à voir avec les nôtres d’antan. Finies les heures passées derrière un bureau, reclus dans une chambre d’étudiant au troisième étage d’un centre ou de ce que nous appelions un « kot » ou « chambre de bonne ». Les universités et les hautes écoles créent aujourd’hui des espaces d’étude qui permettent aux étudiants de ne pas se sentir isolés face aux examens, de partager des notes, de s’interpeller, de discuter, de s’entre aider. Certains y verront peut-être une nouvelle forme de solidarité et applaudiront. Pour ma part, j’y vois d’abord une réaction à la solitude qu’impose l’utilisation excessive de l’ordinateur, et un réflexe assez naturel face à au niveau d’exigence auquel les étudiants sont confrontés. En faisant un parallèle avec notre profession, je remarque que nous avons l’habitude de travailler dans notre coin, le nez dans le guidon, pris par les nombreuses exigences qui nous sont imposées et auxquelles nous tentons de faire face. Quand nous rencontrons un problème que nous n’arrivons plus à résoudre, alors seulement nous levons bien souvent la tête, appelons un collègue et lui demandons un avis. Mais pourquoi ne serions-nous pas plus proactifs? 5/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 La question se pose aux professionnels autant qu’aux associations professionnelles, qui sont confrontées au besoin de formaliser, normaliser et valoriser le profession. Face aux contraintes du marché, du législateur, des clients ou de la technique, nous avons parfois le réflexe de nous demander : comment font les français ? Et comment font les autrichiens, les polonais et les finlandais ? En le faisant tous, notre réflexe devient un investissement et un acte de solidarité qui doit nous permettre de renforcer et d’améliorer le service à nos affiliés. Il y a une autre raison pour laquelle mon association luxembourgeoise, la CIGDL, a décidé de s’intéresser au travail des associations d’autres pays. C’est le rôle que prétend jouer l’Union européenne dans le fonctionnement de notre métier. Je m’explique : L’union européenne est un projet politique qui a ceci de particulier qu’il n’entend, pour réussir, se réaliser qu’au travers d’un espace économique commun. Autrement dit : sans Marché intérieur qui fonctionne, pas d’Union stable. Sur la base de ce credo, certaines professions ont tenté, depuis longtemps, d’obtenir une reconnaissance et des règles du jeu en commun ; mais seules quelques rares professions ayant un impact direct sur la santé et la sécurité des citoyens ont su obtenir cette reconnaissance à ce jour. L’administration de biens ne semble pas vraiment nuire à la santé ou à la sécurité des clients – si ce n’est peut-être à celle des administrateurs eux-mêmes ? ☺ - et n’a jamais obtenu de réglementation européenne fixant l’accès à la profession ou les conditions de son exercice. Bien au 6/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 contraire, et plus sérieusement, nombre de pays refusent farouchement à se défaire de leurs prérogatives dans des secteurs qui, comme l’immobilier, sont soumis à une législation et un système juridique fort liés à des cultures et mentalités locales. Croiriez-vous dès lors que l’administration de biens reste exempte de l’influence régulatrice européenne ? Ne rêvons pas ! Le législateur européen influence notre métier de multiples manières, mais pas toujours comme nous le pensons. D’une part, il oblige les Etats membres de se défaire de toute forme de réglementation qui gêne le bon fonctionnement d’un marché économique commun, et donc de la libre concurrence. Ceci a pour effet que la profession d’administrateur de biens, mais aussi celle d’agent immobilier, se voit déréglementée en Pologne et en Espagne. D’autre part, il multiplie les règles du jeu – certains parlent de règlite aigüe – dans des domaines qui impactent notre métier de manière certaine : je rappelle l’environnement, l’énergie, le développement durable, mais aussi les transactions financières, la médiation dans les domaines des finances et des assurances, la reconnaissance des qualifications, le blanchiment d’argent, etc. Pour cette raison, mon association se dit qu’elle ne peut pas se permettre d’être absente de Bruxelles. Cela représente pour elle un nouvel investissement solidaire, un travail en amont qui, dans le meilleur cas, nous évitera des négociations 7/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 impossibles avec nos autorités nationales lorsque les règles européennes devront être transposées en droit national. 3. Et en quoi le CEPI peut-il être utile en Italie? Le Conseil européen des Professions immobilières est l’outil que nous avons choisi pour faciliter les contacts entre associations européennes et pour défendre nos intérêts auprès des institutions européennes. Nous est-il utile ? En tant que Présidente de l’association, je me dois de poser cette question régulièrement, peut-être trop régulièrement. Elle comporte deux aspects : sommesnous satisfaits de la qualité des services rendus? Et : Est-ce que le retour est à la hauteur de notre investissement ? Permettez-moi de me concentrer d’abord sur la seconde question. Le CEPI est une association d’associations : cela paraît loin du terrain et c’est parfois une réalité fort abstraite. Mais il y a un point que je m’évertue à rappeler, et qui constitue un préalable et une condition nécessaire à l’efficacité de notre engagement européen : le CEPI n’est pas une couche de travail que nous ajoutons au nôtre et que nous déléguons à quelques personnes à Bruxelles ; non, le CEPI est une dimension de notre travail domestique, au sujet duquel nous rendons des comptes à 8/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 nos affiliés. De même, le CEPI n’est pas d’abord une structure de veille politique à Bruxelles, il est un travail commun et solidaire dans lequel nous investissons et nous nous investissons ; chaque association membre utilise les ressources disponibles, ce qui veut dire que les autres associations membres font la même chose avec pour but de créer un tronc commun. La CIGDL, c’est le CEPI au Luxembourg, et l’ANACI, c’est le CEPI en Italie. C’est en cela que le CEPI peut être un outil syndical et une plateforme commune de service européen. Comprenez bien que, si ce point m’est précieux, il ne comporte pas de finalité autre qu’un appel à toutes les associations membres du CEPI. Je suis personnellement convaincue de l’importance d’un outil commun au niveau européen, mais je sais que sa qualité sera à l’image de notre investissement. Alors que la crise actuelle appelle parfois certains à un repli identitaire national, cet appel n’en est que plus explicite. Mais quels services le CEPI peut-il offrir qui puissent répondre aux besoins des associations membres, et plus particulièrement aux attentes de l’ANACI ? - le travail politique est prioritaire et le restera : la performance énergétique des bâtiments, avec le projet de passeport est un dossier qui a ou devra être transposé en droit italien : nous nous battons pour que les administrateurs de biens soient entendus en temps utiles et que les nouvelles règles ne viennent pas inutilement alourdir leur travail ; il en va de même pour les obligations 9/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 liées aux questions d’utilisation de l’eau dans les bâtiments, à la pollution des sols, au blanchiment d’argent, aux services de médiation financière, aux nouvelles obligations relatives à la résolution des conflits, etc. Par ailleurs, nos efforts se concentrent sur la valorisation de nos savoir-faire au travers de l’élaboration d’un profil européen de compétences et d’un travail de révision de la directive européenne sur la reconnaissance des qualifications professionnelles. Est-ce que ces priorités sont les vôtres ? Participez-vous à nos enquêtes ? Est-ce que le CEPI comprend correctement vos soucis et y répond de manière efficace ? Estimez-vous que vous recevez suffisamment d’informations sur nos efforts communs? Ce sont des questions que je vous soumets et auxquelles je ne peux pas répondre à votre place. En revanche, je peux vous assurer que nous sommes et restons à l’écoute de vos préoccupations politiques. - C’est en ce sens que nous avons décidé de renforcer le travail d’information et de communication, corollaire indispensable au travail politique, par le biais du site Internet, de l’Extranet, des publications, du portail d’informations. J’ai été particulièrement heureuse que la publication de l’ANACI au sujet de la législation relative à l’administration de biens, et ce dans 17 pays, a pu être reprise sur le site du CEPI ; et je peux vous dire que l’information est consultée régulièrement par les internautes. 10/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 L’objectif de nos efforts de communication interne est de faire remonter vos demandes et vos soucis ; il est aussi de vous encourager à utiliser des articles, des prises de positions, des informations relatives aux marchés, et de nourrir vos propres affiliés, de renforcer la visibilité de l’ANACI comme acteur européen. Plusieurs associations membres telles que l’IPI (B) et la PREF (PL) se font fortes de lier une partie de leur site à celui du CEPI, source d’information complémentaire et apparemment très appréciés des affiliés. Etes-vous satisfaits de la communication du CEPI ? En bénéficiez-vous suffisamment ? Pouvez-vous la valoriser auprès de vos affiliés ? Il va de soi que nous restons à votre disposition pour l’adapter, l’améliorer, la renforcer. Faites-nous connaître vos demandes, ici aussi, et nous ferons ce qui est de notre ressort pour y répondre de manière efficace. - Lors de dernières réunions du comité professionnel des administrateurs de biens, la CEAB, il a été rappelé combien il est important de valoriser notre métier aussi au sein du CEPI. Nous avons ainsi décidé d’initier des projets spécifiques à l’administration de biens, et d’utiliser ces projets pour réunir plus souvent les professionnels en leur qualité d’acteurs européens. En avril 2013, nous souhaitons proposer un séminaire sur la prévention des conflits et partager les expériences dans le domaine de la médiation. Tout au long de l’année, nous donnerons aussi priorité à la finalisation d’un profil de compétences européen. Il est vrai que nos collègues de l’Europe centrale en 11/12 Speech de Claudine Speltz à l’ANACI, X Congresso Nazionale Straordinario, Milano, 14 décembre 2012 sont demandeurs. Ils nous demandent de les aider à traduire le profil en propositions de formation qui puissent offrir une reconnaissance professionnelle dans des pays qui ne sont pas réglementés et ne bénéficient pas de centres de formation spécialisés. Nous contacterons aussi nos partenaires formatifs en Italie à cet effet et serions fort heureux de pouvoir compter sur l’appui actif de l’ANACI. Est-ce que ces priorités rencontrent votre accord et votre soutien ? Avez-vous d’autres idées, d’autres demandes, d’autres besoins ? Faites les connaître ? Leonardo et moi-même sommes vos porte-parole au sein du CEPI. Assurons-en le suivi et la mise en oeuvre, au sein du secrétariat à Bruxelles et au sein de votre secrétariat à Rome, de manière conjointe. Claudine Speltz Milan, 14 décembre 2012 12/12