Les murs ont la parole

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Les murs ont la parole
SUD éducation 37
SOLIDAIRES Etudiant-es Tours
Les murs ont la parole
Lundi 27 juin, au matin, le personnel de l’Université de Tours découvre, dans le bâtiment des Tanneurs, plus d’une centaine de tags réalisés pendant le weekend, en marge des différents mouvements de contestation contre la loi travail, inscriptions explicitement démarquées de toute relation
avec l’Assemblée Générale des étudiants mobilisés contre cette même loi.
Les réactions ont été nombreuses et surprenantes, tant de la part de la présidence de l’Université
que des principaux syndicats des personnels de l’Université, qui, de fait, se retrouvent tous dans
un discours désormais bien rodé pour qualifier les débordements de soi-disant « casseurs ».
Les « lourdes dégradations », le « vandalisme de grande ampleur », « l’ampleur des dégâts » dénoncés par les uns ou les autres, sont tellement lourds que les inscriptions sont déjà entièrement
effacées, moins de deux jours après les faits.
Le président de l’Université, dans un message à tous les personnels et étudiants fait preuve d’une
grande hauteur d’analyse, voire d’une forme d’injure vis-à-vis d’étudiants en grande majorité salariés, en affirmant que « le sujet du mécontentement des étudiants ne concerne en rien l’enseignement supérieur ». Il affirme, de plus, vouloir briser toute forme de consensus. Qu’il se rassure, il n’y
en a jamais eu !
A de nombreuses reprises, la direction (passée et actuelle) s’est révélée particulièrement manipulatrice vis-à-vis d’un mouvement étudiant qui a montré une certaine respectabilité (notamment visà-vis du cadre matériel).
Nous ne pouvons que nous interroger aujourd’hui sur la responsabilité des enseignants et éducateurs, dans le déroulé de ce mouvement à l’Université de Tours : ils ont globalement été absents
du mouvement social alors qu’ils côtoient quotidiennement des étudiants qui comme eux sont des
salariés. Nous ne pouvons également que nous étonner de la subite prise de parole de ces instances syndicales, pourtant très discrètes dans leur prise de position ces derniers mois.
De même, nous attendons désormais de la présidence de l'Université, si prompt à condamner vertement quelques tags, des condamnations aussi fermes vis-à-vis de la politique de l'enseignement
supérieur mise en œuvre ces dernières décennies et qui conduit à une baisse permanente des
moyens de l'Université publique alors que le nombre d'étudiants explose et que les bâtiments (notamment les Tanneurs, parent pauvre de l'Université de Tours) sont insuffisants en terme de place
et dans un état déplorable. Tout cela dégrade aujourd'hui les conditions de travail et d'études des
enseignants et des salariés, bien plus que des tags qui n'ont jamais empêché qui que ce soit
d'étudier ou de mener des activités de recherche.
Si la production de ces inscriptions n’est pas la forme la plus intelligente et créatrice que l’on
puisse imaginer, elle ne correspond en rien à une « violence » et SUD éducation 37 et Solidaires
Étudiant-es Tours dénoncent cet amalgame. Cela relève même d’une tradition qui, depuis près de
50 ans, a trouvé toutes ses lettres de noblesse et fait même l’objet des recherches universitaires
les plus sérieuses.
Pour SUD éducation 37et Solidaires Etudiant-es Tours, il est nécessaire de continuer à produire un
contre discours dans une société où tous les appareils idéologiques d’Etat n’en produisent qu’un,
de façon très identifiable, et qui va toujours dans le même sens : celui du maintien de l’ordre établi
sur le plan moral, social, et économique.
Nous nous emploierons à diffuser ce contre discours et à identifier tous ceux qui s’emploient à le
dénigrer.
Tours, le 30 juin 2016
Contact SUD éducation 37 : 07.81.55.42.14 [email protected]
Contact SOLIDAIRES Etudiant-es Tours : [email protected]