san francisco restaurant budo

Transcription

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Nations Unies
UN LIBRARY
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SbNhEPLENIERE
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Vendredi ~ décembre 1960,
àlS heures
DLLECTIDN
NEW YORK
SOMMAIRE
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Point 81 de l'ordre du Jour:
Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux
pays et aux peuples coloniaux (suite) • • • •• 1147
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Président: M. Frederick H. BOLAND <Irlande).
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POINTa7 DE L'ORDRE DU JOUR
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Déclaration sur l'octroi d. l'indépendance
aux pays et aux peuph'$ coloniaux (suite)
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1. M. BUDO (Albanie): A l'initiative du Gouvernement
de l'Union des Républiques socialis~es soviétiques, les
Nations Unies se trouvent saisies d'un problème grave,
dtune immense portée internationale: le problème de
la. liquidation totale et définitive de cette survivance
honteuse de notre siècle qu'on dénomlZ~e le colonia...
lisme. A une époque ollla société humaine a fait des
pas énormes dans la voie du progrès et du bien-être
etoll le génie de l'homme ne connalt pas de bornes
dans l'utUisationdes forces de la nature pour assurer
Il toute l'humanité une Vie heureuse dans la prospérité
et la dignité, l'existence sur notre planète de millions
d'êtres humains souffrant encore sous le jougcolonial,
sous quelque forme que cê' soit, non .seulement est un
anachronisme intolérable et indigne de notre société,
mais constitue en même temps le plus grand crime
contre l'humanité et la civilisation humaine, et affecte
directement la qùestiOJl de la paix: dans le monde. n
n'est que grand temps d'y mettre fin entièrement et
une fois pour toutes.
2. L'accession Il l'indépendance nationale. et Il la
liberté de's peuples encore asservis est inéluctable;
c'est la marche naturelle de l'histoire hU1J1aine et il
n'y a pas de force au monde capable d'arrêter cette
montée grandiose du mouvement de llbérationnationale
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qui s est velop·, uran .. a ern re i""'r 0 e, un
rythme accéléré sans précédent.
3. Mais l'on s'adresse maintenant aux Nations Unies
pour demander, conformément aUX buts et aux principes fondamentaux de la Charte, qu'elles apportent
leur contribution importante en vue de la suppression
sanS délai de l'asservissement 'colonial insupportable
aux peuples et cela avant qu.e ces peuples, ne comptant
que sur eux-mêmes, se libèrent de leurs propres
forces. De la réponse que sa~ont donner les Nations
Unies â cet impératif catégorique de notre. siècle qui n'est pas seulement l'eXigence urgente des peUpléS
asservis, mais correspond aUVŒ!U ardent de l'humanlté entière - dépendra dans une large mesure l 'avenir même de notre organisatiOn.
4. N'est-ee Pas, eh effet, l'être h\1ttlain qUi est le but
final de notre c\rganlsation? N'est-ee pas pour assurer
aux peuple~ et' aux nations, grandes et petites, la
pleine jouissance de leurs droits fondamentaux, la libre
disposition. l'égalité de droits, la liberté, l'indépendance et le bien-être qJ!'s. été créée. l'Organisation
des Nations tinies?
5. Le problème de ll~ servitude coloniale des peuples
n'est pas nouveau./ n eXiste depuis des siècles et
remonte même . . aut premières guerres agressives
menées par les (~lUS forts pour asservir les plus
faibles et les dé~'9~Uler de leurs richesses. C'est
l 'histoire même de t~l)tes les guerres menées par les
impérialistes pour subjuguer par la force, par le fer
et par le feu les peuples des divel's continents.en, vue
de s'assurer le profit de leur exploitation et de celle
de leurs richesses. Les guerres qui se sont déroulées
tout au long du siècle dernier ont, en dernière analyse,
les mêmes causeS. Elles s'expliquent par l'aVidité des
puissances impérialistes il .accaparer les marchés
mondiaux, les sources de matières premières et les
sphères d'investissement, et, Il cet effet. à s'assurer
des colonies et des zones d'influence et âprocéder
au partage et Il la redistribution des richesses du
monde. Les deùx guerres mondiales tkrnotl'e siècle
ont eu pour origine la cupidité. de.c~$mêm~~ pUissances en Vl.1e d'un nouveau pàrtage duc')lnonde et de
ses richesses, en vue de l'hégémonie mondiale impérialiste, en vue de l'exploitation égofste exclusive des
richesses du globe terrèstre. Les mêmes causes sont
Il l 'origlnedes guerres et des conflits armés de la
période actuelle, depuis la fin de la seconde guerre
mondiale. La cause de cas guerres a été l'acharnement des impérialistes. 4 empêcher. la Ubération
nationale des peuples ou le développement natlonaldès
jeunes Etats dans la 1ibertéet l'indépendance.. Tél est
le cas des guerres dtIndochine et d'Indonésie et de
1tagression arrnéecontre l'Egypte, ou encore de
l'agression et. des menaces de recours Il .la force
armée despuissancesimpériallstes. ·~et en premier
lieu &s Etats-Unis d'Amérique - dans les pays du
Proche-Orient et du Moyen-Orient. Les guerres
colonialo-impérialistes contlnuentencore â l'heure
actuelle, causant partout des pertes innombrables en
vies humaines et en biens matériels, comme c'est par
exemple le cas. en Algérie ()1l1e vaillant peuple .algérien. par sa lutte hérolque. de .libération national~.
s'est attiré Ifadmiration et.lasYtnpathie de tous les
peuples en faisant facedepuissix:ansdêjl4 la répressiOn armée la plus atroce. C'esUe cas aussi au Congo,
oll nous nous trouvons devant l'Intervention ar.mée des
puissances occidentales membres de l'OTAN. et en
particulier des Etats-Unis et de la Belgique. C'est le
cas encore en Olnan, oh le vaillant peuple de ce pays.
malgré la supériorité militaire del'ennemi.lu.tteavèC
abnégation et sans rellche pour se libérer du. joug
impérialiste britannique. C'est le cas e.nfin âCuba,
01l les impérialistes américains Il ne reculent devant
aucun moyen _ y compris. les bombardements, les
assassina..ts, les activités subversives et les démons'"
trations de force de laftotte· de guerre américaine en vue de saper lé réglmepopulaire et d'assurer,UDe
fois encore, les .intérêts des monopoles àmêric~tns
1147"
A/PV.933
1148
Assemblée générale - QuinziêlJle session - Sêances plénières
aan~ ce pays. A cet égard, il convientderàppeler que'
lq. flotte de.guerre.8:~éricaine, qui, selon les besoins
9. Pendant la même pêriode, grlce tlailitte" dés
peuples opprimés, de 'n9m~re\1X pays d'Asie: et
des .plans agressifs du Pentagone, surgit une fois
d'Afrique ont rejeté le jo\ig colonil~l et Q.nt:ac~édê à.
devant les' ports méditerranéens du Proche-Orient" _' : l'indépendance. Pendant la dernière, phasei Je qlOuve":,,
une autre. foifJ dans les détroits de Taiwan ou encore ',' .ment de libération s'est dévelop~« un rythme' accé-.'
dans la mer des Caraibes, est devenue le symbole de',.;' 16ré et cette année a vu naltre et'i'Africj)iè 16 noûveaux "
l~menace de force, de la provocation et de l'aggravà- .. ~~ats indépendants, de sorte que c'est 11 justetitre que
tion de la tension internationale.
l'on a appelé 1960 nl'Annéedel'Afrique~.Les nouveaux
6... Le problème de la libération des ~uplesasservis. p~ys, qui s0t.tt~ain~e.I;lant ~embres'dê 'l'Orgati1~ation
par le colonialisme touche ainsi â l'essence même de
des Nations Unies, prennent ~ep~ active 11 la vie
la que,stlon dê la. paix et· de la guerre~ ~. laquelle il est' internationale•. ns ont .ainsi largement agrandi la zone
étroitement .lié. La liquidation de cette pourriture' de paix. Ainsi le système colonial se désagrège et
s'écroule dans ses fond~m~nts;,tme.èren~uvelle
honteuse de notre société qu'est le système colonial
dans,t~\ltes ses~anifestattons, etl.asuppression d~
s'ouvre. devant l'huma:nité; l'Afrique ,et I~A~ie ont
l'exploitation .des peuples par les Inollopole~étJ;"ange~s. cowplètement chan~, de .,face , e~Je .mouv~.me~t de
rep;résenteraièntÎlQu seulement la reconnaissànce la
libération nationale et .~ cons?li~tion~e lindépen~
plus' éléxnentaire dèS.~oits ina1i~Iiables des ~upl~s. .danoe se, développe en Amérique .t~tine. La lutte, des
coloniaux â la liquidatlon de leurs souffrances sécu- peuples qui, subissent encore .le loug coloni,al se délaires 'mais créeraient en outJ'ê les conditions néèes-, veloppe chaque jour davantage en Afrique, en Asie et
saire~ pour'ie pleindévelopP,etnent ~ocial~économique: en Amérique latine. ~espeuples ~us~i pal,"vlèndront,
et culturel de ces peuple,s. Ç.elacontribuerait sariEJ nul
sans aucun doute, 11 lindêpendance. Mais, en attendo~t~ au relâchement de ~a tension .inteJ;haU~nale et ~
~nt, ces ~up'les,.compre~ant environ.. 1~0_ millions
la . création de conditions favorables â la solution
d hommes, continuent â soUffrir sous la dominatlon
d'autres probl~mes~hternàtiona~,et en-premier li~u colonialo-impêrialiste~ Les NationsUnles se 'dolvent
don~de p,r~~dre des .11lesures eff!c,aç~spourme~re
de celui du désar;tgemen~ général et. complet,' d9nt l~
caractère urgent est hors de contestation.
fin ent{èrem~~~ e~ qnefois pour tout4;'flI,. conformémf?nt
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aux principes d~ la Ch~r.te, â cette plaie hont~use pour
7. Si nous tenons ârfaireici all\l~ionaudésarmement, notre ciVilisation.
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c'~st parce· que IlOUS estimons indispensable d'avoir
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toujoUl'sprêsentà l'espdt'lefaitque, tant que les
10.· La Ubération des pays colonisés n'a j'amai'sété
pui;ssances impêriaUstesauront entre. leurs mains
l'œuvre des puissances:coloniales; comme s'affordent
les,;" moyens dfopprtmer les autres peuples, elles ne· de nous le faire croire leurs meillëU1"S·'avocats. Cette
youdront. pas renoncer 11 y recourircha.que fois qu'elles
libération a été le fruit de. la lutte sôutênue des peÙples·.
seront touchées daps leurs intérêts égoi"stes,et, parasseryiset dè l'appui quei ceUx-ci ôntto\ljourstrouvé
tant, l'on ne pourra as~urerl'êtabliss~ment,d'unepajx chez, les autreS peuples' et les-Etats pacifiquès'. LèEr
durable, dans le .Plonde. Sans doute la· suppression du
impêrialis~es~ ne renollceftt 'ja.mais de -leur· prôpre gré ::
systèr.ne colonial constituera \Ul, apport·trèsimportànt
auxbénéfiO'es.fabUléux de" l'exploitation' la pluSléroce
dans la voie des ,efforts soutenus .des peuples êprlsde
des';autres peuples. Le rnondeesfbien rei1sèi~é làp~ix et des pays pactflques en vue d'insta1U"er.entre.les.,
dè.SSUS~ Point·!i-èst·besoln,poùr·se'convaincrê'à,6et,
nations, grandes, et· petites,; desrelatlons de bon ~oisi. .égard, d'aller'chërèher bien loiIi.Usuffit, de:rappeler
na~'e\de' coopération $ur la base de,l'6galitê.souve,ici' léS rêcents ·événeme'nt.s dU' Cbngo 'qui montrent'
raineà:esEtats, d~ respect du drOit des, peuples ,A"
commentlesimpél'iaIiêtes; Il'ht!uremême'ollUnpays
disposer d'eux-méUle.s, œla non-ingérence dans les
a·;accédé' ll'1ndêpendânce, cbnsplrentpourioeprendre
affaires intérieures des aut:res, et dans l'intérêt. mu'" , ce''qu'Us :ont' étéobligês 'de céder•. ",' ,: ", . ,.".,
tuel' des Etats de mêm~ que.:.de·'1a communauté .inter....: .
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nationale tout entiêre.C 'est 'cetqut correspondrait aux. 11., Les 'peY,.p.'~~ .cQlonis~~..ont langui, penç1ant des
buts. ,et principes inscrits dans la Charte ,de notre
siècl~S'lêQl1s .l.'exploitatfon la P.lus=iltroé~d~. iplPê-.:
o~ganfEJation;. ,
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ri:a1ist~s~. ~s mtl~t9I\11I' .d'hpmmè.s ep ont souffert;' ~s
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t" 1 tté ,ID:l11tonssont ~oJI).béi:( ~ctimes ,,de .la répression' ou
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-tout emps·.u 'pour
~~, b~.,: lu~e 9.':l'ilsp~i D1~née'Po.ur·9:c.()é~r.,I.~e:vle
leurllbératfonn!Ltionale.Aprèsla'grandé révo~ulion Ubr.e e.t.... indê
.. nAnr'I.. . .~te.• ~.;;.. m
....oment _.e. s.tbi~n. V~IlU de
d'Octobre de 1917, enRussie,·ûtte ère noùvellebom...
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mençadans l'histoire' de l'humanité.., Les .prinCipeS ' :è:~exp'~~~t~i~:. 'régime 4'op~curan.tlsJP:e" de terr.~:'ll".·
hUIJUlnitaires. élevés de la· rév()lutton d'Octobre se
répantUrént dàns 'lé mondé entier et trouvèrent tin
12.. Jln.;cQup'cl'csit.'~apide ,sur'la:~'it~ti~nrégn~nt,'
ac~uei1 ,partioullêrementchaleureux chez les peuples
actuellement· dans le$ 'pays so.um1s .enQo~e 'au. réghne
S.o.. uffr. l1:fl.t. ~.'io.ùS 'l.a.'.dow.,.na·tioD.c. o~o.nialo.-im· Pê.riali.st.ee"" colon.al:,.ne .peut que. nous. conva,iQcre,. de' la:tlcbe
,Aprês'las~ conde gueri"emondlale, un certainnombre
urgente qUlin.combe. aux Na.tion$ Unles. de mett~e tQut'
de payson( brisé les 'chafnesde'l'oppr~ssioncolôniale' en ceuvre, en vue 4e~quJ.dersans.dêl~ ce 1.bê!J.om~ne .
et '. nâtionale. La gr'ande·victoire·remportée sur 'le ho~~eux de la 8oci~t. bJuna;lne sous toutes l\~,,; fO.x.mesfascisme dans· la seconde guerre"mondlale eut pOur ob i1.8e présente.,
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conséquence la rupture de· la chafneimpêrla1istë èn:
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. Europe' centrale: 'et: orientale;- oifdénou\'eâux; pays' 13•.• Un examen. de .lapolltiquecoloniale britannique
sOCll.'aal1rS~v·oélU,prt·i~. ~;endtU' ngra~Sa:'nsad'npeceU'·PILeacvlhlcntooiisredohlnnstaO.·nrlaQiUs8_' en Afrique;;' a~ooursqe' ;cesdel"nières'arinées, nous "
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donn~ une ic.tée~· de' l'étatd'~scl~'Vageoll.s~ trouVep.t le~
sance t la République popUlaire de Chine qui compte
peuples. 'soumis et mont~equE! les' impé.ri~.li8te.~.an"",
quelque 700 millions d'habitants.·Ces pays constituent glais n'ont pas bésitêà recourir auxméthoœs les
,m~intenant 'le systèmesoèiali8te mondial, qulexerce'
pluscrùelles 'toutes les ,fols que les intérêts de la ,
son influence salutaire dilns la.marche des événements
puissante oligarchie financière' étaient mis ell.·danger .
mondiatlXet représente un facteur prlrn.ordial, pour la par lé mouvement'de libération nationale de~peuples .
paix et· la sécurité internationalès. .
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14. Prenons, par exemple, le cas de la Fédération
de l'Afrique centr~le. En Rhodésie du Nord, ,les colons
blancs, qui ne sont que 70.000, détiennent plus de la
Jnoitié des meilleures terres, b~lssantâ plus. de
2.500.000 Africains l'autre moUié oomposéedeterres
peu fertiles. Une disoriminationscandaleuse entre
colons 1;>lancs et autochtones e~Jt aussi appliquée ence
qui concerne le revenu annuel. Les travailleurs africains sont employés .aux travaux les plus durs et,
parfois, ils reçoivent des salaires de 20 t 30 fois
plus bas que ceux des blancs, comme c'est le cas des
40.000 mineurs de la Rhodésie du Sud. Les colonialistes tirent des profits fabuleUx de l'exploitation
systématique des grandes riches.ses ~e ces territoires
et de la main-d'œuvre âtrèsbonmarché. La'Rhodésie
du Nord, votsine du Ka.tanga, est très riche en cufVre
et, en 1959, l'éxtract1ôn du cuivre de. ce territoire
représentait 15 pour 100 de 'la production mondiale.
Mais qui jouit de. ces richesses? Ce sont seulement
les colonialistes britanniques et leurs partenaires,
tandis que les autochtones, malgré un travail exténuant,
mènent une vie de misère. POur satisfaire les besoins
en mam-d'œuvre africaine t bon marché, les lois les
plus abominables Ont été édictées; elles permettent
aux colonialistes &'appliquer ~ sous une forme ou sous
une autre, le régime de discrimination\iraciale, le
travail forcé, l'agglomération des. Africa(ns dans des
réserves od sévit un régime de misère et de terreur
iIlOui' et ollIes hommes meurent·par centaines. Et les
représentants des puissances coloniales viennent ici
nous parler des bienfaits du système çoloniaH Les
droits les plus élémentaires sont foulé$ atixpieds. Pour
n'en citer qu'un exemple, il suffit demen:~ionnerqu'en
Rhocfêlilie du Sud ~, en 1938, 40· Africains étaient
inscrits comme électeurs, 20 ans plus tard, en1958,;,ce
chiffre ne dépassait pas 550. Ces ohiffres mont:(lént
comment les colonialistes se soucient de l 'émanc~pa­
tion et de la civilisation des autochto~es!',\
1149
le sentiment nati,nal de.. la population autochtone q1Û,
malgré la subjugp.ti9n coloniale la plus brutale,pen..
dantdes siècles, ne cesSe de l"ésisterâl'assimilation
et à l'extermination. ,
18. Pour avoir u,ne ic:f€'e de la situatioD·en Angola, on
,peut···se reporter'\A la·brochure publiée par le Con:rlté
américain sur l'Afrique intitulée: Angola: RepressIon
and Revoit in Portuguese Afrlca. Citons, entre.autres,
ce passage:
"Tandis que, dans les décennies passées, il y avait
moins diindices de discrimination !"acialei;enAngola
par comparaison' avec d'autres territoire's voisins,
ces dernières a:nnêes. .·on~nJ.al'qUe. Ul1;!3recrudescence de la diScrimination raciale... Sur'des
écriteaux, auX portes des restaurants, on lit: "Droit
d'entrée r.éserYé". On. a construit des villes .•• pour
les blancs seulement. ·Dans les services publics, .il
est très difficile de trouver un Africainlun.pos1;e
sUpérieur à celui d'interprète ••• Si la division de
couleur est aussi évidente œns les grandes villes
de la cOte, c'est pisencoreâ l'intérieur du territoire."
19. Urie preuve évidente du mécontentement populaire
envers .les autorités coloniales' est . fournie par les
préparatifs militaires' que les PQrtugais entreprennent
en Angola pour. étouffer la ·résista~ce. Dernièrement,
2.000 soldats portugais ont été envoyés pour renforcer
les 20.000 qui s'y trouvai.ent déjà. Ces troupes sont
équipées de chars d'assaut du type Panhard, de canons
de campagne et dem.oYfÎns de transport blindés. On
construit' avec empres~lement des casernes et des
aérodromes pour desa-ylons militaires, et des navires
de guerre patrouillent les· cOtes etles fleuves du pays.
Ainai l'Angola se transforme en une base·de.l'OTAN
qui doit servir les plans agressifs des .puissances
impérialistes visantt diviser l'Afrique et àêcraser
tout mouvementdelibêratlonnationale. De touteévidence, les milieux militaires du Portugal ont réussi
15. L'histoire de la domlnation en Afrique centrale,
à
convaincre le prêsidentEisenhower, lors de sa
comme, d'ailleurs, dans toutes les colonies,n'est
visite
!Liabonne au mois .de mai 1960, de la nécessité .
qu'une longue suite de ruses, d'hypocrisies, d'inde 'l'utilisation des armements fournis au .Portugalpar '
trigues, de répressions et de terreurs exercées par
les
Etats-Ums pour écraser les mouvements deUbêles diverscolonialieJtes.
ration nationale des peuples d'Afrique. D'ailleurs, toi, .
il n'y a rien de nouveau, puisque les armes' américaines
16. Au. Kénya,dans cette colonie sous domination
sont déj!util1sêes depuis des années, sous le couvert
britannique ollIe sang n'a cessé de couler,Ia lutte de . des traités agressifs dè l'OTAN et autres, pouréeralibération nationale se développe à ,nouveau après
ser.les mouvements delibération nationale dans di'Vers
l'écrasement' féroce du mouvement .national par les
pays d'Afrique. eomtnec'est le cas. dè l'Algérie et dU
colonialistes anglais, quelques années. auparavant.
Congo,ainsi que· dta~res' régions ciumç>nde.
.
D~après la presse britannique elle-même, plus de
20. 'Onvoit donc comment les puissances impét:la4.000 hommes de troupe ont. étê nouvellement envoyés
listes et colonialtsteeo dêfenœnt leurcaWlè cOID:lllUne
au Kénya afin de réprimer tout sentiment de liberté
qui est celle· de tenir les peuples coloniaux SOU8 leur
et toutmouveblent national. Au cours de ces derniers
mois, 2.000 personnes ont été emprisonnées; 800 per-, doblination .et d'e)Cploiter sans mercllel1rs richesses
et le trayail forcé dèspopulatioilsautochtones. Les
sonnes sont dans les prisons depuis 15 ans et le chef
puissances impérialistes, encomtnençant par l'Angledu mouvement nationaliste, Jomo Kenyatta, après sept
années d'emprisonnement, fut de nouveaupourBuiviet terre qui· s'efforce deparaftre plUS lib6rale, JUSqu'!
déporté.
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laplusréfracta1re, à savoir lrUnion8ud"africa1n~
qui foule aux pfedstoutes .les.résolutions adoptées par
17. Le Portugal, l'une des plus anciennes puissances
l'Assemblée générale des Nattons Unie$, sUivent tes
coloniales, ne reconnaft pas avoir des oolonies,mais
mêmes bUts: elles ne'Véulent en aucune fa~onrenoncer
des provinces .d'outre-iner. Ainsi l'Angola, le Mozamt l'.!urs privtlêge$ honteux et ellescombinenttdutes
bique et d'autres colonies portugaises en Afrique et
sqkes de' manœuvres,. d'intrigues, et même de criméS
en Asie, Q"9 se ,trouvent! des milliers de kllomètre$ :'pour Prolonger .la vie du système· colonial mortbond.
du Portugal, ne seratent, d'après le.s colcltttalistes Î Cela a été oonstatêaussiau sein de notre organiSation,
POrtugais, que des prolongements géographiques.. c;fu" en particulier dans le cas dU p:roblèmecongolats oll
territoire métropolitain. C'est un fait lncontestable
les puissances colOnlalistesont fait cause cOmmune
que, .dans le,scolonles portugaises, les .colohiaifstes pour défen~e la·dominatlon coloniale. t.efaltquenous
eltlploient les méthodes les plus cruelles pour étouffer . assistons a4~uel1ement à un rapprochement des pui~- C,'
1150
Assemblée gêné:rale -Quinzième session .... Séances plénières
.sances coloniales, au momentmême Où. le colonialisme
est en agonie, ne montre. que leur faiblesse.
21. Voyons encore le cas du Sud-Ouest africain.
Depuis 15. ans déjà, l'Assemblée s'occupe de cette
ques~ion. Des dizaines de résolution ont été adoptées,
des commissions et ,des comité!3 ont été créés,de
nombreux pétitionnaires Dnt été entendus Ac la Quatriême Commission, qui ont fait rapport sur la situation intolérable où. se trame la populatiOn autocbtone
de ce pays.. On $aitbienqu~, dans ce malheureux pays,
c'est l' "apartheid," et la discriminationracialelaplus
monstru~usequi,font la loi. Les 'homme,; sont traités
cqmmedesbêtes:.c,le. somme, letrava!Jforêéest chose
'commune. Le Gouvernement de HUnionsud..africaine a
COmplètement méconnu "les résolutione adoptées par
l'Assemblée ,générale et la situation:a.empiré dans le
Sud-Ouest africa-in d'année en année. n convient de souligner que le. Gouvernement de l'Union sud-africaine
a été encouragé dans cette attitude par les' autres
puissances coloniales.
"
22. Par un pillage systématique et ininterrompu des
territoires coloniaux en Afrique, en Asie et ailleurs,
les monopoles des diverses métropoles ont accumulé
des, richesses fabuleuses, laissant les peuples soumis
dans un état arriéré demisêre et de sous-développement, qui fait un contraste saisissant avec les richesses et le développement des pays métropolitains.
23. on comprend, bien que les impérialistes ,.ne
veuillent pas 'lâcher leur (emprise sur leurs possessions coloniales, usant Ac cet effet de tous les moyens
.possibles. Pour empêcher la. liMrationdes territoires
,sous leur domination, ,les puissances coloniales ont eu
recours Ac tous les mOyens possibles. A côté des
guerresmeurtriêres dans lesquelles ils n'ont pas
hésité â employer les armes les plus barbares, y
compris les bombes au napalm, et où. ont,péri des
millions depersonn~s. les impérialistes ont' eu recours aux obstacles et auxmanœuvres les plus variés.
L'un des arguments que n'ont cessé de répéter les
. colonialistes" toutes les fois qu'U s'est agi de la question de la ,libération des colonies, est la prétention
selon laquelle les peuples colonisés ou dépendants ne
posséderaient pas eIicore la maturité nécessaire pour
accéder à l'indépendance et 13 'administrereux-mêmes,
ce qui a commeor.igine la conception raciste des impérlalistes selon laquelle les peuples n'appartenant pas
â laj;race blanche sont inférieurs.
24. Les impérialistes. et leUrs avocats, pour justifier
la flolitique de dOmination coloniale et la prolongation
depcette' domination, ne cessent de noUS parler de leur
fameuse "mission civilisatrice"; ils ont même le
c!~urage de prétendre de façon cynique que les neuf
~ixièmes dao Africains sont Ulettréset que l'absence
Ide'.culture',chez ces peuples montre que ceux-ci ne sont
/pas, préparés à accéder à l'indépendance et à prendre
en main la conduite de leur destinée ..... comme, si les
responsables de èettesituation n'étaient pas les impérialistes. eux-mêmes. Mais le monde est bien conscient que, tant que durera le ré~mecolonialdans un
pays, lee portes dec l'enseignementetde la culture seront fermées aux peuples soumis, et que, sans la liberté et l'indépendance, ceux-ci n'auront pas lapossibilité
de stengager dans la v6lie ,du développement national,
du progrès et de laprospé,rité. Les théories réactionnaires prétendant que les, Africains n'ont pas. de tradition culturelle sont démentieS par l 'histoire. L'histoire nQUS apprend en effet qu'il fut un temps'od
l'Afrique était plus avancée qué l'Asie et l'Europe. '
-
L'Afrique a eu sa propre culture., C'est ce dOnt
tém.oignent l'histoire ancienne de l'Egypte et celle des
Etats Napata, Merœet Aksoum, dOnt les Ethiopiens
. sont lesdescenœnts. 'Une .explication remarquable de
toutes ces prétentions éhOntées des représentants de
l'impérialisme a été donnée par le poète malgache
Babema.nandjara,;, qui ,dit entre autres: "Le nègre est
devenu sauvage le jour où. leblanc a découvert combien
de bénéfice l'on peut ,retirer de cela."
25. Les, nombreux pays de l'Mrique, de l'ASie et
d'autres parties du monde qui ont acquis Pindépendance et prennent une part active dans la vie inter-'
nationale montrent .' comment , les peuples devenus
, ,libres~t·indépendants savent diriger et gouverner
.1eur pays et devenir'en même temps un facteur très
important de paix et de stabilité dans, le monde. Des
pays comme l'Inde, la République arabe unie, la
Guinée et d'autres pays prennent une part active et
positive dans la solution des problèmes internationaux.
Nous ne, saurions assez exprimer la joie que, nous
ressentons lorsque nous voyons ici, aux Nations Unies,
les jeunes Etats d'Afrique être âl'avant-gardedansla
lutte pour la libération des droits légitimes des peuples
asservis, pour l'abolition totale et définitive, de leur
asservissement.
26. Hantés par le fait qu'ils sont en train de tout
perdre de leur système colonial, les colonialistes font
aussi appel à la mystification et, en se donnant l'éti'quette de bienfaiteurs et d'altruistes, ils essaient de
donner l'impression qu'actuellement le colonialisme
n'est plus le colonialisme, qU'il n'existe plus comme
tel. En même temps, ils s'efforcent, ccmmeon l'a
bien fait remarquer, de jeter un voile m~-rtuaire sur
le systême discrédité du, colonialisme, ils se servent
de nOuvelles méthodes et de 'nouvelles "formes pour
s'assurer l'emprise économique sur les anciennes
colonies ou sur les pays faiblement développés. Les
impérialistes américains et ouest-allemands sont
particullèr-ement actifs à cet égard et même au détriment des puissances coloniales classiquès qui pa..
raissent s'adapter difficilement aux nouvelles conditions créées.
27. Sous le couvert de l'aide économique aux pays
sous-développés et' de l'association entre les pays
industriels et les pays Bous-développés lesmaitres
des monopoles veulent assurer l'hégémonie écono..
mique dans ces pays. L'un de leurs objectifs est de
retarder l'édification d'Wle industrie nationale dans lf3s
pays sous-développés pour pouvoir ainsi écouler leurs
produits industrièls dans les marchés de ces pays et y
acheter les matières premières à des prix imposés.
28-. En vue de s'assurer l'emprise économique dans
les, pays récemment devenus indépendants ou· dans
d'autres pays sous-développés; on s'efforce d'enca,drer ces pays dans des organismes comme le Marché
commun, l'OECE, visant à coordonner la politique
économique de certaines pUissances occidentales
envers les pays sous-développés qui, selon leurs plans.
doivent être transformés en pays économiquement
et politiquement dépendants. C'est là le nouveau phénomène du colonialisme collectif, qui file manifeste
dans la lutte commune des puissances colonialo"
impérialistes de l'OTAN cantre le mouvement de
libération nationale des peuples d'Afrique, d'Asie et
d'Amérique latine. LeS traltésm.ilitaires de l'OTAN
et de l'OTASE contribuent à la réalisation desobjec"
tifs colonialiates des puissances impérialistes et
servent â ces puissances pour prendre pied danS les
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1151
933ème séance - 2.décembre 1960
autreS pays, en particulier en construisant des bases
militairt;!s dans des'buts aventureux de conqt1~~ et
d'hégémon1emondiale, mettant ainsi en dangerlapàix
et la sécurité des peuples, en premier lieu de ceux
dans les pays desquels ces bases se trouvent installées.
29. n convient de souligner que les impérialistes
européens dans leurs efforts en vue de sauvegarder
leurS possessions coloniales jouissent de l'appui et de
l'aide des Etats-Unis d'Amérique. Les milieux dirigeants des Etats-Unis s'emploient de leur mieuxpour
jouer double jeu. En même temps qu'ils tâchent de se
présenter en amis de l'Mrique, ils organisent l'agression collective au Congo et fournissent en crédits et
en équipement militaire le Gouvèrnement français pour
continuer la guerre d'Algérie. Par ailleurs, les monopoles américains caressent l'espoir d'accaparer
l 'héritage africain que les colonialistes de l'Europe
occidentale se voient obligés de relâcher, comme il
en est d'ailleurs de même en ce qui concerne les
autres colonies possédées précédemment par - ,les
Européens. Parallèlement à l'installation de bases
militaires, aériennes et navales, le Gouvernement
américain établit dans les pays d'Afrique, au moyen
de prétendus conseillers et missionnaires, un large
réseau d'espionnage servant, entre autres,l mettre en
œuvre le travail de sabotage.
,,1
-
'30. Mais l'Mriquea complètement changé. Elle n'est
plus aujourd'hui ce qu'elle a été avant la seconde
guerre mondiale. Les peuples d'Afrique ont bien
consoience de leurs droits - (711; de leurs intérêts et
savent â _quoi s'enten!zr ~ ils savent distinguer leurs
amis de leurs ennemis, quelque soit le masqu~ dont
se servent les. Etats-Unis d'Amérique.
31. Les peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique
latine se rendent bien compte des méthodes par lesquelles les impérialistes entendent réaliser leur politique coloniale et du danger réel que représente une
telle politique. C'est pour cette raison qu'ils ili.tensifient résolument leur lutte contre le jougcolonialoimpérialiste indépendamment de la formf:' souslaquelle
il se présente.
32. Le peuple albanais sait par sa propre expérience
séculaire ce que c'est que la domination étrangère.
n s'est toujours senti solidaire et 9 tpujours appuyé
la lutte des peuples pour leur indépendance.
33~ C'est dans l'esprit des sentiments de sympathie
,~rOfon,de, que nourrit, le peuple albanais à l'égard des
lleuples soumis au joug colonial, de son appui cbaleu~
reux â là lutte hérolque que mènent ces peuples pour
leur libération nationale, que la délégation de laRépublique populaire d'Albanie appuie fermement la déclaration de l'Union soviétique sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux [A/4502 et
Corr.l] •
34~ L'élimination du colonialisme de la, société
hUlIlaine, sous toutes ses formes, non seulement constitue la reconnaissance du droit inaliénàble des peuples
de vivre dans la liberté et l'égalité souveraines, mais
la, condition sine qua non pour permettre â ces peuples
de S'engager dans la voie du développement politique,
êconomique, culturel et social.
35. L'accession de tous les peuples coloniaux à lavie
libre et indépendante est ' un prooessus historique inéntable et ir.réversible. Le monde se transforme devant
nos yeux avec une rapidité incroyable. Le coloniali~~l!let
ce système honteux, touohe à sa fin et il n'a .de plàcè
"
que dans là. polilielle des pourritures de l'histoire.
Naturellement, le facteurc:1éterminant de cette transformation, c'est--o la lutte même des peuples coloniaux
et dépendants, qÛi jouissent de la sympathie et du SOl1tien de toute l'humanité progressiste_''\
-:)
1\
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36. Mais il. est du plus haut devoir des Ni~tions Unies,
conformément â la Charte, de mettre tbut en œuvre
pour contribuer â ce que cette libération inévltable se
réalise au, plus tOtet sans délai. LtAssemblée générale doit exiger l'accession immédiate et ,définitive l
l 'indépendance et li la liberté totales de tous les pays
sous do!Jlination coloniale, de tous les territoires .sous
tutelle et de tous les territoires qui .nesegouvernent
pas encore eux-mêmes.
"
"
37. Les Nations Unies se doivent d'exiger., et 'même
de faire en sorte, que les\\ puissances lmpéri,ustes
s'abstiennent de toute forme d'ingérence et resrkctent
strictement la flouveraineté etl'indépendance des Etats
devenus récemment indépendants., ou de ceux qui le
deviendront après l'adoption par cette assem,\>lée générale de la Déclaration qui fait l 'objet de nQ,tredébat.
y
,
38. Les Nations Unies ne pe~vent· se permettre de
rester ind;ifférentes devant le-spectacle des misères
~t des souffrances que supportentaètuellement les,
Peuples coloniaux et dépendants.
39." Nul ne saurait douter que l'éliminationradicale
et définitive du colonialisme aurait l,en même temps
une importance considérable pour la :coopérationéconomiqueinternational~sur ,ta base '. dê l 'égalité et des
avantages mutuels. Cela, contribu~'rait .à la création
de conditions nécessaires â l'établissement de· relations· internationales normales· de compréhension et
de bon voisinage; ce serait li une ,.•contribution
directe effective à- la détenteetâ la consolidation de
la paix et de la sécurité internationales.
40. Ainsi donc Ifadoptionpar l'Assemblêegénérale
de la déclarat~pn soumise par l'Union soviétique.sur
l'octroi de l'iÎldépendance aux pays et .aux .peuples
coloniaux constituerait un apport considérable . aux
efforts des pays pacifiques. en. vue de.l'amélioration
desrelationa internationales et de la consolidation de
la paix générale.
.
41. M. DIOP (Sénégal): Nous aSsistons, avec ce débat
aux assauts ultimes de la conscienceuniverselle contre
les .combats ' d'arrière-garde· et les. derniers soliliresauts des pays qui veulent maintemr,contre vent et
marée, leurs· possassionscoloDiales•
42. L'histoire coloniale ·est une Vieille histoire,
vieille comme le monde. C'est l'éternelle histoire de
l'exploU:ation de,l'homme par l'homme par les· voies
et moyens de la force brutale. Homo homini lUpus
disaient déjà les Anciens.
43. .Cette exploitation de l'homme par '1thomme a été
entreprise dans nos pays africains par les Européens,
d'abord par l'institution de la traite des. nègres, il
y a de cela quelq\lês siècles. On a arraché de leurs
pays des mi1Uonset deS, millions d'hommes. On les a
transplantés en Amérique et ailleurs, avec un cort~ge
de misères et de souffrances effroyables. Sur 10 millio,ns d'bommes transplantés il en survivait â peine
1 million.
44. ··Mais, de 'même que l'injustice humaine ~E,ltcons"
tante, de même le progrès de la conscience liumaine
est constant Quelques siècles plUS tard, des' voix se
sont élevées, des voix.qui étaient de . ha.utsSOnlDlets,
-~-d({Il conscience humaine. Pour ne citerque4uelqÛl!.$__==~~
~
7 ·
.
1152
Assemblée générale - Quinzième sessiOn- ~ances plénières
'J
J
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i
exemples, ce fut (t'abord la volx des grands pense~s SOmmet de la conscience universelle, iluous faut
de la Rêvoluti()nf~ançaisede 1789; et, ioi mêm.e, . aux
prendre une position active; 11 nous faut monter .une .
Etats...Unis, oe fut la voix d'un homme comme Abraham
nouvelle croisade et, cette fois, non pointPQur faire
Linooln au moment de la. gu.~rre de Sécession. Ces
la police des mers, mais pour faire la poliCe des
voi~ retentirent pour oQndamner l'esclavage, deman..
continents, et pour agir en sorte que, partout, ceasent
der· son abolition; mals Ufallut plus d'un si~cleJ vers
le colonialisme et l'exploitation de l'homme par
1848, pour que la ohose commençât il être effective.
l'homme.
Même après cette. période, .après que la p.lupart des
52. C'est pour cela que la délégation du Sénégal a
nations européennes eurent souscrit au principe de
l'aboUtion de l'esclavage, 11 yavattencoredesréfrac.... apposé sa signature sur un projet· de résolution
[A/L.323 et Add.l l 5ldemandant que, partout, en
taires, des attardés, des sclérosés, qui continuaient
Afrique et. a1ll~rsJ le colonialisJne cesse et que,
en pirates Il. perpétuer l'institution. Ii a.fallu que les
partout,
en Mrique et ailleurs, les nations dépendantes
nations européennes les plus sincèresentréprissent
deviennent
enfin des nations libres, souveraines et
la police des mers pour imposex'par la force l'aboliindépendantes.
tion de l'esclavage· aux autres Etats européens et
M: Zorine (Union des Républiques socialistes soviéparfolsmème lIeurs propres ressortissants.
tiques), vice-président, prend la présidence.
45. . Enfin, l'esclavage fut définitivement aboli. Mais,
1 peine l'esclavage aboli, l'exploitation de l'hollime par
53. M. PLIMSOLL (Australie) [traduit de l'anglais]:
l 'homme renaquit de ses cendres sous la forme du
Les très nombreux discours que nous avons entendus
colonialisme. On ne transplantait plllS; on allait sur
jusqu'A présent, et le nombreenoore .plUS "grand de
place dominer et exploiter Il domicile.
ceux que nous. allons' entendre" prouvent COmbien la
communauté
internationale que forme cette organisa46. Ce colonialisme, qui afieuri lui aussi pendant
tion,
et
plus
spécialement
les peuples que nous repré..
plUS de deux siècles et demi, a été, d'année en année,
sentons,
ont
Il
cœur
de
remplir
les obligations'énoncées
battu en brèche par Je progrès constant de li). consdans
la
Charte
il
l'égard
des
territoires sous tutelle
cienoe humaine et aussi par l'éveil progressif des
et
des
pays
non
autonomes.
Le
Pacte de la Société des
peuples colonisés qui, peu il peu, prenaient c6nscience
.Nations avait formulé offioiellement, dana un document
de· leur dignité et de leur sentiment ·national. Ces
international, un principe nouveau: désormais, les'
peuples colonisés ont, peu Il peu, fui leur aliénation puissances
étaient comptables, vis-il-vis de la com"
iîltellectuell~~ .culturelle et artistique sous une livrée
munauté
des
nations, de l'administration des populacoloniale quelconqUe et sont remontés aux sources
tions
indigènes
placées sous leUr autorité. Cette
de leur génie propre, or,\ginal et originel,pour y put;" doctrine et ce mouvement
furentencQrestimulés quand
ser les forces qui leur permettraient de retrouver
fut
rédigée,
Il. San Francisco, la Charte dès Nations
leur authenticité en mêmetemps que leur souveraineté
Uhies. n y li, dans la Charte, des chapitres très
et leur indépendance. C'est ce mouvement d'huma- importants,
matériaux de ce vaste ensemble qui est
nismt?et de renaissance que d'aucuns ont appelé la
devenu.par
la
suite l'organisation deS Nations Unies.
négritude.
. .;;
,
L'AustraUe et la Nouvelle-Zélande ont joué un grand
47. n est 'd'aUleurs peut-être bon de dire ici que ce
raIe dans l'élaboration de ces chapitres et dans l'apmouvement de renaissance, d'humaniSme et de libéplication de leur substance. Ces deux pays étaient Il
ration sur tous les plans n'a jamais comporté un aspect
l'avant-garde des nations qui voulaient qu'une responrac~ste, n'a jamais· postulé le rejet de toute autre
sabilité plus large et plus complète que celle qui· avait
culture, de toute' autre civilisation, des bienfaits de
existé avant la guerre soit ·nettement reconnue et
acceptée.
toute, autre culture ou de toute autre civilisation,
qu'el1e soit gréco-latine, américaine Ou chinoise.
54. Lorsque la Charte fut entrée en vigueur, ~l'Aus­
tralie fit passer les mandats qu'elle d6tel'lait de la
48. Enfin, d'année en année, le progrès humain a
Société des Nations sous le régime de l~tutelle interbattu en brèche cette dewdème phase de l'exploitation
nationale. En outre, bien que la Cha.rte ne stipula.t pas
de l'homme par l'homme, ce néo-esclavagtsmequ'est
l'obligation de fournir des renseignements d'ordre
le colonUtlisme; et· notamment, depuis la fin de la
politiqUe sur les ter:dtoires non autonomes, le Gouverdernière guerre mondiale, des. progrès considérables
nement.australien a spontanément soumis Il l'ONU, dês
ont été réalisés. En Afriqûe, tout particulièrement,
le
début, des informations de ce caractère. Nous avons
nous avonS assisté, en moins de 15 ans, il la libération
constammep,tcollaboré avec l'ONU, fourni au Conseil
et Il. l'indépendatwe ..nationale des trois quarts des
de tutelle' etlla Quatrième 'Commission tous éclairpeuples dépendants qui étaient colonisés.
cissements sur la politique. que nous avons suivie dans
49. Cependant - je l'ai souligné tout il l'heure ces territoires; au cours des 15 dernières années, noUS
malgré l'abolition de l'esclavage. par des déclarations
nous sommes efforcés de remplir fidèlement les oblide principes et par des lois votées par les .pays eurogations que nous impose la Charte. Aussi est-ce de
péens, il y a eu des réfractaires et des sclérosés qui
nouveau sans la moindre appréhension que nous noUS
avaient continué Il faire prospérer l'institution. Ce
présentons devant cette organisation. A chaque foH5;
qu! s'~st passé pour l~esclavage se passe ~jourd'hUi. nous' venons ici pour rendre compte de ce que nOUS
pour le. colonialisme.··· "
.'.
. ' avons entrepris volontairement, je dirais mème;avec
50. Pour le colonialisme aussi, ily a des attardés,
joie.
des cristallisés, des sclérosés qui. veulent se main55. Comme toutes les institutions, le colonialisme,.
tenir contre vent et marée, et aussi contre le· cours
qui
est une institution humaine, peut revêtir diHérentes
de l'histoire. ns se"'ont balayés, assurément, par le
formes .sUivant la partie du mondé 011 l'on se trouve
torrent irréversibl~ du cours de l 'hlstoite; ils seront
suivant les êtres humains qui Y vivent; 11 peut être,
balayés contme des fétus de paille.
.
et il est parfois odieux. Mais je prétends q~ dans ses
~J.." MaiS cette position d'expectative fataliste né..s ufmeilleures formes 11 a été et continue d'être une phase
flt:.. pas pour les Nations Unies. Ici, lcetautre haut
de transiti()n nécessaire; les torts que 'l'onpeut: lui
l
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1153
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imputer - et certains d'entre eux ont été dênoncés
ici-ne' sont bien', souvent que des exemples de
l'absence de fratèrnité humaine, dont nous avons tant
d'autres preuves dans de si nombreuses institutions
humaines, internationales et autres.
56. J'al eu le sentiment, ene:ntendanttraitercertains
J:1es problèmes qui ont été évoqués Ici et à la Quatrième
Commission, qu'il s'aglssalt là de problèmes communs, auxquels nous' avons tous à faire face dans nos
pays, et qui sont Inséparables de notre effort cOmmun
pouramél1orer le sort de l'humanité en relevant les
niveaux de vie dans le monde, pour promouvoir les
droits de l 'homme et assurer partout leur respect. Ce
sont, pour la plupart,' des problèmes de fraternité
humaine.
57. n y a, mesemble-t"';il, une remarque essentielle
A faire tci: c'est que nous ne pouvons placer toutes
les colonies exactement· sur le même plan. Elles
diffèrent non seulement par leurs caractéristiques
physiques, par leurs populations,par les particularités
de là nation administrante,niais encore par leur passé,
et à bien d'autres égards aussi. Certains des pays qui
sont devenus des colonies étalent les héritiers d'une
vieille ,civil1sation, d'une antique culture; parfois
même ils faisaient partie de vast~s ensembles politiques. Certains de ces pays ne formaient pas. réellement des nations; ils serattacbaient néanmoins à
d'importants. groupes sociaux, parfois Ades organisations tribales composées de milliers, voire de dizaines
de milliers d'individus. Pans d'autres cas encore,les
',;~:-c:.c:-~colonies étaient composées de. groupes peunombreux,
désorganisés, parfois disséminés, isolés, sans aucun
lien entre eux. C'est pourquoi, à mon sens, nOUS ne
pouvons aborder la question ducolomalisme avec fruit
que si nous admettons qutil y Là colonies et colonies,
de même qu'il y a différentes sortes de puissancès
adminlstrantes, de problèmes A résoudre et de méthodes employées à cet effet.
.
58. nn'est pas vr.ai non plus que le colonialisme
ait toujours consisté à·retirer l'indépendance·.! des
peUples qUi, sans cela, jouiraient· aujourd'hUi d'un
niveau de vie comparable A celui queconnaftl'Europe
occidentale. Cela peut être vrai de cert~ines :réglons
du monde; mais, de toute évid.ence,teln'éstpas le cas
pour dftautres. Dans certains endroits, avantl'arrivée
des pUissances admintstrantes, 11 n'existait pas d'entités nationales, les tribus étalent en guerre les unes
contre les'; autres, les droits de l'homme étatent méconnus, l'esclavage régnait, parce que l'esclavage
n'est. pas une pratique que. les Européens soient les
seuls à avoirexer.cêesur d'autres peuples. C'est une
institution vieille-·comme le monde; il nous faut le
combattre partout oll il existe, quel que soit le peuple
qUi le pratique.
59. Au cours du présent débat, nous avonS entendu!
maintes reprises de belles pl~"ases sur le fouet du
maltre, surIes crimes dont les colonisateurs se
seraient rendus coupables. En entendant ces propos,
J'ai pensé que, si tout cela a pu être vrai à certains
IDoments de l 'histoire et .dans certaines parties du
monde, il 0. 'én est certainement pas ainsi des territoiresadmtnistrés par l'Australie; or, c'est au nom
de l'Australie, et de l'Australte seule, que jeparle. n
pourrait être utile, et même avantageux pour nos
dêbats, que je donne ici quelques détails sur la situation en Nouvelle-GU1n~e orientale, pays dont l'AustraIle a la charge.
60.. La Nouvelle-Guinée orientale' est longtemps
isolêe du reste du monde. Penetant des sf.~cles,
et" sans doute des millénaires, sa population n'a eu
aucune relatiOn avec l'extérieur. Ce pays se tr~uvait,
par conséquent, dans une situation, différente de celle,
disons, des populations africaines qut,à plusieurs
époques ·de leur histoire et pendant longtempS,ont
maintenu des contacts fructueux avec les civilisations
que connaissaient d'autres réglons de l'AfriÇ.~f~' de
l'Asie et d'autres parties du monde. La NouvelleGuinée se composait de multiples collectiVités, tqJale...
ment iSolées tant au· point de vue culturel qu'à tout
autre point de vue.. Bien que l'on ait enregistré un
accroissement constant .de la population depUis. plu...
sieurs années, celle-ci n'atteint pas encore ~~cbiffre
de 2 millions~ Les habitants parlent entre eux 510
langues, et des roUliers de dialectes; ceux quiparlent
l'une de ces 510 langues ne comprennent ~qcun de ceux
qui en parlent une autre; flexiste donc d'importants
groupes de population qUi sont Jncapablesde communiquer les W1~.a.!ec les autres pour tous les besoins de
la vie courante, des populations ignoranttout de ce que
peut être une natlon,de ce que peuventêtre.lesdimensions de l'ne où i1~ habitent, ne soupçonnant même
pas qu'fi .ptt extste,rune communauté d'intérêts, un
lien quelconque, entre eux et les autres peuples. de
l'fIe. Ds ont mené une vie prlnûtive et. - dans l'en,'"
semble -leur existence s'est r6suxnée Il trouver de
la nourriture et à. la consommera'l:Ssltôt." C'est.. à
peinésl1'idée leUf était connue de faire ~sprovisions
allmentairE:'S. La sorcellerie et la JIl8.gie. noire régnaient partout; dans bien des cas, llspratiqualentle
cannibalisme.
~stêe
61. .Nous ne no1.lS trouvons pas lei enp:résence d'une
population qui, jusqu'à \IDe époque réc~nte,forJnaitune
véritable nation dotée d'un système politique etsociaI
tr~s évolué. Certes, je ne suis pas de ceuxqufcon..
fondent civilisation et mode de .vie occidental:· je sais
cependant qu'!· 1'intérieur de nombreuX Etats Membres
de oette· or~sation, .depetitsgroupesbUJI1a1ns vivent
une existence réeUement .primltive,:que leurstraditions sont restreintes et qu'Usnedlsposent jusqu'ici
que de possibilités de pro~ès limitées. Je demande
alors aux représentants daces pays d'imaglner ce que
peut être une De oil. 'châque habitant ne dêpas~era1t ·pas
ce niveau de civilisation. On voit combien latlche
estlmm~jBe.n.s'agtt de transporter -enun laps de
temps t~s court - des hommes vivant. h l'Age de la
pierre jusqu'à l 'époqueactuelle,.aV(;lc sa civilisation
complexe: c'est là unp:roblême qui ne sepose à aucun
des paysreprêsentês ici, qui ne B 'est posé h aucun
d!eux dans un passér6cent. C'estpresqueunesituation
unique par le nombrê d'individus vivant dans· des con- .
lditionstellesqu'ils ont un long chemin ! pa!courir
avant cie pouvoir se joindre "A nous. Cetteoplnlonne
se ,/fondepassurun sentimént desuperiorité.racIale;
la(population de la Nouvelle..Quinêe. pourra un jour se
joindre au concert desa.utres nations•• La condition
relativement arriérée dans laquelle elle .se ,trouve
rés'llte de ·Son isolement prolongé du reste de l'huma..
nité, et d'un ensemble de causes historiques.
62. L'Australie a eu lattche immense -,etaCQeptéê
de grand cœur - d'intêgrer ,ces peuples .au'Vingtième
siècle, de les transformer en des voisins 'pacifiques
de l'Australie et ,~des autres . pays de la région du
Pacifique occident~l, d'en faire nos futurs partenaires
dans un monde en paix•.
_____
1154
IJIIIII
_
__
•
Assemblée générale -Quinzième session 'Sêand·és plénières
63~
Nous n'avons pas été attirés· par l'appA.t du gain,
eax- - pour ce qui est de l'Australie -la tA.che qui
consiste Il administrer la Nouvelle-Gw,née et Il faire
progresser les populations autochtones a constitué un
lourd fardeau économique et financier, qui pèsera
longtemps encore. C'est pourquoi on peut dire que la
conception classique de l'exploitation économique des
colonies n'est pas applicable lIa Nquvelle-Guinée.
64. La Nouvelle-Guinée est proche de nous et sapopulation est notre voisine. Nous vivons avec elle, cote
l cOte. Nous entE.mdons être ses ami~. Nous 'VOulons
trouver en elle des partenaires dansriotre effortpour
vivre en paix. Nous comptons faire de ce peuple une
.nation. Pour cela, nous avons accepté les obligations
énoncées par la Charte et noUs sommes même allés
bien au-delle
65. Perme~~z-moi maintenant de dire quelques mots
des 'p:J"9b!~me~~qui se sont posés à l'Australie dans ce
pays.,i Peut-être répondrai-je ainsi ll la question qui
vous ;y1ent probablement ll l'esprit, à savoir poUJ'quoi
awns....nous besoin de tant de temps pour atteindre
notre objectif?
66. L'Australie est, depuis 40 ans, chargée de l'administration du Territoiresoù8 tutelle de la NouvelleGuinée. Quaranteatts, c'est, en.quelque sorte, la durée
de 'rie d'un être humain. Auparavant, la NouvelleGuinée était une colonie allemande. Au sud du Terri...
toire sous tutelle, il existe un territoire non autonome
011 l'Australie s'est installée çlepuis plUS longtemps.
Je parlerai cependant ~s deux parties de l 'netla
fois,' car notre politique est la même dans les deux
cas : nous voulons amener les peuples de' ces deux
territoires jusqu'Ill'autonomie.
67. La Nouvelle-Guinée estsl~ée sous les tropiques.
Le terrain y est acoidenté; on se trouve en présence
d'une jungle souvent lmpênét!.lable. On pourrait valablement comparer cette région l celle de l'Amazonié,
zC)ne très vaste et très difficile d'accès; c'est bien Il
:une des raisons pour lesquelles 11 nous afallu si longtemps pour ouvrir le pays; aUjourd'hutencore,l1~~'9ste
des zones qui ne sont pas adnUnistr6es. La tache
a At6 longue et ardue. Nous devons nouS .rappeler
que' tous ,les moyens dont nous disposons aujourd'hui
,n'existaient pas U'y a 40 ans, nim.ême'll y a 20"ans.
Je pense enp8.rticulter ll l'avion et au bulldozer. Un
homme â pied met souvent des jours et des jours pour
y parcourir seulement quelques ldlomètres. GrA.ce â
l'avion, nous avons été en mesure de surmonter le
problème que posaient ies distances et une jungle
impénétrable, et l'Australie a joué un grandr~ledans
le monde en assurant ce travail. de pionnier qUi Consiste il relier des régions entre elles, ~n faisant appel
il l'aviation. Entre 1925 et 1940,nous ~vons créé de
toutes pièces une ville, Bulolo, dans les montagnes de
Nouvelle-Guinée, desservie exclusivement par tavole
aérienne. Pou.~ l'époque; c'était un v~ritable exploit,
dont un certain nombre d'autrea pays ont sU tirer des
enseignements., Cet exploit a été rendupossible se,ule~
ment parce que,nousàvons su utiliser l'avion pour le
transport de marchandises lourdes, de machlnes,etc.
Aujourd'hui encore, il y a. en Nouvelle-Guinée des
postes, des comptoirs otl tout ou presque tout doit
parvenir par la voie aérienne;, c'est l~ une opération très cotlteuse et parfois délicate. En effet, outre
cette jungle, on y rencontre
.hautes montagnes et
de nombreuses vallées très encaissées. aiendes gens
qui se sont rendus en Nouvelle-Guinée, y compris
certains de nos collègues de l 'ONU, ~s membres dé
œ
missions de visite, ont éprouvé quelques craintes devant les conditions dans lesquelles 11 leur a fallu se
rendre, par la voie, des airs, d'une localité ll une autre
â travers des brouillards parfois épais, conditions qui
sont tout ll fait normales pour ceux qUi doivent vivre
et travailler en Nouvelle--Guinée.
68. Et puis, alors que nous, étions en plein travail,
,nous nôu~\ sommes trouvés en guerre, une guerre qui
a, dévasté/l'ne. La 'NQuvelle-Guil1~e fut en effet pendant
cinq ans(' .le thê.A.tre de violents combats; un grand
nombre de bâtiments, des routes, des quais, des
bassins portuaires furent détruits par des bombardements. Pendant ce temps, la jungle avait tout envahi.
69. Je me souviens notamment d'un déplacement qui
m'avait conduit ll Finschhafen, sur la cOte sêptentrionale de la Nouvelle-Guinée, 0\\ se trouvait lb' grand
bâtiment ayant li. peu près la même superficie que la
s~l1e Il manger des dêl~gu~s, et dont le. sol de béton
avait une vinktafne de centün~tres d'6paisseur. Pourtant, en six mols, cette énorme dalle avait été complètexnent' détruite par la jungle: les arbres s'étaient
forcé un passage li travers le béton et l ':~valent brisé
t;;n deux. Ainsi, lorsque les, combats qUi durèrent cinq
àns prirent fin, il ne restait pas g'tl1nd~hose en
Nouvelle-Guinée et, du point de vue matériel,· Il nous
fallut .reparti~ littéralement de zéro. n va sans dire
qu'en dehors même de toute idée de conflit, l'extJ~...
rance de cette végétation tropicale nousimp()se chaque
année des charges considérables, notamment pour
assurer l'entretien des routes et des bft.timents.
70. n nous a fallu ensuite venir a:boutde la maladie.
Le paludisme sévissait sur toute la cOte de .la
Nouvelle.-Guinée; dana cette.zone, l'état sanitaire de
la population .indigêneet des Australiens venus s'y
installer était trêsmauvais. N01!Savona. peu ll peu
surmonté ces obstacles, mais 11 nous ~fallu beaucoup
de temps, car nos connaissances dans ce domaine,
ainsi 'que les remèdes dont nous disposonsaujourd'hui, étalent à peu près inconnus 11 ya encore peu de
temps. Ici encore, des hommes comme sir HamUton
Fairley ont fait un travail de pionnier. Notre œttne
en Nouvelle-GUinée, dans la lutte contre le paludisme,
a seryl d'enseignement: nos méthodes ont été en effet
utilisées dans certaines parties de l'Asie du Sud-Est,
notanunent en Birmanie p ainsi que sur J!a conthlent
africain. Aujourd'hUi, les pays envoi~de clêveloppementpeuventutillser des .prodults nouVèaux, t.el~ que
l'atabrine et la paludrine. Nous en savons désormalà
davantage sur l'importance que revêt l'assèchement
des·terralns·et sur la faQon de réa1iserune telle opé~
ratiOn chaque fois que cela est pOssible. Nous avons
appris auss, t'utiliser les poissons pour d6tl'l1iré les
larves 'de Illoustiques et faire ainsi échec lIeur dé'veloppement, Toutes cesmétbodes ont été progressivement mif.es aU point au. cours des années: elleS
sont aujourd'hui appliquées dans le monde entier. Mais,
jusqu'A ce qu'elles soient connues, on se 'heurta à de
sérieux obstacles pour mettre en valeur de nombreuses parties du monde,étce fut certainement le
cas de la Nou~el1e-GUinée. .
.
71.
recherches BCientifiquesont donc éténéceSsattes et, .en Australie .même, l 'hiatoire de notre
économie n'est souvent autre chose que le récit de
nos efforts pour accl1mater des alÛmaux ou deBvêgétaux importés d,'Europe. Les moutons eux-mêmes, qui
sont aujourd'hui 1'essentiel de nos exportations, nOUS
ont posé de graves problèmes d'adaptati(}!1. n en fl,tt
de même pOur lé blé.
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933ême séance - 2 décembre 1960
72. Des difficultés analogues se sont présentées en
NouveUe-GulBée.Je me suis renduU y a quelques
années aur les ,hauts phl.teaux de l'ne 0'0. l'administratiml australfenne s'èst livrée Il des expériences
d'acclimatation sur des bovidés, des ovidés,des
porcins: ces animaux n'existaient pas dJlns ces parties
de la Nouvelle-Guinée ily a seulement cinq ans. Le
bétaU ne s 'y est pas encore acclimaté et son élevage
n'est pas encore rentable. Nous espé~ons cependant
que l'application progressive des résultats de la recherche et de l'expérimentation permettra de rendre
productives des zones actuellement stériles. Mais
o'est un effort de longue, de très longue haleine. Même
la multiplication du bétail se fait lentel~ent. n nous
.
faut du temps pour tout mener Il bien.
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73. Je 'donne toutes ces précisions par.ce que je sais
- et je l'ai entendu dire ici - que les progt"ès de
certains territoires non autonomes ou sous tutelle ont
paru très lents. Maisbiensouvent - etc'estcertainement le cas pour la Nouvelle-G~née~ l'une des raisons principales réside, dans là, difficulté qu'offre le
relief. n.y a Il des obstacles matériels que n'importe
quel gouvernement n'aurait pu surmonter que lentement et a,véo peine.
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74.. Indépendamment des efforts tnatériels que nous
avons déployêset que j'ai rappelés "':"'ht)pitaux,ponts,
routes, etc. - nous nous sommes employés à nous
acquitter avec diligence de nos obligations qui con'eistent Il préparer la population â se gouverner ellemême. Mais nous avons dO. prooédergraduellement,
car nous SOmmes ,partis de rien. Nous avons donc
constitué au sein de la population autochtone une sorte
de noyau qui aura lul-mêmepour mission d'enformer
d'autree': c'est ce qu'on appelle un travail en oasoade.
Nous fo:rmons des moniteurs qui ensuite en forment
d'autresl. Au lieu de réaliser la mise en valeur politique etêconomique de ce pays sUivant .unprocess\ts
rigide et,untforme, nous veillons au contraire Ilassurer une cadeücetoujours plus rapide.
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75. Dans le domaine politique, les' autochtones sont
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de plus en plus nombreux à entrer dans .la fonction
publique.et Il partioiper au gouvernement centrl"l. Cette
année, des réfol."mes ont été apportées au consèt~ législatif, si bien que le nombre des membresautoo'htones
est maintenant ,plus élevé. Lesgouvernemente régionaux et locaux ont pris,régulièrement plus d'iimportanee. Cette progression n'apaa dté un1formedans
l'ensemble du pays•.En effet, noUs ne voulons pas
retarder le développementd'une province parce qu'une
autre n'est pas encore ma:re pour une certaine forme
d'autononl1e; dans les, villes et dans leavillageà, cepên(iant, et peu Il peu dans des circonsoriptions plus
êtendues, les habitants autochtones jouent un rÔle .de
plus en plus grand dans la gestion de leurs affaires.
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76. ,L'enseignement sedé\'eloppe rapidement. LI!
scolarisation touohe maintenant 200.000 personnes en
Nouvel1e....GUlnée. Or, la population totBle,enfanta et
,adultes compris, est - je le rappelle - infêrieure Il
2 millions. La formation technique s -élargit régulière...
ment, ellé. aussi, et non seulement dans les di'Ver[4eS
activités industrielles, mais aussi daruJ l'agriculture.
J'ai viSité moi-même une grande fabrique de cOntreplaqué, à BulÔJo, en 1956 et l nouVéau en 1957. J'ai pu
ainsi constater que lenombre:.desautochtones em...
ployés aux divers travaux de l'usine augmentaitrégu..
Uèrement. IJ s'agissait de travaux très dél1cats
exécutés, à l'aide de. machines automatiques et faisant
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1155,
appel A des techniques, variées, appliqUées parto\tt
dans le monde.
77. Les services sanitaires ont ~tê dêveloppês.Je::.e
parle pa.s seulement des ht)pitaux et autres établissements qUi emploient du perSonnel europêen;nous
formons aussi des autochtones qUi seront appelés 4
diriger eux-mêmes ces services sanitaires. Nous les
préparons 4 nous relayer.
78. L'ordre règne maintenant dans la quasl-total1tê
du territoire. n eXiste encore certaines zones,corrune
je l'ai dit, qUi ne sont pas administrées; maie elles
sont l'exception. Partout ailleurs,l'ordrerêgneet la
.population tout entière ,peut faire appel aux tribunaux
pour Se pro~$t~ contre l'arbitraire des individus ou
du gouvernement. ,La, principe de la légaUM s'appUque
4 tout le territoire et à tous ses habitants.
79. Graduellement, nous réformons ou modifions les
tlÙlOUS imposés par les coutumes triPales et des
pratiques religieuses. I.e proplême est complexe et
de nombreux représentants siégeant ici en ont. fait
eux-mêmes l'expérience, et ont une oplnionpersonnelle sur la question de s~ir dans quelle mesure
l'Administration est, en ~roit d'intervenir dans des
coutùmes hêdtées, du passé. Nous' nOus sommes
efforcés, autant que possible, de nous adapter et
d'adapter nos loisawc vœux et aux désb."s librement
exp:ritl'lés des autochtones. Mais, comme vous le savez,
les coutwnes locales font parfois obstacle Il l'utilisation la plusêconomique du sol,pour ne prendre qu'un
seul exemple. En ce qUi concerne la propriétéfonciêre,
le Gouvernement australien .n'en a pas moins appliqué
une, politique ~elon laquelle l'Administration peut
acheter des terres aux indigènes, et encore moyennant
des garanties. C'est ainsi que 97 pourlOO des terres
sont entre les mains des autochtones, etquem~In~ de
1 pour 100 seulement est utilisé ou occupé p(8.J!ldes
populations d'autres groupes. Nous avons estime que
notre mission nous faisait un devoir de veiller à ce
que la terre de la Nouvelle-Guinée continue d'appa~­
tenir Il ses habitants.
80. Comme je l'al dêjldit, l'AustraUea accepté les
obligations qUi sont énoncées dall$la Charte. CesobUgations, ·nOus les awns contractées ~r..vert",ltONU et
la communauté des nations, et aussi e1tvers les popu'"
lations autochtones èlles-mêmes. La.,;Oharte est précise sur ce point. n y a Il une obl1g_tion qui ddcoule
d'un traité.
.
81. Nous sommes saisis d'un projet de déclaration
[A/L.323 et Add~l .t 5] présenté pa:!\ de nolfibreux
Etats du groupeafricano-asiatique.C~tte déclaration
est différente de la Charte. La Chart~ est un' traité;
elle est rédigée avec rigueur. Quant lia"déclaration,
elle diffêreauesi de la ])éclaratiOn,univer-sellé des
droits de l'homme, qUi avait été élaboré.e soigneusement en cOtnnllssion' et. en comité et qui, même alors,
n 'av~it ni force obligatoire, ntforce exécutoire. Or,
dans une déclaration générale, il est difficile d'être'
précis; le texte en est Conçu pours'appliquer a
diverses catégories de territoires, Il des structures
admintstra,tlvestrês diverses. Le documetii qui nous
est soumis ne peut ,aller plus loin que la .Charte, ni
outrepasser les pouvoirs de l'Assemblée; il exprlln6
plutÔt en termes généraux des aspirations admises
par tous.
82. Cert.ainsauraient voulu .1Ui en faire ,dire da~p'"
tage, et d'autres moins. Certains auraient souhaité un
t,xteplusprêcis, d'autres auraient préfét"é des fo~.
1156
Assemblée générale -QUinzième
ses~lon-SGances
plénières
roules, diffê1!entes. n n!estsans doute personne Iclqui
Société des Nations la notion de mandat, qui préfl..
n'etlt aimé voir mOdifier'leprojet de déclaration qui
gurait 'cette lMe de la responsabilité ,des pulssànces
n.Ous est soumis, Ou quin'etltpréféréuneautre rédaoadminlstrantes ft; l'égard de la ooDUnunauté des
tion. C'est ainsi qu'à 'Ql.on avis il n'est pas vrai de
nations(; Dans la Charte des Nations Unies, cette idée
dire, dans le préambule, que, dans ,tous ,~es cas, est exprimée de façon encore plus olaire et plus pré"le maintien du colonialisme entrave le développe;ment
cise. Les dispositions' concernant les terl"ltoires non
social, culturel et économique des peuples ttêpen-' autonomes et les territoires sous tutelle, que l'on
dants". Ce que j'ai dit de la Nouvelle-Guinée aura
trouve aux Chapitres XI, XUet XDI, envisagent
démontré, je l 'espére, que, là au moins, lecolonia- 'l'autonomie ou l'indépendance future de ces terrillsme aide les populations autochtones l réaliser des
toires.
.
progrès et que, sans l'Autorité administrante austra89. En fait, depuis la créatiOn de l'ONU, plus de
lienne, la population n'aurait aucun~spoirdeprogres- 30 anciens territoires non autonomes et territoires
ser'rapidement et d.'accéder un jour à l'autonomie.
sous tutelle ont accédé à l'indépendance conformément
83. ,Quant au paragraphe 3 du dispositü, relatif aux
à la lettre et à l'esprit de la Charte. C'est là~ pour
prétextes qui seraient fournia pour r,~tarder l'indél'ONU, un magnifique bllan,etl'admissionparminous,
pendance, il risque d'être mal interJ?{rété. n eXiste,
à. la présente session, de 17 nations nouvellement
en effet, des régions oil. le retrait immédiat de l'auto:indépendantes accuse encore ce mouvement vers l'in..
~ité administrante engendrerait le chaoa. J'estime
dépendance, en rend le besoin plus urgent.
cependant que les situaUonsénonoées dans ce paragraphe ne peuvent servir de mauvais prétextes ou de
90. Ma délégation partage 1 'opinion selon laque11ela
raisons mal fondées, pour empêcher un pays d'acquérir
question ducolonialiame pose l'un des problèmes les"
plus' importants de l'heure. li faut, sanaattendre J
aon indépendanoe. Sur ce point, nous sommes, je le
placer l'ensemble de cette question dans une perspeccrois, tous d'accord.
tive raisonnable. L'agitation qui règne da,nsplus d'une
84. Les. représentants de la Bi~manie et de la
pllrtie des territoires encore dépendants d'Mrique,
Nouvelle-Zélande ont déjà parlé dti paragraphe 4 du
ainsi que la situation au Congo, exigent de nous une
dispositif, qui concerne l'action armée, et Ils ont inattention de tous les instants.
diqué que, selon leur propre interprétation,<ce para91. Nous sommes saisis de trois prOjets de déclaragraphe n'a paet pour but d'empêcher le recoura à la
tion sur la fin du colonialisme. Tous sont rédigés de
police pour le maintien normal de l'ordre public.
façon: à pouvoir s'appliquer dans le monde entier. Ma
85·. Le 'projet contient également un paragraphe aux
délégation attache une grande importance à la portée
terinesduquel des mesures iDUnédiates devraient
que l'on entend donner à ces tex\~es. Elle ~st convâin-être prises pour transférer tous pouvoirs auxpeuples
cue qu'une déclaration de cettè nature devrait être
de ces territoiresconformémbnt Il leur volonté et à
d'application unlverselle,c'est-l-dire qu'elle devrait
leurs vœux libr()ment exprimés. En ce qui concerne
pouvoir s'appliquer à toutes les parties dumonde sans
la Nouvelle-Guinée, l'Australie prend et n'a cessé de
exception.
prendre des dispositions visant à transférer ces pou92. Ma délégation voudrait toutefois' souligner que,
voirs aux habitants autochtones aussi rapidement que
si une telle déclaration doit, être universelle quant à
possible. J'estime par conséquent que, pour notre part,
sa portée, son application pratique doit être souple.
nous mettons en application ,ce paragrapne de la déclan ne peut y avoir d'wliversalité dans l'a,pplication là
ration.
o\l 11 n'y a aucune souplesse. En particulier, quand
86. Le présent débat a été utile en ce qu'il a mis en
s'aglt de déterminer la date del'~ndépendance,il n'est
lumière les tendances et les sentiments qui règnent
ni pratique, ni même possible, d'adQpterune solution
non seulement parmi nous, mais encore parmi ceux
qui soit valable pour toutes les situatiOns.
'
que ·nous représentons ici. LesdiscQurs les plus efficaces, si je PJJis&:lnsi.porterunjugement, ont é,lté ceux
93. Nous devons comprendre, en effet, que de grandes
dont. lestluteurs ont fait preuve de modération et Ont
différences séparent la· situation qui existe en Afrique
réparti équitablement le bien et le mal. Aucun d'entre
et celle qui existe dans l'océan Pacifique. En Afri{J.ue,
noua ne voudrait dire qu'il n'y a ni rien de bon, ni
les territoires qui attendent leur indépendance sont
rien de mauvais dans le colonialisme. Nous sommes
invariablement des ,régions d'une vaste· superficie, 1
cependant tous d'accord pour reconnaltre qu'ilim'"
la population nombreuse. Dans le cas du Pacifique,on
, porte d'y mettre fin le plua rapidement possible en
se trouve enprêsence demllUers de petites nes faibleaccordant i'autonomie à tous les peuples du globe.
ment peuplêes pour la plupart. Certaines d'entre elles
sont trop petitea pour constituer qne entité géogra87. Je me suis efforcé aujourd'hui depréclserl'attiphique ou politique, alors que, très souvent, la cohé-.
tude de l'Australie entant que puiasance administrante.
sion entre les nes et la tendance à l'unité nationale
J'ai, essayé de renseigner exactemen(j l'Assemblée
reatènt
encoreâ réaliser .,Le caractère padicul1er
générale, et de lUi montrer nos difficultés et l~ façon
de
cette
région du Pacifique a déjà,' été exposé. ayec
dont nous entendons leS résoudre, et par ailleurs d'exvigueur
et,
éloquence, devant la Quatrième Commispliquer noS objectifs et la politique que nOus enVisasion, par le représentant des Philippines. Ma dêlé..
geons de suivre pour lesatteind1"e. Devant cette même
gation, qui représente également une nation ,insulaire
aBsemblée, le Premier Miniatre australien déclarait
de
cette partie du nlQnde, partage pleinement son
le5 octobre 1960: " ••• nous considérons de notre
opinion
et le félicite d'avoir dit sans détour ce qui
devoir de permettre dès q\Je possible à ISl popUlation du
pr.éoccupe
â juste titre son gouvernement.
Pa~ua et de la Nouvelle-Guinée d'exprl:mer sa libre et
~atlêre détermination". (888ème séance, par. 46.]
94. n serait donc déraisonnable, peut-être, da slatten4re que .cette déclaration puisse être mise en
88.M. MIYAZAKI (Japon) [traduit de l'anglais]: La
œuvre, de manière A la fols •automatique et uniforme
question de l'abolition du colonialisme n'est pas nou';"
dans tous les territoires du monde. n ne faut jamais
velle. Nous Qvons vu exprimée dans le Pacte dé 111
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des
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lue,
ICJnt
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permettre au ohaos et au vide de s'installer, oe qUi
pourrait ouvrir les p01"te~ A toutes les éventualités
dans une pariie du monde qUi, JUSqu'il présent, a pu
être préser'Véede J'agitation et qui est demeurée
fidèle Il son nom. Cette prudence qui inspire madêlégatton ne ,signifie nullement que ,le sort de oes POPU"
lattOnS desnes du Paoifique la laisse indifférente.Au
contraire, nous espérons qu'elles auront, par la suite,
la possibllitéd'opter l1brement pour le statut qUi aura
leurS préférenoes de.façon Il poUVOir donner libre oours
~, leur génie propre et récolter entièrement les fruits
de leurS efforts.
95. Ma dêlégatlon voudrait saisir cette ocoasionpour·
s'arrêter sur certaines considérations d'un intérêt
particulier pour les nations qui· ont réoemment .fait
leur entrée sur la scène internationale.
100. Mais les souvenirs du passé, s.'ils doivent noUS
faire ressasser notre rancœur, ne faolliteront· guère
notre progression vers la liberté et l 'in~pendance:
il est préférable d'avoir le regard tourné vers l'ave- '
nir. Nous nous sommesaccordês pour dire que le
oolonialisme est un phénomène désuet. La ruée vers
les 'colonies, qui fut la règle des siècles passés,
n'extstepluset ne doit plus e~ster. Les tempS et les
conceptions. ont cbangé,etdêsormab3,grA.ce Il l'ONU
et Il la Charte, les règles du jeu dans la communauté
des natiOnS se sont définitivement modifiées. ExhortOns les puissances administrantes! lereconna1tre.
SI des accusations doiventêtre formulées, elles dOivent
s'adresser uniquement Il oeuxqUi se refusent Il admettre que les temps ont changé; il oonvient, en
revanche, d'en exempter les natIT~~~;qUi, promptes Il·
lereconnaftre, agissent en conséq~ence. '
96. Depuis le XVlêmesiècle, le flot du colonialisme
101. Une réaction en chafne d'accusations, d'impatience, de haine et de violence est déplorable, c'est le
moins' qu'on puisse dire. La transition d'un statut de
dépendance 4 c,elui,' de l'indépendance ne peut que
gagner a. être harmonieuse et pacifique, nulnepeut"en
disconvenir. Ma délégation prie donc instanunent tes
plJissances administrantes de respecter entièrement
les aspirations des peuples dêpendants. On nesauralt
en effet retarder .indOlnent le processus qUi oonduit,
à l'indépendance ou Ill'autonomie. Madélégattoninvite
d'autre parties peuples dêpendants A fatre montre de'
patience et ~\ choisir la voie d'une transitionpacifique,
fondée sur la bonne volonté et la c'lopération.
102. En c~~clusion, ma délégation exprime l'espoir
sincère que!~'adoption par l'Assemblée générale d'une
déclarationl!ur la fin du colonialisme fera cesser la
haine et le~, rivalités et ouvrira dans l'htstoiredu
monde une n\ouvelle'ère d'harmonie et de çoopération
universelle. '
.
103. M. CQMAY (Israël) [traduifde l'anglais]~ Ce
qu'l1 y a de ~lluaremarquabledanscedébat historique,
c'est qu'il n',auralt pu avoir lieu il ya une génération.
Cinq siècles se sont écoulés depuis que les nations
vi~ureuses et intelligentes vivant sur lescates de
l'Europe o,ccidentalesesont lancées à la découverte
et à la conquête de continents nOuveaux. EI~, devin- ,
rent maftresses du monde alors connu, depuis les
vastes'plaines7 quaSI désertes" de IJAm~rique~uNord
jusqu'aux centres des civilisations anciennes de l'Asie.
n y a 180 ans, la·marée commença Il refluer quand,
Il Concord, fut tiré unooup de feu dont l'écho rétentit
dans 'le ,monde entier. ,A la révolution américaine devait succéder la libération de '1 'Amérique latine;
l'Empire britannique, de Bon caté,évoluavers le statut
de dolllinion.
.
104. Cette époque fut marquée par l'émancipation,
volontaire ou nOn, de communautés de souche euro... '
péennequi ne voulaJent plus 'Vivre Sous l'autorité· des
pays lointains dontellesétaJent venues. Beaucoup
plus récemment. ce processuS d'émancipation s'est
étenduauxpeuplèsautoohtones de race non blanche
de l'Asie et de, l'Afrique. Ce n'est que depuis lafiJ;:< de
la secondeguerrEfmondiale et la signaturedèla CIU,~
de San FranciSco. 11 y a 15 anS, que l 'btdépendance
nationale a pris. sur ces deux continents, laforme d'ùn
raz de marêe irrêsistible. qui a radicalement tl'ansform~ la configuration politique du globe, 4 telle en-'"
seignequè les atlas scolaires de notre enfance, 01l. les
différents empireséiaœnt marqués chaoun'd'une cou'"
leur particulière, sont désormais devenus des, pièces
de m u s é e . '
..
a battu les rivages de nion pays, et oelui-ci n'a da
qu'à sa farouohe résolution de maintenir sOn indêpendance, dans des circonstances difficiles. Mettant
fin àun Insolement qui a' duré trois siècles, mon pays
s'est heurté amc dures réalités de la vieInternationale.
A cette époque, il n'y avait ni Société des Nations ni
Organisation des Nations Unies sur qui' s'appuyer7 et
c'est par' conséquent toute, seUle que. ma patrie a da
entrer en contact avec le reste, du inonde et lùi tenir
tête.
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1157
933ème séanoe'- 2 dêoembre 1960
97. La modernisation de la structure politique et des
établissements d'enseignement, la création d'industries utilisant les machines et l'électricité, tO\lt cela
a da se faire avec nos seuls moyens. La route sur
laquelle mon pays a péniblement cheminé étaJt dure,/:,
mais notre volonté et notre résolution nous .ont permis d'occuper, danslèconcert des nations, 'Une posit1on' qui est demeurée Il peu ..près insensible aux
iDfluences extêrieUt'es.
"
,
98. Le soùvenir de notre histoire nous inspire, uné
sympathie prof0!1de pour les pays colonisés. Non seulement noUS comllrenons lem désir d'indépendance,'
mais aussi nOus leur soUhaitons de réussir dans la
tAche qUi lés attend une fois l'indépendance acquise;
c'est là Une voie qu'ils ·graviront avec beaucoup de
'peine et qui les obligera Il faire âppel A toutes les
ressources de leur volonté. AUjourd'hui, avec l'appui
de l'ONU, tous les Etats Membres sont disposés A
le111' 'Venir en aidé· dans toute la meSure du nécessaire
et du raisonnable; les choses sont ainsi considêrablement facilitées. Sur ce point la communauté des
l1âtiôns a accompli' un réel progrès. Néanmoins,
malgré cette aide et cette assistance qUi 'leur sont
offertes,c'e'st tout d'abord sur elle"mêmequechaque
nation nouvelle doit compter pour poursilivre ses
progrès ,à un rythme régulier.
99. CQmrne je le disais il y a un instant, on constate
aujourd'hui, parmi les peuples non indépendants,un
sentiment d'impatience que noUS comprenons fort bien.
nva sans dire que nous ne devons pas 114ner en cours
de route et retarder le moment 01l. tous les peuples
obtiendront Ifindépendance ou ttautonomie.Maison
observe d'autre pàri que la ha.ine, et la méfiance
persistent. l l'égard des puissances colonisatrices,
dans certains pays qui ont subi l'humlllation et na'
sujétion du régime colonial. Nous le perceVOns d'après
10 ton et le vocabulaire employés. dans certains disCOUrs pron.oncés ~' cette assemblée. ,C'est Il une
sentiment compréhensible, que nousapprêcionsfort
bien pour notre part.. .,
.<1
.
.
..
.
"'."
1158
'
-'_~,;;',~
Assemblée générale -
Quinzi~me
session - Séances plêni~:l'es
109.: Le' principe cle l 'indépendance nationale .énoncé
dans le projet de résolution A/L.323 et Add.l à 5
tOUche db:ectement "les sentiments' les plus. profonds
du peuple d'Israi:Slet font appel â ses plus vénérables
aouvenirs. n ya des milliers d'années, noUS luttions
pour notre indépendance" contre leB~grands "empires
coloniaux de l'ancien monde. A de nQ'mbreuses reprises, lèU:l's armées en·, marcheGont, ~oulé ,aux pieds
.notre liberté. A de nombreuses repris/es aUssi, Israël
brandit l'étendard de la révolte, car, ~nf1nde compte,
un peuple ne peut jamais êtresoumisitantque l'amour
de la liberié reste vivant dans'son cœur.
110. Le calendrier hébl"euperpétue lé, souvenir de ces
luttes. Chaque année~il.l 'occasion de la J?Aque, les Juifs
éVQquent l'époque oil, il y' a plus de 3'~000 ans, Mol'se
conduisait les enfants d'Israë:§l hors dIes frontières de
l'Egypte oil ils étaient retenus en servltudE!j pOU:l' leur
permett:l'e de vivre l'existence d'b!"mmes libres en
terre promise•. Chaque année, le: neu:lvième jour du
106. Cen'est que de nos jours que les idéaux philomois d'av,les Juifs respectueux de la L<li jeQnent et
sophiques de Ubertéet d'égalité ont été enfin mis en
parient le deuil en commémoration de la perte de leur
pratique .dans les ,rapports internationaux. Mais les
hommes ne seront'Yéritablement des frères, dans la indépendance .nationâle dont Nabuchodonosor, roi de
Babylone, fut l'auteU:l' en 586 av. J.-C., pms les lépleine acception du terme, 'que lorsqUe la place de
gions :l'omaines. de Titus,' en l'an 70 de notre ère.
chacun dans la société, la, condition de chaque peuple
Channukah" la fête des lumiè:l'es, rappelle la révolte
dans la communauté internationale ne dépendront plUS
de
Judas Macchabée et de ses frères contre la domide la couleur de la peau ou des traits du viS'age.
nation et contre les persécutions ~eligieuses et cultu107. Ma délégation partage les vues du représentant
relles de l'empire syro-hellène. A l'occasion de Lag
de l'Argentine, qui a notamment· déclaré, dans· son
B'Omer, le dix-huitième jOU:l' du mois d'iyar, nous
éloquent discours:
évoquons la révolte juive hérolqueet réprimée dans
le sang que menèrent Bar-Kochba et le rabbin Akiva
"L'étude du bilan du coloniâlisme poU:l'rait nous
contre'
la puissance impériale de Rome, au cours du
mener beaucoup plus loin que nous n'en avons
deuxième siècle de notre ère.
l'intention. Ce qui importe, c'est de noter Céci:quel
que soit le jugement que l 'on porte maintenant, ou
111. Tels Ont été les événements qui constituent
que lesh1stodeLs futurs pOrieront plus tard sur ce
l'ar:l'ière-plan historique de la nouvelle indépendance
système, le régim~ colonial ne s'adapte pas aUX
acquise par Israël en 1948, après une lutte amère et
structures politiques du m.onde actuel. C'est un
douloureuse contre ce qui était devenu,' en fait, un
système qui a définitivement pris fin. ft [927ême
régime. colonial. Cette lutte entra1na. des déportations,
séance, par. 17.] .
des peries de vies humaines et la détention' de nos
chefs
ainsi que de milliers de nos GompatriQtes. Je
Quel que soit le bilanactuel, il ne fait aucun doute que,
ne
désire
cepe,ndant pas m'étendre sur ce point, car,
dans ses débuts, le colonialisme s'est traduit par
même,
pendant,
le .conflit, nous avons toujOU:l'S gardé
l'oppression et l'exploitation. Mais, d'autre part, Une
notre
foi
en
l'honnêteté
foncière du peuple britannique
fait aucun doute que la politique contemporaine et la
et
nous
avons
toujOU:l'S
apP:l'êcié
lieur juste valeu!' les
position des deux principales puissances coloniâles, Il
contributions. qu'il a apportées l la civilisation, et
savoir le Royaume-Uni et la France, sont fondés sùr
nous.
sommes heureux d'entretenir 'aujoU:l'd'hui des.
le louable désir d'accorder l'autonomie â leurscolorelations
excellentes et aDlicales avec le Royaumenies. A titre de preuve ces deux pays peuvent Il bon
Uni.
En.
évoquant.
ici ~ptre passé ancien et notre passé
droit montrer les nombreuses places qu'occupent
récent,
je'
n.'avais
pour but que d'expliquer pourquoi'
maintenant â l'ONU leurs anciens sujets, en qualité
nous rejetons énergiquement le concept de :l'aces
d'Etats souverainS et égaux. C'est Il un fait que l'on
supérieures ou inférieures, et la croyance selon lase doit de reconnanre, quelles que sÇ)ient les rancunes
quelle
un pays, une nation ou un peuple aurait le droit
qu'ont fait nartre les premières formes ducoloniad'en
gOuverner
un autre.
.
lisme.
.,
112. Qui peut avoir plus de raisons que nouS de
108. Si de nouveaux Etats désirent librement, dans
"proclamer à nouveau sa foi •••.dans la dignité et la, .
des conditions d'égalité et de respect mutuel, maintevaleur
de la personne humaine" et de hairet repousser
nir des liens d'association avec l'ancienne pUissance
"toutes les pratiques de ségrégation et de,discrimimétropolitaine, p'lrce qu'ils considèrent que ces liens
nation"?Tou~ au long des siècles, notre peuple en a.
leur sont avantageux. il n'y a aucune raison de voUloir
été la victillle classique; il a survécu à bien desévénequalifier· de "néo-colontalisll1e" ce genre de relations.
ments
sombres et ·sanglants, qui ont trouvé leur apc,lgée
C~est aux nouveaux Etatseux-mê~es, exerçant en cela.
quand
les
nazis ont ,entrepris d'apporter au problème.
leurs prérogatives sOuveraines, qu'il appartient d'en
déCider. n n'y a aucun lI1érite particulier à Ç)btenlr ' juif une solution qu'ils appelalentdéfinitive: legéno..
cide, c'est-Il-dire l'extermination d'un peupl~ tout
l'indépendance - et c'est là un point important Il
entier.'
."
.
signaler - dans la lutte et dans le chaos, si le transfert de pouvoirs peut s'opérer d'une manière ordonnée
113. . Nous ne pouvons oublier les souffrances passées
et par lea deux parties, comme·ce fut souvent le cas· et nous ne aaùrions conseiller à d'autres de lé faire.
et comme ce serale cas, nous l'espérons, pour tous
Ce· que nous nous Sommes cependant imposé dé faire.
les territoires encore non autonomes.
et ce que nous suggérons aux autres pays nou'Vellell1ent
105. , Dans les' quelques années qui suivirent la fin <le
la ~erre, l'Af:l'ique marquait le pas par rappo:l'ta.
l'Asie; le continent africain J.'este, actuellement, la
seule r6gion imporiante du monde O\l. l'on assiste
encore au phénomène de la "décolonisation". C'est
poU:l'quoi nous avons tous :l'essenti une joie sincère Il
la vlle des, changements spectaculail'es qUi se sont
produits depuis un an oU,deux et qui se sontt:l'aduits
par l'admission Il l'ONU, Il cette session de l'Assemblée, d'un si grandnomb:l'e de nouveaux Etats africains.
Trop ,longtemps, l'Afriqu~ a été'le continent oubUé,
qui végétait pauvre et ardéré, alors que d'autres
s'enrichissaient âses dépens en accaparant toutes ses
ressources, et que le mondeextédeur ne prenait que
trop souvent l'aspect effrayant dutrafiquant d'esclaves
qui s'enfonçait dans l'intérieur du pays pour y pratiquer un commerce encore florissant. aujourd'hui dans
ceriains pariies du Moyen-Orient.
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114.
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115.
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116.
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indépendants, c'est de ne pas s'appesantir sur le passé
et d'employer au contralretoutes énergies âcons...,
truire l'avenir.
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114. ' Nous. tous qui avons récemm ent acquis notre
indépendance avons découvert Il notre tour que la proclamation de cette indépendancen'est pas une fin en
soi, mals seulement un début. Au lendemainde$ festivit~s, les dirigeants de nos pays ont dO faire face â
l'intérieur l des' situations dUficileset l des, dangers
menaçants Il l'extérieur; chacun de' nous, dans l'accomplissement de cette' ,tache, 'a connu,des échecs et
des déceptions. Ceci n'est 1l,~s seulement vrai des pays
devenus depuis peu indépenœnts.Noùs, aVOns en effet
entendu, au cours de ces débats, ,les déclarations
auss~ mesurées que réflécl,l1es 'de représentants des,
pays de ' l'Amérique latine qui se sont 1ibér~8' de la
tutelle coloniale 11 y aplu~ d'un. siècle et qui; ~ujo'Ur­
d'hui enpore, continuent de lutter POU1" donner plus de
bieri-è~re Il ,leurs resso~issants.
115.' Prenant la parole le 10 octoore 1960, lors de la
discus'sion générale, le'Ministre des affaires étran~
gères d'Israël .a dU ce qUi suit:
'
,
"Nous, les pays neufs, nous sommes devenùs,
indépendants Il une époque od Ithomme accomplit
ses plus grands eXpl~its. Certaihesparties du monde
ont atteint des niv~~\D.C de vie et de développement
extraordinaires. ,n ne fatJ1;pas que Pon nous dise
d'~vancer lentement, 11 ne faut pas que l'onnous dise,
que le progrès des pays développés a pris des générations et dessi~cleB. Nous nepouvons pas,attendre.
Nous deVons nous développer rapidement '•••
,,~ • • Nous ne seronS jamais véritablèment librès
aussi longteinpsque nos enfants devront être nourris
par autrui. Notre liberté ne sera,complt)te que quand'
nous aurons app:rts Il tirer denotr~solla,nourriture
dont nous avons besoin~ Le cri qui morite aujoU1"d'hùi
des continents 'd'Afriquèet d'Asie est 'celUi-ci:
partagez avec nous non seulement votre nourriture,
mais aussi' vos connaissances sUr les moyens de la
" prodUire. L'inégalité aujourd'hui, ce n'est pas seUlement le fossé qui sépare le monde sUrIe planmatêriel, mais, ce qui est plus effrayant,'le fossé entre
ceux qui cherchent littéralement Il atteindre la lune
et ceux qUi né savent pàscommentatteindrè leur
propre sol polir en tirercedont'ils ont quotlt1ienne,ment besoin•.
"sàtisfaire ,la' fai'Ql de l'esprit n'est pas moins
urgent que ,satisfair~ la faim du corps•.n s'agit de
",.~avoir comment l~ monde peut s'or~ser ,afin .de
rattraper· le ;,retard~egênêrationset,p artager ces
connats~anc,es avec ceux qui en ontbesoin. " [B97ème
séançe, par. 128, 129 et 130.]
,
,
.
116. Ainsi qu'en témoignent les pol'nts de vue exprimés ici par les 'délégations des nations 'nouvelles,
leurs hommes d'Etat, sont pleinement conscients du
fossé qui existe èntre\JasoUverainetépolitique de
léllrs ,pays et les, conditions' réelles de Vie de lé1lrB
,peuples. Je vôÙdraf.$lnentlonner, notanunent,l'impc)rtance, s()UHgnêe par le'représentant du Ghana, des facteurs êCol1omique8 et socfauxdan$ les grandes' révolutions anticolonlâlfstes ·de notre époque,' de l'éné~e
créatrice' libérée" par l'indépendance, et du besoin de
relationsécofiomiques saines entre,les pays insuffi-'
sa.mment développés d'Asie et d'Afrique et les grands
pays industriels' d'Europe et d'Amériqueô Ma' délégation partageenti~rement ce point de:vue•
2 décembre 1960
1159
117. L'indépendance nationale est essentielle, mais
ellen'est pas suffisante" Aucune nation ne peut s'isoler
du reste du, monde" Nous habitoJ1S tous le même monde,
un monde dans lequel les peuples doiventapprendrel
coexister s'ils ne veulent pas périr ensemble. Dans
son introduction l l'Israel Government Year Book,
publié il ya quelques semaines, le Premier Ministre
de notre pays, M. David Ben Gourion; écrit:
"Des nations de toute importance, longtemps sOUmises l une domination étrang~re, certaines dotées
de cultures anciennes, d'autres bJ,cuItes depuis deS
,si~cles, secouent leur joug ets4i§issent leur indépendance. Le jour ne peut être éloigné ob. tous les
peuples, quelles que soientleur couleur, leur race ou
,leur culture, seront membres delafamillehu1l1aine,
'égaux'en droits, souverains et libres"
'Cependant, toutes les nations, quelles que soient
leur force ou leurs dimensions, dépendent de plus en
plus les unes des autres. ;rI n'~st gu~re d'Etat, si
grand, sf~che et si puissant .soit-il, qui puisse se
passer de lâ coopération et de l'appui des autres~"
Au-delh de l'indépendance de chaque peuple, il y a
l 'int~rdêpendance de tous les peuple$..
11B.Nous avons, étudié avec soin le texte du projet
del"êsolution,contenu dans 1e document A/L.323' .et.
Add.l l 5. Nous voterons en sa faveur et nous en appuierons les aspirations. Pour nous,celles-ei sont,
déjl annoncées dans les visions sublimes et univer-·
selles d'Isafe, de Jérémie et, des autres anciens
proph~tes hébreux qui ont prêché ,l'égalité de tous les
hommes et de toutes les nations, et dans les paroles
du proph~te Am.os:
,-N'êtes-vous pas pour moi comme les enfants des
Ethiopiens, & enfants d'Israël? dit l'Eternel."
119. M., HERRARTE (Guatemala) [traduit de l'espagnol]: La délégation du Guatemala, suivant en celaurie
ligne de conduite, dont elle ne s'est jamaiS départie'
aussi 'bien ici qu'en, dehors de notre organfs.ation,
désire une nouvelle fois marquer sapositionenfavel.ir
de la liberté des peuples et dé la suppression de ce
, phénom~nehistoriciue connu sous le nom de colonialismequf, depuis, quelqUe temps déjl. est nettement'
en décadence.
'
120. Nous ne sommes pas venus ici pour porter des
accusations, de, quelque, nature que ce soit. En tant
que nation qui a accédé li'indépendance apr~s avoi~
vécu longtemps sous le rég1JneQolomal, le Gua~emw.a
a appris l aimer la liberté.'.Nous tenons jalousement
A notre indépendance et sommesfel"Plement convaincus
que 'tous les peuples peuvent f:iXer .eux-mêmes leUr'
destin et~ se gouverner ewe-m.êmes. C'est bien l~ le
meilleur moyen de dêvelopper leur patrimoine culmrel, d'a,ssurer le bien-être de leurs habitants et d'a
parvenb" l exploiter leurs ressources ~aturellês'Â
le~rPl'<?pre bénéfice.'
, "'
121. Nous commettrions unè Injustice en désignant
comme puissances colonialistes les seules puissanceS
oCJcidentales qlli possMent ou ont' récemment possédé ,
des colonies. A notre ,'avis, ,le colonialisme est né'le
jour 'ob. l'homme a commencé d'exploiter l'homme, le
jour 'ob. les premi~res 'tribus ont soumis les tribua'
V'oisines~ le jour ob. se sontformés les premiers·g:tands'
empires de 1'antiquitêqui asservirent des populations:
plus. oU moins éloignées, encore. que toujours lIeur
portée, ét~tdollllé les moyens de communicationdont, '
on disposait l l'époque. Le colonialisme inspirait iles .
-,--~._---
1160
Assemblêe générale- Quinzième session -Séances
desseins d~lex:andreI.e Grand et de ses années de conquête cpi parcoulUrent tout le Moyen-orient;i1 existait' Rome, qui vainquit tant de peuples différents.
habitant tout au long· des côtes du mare nostrum,et
fit de leurs pays autant de provinces de son vastè
empire.. De grands pays comme la Chine ou la Sainte
Russie se sont eux aussi édifiés au moyen d'entreprises colonialistes, la Russie notamment, qui conquit
jusqu '1 III Sibérie et l'extrémité orientale du continent
asiatique, exerça sa domination sur les peuples voisins,et étendit sesfrontif;res l. mesure qu'el1eaffermissait ses conquêtes, tant il est vrai. que le colonialisme et l'impérialisme sont deux termes qui tendent
souventh se confondre et 1 avoir lamême signification.
122.. C'est le progr~s de la navigation et les con
quêtes de la technique qui pouss~rent vers de lointains
continents les peuples qui détenaient ces connaissances. La découverte de l'Amérique ouvrit denouveaux: horizons au colonialisme. A mesure que les
communications interocéaniques devenaientpossibles, '
les Européens, mattres des techniques, se répandirent'
en Amérique, puis en Asie, et enfin en Afrique et en
d'autres régions.
123. Ce n'est pas ici qu'il faut décrire le lent processus qui a abouti au colonialisme moderne. Cependant, au fur et h mesure que lee. connaissances techniques se répandaient dans le monde et que de nouveawc
peuples entraient dans l'histoire, le mouvement
commença 1 suivre - paradoxalement - une courbe
descendante, si bien que depuis quelques années nous
assistons h sa liquidation presque totale.
.
.
G
apr~s nous être
rendus indépendants de la m~re patrie, nous en
sommes arrivés h comprendre que tout n'était pas
mauvais dans la colonie, que nous avons reçu de
l'Espagne d'immenses richesses sph1tuelles qui constituent notre héritageeulturel et raffermissent. nos
âmes en face des vicissitudes de la vie. AujoU~d'h\i}i,
de nouveaux pays s'éveil1enth l'indépê:md~l1ceet
devront se convaincre que l'hostilité et la rancœur
doivent faire pla':}e·h la compréhension et h une saine
coopération qui n'implique en aucune façon ni l'asservissement ni une forme quelconque d'exploitation
déguisée. Le chemin h suivre est rude et plein de
.difficultés.
'
125. La liquidation du colonialisme, qui s'était timidement amorcée apr~s la premi~re guerre mondiale
lorsque la Société des Nations institua le syst~medes
mandats poUr l'administration des colonies des puissances vaincues, s'accéléra sensiblement quand fut
promulguée la Charte des Nations Unies, qui prévoyait
d'une part le droit des peuples h disposer d'eux:...
mêmes et d'autre partfiXaitle régfme de tutelle applicable aux anciens territoires sous mandat, aux territoires pris aux Etats ex-ennemis de laseconde gue~re
mondiale et am( territoires volontairementplacés sous
régime de tutelle par les Etats responsables de leur
administration. Les dispositions régiSSant cesyst~me
de tutelle énoncent clairement la nécessité de favoriser le progr~s politique, économique et culturel des
populations qui·y sont soumises, afin que prog,ressivement elles puissent arriver h. se gouverner ellesmêmes, compte tenu des conditions particuli~res·1
chaque territoire et des aspirations librement exprimées par les populations intêressées.La Charte con'"
tient également un chapitre spécial relatif aux territoires non autonomes. Certes, les dispositions de la
Charte applicables h ces territoires étaient plus.
124. Màintenant, plus de 100 ans
plêni~res
restreintes; on ne pouvait s'attendre qu'il en mtautrement, étant donné les. importants intérêts politiques
et économiques que possédaient les puissances cola.
nisatrices. Cependant, c'était déjh le commenceIJlent de la fin. En acceptant la mission sacrée d'administrer ces territoires, ces puissances s 'engag~rent
11 transmettre des. renseignements .h leur sujet; elles
déclar~rent formellement que les intérêts des habitants autochtones l'emportaient surG~ous les autres, et
qu'enfin il leur appartenait d'aider les populations de
ces territoires, h se gouverner elles-mêmes et d'encour~er leurs aspirations politiques.
126. Ces dispositions pleines de sagesse ont indiscutablement conduit h des résultats encourageants.
Certes, on aurait pu, en cette occasion, régler d'un
trait de plume le sort de tous les territoires non
autonomes, mais les conditions politiques ne s'y
prêtaient pas vraiment, outre que ce n'est pas d'un
seul coup que l'on arrive 1 prendre des décisions de
cette importance; les pays colonisateurs marquent en
effet une grande· répugnance h renoncer h leurs privil~ges. Voilh pourquoi les luttes pour l'indépendance
ont ~oujours un caract~re dramatique, le dénouement
n'intervenant le plus souvent qu 'apr~s des combats
cruels.
127. n nous faut donc nous réjouir que le processus
de liquidation se soit déroulé dans l'ensemble de façon
pacifique au cours de ces derni!res années, et ceci
grtlce h l'esprit qui régnait 1 la Conférence de'San
Francisco, et qu'il touche. maintenant h son terme..
128. Mon pays a tiré une grande satisfaction et un
légitime orgueil d'avoir été membre' du Conseil .de
tutelle et du Comité des renseignements relatifs aux
territoires non autonomes. n croit avoir. accom~li, en
cette occasion, un grand devoir d'humanité par le labeur et la vigilance dont il a. fait preuve en faveur du
développement des peuples soumis h ces régimes eten
faveur· de leur Indépendance. Nous avons poursuivi
cette œuvre au. sein de'la présente assemblée.
129. C'est ainsi que ma délégation a vu avec la plus
profonde satisfaction admettre au sein de l'Organisation de nombreux nouveaux: Etats qui étaient d'anciennes colonies ou d'anciens territoires sous tutelle.
Le signe le plus sdr de ce processus de décolonisation
est l'augmentation du nombre des Etats Membres: de
51 qu'ils étaient 11 y a .15 ans, au dêbut de,l'existence
de l'ONU, ils sont aujourd'hui une centaine; autrement
dit ils sont deux: fois ,plus nombreux. 8i nous prenions
une carte du monde datant de la fin de la derni~re
guerre, oh les anciennes possessions coloniales étaient
teintées de diverses couleurs, et si nous la comparions '
1 une carte qUi .tiendrait.compte des derniers changements, nous verrions combien le~ perspectives sont
encourageantes et combien nous sommes déjh en droit
de parler de ve~tiges du colonialisme.
130. C'est pourquoi-IDa délégation estime que la liquidation du colonialisme,. quï peut être tr~s prochainement un fait .accompli, .ne devrait pas, être utilisée,
comme un moyen dém~og1que au, service de la guerre
froide. Le probl~me doit au contraire être traité avec
. le sérieux et le .bonseD3 qu'exige l'époque actuelle.,
n fant avant toutêv:lter que les pays qùI sont h la
veille d'accêder· h l'indêpendancene deviennentl 'onjeu
même de cette guerre froide, et ne soient ~ransformês
en pions sur l'échiquier de ce jeu dangereux, n'ayant
d'indépendance que par l'étiquette, mais demeurant
assujettis hune domination qui seraitpire que celle de
l'ancien régime colonial.
131.
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933èmeséance .- 2 décembre 1960
131. Nous ne devons pas passer sous silence l'effort
louable'des pays devenus récemment indépendants en
faveur de l'abolition totale du colonialisme. C'est cette
m~me semence qui germa en Amérique au moment oh
commença la lutte pour Ifindépendance, et qui par la
suite se propagea sur tout le continent. C'est ce lnême
effort que déploybrent les peuples latino-amêricaitlB
dans lespremibres années de l'ONU en faveur de
l'indépendance des peuples asiatiques et africains, et
qu'ils reprennent maintenant pour en finir une fois pour
toutes avec' le colonialisme.
132. L'esprit qui régnait h notre fameux:
améric~n
congr~s
de 1826, réu.ni ,sur l 'in~tiative du libérateur
, Sim6n BoIrvar, est aussi celui 'qui s'est manifesté au
cours des rêuniotlB de Bandoung, d'Accra et d'AddisAbéba, réunions qui sont si chbres aù cœur des pays
asiatiques et africains..
133. Nous avons entendu ces peuples revendiquer la
liquidation du colonialisme sur leur continent; mais,
dans cette même Amérique libre, il reste aussi des
vestiges', de colonialisme, qui sont l'héritage d'autres
êpoques ,et qu'il nous faut)iquider.' Dans les'Antilles,
dans les Guyanes, dans la partie du' territoire d-ù
Guatemala indQmeJ;lt occupée par laGrande-Bretagne,
:h savoir notre territoire de Be1ize~ le colonialisme
parait encore solidement installé. Ace propos, nous
avons été'encouragés par la déclaration du 'représentant du Royaume-Uni qui,' dans ce débat [925~me
sêanae),a déclaré que sonpays partageaitenti~rement
les sentiments et les objectifs'des peuples africanoasiatiques visant 1'octroi de l'indépendance aux peuples
qui n'en jouissent pas encore. Ces, sentiments .sont
aussi lesn6tres;souhaitons donc que le RoyaumeUni, faisant honneur 'h sa parole, se décideh mettre
un terme au différend séculaire qUi 'le sépare du
Guatemala h' propos' de notre territoire de Belize, et
respecte ainsi l'intégrité territoriale d'un pays qui,
en raisondeSa fâiblesse et de ses maigres ressources,
,n'a d'autre arme 'que la justesse de sa cause.
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134. Je ne voudrais pas importuner l'Assemblée èn
m'étendant longuement sur un aspect particulier du
colonialisme; aussi m'abstiendrai-je de traiter le fond
du sujet. Je veux cependant déclarer que, conformément h l'~rticlepremier (numérotage provisoire) de
notre co~stitution,Belize fàitpartiedenotre terri...
toire national et qu'il est pour nous d'un i~têrêt vital
de la ramener daD$ le territoire national•.
135. Si
l~
colonialisme ne peut se JUStifier en aUcun
point du' globe, il estincqmpréhensible qu'il subsiste
enc()re des vestiges de ce syst~meodieux enAniérique,
qui' fut précisément le premier 'Continent h conquérir
son indépendance et qui a donné au monde 'la plus
remarquable leçon· d'autodétermination .et'de liberté.
Ap~s environ 150 'ans d'indépendance, nOUs avons
appris 'aimer la liberté. En dépit de .nos erreUrs
politiques, nous conservons jalousement l'héritage de
nos libérateurs et nous. avons contribué, par notre
enthousiasme et par noS effortsll l·la libération de
beaucoup d'autres pays. Espérons, donc que les revendications américaines seront entendues. Ce souffle de
liberté, devenu aujourd'hUI un vent puissant etuniversel, doit , nouveau atteindre l'Amérique, d'oh il est
parti, pOUr y balayer une fois pour toutes les vestiges
du colonialisme. Nous 'lie doutons pas que les peuples
d'Asie et d'Afrique ne répondent avec le même esprit
de générosité dont nous avons nous-mêmes fait preuve
en faveur de l'indépendance d.e ces pays lointains~
1161
136.. Mon pays est fermement convaincu que, pour
donner leur plein effet aux:, dispositions de l'Article
premier de la Charte des Nations Unies, quia pour
but essentiel de maintenir la pabtetlasécurité internationales, il est nécessaire et opportun d'abolir le
colonialisme.. L'asservissement d'un peuple par un
autre a toujours pourconséquencelogiqued'entretenil"
l'irritation entre l'oppresseur et l'opprlmé. Cette
irritation se traduit pàr· des luttes et des frictions, et
parfois par des guerres cruelles et prolongées, laissant des séquelles de haine qu'il est tr~s difficile
d'effacer. n ne pourra davantage y avoir de véritable·
coopération internationale fondée sur l'asservissement d'un peuple par un autre ou sur la violation de
l'intégrité territoriale d'un pays.. C'est pour ces raisons fondamentales que le colonialisme est anachro..nique; si on veut en effet respecter les buts et principes de la Charte, ces formes de domination ne sont
en aucune façon admissibles.. Le prétexte bien connu ,
du retard des peuples colonisés est dépourvu de justification. Nous avons vu en effet comment des peuples
que l'on considérait comme arriérés. renaissent,. se
joignent au concert des natiol1$ et s'adaptent aux techniques modernes.. La lutte contre la domination économique et politique et contre toute forme de discrimination ràciale estun signe des temp~. Rien ne pourra
arrêter la, marche des pays insuffisamment déVeloppés
vers le progr~s•. économiCJUe, politique et social.
137.n n'est pas moins évident que le colonialisme
est totalement incompatible avec une saine conception
juridique "et phUosophique des droits de l'homme..
'Comment peut-onconcUier cesprêtextes fragiles.sur
lesquels se fonde le colonialisme avec les belles décIa"
rations sur les droits de l 'homme, qui ont été proclamées devant cette assemblée il y a 12 ans? Quelles
phno~ophies, quelles conceptions juridiques peuvent
s'opposer' un précepte quI n'est'rien. d'autre.· qUe la
reconnaissance d'une vérité, immanente, ., savoir: les
hommes naissent libres et égaux endroit et en dignité?
La Déclaration universelle des droits de l'homme
proclame que personne ne devra être soumisll'esclavage, que. personne ne poUrra être :mis en servitude.
Or, sur quoi se fonde le colonialisme, siee n'est SUr
l'esclavage et la servitude? C'est pourquoi, en condamnant toutes les fOrmes de colonialisme, ma dêl~.
gation conda:p1neêgalement toutes ses formes camouflées, qui sont des formes d'assujettissement collectif
imposé h des pays. qui ont été indépendants et qIl'on ne
peut même pas accuser d'avoir été mal préparés A la
vie libre,l des pays oh le .respect de la dignitêet de
la liberté de la personne individuelle et de ses grandes
valeursspirituell~sa cessé d'exister.. C'estpQUrquoi
nouS avons êt~ sûrpris, devoir l 'Union soviétiqueproposer l 'inscription Al'o'rdr~ du jour de laqu~sti()n de
l'abolition· dU colonialisme, .alors' qu'elle s'oppose
obstiriêment'·auxaspirations des peuples opprimêspar
le ·nêo-colonialisme mosèovite.
138. Ainsi, c'est aveclesentfment d'accomplir Un
devoir et sans intention démagogique ni récriminations
stérlles que noUs voulons contribuer 1 cet effort en
faveur de la liberté. Ma délégation se réjouit de penser
que, dans un proche aveDir, nombre de nouveaux pays
pourront siéger au sem de l'Organisation apr~s a.voir
acquis leur indépendance pleine et entibre,réalf.sant
ainsi l'idéal universaliste qui aniJne l'Organisation et
qui permettra ".1 'humanité de trouver son unité dans
la 'Ubertê.. AujOurd'hui,en effet, grâce auxdêcouveries
.prodigieuse. ,de la technique, l'homme doit faire un.
choix entre sa propre destruction et la découverte de
~":::'-':::;.:--l."
6';=IP -I~_---,,1
_
1162
Assemblée générale - QUinzième session - Séances plénières
mondes nouveaux:;· que ce soit Utun signemontrant\ que
l'homme saura choisir la voie de la raison
et d,'~
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justice.
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139. Nous avonsprls connaisl3anceavec 13àtisfact!on
du. projet de résolution A/L.323 et Add.1 l 5 parrainé
par de nombreux pays,. d'Afrique et d'Asie enpartfcul~er, et qui réunit un grand nombre des postulats qui
conduiront l l'aboUtion du colonialisme. n n9usest
donc agréable de déclarer que nous considérons ce
projet de résolution comme constructif et, dans l'ensemble, .conforme l notre point de vu.e. De même, nous
avons favorablement· accueilli le projet der~solut1on
présent~ hier par la délégation du Honduras [A/L.324],
qui .proclame l'abolition du colonialisme et prévoit la .
création d'une commissio)1 chargée de viSiter les
territoires nonenCOr'3 ;indépendants et de faire des
recommaJldations lors de la prochaine Assemblée
générale sur la façon la plus. rapide etla plus efficace
de mettre fin au colonialisme. NoUs étudierons avec
la plus. grande attention ces projets de résolution et
nous réservons le droit d'intervenir l nouveau lorsqu'ils· viendront en discussion.
.M Boland (Irlande), reprend la présidence.
140.M.BENIT'ES VINUEZA (Equateur) [traduit de
l'espagnol]: Les représentants de 99 Etats se trouvant
réunis ici, on pourrait dire que notre assemblée est
bien celle de l'humanité, et c'est dtailleurs ainsi qu'on
l'a appelée. NOUS sommes les représentants des popu·
lations .des Nations Unies, Comme le proclame la
Charte, c'est-l-dire des peuples du,monde entier.
Pourtant, nous constatons ici une absence qui équivaut
l une présence, une présence accusatrice. Je veux
parler de l'absence de ceux qui subISsent le joug colonial, des peuples de la terre qui sont asservis.
141. Cette absence constitue une accusation tr~s
grave pour notre conscience d'hommes libres, car elle
nous place devant un dilemme inéluctable: ov-bienees
peuples ne sont pas présents ici parce qu'on n~ leur a
pas donné la liberté qu'ils méritent; ou bien ils' ne le
sont pas parce qu'il existe dans le monde des territoires 011 (~e dêveloppementculturel ne permet pas
encore l .leurs populations de se gouverner ellesmêmès" D'une façon ou de l'autre, leurabsencesignifie que nous acceptons cette injustice évidente.
142. Bien que j'aie entendu le représentant d'une
grande puissance déclarer qu'il écouterait avec respect et avec attention tout ce qUe diraient - sur le
problème colonial - les pays d'Asie et d'Afrique, je
pense que -.sur ce P10int .~ les pays d'Amérique latine
ont eux aussi leur mot·l dire. Le représentant auquel
je fais allu.sion sait assurément combien la Gr~de­
Bretagne a apporté de secoursenhommeseten'argent
aux pays de l'Amérique latine, il y a plus d'un siflcle,
pour leur émancipation politique;. il sau.ra également
reconnàftre qu'il existe encore enAmérique des territoires dépendants et que plus d'un Etat formule des
revendications territoriales.. Je' ne pense pas~ cependant, qu 'Ufaille invoquer des titres particuliers pour
mettre le système colonial en accusation..
143.. La nation que je représente a vécupendanttrois
siècles sous une· domination étrangère qui, bien que
spécifiquement féodale, est communément appelée
coloniale. Pour s'émanciper, mon pays dut soutenir
une lutte sanglante qui dura 20 ans. Cettelutte représenta d'immenses sacrifices, notammentd'ordreéconomique, qui par la suite pesbrent lourdement sur son
développement. Nous ne VOUlons pas que les peuples
qui s'efforcent d'obtenir leur liberté soient obligél3 de
faire couler le sang, d'accepter des sacrifices, de·
comprométtre, b. longue échéance, leur avenir. No~
ne leur souhaitons pas' de conna1tre IL lelU" tour notre
douloureuse expérience. Et c'est Il un motif valable
pour parler de cette tribune.
144. Je sens, en le faisant, peser surmoi une lourde
respoi1sabil~té. .En effet, lesujét que nous traitons,
c'est celui de la douleur de l'homme; ê 'est quelque
chose de aimpleet profond IL la fois qu'èxpriment ces
deux mots, il n'existe rien de plus sacré. C'est pourquoi ma délégation ne peut accepter que l'on fasse de
cette question un thème de propagande ouun déplorable
instrument ,de guerre froide.' Nous n'admettons pas que
l'on essaie de le transformer en un exercice de dialectique colonialiste;' mais . nous n'admettons. pas
davantage qu'il serve de tréteau alQC. càmelots de la
démocratie qui vendent, aux quatre coins dU. monde,
des recettes de bonbeur collectif.,
145•. Je dois, en premier lieu, exprimer, aù.nom du
Gouvernement de l'Equateur, la profonde sympathie
que nous éprouvons h l'égard des peuples opprimés
par le régime colonial. Le colonialisme est, d'une
façon générale, une forme de racisme; c'en est une,
hiStoriquement, et l'Etat que je représente, qui est
fondé sur une société multiraciale, a connu le statut
colonial. La société équatorienne autochtone, qui- a
subi le colonialisme des Incas p.endant deux générations
et qui a fini par secouer' ce joug écrasant, était une
société multiraciale. L'Espagne, qui nous domina trois
siflcles durant, était également multiraciale: elle était
tout h la. fois celtique, ibérique, grecque, phénicienne,
romaine, . gothique, hébraique'et enfin glorieusement
arabe. Les Africains que· la rapacité des hommes
~lancs entassa dans les bateaux des négriers étaient,
eux aussi, les représentants de races multiples. Nous
savons donc - depuis un passé qui remonte lia période
préhispanique - ce que signifie .la domination coloniale, et, aprfls un siflcle de régime républicain, noUs
savons de quel poids elle p~se sur· notrepassê.
146. J'ai hésité c~pendant lqualifier de colonisation
la domination qu'a exercée l'Espagne .pendant trois
siè~les en Amérique et, par conséquent, sur mon pays.
Le phénomène de l'expansion espiJ,gnole outre-mer
est en effet un phénomène original etunique au.monde.
n ne ressembla pash ce que firent les Phéniciens .en
établissant sur les portsdelaMéditerranéeunemultltude de colonies l caractère commercial, ni aux villesEtats bâties par la Grèce, centres d'une admirable
culture cependant fondée sur unsystflme de production
esclavagiste. On ne peut pas davantage le comparer h
la domination romaine, chef-d'œuvre d'une organisation juridique visant ft l'exploitation par l'imp6t.
L'Espagne, quantl elle, aar<Iemment désiré créer
une Amérique b. son image. El~e a recherché l'âme.
de l'autochtone - objet m~me de son œuvre colonisa"
trice - pour la sauver et.la faire entrer, conformément h Sa conception chrétienne, dans le royaume ,de
Dieu. La tendresse que l'Espagne a montrée ·b.l'égard
de ce nouvel être, appelé ingénument et par erreur
indien, fit que des juristes comme SUârezet Vitoria
.... avant Grotius - fond~rent le droit international
sur le respect de la dignité de la personne humaine
et sur la n6gatiQn du droit de conquête. Ce fut cet
. élan qui fit crêer\\ par les juristes espagnols le code
;le plus humain qui:ait jaitlais été établi par un peuple
colonisateur: je veux parler des Leyes, de Indfa.!
(LoiS des Indes).. L'Espagne n'a pasdres$é de barrières entre les races, mais bien au contraire s'est
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933ême séance, - 2 décembre 1960
unie , celles-ci pour produire notre société hétér~
g~ne actuelle. Qu'il Y ait eu des injustices, c'est un
fait certain; que des atrocités 'aient été com.mises, on
ne peut le nier; mais, s'il y eut une dominatiQn Inex~
rable~ ce fut sans la responsabilité et contre la volont~·
de la métropole, qui ne cessa de.considérer les pays
d'Amérique.comme des provinces d'outre-nier.
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147. Le colonialisme, tel que nous le voyons dans le
monde moderne, est fondé sur des principes opposés
, ceux dont l'Espagne s'est toujours réclamée. n se
fonde, en premier liéu, sur l 'hypoth~se de l'inégalité
humaine qui 'est , la base de l'exploitation de la terre.
On retrouve dans sa doctrine, ou tout au moins dans
s~s fondements historiques, ùn racisme latent. Les
hommes, ,ft. l'époque des .premi~res decouvertes,
croyài~nt c;iu'en arrivant , l'Equateur leur peau
deviendrait noire,. comme celle'des habitants 1 de
l'Afrique. Cette crainte de se ,transformer' en noirs
se transmit dans le subconscient des descendants de
ces chasseurs d'esclaves qui - de toute ,évidence ..;,.
ne furent jamais des Espagnols~ Je ne voudrais tirer
aucune conclusion désagréable, ni citer d'exemples
concrets; mais tel est certainement l'étatd'espritdes
racistes d'aujourd'hui~i, dans les villes,d~ns les
quartiers des .villes, dans les services publics,
dressent des barri~res entre les blancs et les noirs.
148. Le racisme et le colonialisine sont inséparablement unis. d~s l'origine. A son origine, Uy a la
recherche des pays tropicaux producteurs d'épices.
Pour trouver ces épices, les Portugais se lanc~rent
dans, le mare· tenebrum, dOllbl~rent le' cap de Bonne-\
ElJpérance, découvrirent Madagascar et atteign.irent
les Indes, alors que d'autres navigateurs, s'écartant
de cette route, atteignirent les cStes4u Brésil, appelées .côtes, du bois.· ;Pour trouver les· Indes, pays
producteur d'épices, ,les navigateurs espagnols prirent
la direction enco;re mystérieuse de l'Atlantique ouest;
les Dilotes espagnols Vicente Yâilez et Martfn.Alonso
Pinz6n, engagés par Christophe Colomb, découvrirent
l'Amérique. La. découverte des pays tropicaux ,créa,'
, son, tour, des besoins nou:veaux,etfut ~ l'()rigine du
c()mmerce le plus inhumain: le trafic d'hommes. Le
noir- devint une marchandise; on alla le chasser sur
les cÔtes d'Afrique, comme· s'il se rot agi de bêtes
sauvages. La doctrine esclavagiste fit son apparition
pour justifier cette chasse atroce et l'esclavage devint
. ainsi le fr~re jumeau du colonialisme, qui n'est rien
d'autre que la forme collective de l'esclavage. Telle
est lagen~se du colonialisme classiC{1ie.
149. Les besoins de l'économie donn~rentuneimpul­
sion nouvelle , son développement et le peuplement
des ~ondes .lointains poussa a .la ,capitalisation des
entreprises industrielles. Les capitaux privés. qui
s'étaient ,groupés pour Servir auxgranqes découvertes,
~e suffirent plus. Alors apparut ce qui allait être
l'outil par, e1tcellence .ciucapitalisme moderne: la
société par actl9ns ft. responsabilité limitée. TI est
intéressant de noter que la premi~re de ces· sociétés,
fut une entreprise coloniale, laCompagniehollandaîse
des Indes. Le syst~me colonial transforma l'économie
des, sociétés, 'éleva' le mercantilisme au rang d'une'
doctrine' d'Etat, et, h son tour, le mercantilisme
développa le colonialisme. La lutte pour les lIlarèhés
provoqua d'inévitaoles tensions internationales. Lors- .
qu'il ne fut'plus: 2 ossible de négocier les colonies
comme des marchandises, on d~.clencha des guerres
de conquêtê, ou on assista' de Violentes luttes diplomatiques. Nous savons tous quelle a été 1thistoire de
l'Europe· du XVImme au XIDme si~cle, et il est
Inutile d'en parler ~ nouveau.
150. C'est ainSi que le colonialisme revêtit ce que.
l'OJi appelle; son aspect classique, celui que ,nous vou..
Ions liquider. D~uis lors; le cOlonialisme a pris son
plein essor et est devenu un mode d'exp'QitaUon des
pays sous-développés, capables deprodutre, gr~ce. ,
une main-d'œuvre presque r!~uite , l'esclavage, des
niati~respremi~re&\, bon ma~hé, et capables aussi
d'absorber -les exct;aentsind~triels , des prix
élevés. 'Cette forme de colonialis~tüt"la cause de
luttes et de guerres. En effet., lesEtatsqui'arriv~rent
trop tard .dans un monde partagéexig~rent-1eur part. '.
o 'est ainsi' que presque toutes les guerres que cette
période de l'histoire a connues -y compris la pre...
mi~reguerre mondiale .... ont eu pour origine lfl,);atte
pour les marchés coloniaux ousemi-coloniaux.,:1'1JÏ1est
. pas étonnant que, lors de lapremi~retentatived'orga..
nisation mondiale néeapr~s, la· Grande 'Î;.Gu~rre, le
syst~me coloniaUsteaitêté maintenu.
,,\.~,~ \
.
,
.'
1
151. Je vous prie d'excuser cett~_digressiQnip.isto­
rique. Je puis cependant VOUs~,3'sttre1"- qtL'il.ne.s'agis..
sait pas, l' d'un exerciçethê6rlque.. Audébut de cette
discussion, nous ·.~v9nâentendu distinguer -etavec
raison ... leèol~pif.nsmec~assique et le néo-colonia..
lisD;1e... n êtail/nêcessaire en effet de jeter un coup
d'œil rétrospectif sur ce colonialisme classicp~e pour
en expliquer la force et la :{Jersistance. J'en,p.rrive
maintenant' ce qui constitue la raison d'être de sa
prochaine liquidation.
152. 'Ma ,dêlégationtient '.demeurer parlaitement
objective et' retrouver le fil d 'Ariane qui pourra nQUS
diriger dans le labyrinthe des opinions. C'estpourquoi
je commencerai par examiner ee que stipule laCharte
des Nations Unies sur ce·poiùt. n convientde noter que
la Charte, , la dlfférencedu Pacte de la Sociét6.des .
Nations, a compl~tementsupprimé toute reconnais"
sance du régime colonial. n était logique qu'il en.fQt
ainsi, car là Charte énonce dans son' préambule un
ensemble de principes touchant l'égalité des homme.s
et les droits des peuples qui est incompatible avec la
servitude coloniale.Mais,s'inclinant devant des réa"
lités inéluctables, la Charte a créé un régime de
tutelle des anciennes colonies qui est défini dans les
Cha~itres Xl et XII.
153. Qu'il me soit permis de signalerqu'Un'existe
pas de différence,s, quant au fond, entre ces deux
chapitres. En réalité, les territQires non autonomes
et les territoi;res sous tutelle sont les uns et les
autres placés sous un régime juridique semblable;
desdisposi~ons,analogues réglementent les rapports
entre les territoires dépendants et la puissahee ad..
m~strante. Les différences . qui apparaissent entre
les deux chapitres ne correspondentqu'a des néces"
sités pratiques.
.
154. En effet, dans un cas comme dans l'autre, c'est
l'Organisation qui co~re le pouvoir d',~di11inisc:rer:
L 'Arti~le 73 de la Charte stipulequ'en ce qui' concerne
lesterrttoiresnon autonomes, l'acoeptation de l'ad..
ministration par la puissance administrante est Une
"mission,sacrée w, et les puissances intéressées sont
tenues de se c'onformer aux moda.Iitésqueprévoitla
Charte...
.
55. L'article 75 de'la Charte stipule nettement que:.
"L'Organisation des Nations.. Unies établira, sous' son
a~torité, un régime international de tuteUe pour l'admlinistration et la surveillance des territoires <qui
'\
1164
.-i?'_--
Assemblée générale -
- - _ - _ -_ _- -
Quinzi~me
........se$sion -
Séances' pléni~:res
---
- - -_ _
ignorer que cette émancipation est<h,te 11'iDf!U:3nce des
pourront être placés §ousce, régime ••• " Dâlls,uncas
principes de laCha;rte,d'unepart, et, dJautrepart,A la
comme dans 1iautre, la Charte prévoit que c'est l'Organisation qui exerce les fonctions de mandant, et la compréhension de nombreuses puissances adminispuissance administrante qui accept\1 celles de manda- trantesqui ont mené Abien leur tAche et les ont con..
taire, créant ainsi un lien qui doit être soumis ft. ce daits,A l'autonomie. La sagesse des représentants de
rapport juridique.
'
ces anciennes colonies qui sont aujourd'hui des Etats
indépendants démontre éloquemment que leurs anciens
156. L~ rapport de mandant Amandataire que stipule
administrateurs se sont m9ntrés soucieux de leur
la Cha~l,entre l'OrganiSation et la puissance adnliassllrer, conformément aux dispositions de la Charte,
nistrante'r créè un ensemble de liens juridiques. De un developpement culturel bien équilibré.
même que, en. matU~re civUe, Padmbiistrateurn'a
pas l'exercice du droit de propriété sur les biens
160. Ma délégation trouve dà.nsces faits denouveawç:
qu'il administr~, de mè'me -en droit international
motifs d'avoir foi en la soluti9n juddique des propubli~r - la Puisâance adJninistrante n'a pas l'exerbl~mes coloniaux au sein de notre organisation. Cette
cice !;le la souveraineté sur les territoires placés
derId~re est le mandant, et il entre dan~ l~s attribusous s~n mand&~. Elle ne poss~de sur eux ni droit de
tions du mandant de mettre fin A un mandat si la
propriété, ni droit de souveraineté. La souveraineté condition n'est pas observée ou Si sa réalisation est
implique ,la. possession d'un ensemble de droits qui est retardée. De même, nous croyons, que chaque cas d~lit
incompatib,lJ,e avec le simple exercice ,', des pouvoirs être examiné en tenant compte des circonstances Q.tli
d'administration. La souveraineté, dans ce, cas, est lui sont particu1i~res, apprécié en tenant compte des
suspendu~ jusqu'l la réalisation d'une condition, qui
.antécêdents, et apr~s, en avoir-mesuré toutes les
est l'existence d'!lD. gouvernement autonome. La sou- conséquences. L'émancipation ,en masse, paS plus que
veraineté appartien.tau peuple dont le territoire est .la condamnation
en masse, ne semble être une bonne
ii
sous administrati6~ même s'il n'en a pas ltex~rcice, méthodf.~
tout comme les bieri$ pu pupille a.ppartiennent A ce
derni,f3i', bien qu~il ne' puisse exercer' s~reux la 161. Jusqu'A, maintenant" je n'ai parlé que de ce qUe
l'on appelle le colonialisme classique;' nous ne pouplénitude de ses droits.· La sitùation juri'1ique des
vons
cependant pas ne paS signaler que le colonialisme,
pays dépendants est celle d'Etats incomplets' qui, des
A,l'instar
du, Protée du mythe grec, est un phênom~ne
trois éléments constitutifS,de l'Etat moderne, n'en
détiennent que de~, Asavoir la populatiol) et le tet"ri- multiforme, susceptible de miJnétisme. n existe des
toire, et ~ qUi ilmanqt1eencore letroisi~me, c'est- formes (1 de néo-colonialisme, cela est certain, e.t il
convient de les tuer dans l'œuf.
h-dire l'indépendance politique.
162. Je n'insisterai pas sur une nOllvelle forme de
157. fi est évident que la réalisation de cette condition
colonialisme politique et économique, dans laqùelle
:ce doit' pas être laissêell'arbitraire de la puissance
on laisse aUX peuples asservis un semblant d'autoadministrante; bien au contraire, c'est une obligation
Jmp6rative que celle de conduire les peuples vers leur nomie, jalousement surveillé par des forces armées
indépendance politique, cette obligation incombe A promptes l étouffer dans le sang toute tentative de
rébellion. Je ne parlerai pas davantage des pays qui
l'Etat, adminis-trateur, et l'Organisation - en tant que
vivent'sous
des régimes b. parti unique et exclusif. Je
mandant - a la faculté d'exiger' quelle soit re~plie,
ne mentionnerai pas non plus ces nouveaux 1Jmitimles",
sans qu'il soit possible d'invoquer l'exception ptêvue
vieux
mot de la langue quechua qui désignaitles popuau pal-agraphe 7 de l 'Article2 t puisque les puissances
lations
transportées en masse pour le travail aux
administra.nte~,enacceptant les mandats réglementés
colonies
sous le régime d'impérialisme totalitairedes
par la Charte,-traité multilatéral, se sont volontaireIncas.
On
procédait alors Ades lavages de cerveaüx,
ment placées. sous la juridiction, internationale.
pour justifier en quelque sorte' ce que disait Salomon
158. n y a sept ans" en 1953, j'ai eu l'hot,meur d'expodans l'Ecclésiaste, Asavoir qu"lln'ya'riende nouveau
ser cette" interprétation des Chapitres XI et XII de la sous le soleil.
Charte devan.t la,Quatri~me,Commission, aunomdela
163. Ma délégation estime que, pour combattre ce
délégation cle l'Equateur l:/. Nous avions - et nous
avons encore maintenant - le ferme espoir de voir néo-colonialisme de gauche et de droite, ,la Charte
offre des moyens q:ue l'Organisation doit développer
se résoudre les probl~mes du colonialisme par des
et perfectionner. Ces'moyens et ces méthodes ont trait
moyens juridiques et en ,interprétant correctement
au renforcement du principe de l'autodétermination des
lespnncipes énoncés dans la Charte. Nombre de
peuples. Tout ce quitendraitAenassureret en garanpays aUjottrd'huisouverains, dont les représentants
tir l'exercice, tout ce qui contribuerait Asa mise en
honorent cette assemblée, étaient alors pétitionnaires.
Nous avons 'écouté éertains de ces représentants et vigueur, contrariera le développement de 'ce néoleur seule présencecparmi nous, démontre clairement colonialisme. Mais ce principe' doit être largement
'exercé, sans discrimination, sans accepter d'argule déclin du colonialisme.
ments fondés sur des sophismes et des exclusives,
159. Nous devonsreconnattre que la présence dans
qu'ils soient le fait du colonialisme cla.ssique ou du
cette salle des réprêsentants de territoires qui, A néo-colonialisme,
qu'ils viennent de gauche, ou de
cette époque, étaient des territoires dépendants et
drp,ite•.
qui, aujourd'hui, sont des Etats souverains est due164. n y a enfin Une,forme de colonialisme insidieUX
dans une largemesurè - h leur ,courage, 11eurconscontre lequel il faut être prévenu. Je veux parler de
tanCé, Aleur esprit combatffetlucide, lIeur amour dé
ce que l'on appelle le semi-colonialisme économique,
la liberté, Alaténaoité dontils ontfatt preuve pour .requis 'est efforcé de maintenir dans un pays, donné un
vendiquerleur indépen.dance" Une fois de plus, nous leur
rendons hommage•• Mais nOUS nepouvons cependantpas .état de sous-dêveloppèment de mani~re Aconserver
des points de. ravitaillement en mati~res premi~res
A bas pm et das débouchés, pour leur produits finis
JI VoirOocurnents" officiels de l'Assembll!e générale,huitillme sassion, Quatrième Commission, 325l!me ét 344ème séances.
qui se vendent cher. n convient donc, sur ce point,
d'
dE
'. le
pl
Ac
av
SE
no
êt:
qu
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co:
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l'il
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m~
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167
d'u
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Cel
pra
ind
con
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dey
tem
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168.
qUai
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qu'!
169.
l fé
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"tion
dant
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.toutE
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pays
170.
pens
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_ _lt.:.::••:.;I.l.l'._rr.n.'.,.r.::.:r.:r:.:.··.'.rnl·.r.flm.7I"17.·,.tIlT.illI·••nr.r.n.:.rm.'7.'• •z.m.I.::."'.:'.;.:'I!IC."'.'• • •e•••·_~-----'--l
933ême séance
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lun
ver
l'es
lnie
int,
dt,accrottre la coopération internationale dans le cadre
de l'aide économique.
165. J'en. viens maintenant, sans m'y attarder, au
projet de résolution distribué sous la cote A/L.323 et
Add.1l 5. L'esprit généreux: qui l'anime, la sagacité
avec laquelle on a su présenter le probl~me,les nobles
sentiments d'humanité qui l'inspirent 'méritent que
nouS lui rendions hommage; ce texte, en effet, entend
être une déclaration des droits defi peuples coloniaux
qui compl~te la Déclaration universelle des droits de
l'homme.
i66. S'ifme faut juger ce document,en conformitéde
la th~se que ma dêlégationvient d'exposer, j 'y rel~
verai çertaines diBcoJ,"dances~ Je ne m'étendrai pas
sur les différences de carflCt~re purement doctrinalcomme celle qui se trouve énoncée au cinqui~me alinéa
du préambule, et qui traite du r&le de l'ONU en tant
que moyen d'encourager les mouvements en faveui;"de
l'indépendance des territoireJ;J non autonomes et des
territoires sous tutelle. nsemblerait que ce paragraphe attribue l l'Organisation un r&le officiel de
médiateur dans les affaires coloniales, en faisant
l'intermédiaire entre les territoires dépendants et les
puissances administrantes. Ma délégation a déjl.soutenu que le rapport juridique qui existe entre l'Organisation et la puissance administrante est celui de
mandant l mandataire.
:
167. Dans le dispositif du projet, qui revêt la forme
d'une déclaration de principes, ma délégation éprouve
certaines appréhensions Il l'égard du paragraphe .S.
Ces doutes sont Il la fois d'ordre juridique et d'ordre
pratique. Ma délégation estime en effet que la condition
indispensable Il l'obtention de ltindépendancepolitique
consiste Il amener les peuples dépendants â un développement culturel, socialet économique dont le niveau
devra être apprécié pour chaqu.ecas·particulier en
tenant compte des circonstances. Le paragraphe 3 du
dispositif semble viser une .émancipation en masse,
même Il od les conditions de développement n~ces­
saires à l'octroi de Itindépendance politique n'auraient
pas été remplies. Les difficmtés pratiques que connaftrait un nouveau pays indépendant od ne régnerait
pas le climat social, économique et culturelsouhattable
seraient, en vérité, très graves.
168. Ma délégation éprouve également des doutes
quant 4 l'utilité du paragraphe 4du dispositif, non pas
1 cause des principes qui Y sont exprimés, mais parce
qu'il semble constituer une redite.
169. Malgré ces obf\ler-vations, ma délégation seplaft
1 féliciter les auteurs. du projet, mais se réserve le
droit d'exprimer plus' tard AS.on sujet une apprécia,..
.tion définitive et un jugement décisif. Elle tient cependant ll marquer son adhésion Inconditionnelle A.deux
principesfondamentauxcontenùs dans la déclaration:
le droit à l'autodétermination, en tant que fondement
de l'Indépendance des Etats, et la condamnation de
toute tentative visant ll saper, totalementoupartiellement, l'unité nationale ou l'intégrité territoriale d'un
pays.
170. La libre détermination est la. prémisse indis..
pensable à toute considération de la personne humaine,
individuelle ou collective, en tantqutobjet de la morale
et de la science politique. EUe cons~itue, p'ar lA même,
lefondelDent dé l'existence de la démocratie. ~
déte~p).inisme,qui est la négation philosophique de la
libre ""détermination, conduit les. individus A l'autq"A
matisme et les peuples Al'esclavage. Tout ce qu.!, par
~
1165
2 décembre 1960
conséquent, pourra contribuer Il reDforcet' le prIncipe
'du libre choix et en garantir l'exerqice recevra l'appui
chaleureux de ma délégation.'
.
Il
171. 'De même, nous condaInllons toute tentative visant
Il porter atteinte.1l l'intégrité territoriale d'un payS,
comme étant contraire aux principes de la. Charte,aux
fondements du droit et ! la notion de coexistence pacifique. Faire des guerres de conquête, imposer par la
force des traités qui démembrent lepatrimoineterritorial..d'un Etat, occupermiUtairêment des pays pour
résoucire des différends juridiques pouvant. surgir
entre-d':1e s ,peuplea, tel est l'héritage malheureusement
toujours présent de la mentalité colonialiste la plus
arriérée.
172. Je rappellerai avec une ,certaine fierté qu'au
cours de Itévolutionjuridique dU'continentaméricaiI~J
ce principe de la' ltbredétermination se trouve consacré dans des documents internationaux comme fon" .
dement de la coexistencepacltlque des Etats au séin
de la communauté internationale. La doctrine de droit
international uU possidetis. juri~est née en même
temps que notre .indépendance;. notre libérateur,
$im6n Botrvar, voulut en. effet en 'faire la base de
l'existence des Etats. Les nationalités se sont constituées territorialement en se fondant sur ce principe,
qui a constamment été' respecté tout au.long de notre
é'Volution juridique. Le droit international américain,
au cours de toute son histOire, a. con~a:m.né le dé- .
membrement des territoires d'un, Etat, A la suite
d'audacieuses aventures militaires ou de guerres
victorieuses. Nous ne pou'Vons .permettre que résonne,
dans un monde civilisé, le vœ. vietis des anciens
barbares.
17 S. C'est pourquoi nous appuyons avec enthousiasme
la consécration. de ce' principe clans. le projet de
résolution.
'
174. Je dois parler du projet présenté par le Honduras (A/L.324],·qui a déployé un·remarquable·effort
en vue. de trouver unesolutlon ll ce problèm,e du colonialisme. La commission proposée se livrerait'l des
études «Htaillées et consciencieuses sur le' terrain,
et.par Il créerait les conditions d'un jugementobjec"
tif SUr la' situatfon,même si enen~ pouvait y p.oner
remède par ses propres' moyens. Ma délégation .ne
peut cependant donner' SOn appui â ce projet de résolution, car 11 présente l 'inconvénlentteohnlque de se
référerA propos des colonies·l un'concept.qUl, juridiquement, n'est pas contenu dans la Charte~ Rcon"
viendrait donc de prépiser si l'on fait uniquement
allusion aux te:rritolres non autonomes et aux territoires sous tutelle, ou si Iton veut égalementy inclure
ces territoires d'outre-mer queëertains .Etatr;,consi..
dèrent comme faisant partie du t~rritoire métropolitain. Nous considérons, par'consêquent, que les termes
employés sont un peu wgues.' " c i l ,
.
.
.
.' ...J. i'._
.... __'_."'l'',••,••. _ . _.~ ..
175. Enmatlêrede liquidation du colOlîiàlismé-;:je'
pense que. si nousâommes sur la bonne voie, nous
n'avons pas atteint notre but. L'objectlfestenco-reloin,
le chemin hérissé de difficultés. Pour U'rlverl ce but,
on peut a'VOlr.recours 4 cette étude qui nous est pro-·
posée; .mats il y aurait une autre pOssibUitê:..celle
d'étudier la façon dont l 'ONUpcurrait exiger la réa1isatio~/ttes mesures,têndant .l développer l~autônornie
lorsq~ les pUisfJè.nces. adminlssantes n'entloutentpas
leurs obligations. Faute de quol·n01;iSnOltetrouveribns
dans un cè~éle vicieux: on ne pourrait donner l'indépandancel'ce:r't.:q,ins pays parce que l 'ollconsidéri81!'alt
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1166
Assemblée
g~nêrale -Quinzi~me session
qu'Us ne remplissent pas les oonditio~sp~cessa1res
pour pouvoir s'administrer eux-mêm~~'. et on ne
pourrait pas davantage exiger des puissanèes administrantes qu'elles réalisent ces oonditions, par un effort
oonstruotif. Ce serait alors la fin de tout espoir etla
con.sécration définitive d'une injustice.
.. 176. Je vous prie à nouveau de m'excuser si j'ai parlé
plus longuement que de coutume, mais il s'agissait
d'une oause saorée: celle des peuples opprimés. No'1s
k~e leur souhaitons pas d'endurer les souffranoes que
'dous avons connues pour obtenir notre ~dépendanqe.
Nous voulons pour eux une indépendanèe qUi soit fonêl\e
sur le prinoipe de la libre détermination, une Uberté
qui soit accordée sans subterfttge et sans limitations.
Nous nous sentons responsa~le~) de leurs espérances
et nous ne pouvons accepter que le dé$espoir les conduise, par une réaction logique, du Charybde de l'Etat
colonial au Scylla de l'Etat totalitaire. L'indépendanoe
des peuples actuellement dépendants, fOndée sur le
principe de l'autodétermination, devra les mener, en
toute liberté de déoision, et sans qu'ils subissent de
pressions ou soient l'objet de. flatteries de toute so~te,
à des formes originales de gouvernement. Telle est,
selon· ma délégation, la grande l"esponsabiUté qui incombe aux peuples des Nations Unies.
177. M. SUMULONG (Philippines) [traduit de l'anglais]: Comme le savent toutes les délégations, le point
de l'ordre du jour intitulé "Déclaration sur l'octroi de
l'indéJéndance aux pays et aux peuples coloniaux" a
été proposé, à l'origine, par le Gouvernement de
l'Union des Républiques sooia11$tes soviétiques. [AI
4501] et approuvé à l'unanimité par l'Assemblée
générale, aux fins d'insertion li l'ordre du jour de la
présente session. Le 23 septembre 1960, le président
Khrouchtchev a officiellement soumis le projet de
déclaration figurant dans le document A/4502. Peildant
lé débat sur la recommandation de l'Assemblée générale visant à inscrire oe point à l'ordre du jour et à le
renvoyeI" â. la Première Commission, la délégation
des Philippines a été parmi les premières à appuyer
un .amendement présenté par la, délégation de l'Union
soviétique [A/L.31~/Rev.1] et tendant à mettre l'examen de la questi~1.1 au programme des séances pléniêres de l'Assemblée générale. Nous reconnaissions
donc, avee=:.j;e Gouvernement soviétique, que l'importance exoeptionnelle de la question justifiait pleinement
son examen en séance plénière. Nous avons précisé
qu'à notre sens oette question avait une portée et une
signifioation beaucoup plus vastes qu'il ne ressortait
. des termes du mémorandum. explioatif et du projet de
déclaration soumis par la délégation soviétique. C'est
pourquoi nous nous sommes opposés Ace que l,Assembléegénêrale, en examinant cette question, fat liée par
les termes tendancieux et restrictifs du projet de
déclaration soviétique. Nous avons ,outenu qu'une telle
déclaration devait pouvoir s'appliquer l tous les.pays
etàtouB les peuples restant,~soumis Aune domination
étrangère, quel que soit l'endroit 011 elleexlate, qu'il
s'agisse de victimes d'une domlnaUon ïmpérialis'te
nouvelle ou ancienne, etauBsi l toutes les formes, A
toutes les maniiestationspossibles d'éasservissement.
178.. C'est dans, ces oonditions que la délégation des
Philippines a participé, avec d'autres pays d'Asie et
dt Afrique, à l'élaboration du projet de déclaration. qui
f~gure dans ledooument A/L.• 323 et Add.1 à 5. Conformément auxinstruotions reçues de son gouverne~~nt, la délégation des PhiUppines s'est jointe âux
.f >auteurs. de ce proje't de déclaratiQn,) dont le nombre
- Séances
plêni~res
s'est rapid~ment élevé, pour at.teindre sauf erreur
42 pays.
179. L'intérêt profond que mOn pays attache 1 cette
question s'explique aisément. Notreexpérienoe de la
domination coloniale, qui s'est poursUivie sans interruptionpendant près de quatre sièçles, est certaine..
ment l'une des plus longues de l'histoire. Nous avons
bu jusqu'A la lie la COupe amère de la domination
étrangère. Mals nous nous souvenons également avec
soulagement et gratitude que la République des Philippines a été le premier Etat indépendant Analtre au
cours de notre ère révolutionnaire, celle de l'ONU, qui
sera ma-rquée Ajamais dans les annales de la civilisation humaine par l'accession li la 11berté et Al'indé..
pendance d'une quarantaine de pays en l'espace de
15 ans seulement.
180. Dans le discours qu'il a prononcé devant l'Assemblée généraio, le 29 novembre 1960 [927ème
séance], M. Shukairy, représentant de l'Arabie ~aou­
dite, a bien voulu rappeler que les Philippines ~f;,alent
le seul pays d'Asie A avoir lutté, A San Francisco,
pour que l'indépendance soit mentionnée dans la Charte
des Nations Unies en tant qu'objectif juste et légitime
des peuples des territoires qui ne s'administrent pas
el!%-mêmes. A cette époque, les puissances coloniales
n'avalent ooncédé que le principe selon lequel, dans
ces terrltoires,"elles développeraient l'autonomie de
ces populattons" et "tiendraient dtlment compte de
leurs aspirations politiques". Ces pays unt essayé de
nous convaincre que le concept général de l'autonomie
englobait l'objeotif de l'indépendance~ De oette oonfusion sémantique est née l'une des anomalies ou, dironsnous, desouriosité$politiques de la Charte, car,alors
que l'Article 76 indique clairement quel'autonlJmieou
l'indépendance constituent l'objectif recherché pour
les populations de ces territoires, l'Article 73 oblige
simplement les puissances l1dministrantes li développer la capacité des populations des territoires quine
sont pas autonomes à s'administrer elles-mêmes.
181. .La délégation des Philippines pensait· à la
Conférence de San Francisoo, et elle le pense encore
aujourd'hui, que l'indépendance devait être l'objectif
commun Atous les peuples des territoires dépendants,
qu'il s'agit de territoires sous tutelle ou de terri. toires non autonomes. A San Francisco, l'assÛl'ance
nous fut donnée qu'il en était bien ainsi, dallS l'esprit
sinon dans la lettre œ la Charte. Nous avonssucco'lJlbé
sous le ,nombre., à San !·ranctsoo, et nous avons perdu
la bataille menée en faveur de ce mot unique, de ce
mot capital. Mats l'indépendance n'était pas simplelnént un mot que l'on pouvait faire dlsparaltre par un
tour de passe-passe ou par des ,incantations. C'était
un mot tellement imprépê de vie, .si cher et si
prooh~ au cœur et l l'esprit de tant de millions
d'hommes encore asserVis, un mot st étroitement né
il. la texture du présent et de l'avenir, aUx objectifs et
aux principes des Nations Unies, qu'il ne pouvait demeurer longtemps mâoonnu Ou oublié.
182. .La marche en avant de l'histoire nepouvaitêtre
arrêtée par un artifice verbal, si ingénieux solt-lI•.
C'est ainsi qu'aujourd'hui nous sommes sur le point
d-adopter une "Dêclaration sur l'ootro. de Pindépendancè aux pays et' aux peuples coloniaux", comme la
suite et l'éclairolssernent nécessaires de la Déclaration qui figure au 'ChapitreXI de la Charte et qulintél'esse les territtlires 'non autonomes.
183. Certains pourront se demander si cette nouvelle
déclaration, en précisant. le ooncept deI'indépendance,
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ne oonstitue pas une revision de la Déclaration figurant
actuellement dans la Charte. C'est!l une préoccupation légitime~et 11 serait utile 'd'ex;aminercet aspect
du problème. A cet égard, nous voudrlona rappeler les
assurances qui nous ont été données â San Francisco,
selon lesquelles les term.es d'au~onomie etd'indépendance étaient pratiquement synonymes. C'est Il une
interprétation que le dictionnaire et les manuels de
science politique
tendent â confirmer.
184. En outre, l'Article 73,2, de la Charte fait obligation, aux puissances QolQniales de "tenir compte des
aspirations politiques des populations", obligation que
la plupart des puissances coloniales unt respectée
pendant les 15 années qUi nous séparent de la fin de
la seconde guerre mondiale, en donnant satisfaction â
1taspiration politique suprême de toute population,
c'est-A-dire l'indépendance, volontairement et avec
empressement dans certains cas, A regret et sou~'
l'empire de la nécessité dans d'autres.
185. Puisque près de 40 pays ont accédé àl'indépendance depuis la promulgation de la Charte, ce sont dono
les puissances coloniales elles-mêmes qui ont délibérément . interprété dans le sens le plus large
l'Article 73 de la Charte. Ce sont elles qui ont osé
porter la lettre de cette disposition de la Charte
jusqu'à sa conclusion logique; lanQuvelle, dêclaration
que nousproposollS ne fait que confirmer la sagesse
dont ces puissanoes ont faitpreuve,face Il une nécessité historique inéluctable.
186. La délégation des Philippines s'en tient stricte!Dent aux termes de la déclaration p2"0posée pa.r 42
Etats d'Asie et d'Mrique[A/L.323 et Add.l â 5]. Si
on objectait que cette déclaration est infiniment plus
énergique, dans sa lettre et dan~ son esprit, que la
déclaration correspondante qui figure dans la Charte,
," nous répondrons que cette différence est due au nouveau
visage de l'ONU et ll l'ambiance. radioalement différente d~ns laquelle elle fonctionne aujourd'hui. A San
Francisco, les grandes puissances qui avaient gagné
la guerre ont influencé et déterminé· la forme et la
nature de la Charte; on comprend leur désir de préserver, aussi longtemps que possible, ce qu'elles
possédaient alors, et leur répugnance à consentir des
saèrlftces volontaires et des actes de :renonciation.
~ L'influence déterminante qu'elles ont exercée sur la
Conférence de San FranciscO seretlète donC dans la
l'êdactlon timide, mais non dépourvue de générosit6,
de l'Article 73.
187. Mais 15 ans se sont écoulés depuis lors, et depuis
que la Charte a été rédigée le nombre des' Membres
de ItONU a doublê A la suite de 1 tadmission d'Etats
nouvellement sortis de la domination coloniale. Lorsque ces nouveaux Etats parlent, comme ila le font
aujourd'hui dans la déclaration qui nous est proposée,
le monde doit être .disposé ll entenœeune voix qui
êVOque avec énergie les injustices et les torts subis,
et qui 'Vibre de sympathie pour les peuples attendant
encore leur libération.
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188. Certaines appréhensions se sont eXprim~es au
sujet du paragraphe 5. du projet de déolaration, qui
Bé lit comme suit:
"5. Des mesures bnmédiates seront prises, dans
les territoires' sous tutelle, lesterr!tG1resnonautonomes et tous. autres territoires qui n'ont pas encore
accédéê, 1tindépendr~fioe, pour transférer tous pouvoirs aux peuples d~~ ces territoires, sans aucune
condition ni l'éserve," oonformément lieur volonté et
PT?
Il aM uu à Ji !JUJUMLSi.. :at.i.III."d. LM .... IJQiiA
1167
-2 décembre 1960
"
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à leurs· vœux llbrement exprimés,sansaucune
distinotion de race. de' croy~nce ou de coUleur. afin
de leur permettre de jouir .d'~e indépendance et
d'une liberté complètes."
189. A première vue, cette disposition pourrait parattre en contradictlonavec la notion de progresslvit6
qui est impl1cite dans l'Artiel'.! 73 de la Charte et qui
transparaft dana leFJ mots: "développementprogressif
de leurs libreS institutions polltiques, dans la mesure
a.ppropriéeauxconditions particulières de chaque
territoire et de aes populations et Il. lelU'$ degrés
variables de dévelOppement". Toutefois, il est clair
que l'objet du paragraphe 5 de cette déclaration n'est
pas le transfert immédiat de tous les pouvoirs aux
populations de ces territoires, mais bien plutôt la
prise de mesures immédiates aboutissant â un tel
transfert de pouvoirs~ pe â quoi l'On entend porter
rem.~de, .c'est à. une politique délibérée de tePlporlsation et d'entra'Ves,qul ne se ré~out pas à lancer un
peuple dépendant'·slQ." la voie memint àl'indépendanoe.
Nous avons vu les résultats 'si tragiques de cette
politique dans l'ancien Congo bel~.
190. L'appui que nous donnOllS A ce paragraphe de'"
coUle de l'expéri1ance que nous avons ~cue noU.smèmesen tant que territoire jadis dépendant des
Etats-Unis. Lorsque les~tats-Unis eurent achevé la
conquête de mon .pays, au. début de .• ce sièole, les
dirigeants de mon peuple commencèrent une campagne
de pétitions en faveur d'une liberté bnînédiate. complète et absolue, et 11s demandèrent; au,,; Etats-Unis
des garanties répétées Il cet égard., Le peuple et le
gouverneinent des . Etats-Unis nous'. donnèrent les·
garanties que nouS demandiona et, bien que 110tre
indépendance n'ait pas été reconriueau.'ssltOtque nous
présentâmes nos pétltionspour l'obte~r, 11 est encourageant de se rappeler quten raison' '4es garanties
ainsi obtenues il ne fit jamais de doute, dès le début,
que des mesures seraient prises ImmédiatèmentP9u1'!
nous rapprocher de l 'tnc1épen.dance.
.
191. En fait, d la date. exaote qui n~\ls avait été promise par les Etats-Unis, le 4 juillet 1946, l 'lndêpendance des Philippines fut octroyée et reconnue, sans
qU'il fnt besoin
de.; verser une seule goLi.tte de sq..
.'
192. 8i l'ONU avait eXisté .alors, mon pays aurait
sQrement bénéfioié dé la preSSionmoralé exe:r.éêè
pat l'Organisation et la période deprépllrationent
ét'ê beaucoup plus courte. Ce que le paragraphe 5 et,
en fait. la déclaration .signifient, c'estqutll ne sera
plus tOlérêde retard ?plantaire t l'octroi de ttindépendance. 'tant donné le rythme très aocéléré de
l'é.volution du. mt)nde, les aspirations des peuples Vè'rs
leur émancipationpoI1t1que et économ,tque,etle co~s
irréversible de l'histoire.
193. L'essentiel duprolet de déc~ar~tiondes.2puis ..
sances [A/L.323 et Add.l Il 5] se trouve cepéndant dans
les rnpts suivants:
. . .
,\
U
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"~ssemblée générale.
""Proclamé
... solennellement la nécessité de mettre
rapidement et inconditionnellement fin aucolonie.Usme sous toutes ses· formes et dans toutes S$S
manifestations;
"Et.â cette fin,
ttPêclarece qui ~su!t:
"1. La suj6tion des peuples A unè ;'8ubjugatlon. A
une domination et A une exploitation ·~trangèfe
o
---...--------.Assemblée gênérale -Qùinziême session -Sêancespléniêres
1168
constitue un déni des droits fondamentaux de
Ou sur les rivages de la mer des Caralbes,0111e
. l'homme, est contraire à la Charte des Nations Unies
coloniallsme sévlt encore. Des hommes - 100 mU.
et compromet la cause de lapaixet de la coopération lions d'êtres hwnalns - et leur sol ~atal· portent
.
encore le joug de la servitude coloniallste:
mondiale."
194. Par cea af(t:rmations directes, nouS marquons
199. Le ton mesuré des représentants de l'Afrique et
clairement notre volonté de voir cette déclaration de l' A. sie recèle une force puissante, celle de la lutte,
s'appliquer à tous les peuples subjugés, dans toutes les dontla devise a tOUjours été:tindépendance 'et liberté!
parties du monde, qu'ils soient ,devant ou derrière le Mais les perfides et rusés commis de l'impérialisme
rideau de fel' ou de bali1bou, qu'Us soient dominés et et les colonialistes eux-mêmes, pour cacher lrr\l,~Jeu;-;=~
exploités ouvertement ou l:Jecrètement parles mé- de propos délibéré, entonnent toujours le mèllne re...
thodes de l'impérialisme classique ou parcelles du frain â propos de la déclaration soviétiqu~~t1de ses
néo"impêl'\1allsme. .
'
objectifs: "Prenez garde, disent-ils, cette déclaration
195. Nous ntalld~~ pas nous apitoyer sur le sort de
~9viétique est un appel à la rébellion."
l'ancien impérialièl:lecolonial agonisant; en vérité,
200. C'est Il croire que lel:J incendies de la révolte
nous pouvons dire: plus tOt il mourra, mieux cela
populaire ne se sont jamais reflétés sur HAsie•. C'est
â croire que cette lutte n'est pas l'expression natuvaudra pour l'humanité. Mais nous n'entendons pas
non plus souhaiter labienvenue au nouvel impériaUsme
relle d'une protestation contre l'oppression nationale
colonial qui se dresse pour prendre sa place. Nous
et sociale, mais un certain article d'exportation, qui
estbAOnsutile de prévenir les peuples contre ce nouB pris la forme d'une "dangereuse" déclaration.
veau colonialisme qui cherche à a'imposer par la force
4 des peuples faibles, Ou par surprise âdes pays sans
201. A quoi bon ces feintes? Quand on accable de
méfiance. Une vigilance constante est notre seule
cha!nes, des hommes ou des peuples, on allume dans
arme contre la réapparition de l1ancien colonialisme
leurs oœurs le feu sacré de la lutte - de la lutte et
agonisànt. aUBsi .bien que contre le nouveau colonianon de la résignation~ C'est la lutte et non plus la
lierne.
soumission au mal affreux qu'est le colonialisme.
19&. En adoptant le projet de déclaration africanoC'est cette lutte qui fait justement s'écarter les fron...
asiatique. nous prouverons que noUS sommes capables
tièJ:es de l'indépendance et de la liberté, en Asie, en
de déceler les. faux-semblants· et l'hypocriSie. Nous . Afrique et dans d'autres parties du monde.
proclamero~ l'intégrité de n~tro jugement, que ni la
202. Le devoir de tous les peuples libres, le devoir
pitié ni la. flatterie n'influencent.Nousalgnifierons aux
de l'ONU tout entière est d'aider les peuples opprimés
néo-impérialistes et aux crypto-impérialistes que
Il arracher les. fils barbelés du colonialisme là 011 il
nous ne sommes pas d1sposé,s à acèepter leurs leçons
en subsiste· encore pour dresser une frontière entre
sur la façon de gagner notre liberté et notre indépenle marasme et le progrès, entr~, l'esclavage et la
dance. S'ils per'sistaientdans leur tentative. nous
liberté. entre les ténèbres et la lumière. Les Bastilles
des Vieux régimes ont été renversées chaqUe fois que
·serions obligés de lewr dire: Ce que vous faites
maintenant pour détruire la liberté des êtres humains
le fardeau du p~ssé est devenu inSUpportable, lorsque
et Pindépendance des peuples cause untel vacarme que
les vieilles défroques n'ont plus été à la taille d'une
nouS ne pouvons plus vous entendre.
société humaine puissante et en progrès.
197. M. PALAMARTCHOUK (Rêpublique socialiste
203. La grande révolution socialiste d'Octobre dans
SOViétique d'Ukraine) [traduit du russe]:L'1\.~ee!!lblée
notre pays a été l'aboutissement d'une lutte séculaire
générale examin,e une déclarationfJu1:1'octroi de
de !'humanitépour la liberté et le progrès. Le sursaut
l'indépendance aux pays~t. aux~peuples colpniaux. Les
révolutionnaire d'.indignation des dizaines et dizaines
immenses vot\tes· de cet~e.fjalle ont' semblé s'élargir
de millions de sujets de l'ancien empire russe a été.
encore quand.a rete~ti."(,$'t appel passionné et bqulepréparé par tout le cours du processus historique.
versanten,fave~?; 'd~urie suppressiQn. définitive du
Lf~re nouvelle, l'ère de libération du travailleur de
régime col()rlialiste, sous toutes ses formes et dans
toutes les formes d'oppression _ ~oloniale, nationale
toutes ses. manifestations. C'~t;lt pour la première fois
ou sociale - eot apparue au monde comme un témoi..
depuis la.· fondation denOtreP organisation que les
gnage du fait que l 'humanité était mQre
accomplir
Nations Unies déclarent de façon st rêsolye laurs
les actes historiques les plus vastes.
convictions, leurs intentions et leurs reveridic~tions
concernant l'aide à appOrter aux peuples encore opp:ri'"
204. L'acte constitutionnel le plus important adopté
mês des colonies, pour qu'ilsoQtiennent la liberté et
par la jeuna RépUbllque'Soviétique - "Déclarationdes
l'indépendance~ Les paroles sages et Vibrantes de la.
droits· du travailleur exploité" - a proclamé la sup"
déclarJ1,tion proposée par l '.Unlon soviétique [A/4502
pression de touteexploit&ti6n de l 'homm.e par l'homme,
et·- Carr.ll.qui postule que "les peuples qui en op- tout en condamnant la politique pratiquée par de soi..'
prlntentdtautres ne peuvent être des peuples libres",
disant nat!()nsélues, politique tendant! l'asservisse"
devraient figurer en lettres d'or sur le granit du porment de centaines de millions de travailleurs en Asie.
tall de l'Organisation des Nations Unies.
1
aux colonies et dans les petits pays en général. Cette
l,
dêclarationa souligné avec force la nécessité qu'il
198.. A cette tribune nous avons entendu, de~rts pluy avait, dans les conditions politiques nouvelles, de
sieurs jours déjâ, faire deS;eXPOSê. s,tanto~~~. rrités,
résoudre d'une façon radicale la· question coloniale
en faveur des nations asservies. Le grand Lénine,
tantOt fiers èt pleins· d'ass~p"nGe.t:iur la rup~ure des
chafnes colonialistes en Aeie, sur leÎ,\~yeil grandiose
fondateur de l'Etat sOviétique•• a exprimé, immédiatede l'Mrique; nous S,vong'\".pprls que, nîàintenant. les
m.ent après la vlctoire de la révolution socialiste
phares de l'indépen~;aces'aJ.lument dêjA SOUs le ciel
<l'Octobre, sa certitude que l'heure approche 011
't1leu de i'Afrique;rttlus avons entendu parler de cet
"les peuples de l tOrient se soulèveront et deviendront
opprobre de n9t1ê siècle. queaOnt les. vestiges du
système cq!anfal subsietlJ.,nt encore sur le sol ant,ique
des participants indépendants, descrêateUl's d'une
de l'Aldque 'et de l'Asie, sur les ftes de l'Océanie
vie nouvelle. carces centaines de millionS d'honunes.
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lune
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livres sterling. Sur .cette somme, et pour la même
appartiennent encore <A des nations dépendantes, qui
période,
82 millions de livres sterling seulel1'lent sont
ne jouisaent pas de la plénitude de leurs droits, et qui
n'eXistent, aux yeuX de la culture et de la civilisatiol\. revenues, au Congo, ce .qui veut dire qu.e les:~néfices
nets drainés de la colonie ont atteint en quatre ans la
capital1stes, qu'en tant que matériel de fumure y".
so:m.me
énorme de 291 m111ions de livrel ste1"ltng.
205. Ces paroles prophétiques et pleines de clarté de
Lénine sont auJourd'huton ne peut plus remarquables.
208. Selon les calculs les plus modestes, les monoElles peuvent servir de clef et pèrmettre la comprépoles américains ont fait, rien qu'en Afrique, au cours
hension des raisons qui font que les illlpérialistes
des années 1946-1959, plus de 1 milliard et demi de
pllient les colonies et s'efforcent de sauvegarder les
dollars, c'est-à-dire une somme qui aurait permis
régimes coloniaux, et de la peur dont souffrent, à
de construire pour les Africains plus de 150 centrales
l'Assemblée,: les représentants des puissances coloélectriques d'une puissance de 100.000 kW chacune.
nialeEJ. Vous 'Vous souvenez avec quelle hâte, contraire
au caractère anglais, si flegmatique, M. Ormsby-Qore . 209. Au cours de nombreux lustres ... ou, plutôt,
s'est efforcé de chasser loin de-lui - comme si c'était ,pendant toute l'histoire du cQlonialisme -l'économie!!
un fantÔme -les impératifs de la déclaration pro- . des pays colonisés a connu un retard effrayant; les
posée par 1•Union soviétique. n s'est même tellement
coloniaUstes font tout ce qu'ils peuventpour maintenir Il
hâté qu'11' a manifesté sa sympathie· - je ne sais si elle
au maximum ce retard•. Dans toutes les colonies afri-)
était chaude ou froide - enverS les interventions des
caineset autres pays dépendants, 11 s'est cons.titu6
représentants d'Asie et d'Afrique, alors qu'à cet
dans l'économie deux secteurs distincts tant sur le
instant-là il n'avait pas encore pu les entendre, puisplan national que sur celui des relations sociales et
que ces représentants n'avaient pas encore pris la
économiques: d'une· part, une êconoDlie capitaliste
parole. Je ne le lui reproche pas: je me borne à
européenne hautement organisée et m\ règne leoapital
oonstater un fait•
étranger et, d'autre part, la petite économieartisanale et, misérable de la population autochtone. Les
206. Le représentant du Royaume-Uni, dans le style
étrangers condamnent l'économie despays
monopoles
habituel aux Occidentaux, s'est laiSE\é entra1her sur la
exploités par eux â un développement informe et univoie glissante qui conduit Il une opposition entre les
latéral; ils utilisent les colonies. comme SOUl"ce de
idées et les buts des Africano-Asiatiques et le contenu
matières
premières à:bon marché et de main-d'œuvre
de la déclaration soviétique, cela en cherchant! déqu'ils
exploitent
impitoyablement en créant un courant
montrer que les vues des pays d'Asie et d'Afrique
commercial
oille
taux d'échange est déséquilibré.
désireux de supprimer entièrement et totalement le
colonialisme s'opposent aux vues des pays socialistes
210. Mais le pillage des colonies - on l'a.dêjà dit A
soviétiques. C'est là une tactique. favoritei~~aisà
cette tribune - est un phénomène qui ne setraduitpas
vrai dire quelque peu trop rigide, don\\ oJYa bea~Qoup
uniquement sur le pla~. du capital de, produQt1on. En
usé au cours de la présente session. Hon! laisson~ le
s'opposant â ce que les colonies et les pays sous-'
représentant du Royaume..iUni éprouver de la satisdéveloppés puissent avoir un accès sur le marobé
faction, lorsqu'illuisembleque les Membres africanointernational, les colonialistes tendent à mettre la
asiatiques de l'Organisation des Nations Unies "ne
main sur la totalité du commerce extérieur et sur
considèrent point l'apport soviétique! nos délibéraune grande partie du commerce intérieur de ces pays,
tions comme étant' particulièrement sérieux". Que
levant ainsi un tribut cC'nsidérable..On peut oiter
Dieu lui accorde chaque jour une illusionsur ce point!
l'exemple du pétrole du Koweit: en 1951, le prix de
Toutefois, là délégation ukrainienne est· intimement
revient ,d'une tonne était de 73 cents, tandis que le
. persuadée que l'intervention du représentant du
prix de vente sur le marché mondial était de 17 â
Royaume-Uni rappelle plut&t un· fêtu de paille emporté
18 dollars des Etats-Unis par tonne. Autrement dit,
par le torrent des accusations portées contre ce qui
chaque. tO~tne rapportait aux monopoles un bénéfice
subsiste encore du systêmecolonial dont on exige les
de l'ordre de 2.000 pour 100.
funérailles au plus vite. Tel est le sens de la discussion qui se déroule actuellement Il l'Assemblée â la
211. Les colonialistes" rêcoltent donc, une :moisson
suite, de la déclaration hiatorique soumise par le
dtamples profits, tandis que les peuples coloniaux
Gouvernement'de l'Union soviétique en vue de l'octroi
s'appauvrissent et restent de plus en plus au-dessous
de l 'indépendance aux 'pays .etaux peuples coloniaux
du piveau de vie des pays hautement dévelop~s. .
[A/4502 et Corr.1].
212•.,Je 'Voudrais attirer l'attention sûr un doëument
207. Revenons, toutefois, â l'essentiel. Les peupies
intéressant: le rapport du Comité des renseignements
de l'Asie et de l'Afrique 'se sont éveillés et œuvrent
relatifs aux territoires non autonomes. Ce rapport
pratiquement dans, ,l'intérêt du destin de l'humfl).~ité
[A/4371], rédigé conformément! la ']:fésolutionl461
tout entière. C'est devenu maintenant une vérité in(XlV) de l'Ass~xnblée gén!rale de l'Organisation des
contestable.Tandis que le colonialisme contemporain,
Nations Unies, s'est fixé pour but de présenter des
qui s'est élevé au comble du para.sitUnne. est pour
observations et des conclusions quant a\1.~progrès
les peuples une source. de malheurs et de souffrances.
réalisés au. sein de la population des territoiretl dits
n(,pille les ~pulat1ons et les saigne â blanc, tout en
non autonomes au cours des 15 dernière!! années.
leur barrant te chemin vers le progrès. Durant leur
Objectivement. ,le senS du rapport de la Commission
doxnination, les puissances coloniales ont tiré des
est que les territoires dits non autonomes se trouvent,
l'ichesses 'incalculables des pays. qui, leur étaient
en fait, dans la situation decolonles,ave~ toutes les
sOUmis. Par exemple, pendant la p3riode allant de
conséquences qui en découlent. Le Comité est a1'r1\7é
1955 ! 1958, la Belgique a vu sabalance commerciale
à la COnclusion que mêmeâ l'heure actuelle dans les
avec le Congo accuser un actif de 373 millions de
territoires' non autonoUles"lastructure de base de
l'économie est reatée. en général, peu développée,
........--.-,.
C,'l1r l'économie a continué! reposer surtout sur l'agrl.....
?il v. 1. Lênine, œuvres comp1~tès (~d. en làngue russe).. vol. 30,
culture de' subsistance et la production de quelques
p. 138 et 139.
"
•
-_
.. , _ ~
1170
Assemblée générale.- Quinzième session - Séances plénières
produits primaires pour·l'exportation" (A/4371, 2ème
d'Afrique qui a eu lieu.â Accra. Cette conférence a·
partie, par.. 45]. L'économie de ces territoires est
entendu des "communications déchirantes des délécondamnée l végétert car "la production de biens
gués qui ont pris part à la conférence, au sujet des
atrocités commises sur le continent africain par les
d'équipement en est encore Il ses débuts" (ibid.,
par. 46). Vous trouverez dans ce rapport des faits
colonialistes et les impérialistes". Suivant ces déléfrappants; ainsi, II y est dit que "le revenu individuel
gués, "les Mricains - par sUite de l'activité des
impérialistes - sont privés:, des droits essentiels de
de la population autochtone dans les territoires
d'Afrique pour lesquels on disposait de tels renseignel'homme: li~rté de parole, liberté de réunion, liberté
ments était, en 1956 ou 1957, parmi les plus bas du
de déplacement, possiblité de vivre dans l'abondance".
monde" (ibid.., par. 53) et que les revenus de la popU"
Partout 0\1 subsistent des vestiges du système colonial
règne une pauvreté effrayante, les peuples opprimés
lation autochtone étaient de plusieurs dizalÎles de fois
sont privés de leurs droits et soumis à la violence
différents de ceux. des colons; bien entendu, cette
différence n'étant pas en faveur dp,s Africains a1.ttochdes ignares; les hommes y meurent comme de l'herbe
tones. Le rapport :reconnatt encore nombre d'autres
br1llée. Seuls ceux qUi ont des cœurs de pierre ne
faits, non moins éloquents: désagrégation de la vie de
veulent pas entendre parler de tout cela et continuent de
fam.ille chez les autochtones, augmentation de la. défendre le colonialisme.
délinquance juvénile, chÔmage total ou partiel, d é v e - ·
loppement de:m.aladies effrayantes, analphabétisme
218. Dans le document qui a été distribuéll.l'Assemsouvent total, iUégalité, enfin discrimination raciale.
blée sous la cote A/AC.73/3, on trouve un certain
nombre de déclarations qUi, Il. notre avis, devraient
également être reprodUites ll. un grand nombre d'exem213. .Peut-on continuer ll. tolérer cet état de choses?
Non, cela n'est pas possible, si l'on a Il. cœur les
plaires, pour que le monde entier pUisse voir l'affreux .
intérêts de la paix, de l 'humanité et du progrès.
visage des champions du système colonialiste. Dans
l'un de ces documents on tente de "prouver que
214. Chaque année, l'Organisation des Nations Unies
"1' "apartheid" représente pour les noirs un système
reçoit des milliers de pétitions en provenance des
parfaitement logique et qu'lls utilisent parmi eux"
territoires se trouvant soi-disant soustutelle;"detelles
[A/AC.73/3, pétition No 10]. Un autre document,non
pétitiOns restent pour ces populations l'unique moyen
.
.
d'appeler â l'aide l'opinion publique universelle. Vingt
moins infâme, affirmé carrément que "lorsque les
mille de ces pétitions sont enfoUies dans la poussière
indigènes se gouverneront eux-mêmes, nous sommes
.
convaincus que cela signifiera pour l 'histoire de
des archives de l'Organisation des Nations Unles, alors
l'Afrique un recul d'un ou deux siècles" [ibid., pétition
qu'elles devraient être publiées âdesmillions d'exemNo 20].
plaires.
219. On commet donc des crimes pour que l'histoire
215. Dans Fune de ces pétitions il est dit:
ne recule pas! La conscience de l'humanité estboule"Dans le Sud-Ouest africain existe lme organisa- versée par ces crimes - qu'il s'agisse de l'Algérie,
tion connue sous le nom d'Association indigène du du Sud-Ouest africain ou de la République du Congo.
travail du Sud-Ouest africain ... Cette association
C'est cette dernière qui - d'après le caractère des
est habilitée Il. vendre (je soulignele mot wvendre")
événements qUi s'ydéroulent _ a été choisie par les
des Africains des réserves extra-territoriales."
colonialistes comm.e terrain d'essai ohpourraitgran216. Maintenant, jeclteunextraitd'Wleautrepétition:
dir l'arbre du néo-colonialisme, nonmoinspernicieux
que ne le fut le colonialisme ancien. Ce terrain d'essai
"Au. moment même 0\1 l'Assemblée générale de
est labouré, avec des arilles, par des renégats du type
l'Organisation des Nations Unies examine en détail
Mobutu. L'exemple de la République du Congo montre
les questions coloniales:. et délibère sur Ja gestion
â tout le monde que. le fascisme colonial et le néocoloniale dans les territoires non autonomes d'outrecolonialisme sont des frères jumeaux qUi tentent
mer, nous, les représentants de la Guyane brit~nd'étouffer tout ce qUi est vivant, indépeno..l:înt, national
niqu.e, colonie de la Couronne britannique, désirons
dans les pays coloniaux.
attirer l'attention des honorables délégués sur notre
pénible situation •.'. Nous. peuple déshérité de la
220. Jadis, sur le sol américain, lfbéré des colonia. Guyane britannique, nous profitons de la possibilité
listes anglais, on planta UD. ~Arbre de la liberté" et
Thomas Jefferson dit que, pour que cet arbre ptlt
que nous offre la présente pétition pour soumettre
notre cas Il cette assemblée mondiale. Nous voulons
pousser. il fallait l'arroser du sang des tyrans. C'est
l'indépendance politique. Nous voulons condUire noa
encore d'i\Imérique qpe nous arrivaient les paroles
affaires nationales.,.. tant politiques que sociales etenflammees de Walt Whitlr!an, qui affirmait qu' ll'un
économiques - conformément aux. désirs et aUX mond2 dans lequel existent des. maitres et des serfs
aspirations de notre population vers /nne Guyane
est devenu caduc", et qUi croyait passionnément
meilleure. Nous ne présentons pas aux. honorables
qu' "Wle race nou~lle d'hommes puissants, à l'allure
délégué a un acte d'accusation,. car il n'est pas dans
décidée"· fera disparaltre de notre planète jusqu'aux
nOs intentions d'accuser l'impérialisme britannique traces d'oppression de l'homme par l'homme.
d~s crimes commis par Jpf;.)lfoUS essayons seule221. Mais, aujoUI'd~hui,des voix différ.entes nouS
.ment de montrer nos JJldiêS natiGnales. celles que la
.
ê
botte du colonialist,yà faites sur notre corps. Nôtre
arrivent dlAmérique. On fait savoir que le Congr s
~ppel est un t~\'trible cri d'agonie et ce que nous ré"
des Etats-Unisd'Amériqus entend dépenser au courS
,~lamons c'est;,que l'bonorableAssembléedamande
de l'exercice financier 1960...1961. plusieurs millionS
~. la (Jrande-:Oretagne d'être assez magnanim~ pour
de dollars pouT la propagande en Afrique. Dans un
si)u1E~Ver sa/botte, car là ail cette botte est posée
certain nombre de pays africains. plusieurs milliers
.
.\\
de 'missionnaires américains ont déjà pris leurs quarse tt10uvent P~us d'un demi-million de faibles gorges
tiers; une kyl'ielle de messagers d'fnnom.brables
guyanaises écltasées."
"sociétés de bienfaisance" patronnées par Ford et
211. .TI e,çiste ~'incore d'autres documents, ce sont les
Rockefeller les suivent de près. Le. Sénateur Cross a,
documents de-th. ·CdDférenca- d~s Etats indépendants
ouvertement et sans pudeur aucune, déclaré du haut de
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933ême séance -2 décembre 1960
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pas difficile de comprendre que 14 encore 11 ne s'agit
que d'intentions et, pouroamoufler cela, on propose de
créer une commission. Or, dequois'occupera-t-eUe?
Elle devra se rendre dans les possessions coloniales
et présenter des recommandationsl l'Assemblée
générale lors de sa seizième session. Des recommandations sur quoi? Sur les moyens les plus adéquats,
les plus rapides et les plus efficaces de rendre possible la disparition absolue du colonialisme. Tout cela
n'est qu'un fatras de mots, vides de sens. Teleat
l'usage qui s 'est établi ,A l'ONU: lorsqu'on veut faire
sombrer une mesure saine' et progressiste que l'Organisation des Nations Unies s'apprête à adopter, on
élabore, pour faire contrepoids, une résolutioll semblable â celle du Hondw'as. Peut-être que, Wt1r cer..
taines délégations, un tel projet constituerait J!'lème une
sorte d'échappatoire 'ou de coin d'ombre pe:r~ettantde
se dissimuler. En tout cas l'Ukrain~,~'èlle, tient à
déclarer clairement que la résolutior./proposée par le
Honduras est inacceptable, en ~OS' comme en détail.
Nous ne saurionsappo~r mi appui à un projet de
résolution qui aurait pour but non pas de liqu1~r le
coloniaUsme, mais urrlquementd'établir si les colonies
sont préparéeBl1l'inc1épeudance. ,
226. Les r~uples qui luttent pour leur libération et
pour l'affe\~missementd'une indépendance réelle disposent d'une grande force, qui leur permet des'opPoser victorieusement aux perfides machinations des
colonialistes et des néo-colonialistes. Cette forcec'est l'union et la solidarité. C'est A Bandoung que
les Etats asiatiques et africains ont formulé les principes de base de la solidarité africano-asiatique,
solidarité qui repose sur une haine commune du
colonialisme, queUe que soit sa forme, sur une haine
commune du racisme et, enfin, sur une aspiration
commune A conserver et ft, conElolider la paix sur la
223. Oui, mais, si l'on a composé et 'rél~ité depuis
terre. D'autres conférences analogues de pays en lutte
longtemps déjà des odes en l'honneur de bonnes intenont eu lieu depuis à Accra, A Tunis, à Conakry. Et
tions encore dans les limbes, lasuppreselion réelle
voici que par le monde retentit comme un écho
du régime colonialiste est retardéè-sous dive~s prépuissant la voix de l'Amérique latine incarnée dans
textes' ridicules et, je dirai même, démagogiques. Là
les appels ardents de la Déclaration de La Havane.
est' l'essentiel de nOs divergences de principe : d'un
227 Ces jours-ci, près de 100 Etats représentés l
cOté 11 y a les pays colonialistes avec leurs intentions
tout à fait à l'opposé des pays qui exigent une sup- , l'ONU examinent et discutent avec émotion et chaleur
pression immédiate du régime colonial. La déclaration' la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance auxpays
etaux peuples coloniaux, proposée par l'Ùnion sovié...
des pays africano-asiatiques [A/L.323 et Add.ll5],
tique,
pays de la paix, pays d'une fraternité véritable
de même que celle de l'Union soviétique, proclan'lc
et
de
l'amitiédes
peuples, pays qui a (suivant l'expressolennellement la nécessité de mettre fin, immédiatesiOn de l'un des principaux chefs de l'Asie contemment et sans aucune réserve, A toutes les fOl'mes du
poraine)
posé les fondements de la civUisationnouvelle
colonialisme, sous tontes leurs manifestations. Alors â
011
la
paix
peut se développer• La l_bération des pays
quoi bon ce projet df~ résolution du Honduras [AIL. 324] ?
et
des
peuples
de la domination colo"i~le flboutira â
Ce projet était\ nécessaire A ceux qui poussent le
l'assainissement
des, relations
inteiîiatiôi1ales,~CI1'-Cla'
Honduras et dont, l'identité est facile â deviner. Son
"
. '
IÎ
-'
congol!dation de la paix. n n'est p11us possible d'arrêbut est d'empêcher, si possible, l'adoption de la déclater la lutte des peuples c910nisé~/Pourleur libération.
ration et de prcliionger ainsi l'existence du régime
"C'est un importantproc~'ssus tüstol'ique qui s'effeccolonial. Nntre ~1élégation - je .le ,dis avec tout le
tue
avec une force orois;rsant~4et irréversible", indirespect qlleje ~ft.>is aux pays de l'At'l1érique latine'quait, dans une de ses ihter~entions au cours de la
seraitbo\11e~rsée d'apprendre que ta résolution du
présente
session de 'l'Assemblée générale, M. N.S.
Honduras puisse refléter l'opinion dO tous ces pays.
Khrouohtchev. 'Nous le disons et 'nous répétons: il faut
224. Ce pi"ojet œ/;résolutionrépête~ en fait, les caaccorder la liberté et l'indépendance totales aux
lOmnies déînagôgtques qui insinuen~'que les colonies
peuples coloniaux etaux territOires sous tutelle ou
ne sont pas mOrespol,ll' l'1nd~iiGtidance, qu'il leur
non autonomes et cela non pas à l'avenir, mais aujourmanque les institutions politiques et, sociales indisd'hui même et sans. dêlai./
pensabl~s pour pouvoir prendre les leviet'n de com228. Le peuple libre de IrUkraine indépendante ainsi
mande.
que son gouvernement restent aux cOtés de tous les
225. Bien sOr, ce projet de résolution proclame égale...
peuples libres et accordent leurapputtotal et incontnent que le colonialisme doit être ,supprimé dans le
ditionnel aux nobles idéaux et buts de la Déclaration
n10nde, Dla~s on n'y voit rtenquipuisseindiquer quand
sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples
coloniaux.,
f.>n extirpera cet opprobre du XXème siècle. n n'est
la tribune du Congrès qu'll étatt nécessaire d'élaborer
un ,programme de prop~gande destinée au continent
africain "pour ouvrir l'accès à ces vastes espaces
';tJlouveaux 011 se trouvent et se cachent des dollars".
Quant au Secrétaire d'Etat adjoint aux affaires africaines, , il s'est exprimé encore plus clairement:
"BientOt, 'a-t-il dit, les Etats-Unis seront à même de
, compenser les éch0CS relatifs de notre pol1tlqueen
Asie et au Moyen-Orient; l'Afrique nous fournit le
moyen de prendre "me revanche." n s'agit, donc d'effotts des Etats-Unis qui tendent à établir leur domination politique, économique. et militaire en Afrique.
L'anciencolonialisD1.e, A jamais compromis, serait
ainsiremplaoé par l'implantation d'un néo-colonialisme, poudré à l 'impérialism~.
222. L'expression "prendre une revanche" d§peint
on ne peut mieux la politique et, au-delà de cette politique, le comportement pratique des Etats-Unis au sein
et ~n dehors de i 'Organisat!~ii des :Nations Unies. ,Bien
entendu, la vie a enseigné aux colmtialiGtes - bien que
tous n'aient peut~tre pas profi~ de cette leçon - â
atteindre leurs buts par des moyens de plus en plus
subtils.ns ne disent plus de nos jOQ"S que: le"colonialisme est un bien et qu'on ne peutosér réclamer
son élimination de la vie des peuples. Mais, dans leur
nouveau vocabulaire, le mot "indépendance if comme le
mot "autonomie" ne s'emploient què pour désigner des
Intentions et encore des intentions pour un avenir
éloigné. L'un des précédents Qrateurs a indiqué d'ailleurs clairement qu'entre les puissances colonialistes
et les pays de l'Asie et de l'Afrique il n'y a pas de
Mvergences quant aux intentions; il n'y a que des
divergences concernant les méthodes et, quelquefois,
concernant la date de l'octroi de l'indépendance: et de
la liberté.
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Assemblée gênérale - Quinzième·session - Séances plénières
229. M. CHAMPASSAK (Laos): Si ma délégation croit'
devoit! prendre part 1 la (Uacussion du problème sur
l'octroi de l'tndépendanceaux peuples coloniaux, c'est
parce qU'elle estime que le· problème du colonialisme
revêt .une importance exceptionnelle. Certains des
orateurs qui m'ont précédé ont stigmatisé la persistance du fléau coloniallste. D'autres ont soul1gné la
disparition progressive du colonialisme et aussi la
naissance ,d'une nouvelle forme·de ce fléau destiné à
perpétuer la domination d'un pays par un autre et
l'exploitation de l'homme par l'homme. ns ont tous
amplement démontré le danger que >l'eprésentent pour
la paix et l,a sécurité internationales toutes les formes
du colOnialisme.
230. Après. la seconde guerre mondiale;· les vagues
du nationalisme ont soufflé sur le continent asiatique,
bousculant les positions coloniales traditionnellement
les plus solides. Près de 1 milliard d'hommes ont
recouvré leur dignité et leur libertéoutragêe~. La
Charte de San Francisco, proclamée dans l'eupho:rte
de la fin de la seconde guerre mondiale,. a incontestablement, par ses mobiles moraux, accéléré le processusde décolonisation. La politique des pays traditionnellement anticolonialistes, les progrès techniques
rapides, les échanges de plus en plus grands des
courants d'idées· ont rendu intenables les positions
des pUissandes colonialistes. C'est sous l'influence
conibinée . 9è ces divers facteurs que la Uquidation
des empirel.,",'s'est accélérée.
231. La Cotiférence de Bandoung de 1955, qUi marque
une étape historique dans les relations des peuples
des continents afrioain et asiatique, a provoqué un
essor nouv~au dans le mouvement de la libération de
l'Afrique.
232. Après l'Asie, le continent africain, avec ses
richesses et son potentiel humain, s'éveille lIa vie
internatiOnale et tous les orateurs ont 'souligné ici,
avec justesse, quel'année 1960 est l 'anné~ de l' Mrique.
Gelle-et,par scndynamisme, a déjà apportéà'nos
travaux Wle contribution importante.
233. A.part quelques nots 011 les· colonialistes éta-·
bUssent. leur doInination et font encore la loi, on peut
dire que l'ère du colonialisme est close.· Si ces
quelque"nots subsistent' encore, le mouvement'
d'émancipation, qui a des racines profondes, ne tar..
derapas A les balayer. Car, dans l'ère de l'interdépendance et de l'indivisibilité ·ete· la .paix, le colonialisme moribond a du mal Il survivre.
234. Appartenant AunpaysbQuddhiste, le peuple lao
a toujours manifesté Wle répugnance A toutes les
formes de domination, qu'ell~s soient idéologiques
ou matérialistes. Nous estimons que l'humiliation est
pire que la misère, car l'homme peut s'accoutumer à
la faim, mais ne s'habitue jamais, A l'bumiliatlon.
Instruits dans des principes de tolérance et d'humanisme, nous nous refusons· cependant â regarder ce
problème seulement dans son aspect négat.if.
235. Nous .soutenons énergiquement les efforts des
peuples qUi .luttent. pour leur.indépendance et leur
liberté. L'autodétermination, t notre avis, est la
seule voie susceptible non seulement de changer la
conscience politique des peuples opprimés, mais aussi
de rétablir la. cOncorde. Nous. considérons· que le
mouvement d'émancipation est irrésistible~tirréversible, mals nous sommes cont~e ceuxqUi entretiennent
le· ferment de haine, ceux qUi utilisent. ~s slogans
explosifs pour des motifs sociaux ou raciaux, ou tout
.
simplement pour détourner les difficultés politiques,
èar nOUS estimons que ce sont là des formes d'avilissement de la pensée humaine incompatibles avec· les
principes moraux.
'
' .
236. Gardons-nous cependant de nous laisser entrafner à des manifestations d'bystérie raciale par haine
du colOnialisme. n ne sUffit pas de condamner le
colonialisme par un feu d'artifice verbal, il faut lui
Oter surtout les raisons de survie pour empêcher son
retour. Le racisme et la xénophobie sont, lnotre avis,
les deux sources principales 011 les tenants du colonialisme jouent· pour s'efforcer de ressusciter leur
gra.ndeur passêeet leursupêriorité. Bannir ces sentiments, c'est condamner les puissances coloniales à
un isolement progressif, c'est liqUider les germes du
colonialisme. n ne faut pas que l'indépendance nouvellement acquise se transforme en dépendance
aveugle, car il n'y'a pas "d'alternative â la nbertê".
No~ estimons que la lutte contre~e colonialisme doit
être menée de pair avec le combat pour le bien-être
social et pour le progrès économique, car combattre
le colonialis'mesur ua seul front en négligeant le
problème de .la faim ~t de l'ign9rance serait une négation pire qu'un crimEi~
240.
le
pro~
Add.1
Ellep
ce pra
237. L'anticolonialiSMe ne doit pas nous masquer les
visées politiques de tel ou tel bloc idéologique qui
cherche à capturer les Etats nouveau-nés, désemparés
et faibles, soit pour les placer' directement dans leur
orbite, soit pour en faire une clientèle commode. En
tombant dans: les pièges du nouvel impérialisme, on
risque'd'êtreravaléau rang d'un simple rouage participant au fonctionnement du mouvement d'une horloge.
Dans ce cas, l'indépendance pour laquelle on lutte ne
serait qu'une indépendance de seconde classe.
238. De l'avis de ma délégation, il serait vain de se
livrer à des èontroverses si l'on n'a pas la même
notion de la liberté et de la dignité humaine. Si le
langage de la liberté .et de l'égalité d.es peuples n'a
pas, lé méme sens". la mèm~e signification partout, et
n'est seulement qu'un article d'exportation Al'usage
des· masses pauvres et ignorantes, pour servir la
cause que chacun défend, alors la passion doni-n"us
faiSOns· preuve ici pour combattre ce vieux fléau qu'est
le ,colonialisme n'a pas.de sens.
.
239. Ainsi f le chemin de la paix et de la concorde sur
lequel nous nOUS engageons restera toujours plein
d'obstacles tant qU'il exlstera des nations qUi, tout en
parlant' constamment de paix, de liberté et d'émancipa.tion, ne rêvent en fait qu'A étendre leur orgueilleuse
pUiSS(lftCe .au-dell d$' leUrs ;frontières.,. soit par les
arides, soit par la subversion dont!'action sournoise
est pire que les :mauXcoloniallstes. Ces nations, trop
sQres de leur philosophie, persuadées de détenir la '
clef· ·de l'avenir et convainCues de leur vocation missionnaire, .'emploient' tous les moyens, fussent-ils les
plus brutaux, pour imposer leur domination. n faut que
ces pUissances, qUi tentent de rééditer l'aventure coloniale, sachent que ladissolution des empirescolonlaux
a. pris désormais. de. telles proportions que seul le
libéralisme le plus .conciliant et ·le plus imaginatif
pov.rrait remplacer leurs obligations passées par des
Uens volontairement acceptés. n faut opérer les
ajustements nêcessalrespar l 'évaluation sans passion
des relations contemporaines depUlssances, par la·
redéfinition. de l 'In.térêt,. dégagée· des conceptions
vulgaires de la. grandeur· nationalê, pour rétablir la
confiance, l'amitié et la paix.
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933ème séance - 2 décembre 1960
240. M., délégation est une de celles .qui ont parrainé
le projet de déclaration des4~ puissances [A/L.323 et
Add.1 â 5] soumis ll l'~xamen de cette assemblée.
Elle pense que le cadre et les idées contenues dans
ce projet refn~teDt fid~lemeDt les pr1nclp:tS sacrês de
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la Charte des Nations Unies etespêrequ'l1 sera adopté
par la plus large majorité.
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77002-September 1961-8.75

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