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JOUEZ au QUIZZ de Question 1 On croise de plus en plus souvent de femmes voilées dans les lieux publics. Est-ce une entorse à la laïcité ? Question 2 Un lycéen portant une kippa, veut entrer dans l'enceinte de son établissement. En a t-il le droit ? Question 3 Une femme portant le voile, veut se rendre à sa mairie pour des démarches administratives. En a t-elle le droit ? Question 4 Une étudiante voilée, en première année en droit, veut entrer dans l'enceinte de son université. En a t-elle le droit ? Question 5 Un recruteur refuse la candidature d’un sikh en raison de son turban, malgré l’absence de cette disposition dans le règlement intérieur. L’entreprise est-elle dans son droit ? Question 6 Les élèves sont-ils obligés de manger de la viande dans les cantines de l’école de la République ? Question 7 Une mère de famille portant le voile, veut participer à une sortie éducative avec la classe de son fils. En a-t-elle le droit ? Question 1 On croise de plus en plus souvent de femmes voilées dans les lieux publics. Est-ce une entorse à la laïcité? NON Les signes religieux, comme le port du foulard, le turban Sikh, la kippa, ne sont pas interdit dans les espaces publics en France. La France est un Etat de droit, laïc qui protège les libertés religieuses. Il faut rappeler que le citoyen n’est pas laïc contrairement aux institutions. Pourtant, les entorses à la laïcité sont nombreuses. Un médecin généraliste à Evry (Essonne) dans le quartier des Pyramides, a, par exemple, apposé dans sa salle d’attente une affichette demandant aux femmes de retirer leur voile dans son cabinet : «Je suis très choquée par le nombre de femmes voilées sur les Pyramides. L’intégrisme a fait beaucoup de morts dans le monde. Je remercie les femmes voilées de bien vouloir retirer leur voile dans le cabinet et dans la salle d’attente.» Durant l’été 2014, c’est le maire de Wissous qui a tenté de mettre en place un règlement intérieur pour interdire aux femmes voilées l’accès à la base de loisir. Le tribunal administratif de Versailles a suspendu ce règlement. Question 2 Un lycéen portant une kippa, veut entrer dans l'enceinte de son établissement. En a t-il le droit? NON Depuis la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques ( l'article L.141-5-1 du code de l'éducation) votée en 2004, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit dans les écoles, les collèges et les lycées publics. Article L141L141-5-1 Créé par Loi n°2004-228 du 15 mars 2004 - art. 1 JORF 17 mars 2004 en vigueur le 1er septembre 2004 Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d'une procédure disciplinaire est précédée d'un dialogue avec l'élève. Question 3 Une femme portant le voile, veut se rendre à sa mairie pour des démarches administratives. En a t-elle le droit ? OUI Rappelons que le citoyen n’est pas laïc et que la France est un Etat de droit qui protège les libertés religieuses. religieuses Toute personne peut donc se rendre dans n’importe quelle institution de l’Etat munie de signe religieux de son choix sans enfreindre la loi. Pourtant, ici encore, nombreux sont les élus qui enfreignent la loi et le principe de laïcité. Nombreux sont les maires, comme à Lyon, qui obligent, en cas de mariage, les épouses voilées à le retirer au nom de la soit disant laïcité. L’année dernière, à Montsoult (Val d’Oise), c’est le maire Jean-claude Boistard qui avait ordonné à une musulmane de retirer son hijab afin de pouvoir entrer dans l’enceinte de la maire. En revanche, le port du voile intégrale est interdit dans les lieux publics depuis le 11 octobre 2011 "nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage« (loi du 20 octobre 2010 interdisant le port du voile intégrale) Question 4 Une étudiante voilée de première année en droit, veut entrer dans l'enceinte de son université. En a t-elle le droit? OUI La loi sur les signes religieux de 2004 concerne uniquement les écoles publiques. L’Université, n’est donc pas concerné par cette loi. Pourtant, lors de la rentrée universitaire de 2014, à la Sorbonne, une étudiante en licence 3 de géographie fut victime d’une grave discrimination en raison de son voile. Elle fut prise à partie en plein cours par sa professeur qu’il lui a sommé de retirer son voile avant de se lancer dans une tirade antivoile devant tous les élèves. Cette étudiante fut finalement reçu par le directeur qui dû lui présenter ses excuses. Le même comportement eu lieu à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence. Un enseignant pris à partie une étudiante voilée l’accusant d’être le «cheval de Troie de l’islamisme». C’est encore le directeur de l’établissement qui dû présenter ses excuses rappelant que l’IEP d’Aix reste «profondément attaché aux valeurs républicaines et que certes la France traverse un moment sensible de son Histoire dans sa guerre contre le terrorisme islamiste, mais de tels propos accusatoires, visant un groupe ou des individus, ne peuvent être tolérés dans son enceinte». Question 5 Un recruteur refuse la candidature d’un sikh en raison de son turban, malgré l’absence de cette disposition dans le règlement intérieur. L’entreprise est-elle dans son droit ? NON le principe de laïcité instauré par l’article 1er de la Constitution n’est pas applicable aux salariés des employeurs de droit privé qui ne gèrent pas un service public. Un règlement intérieur d’une entreprise de droit privée peut néanmoins interdire certains vêtements pour des critères objectifs d’hygiène, de sécurité ou en raison d’un uniforme précis et motivé. En revanche, elle ne peut interdire directement le port du voile ou d’un turban puisque la laïcité protège la liberté de croyance. croyance En 2008, une salariée de la crèche Baby Loup (établissement associatif privé à Chanteloup-lesVignes) a été licencié au motif qu'elle avait décidé de porter un foulard islamique. Le règlement intérieur de l’établissement interdisait bien cette disposition mais était clairement contraire au principe de la laïcité en vigueur en France. Le cas très particulier de L’Affaire BABY LOUP Le 2 novembre 2010, le service juridique de la HALDE confirme que le licenciement est illégal mais la nouvelle présidente de la HALDE (Jeannette Bougrab) contredit en personne cette avis juridique auprès du conseil des prud'hommes de Mantes-la-Jolie (Yvelines). Le 27 octobre 2011, la Cour d'appel de Versailles confirme la décision de ce licenciement et, coup de théâtre, c’est la Cour de cassation qui annulera cette décision. En effet, étant donné que la disposition du règlement intérieur de la crèche était en luimême illégale, celle-ci ne pouvait donc fonder un licenciement. Suite à cette affaire, de nombreux politiques avaient soutenus la crèche Baby Loup au mépris de la loi et du principe de laïcité. Le Ministère de l'Intérieur de l’époque, Manuel Valls, avait sévèrement critiqué cette décision de justice estimant qu’elle était une atteinte à la laïcité. Suite à un nouveau recours, la Cour d'appel de Paris, le 27 novembre 2013 confirmera pourtant le licenciement. Le 25 juin 2014, c’est au tour de la Cour de cassation (plus haute juridiction de l'ordre judiciaire) de confirmer le licenciement de la salariée aux motifs suivant : « la restriction à la liberté de manifester sa religion qu'il [le règlement intérieur] édictait ne présentait pas de caractère général, mais était suffisamment précise, justifiée par la nature des tâches accomplies par les salariés de l'association et proportionnée au but recherché » POUR COMPLETER VOS CONNAISSANCES SUR LE SUJET Article L1132-1 Aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement ou de l'accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, telle que définie à l'article 1er de la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations, notamment en matière de rémunération, au sens de l'article L. 3221-3, de mesures d'intéressement ou de distribution d'actions, de formation, de reclassement, d'affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, de ses mœurs, de son orientation ou identité sexuelle, de son âge, de sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son nom de famille, de son lieu de résidence ou en raison de son état de santé ou de son handicap. ____________________________________________________________________ Art. 9 Liberté de pensée, de conscience et de religion CEDH : « 1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites. 2. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui. » NB: Pour compléter vos connaissances consultez également le code du travail des articles: L. 11211121-1, L.1133L.1133-1 et L. 13211321-3. Question 6 Les élèves sont-ils obligés de manger de la viande dans les cantines de l’école de la République ? NON Trois textes prennent en compte les restrictions alimentaires des enfants dans le cadre de repas proposés par les services de restauration scolaire : La Note de service de l’éducation nationale n°82-598 du 21 décembre 1982 (B.O n°1 du 6 janvier 1983) qui prévoit la prise en compte des « habitudes et des coutumes alimentaires familiales pour les enfants d’origine étrangère ». L’Article 19 du contrat modèle pour l’affermage du service de restauration scolaire, publié comme annexe de la circulaire de l’éducation nationale du 13 avril 1988 (JO du 15 mars 1988), dispose que « le règlement de service comprend notamment … les possibilités d’adaptation des menus ( en raison de prescriptions médicales ou de pratiques religieuses ) » La Circulaire n°2001-118 de l’éducation nationale du 25 juin 2001, qui précise : « L’éducation nutritionnelle à l’école doit être reliée à la vie sociale et tenir compte des différentes cultures ». Cela dit, à la fin de l’année 2011, un décret gouvernemental (N° 2011-1227) visant à rendre obligatoire la présence de produits d’origine animale dans tous les plats proposés aux restaurants scolaires a été proposé mais sans contraindre les élèves à manger tous ce qu’ils ont dans leurs assiettes.. assiettes Question 7 Une mère de famille portant le voile, veut participer à une sortie éducative avec la classe de son fils. En a-t-elle le droit ? OUI En 2012, la circulaire Chatel imposait aux parents accompagnant les sorties scolaires de ne pas manifester, par leur tenue ou leurs propos, leurs convictions religieuses, politiques, ou philosophiques. Extrait de la circulaire "Chatel" du 27 mars 2012: "La laïcité est un principe constitutionnel de la République: elle donne le cadre qui, au-delà des appartenances particulières, permet de vivre ensemble. Elle est accueillante, à la fois idéal d'une société ouverte et moyen de la liberté de chacun. L'École met en pratique la laïcité et apprend aux élèves à distinguer savoir et croire. Facteur de cohésion sociale, la laïcité s'impose à tous dans l'espace et le temps scolaires. Chacun, à sa place, est le garant de son application et de son respect. Il est recommandé de rappeler dans le règlement intérieur que les principes de laïcité de l'enseignement et de neutralité du service public sont pleinement applicables au sein des établissements scolaires publics. Ces principes permettent notamment d'empêcher que les parents d'élèves ou tout autre intervenant manifestent, par leur tenue ou leurs propos, leurs convictions religieuses, politiques ou philosophiques lorsqu'ils accompagnent les élèves lors des sorties et voyages scolaires." scolaires Mais le 23 décembre 2013, le Conseil d’Etat a estimé que les mères voilées accompagnant des sorties scolaires n’étaient pas soumises, par principe, à la neutralité religieuse. Il a toutefois rappelé que les textes autorisaient des restrictions, pour «le maintien de l’ordre public et le bon fonctionnement du service public». NOTES