dossier pédagogique - Les Quinconces

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dossier pédagogique - Les Quinconces
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
RÉSIDENCE CHORÉGRAPHIQUE 2015.2016
NOMBRER
LES ÉTOILES
création danse | conception, chorégraphie Alban Richard | musique
Ensemble Alla francesca
MARDI 8 & MERCREDI 9 MARS 2016
MARDI À 20H30
MERCREDI À 19H30
PRACTICE
création danse musique | chorégraphie et danse Alban Richard
composition et violons Régis Huby
MARDI 15 MARS 2016 À 20H30
M° LIGNE 13 MALAKOFF-PLATEAU DE VANVES - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION
THEATRE71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF
3, PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00
SERVICE RELATIONS PUBLIQUES [email protected]
Béatrice Gicquel 01 55 48 91 06 | Solange Comiti 01 55 48 91 12 | Émilie Mertuk 01 55 48 91 03
SOMMAIRE
› Parcours page 1
› Ensemble l’Abruptpage 2
› L’équipe artistique Nombrer les étoilespage 3
› Note d’intentionpage 4
› Ensemble Alla francescapage 5
› Autour du Moyen Âgepage 6
› Danse contemporainepage 9
› Pour aller plus loinpage 11
› L’équipe artistique Practicepage 14
› Le fruit d’une rencontrepage 15
› Régis Hubypage 16
› Ressourcespage 17
PARCOURS
ALBAN RICHARD
Parallèlement à des études musicales et littéraires, Alban Richard rencontre la danse et trouve en
elle un horizon de liberté insoupçonné. Il choisit l’aventure de la création chorégraphique. Il
dansera notamment pour Karine Saporta, Christian Bourigault, Christine Gaigg, Odile Duboc,
Olga de Soto et Rosalind Crisp.
En 1999, la performance Come out, duo sur la musique éponyme de Steve Reich, jette les bases
de son univers. Il crée aussi Blood Roses, pièce pour huit danseuses sur les Suites pour clavecin
de Purcell. L’ensemble l’Abrupt est fondé en 2000, rassemblant des collaborateurs déjà fidèles.
En 2000 à l’invitation du festival Mouvements d’Automne, il crée Häftling, pièce pour huit
danseurs et trois musiciens au Théâtre de l’Étoile du Nord. En 2002, il chorégraphie et danse
Sous surveillance, solo commenté en direct par l’analyste du mouvement Nathalie Schulman, en
interaction avec la musique de Laurent Perrier et les lumières de Valérie Sigward.
Downfall, création pour le festival Faits d’Hiver 2004, lui amène une première reconnaissance
décisive, confortée par Disperse, composition abstraite pour huit danseurs, créée aux Rencontres
chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis en 2005. Sa signature se précise sous les
traits d’une écriture processuelle, tramée de plusieurs partitions – pour la danse, la musique et la
lumière qui convergent vers une unité conceptuelle et esthétique. As far as, quintette créé
également aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis en 2007,
marque une nouvelle étape. Le solo A Conspiracy, (commande du Vif du Sujet 2008), et le
triptyque Trois études de séparation (2007-2009) croisent ses différents axes de recherche en
conjuguant une écriture extrêmement précise et rythmique à un travail sur des états de corps
différenciés. En 2009, l’IRCAM lui commande With my limbs in the dark, solo créé sur une
musique de Paul Clift. Il reçoit le prix du Jeune Talent chorégraphique de la SACD.
En 2011, à l’invitation de Christopher House, il crée une pièce pour le Toronto Dance Theater.
Puis au festival Montpellier Danse, il crée Pléiades, un concert de musique et de danse,
réunissant six danseurs et les Percussions de Strasbourg sur la musique de Iannis Xenakis. En
2012, l’IRCAM lui commande le solo Night : Light sur une musique de Raphaël Cendo et la pièce
Boire les longs oublis voit le jour au festival Instances de Chalon-sur-Saône.
De 2012 à 2014, il crée un triptyque de pièces pour de larges groupes d’interprètes amateurs
(entre 35 et 50 personnes par projet). For each extatic instant à la Scène Nationale d’Orléans,
From Afar au Prisme d’Elancourt, Forevermore au Théâtre National de Chaillot en partenariat
avec le Centre National de la Danse-Pantin. En 2014, Et mon cœur a vu à foison, pièce
chorégraphique, musicale et théâtrale par onze interprètes masculins, voit sa première au
Théâtre National de Chaillot.
Depuis sa création, l’ensemble l’Abrupt a été en résidence au Théâtre de Vanves, au Centre
National de la Danse-Pantin, au Forum du Blanc-Mesnil, au Théâtre Louis Aragon de Tremblay-enFrance, à la Scène Nationale d’Orléans, au Prisme-centre de développement artistique de SaintQuentin-en-Yvelines et au Théâtre National de Chaillot.
1
En lien avec le monde musical, l’ensemble L’Abrupt collabore avec les Percussions de Strasbourg,
Les Talens Lyriques, l’ensemble Cairn, l’orchestre de l’Opéra de Nancy, l’ensemble Instant Donné,
l’ensemble Alternance, l’ensemble Erik Satie, et les compositeurs Laurent Perrier, Raphaël Cendo,
Jérôme Combier, Paul Clift, Matthew Barnson, Wen Liu, Robin Leduc, Aurélien Richard, Arnaud
Petit. Alban Richard est nommé à la direction du Centre Chorégraphique National de Caen à
compter du 1er septembre 2015 et est également artiste en résidence de création au Théâtre 71
pour la saison 15.16 avec le violoniste compositeur Régis Huby
ENSEMBLE L’ABRUPT
L’ensemble l’Abrupt a été créé en 2000 par Alban Richard. La compagnie est implantée depuis sa
création en Île-de-France où elle a bénéficié de plusieurs résidences.
L’ensemble l’Abrupt est soutenu par la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France
et le ministère de la Culture et de la Communication au titre de l’aide aux compagnies
conventionnées, et bénéficie du soutien de l’Institut français pour ses tournées à l’étranger.
Extraits du texte d’Edwige Phitoussi, critique, juillet 2012
« La démarche artistique d’Alban Richard, chorégraphe de la compagnie ensemble l’Abrupt
s’appuie sur une écriture aussi rigoureuse que sensible. Celle-ci interroge le mouvement à travers
le travail de l’interprète, partagé entre les contraintes auxquelles il est soumis et les «réponses»,
personnelles et singulières que celui-ci propose. C’est dans cet écart que le je(u) du danseur se
matérialise, s’incarne. Mais l’interprète n’est pas le seul à être sollicité. Car ici le spectateur n’est
jamais dans une posture uniquement réceptive, et encore moins passive. Désireux de laisser au
public une part active lors des représentations, Alban Richard n’hésite pas à s’appuyer sur les
perceptions du spectateur, quitte à les perturber, au moyen d’un dispositif scénique efficace […]
La danse d’Alban Richard ne peut donc se réduire à la seule écriture du mouvement.
L’imbrication des partitions concernant la lumière, la musique et la chorégraphie témoigne de la
volonté de proposer un objet chorégraphique dans lequel tous les éléments conçus dans leurs
interactions, tendent vers un même but […]
La danse de la compagnie ensemble l’Abrupt fait appel autant à la sensibilité du spectateur qu’à
son intelligence. Jamais elle ne laisse indifférent. »
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NOMBRER LES ÉTOILES
l’équipe artistique
conception, chorégraphie Alban Richard
musiques médiévales des XIIIe et XIVe siècles ensemble Alla Francesca :
Vivabiancaluna Biffi vièle à archet et chant
Christel Boiron chant
Brigitte Lesne chant, harpes et vielle à roue
avec
Romain Bertet
Mélanie Cholet
Max Fossati
Laurie Giordano
Yannick Hugron
durée env. 1h10
création lumière Valérie Sigward
son Félix Perdreau
création costumes Corine Petitpierre
conseillère analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé Nathalie Schulmann
Production
ensemble l’Abrupt
coproduction
Théâtre Paul Éluard de Bezons (en cours)
avec le soutien
de la DRAC Île-de-France / ministère de la Culture et de la Communication au titre de l’aide aux compagnies conventionnées et du Conseil départemental du Val-d’Oise
Résidence de recherche à Format – La Jetée, lieu d’art et de ressources chorégraphiques
L’ensemble l’Abrupt est en résidence au Théâtre Paul Éluard de Bezons et au Théâtre 71 – Scène Nationale
de Malakoff
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NOTE D’INTENTION
« Modifier le réel est devenu impossible. Pratiquer la magie est la seule solution. »
Nombrer les étoiles est une création composée comme une ballade. Le mot « ballade », issu de
la forme méridionale « ballata » se rattache à la famille de « baller » qui signifie « danser » au
Moyen-Âge. Avéré au XIIe siècle, « ballade » désigne alors une chanson dansée ou « chanson
ballatée » comportant plusieurs strophes et un refrain.
Nombrer les étoiles est donc une pièce où la danse et la musique sont intrinsèquement liées,
puisque les deux médiums développent les mêmes structures de compositions.
Nombrer les étoiles plonge dans les œuvres musicales et poétiques de Guillaume de Machaut, de
Charles d’Orléans ainsi que dans la musique médiévale des XIIIe et XIVe siècles. Les trois tomes
d’Anatomy of Melancholy de Robert Burton édités en 1621, nous servent aussi de source de
recherches et d’inspirations.
Nombrer les étoiles est une traversée de la Nuit. On y construit des abris de lumières pour
jalonner des paysages incertains, et l’on s’y « havre ». Mais pour se défaire de l’ennemi intérieur,
il faut poursuivre le chemin, et affronter les démons ardents, mais aussi Amour, Solitude et
Mélancolie.
Une transformation silencieuse s’opère lors de ce voyage dans les profondeurs de l’âme et au
bout du périple, de nouvelles lueurs apparaissent.
COMPOSITION
Nombrer les étoiles est composée de quatre parties enchaînées sans interruption, quatre formes
médiévales Planctus, Balade, Rondel, Motet, dont l’alternance forme un cycle qui s’étale sur près
de 90 minutes. Planctus I : Le monde est ennuyé de moy, Balade XVII : Souvenir qui scet tous les
secrés, Motet XXXVII : Puis qu’en Oubli suis de vous, Rondel CCXXV : En la forest de Longue
Actente.
MUSICALEMENT
Telle une tresse de cheveux où les brins n’apparaissent pas de façon périodique, trois types de
matériaux musicaux seront tressés : les quatre formes musicales médiévales, les compositions
textuelles et vocales, la création sonore de Félix Perdreau avec des parfums médiévaux
réintroduits.
CORPORELLEMENT
Prendre des données graphiques musicales, les recycler, les retraiter, leur faire prendre corps.
Générer des proportions, des aléas rythmiques, des processus de distorsions, de modulations, de
transpositions. Composer le mouvement à base de neumes, c’est-à-dire une écriture constituée
de formules mélodico-rythmiques.
Travailler à partir de structures isométriques et de la polytextualité. Développer ainsi une
recherche corporelle centrée sur la polytonicité, sur les accumulations de textures
contradictoires mais simultanées, ainsi que sur l’homorythmie du corps et de la musique. Mettre
en phase et hors-phase différentes structures rythmiques dans le corps. Le souffle et la voix
seront aussi de la partie.
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ENSEMBLE
ALLA FRACESCA
Internationalement reconnu pour la qualité de ses interprétations et l’originalité de ses projets,
Alla francesca compte parmi les groupes incontournables pour qui veut découvrir les musiques
du Moyen Âge, chansons et pièces instrumentales, dans les meilleures conditions.
L’interprétation, à la fois vivante et poétique, est le fruit d’un long travail de maturation, de
recherches et d’échanges, une musicologie mise à l’épreuve de la pratique, avec un réel sens du
concert et du contact avec le public.
Actif depuis le début des années 90, il est placé depuis le début des années 2000 sous la
direction conjointe de Brigitte Lesne et/ou Pierre Hamon selon les programmes et les projets.
L’effectif varie de deux à plus de dix musiciens et chanteurs notamment lorsqu’il allie ses forces
à celles de Discantus et/ou Alta, ou, parfois à celles d’un conteur, d’un jongleur, d’un comédien,
de danseurs…
Alla Francesca se concentre sur la période qui va de la fin du XIe au début du XVIe siècle.
Se révèle ainsi à nos oreilles tout un continent musical, tour à tour festif et poétique, d’une feinte
simplicité ou d’une extrême sophistication : chansons de troubadours et trouvères, estampies et
motets, cantigas ; compositions de Guillaume de Machaut et du temps de l’ars nova, musiques
du trecento (Landini), chansons de minnesänger, ars subtilior, répertoires bourguignons et
franco-flamands (Ciconia, Binchois, Dufay...), diminutions instrumentales (codex Faenza),
frottoles italiennes… Ainsi que d’autres musiques plongeant leurs racines dans ces hautes
époques : chansons séfarades, tarentelles et chants traditionnels italiens, chants anciens en
hébreu et yiddish, répertoires arabo-andalous...
La recherche d’interprétation est conduite selon deux axes principaux :
› Travail d’une vocalité spécifique pour ces répertoires, souvent poétiques avant tout : diction,
ligne, legato, connaissance des langues, pratique du « dire ».
› Techniques instrumentales, en recherchant finesse de jeux et articulations adaptées aux
musiques de danse et à l’accompagnement du chanteur, travail sur l’improvisation et
l’hétérophonie.
Cette dimension expérimentale aboutit au choix d’une restitution musicalement optimale,
historiquement plausible et gardant le respect du texte original. Pour l’obtenir, Alla francesca se
réfère autant au travail des musicologues qu’à la lecture des écrits médiévaux, aux recherches
organologiques des facteurs et luthiers ainsi qu’à l’exploration d’autres traditions monodiques,
populaires ou savantes, européennes ou orientales.
L’ensemble est invité à se produire dans les plus grands festivals français et européens, et
jusqu’en Australie, Azerbaïdjan, Canada, Colombie, Inde, Maroc, Mexique, Nouvelle-Zélande,
Russie, USA, Turkménistan... À son palmarès figure le Diapason d’Or de musique ancienne de
l’année 2000.
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AUTOUR DU MOYEN ÂGE
BALLADE, MOTET, RONDEL
La ballade est au Moyen Âge une chanson à danser raffinée. Elle associe un texte poétique
obéissant peu à peu à certaines règles (trois strophes avec refrain et souvent une demi-strophe
finale appelée envoi) et une musique particulière. Les créateurs, troubadours ou trouvères, sont à
la fois poètes et musiciens. La ballade rejoindra la poésie populaire et donnera son nom au genre
de la chanson narrative qui marque le folklore de nombreux pays européens : ballades
écossaises, irlandaises comme Molly Malone, ou anglaises comme Robin Hood and the Monk. Le
texte sans règles particulières, accompagné de musique et dansé évoque en général des destins
réels ou légendaires, souvent sujets aux malheurs amoureux ou sociaux.
Un motet (diminutif de « mot ») est une composition musicale apparue au XIIIe siècle, à une ou
plusieurs voix, avec ou sans accompagnement musical, courte et écrite à partir d’un texte
religieux ou profane.
Un rondel est un poème à forme fixe, construit sur deux rimes et comportant un refrain, à
l’instar du rondeau et du triolet. Il est composé le plus souvent de treize vers octosyllabiques
répartis en trois strophes. Le refrain du rondel est formé de ses deux premiers vers, que l’on
retrouve à la fin de la deuxième strophe, puis de son premier vers, que l’on retrouve à la fin de la
troisième.
INSTRUMENTS DE MUSIQUE
› Vièle à archet
La vièle ou viole est un instrument à cordes utilisé au Moyen Âge. On joue de cet instrument à
l’aide d’un archet. Plus généralement la vièle comporte trois à cinq cordes et désigne tout type
d’instrument à cordes frottées, puisque l’on retrouve ces caractéristiques sur de nombreux
instruments autour du monde et issus de diverses époques.
› Vielle à roue
La vielle à roue est un instrument à cordes. Le musicien joue à l’aide d’une roue en bois à la
place d’un archet, celle-ci est actionnée par une manivelle et frotte les cordes grâce au
mouvement de rotation. Avec sa main gauche le musicien joue simultanément la mélodie sur un
clavier placé sous les cordes de l’instrument. Dans les premiers temps la vielle requiert deux
personnes pour pouvoir être actionnée, une tournant la roue, l’autre jouant du clavier.
PERSONNIFICATION
La personnification est un procédé littéraire qui consiste à attribuer des propriétés humaines à
des objets inanimés, des animaux ou des concepts. Presque aussi vieux que la littérature ellemême, ce procédé a notamment été rendu célèbre grâce aux Fables de La Fontaine elles-mêmes 6
librement inspirées d’Ésope, poète antique. L’incarnation par les différents animaux mis en scène
dans ces poèmes de modèles de comportement sociaux est un parfait exemple de ce qu’est une
personnification. Dialogue, ruse, vêtements, jalousie, concurrence et attitudes corporelles
typiques sont autant d’attributs proprement humains rapportés aux animaux des fables.
Au Moyen Âge ce procédé est très souvent utilisé dans les ballades, chants, complaintes, récits
de chevalerie et autres œuvres narratives qui content les aventures de personnages
caractéristiques et transmettent au public des leçons de morale à travers fables et histoires.
Alban Richard construit avec sa chorégraphie une ballade à travers la Nuit. Entité personnifiée, la
Nuit, mais aussi la Solitude, l’Amour et la Mélancolie revêtent avec le voyage initié ici par la
danse, des caractéristiques humaines, à l’image des ballades du Moyen Âge.
CULTURE DU CORPS AU MOYEN ÂGE
Le rapport au corps au Moyen Âge est fortement déterminé par la religion et la question du Salut
de l’âme. Le corps représente un obstacle potentiel à ce salut divin car il est l’instrument du
pêché, il se retrouve donc souvent condamné ou devient un support de souffrance pour pouvoir
faire pénitence. La danse en particulier, mais aussi l’agitation du corps en général est perçue au
Moyen Âge comme étant négative : ces manifestations bruyantes et extravagantes sont le propre
de l’enfance. On privilégie les gestes calmes, raisonnés et répétés, on évite les gestes vains et
inutiles. Du reste on connaît peu de choses sur les traditions de danse du Moyen Âge, cette
culture étant transmise à l’oral et n’étant pas documentée. Les écrits étaient réservés en effet aux
textes sacrés. On sait néanmoins que la danse est un divertissement très apprécié dans les cours
aristocratiques et lors des fêtes champêtres, lors desquelles sont pratiquées la « carole », danse
collective où les participants forment une ronde. Ces danses ont engendré des formes musicales
de structure circulaire comme le rondel, la ballette et le virelai.
MUSIQUE AU MOYEN ÂGE
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On distingue au Moyen Âge la musique sacrée et profane, celle des chants liturgiques et des
chansons populaires.
La conception de la musique médiévale religieuse trouve ses sources dans des traités musicaux
antiques. Des figures comme Platon, Pythagore ou Pérotin, auteurs de traités philosophiques sur
la musique se retrouvent conciliés avec la forte tradition chrétienne propre au Moyen Âge.
À l’époque on recherche en priorité l’harmonie dans la musique. Celle-ci doit être l’expression de
la perfection et de la grandeur de la création de dieu. La musique s’écoute donc principalement
dans le cadre du culte chrétien. Les églises sont des lieux privilégiés pour cela, à travers
notamment le rituel liturgique, qui consiste en un service religieux d’ordre public. Le chant est
aussi pratiqué dans les monastères mais n’est pas accessible au reste des fidèles, l’accès à ces
lieux étant réservé aux moines exclusivement.
Avant même le Ve siècle, que les historiens désignent comme siècle d’entrée dans la période
moyenâgeuse, on utilise déjà le terme de « messe » pour désigner un office liturgique. Issu de la
tradition de récitation chantée des textes sacrés, le fait de chanter des hymnes et des psaumes
durant la messe trouve son origine dans les pratiques judaïques et orthodoxes. Il s’agit
d’impressionner les fidèles qui assistent à l’office pour imprimer en eux, à travers la musique, la
beauté et la puissance divine. Plusieurs types et formes de chants religieux se distinguent et
évolueront indépendamment, jusqu’à la diffusion du corpus grégorien qui uniformise les
pratiques pour l’ensemble de la chrétienté.
Parallèlement à la musique religieuse se développe une pratique musicale dite profane, c’est-àdire pratiquée hors du cadre du culte chrétien. Attachée aux milieux plus riches et cultivés des
cours moyenâgeuses, celle-ci se désigne sous le nom de « lyrique courtoise ». Il s’agit d’une
poésie mise en musique, dont les sujets sont principalement des aventures chevaleresques et
amoureuses, exaltant les valeurs de la tradition féodale. Ces chants sont diffusés par les
troubadours, ou poètes-musiciens. Présents dans les cours nobles ils sont souvent imprégnés de
la culture musicale grégorienne et appliquent au répertoire profane les règles de la musique
modale.
La période du Moyen Âge qui s’étend sur plus de dix siècles voit nécessairement évoluer les
pratiques musicales. Un des principaux changements qui s’opère concerne l’apparition de la
polyphonie. La manière de composer la musique intègre avec ce procédé la possibilité de jouer
plusieurs notes simultanément.
La polyphonie prend son véritable essor avec l’avènement de l’art gothique. Ces deux évolutions
se comprennent en rapport avec leur principe d’élévation vers le divin. Comme la cathédrale
gothique est une architecture qui monte le plus possible vers le ciel et vers dieu, le chant
polyphonique est aussi une superposition des voix qui a pour but d’élever l’âme vers les cieux.
Autour de l’an mille enfin, apparaissent les premières portées qui permettent de noter la manière
dont doivent être exécutés les chants liturgiques. Dorénavant uniformisés, ceux-ci doivent en
effet pouvoir être écrits pour être diffusés, la tradition orale ne suffisant plus pour une entreprise
d’une telle ampleur puisqu’il existait un chant liturgique pour chaque jour et que ceux-ci
devaient dorénavant être communs à l’ensemble du monde chrétien.
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DANSE CONTEMPORAINE
La danse contemporaine naît après la seconde guerre mondiale. Elle fait suite à la danse
moderne qui, au début du XXe siècle, cherchait à libérer le corps du cadre rigide de la danse
classique. En transgressant les codes de la technique classique, la danse contemporaine instaure
de nouveaux référents poétiques. Si la danse classique peut être qualifiée d’aérienne, la danse
contemporaine est une danse dite « dans le sol » : le poids du corps, les appuis, le jeu équilibre/
déséquilibre en deviennent des principes fondamentaux.
Un des pionniers de cette rupture fait partie, avec le musicien John Cage, du Black Mountain
College. Il s’agit de Merce Cunningham chorégraphe considéré comme appartenant au courant
moderne, mais qui pose les bases de la recherche chorégraphique contemporaine qui marquent
encore la création actuelle.
« La danse est un art indépendant », affirme Merce Cunningham. Que le danseur suive la
musique ? Il rejette cette forme d’assujettissement. Dans les années soixante, le chorégraphe
américain conçoit l’idée d’une totale indépendance de la danse et de la musique, la seule ligne
de partage étant une durée commune. Dans Roaratorio, pas de coordination entre danse et
musique. Si l’œuvre de John Cage donne à entendre des « jigs », des « reels » du folklore
irlandais, sur lesquels se greffent tout un tas de sons : pleurs de nourrisson, bruits de salles, de
rue, les danseurs semblent ne pas en tenir compte. Ils s’élancent, sautent, tournent sans que
leurs mouvements ne s’articulent à la partition sonore. La danse existe indépendamment de la
musique. Et si une relation semble à l’occasion s’établir, elle n’est que le fruit d’une heureuse
coïncidence. Quant à l’interprète, désormais privé de tout soutien musical, il se doit de posséder
un sens très intérieur du timing, et être très à l’écoute de ses partenaires. Tels sont les principes
majeurs développés par Merce Cunningham dès les années 1960. À sa suite, les artistes de la
postmodern dance, comme Trisha Brown, se saisissent du silence pour revendiquer un autre
rapport au corps et au geste chorégraphique.
La technique de la danse classique se fonde sur un vocabulaire précis, même quand elle donne
lieu à différentes méthodes. En revanche, en danse contemporaine, si le travail du corps est
extrêmement important, il ne correspond cependant pas à une technique unifiée et codifiée.
Tout mouvement est susceptible de devenir de la danse et l’enjeu technique consiste à offrir au
corps une grande disponibilité plutôt que l’acquisition d’un vocabulaire. Mais n’y-a-t-il pour autant
aucune technique en danse contemporaine ?
Dans la danse contemporaine, le danseur est formé de façon à développer ses savoir-faire et à
les compléter. Il acquiert généralement plusieurs techniques, qui ne relèvent pas toutes du
champ de la danse. Il peut se former au sein d’écoles, telles P.A.R.T.S à Bruxelles, le CNDC à
Angers, ex.e.r.ce master à Montpellier ou encore le Conservatoire national supérieur de Paris ou
de Lyon. Il peut aussi suivre un parcours personnel qu’il nourrit alors en assistant à des stages et
à des cours réguliers qu’il choisit. Il suit certes des classes de « danse contemporaine », mais
aussi de classique, de jazz, de techniques somatiques, d’improvisation, de yoga... Tout ce qui
concerne les capacités du corps peut lui être utile. Enfin, outre la dimension proprement
physique, il s’attache à la qualité du mouvement et est invité à se l’approprier plutôt qu’à
reproduire des formes.
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Merce Cunningham a lui aussi développé un entrainement du corps permettant à ses danseurs
de s’emparer au mieux des séquences complexes de danse qu’il créait. La « technique
Cunningham » fait largement appel à la technique classique pour le travail du bas du corps, mais
elle s’appuie sur une autre utilisation du dos et de la colonne vertébrale. Il en parle ainsi : « J’ai
recherché quant à moi, dès le début, comment faire travailler ensemble le dos et les jambes, le
torse et les jambes [...] Tout mon travail de torse part du tronc, de la taille au plus près des
hanches. À partir de là, vous pouvez basculer le corps ou le torsader dans toutes les directions. »
L’enjeu pour Merce Cunningham était de développer ou modifier la technique « non pas en
termes esthétiques, mais simplement en termes de ce que le corps peut faire ».
La danse est un art du spectacle, c’est donc aussi un art de la collaboration. Musique, costumes,
lumières, tous ces éléments viennent accompagner et souligner la chorégraphie pour former
l’œuvre finale. La danse contemporaine efface les frontières entre les disciplines et travaille aussi
bien avec les arts plastiques que le théâtre, l’écriture, la peinture ou le design.
À partir de là s’ouvre une immensité de possibilités de collaborations, parfois inattendues. C’est
ce que met en place le spectacle d’Alban Richard qui permet la rencontre entre un ensemble
musical traditionnel et la création chorégraphique contemporaine. Régulièrement dans son
travail le chorégraphe joue de ces rencontres pour surprendre le spectateur et relever un défi
autour du corps pour les danseurs interprètes. Les travaux d’Alban Richard poursuivent donc ces
recherches propres à la danse contemporaine, en favorisant une démarche permettant des
rapprochements inédits entre musique en danse. Des grands standards de la musique classique
en passant par l’ensemble de Percussions de Strasbourg, jusqu’à la performance de musique
électronique, le chorégraphe explore un large panel de variations musicales, et réussit toujours à
faire advenir une rencontre enrichissante, prouvant que la danse est bien un art indépendant,
mixte, et mouvant.
source : numeridanse.tv
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ÉCLAIRAGES AUTOUR
DE LA RÉSIDENCE DE
ALBAN RICHARD
› retrouvez tous les détails sur www.theatre71.com
ATELIER DANSE AVEC ALBAN RICHARD
› week-end 12/13 déc, à la Fabrique des Arts
Après des études musicales et littéraires, Alban Richard rencontre la danse et trouve en elle un
horizon de liberté insoupçonné. Il choisit l’aventure de la création chorégraphique et, à l’écart des
cursus établis, se forge ses outils de danseur et de chorégraphe. Il danse notamment pour Karine
Saporta, Christian Bourigault, Christine Gaigg, Odile Duboc, Olga de Soto et Rosalind Crisp. Sa
signature de créateur se précise dans une écriture processuelle, tramée de plusieurs partitions –
pour la danse, la musique et le texte – un travail minutieux que le chorégraphe vous invite à explorer.
› renseignements et inscriptions | 01 55 48 91 12 [email protected]
› 70 € tarif normal, 46 € tarif abonné et demandeur d’emploi
EXPOSITION ›
L’ÉCOLE ESTIENNE ET MALTE MARTIN NOMBRENT LES ÉTOILES
› 9 fév › 18 mars
Les étudiants de la section diplôme de métier d’art typographisme de l’École Estienne rencontrent
l’inspiration médiévale du chorégraphe Alban Richard. Ils interrogent cette période particulière,
influencée par l’art bourgeois alors que le livre imprimé va naître, pour produire une nouvelle exposition nourrie des formes et compositions du Moyen Âge. Cette exploration graphique croise le nouvel
habillage du Théâtre 71 conçu par Malte Martin et Vassilis Kalokyris.
› au foyer, aux heures d’ouverture du bar
› vernissage le 9 fév, 19h
CONFÉRENCE MUSICALE ›
LA MUSIQUE MÉDIÉVALE
› lun 15 fév, 19h
La musique médiévale reste un territoire inexploré de nombreux mélomanes. Elle recèle cependant
des trésors aussi éclatants que les vitraux de la Sainte-Chapelle et a laissé un héritage que nous
partageons encore aujourd’hui. La conférence, particulièrement axée sur la musique des XIIIe et XIVe
siècles, s’efforcera de mettre en valeur cet héritage, qui concerne aussi bien la notion de
compositeur que la notion d’écriture musicale.
› au Conservatoire Intercommunal de Malakoff - 66/68 boulevard Gabriel-Péri, Malakoff
› présentée par Bernard Col, directeur du Conservatoire à Rayonnement Intercommunal de
Fontenay-aux-Roses, en partenariat avec l’ACLAM (Art, Culture et Loisirs à Malakoff), la Ville de
Malakoff et le Conservatoire Intercommunal de Malakoff | 8 € tarif normal, 6 € tarif abonnés et
adhérents ACLAM, Les Z’amis du Conservatoire, Médiathèque Pablo Neruda, 3 € tarif –25 ans
› réservation auprès de l’ACLAM 01 47 46 75 78 | [email protected]
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PROMENADE ›
PARCOURS MUSIQUE MÉDIÉVALE AU MUSÉE DE CLUNY
› sam 12 mars, 15h
Pousser la porte du musée de Cluny, c’est d’abord entrer dans un lieu exceptionnel qui réunit au
coeur de Paris l’hôtel des abbés de Cluny (fin du XVe siècle), et les vestiges des thermes (bains
publics) gallo-romains du nord de Lutèce (Ier siècle). Les collections offrent un riche panorama de la
création artistique à l’époque médiévale. La tenture de La Dame à la licorne est la plus célèbre œuvre
exposée. Sur l’une des tapisseries, L’Ouïe, une dame et sa demoiselle jouent de l’organetto, petit
instrument portatif. La musique est en effet omniprésente au Moyen Âge, liée à l’ordre du monde,
enseignée dans les monastères puis les universités, d’abord de transmission orale puis écrite,
liturgique et profane. La visite sera également l’occasion d’un dialogue avec Alban Richard qui puise
dans le monde médiéval l’inspiration de nouvelles créations chorégraphiques.
› tarif unique avec visite guidée 6 €
› musée de Cluny 6 place Paul Painlevé, Paris 5e Mº Cluny-Sorbonne, Odéon
› réservation par mail [email protected] ou au par téléphone aux heures d’ouverture du théâtre
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LE FRUIT
D’UNE RENCONTRE
Le Théâtre 71, Scène Nationale de Malakoff, propose un concert-performance de musique et de
danse conçu et interprété par Alban Richard, chorégraphe et Régis Huby, violoniste, résidents
pour la saison 2015/2016 au Théâtre 71, accompagnés chacun d’un artiste complice.
L’un est violoniste compositeur, l’autre chorégraphe interprète, tous deux sont en résidence de
création cette saison au Théâtre 71. À leur disposition un espace à habiter et à habiller de leur
art. La règle du jeu : être à l’écoute pour inventer un dialogue spontané entre la musique et la
danse. Sur la base d’improvisations réciproques, danseur et musicien écrivent en direct une
trame inspirée du jeu de l’autre, dans laquelle chacun laisse son langage s’imprégner par des
sonorités, des souffles, des rythmes, des mouvements. Ensemble ils questionnent : que se passet-il lorsque le son et le geste émergent non plus du musicien d’un côté et du danseur de l’autre ?
Ensemble ils expérimentent : comment composer en se soutenant, se confrontant, se surprenant ?
Le spectateur se fait complice de leur imaginaire et de l’énergie du moment, au plus près du
processus de création.
À l’issue de ces performances hors les murs nous présenterons un spectacle final au Théâtre 71.
Alban Richard et Régis Huby seront accompagnés ce soir-là du danseur Max Fossati et du
percussionniste Michele Rabbia, pour une performance à quatre. Cette création fera l’objet
d’expérimentation préalable en trois opus, la semaine du 11 janvier 2016.
PROMENADE › PRACTICE OPUS N°1
› semaine du 11 janvier 2016
La danse n’est pas seulement la traduction en mouvement de la musique. elle ne cherche ni à la
reproduire, ni à l’illustrer. Le chorégraphe Alban Richard (également en résidence cette saison) a pris
depuis longtemps de la distance vis-à-vis de ce projet systématique de retranscrire des rythmes, des
mélodies ou des accents. Avec le compositeur et violoniste Régis Huby, il se prête à l’exercice de
composer le mouvement, devant vous. en relation avec le monde sonore, il trouve sa propre
musicalité, met en exergue un même climat ou au contraire s’y oppose. De même, le musicien
improvise en réaction ou en devançant un contraste, un rythme, en lançant une structure nouvelle.
Leurs écritures spontanées font naître un dialogue, prémices d’une création composée de plusieurs
opus dont le premier sera présenté en partenariat avec l’AAMAM. De cet opus, et des n°2 et n°3
expérimentés en milieu scolaire, le duo puisera certaines textures pour composer non pas un puzzle
mais une version inédite qu’il présentera avec ses invités respectifs dans la grande salle du théâtre,
le 15 mars 2016.
› détails prochainement sur theatre71.com
› entrée libre sur réservation 01 55 48 91 00
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RÉGIS HUBY
Régis Huby est un violoniste, improvisateur, compositeur et producteur qui refuse les
cloisonnements stylistiques et cherche à développer une parole musicale authentique à travers
trois axes : «Trouver le moyen de savoir qui l’on est, se forger un vocabulaire, aller vers une
certaine spontanéité».
Après un cursus au conservatoire de Rennes dans la classe de Catherine Luquin, une formation
au CNSM de Paris, un parcours au cœur de la musique traditionnelle et des rencontres
importantes au travers de Dominique Pifarely et Louis Sclavis, Régis Huby se consacre
pleinement à l’improvisation.
Impossible de rentrer dans le détail des rencontres et compagnonnages même si elles s’avèrent
déterminantes. On peut citer par exemple, la rencontre avec le violoncelliste Vincent Courtois
avec qui il forme un duo, mais aussi, celle de Guillaume Roy, avec lequel il co-fonde le Quatuor IXI
et avec lequel Joachim Künh enregistrera. Directeur musical et arrangeur du spectacle de
Lambert Wilson, Nuit Américaine, hommage à la musique américaine du vingtième siècle ou
encore leader du groupe Simple Sound, Régis Huby est un artiste accompli et l’un des violonistes
les plus prisés de la scène improvisée.
Régis Huby est accueilli en tant qu’artiste en résidence de création pour les saisons 15/16 et
16/17 du Théâtre 71.
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RESSOURCES
› Le vielleur aveugle, Georges de La Tour, 162 x 105 cm, Nantes, Musée des beaux-arts, vers 16201625
› Le Vielleur, fragment d’une Réunion de musiciens, Georges de La Tour 85 × 58 cm, Bruxelles,
Musées royaux des beaux-arts de Belgique, vers 1620-1625
› L’enfer du musicien, fragment du Jardin des délices, Jérôme Bosch, 220 x 125 cm, Madrid,
Musée du Prado, vers 1503-1504
› L’Ouïe, tenture de la tapisserie de la Dame à la Licorne, Paris, Musée de Cluny, entre 1484 et
1500
› Guide de la musique du Moyen Âge, dir. Ferrand, Françoise, Paris, Fayard, coll. : «Les
indispensables de la musique», 1999
› Danse contemporaine : danse et non danse : vingt-cinq ans d’histoires, Dominique Frétard,
Editions Cercle d’art, 2004
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