Le petit Poucet

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Le petit Poucet
Théâtre / Tout public dès 5 ans
Dossier pédagogique
Le petit Poucet
Par la compagnie Accademia Perduta (Italie)
Séances scolaires
Lundi 13 octobre à 14h00
Mardi 14 octobre à 10h00 et 14h00
Séances tout public
Mardi 14 et mercredi 15 octobre à 19h00
Relations avec les écoles: Julie Decarroux-Dougoud
+41 (0) 22 989 34 00 / [email protected]
L’histoire
Benjamin d’une fratrie de sept, le petit Poucet est,
comme son nom l’indique, petit comme un pouce,
mais surtout très malin. Aussi, lorsque ses parents
- frappés par la misère - décident de les abandonner, lui et ses frères, au beau milieu de la forêt, il
parvient, grâce aux cailloux semés derrière lui, à retrouver son chemin.
La seconde nuit, les cailloux ayant été remplacés par
des miettes de pain et celles-ci ayant fini dans le gosier des moineaux, la fratrie s’égare.
Elle trouvera refuge dans la seule demeure éclairée... celle de l’ogre!
Note d’intention
Adaptation
Marcello Chiarenza
Mise en scène
Gianni Bissaca
Interprétation
Claudio Casadio
Musiques
Cialdo Cappelli
Durée: 1h00
1er prix au Festival international jeune public Momix 2007.
Accueil réalisé en collaboration avec la Fondation Maurice et Noémie de
Rothschild.
Cette mise en scène offre au jeune public une intéressante occasion pour se mesurer avec le sentiment
de la peur.
L’histoire du Petit Poucet est en effet un conte sombre: “comment arrivez vous à dormir? C’est peut-être
la peur… moi je ne peux pas dormir” dit petit Poucet
à ses frères.
Le protagoniste de cette histoire est petit, si petit…
le plus petit. Mais sa grande peur ne l’anéantit pas.
Au contraire, sa curiosité, son envie de connaître les
aspects les plus durs et cruels de la réalité le rend
vainqueur.
La curiosité conduit petit Poucet à observer ses parents et découvrir leurs intentions: il ressent le danger et s’organise pour l’affronter.
De la maison du père à celle de l’Ogre, du bois au
reste du monde, Petit Poucet ne se perd pas mais il
ne va pas rentrer chez lui: son voyage continue en
compagnie de ses frères.
Dans cette mise en scène, petit Poucet est peut-être
seul sur scène mais la présence chaude des frères
l’accompagne toujours : il y a toujours quelqu’un
avec qui jouer, se disputer, affronter l’inconnu.
L’acteur vit et en même temps raconte au public son
histoire. La narration et les rapports qui naissent
avec les jeunes spectateurs sont souvent familiers,
parfois ironiques, ou bien comiques.
...suite
Les objets de scène deviennent partie de l’histoire selon une technique caractéristique de la collaboration théâtrale entre Claudio
Casadio (l’acteur) et Marcello Chiarenza (le metteur en scène).
Ce travail offre beaucoup d’idées sur lesquelles les enfants et les
adultes peuvent réfléchir: soit du point de vue du conte de fée classique (rôle du héros, le bois comme espace de l’inconnu, la maison
des parents et celle de l’ogre, le topos de l’abandon et celui du
dévorant, la catharsis finale et la solution positive de l’histoire)
soit du point de vue du langage théâtral et psychologique (voir la
capacité de l’enfant de “se sauver”).
… à tous les petits Poucet qui traversent avec légèreté les bois du
monde. Même ces bois ravagés par les bombes.
Gianni Bissaca,
Metteur en scène
La compagnie
L’Accademia Perduta / Romagna Teatri est une coopérative engagée dans la production, programmation et promotion de spectacles
pour le jeune public, sous la direction artistique de Claudio Casadio
et Ruggero Sintoni. Ses sièges sont disloqués dans le territoire de
la région Emilia Romagna, en particulier dans les provinces de Ravenna et Forlì.
Dès le début de son activité, Accademia Perduta a choisi d’utiliser
ses forces artistiques dans un intense travail de production pour le
jeune public, caractérisé par un style tout à fait original qui donne
beaucoup d’attention au fantastique, à l’imaginaire et à une action
qui rend l’auditoire partie fondamentale du spectacle.
Les production de la compagnie ont été représentées sur toutes les
scènes italiennes et à l’étranger.
A noter que nous avons accueilli en 2006 Hansel et Gretel, de la
même compagnie.
A propos du spectacle
Loin du merveilleux et des fées salvatrices, ce conte de Perrault
– révolutionnaire pour l’époque – souligne que la volonté et la
sagesse humaines permettent de sortir des situations difficiles
sans compter sur la Providence. A propos d’Hansel et Gretel,
un autre conte joué en 2006 à Meyrin par l’Accademia Perduta,
Claudio Casadio évoquait des situations réelles : « Les enfants
d’aujourd’hui sont concernés. Il y a dans le monde beaucoup de
petits abandonnés, laissés à la rue ». Lors de conflits militaires
et politiques, ils sont les premiers à souffrir. Partout, des ogres
sont là, qui portent un autre nom. Dans notre société, des petits Poucet subissent les conséquences des divorces, les déplacements d’une famille à l’autre, la perte de leurs repères.
La délicatesse de l’essentiel
Sur cette trame inusable tant elle contient de vérités, Claudio
Casadio, Gianni Bissaca et Marcello Chiarenza construisent toute
une gamme d’émotions. L’ingrate maison paternelle devient lumière dans la nuit, la table de la cuisine un atelier de l’imaginaire. Richesses cachées dans ce décor d’apparence austère,
toutes les potentialités de la scène sont mises à contribution.
L’éclairage joue un très grand rôle également. Essentiellement
nocturne, il favorise le rêve et valorise les plus petites choses.
Pour arriver au degré de suggestion qui caractérise le style de
l’Accademia Perduta, il y a vingt ans de pratique.
L’esprit des productions de la compagnie doit beaucoup à ce
singulier créateur qu’est le sculpteur Marcello Chiarenza. Fasciné par la puissance de suggestion et la force des symboles, il
invente des objets ingénieux et poétiques à partir de matériaux
naturels qui se placent comme des éléments clés, simples et efficaces. Ils sont là tel un fil rouge qui accompagne la narration.
Depuis une quinzaine d’année, Chiarenza s’est construit un style
capable de capter l’attention des enfants en leur empruntant
leur pouvoir de transformer les objets les plus humbles pour inventer des histoires. Architecte de formation, il lui arrive aussi
de créer des scénographies spectaculaires sur des places publiques ou des sites naturels pour suggérer le passage du temps
ou mettre en scène des évocations historiques dont l’Italie est
friande.
Laurence Carducci
Extrait de Si n°1, publication commune du Théâtre Forum
Meyrin et du Théâtre de Carouge-Atelier de Genève
Pistes de réflexion
Avant le spectacle:
- Etude du conte du Petit Poucet de Perrault:
- Le genre littéraire : qu’est-ce qui caractérise un conte, qui était
Charles Perrault, les enfants connaissent-ils ce conte en particulier
ou d’autres du même auteur, comprennent-ils les moralités
- Les personnages: combien sont-ils, les caractéristiques de chacun, comment les enfants perçoivent-ils le petit Poucet, un héros
malgré sa petitesse et son jeune âge
- L’univers du conte: que raconte cette histoire, comment les enfants imaginent le décor, etc.
Préparation au spectacle:
- Un seul comédien va jouer tous les personnages du conte, attention portée aux «artifices» qui aident le comédien à passer d’un
personnage à l’autre
- l’imaginaire créé par les décors: de simples branches suffisent à
figurer une forêt. Etre attentif aux objets et à leur signification.
- Le langage: le comédien lance quelques mots en italien; attention portée à la sonorité de la langue, sa poésie
- la transformation des objets: un objet sert à figurer une chose,
puis est réutilisé pour figurer autre chose (par exemple, les petites
plumes deviennent des arbres enneigés, qui se transformeront ensuite en balai)
- Etre attentif à la différence d’échelle entre la réalité et le décor.
Le comédien, taille humaine, sa maison, toute petite
- L’espace de jeu: tout se passe sur, ou dessous la table
Après le spectacle:
- Est-ce que ce spectacle est fidèle au conte de Perrault?
- Qu’ont-ils aimé, et pourquoi?
- Ont-ils senti l’actualisation du conte?
- Que retiennent-ils des objets?
- Ont-il su repérer les changements de personnage, et ce qui permettait de comprendre ces changements? (un objet, une attitude
différente du comédien?)
- La lumière: Créée-t-elle des espaces de jeu?
Les contes de Perrault
Contexte historique du Petit Poucet
La version du Petit Poucet de Charles Perrault fait référence
aux grandes famines du règne de Louis XIV. Elle met plus particulièrement l’accent sur la précarité de la vie paysanne et
sur la condition de l’enfant, qui était généralement le premier
sacrifié en cas de malheur.
Entre la seconde moitié du XVIIe siècle et le début du XVIIIe,
période au cours de laquelle Charles Perrault publie la première édition de son conte (1697), l’Europe et la France en
particulier, sont au plus fort du petit âge glaciaire, avec un
premier minimum climatique en 1650. Les étés sont pluvieux,
les hivers extrêmement rigoureux et les famines endémiques
: les historiens en recensent en 1660, 1661, 1662, 1675. En
1693, l’hiver est marqué par une famine générale. En 1715,
l’hiver est sibérien, la Seine est complètement gelée. Et ce
n’est que la répétition de l’hiver 1705, au cours duquel la mer
s’est transformée en banquise le long des côtes. Le sol gèle sur
70 cm de profondeur. Tout est perdu : récoltes, fruits, vin. Le
gibier est mort et les loups, fait rare, s’attaquent aux hommes.
Il faudrait acheter du blé à l’étranger, mais les guerres ruineuses de Louis XIV ont épuisé le Trésor.
Charles Perrault n’a pas «inventé» les contes qu’il a écrits,
mais s’est inspiré de contes populaires qui se transmettaient
avant lui oralement, la plupart du temps par des bonnes d’enfants venues de la campagne. Ma Mère l’Oye est un personnage
fictif populaire, incarnant une campagnarde de qui viendraient
ces contes. Perrault est l’un des premiers, sinon le premier,
à édulcorer les contes populaires, dont les versions d’origine
étaient bien plus crues.
Les personnages types des contes de Perrault
Grâce à leurs caractéristiques très reconnaissables et très
faciles à mémoriser, les personnages des contes de Perrault
sont des stéréotypes comportementaux. En voyant vivre ces
personnages dans un monde imaginaire simplifié, l’enfant fait
l’expérience de relations qu’il n’a pas encore eues l’occasion
de vivre, ou qu’on lui souhaite de ne pas vivre. De ce fait, les
personnages de conte ont donné lieu à de multiples interprétations liées à la morale et, plus récemment, à la psychanalyse.
Parmi ces personnages types, l’Ogre, la vieille fée, la Princesse
(le Prince), la Marraine-fée, et le Loup.

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