Arc-en-ciel (hiver 2013-2014) - Institut de réadaptation Gingras
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Arc-en-ciel (hiver 2013-2014) - Institut de réadaptation Gingras
VOL.20 N.4 JANVIER-FÉVRIER-MARS 2014 Sommaire Le voyageur immobile Par Marie-Annik Murat Sourire de Nicole Prix de l’engagement social : une bénévole à l’honneur ! Par Nicole Daubois Une édition spéciale Par Par Nicole Daubois 1 Par Marie-Annik Murat 2 3 Au coin de la formation L’accident vasculaire cérébral Par Renée St-Louis 4 Rions un peu La logique des mots ! 5 Coup d’œil sur les parutions Cheveux, tifs et mise en plis Par Jean Vegman 6 Chronique Histoire La laïcité Par Daniel Pourchot 7 Joyeux Anniversaire7 Cœur de bénévole Yassin Irislimane Par Raymonde Bayard 8 « Si la vie te donne un citron fais-en de la limonade » 9 Coutumes et traditions Par Colette Clo Le voyageur immobile 10 La chronique de Jos B Jos B en période de convalescence et en cheminement Par Jean-Guy Thibaudeau 12 Voici donc février ! C’est le mois le plus court mais souvent le plus froid, celui où l’on rêve de cieux plus cléments, d’un nouvel horizon. Les « snow birds » se sont envolés depuis longtemps, les autres en rêvent… mais est-ce toujours possible de partir ? Autrefois l’apanage des explorateurs ou des élites, les voyages, certes, se démocratisent mais restent encore inaccessibles à ceux qui manquent de moyens, de temps, de mobilité. Heureusement, il y a mille et une façons de s’évader grâce au concours, entre autres, des photographes, reporters, musiciens, cinéastes, éditeurs… qui vous proposent un tour du monde virtuel. Alors que j’écris cet article, c’est le salon du livre à Montréal intitulé cette année : « Une passerelle entre les cultures ». Celui de l’an dernier était aussi évocateur : « Le livre, machine à voyager dans le temps ». Vous admettrez, sans contredit, que se plonger dans un livre, c’est partir à l’aventure, parcourir mille lieues, franchir bien des obstacles, découvrir l’étrange au sens propre du terme et admirer de superbes paysages qu’une simple lecture suffit à évoquer. Comme Louis Lambert : « J’ai accompli de délicieux voyages, embarqué sur un mot… » Sans décalage horaire on peut voyager loin ; les expositions d’objets, de peintures, de vêtements, enfin l’art sous toutes ses formes, nous racontent l’histoire de la planète. Nul besoin de partir pour comprendre le monde, admirer ses splendeurs, connaître ses coutumes, découvrir ses civilisations reculées, grâce aux films panoramiques, voire en 3 D et à la télévision « fenêtre sur le monde » qui entre en stéréo jusque dans nos salons. Un tour du monde instantané ! Même les livres de cuisine nous invitent au voyage culinaire. Le « goût » de l’aventure parfume nos assiettes. Les produits exotiques sont à notre portée, les marchés en regorgent. Humer et savourer les mets Suite p. 3 Sourire de Nicole Prix de l’engagement social : une bénévole à l’honneur ! Par Nicole Daubois Une aide inestimable Isabelle est bénévole depuis janvier 2009 et fait partie de l’équipe de « l’accueil aux nouveaux bénéficiaires ». Pour ceux et celles qui ne connaissent pas cette activité, rappelons que l’accueil aide à l’intégration des nouveaux patients en leur proposant, ainsi qu’à leur famille, une visite guidée des lieux (aires de traitements et services concernés). Ceci permet une meilleure orientation spatiale pour les patients et vise à les sécuriser, lors de leur arrivée, par la transmission d’informations pertinentes. Il existe un dicton qui fait référence à la chance, dans la phrase : « Les planètes étaient parfaitement alignées ». Je ne m’en souviens plus exactement mais la chance a certainement une place dans cette anecdote ! Parce que nous avons la « chance » de compter parmi nos bénévoles, une personne qui, grâce à son bénévolat à l’Institut, a reçu le prix de l’engagement social remis à un employé de la Faculté de médecine. Faisons un bref retour en arrière. Au mois d’octobre 2013, je reçois un courriel de François L’Heureux, adjoint 2 au vice-doyen recherche et innovation à la Faculté de médecine, me demandant des informations car il désire poser la candidature d’Isabelle Kliber au Prix de l’engagement social. Après un échange de courriels, silence radio comme on dit pendant plusieurs semaines. Ce n’est qu’au mois de décembre que j’apprends qu’Isabelle a été choisie comme récipiendaire pour le prix en reconnaissance de son engagement à l’Institut. Du coup, l’organisme qu’elle soutient (nous !) reçoit un don de 500$ ! Une cérémonie officielle a eu lieu, pour la remise du prix à Isabelle, le 11 décembre dernier en compagnie de Dr Hélène Boisjoly, doyenne de la Faculté de médecine. ARC-EN-CIEL - JANVIER-FÉVRIER-MARS 2014 Quant au 500$ reçu en don, il sera octroyé au fonds de dépannage récemment créé par le Service des bénévoles pour venir en aide à des patients dans le besoin. Ce fonds a été constitué suite à un autre don reçu, cette fois, de la Financière Sun Life grâce à Pascal Lapointe, également bénévole à l’Institut dans l’équipe de l’accueil. À l’hiver dernier, Pascal a soumis un dossier auprès de son employeur afin que nous recevions un don dans le cadre de leur programme national de reconnaissance du bénévolat. Une démarche qui s’est avérée fructueuse puisque nous avons ainsi reçu une somme de 550$ Voilà donc plusieurs heureux, grâce à ce geste de générosité qu’est le bénévolat ! Bravo à tous les bénévoles engagés ! Le voyageur immobile (suite) venus d’ailleurs au son d’une musique adaptée au menu et l’esprit vagabonde. Car bien sûr la musique nous transporte au-delà des frontières; l’univers vibre à différentes fréquences. Selon Platon, « La musique donne des ailes à notre pensée et un essor à l’imagination ». C’est le thème même d’un spectacle du Cirque du Soleil : « Voyage imaginaire ». Ah l’imaginaire ! Si l’on revit notre premier voyage, celui de notre prime enfance bercée par une histoire contée par les aînés, il suffisait de fermer les yeux et puis nous « décollions ». Sortir de son monde intérieur pour vivre celui de l’autre c’est déjà l’aventure. Aujourd’hui, la planète entière entre chez nous par internet qui nous donne un accès immédiat aux messages, images et visages du monde. Installés dans notre fauteuil, prêts à faire un périple : en quelques secondes et un petit « clic » vers n’importe quelle adresse sur « Google Earth » et déjà nous voilà à des milliers de kilomètres, aussi bien dans des ruelles d’un petit coin perdu, qu’en haut des gratte-ciels ou des cimes enneigées, dans les profondeurs marines ou celles de la forêt tropicale. Ces voyages virtuels, souvent époustouflants, nourrissent notre esprit, alimentent nos rêves. L’ordinateur éteint, la carte repliée et le livre rangé, nous voyageons encore puisque l’imaginaire se défie des frontières. Quel que soit le moyen, ce besoin viscéral de connaître le monde est à notre portée, parfois au coin de la rue, même au coin de notre œil…. « Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Et puis d’abord, tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux » (Voyage au bout de la nuit de LouisFerdinand Céline). Une édition spéciale! Par Nicole Daubois Vraiment, quelle ne fut pas ma surprise lorsque le 5 décembre dernier, je me suis vue recevoir un numéro spécial du journal Arc-en-ciel pour souligner mes 25 ans de service à l’Institut. Une activité reconnaissance avait lieu pour souligner les années de service de nombreux employés. À cette occasion, j’ai eu le bonheur de recevoir un beau cadeau de reconnaissance, concocté à mon insu il va sans dire, par Nancie Brunet, conseillère cadre à la direction générale et par Diane LeBel, agent d’information. Un numéro spécial du journal, rempli de beaux témoignages qui m’ont fait chaud au cœur. Tout cela s’est fait dans le plus grand secret et à haute vitesse. Plusieurs d’entre vous y ont participé et je vous en remercie chaleureusement. Cette parution a été imprimée en quelques exemplaires grâce à la complicité de Tabasko, notre imprimeur pour le journal Arc-en-ciel. Je les en remercie profondément car vous pouvez, vous aussi, admirer cet exemplaire exceptionnel (!) en consultant le site internet de l’Institut (www.irglm.qc.ca) sous la rubrique « Nouvelles » puis « publications ». Vous y trouverez le journal Arc-en-ciel, spécial 25e anniversaire. Encore merci pour ces marques d’affection et de reconnaissance. Ce numéro du journal demeurera vraiment spécial pour moi! 3 Au coin de la formation L’Accident Vasculaire Cérébral Par Renée Saint-Louis Collaboration spéciale connaissances concernant l’AVC. Nous y arrivons ! possiblement aussi la difficulté à observer ce qui se passe à sa gauche. ll existe deux types d’AVC : Parmi les comportements obser vables de l’héminégligence, on relève le fait de : • AVC hémorragique Il survient à la suite d’une rupture dans une artère cérébrale. Le 27 novembre dernier, nous avons assisté à une soirée de formation concernant l’accident vasculaire cérébral et ses conséquences pour les cérébro-lésés. Après le mot de bienvenue de Nicole, ce fut la présentation de nos deux conférenciers : Mylène Hazel, neuropsychologue, et Jean Michel Fortin, ergothérapeute. L’objectif principal des neuropsychologues est d’aider les patients et leurs familles à s’adapter, de manière optimale, au processus de réadaptation afin de retrouver leur autonomie. ’ergothérapeute, lui, aide la personne cérébro-lésée à atteindre le plus haut niveau possible d’indépendance fonctionnelle après un AVC. Il travaille avec son patient sur sa capacité à prendre soin de lui-même, pour son travail et ses loisirs. La rencontre fut des plus animée grâce au début interactif pendant lequel les professionnels de la santé ont testé nos 4 • AVC ischémique Il survient lorsqu’un vaisseau sanguin est bloqué. Ce dernier est le plus fréquent et se présente dans 80% des cas d’AVC. Les facteurs de risque sont nombreux, notamment : • l’hypertension artérielle, le diabète, un taux de cholestérol élevé ; • le tabagisme et la consommation abusive d’alcool ; • le fait d’avoir subi un AVC récemment. Les conséquences : L’AVC peut causer une hémiplégie i.e. la paralysie partielle ou totale d’un côté du corps. Les conséquences diffèrent selon le côté atteint. L’AVC droit se démarque de l’AVC gauche par des signes parfois moins évidents. Les séquelles peuvent affecter l’orientation dans le temps et l’espace, les fonctions cognitives, le niveau d’énergie et de fatigue, la personnalité et la gestion des émotions. Il peut aussi causer l’héminégligence i.e. la perte de conscience du côté gauche de son corps et ARC-EN-CIEL - JANVIER-FÉVRIER-MARS 2014 • Ne pas tenir compte de son bras ou de sa jambe gauche ; • Ne pas se rendre compte que quelqu’un lui parle à sa gauche ; • Frapper involontairement des obstacles situés à sa gauche ; • Ne pas voir ce qui se situe à sa gauche dans une armoire, une assiette, un plateau ou dans un livre ou une revue ; • Penser que son bras ou sa jambe ne lui appartient pas. Les intervenants nous ont fait réaliser que ces patients ont de la difficulté à s’orienter dans le temps et dans l’espace, qu’ils ont aussi une rigidité mentale et une difficulté à s’adapter. On pourrait alors leur proposer plusieurs solutions et les laisser choisir. Parmi les séquelles de l’AVC, on relève également l’impulsivité, la désorganisation, les difficultés d’attention et de mémoire. Il est important de préciser que si le symptôme neurologique de l’AVC est l’apathie, il ne faut pas la confondre avec la dépression. Pour gagner de l’énergie, il est nécessaire de : causée par l’énergie supplémentaire déployée pour compenser les séquelles physiques et mentales. • Dormir, se détendre, se décontracter ; • Avoir une diète santé (prendre trois repas par jour et ne pas privilégier les repas forts en lipides) ; • Ne pas oublier de se divertir. Les formateurs : Jean-Michel Fortin et Mylène Hazel En conséquence, il est évident que les handicaps découlant de l’AVC affectent l’estime de soi et font vivre beaucoup d’anxiété. C’est pourquoi les personnes lésées cérébralement passent souvent par les étapes du deuil avant d’accepter le pronostic et leur nouvelle identité. Nous devons donc tenir compte de la fatigue Suite à ces précieuses informations, les intervenants nous ont invités à relaxer, façon yoga, grâce à une respiration contrôlée, tout en gardant les yeux fermés pendant quelques minutes, afin de terminer cette fin de soirée riche en enseignement et moyens pertinents nous permettant d’aider les patients que nous accompagnons. Nous adressons un grand merci à nos deux intervenants et à Nicole, organisatrice hors pair et dévouée de la soirée. Rions un peu… La logique des mots ! On remercie une servante quand on n’est pas content de ses services... Le pot a des oreilles et l’on dit sourd comme un pot... On passe bien souvent des nuits blanches quand on a des idées noires... D’un pauvre malheureux ruiné, qui n’a plus d’endroit où se coucher, on dit qu’il est dans de beaux draps... Pourquoi dit-on: embarras de voitures quand il y a trop de voitures, et embarras d’argent quand il n’y a pas assez d’argent ? Pourquoi, lorsque vous dites à quelqu’un: « Je ne partage pas votre avis», peut-on dire: « Les avis sont partagés » ? Quand une personne se meurt, on dit qu’elle s’éteint. Quand elle est morte, on l’appelle « feu »... Pourquoi parle-t-on des quatre coins de la terre, puisque la terre est ronde ? Comment peut-on faire pour dormir sur ses deux oreilles ? Pourquoi lorsque l’on veut avoir de l’argent devant soi, faut-il en mettre de côté ? Pourquoi avons-nous parfois l’estomac dans les talons ou le compas dans l’œil ? 5 Coup d’oeil sur les parutions Cheveux, tifs et mise en plis Par Jean Vegman Il y a une dimension psychologique du métier de coiffeur. Philippe, un de mes amis, prenait un café, ce matin d’octobre, à La Première Moisson, en attendant le moment d’aller chercher sa femme chez le coiffeur. Celui-ci est discret vis-à-vis de ses clients. Adopter une coiffure, c’est simplement montrer qui on a envie d’être. Les clients et clientes sont comme des patients et cultivent le rapprochement avec leur coiffeur comme avec un psy. Parfois, ces liens font sourire quand Michel Massu cite le cas de villageois qui se font couper les cheveux au clair de lune, l’été, avec une cartomancienne ou une femme qui prédit l’avenir. Celle-ci n’était autre que Marie-Annik ! Soudain, Pierre et Renée sont entrés et nous étions trois copains à nous retrouver. Nous ne nous voyons pas souvent car chacun d’entre nous a son quotidien. Après quelques minutes, Philippe nous a quittés alors que nous étions encore debout et nous nous sommes assis, Pierre, Renée et moi. Je leur ai à peine glissé le mot que je travaillais un article sur la coiffure. Coïncidence ! Le salon de coiffure nous permet de parler à quelqu’un de chair et d’os alors que les contacts humains se raréfient, surtout lorsqu’on a besoin de quelque chose ou d’un service. Nous préférons avoir un interlocuteur en face parce que le téléphone nous met en attente et nous serine une musique que nous n’apprécions pas. Chez le coiffeur, pendant qu’on s’occupe de nous, on relaxe. Des auteurs ont écrit des livres ayant les cheveux pour thème. Aux États-Unis, chez Scholastic Books, Kathleen Krull a publié avec l’illustrateur Peter Malone, une petite histoire des cheveux à travers les âges. Karin Luisa Badt, elle, chez Children Press à Chicago, a sorti « Les 6 cheveux ici et partout ». Ces deux livres pour enfants n’ont peut-être pas encore été traduits en français. Michel Messu, professeur et sociologue à l’Université de Nantes, en France, a fait paraître chez Fayard les résultats d’une enquête dans les salons de coiffure sous le titre « Un ethnologue chez le coiffeur ». Le cheveu dans tous ses sens… D’après lui, la relation entre les femmes et leurs cheveux n’est pas encore définie. Le cheveu est essentiel dans les rapports sociaux et ceux-ci sont complexes parce qu’on confie sa tête à quelqu’un en qui on a peu à peu confiance. Lorsque ce rapport existe, naissent une relation d’amitié et des liens. On raconte des choses qu’on ne dit pas aux autres. ARC-EN-CIEL - JANVIER-FÉVRIER-MARS 2014 Plus près de nous, dans les salons pour hommes, la clientèle désirant se faire raser se raréfie sans doute à cause du nombre de marques de rasoirs jetables, comportant jusqu’à quatre lames, offerts à la vente en pharmacie. Le fait de n’être pas rasé revient-il à la mode pour certains, même si cela suggère un laisser-aller et un manque de discipline ? Quant aux cheveux, prenant conscience de leur longueur et de leur état inculte, nous sommes attirés par un personnel connu et féminin qui leur fait retrouver un air civilisé. - « Comme la dernière fois, Monsieur ? « diront les expertes, après le shampooing. Puis imperceptibles, la conversation, le badinage, la confidence reprendront…. Chronique Histoire Laïcité Par Daniel Pourchot Ce terme exprime en général une distinction ou séparation entre le pouvoir politique et celui que peut exercer une religion. Dans l’Antiquité, et aujourd’hui encore dans certains pays ou culture, cette distinction n’existait ou n’existe toujours pas. C’était le cas lors de la naissance de la Chrétienté et on peut dire que c’est de celle-ci que vient cette notion de laïcité ! N’est-ce pas du Christ lui-même qu’est venu ce commandement : « Rendez à César ce qui lui appartient et à Dieu ce qui lui appartient » (Marc 12, 17 et Luc 20, 25.) ? Dès lors, et de gré ou de force, les chrétiens des premiers siècles durent accepter et vivre cette séparation des pouvoirs. Longtemps persécutés par un pouvoir qui imposait sa propre religion, polythéiste et bien sûr païenne pour les chrétiens, ils ont dû respecter les lois de ce pouvoir alors même qu’ils étaient persécutés pour leur foi et pratique d’une religion rejetée par l’État. A partir du début du IVe siècle les chrétiens obtinrent le droit de vivre leur foi publiquement tout en se soumettant aux lois du pouvoir civil. C’est pourtant le pouvoir civil qui rétablit cette confusion entre État et Religion, en rendant obligatoire le baptême chrétien pour tous les sujets de l’Empire ! (Décret de Théodose Ier, 391) . Plus tard, ce fut Charlemagne qui imposa le baptême C’était ou ce sera leur anniversaire ! Joyeux anniversaire chrétien aux saxons qu’il venait de combattre et de vaincre (777) en leur donnant le choix entre le baptême et la hache du bourreau. Par la suite, l’histoire de la laïcité connut bien des aventures dont la narration exigerait beaucoup de chapitres ! Finalement, notons surtout que c’est dans les pays de tradition et culture chrétienne que ce concept de laïcité et de ses effets est appliqué et respecté. Le problème, quand il surgit, vient de ce que le Judaïsme et l’Islam ignorent et rejettent cette séparation entre pouvoir politique et exigences de la religion. Il ne faut donc pas s’étonner que des tensions surgissent lorsque des pays de culture chrétienne – lieu de naissance de la notion de laïcité – deviennent sites d’immigration pour des personnes de foi musulmane ou même dans une certaine mesure, de conviction judaïque. Décembre 5 …... Ahlem Fadel 18 .... Kamun Karl Haj 21 .... Line Fournier 22 .... Laure Cazade 27 .... Robert Perrin Janvier 2 ...... Thimy Hong Pham 11 .... Mamadou Diaby 16 .... Léola Poitras 19 .... Luisa Rojo 23 .... Xin Tong Xao 27 .... Laurence Derennes 30 .... Édouard Brochu Février 1er ..... Anyk Plaisance 2 ...... Philippe Giguère 6 ...... Sylvie Trudel Mars 3 ...... Édouard Voyer 7 ...... Marie-Annik Murat 11 .... Sylviane Cortial 12 .... Elitsa Papanova 13 .... Pierre Blouin 21 .... Jean-Guy Thibaudeau 27 .... Colette Clo Il est intéressant de remettre dans une perspective historique la notion de laïcité et son application aujourd’hui ainsi que ses effets sur notre société. 7 Cœur de bénévole Yassin Irislimane Par Raymonde Bayard Quel bonheur de rencontrer ce jeune bénévole ! Les jeunes ont la réputation – souvent exagérée – d’être individualistes, superficiels, égoïstes, tourmentés ou révoltés et pire encore. Il est réconfortant, rafraîchissant même, d’en trouver un qui fait mentir cette fâcheuse image. Je découvre en Yassin un beau jeune homme, bien dans sa peau, ouvert, naturel, confiant et réfléchi. Il sait où il va. Il se prépare avec optimisme – mais non sans réalisme – à entreprendre la carrière dont il rêve : la physiothérapie. Vous croyez peut-être qu’il vient de loin comme le suggère son nom aux consonances exotiques ? Pas du tout. Il est né à l’ombre de la Colline Parlementaire, sur les bords de l’Outaouais. Son prénom, d’origine coranique m’a-t-il dit, a été choisi par ses deux parents : mère québécoise, père algérien. Il est francophone « de naissance » et a fait toutes ses études en français depuis la maternelle : le primaire et le secondaire à Gatineau, le Cégep à Montréal en sciences biomédicales. Il fréquente actuellement l’Université de Montréal, en 2e année de baccalauréat en kinésithérapie. Ce programme est pour lui un détour, il vise la physiothérapie. Mais cette spécialité universitaire est contingentée ! Pour augmenter ses chances, il a fait une demande d’admission aux trois universités ; Montréal, Sherbrooke et Mc Gill. Cette dernière lui est heureusement accessible 8 puisqu’il parle l’anglais appris à l’école et ensuite par ses propres moyens avec le cinéma, la télévision et les amis. Ses débuts comme bénévole Son entrée en bénévolat date de l’été dernier, à la suggestion d’une amie. La proximité de l’Institut – il est un proche voisin – et la physiothérapie qui s’y pratique l’ont décidé. D’autant plus qu’il apprenait que l’Institut est un haut lieu de cette science qu’il veut exercer. Accepté par Nicole, il a été affecté à l’aide aux repas avec en plus, au bout d’un certain temps, l’escorte médicale. ARC-EN-CIEL - JANVIER-FÉVRIER-MARS 2014 À la reprise des cours universitaires, il a voulu continuer le bénévolat en fonction de ses horaires. C’est ainsi que chaque lundi il s’occupe, avec une coéquipière, de la bibliothèque roulante aux deux pavillons. Yassin a pris goût au bénévolat. La bibliothèque roulante n’est pas uniquement une incitation à la lecture car les résidents ont bien souvent leurs propres livres et revues. Ces visites sont pour lui une entrée en matière, une prise de contact, une présence, surtout pour ceux qui sont seuls, moments qu’il est heureux d’offrir et de partager. Yassin est d’autant plus sensible à ces rencontres qu’il vit seul à Montréal, loin de ses parents et de son unique sœur qui fait sa résidence en médecine à l’Université de Sherbrooke. Il est très attaché aux trois membres de sa famille dont il parle avec une affection perceptible. Il se réjouit déjà de la visite prochaine de sa sœur et de la période des fêtes qui les réunira tous les quatre. Bien sûr, comme tous les jeunes de son âge, il aime les sorties avec les copains. Il se décrit comme un fan de cinéma, tous genres confondus. Ses autres loisirs sont les sports : ski, natation, vélo et randonnée qu’il a commencé à pratiquer tout jeune avec ses parents dans le parc de la Gatineau. Et il a voyagé ! Avec des camarades, sac au dos, dormant dans les auberges de jeunesse, il a visité plusieurs pays d’Europe et a poussé jusqu’en Asie : Hong Kong, Thaïlande, Bali. Les yeux pétillants, il évoque avec émerveillement la découverte des musées et de leurs trésors. Il ne connaît pas encore l’Algérie; il compte y aller avec son père pour faire connaissance avec la famille et la terre de ses ancêtres. Il compte bien continuer le bénévolat en poursuivant ses études et même au-delà, si son horaire le lui permet. Pendant notre entretien, Yassin n’a jamais cherché à se mettre en valeur, ni à impressionner, ni non plus à montrer une fausse modestie. Il me laisse le sentiment d’être simplement un jeune homme heureux, heureux de sa famille, heureux dans sa famille, heureux de vivre, heureux d’être ce qu’il est. « Si la vie te donne un citron fais-en de la limonade » (auteur anonyme) Un citron c’est bon, c’est naturel et ça donne du piquant. On le goutte souvent avec grimace et les yeux humides, Évidemment à l’état pur et en grande quantité Ce fruit n’est pas conseillé, il faut savoir se limiter. Ce fruit merveilleux rend les aliments Plus agréables à se mettre sous la dent. Le goût d’un poisson fade et sans saveur Peut être rehaussé par ce geste en douceur. Parfois ce produit de la nature Nous rappelle certains coups durs. Dans le quotidien de toute vie, On peut à l’occasion frapper un citron. Ce citron peut être de toute nature, Un malheureux achat, Une malencontreuse rencontre, Un état pénible et passager sur le sentier humain… La vie, en ce monde, est faite ainsi Chacun reçoit son lot de « citrons » Une mortalité dans la famille, Une séparation brutale, Une maladie inquiétante, Une querelle avec autrui Ou même avec soi-même… On pourrait en énumérer Un grand nombre… mais… Un citron se prend mieux en limonade… Il devient même un peu piquant, Bienfaisant, rafraîchissant, Dans cette présentation on le partage volontiers Avec les gens que nous côtoyons… Cette transformation de citron nature Au liquide citronné… exige un désir Une action, un effort parfois Mais combien le résultat En est gratifiant… et valorisant. Le goût acide y demeure Par contre, il se prend bien Avec douceur…et sourire. Ainsi va la vie…. Ce texte nous a été envoyé par Jean-Guy Thibaudeau. 9 Coutumes et traditions Coutumes et traditions Par Colette Clo Il suffit de voyager un peu pour réaliser combien Montréal est une ville multiculturelle. Cette réalité est très présente au niveau du bénévolat et Nicole Daubois, qui est la première à le constater, a souhaité que notre journal donne la parole à certains de nos bénévoles afin qu’ils nous parlent de coutumes ou de traditions qu’ils ont vécues dans leur pays d’origine. Devant une liste de 25 noms, j’avais le choix entre une dizaine de nationalités différentes. Mes disponibilités et celles des candidats possibles pour une courte interview ont fait la sélection. Voici donc, telles que recueillies, certaines façons de faire ou de penser d’ailleurs. 1 - En Afrique noire, comme Le Cameroun, La Côte d’Ivoire est baignée par le golfe de Guinée. C’est de là que vient Mamadou Diaby, que je n’ai pu rencontrer en personne mais qui nous a fait parvenir un texte sur une coutume de son pays. Je vous le transmets dans son intégralité car je suis sûre que nombreux d’entre vous seront très intéressés par cette description d’un témoin direct, Mamadou Diaby, qui vient du nord de La Côte d’Ivoire. Il y a plus de 60 ethnies dans ce pays et environ 50 cultures. 10 Voici donc en Côte d’Ivoire, la cérémonie d’initiation, appelée poro telle que pratiquée par le peuple du nord : • Le poro est un rituel « sénoufo » en Côte d’Ivoire, qui demande une initiation très longue, parfois une vie entière pour atteindre le degré suprême de la connaissance. L’initiation se déroule sur 3 cycles de 7 ans. Les femmes ont le droit d’être initiées au premier cycle, puis elles se marient, font des enfants, et peuvent reprendre leur initiation après la ménopause ; il faut qu’elles soient à nouveau considérées comme asexuées pour pouvoir continuer. Pour les « sénoufos », l’homme, au moment de sa naissance, n’est qu’un animal, et ce qui va l’élever un peu au-dessus de cet état, c’est l’enseignement dispensé par le poro, ainsi que l’entraînement aux épreuves, qui conduit à la possession de soi-même. Il existe plusieurs phases d’initiation, durant chacune 7 ans : • le kouord est la période pré-nubile. L’enfant est chargé de certaines corvées et il apprend quelques mots symboliques. • Le dain prépare à la vie en commun. Pendant cette période, l’adolescent ARC-EN-CIEL - JANVIER-FÉVRIER-MARS 2014 Rituel du Dain (Côte d’Ivoire) devra être capable d’accomplir des sacrifices personnels. Il apprend à participer aux travaux collectifs, à confectionner les costumes et à participer aux fêtes rituelles. • Le tcholo incite à la réflexion sur le sens de la vie. Un certain nombre de secrets, qu’il n’était pas apte à comprendre auparavant, sont révélés au jeune homme. Ils concernent la théologie, la philosophie, le comportement social et un enseignement professionnel. • Enfin le kaffono permet d’atteindre la connaissance suprême et l’intronisation définitive parmi les initiés masqués. Une fois intégrés totalement dans le poro, les initiés doivent verser une cotisation annuelle. En retour, ils reçoivent l’aide de leurs frères, ils sont protégés par les « grands maîtres », qui ont poursuivi encore plus loin la recherche philosophico- religieuse et, au moment de leur mort, leurs funérailles sont assurées par les membres du poro. Après la mort, l’âme du défunt peut tenter de s’attarder dans les lieux qui lui sont familiers. C’est une situation dangereuse, car elle constitue une porte ouverte sur l’au-delà par laquelle peuvent surgir des monstres. Il faut donc aider cette âme à partir définitivement. Le mort est placé sur un lit taillé d’une seule pièce dans un tronc d’arbre. Il est isolé, grâce au rite accompli par les initiés qui tournent autour de lui en frappant les tam-tams et en soufflant dans de grandes trompes en bois. Sur le cadavre est placé un petit tambour, frappé à coups redoublés en même temps qu’est agité un puissant grelot : l’âme est ainsi expulsée. Le corps est ensuite placé sur un brancard et porté en procession autour du village. Les forgerons, immunisés contre les mauvais esprits, se chargent de l’enterrer, sur le flanc droit, la tête tournée vers l’est. 2 - En Afrique du Nord Ahlem FADEL est arrivée de son Algérie natale voici 2 ans. Bien qu’elle ait un frère au Québec, elle reste très attachée à sa famille et va souvent les visiter. Ce qui lui plaît beaucoup au Québec, c’est l’atmosphère autour de la fête de Noël. Cela lui rappelle l’ambiance festive qui existe en Algérie lors de certaines fêtes musulmanes, ambiance chaleureuse de familles qui se réunissent pour célébrer leurs coutumes. Bien évidemment il y a : • Le mois du Ramadan, mois de jeûne jusqu’au coucher du soleil, mais aussi réunion autour de la table, le soir, avec quelques spécialités comme les boureks, qui ressemblent aux rouleaux de Printemps chinois ou encore les zélabias, beignets croustillants au miel. Le mois du Ramadan est le mois de la miséricorde qui doit faciliter un esprit de réconciliation et de pardon ; quoi de mieux qu’une table accueillante pour faciliter les échanges ? • L’Aïd suit le mois du Ramadan, puis vient • L’Aïd El Adha. Ce sont des événements très festifs ; surtout pour les enfants qui étrennent des vêtements neufs, reçoivent de petits cadeaux et surtout partagent avec les adultes beaucoup de sucreries. (gâteaux aux amandes, aux dattes et autres confiseries d’origine turque) alors qu’on se rend visite pendant 2 jours. Plats du ramadan (Algérie) Une autre fête célébrée par tous les musulmans est le : • Mawlid Ennabawi, ou anniversaire du Prophète. On allume des bougies, on chante des chants religieux et chaque région a plus ou moins un plat spécial pour cette occasion. Pour terminer, en parlant du Coran j‘ai appris avec intérêt qu‘il est moins difficile qu‘il n‘y paraît d‘en apprendre des versets par cœur. Il existe d‘ailleurs une récompense du Président de la République pour qui mémorise tout le contenu du Coran… Aux repas de L’Aïd, on mange du couscous, mais aussi la rechta, plat de semoule et de viande, la chorba, soupe de légumes et de viande. Également la hrira à base de légumes. Ces mets sont accompagnés de thé à la menthe, café au lait et jus qui sont les boissons appréciées. 11 La chronique de Jos B Jos B en période de convalescence et en cheminement Par Jean-Guy Thibaudeau Jos B, hospitalisé à la suite d’une amputation, doit s’adapter à la vie d’une résidence... Nouveau milieu, nouvelle vie pour cheminer dans ce qu’il appelle un nouveau cap. Nicole - Comment va notre Jos B. dans sa nouvelle vie ? Jos B. - Nouvelle vie, c’est le mot. Là, à la résidence, rien pour moi n’est comme avant. Nicole - Vous avez de bons soins. Jos B. - Pour les soins et le suivi c’est merveilleux. Nicole - Alors, pourquoi cette face « inquiète » ? Jos B. - Ma chère madame, vous avez ouvert une porte alors je m’explique. À l’hôpital, j’ai vécu une coupure physique, une amputation et le personnel s’est empressé de m’aider, de me guider. Nicole - Oui, je me souviens que vous avez été fier de ce support. Jos B. - Mais là, avec le recul, je vois une toute autre dimension au mot coupure. Je constate qu’il y a eu coupure physique, affective, émotionnelle et relationnelle. Nicole - Expliquez-moi ces coupures. Jos B. - Physiquement, ça se voit... deux jambes en moins. Mais je me trouve aussi coupé de la réalité. Je vivais bien chez moi. Je viens à l’institut pour le traite- ment. Ce laps de temps terminé, je dois quitter mes intervenants si compétents et aller vivre dans une résidence que je ne connais pas, avec d’autres personnes qui vont s’occuper de moi. Nicole - Ce sont des séparations pénibles à ce que je vois. Jos B. - D’où l’aspect « affectif ». Je m’éloigne de mes proches, je quitte des amis avec lesquels j’allais prendre un repas de temps en temps, j’allais voir des pièces de théâtre ou des joutes sportives. Nicole - Mais vous pourrez toujours y aller. Jos B. - J’espère ! Mais pour le moment je rencontre beaucoup d’obstacles dans les voyages et les accès sont souvent difficiles. Nicole - Je sens que je viens de toucher un côté sensible. Jos B. - Quand je me retire dans ma chambre, seul... j’y pense... mon corps en ressent les soubresauts... mes yeux deviennent humides... et les larmes coulent le long de mes joues. Suis-je un émotif ? Je me sens seulement un humain que l’on a atteint profondément. Équipe de rédaction Raymonde Bayard Colette Clo Nicole Daubois Marie-Annik Murat Daniel Pourchot Jean-Guy Thibaudeau Jean Vegman Nicole - Dans une résidence, il y a tout un monde pour vous soutenir. Jos B. - Tout un monde, oui, mais un monde difficile à percer. Un monde que je trouve actuellement bien individuel... Chacun son affaire, chacun sa chambre... Chacun son cheminement personnel. Nicole - Il y a des activités. Jos B. - Oui, jouer aux poches, au bingo durant lequel règne un profond silence... Quelques îlots de 2-3 personnes en conversation que je n’ai pas encore pu percer... Ça viendra. Nicole - Ouf ! Du travail nous attend. Jos B. - Du travail, quel mot ! Eh ! Je dois commencer par m’acclimater à ma nouvelle vision de moi-même et par la suite apprendre à communiquer avec ces personnes. J’y arriverai mais il me faut du temps, de la patience... Nicole - Tout un programme que vous avez devant vous. Jos B.- Une porte se ferme, me disait un ami et une autre s’ouvre... Nouveau milieu, nouvelle vie comme je disais au début... Jos B en convalescence, trouvera une voie riche en défi à relever... Avec sa détermination, il y arrivera sûrement. Une période d’adaptation s’impose... Correction Marie-Annik Murat Mise en page Tabasko Communications Collaboration spéciale Renée Saint-Louis Coordination Nicole Daubois Diane LeBel