jeand`heurs

Les sentinelles
Bruno TESSARECH - Editions Grasset, septembre 2009
ème
24 ÉDITION
JEAND'HEURS
Prix du Roman Historique
L’auteur en quelques mots … Bruno TESSARECH est né en
1947. Après 25 ans consacrés à l’animation d’un établissement d’enseignement expérimental et à l’enseignement de
la philosophie, il décide de se consacrer à l’écriture. Il publie
des romans comme La femme de l’analyste, La machine à
écrire, des récits ou essais littéraires comme Villa blanche,
qui abordent avec ironie la question de la création littéraire.
En 2007, avec Pour Malaparte, portrait de l’auteur italien, il
évoque la question du fascisme, thème à nouveau présent
dans Les sentinelles, une interrogation sur la Shoah et ses
protagonistes
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[ EN RÉSUMÉ…
Juillet 1938, Patrice Orvieto effectue son stage de fin d’études à la
commission des Affaires étrangères du Sénat présidée par Henry
Bérenger. Ce dernier est nommé chef de la délégation française à la
conférence d’Evian et Pascal Orvieto l’accompagne. Il est ainsi témoin de
l’échec de la conférence, puis du Comité aux réfugiés qui siège à Londres,
dans la résolution du problème de l’accueil des milliers de juifs qui fuient
l’Allemagne et l’Autriche. Au lendemain de l’appel du 18 juin, il rejoint le
Général de Gaulle, puis versé au 2e bureau de l’état-major du Général,
il fait ses premières armes dans les services d’espionnage. Il est, tout
au long de la guerre, intermédiaire entre le 2e bureau et le MI6, service
d’espionnage britannique. Après la guerre, il poursuit une carrière
diplomatique dans l’ombre, «belle à défaut d’être brillante». A ces
différents postes, Pascal Orvieto est témoin des difficultés rencontrées
par les «sentinelles» pour informer et convaincre sur le sort réservé aux
juifs dans toute l’Europe occupée par les Allemands.
[ QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES …
Suite à la création du Grand Reich le 10 avril 1938, le nombre d’exilés
juifs d’origine allemande et autrichienne augmente considérablement
et le problème de leur accueil se pose avec acuité. Une conférence
internationale est organisée par les Etats-Unis à Evian pour trouver une
solution. Au cours de la conférence qui s’ouvre le 6 juillet, tous les pays
représentés expriment leur impossibilité de recevoir les réfugiés juifs et
la conférence s’achève sur la mise en place d’un Comité International
aux Réfugiés (CIR) qui siégerait à Londres.
[ COMMENTAIRE
Pascal Orvieto, personnage de fiction, est, dans ce roman, l’intermédiaire
entre le lecteur et les «sentinelles», personnages tout à fait réels de la
seconde guerre mondiale, témoins de la politique d’extermination des
juifs. Ainsi, le lecteur découvre la ténacité de Gustav Schröder, capitaine
du Saint-Louis, paquebot sur lequel ont embarqué 907 Juifs espérant
trouver asile aux Etats-Unis. Il fait la connaissance de Kurt Gerstein,
ingénieur issu d’une ancienne famille allemande qui décide d’observer
de l’intérieur «l’idéologie baroque et inquiétante qu’est le nazisme» en
adhérant au parti national-socialiste. Il suit le parcours de Wernher Von
Braun, jeune directeur technique d’un centre de recherche, basé sur l’île
de Peenemünde, qui travaille sans état d’âme à la mise au point de fusées à charge balistique. Il croise la route de Jan Karski, jeune polonais
qui vit confortablement grâce à la fortune de son père et à qui la déroute
de l’armée polonaise «ouvre les yeux sur la violence des événements à
venir». Après son engagement dans la résistance, il devient «l’un des
premiers témoins directs du massacre programmé et scientifiquement
mené du peuple juif». De 1938 à 2000, date de la mort de Jan Karski,
Bruno Tessarech retrace donc l’histoire de la shoah, recense ceux qui
savaient et ce qu’ils savaient, ceux qui informés ont refusé de croire, ceux
qui auraient pu intervenir et ne l’ont pas fait, et enfin, les raisons pour
lesquelles ils ne l’ont pas fait. Très sérieusement documenté, ce roman
ne présente pas seulement des faits, à travers le personnage de Pascal
Orvieto, il propose au lecteur une réflexion sur les limites de la diplomatie, le peu de poids qu’elle a sur les affaires internationales par rapport
à «la force des armées mises au service de quelques mégalomanes».
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