L`Arbre et le Cœur L`étude du cœur réserve beaucoup de surprises

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L`Arbre et le Cœur L`étude du cœur réserve beaucoup de surprises
L’Arbre et le Cœur
L’étude du cœur réserve beaucoup de surprises : on y découvre la racine
aortique, le tronc commun, les branches marginales et les branches
diagonales, l’arborisation coronarienne, les faisceaux de conduction, les
feuillets valvulaires et les capillaires. Au delà de la nomenclature, l’arbre et
l’homme sont parents, issus de la différentiation du même organisme, un
ancêtre commun, il y a 500 millions d’années. La preuve est dans nos cellules.
Il est surprenant et merveilleux de constater que l’hémoglobine et la
chlorophylle ont exactement la même structure moléculaire. Ces deux
protéines jumelles se distinguent par la présence du fer dans l’hémoglobine et
du zinc dans la chlorophylle, leur donnant leur couleur rouge et verte
respective, comme par hasard les couleurs complémentaires dans le spectre
optique. Dans une perpétuelle partie de tennis moléculaire, elles s’échangent
l’oxygène.
Déjà au 18ème siècle, Chateaubriand disait: les forêts précèdent les hommes, les
déserts les suivent. Pourtant, le grand arbre et l’homme ont une dualité plus
qu’importante, une dualité essentielle et vitale. J’ai consacré les trois derniers
chapitres de Planète Cœur à exposer les récentes évidences scientifiques des
bienfaits de l’arbre pour notre santé cardiovasculaire. L’arbre est notre
interface, notre régulateur avec l’air, la terre et l’eau. Avec « intelligence »,
l’arbre utilise l’énergie solaire pour produire notre oxygène et absorber notre
CO2, opération dont découle la synthèse de tous les produits végétaux
essentiels à notre vie. Plus des trois quarts des médicaments sont issus des
plantes et beaucoup sont à découvrir. Un milieu arborisé est protecteur et
régulateur de la température, des excès de vent, de froid et de chaleur, purifie
air et eau sans effort, nous protège des îlots de chaleurs urbains et combat les
nuisances polluantes. L’argent ne pousse pas dans les arbres. Ils ont mieux à
offrir. Pour approvisionner en eau 10 millions de citoyens, la ville de New York
se passe d’une station d’épuration d’eau qui lui aurait coûté 5 milliards de
dollars, en la puisant dans les monts Catskill, dont les forêts, station
d’épuration naturelle, sont protégées. Les demeures les plus recherchées de
New York bordent Central Park.
La littérature médicale regorge d’études démontrant les bienfaits de la
proximité des arbres dans nos milieux de vie. La pollution augmente la
morbidité cardiovasculaire, hors l’arbre est un grand dépollueur. Non
seulement il capte des tonnes de CO2 mais aussi les composés organiques
volatils toxiques émis par les combustibles fossiles (benzène, aromatiques,
ozone). Les particules polluantes sont adsorbées et absorbées par le feuillage,
les métabolisant et les rendant inertes.
La vue sur un environnement naturel diminue le séjour de patients en
postopératoire et diminue le taux de complications et le besoin en analgésique.
Un milieu vert améliore la santé psychique, les troubles d’attention,
prédispose et incite aux activités extérieures et physiques. Une vaste étude
britannique portant sur 40 millions de sujets a relevé que vivre en milieu vert
comparativement à un milieu urbain minéralisé et bétonné diminue la
mortalité globale de 6 % et surtout diminue de moitié la différence de
mortalité cardiovasculaire observée entre pauvres et riches.
Le 29 septembre 2011, pour une quatrième année, le CSSS de Laval et le CRE
de Laval organisent conjointement la Journée de l’Arbre, une journée sur le
thème santé et environnement inscrite au sein de la semaine de la Santé. Après
avoir déployé les plantations par les médecins, infirmières, techniciens et
personnel du CSSS à la Cité de la santé, au Centre ambulatoire, aux CHSLD, aux
CLSC, aux Centres de petite enfance, au Centre de soins palliatifs, cette année
les commissions scolaires de Laval sont impliquées et plus de 15 écoles
verront reverdir leur milieu de vie. L’INSPQ, la Ville de Laval et Médecins
francophones du Canada sont partenaires de cet événement qui, en plus du
côté festif pour les membres du CSSS et les organismes communautaires
associés, verra plusieurs actions et sensibilisations dont l’hôpital vert et les
transports actifs.
En cette ère où plus de la moitié de l’humanité vit maintenant dans des villes,
protéger dans l’urbanité l’arbre et son milieu est garant de la qualité de notre
vie et de notre santé. L’arbre a de tout temps été l’allié de l’homme. Il est plus
que beau. Il est vital de le reconnaître comme partenaire essentiel, de le
préserver et de l’intégrer activement dans nos milieux de vie.
François Reeves MD FRCPC
Cardiologue d’intervention
Professeur agrégé de médecine
Université de Montréal