Attaque de la ville de Kessab Le dernier chapitre du Génocide

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Attaque de la ville de Kessab Le dernier chapitre du Génocide
Attaque de la ville de Kessab
Le dernier chapitre du Génocide Arménien ?
Kessab est une ville peuplée d’Arméniens au nord-ouest de la Syrie, dépendant
administrativement du gouvernorat de Latakia et situé à 59 km au nord de Latakia. Kessab
est située juste à la frontière avec la Turquie sur les pentes du Mont Casius (Mont Aqraa qui
veut dire « le mont chauve ») à 800 m au-dessus du niveau de la mer. D’après le Bureau
central des Statistiques de Syrie, au recensement de 2004 sa population était de 1754
habitants.
Avec son climat sec et entourée de montagnes verdoyantes et de vallées profondes, Kessab est le
lieu de villégiature préféré de nombreux résidants d’Alep et de Lattaquié.
Le nom de la ville, Kessab, vient du latin Casa Bella (ce qui veut dire la belle maison). Kessab est une
ancienne ville arménienne dont les origines remontent à l’ancien Royaume Arménien de Cilice. La
population est aujourd’hui composée d’une majorité d’arméniens et d’une minorité d’arabes
Alaouites. La ville est entourée de petits villages et de fermes en majorité arméniens : Duzaghaj,
Esguran, Sev Aghpyur, Chinar, Chakhaljekh, Keorkeuna, Ekizolukh, Baghjaghaz (haut et bas),
Karadouran, Karadash et le village abandonné de Bashurd.
A une altitude de 1105 m, le Mont Sederan, situé dans la région de « Chalma spring » est le
point culminant du côté syrien de la région de Kessab, alors que le Mont Casius, la montagne
la plus élevée avec 1709 m est située du coté turc à quelques mètres de la frontière.
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La plage de Karadouran se trouve sur la frontière turque et était la frontière du Royaume Arménien
de Silice, quand la région de Kessab fut petit à petit mise en valeur par les arméniens qui s’y
installèrent. Une recherche sur les particularités du dialecte des arméniens de Kessab et des dialectes
des arméniens de la région d’Alexandrette et de Suweidiyeh montre que les arméniens de Kessab et
des villages alentours conservent les restes du dialecte des arméniens qui vivaient dans la région
d’Antioche. La migration des arméniens dans la région s’est accentuée aux XIVe et XVe siècles,
pendant les périodes Mamelouk et Ottomane, pour essayer de fuir les persécutions en trouvant des
régions montagneuses plus sûres telles que Kessab et Musa Dagh. Les premiers refugiés arméniens
s’installèrent dans une région appelée aujourd’hui Esguran. Puis ils s’installèrent plus haut, dans ce
qui est Kessab aujourd’hui, et faisant de cette ville le centre de la région.
Pendant les années 1850 la population de Kessab était d’environ 6 000 habitants, tous arméniens,
avec plus de 20 écoles.
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Le Centre Culturel Armenien Evangelique « Missakian »
Le premier désastre à Kessab eut lieu en avril 1909. Cette calamité vit la mort de 161 arméniens et la
perte importante de matériel. Après cet évènement le Catholicos Sahag I Khabaian rendit visite à
Kessab.
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En 1915 Kessab fut cependant frappée d’une autre calamité au même moment que les arméniens
dans tout l’Empire Ottoman furent passés par l’épée, et près de 1.5 million d’arméniens perdirent
leur vie. Toute la population de Kessab et des villages arméniens alentours fut déportée. Environ
6 000 personnes furent déportées à Deir ez Zor et Deir Atieh. Moins de 2 000 retournèrent chez et
trouvèrent leur maison et leur terre, brûlées et pillées. Ces arméniens de Kessab ont été les seuls
arméniens à pouvoir rentrer chez eux et à vivre là, oui, jusqu’au 21 mars 2014, jour du printemps !
Oui, une fois de plus, les arméniens de Kessab ont dû faire face à la déportation et à la violence. Le 21
mars 2014, à peu près 3 ans après le début de la guerre civile en Syrie, les habitants de Kessab et des
villages environnants furent évacués. 80 civils furent tués dans les pilonnages et les attaques lancées
par les forces affiliées à Al Quaïda et venant de Turquie. Pendant l’attaque, les forces rebelles ont
également attaqué le poste frontière syrien, juste à côté de Kessab et ont fait des morts parmi le
personnel s’y trouvant et en ont pris certains en otages. 670 familles arméniennes n’ayant rien
d’autre que les vêtements que chacun portait ont été évacuées par le responsable de la
communauté arménienne vers des endroits plus sûrs proches de Basit et Lattaquié.
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Ce dernier conflit de Kessab fut l’aboutissement du Génocide Arménien pour la nation arménienne
qui avait vécu près de 1000 ans à Kessab. Dans un document écrit, les responsables confessionnels
arméniens ont condamné cette attaque et le rôle actif de la Turquie, qui a aidé et assisté les groupes
extrémistes qui, à Kessab et en d’autres lieux en Syrie, ont attaqué les populations chrétiennes et des
minorités de Syrie. La déclaration des dirigeants arméniens de Kessab dit : « depuis des mois nous
prévenons la communauté internationale d’un danger imminent dû aux combattants extrémistes
étrangers contre les minorités chrétiennes en Syrie. Ces attaques brutales et injustifiées contre les
villages arméniens et la ville de Kessab sont le dernier exemple d’une violence jamais vue ni
entendue depuis le Génocide Arménien d’il y a un siècle. Ce qui rend ces actes de violence encore
pires, c’est qu’ils sont encouragés par l’état voisin, la Turquie. Nous faisons appel à tous les états,
quelle que soit l’influence qu’ils puissent avoir dans le conflit syrien, à utiliser tous les moyens
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possibles pour arrêter ces attaques contre les citoyens paisibles, les civils arméniens de Kessab et de
permettre à chaque famille de revenir dans son foyer en toute sécurité. Durant le dernier siècle, c’est
la 3e fois que les arméniens sont forcés à quitter Kessab et à chaque fois la Turquie est l’agresseur ou
du côté de l’agresseur.
10 à 15 familles dont les membres, trop âgés pour déménager, furent soit incapables de partir ou
choisirent de rester dans leur maison à Kessab. Le lendemain le 22 mars 2014, d’après certaines
sources, les troupes Syriennes lancèrent une contre-offensive pour tenter de regagner le poste de
frontière. Cependant le 23 mars 2014, les extrémistes entrèrent une nouvelle fois dans Kessab,
emmenèrent en otages les familles qui y étaient resté, profanèrent les trois églises arméniennes de
la ville, pillant les maisons et occupant la ville et les villages alentours.
Nous sommes sûrs que vous pouvez comprendre la situation désespérée de ces familles
arméniennes syriennes qui ont trouvé à présent refuge à Lattaquié. Nous avons confiance en vos
soutiens pour continuer à nous aider à protéger ces familles qui ont besoin de notre assistance.
Grâce à vous nous pouvons donner un soutien immédiat aux plus vulnérables des familles
arméniennes.
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Nous avons besoin d’un soutien de toutes sortes. Nous devons soutenir notre peuple dans ces
circonstances par :
1. préparer des kits de nourritures à ceux qui sont un refuge.
2. Donner des médicaments et une assistance médicale pour les malades et les désespérés.
3. Fournir des kits d’hygiène dans de telles situations inhumaines.
4. Fournir des vêtements et des couvertures pour ceux qui sont dans un refuge.
Tout ce qui se passe dans la crise Syrienne, met partout les communautés chrétiennes face à la
menace d’une extinction. Nous appartenons à une petite communauté, nous avons peu de choses en
mains mais la meilleure contribution que nous puissions apporter à notre pays, ce sont notre Foi et
nous-mêmes. Il nous faut agir en conséquence, avec conviction et courage ! Priez avec nous dans la
foi et l’espérance pour que ce violent conflit s’arrête et que le processus de réconciliation puisse
commencer.
Que Dieu reste en nous et avec nous comme nous restons, dans l’Eglise Evangélique Arménienne, Ses
fidèles ambassadeurs de sagesse, de savoir et de lumière dans le monde.
Rev. Haroutune Selimian
Président de la Communauté Protestante Arménienne en Syrie
(traduction ACO France)
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