En continuité avec mon projet doctoral concernant les oscillations

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En continuité avec mon projet doctoral concernant les oscillations
En continuité avec mon projet doctoral concernant les oscillations entre résistance et
persistance des « African Nazarites », ma recherche postdoctorale portera sur l’impact
transnational des rastafaris africains, un mouvement de type « back to Africa », né dans
les Caraïbes. Bien que les chercheurs aient beaucoup travaillé sur les rastafaris dans
divers contextes internationaux, les études comparatives concernant directement le
continent africain se font rares. Alors que des groupes de rastafaris sont basés au
Zimbabwe, au Nigéria, en Gambie et au Sierra Leone, je me concentrerai sur l’Éthiopie,
le Ghana et l’Afrique du Sud, comme ces trois nations sont, pour plusieurs raisons,
considérées comme des endroits clé où se sont installés des groupes rastafaris.
Depuis sa naissance, le mouvement étudié a considéré l’Éthiopie comme véritable terre
de Zion et a qualifié le dernier empereur de ce pays, Haile Selassie, de Tout-Puissant tout
en le désignant comme le Messie Noir revenu pour assurer le Salut de la diaspora
africaine. De plus, durant les années 1950, Selassie a attribué 500 acres de sa terre arable
personnelle aux habitants de l’Ouest, connus sous le nom de Shashamane. Cette terre
habite maintenant environ 200 rapatriés rastafari de l’ouest de l’Inde. Le cas éthiopien est
particulièrement complexe, comme ce pays où Selassie a jadis régné comme monarque
d’une Zion symbolique est maintenant considéré par bon nombre de rastafari de la
diaspora africaine comme ravagé par la famine et la guerre. À cause de facteurs de nature
économique, le Ghana, et non l’Éthiopie, est maintenant la destination première des
rapatriés rasta. Pour les rastas, le Ghana est douloureusement lié à l’histoire ancestrale de
l’esclavage, comme son territoire a longtemps servi de portail pour la traite d’esclaves
vers la Jamaïque. Finalement, alors que le mouvement rastafari semble avoir initialement
pénétré en Afrique du Sud vers la fin des années 1970, une étude récente a descellé
certaines différences marquées entre la nature peu organisée du groupe avant l’apartheid
et son caractère plus formalisé après 1994. La fin de l’apartheid a d’ailleurs marqué le
premier contact entre rastafaris de différents cantons n’étant pas assombris par la menace
d’actions policières violentes.
Un autre élément venant compliquer les intersections entre la résistance et la persistance
en contexte sud-africain est la présence d’un nombre grandissant de liens entre les
rastafaris et l’Église Shembe. Par exemple, un des membres les plus célèbres de l’Église
Shembe au niveau international, le musicien maintenant décédé Lucky Dube, a enregistré
des chansons reggae – style musical populaire associé aux rastafaris – dans lesquelles il
déclarait à la fois « Rastas never die » (1985) et « Shembe is the way » (2006). Ces types
d’intersections entre l’Église Shembe et les rastafaris n’ont jamais été adressées dans la
littérature scientifique. En tant qu’expert de ces deux mouvements, je bénéficie d’une
opportunité unique d’étudier ces réalités religieuses et culturelles émergeantes. En
résumé, ce projet vise à décrire la manière dont l’appropriation des rastafaris en Afrique
est venue modifier le paysage de ce continent.

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