1. La défaite et l`occupation de la France (1939-1940)

Transcription

1. La défaite et l`occupation de la France (1939-1940)
chapitre
18
LA FRANCE DANS LA SECONDE GUERRE MONDIALE (1939-1945)
1939 - 1940
LA FRANCE DANS LA SECONDE GUERRE MONDIALE (1939-1945)
1940 - 1942
1942 - 1944
1. La défaite et l’occupation de la France
(1939-1940)
e
Pourquoi la défaite de la France a-t-elle entraîné la chute de la III République ?
1944 - 1945
ROYAUME-UNI
Les forces en présence sur le front de
l’Ouest en mai 1940
Entrée en guerre le 3 septembre 1939, la France s’abstient de tout engagement militaire
d’envergure jusqu’en mai 1940 et laisse ainsi l’armée allemande écraser la Pologne au
bout de quelques semaines. Obnubilé par le souvenir de 1914 -1918, l’état-major a
adopté une stratégie rigoureusement défensive. Une partie des forces françaises est
retranchée derrière les fortifications de la ligne Maginot . C’est la « drôle de guerre ».
L’attaque allemande du 10 mai 1940 déjoue les plans français. Les forces du Reich
envahissent la Belgique et les Pays-Bas, tandis que les Panzerdivisionen du général
Guderian franchissent les Ardennes et prennent à revers les forces alliées. La GrandeBretagne rapatrie ses troupes en catastrophe depuis Dunkerque, prise le 4 juin. Paris est
occupé le 14 juin. L’invasion allemande provoque l’exode de 6 millions de personnes,
dans le chaos le plus total et sous les tirs de la Luftwaffe .
Armistice ou capitulation ?
Le succès de la guerre éclair ( Blitzkrieg ) entraîne la débandade de l’armée française,
en dépit de combats acharnés qui ont fait autant de morts côté français (92 000 tués)
que durant les premiers mois de la Première Guerre mondiale (sur une durée comparable
de 45 jours). Plus d’un million et demi de soldats français sont faits prisonniers.
Contrairement à ce que prétendront par la suite les dirigeants du régime de Vichy ,
la défaite française ne s’explique pas par le manque d’hommes et de matériel (sauf
pour l’aviation), mais par les erreurs stratégiques de l’état-major.
Le président du Conseil, Paul Reynaud, envisage une capitulation militaire dans
l’Hexagone, qui laisserait la possibilité de poursuivre la guerre aux côtés des
Britanniques, en Afrique du Nord notamment. Mis en minorité au sein du gouvernement, il doit céder la place, le 16 juin 1940, au maréchal Pétain qui milite, lui,
en faveur d’un armistice. Pour le « vainqueur de Verdun », la défaite de la France
est définitive ; sa responsabilité incombe au pouvoir politique et non à l’armée.
Nul doute que l’immense majorité des Français approuve alors la cessation des
combats. Peu d’entre eux entendent l’appel à la résistance lancé depuis Londres
par le général de Gaulle, le 18 juin.
L’ armistice est signé à Rethondes le 22 juin 1940, là même où avait été signé celui
du 11 novembre 1918. La France est désarmée, contrainte à payer de lourds frais
d’occupation, et divisée en deux zones : une zone occupée et une zone dite « libre »,
la souveraineté française étant théoriquement maintenue sur l’ensemble du pays.
Divisions
dont :
Divisions
blindées
Chars
Autos
mitrailleuses
Avions
dont :
Bombardiers
1
Dès le lendemain, des actes constitutionnels instaurent une véritable dictature,
connue sous le nom de « régime de Vichy ». « Chef de l’État français », le maréchal
Pétain reçoit la plénitude des pouvoirs exécutif et législatif, les ministres n’étant
responsables que devant lui. Les séances du Parlement sont ajournées jusqu’à nouvel
ordre. Le nouveau régime ne résulte pas d’un coup d’État. À l’image des parlementaires,
les Français, désemparés par la défaite, placent alors leur confiance dans la personne
du vieux maréchal, qui s’est servi de sa popularité pour abattre le régime républicain.
342
BELGIQUE
Zone occupée :
Cherbourg
94
Grande- Allemagne
Bretagne
10
Paris
3
1
10
2 400
600*
2 600
800
—
700
2 176
550
4 500
Nantes
160
Vichy
Mérignac
u
u
Notions clés
u Armistice : accord politique entre deux
u
u
gouvernements organisant la cessation des
combats, dans l’attente de la négociation
d’un traité de paix.
Capitulation : convention militaire par
laquelle une armée se rend à l’ennemi,
sans engagement politique du vainqueur
ni du vaincu.
Régime de Vichy : dictature exercée par
le maréchal Pétain, qui tire son nom de la
ville de cure choisie pour ses équipements
hôteliers et pour sa taille, suffisamment
modeste pour ne pas concurrencer Paris.
États neutres
Vénissieux
ITALIE
Les Milles
Toulouse
2
3
Nice
Corse
Mer Méditerranée
Pôles de la collaboration
Camps réservés aux
internés juifs
Marseille
Rivesaltes
200 km
Paris
Vichy
Brens
0
jusqu'en novembre 1942
Alliés
Septfonds
E S PA G N E
Zone Sud «libre»
Lyon
ClermontFerrand
Bordeaux
Zone d'occupation
italienne (1940-1942)
SUISSE
Nexon
Source : Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale,
Larousse, Paris, 1979.
*Y compris autos mitrailleuses.
Blitzkrieg : voir p. 306
« Drôle de guerre » : expression
popularisée par l’écrivain Roland Dorgelès
dans un article d’octobre 1939. De l’anglais
phoney war (« fausse guerre ») déformé en
funny war (« drôle de guerre ») ;
elle désigne la période sans combat allant
de septembre 1939 à mai 1940.
Ligne Maginot : système de fortifications
construites à partir de 1930 sous l’impulsion
du ministre de la Guerre André Maginot,
allant de la frontière suisse à la forêt des
Ardennes, qui était réputée infranchissable
par les chars ennemis.
Luftwaffe : armée de l’air allemande.
Panzerdivision : de Panzer, char d’assaut,
division blindée de l’armée allemande.
Bourges
Atl anti que
Ligne de démarcation
Dijon
FRANCE
1 680
zone interdite
StruthofNatzweiler
Tours
La Lande
O céan
242
zone rattachée
au commandement
allemand de Bruxelles
Strasbourg
Pithiviers
Beaune-la-Rolande
Vocabulaire
u
Drancy
135
Gurs
u
u
Sedan
LUXEMBOURG
Metz
Brest
Ce tableau ne tient pas compte des divisions
alliées belges (22) et hollandaises (8).
La chute de la IIIe République
Pour Pétain et son entourage, l’armistice n’est pas qu’une solution d’attente. Il donne
l’occasion d’engager sans plus tarder le « redressement français », qui passe selon eux
par le renversement de la République parlementaire. Réunies à Vichy en Assemblée
nationale le 10 juillet 1940, les deux Chambres votent, par 569 voix contre 80, un texte
donnant « tous pouvoirs » au maréchal Pétain pour promulguer « une nouvelle Constitution
de l’État français ».
France
Zone annexée
par l'Allemagne
ALLEMAGNE
Compiègne
Nombre
Une « drôle de guerre »
Bruxelles
Dunkerque
Manche
18
Camp de concentration
Camps d'internement
et de rassemblement
avant la déportation
La France occupée et démantelée (1940-1942)
L’appel du 18 juin 1940
Sous-secrétaire d’État à la Guerre depuis le 6 juin 1940, Charles de Gaulle
arrive à Londres le 17 juin. Son appel, diffusé le lendemain par la radio
britannique (la BBC), marque la naissance de la France libre.
Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des
armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement,
alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi
pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes,
submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions,
la tactique des Allemands qui nous font reculer.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ?
La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle
en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour
la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire
venir un jour la victoire.
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule !
Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut
faire bloc avec l’Empire britannique qui
tient la mer et continue la lutte. Elle peut,
comme l’Angleterre, utiliser sans limites
l’immense industrie des États-Unis.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre
pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette
guerre est une guerre mondiale. Foudroyés aujourd’hui par la force
mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force
mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les
officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire
britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou
sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes
des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique
ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas
s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Pistes de travail
1. Décrivez le déroulement de la « bataille de France » et analysez les conséquences de l’armistice du 22 juin 1940. (doc. 2)
2. Comment le général de Gaulle explique-t-il la défaite française de 1940 ?
Comparez avec l’explication avancée par le maréchal Pétain (voir p. 351) : laquelle est la plus conforme à la réalité historique ? (doc. 3)
3. Rédigez une courte biographie du général de Gaulle. Vous évaluerez alors la portée de son appel du 18 juin 1940.
343