Conférence débat
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Conférence débat
Conférence débat « Quartiers, Banlieues, Quelles représentations ? Quelles réalités ? » Vendredi 16 Mars 2012 à Grenoble Introduction par Marie France GORIUS Présidente de l’Union Locale Présentation de La CSF Intervention du groupe « Et pourquoi pas ? » : Présentation vivante sur les représentations faites sur les quartiers. Introduction de Josiane GONARD Directrice La CSF est en contact au quotidien avec les familles dans les quartiers et voit les situations se dégrader… Présentation de Didier Lapeyronnie (D.L.), Sociologue et de son approche Travail empirique du sociologue : immersions dans des cités de banlieues, parisiennes, bordelaises, lyonnaises… Sociologie urbaine : permet de percevoir et comprendre la vie des gens et la façon dont ils symbolisent le monde social. Mise en évidence un certain nombre d’évolutions (ghettoïsation) Les stéréotypes pèsent dans le quotidien des personnes (« Chaque matin, on regarde dans la presse ce qu’elle raconte sur notre quartier ») Les images viennent de l’extérieur, pèsent et modèlent la vie des gens. Point de départ de ce travail et premiers constats 2002 : Ville de Paris demande diagnostic sur les quartiers populaires Didier Lapeyronnie n’a pas travaillé dans ce genre de quartiers depuis 10 ans. Il est saisi par de fortes évolutions : 1/ La fermeture des quartiers - Dans les années 80, les gens parlaient de façon revendicative, ils allaient vers l’extérieur de la cité, parlaient de la société française. - 30 ans plus tard, ils ne parlent plus de l’extérieur, comme si la société avait disparue auto référenciation : tout est ramené à la vie de la cité - Difficultés à sortir de la cité : certains ne franchissent jamais les barrières de la cité - Augmentation du nombre de personnes qui ne connaissent personne en dehors de la cité 2/ L’augmentation du niveau de violence - La violence est ordinaire, quotidienne. - Elle exerce une sorte de pression sur les gens et organise la vie collective (en fonction des espaces où l’on peut circuler ou non) Compte-rendu synthétique rédigé par Emilie, Animatrice Inter Régionale CSF et complété par Julie, Animatrice de Développement Social UD CSF 38 3/ Le rapport aux institutions - La grande différence par rapport aux années 80, c’est que les gens ne croient plus aux institutions (la république, les associations). Ils ne les perçoivent plus comme des vecteurs de mobilité sociale, mais comme des obstacles. Violence contre les AS, les services sociaux…. 4/ La dégradation des rapports entre les hommes et les femmes - Impossibilité de réunir dans une même salle des hommes et des femmes pour organiser un débat. Dans certains centres sociaux, on sépare les lieux des hommes et ceux des femmes (rideaux dans les salles informatiques) Rupture de la communication entre hommes et femmes dans ces cités Comment expliquer ces évolutions ? Hypothèse : Toutes ces évolutions doivent être comprises dans une transformation globale des quartiers populaires Ces constats n’ont rien d’original. Ils ont déjà été dressés dans d’autres quartiers et à d’autres époques (littérature urbaine américaine des années 40 ou 50 : Harlem…) Pourquoi notre situation est elle devenue tellement identique à ce qui est décrit dans cette littérature des années 50 ? Hypothèse d’une forme de ghettoïsation progressive Qu’est-ce que le ghetto ? Le terme de ghetto est emprunté à la littérature noire américaine CF : Ghetto noir (ghetto de Harlem au début des années 60) de Clark Kenneth B Clark définit le terme de ghetto: « ce n’est pas un quartier, c’est une forme d’organisation sociale » Certaines personnes vivent dans le quartier et ne font pas partie du ghetto (=les invisibles) Le ghetto est produit par une forme de discrimination qui s’explique par : o des raisons sociales : les gens sont poussés dehors parce qu’ils sont pauvres o des raisons raciales : ils sont poussés dehors parce qu’ils sont noirs, arabes… Ces deux raisons sont inséparables, indissociables Mais attention, le fait que les gens soient poussés dehors ne fait pas ghetto Ce qui fait ghetto c’est que les gens finissent par s’auto organiser = organiser une contre société, un autre monde (société avec ses normes, son système politique…) Cette auto organisation permet aux personnes de se protéger. Le problème est qu’à force, ça devient un handicap (ségrégation, stéréotype…) La violence à l’égard des institutions, et en même temps, peur terrible que les institutions quittent le ghetto Très grande socialisation et en même temps, forte solitude (notamment des hommes) L’ambivalence permanente : création collective d’un système duquel on cherche à échapper de façon individuelle. Clark écrit que les gens vivent le ghetto comme : - une « cage » (= vous êtes forcés d’être là) - et en même temps comme un « cocon » (qui protège et permet de se socialiser) Compte-rendu synthétique rédigé par Emilie, Animatrice Inter Régionale CSF et complété par Julie, Animatrice de Développement Social UD CSF 38 Deux observations Les gens pris dans cette ambivalence ne savent jamais si ils sont dans le ghetto à cause de la cage ou à cause du cocon = passage de la haine de la société à la haine de soi Sentiment profond de ne pas vivre leur vie = la vie n’est pas pour nous, la vie est hors des murs de la cité. « On nous empêche de vivre ». Sentiment profond que leurs potentialités ne peuvent pas être réalisées. Le rêve de la vie à l’extérieur devient plus réel que ce qu’ils vivent réellement à l’intérieur. Ce sentiment se traduit par des conduites somatiques : 1/ thème omniprésent de la fatigue (d’autant plus quand les personnes ne font rien). On se sent fatigué de ne pas pouvoir exprimer ses potentialités Le thème de la fatigue disparaît quand on trouve du travail à l’extérieur 2/ Thème de la respiration : « je ne peux pas respirer ». Sentiment de suffocation L’angle de travail de Didier Lapeyronnie et son équipe Ce n’est pas le ghetto qui intéresse l’équipe de D.L., mais : comment les gens vivent-ils cette expérience, comment reconstruisent-ils le monde social ? Approche sociologique : 1/ Enquête au plus près des gens = les sociologues vivent avec eux. 2/ Enquête non pas sur les gens, mais avec les gens. But : que les gens s’approprient l’enquête. Choix du terrain d’étude : Cité pas trop grande, mais ghettoïsée But : montrer que ces situations existent aussi en province dans de petites villes ou villes moyennes Choix d’un quartier (5000 habitants) d’une ville moyenne (150 000 habitants dans l’agglo) Description du quartier : 80% de la population magrébine + population d’Afrique noire 20% de « blancs » : 10% familles ouvrières + 10% de « cas soc » A noter : le « cas soc » sert de point d’appui moral à tout le reste de la population On se démarque autant que possible du « cas soc » avec lequel on refuse d’être identifié 40- 50% de chômage 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté Très forte « économie noire » (indispensable à la survie de la population) Le trafic arrose l’ensemble de la population Pression policière considérable (25% des interventions de la ville ont lieu dans ce quartier) 1/3 des hommes entre 18 et 35 ans sont en prison ou y ont été dans les 2 ans Violence (interne + contre les institutions + violence tournée contre soi) Poids de la mort et des enterrements Méthodologie d’enquête : Enquête par observation participante : entretiens, groupes de discussions…. Au final le sociologue parvient à être totalement identifié à l’intérieur du quartier Compte-rendu synthétique rédigé par Emilie, Animatrice Inter Régionale CSF et complété par Julie, Animatrice de Développement Social UD CSF 38 3 observations pour expliquer le fonctionnement général du quartier 1/ Monde de l’inter connaissance 2/ Monde de l’embrouille 3/ Monde qui est fondé sur la race des hommes et le sexe des femmes 1/ Monde de l’interconnaissance « Tout le monde connait tout le monde » : dans le quartier ; tout le monde sait à peu près tout de tout le monde D.L. : « Il n’y a que le travailleur social de base qui pense qu’il est le seul à détenir le secret professionnel » Cette inter connaissance remplit plusieurs fonctions : a- Fonction de sécurité Fonctionnement urbain classique : la sécurité est assurée par l’anonymat et un certain code de civilité Dans la cité : C’est au contraire le fait de connaître tout le monde qui met en sécurité b- Fonction morale Les gens se jugent positivement dans le cadre de l’inter connaissance et négativement dans le cadre de l’anonymat Dès qu’on ne connaît pas, on soupçonne de mauvaises intentions. On juge des gens non pas en fonction de leurs capacités mais en fonction de leur fidélité (au groupe, au quartier…) Ca explique pourquoi certains ont du mal à partir («à l’extérieur, je ne suis plus personne») La mobilité sociale coute chère car elle implique de donner le pas à mes intérêts personnels plutôt qu’à ma fidélité au groupe Pour de nombreux jeunes, c’est donc plus rationnel de plonger dans l’échec scolaire qui permet de rester dans le groupe Le quartier est un monde de liens forts : ça ne veut pas dire que les liens entre eux sont plus forts, ça veut dire que dans le quartier, on connaît des gens qui se connaissent entre eux Le marché du travail fonctionne par des liens faibles : connaître des personnes qui connaissent des personnes qui ne se connaissent pas entre elles. Il est très compliqué à la fois matériellement et psychologiquement d’aller vers l’extérieur, quand on vit dans un monde de liens forts 2/ le quartier est un monde des embrouilles « Embrouilles » = omniprésentes et totalement incompréhensibles vues de l’extérieur 5 morts en 5 ans d’enquête, dues à des embrouilles Un certain plaisir, une certaine excitation à l’embrouille (= excitation de l’action) Quand elle éclate, l’embrouille a une capacité historique forte = capacité à réveiller d’anciennes embrouilles Significations : Compte-rendu synthétique rédigé par Emilie, Animatrice Inter Régionale CSF et complété par Julie, Animatrice de Développement Social UD CSF 38 Monde de liens faibles = si je sors dans la rue, qu’un flic passe et me met une claque, le comportement le plus rationnel à adopter est de ne rien faire : car je ne sais pas où ça ira, que personne ne viendra m’aider, et que personne ne m’a vu Monde de l’interconnaissance = si quelqu’un me manque de respect, je ne peux pas ne pas réagir Entrée dans un cycle de violence, de vengeance, contre-vengeances…. Il se créé toujours des solidarités dans ce cadre d’embrouilles Le conflit crée de la solidarité, de l’intégration L’embrouille pourrait elle faire éclater l’unité du ghetto ? Non car dès que l’unité du ghetto est menacée, on va aller s’embrouiller avec la cité d’à côté L’embrouille créé l’unité Sont liées aux embrouilles des manières de se comporter très théâtrales « L’important c’est pas ce qu’on dit, c’est ce qu’on pense » = on adapte le discours à ce qu’on croit qui est attendu de nous Le discours est adapté Le monde social est un monde de « faux cul ». Tout le monde sait que ce que je dis est faux, mais en contre partie, je fais semblant de croire ce qu’on me dit Tout le monde fait semblant de croire. Mais si on se permet de le dire, le groupe se solidarise avec celui qui maintient cet univers semi fictif ou semi théâtral 3/ la race des hommes et le sexe des femmes Expérience partagée d’expression de discrimination, de ségrégation (monde du travail….) Rejet lié à la couleur de peau, à la pauvreté, au quartier Cette expérience est pourtant très différente selon que l’on est un homme ou une femme Si on est un homme, il n’y a pas d’échappatoire Pour une femme, il y a des moyens d’y échapper par des codes vestimentaires (une femme arabe qui se lisse les cheveux et met une mini jupe échappe au racisme) Exemple de la boite de nuit : Les hommes qui se font refuser l’accès le vivent comme une humiliation, une castration : (c’est moi en tant qu’homme arabe qu’on refuse dans un lieu de socialisation lié à la sexualité). L’homme est fixé dans une identité de genre et une identité sexuelle La femme a un terrain de jeu plus large : si la femme apparaît elle fait disparaître l’arabe La dimension corporelle et sexuelle dans le domaine du racisme est fondamentale La capacité des femmes à aller vers l’extérieur, ne peut être perçue que comme une sorte d’humiliation raciale ou de trahison Toutes les manifestations de la féminité deviennent soupçonnables et manifestent leur capacité à se sortir du ghetto Plus il y a manifestation de la féminité, plus ça peut enclencher de l’agressivité Ce qui permet aux femmes de sortir du ghetto, les menace à l’intérieur La réciproque est vraie : une certaine forme de féminité (voile) protège à l’intérieur et engendre de l’agressivité à l’extérieur Tout le ghetto s’organise autour de cette dialectique intérieur / extérieur, protection/ menace Du côté des hommes Les hommes vivent la trahison féminine avec une angoisse très forte Projection des jeunes hommes : dans 10 ou 15 ans, je serai père de famille (et non ingénieur…) projection familiale Les hommes dans ce quartier vivent comme des puritains : une grande partie de l’argent du deal sert à aller au bordel (= en Espagne) Compte-rendu synthétique rédigé par Emilie, Animatrice Inter Régionale CSF et complété par Julie, Animatrice de Développement Social UD CSF 38 On projette la sexualité à l’extérieur et on désexualise tout ce qui est à l’intérieur Les filles les plus désirables sont celles qu’on ne peut pas toucher Les filles du pays sont plus saines et ne trahiront pas. « Je n’épouserai qu’une moche » Identification très forte à un rôle masculin très traditionnel Du côté des femmes Elles souffrent de leur désexualisation - « C’est difficile d’être une femme dans ce quartier » Les femmes travaillent à mettre la relation sexuelle au service d’une construction de soi (=devenir une femme). Elles cherchent à se réapproprier leur sexe, leur corps Les femmes sont dominées par leur rapport à soi Les hommes sont dominés par leur rapport à l’autre Elles sont en permanence dans une forme de travail sur soi : « on m’a fait ci… » et seulement à certains moments « je… » Elles utilisent le « Je » quand il se passe quelque chose qui leur permet de se construire (=je suis devenue mère) Les femmes sont plus intelligentes que les hommes car : Les hommes croient ce qu’ils sont et cherchent à s’identifier à un rôle social traditionnel Les femmes ne croient pas ce qu’elles sont et essaient de ne pas être ce qu’elles sont. Elles sont plus capables d’actions, elles sont plus fortes Est ce qu’il faut sauver les hommes du désastre, ou s’appuyer sur la force positive des femmes ? Sexe et Politique Attention : il ne s’agit pas d’opposer les hommes et les femmes, mais de souligner l’opposition d’une partie des femmes avec le reste du ghetto. Ces femmes-là racontent même des histoires d’amour avec le pronom « je ». Elles sont actives et à la fois l’objet du désir d’un autre. Elles parlent des hommes, à cette occasion, d’une façon différente. Et de leur émotivité. Cet exemple illustre combien le sexe et la politique sont liés. Il y a eu des conflits entre les femmes du ghetto pendant la durée de l’étude : celles qui exprimaient leur développement personnel et l’aller vers l’extérieur, différentes des autres qui s’enfermaient dans le ghetto. Cette moitié de femmes qui est en lutte contre le fonctionnement du ghetto, est plus active et forte que les hommes. Tous ces éléments contribuent à une forme d’organisation sociale et de système politique propre au ghetto. Compte-rendu synthétique rédigé par Emilie, Animatrice Inter Régionale CSF et complété par Julie, Animatrice de Développement Social UD CSF 38 Echanges avec la salle Un habitant et responsable associatif de la Villeneuve s’exprime à propos des ghettos: « Il y a des ghettos de riches aussi avec du trafic de cocaïne par exemple. Donnons les moyens aux populations de s’organiser et que toutes les associations travaillent ensemble pour faire vivre nos revendications et ne plus nous laisser enfermer dans le ghetto ». Un militant de la CSF aborde la question culturelle : Il fait un rapprochement entre la description de D. Lapeyronnie et la littérature maghrébine des années 50,60 et un parallèle avec l’organisation sociale du monde rural et des villages. Un participant évoque le principe de mixité sociale appliqué dans le développement urbain comme une partie de la solution pour faire évoluer la situation. Didier Lapeyronnie : « Je ne parle pas de village car cela serait réducteur par rapport à la dimension discriminante du ghetto. Je ne parle pas des spécificités d’une communauté maghrébine, comme celle italienne de Boston, mais d’un fonctionnement social. La question sociale est plus forte que celle culturelle. Je suis bien d’accord avec vous : il existe des ghettos de riches, mais ils ont toujours existé. Le 16ème arrondissement a toujours été un ghetto de riches. Ca devient problématique quand il y a de plus en plus de ghettos de riches avec un taux de cadres qui augmente dans le pays. Tout le monde est républicain pour les autres mais libéral pour lui. Tout le monde vante les mérites de l’école républicaine mais met ses enfants dans le privé. Plus nous sommes riches et plus il y a de ségrégations : les gens déménagent. Des villes ont été structurées sur des modèles du 19ème siècle, autour des places, de l’église… les gens habitent aujourd’hui dans des lotissements et sont séparés les uns des autres, vivent dans un archipel plus que dans un ensemble intégré. Les espaces urbains sont de plus en plus liés à l’appartenance de classe. Quand les gens ont plus de revenus, ils s’en vont. Logique très forte qui crée du ghetto à tous les niveaux sociaux. Et ce qui m’a intéressé c’est de voir comment ceux qui ont du mal à franchir les barreaux, vivent et s’organisent. Les riches ne sont plus des adversaires de classe mais des peoples. Plus on baisse dans l’échelle sociale et moins il y a de conscience de classe. Enfin, le discours qui consiste à dire « casser les ghettos et faire de la mixité sociale » est une formule incantatoire. Il vaut mieux penser les choses politiquement. La priorité doit être donnée dans la capacité politique plus que sociale, y compris dans des formes communautaires comme aux Etats-Unis. Ca ne peut se faire qu’avec ce que sont les gens aussi. » Habitant de la Villeneuve et membre de l’Union de Quartier : « Quand il y a eu des événements en 2010 à Villeneuve, le Président a prononcé son discours de Grenoble, qui est devenu mondialement connu. Au moins on parle de nous et lors de voyage des gens ont rencontré des personnes pensant que la Villeneuve c’était Grenoble. Ce n’est pas un quartier périphérique de Grenoble, c’est Grenoble aussi ! On est à 5 minutes du Centre Ville en tramway. C’est un quartier en difficulté sociale. Je reviens au terme de « racisme ». Certains disent que le racisme est différent de la discrimination. Les ghettos sont partout et tout est système. » Compte-rendu synthétique rédigé par Emilie, Animatrice Inter Régionale CSF et complété par Julie, Animatrice de Développement Social UD CSF 38 Un membre du Collectif CSF d’Abry : « Tout d’abord, je remercie la CSF pour son aide dans la défense des locataires. Je ne suis pas sociologue mais je trouve que vous dressez un tableau un peu noir. Il y a pourtant beaucoup de gens qui militent dans des associations pour dynamiser des quartiers qui sont colorés et vivants. » Un militant CSF de l’Ain : « Il y avait de l’organisation sociale, dans une période de plein emploi, lorsque des habitants de bâtiments de Le Corbusier, à Marseille, ont réussi à les sauver de la démolition. Est-ce que l’urbanisme ne renforce pas le ghetto ? La question de l’emploi joue beaucoup aussi et vous avez peu abordé ce problème. » Didier Lapeyronnie : « Je ne peux pas aborder tous les problèmes mais les deux tiers de mon livre sont consacrés aux questions sociales et de chômage. Le ghetto sécurise les personnes mais les éloigne parfois du travail à cause du fonctionnement social du ghetto. La violence sociale et raciale s’est aggravée. Vous avez raison : les quartiers sont très différents mais j’ai pris une situation extrême. Ce que je voulais vous montrer c’est la crise politique et l’extrême violence de cette société. Il n’y a que les chrétiens un peu naïfs qui pensent que la pauvreté et la souffrance ont un effet de rédemption. » Les participants ont continué d’échanger à propos, notamment : - des jeunes et de leur place dans la vie publique du retour fait par le sociologue aux habitants au terme de son travail d’un témoignage d’une jeune femme de la salle Conclusion faite par Aminata Koné Secrétaire Générale de la CSF Nationale Aminata Koné, a conclu en rappelant que si on veut une transformation sociale il faut s’appuyer sur la population qui doit s’approprier ce qui se fait. Les familles n’ont pas la notion de lutte de classe mais tant que la question sociale n’est pas réglée, rien ne peut avancer. On ne peut pas laisser les politiques décider seuls. Nous devons travailler ensemble pour créer des espaces de dialogues. Chacun est capable et doit prendre du pouvoir sur sa propre vie. Modifier les regards, questionner nos représentations sont déjà des manières de commencer à agir pour évoluer tous vers un mieux vivre ensemble. Compte-rendu synthétique rédigé par Emilie, Animatrice Inter Régionale CSF et complété par Julie, Animatrice de Développement Social UD CSF 38