Aperçu - Cercle d`Études Historiques sur la Question Louis XVII
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Aperçu - Cercle d`Études Historiques sur la Question Louis XVII
Compte-rendu de la Réunion tenue le samedi 10 avril 2010 au Restaurant "Le Louis XVII" 40, boulevard Malesherbes, à Paris 8ème Étaient présents : Mme de La Chapelle Présidente M. Gautier Vice-président Mme Pierrard Trésorière M. Desjeux Secrétaire Général et Mmes Alaux, Julie, Huignard, Lescaroux, Simon, Melle de Confevron, MM. Adjet, Chomette, de Jenlis. Excusés : Mme MM. Hamann, Duval, Mésognon, Trousset. Après le déjeuner habituel, le Vice-président ouvre la séance : 1. ACTUALITÉS • Mme Védrine : Elle est toujors hospitalisée ; son opération cardiaque a été un succès mais a du subir d’autres interventions. Elle se remet de ces nouvelles épreuves. Nous formulons des vœux pour sa complète gérison et nous vous informerons de son état de santé dès que cela sera possible. • Le nouveau site du Cercle : Comme nous vous le disions précédement le site internet du Cercle a été entièrement reconstruit. Il a regagné son adresse historique : http://louisxvii.chez. com/ La consultation des comptes-rendus des années 2006 à 2010 et des fiches iconographiques est réservées au Membres à jour de cotisation. Pour y accéder il faut saisir un Login et un mot de passe propre à chaque membre. Pour le connaitre il faut le demander au moyen du formulaire de contact (rubrique Nous contacter) en précisant vos nom, prénom et numéro d’adhérent. Il vous sera transmis par mail. • Un scoop sur les deux cœurs : Sur le forum de discution : http://www. empereurperdu. com/tribunehistoire/viewtopic. php?f=8&t=769 on trouve un essai de superposition du cœur de 1972 proposé à Carnavalet et du cœur de 1894. La démonstration est édifiante. • Un article interessant : Philippe Lamarque a traité le sujet : De « l'imaginaire de tous les peuples » . . . sur le site les Manants du Roi (http://www. lesmanantsduroi. com/articles2/article5394. php). Cet articles est très détaillé et il y est essentielement question de Louis XVII. • La dernière lettre de Marie-Antoinette : D'après M. Crépin, ce serait la 5 ème dernière lettre « authentique » de la reine. La lettre officielle détenue par les Archives serait également sur un filigrane « à la couronne ». Mais on sait que les révolutionnaires, manquant de papiers, utilisaient tous ceux qu'ils pouvaient se procurer, y compris ceux provenant des anciennes administrations royales. M. Crépin raconte qu'un collectionneur, ayant acquis une de ces lettres, et déjà possesseur d'une autre, en aurait brûlé une des deux, sans doute pour authentifier celle qui restait après cet autodafé ! 2. LES RECHERCHES 1. Le magicien du temps passé : G. Lenotre par Jean-Pierre Gautier Avant propos : Il est des lieux où souffle l'esprit écrivait Barrès au commencement de « La colline inspirée ». S'il en est un aussi qui peut prétendre à ce privilège, c'est bien le château de Pépinville à Richemont (Moselle), a proximité de Metz. Il devait en effet inspirer celui qui y vit le jour le 7 octobre de l'an 1855, Napoleon III, regnant. Il n’est pas donné à tout le monde d'entamer son parcours terrestre dans un château mais il faut croire que cette empreinte initiale ne fut pas pour rien dans les choîx futurs du nouveau né qui allait faire du passé une véritable résurrection. Louis-Léon Théodore Gosselin dit G. Lenôtre allait donc comme Jeanne d'Arc quitter cette province de Lorraine qui nous est si chère et que les malheurs du temps allaient séparer de nous pendant un demi-siècle. En 1855, nous n'en étions pas là et le Second Empire était à son apogée. La brillante campagne de Crimée et la prise de Sébastopol un mois avant la naissance de Lenotre, le 8 septembre, la naissance du Prince impérial, laissaient présager un avenir radieux. Malheureusement, non pas tant à cause des prétendues erreurs du régime, mais surtout à cause d'une subversion intérieure qui poussait à la guerre d'un côté et refusait les crédits nécessaires de l'autre, nous allions subir une défaite imméritée. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, la république n° 3 allait aussi trouver à Sedan les mêmes ennemis et les mêmes déboires en plus grave encore. La famille de Lenôtre choisit donc la France après la fatale annexion et vint s'établir à Paris. Il fit ses étudés chez les Jésuites et on sait la qualité de l'enseignement des Bons Pères qui devaient laisser à leur élève des bases très solides à partir desquelles il allait construire une oeuvre considérable. Considérable en effet non seulement en raison du champ historique choisi particulièrement sensible à son époque et qui l'est toujours mais surtout par son approche nouvelle, cette induction remontant du détail particulier au plan général et qui par bien des aspects jouxte la sociologie. Considérable aussi par son approche nouvelle de la connaissance historique moins dogmatique et plus humaine. Avant lui, il faut bien reconnaître que la lecture de l'histoire était souvent particulièrement indigeste, et Michelet mis à part, les Augustin Thierry, Victor Duruy et consorts n'étaient pas d'un abord facile. On lui reprochera la vulgarisation et ce reproche s'adressera aussi à des historiens plus récents comme le regretté André Castelot ou Alain Decaux. Mais au delà des querelles d'école il est une évidence plus visible en ce qui concerne le théâtre ou le cinéma, le choix du public. Dans ce domaine il n'y a qu'a voir les couvertures de ses livres pour avoir une idée des multiples rééditions de ses ouvrages. Je ne pense pas trahir la pensée de Pierre Miquel en affirmant qu'il n'existe pas de petite ou, de grande Histoire, mais des modalités diverses pour l'appréhender. Et c'est cette volonté louable de connaître son passé pour mieux comprendre le temps présent qui mobilise de la même façon les grands historiens et les modestes chercheurs. Cette intentionnalité se résume fort bien dans la•devise d'un autre historien. Lorrain lui-aussi, M Jacques Hamann : « Va pour l'Histoire ! ». La Métbode : Même pour les personnes cultivées, Lenôtre est souvent considéré comme un écrivain populaire, vulgarisateur, en un mot de second ordre. Deux raisons principales ont contribué à accréditer cette idée toute faite : D’abord. même si l'Académie Française voulut l'admettre en son sein, il n'en reste pas moins que Lenôtre, même si ses travaux valaient largement ceux des clercs officiels, n'était pas de leur tribu et il dut essuyer les sarcasmes de ceux qui n'aiment pas qu'on pénètre leur pré carré sans montrer patte blanche. Or, et c'est là la deuxième raison, Lenôtre à défaut de patte blanche, avait des dilections particulières qui transparaissent dans son oeuvre et qui n'allaient pas dans le sens de ceux qui admirent les assassins du moment qu'ils sont révolutionnaires, les larrons progressistes, et les moutons de Panurge hurlant avec eux. Un de ses premiers travaux : « La guillotine sous la Terreur » désigne clairement les misérables instigateurs ou exécutants de crimes dont on attend encore la repentance. Deux périodes différentes : Dans son répertoire des auteurs de manuels scolaires et de livres de vulgarisation historique de langue 2 Française1, Christian Amalvi précise : 1. « Les ouvrages qu'il publie avant 1918, sont de gros volumes fondés sur des documents inédits, coûtent relativement cher et s'adressent en priorité à une bourgeoisie conservatrice et à une aristocratie nostalgique de l'Ancien Régime ». 2. « En revanche après 1920, l'oeuvre de Georges Lenôtre et notamment ses biographies s'intègre très bien à des collections bon marché publiées à Paris chez Flammarion ,Grasset, Hachette et Mame, entre autres qui vise un public beaucoup plus large ». Les centres d'intérêt : Deux périodes ont principalement retenu l'attention de Lenôlre ; d'abord la période horrible désignée généralement par le terme de révolution et que Crétinau-Joly avait justement dénommé par la métaphore de trop fameuse catastrophe et aussi l'Empire, autrement sympathique. Il va s'intéresser au champ familial de certains personnages de la révolution en particulier les veuves, de Marat, de Camille Desmoulins, de Simon etc … Il portera aussi son intérêt vers les conspirateurs Royalistes comme le chevalier de Maison Rouge, le Marquis de la Rouerie, le baron de Batz,.Georges Cadoudal. Il va étudier les deux versants de la révolution, l'admirable et parfois Sainte Famille Royale dont « La captivité et la mort de la Reine Marie-Antoinette », La fille de Louis XVI, Le Roi Louis XVII et l'énigme du Temple et aussi et surtout leurs derniers fidèles : Monsieur de Charrette, la Mirlitantouille, les compagnons de Jéhu etc … Mais aussi, mais hélas : Le tribunal révolutionnaire, les noyades de Nantes, le Jardin de Picpus etc … Il a ausssi beaucoup travaillé sur la tragédie de Varennes et à même écrit une pièce sur le sujet avec Henri Lavedan. La comédie humaine Balzac dans sa célèbre comédie humaine aux multiples facettes a créé des personnages imaginaires plus ou moins en concordance avec les réalités de son temps. Lenôtre, par contre n'a rien imaginé mais le fruit de ses minutieuses recherches sollicite notre propre imagination. On voit défiler dans ses oeuvres les personnages de la révolution nobles et gueux, assassins ou victimes. Aussi les soldats de l'Empereur Napoléon et à travers eux un hommage implicite. On voit aussi le fatum antique, le destin qui joue avec les hommes et Lenôtre aime bien souligner les situations d'exceptions et souvent paradoxales. Ainsi le général Cambronne qui sur ses fnss épouse une Anglaise et se met à la tapisserie ! « Les amis, les admirateurs qui se présentaient chez lui, le trouvaient, non sans surprise, penché sur un canevas, tirant l'aiguille et fort absorbé par sa tapisserie; et c'était une impression peu banale de voir pacifiquement compter ses points et assortir ses laines, ce terrible batailleur dont le nom était inscrit au testament de l'Empereur et gravé sur l'Arc de Triomphe » (Cambronne amoureux). Au temps de la trop fameuse catastrophe on s'ennuyait ferme à Paris : « Pas moyen d'aller au spectacle pour ceux qui ne veulent pas prendre le théâtre pour une église, car à la fin , il faut, dit-on, tous se mettre à genoux au parterre comme aux loges, pour y entonner en chorus un hymen à la liberté que l'on chante en faux bourdon » (Lettres d'Aristocrates). Quant aux plaisirs de la table ils sont gâchés par la conjoncture : « Hier, j'ai diné chez Beaujour et me voilà à côté d'un illuminé qui a prédit au feu Roi et à Madame de Lamballe tout ce qui est arrivé depuis, et qui m'assure qu'il est, le dernier sauvé des massacres de la Force, et qui sait bien qu'il doit être incessamment pendu. Je suis las de quitter des roués pour trouver des pendus ; si dans le diner que je vais faire aujourd'hui, je trouver un fouetté ou un guillotiné, je me condamne à manger tout seul dans ma chambre ». (Lettres d'Aristocrates). Mais ce n'est pas seulement cette disposition humoristique de Lenôtre, c'est aussi avec bien d'autres qualités non seulement un historien, mais aussi un moraliste qui sait bien souligner la valeur normative de l'enseignement de l'Histoire. Nos actuels bricoleurs de programmes devraient bien s'en inspirer. En commentant le recueil de lettres que le soldat volontaire Joliclerc écrivit à sa mère au cours de ses campagnes Lenôtre déclare : « On discute âprement( déjà !) sur les manuels d'Histoire destinés aux écoles primaires. Le voilà, le livre parfait : c'est le recueil de lettres de Joliclerc ; il enseigne à la fois l'amour de la Patrie, la tolérance, le respect du passé, la foi dans l'avenir, le désintéressement, la résignation, le mépris du danger, de la réputation ,de l'argent, de la mort. Et cela fut écrit par un paysan de France qui ne se doutait pas bien certainement que son nom serait un jour imprimé » (Un volontaire de l'An II). Le champ relationnel : Dans la liste des correspondances de Lenôtre aux Archives Nationales, on trouvera une quantité d'Historiens, de littérateurs divers, de gens de théâtre, de journalistes etc ... 1 Cette vulgarisation d'après 1920 n'est pas à déplorer car Lenôtre n'est pas une girouette et ses idées restent les mêmes qu'on les lise au château, à la ferme ou dans les chaumières. 3 On trouvera ci-après leur liste complète, mais il nous a paru émouvant de contempler et de mieux connaître quelques une de ces ombres chères ayant participé d'une façon ou d'une autre à la vie de Lenôtre. Quelques historiens : Georges Cain : Georges-Jules-Auguste Cain (né à Paris le 16 avril 1856 et mort dans la même ville le 4 mars 1919), est un peintre historique français, et un écrivain qui a puisé son inspiration dans l'histoire de Paris. de ses théâtres et de ses monuments. Il a été conservateur du musée Carnavalet de 1897 à 1919. Il est rare de trouver dans le même individu deux talents exceptionnels, et ce fut bien le cas de Georges Cain, à la fois bon peintre et écrivain du vieux Paris .Il ne pouvait que plaire à Lenôtre. Ernest Daudet : Ernest Daudet, né à Nîmes le 31 mai 1837 et mort aux Petites-Dalles le 21 aoüt 1921, est un écrivain et journaliste français. Frère aîné d'Alphonse Daudet, il se consacre tout d'abord au commerce selon le souhait de sa famille. Voulant devenir écrivain, il finit par aller à Paris et commence à contribuer à divers journaux parisiens et de province. Parallèlement, il entre comme secrétaire-rédacteur au Sénat. Il publie une trentaine de romans et collabore à de nombreux journaux, souvent sous pseudonyme. Son oeuvre romanesque est considérable et ses travaux historiques couvraient souvent la même période que Lenôtre. Erckmann-Chatrian : Erckmann-Chatrian est le nom sous lequel signaient deux écrivains français : Émile Erckmann et Alexandre Chatrian. Dans leur œuvre, le réalisme rustique, influencé par les conteurs de la ForêtNoire, se transfigure en une sorte d'épopée populaire. A la différence de Lenotre les personnages sont inventés mais le contexte de 1814 est bien décrit. On y trouve aussi une incontestable dimension patriotique tempérée toutefois par des considérations humanitaires Jacques Chastenet : Après avoir fait la Première guerre Mondiale, il entre dans la diplomatie. 1924 : Il est secrétaire général de la Haute Commission militaire alliée des territoires rhénans. Vers 1929 il devient journaliste et se spécialise dans la politique étrangère. 1931 : Il devient co-directeur du journal Le Temps avec Emile Mireaux. 28 novembre 1942 : En réponse à l'invasion allemande de la zone Sud, les 2 co-directeurs sabordent le journal. 1947 : il est élu à l' Académie des sciences morales et politiques. 1956 : Il devient membre de l'Académie française. Mais pour Lenôtre , homme bien élevé, l'essentiel n'est pas dans les relations avec ses contemporains mais avec ces figures disparues qu'il a su si bien nous faire retrouver. Mais cette résurrection passe obligatoirement par les archives et les bibliothèques spécialisées. Cette pratique inhérente au métier d'historien fut aussi celle de Funck-Brentano et nous en avons des preuves grâce à la photographie. Frantz Funck-Brentano : Frantz Funek-Brentano, né au château de Munsbach (Luxembourg) le 15 iuin 1862 et mort à Montfermeil le 13 juin 1947 est un bibliothécaire et historien français. Biographie : Très jeune diplômé de la prestigieuse École des chartes, Frantz Funck-Brentano se vit, dès 1885, nommé conservateur à la Bibliothèque de l'Arsenal (dont il ne fut jamais directeur). S'il s'est avant tout intéressé à l'histoire de l'Ancien Régime, c'est parce que cette Bibliothèque, la seconde des trois plus éminentes de Paris, possède l'intégralité des documents constituant le fonds des archives de la Bastille, lequel représente une source inestimable pour l'histoire, politique singulièrement, de l'Ancien Régime, un fonds dont les pièces ont fait l'objet d'un catalogue volumineux parce qu'exhaustif, de la propre main de Frantz Funck-Brentano lorsqu'il y fut conservateur. La spécificité de ce fonds l'a conduit à s'intéresser à toute l'histoire de l'Ancien Régime sous ses aspects les plus divers : il en étudia aussi bien les institutions que les particularités, ainsi que des personnages et des affaires célèbres dont il a fait le sujet de livres très documentés qui ont remporté de grands succès de librairie. En 1900, il devint professeur remplaçant au Collège de France, dans la chaire d'Histoire des législations comparées où il traita de la formation des villes dans l'Europe occidentale. En 1905, il fut désigné comme premier conférencier de la Fédération de l'Alliance française aux États-Unis. Dans le même temps il était chargé par le gouvernement français d'étudier la diffusion de la littérature française aux ÉtatsUnis et au Canada, ainsi qu'à Cuba. C’est en cette qualité que le 14 janvier 1905, il parla devant le président Theodore Roosevelt à la Maison Blanche. À son retour, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur. 4 En 1909, devant les cercles français d'Autriche-Hongrie, à Vienne à Prague et à Budapest, il traita de l'histoire de Paris à travers les âges. Par la suite, il fut plusieurs fois conférencier de l'Alliance française, en Hollande, en Angleterre, en Danemark, Suède et Norvège, en Roumanie et en Russie. En 1907, l'Académie des inscriptions et belles-lettres lui décerna l’important prix Berger pour l'ensemble de ses travaux sur l'histoire parisienne. Élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1928, il fut également président de la Société des études historiques. Parallèlement à ses travaux d'érudition, Funck-Brentano mena une carrière littéraire (pièces de théâtre, ouvrages de vulgarisation historique) et journalistique : il collabora notamment à Minerva (revue d'histoire et de critique littéraire nationaliste et monarchiste), à la Revue d'Action française puis à L'Action française de Charles Maurras. L'un de ses fils, Christian Funck-Brentano (1894-1966) compte parmi les fondateurs du journal Le Monde. Un autre, Claude Théophile, né le 27 juillet 1892, qui est sous les drapeaux dès le 11 août 1914, est tué à l'ennemi comme aviateur sur le front des Vosges le 15 février 1916. Sa mémoire est honorée à Pair-et-Grandrupt. Le Monde du théâtre : A l'aube du XXIème siècle, alors que la civilisation commence à disparaître, que la société n'est plus une valeur mais un ensemble hétéroclite il est difficile d'imaginer ce que pouvait être le théâtre de jadis dont les aspects moraux ont totalement disparu autant que le contexte mondain qui l'accompagnait, le tout remplacé trop souvent par des inepties tantôt marmonnées, souvent vociférées par des personnages en haillons et contemplées par des spectateurs guère mieux accoutrés. Plus de décors, plus d'intrigues, plus rien qui vaille; à peine un refuge en cas de pluie ! Au temps de la « Belle Époque », au contraire, les pièces de Théâtre avaient encore du sens, servies par des comédiens d'immense talent comme la grande Sarah Bernhardt, Lucien Guitry et des auteurs comme Edmond Rostand. Au niveau de ces pléïades, Lenotre apporta aussi sa petite pierre à l'édifice avec Henri Lavedan. Varennes est un petit chef d'oeuvre très émouvant par son sujet; avec des interprètes de premier ordre, qui devait être un régal pour les heureux spectateurs de ce temps révolu. Victorien Sardou : G. Lenotre évoque ainsi sa première rencontre avec celui qui fut « l'idole de toute sa jeunesse » : « [ ... ] assis à sa table dans un vaste cabinet de travail assez sombre terminé par une véranda en rotonde dans un rez-de-chaussée de la rue du général Foy [ ... ] coiffé du légendaire béret de velours, un foulard blanc autour du cou, le corps serré dans une veston d'épaisse bure [ ... ] s'avança avec cette affabilité pleine de bonté qu'il témoignait toujours aux journalistes et aux débutants ». Henri Lavedan : Henri Léon Émile Lavedan est un journaliste et auteur dramatique français né à Orléans (Loiret) le 9 avril 1859 et mort à Paris le 3 septembre 1940. Leon Daudet qui avait la dent très dure lui reprochait un gôut du mystère et des intrigues mystérieuses, d'où son goût pour Lenôtre avec qui il collabora pour la pièce Varennes (1904). Le catalogue de sa bibliothèque qu'on peut trouver sur Internet donne une idée de l'étendue de ses connaissances. Madeleine Brohan : Cette grande comédienne, une des gloires du Second Empire, était aussi une femme d'esprit : « Les silencieux ne sont pas forcément des penseurs. Il y a des armoires fermées à clef et qui sont vides ». On peut rêver à cette époque lointaine où les comédiennes outre leurs talents inhérents à leur profession et leurs services horizontaux avaient en plus un très fort potentiel culturel obtenu grâce la fréquentation assidue des hommes de lettres. Béatrice Dussane : Béatrice Dussane entra au lycée en 1899. Passionnée par le théâtre, elle est reçue au Conservatoire d'art dramatique ; elle en suit les cours le mercredi et le samedi matin. Née Dussan, elle ajoutera un « e » à son patronyme pour imiter Réjane qui s'appelait Gabrielle Réju. Un Premier prix de comédie classique couronne ses efforts le 22 juillet 1903. Elle est engagée aussitôt comme pensionnaire par Jules Claretie, administrateur de la Comédie-Française. Le 23 septembre, elle joue Toinette dans Le Malade imaginaire. Sociétaire en 1921, elle siège au conseil d'administration de la grande maison de 1935 à 1942. Professeur au Conservatoire d'Art dramatique de Paris, elle aura comme élèves Sophie Desmarets. Robert Hirsch, Michel Bouquet Maria Casarès, Serge Reggiani, Danie Gélin, Gérard Oury, et bien d'autres encore. En 1954, elle était également connue pour la chronique qu'elle publiait au Mercure de France. Vers la fin de sa carrière, elle fut réalisatrice d'émissions de 5 radio consacrées à l'histoire du théâtre : Au jour et aux lumières et Des chandelles aux projecteurs. Quelques personnalités marquantes du temps de Lenotre : Paul Cambon : Paul Cambon, de son nom complet Pierre Paul Cambon, né le 20 ianvier 1843 à Paris et mort le 29 mai 1924 à Paris, est un diplomate francais. Il est le frère de Jules Cambon. Il suit des études de droit, obtenant un doctorat en droit civil des universités d'Oxford, de Cambridge et d'Édimbourg, puis devient secrétaire de Jules Ferry à la préfecture du département de la Seine. Il devient ensuite secrétaire général de la préfecture des Alpes-Maritimes (1871) puis des Bouches-du-Rhône (1871), préfet de l'Aube (1872), du Doubs (1876) puis du Nord (1877-1882) avant de passer dans le corps diplomatique. Il exerce les fonctions de ministre résident de France en Tunisie du 28 février 1882 au 28 octobre 1886 et contribue à la réforme des institutions judiciaires de la Régence de Tunis avec la création du tribunal français de Tunis (27 mars 1883) et la suppression progressive des tribunaux consulaires, achevée avec la fermeture de la juridiction consulaire des Pays-Bas le 1er novembre 1884. En outre, il réorganise les services administratifs tunisiens avec la création de la ditection des Travaux publics (1882) et de celle de l'Instruction Publique et des Beaux.-Arts (1883). La direction des Finances, créée en 1882 prend son essor à partir de 1884 en se substituant à la Commission financière de la dette tunisienne établie en 1868 pour contrôler la gestion des dépenses tunisiennes et garantir le remboursement des pays créanciers. Les conventions de la Marsa signées le 8 iuin 1883 prévoient en particulier l'émission, pour le remboursement de la dette, d'un emprunt tunisien garanti par la France. Toujours dans le domaine économique, Paul Cambon crée la Chambre de Commerce de Tunisie en 1885. Il est également à l'origine de la loi tunisienne du.1er iuillet 1885 qui instaure le principe de l'immatriculation foncière, clarifiant l'état des possessions foncières de l'époque tout autant qu'ene favorise l'intensification ultérieure de la colonisation foncière européenne en Tunisie. Après son séjour en Tunisie, Paul Cambon devient ambassadeur de France à Madrid (1886), à Constantinople (1890) et à Londres (1898-1920). C'est là qu'il joue un rôle important dans la constitution de l'Entente cordiale puis de l'accord russobritannique de 1907. Au début de la Première Guerre mondiale il pousse le Rovaume-Uni à entrer en guerre contre l'Allemagne.Il quitte son poste en 1920 et est élu à l'Académie des sciences morales et politiques. Il est en outre membre correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques de Madrid. Grand croix de la Légion d'honneur. Gaston Calmette, la célèbre victime de Madame Caillaux : Gaston Calmette, né à Montpellier (Hérault) le 30 ianvier 1858 et mort assassiné à Paris le 16 mars 1914, est un journaliste francais. Directeur du quotidien Le Figaro à partir de 1903, il lance, en janvier 1914, à l'instigation de Louis Barthou et Raymond Poincaré, une virulente campagne contre Joseph Caillaux, ministre des Finances dans le gouvernement Doumergue. Excédée par cette campagne, l'épouse du ministre, Henriette Caillaux, se rend à la rédaction du journal et tue son directeur de cinq coups de révolver. Le scandale entraîne dès le lendemain la démission du ministre. Gaston Calmette est le frère aîné du bactériologiste Albert Calmette (1863-1933). Marcel Proust lui dédia le premier volume d'À la recherche du temps perdu !, Du côté de chez Swann. Épilogue : J'ai voulu monter un échantillon des personnes avec qui Lenôtre fut en rapporLOn en trouvera la liste complète sur internet à la rubrique suivante : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/ap/641_AP.pdf Je me souviens avoir entendu dire, au temps lointain de ma jeunesse, par un académicien critiqué pour ses choix, mais élévé dans le sérail et ayant accédé à la plus haute fonction de l'éducation nationale, que Lenôtre était un écrivain, mais pas un historien, et partant qu'il écrivait des livres agréables, mais pas de l'Histoire ! On constatate que ses relations étaient fort étendues, principalement des historiens, aussi des littérateurs , parfois les deux à la fois. Le monde du théâtre est bien représenté tant par ses auteurs que par ses interprètes célèbres ; le monde politique y a peu de place et le Gotha n'est guère représenté. De tout cela, on peut inférer que Lenôtre était d'abord un chercheur et ensuite et loin après un homme du monde. Il faut savoir aussi qu'à la fin de sa vie il souffrit d'agoraphobie, ce qui ne facilite pas les mondanités. Il se sentait probablement beaucoup mieux avec ses livres et ses personnages historiques qu'il avait si bien su ressusciter. 2. Le Secret de la Duchesse d'Angoulême par Renée Lescaroux La marquise de Soucy avait accompagné Madame Royale à Vienne en décembre 1795 bien que celle-ci avait demandé Madame de Tourzel. C'était donc sur ordre de la Convention. A leur arrivée à Vienne, Madame Royale l'avait séchement remerciée. 6 Entre 1833 et 1844 selon de nombreuses lettres envoyées à la Duchesse d'Angoulême, Madame de Soucy était l'auteur d'un manuscrit compromettant pour la réputation de la Duchesse. Cette expression me paraît un peu fourre-tout. Compromettant pour la réputation, mais de quel point de vue ? On peut tout imaginer. Des auteurs comme Juliette Benzoni ont romancé l'affaire dans le genre de la Comtesse des Ténèbres. Mais la vérité, ou tout simplement le peu de choses que nous pouvons savoir, peut être en même temps plus simple et plus dramatique. En effet, la nuit du 3 juillet 1793, elle assiste avec la Reine et Madame Élisabeth, au départ de son frère, le Roi. Faire tout leur possible pour ne jamais dévoiler l'enlèvement de Louis-Charles me paraît logique car il y allait de la vie du petit Roi. Madame Royale a 16 ans lors de sa libération du Temple et elle ne porte pas de deuil ce qui est tout de même curieux. C'est bien jeune pour garder tout le temps son sang-froid. Elle a pu confier à Madame de Soucy des détails sur la nuit du 3 juillet 1793 sans réaliser tout de suite le danger. Néanmoins, pendant le voyage, elle a du se rendre compte qu'elle avait fait une erreur et une imprudence;de là le renvoi de Madame de Soucy. Plus le temps a passé et plus la possibilité de pouvoir dire un jour ce qu'elle savait sur les évènements du Temple s'est éloignée, et la révélation, peut-être 35 ans après, du secret du Temple, aurait provoqué un immense scandale. Elle a préféré payer les maîtres chanteurs. Car le manuscrit de Madame de Soucy est en fait un libelle. C'est une littérature clandestine et un genre littéraire qui existe depuis l'antiquité. Les libelles contiennent en général des « révélations » parfaitement diffamatoires, inventées, malveillantes, souvent pornographiques, mais sont rédigées de façon plaisante. Et plus le contenu est faux, invraisemblable et énorme, plus les gens y croient. Les libelles du 18ème siècle, imprimés surtout à Londres, mais aussi à Amsterdam, Berlin, Copenhague et St. Pétersbourg ont fait la Révolution française. Les libelles étaient faits pour déconsidérer les personnes concernées mais servaient la plupart du temps à faire du chantage! Retenons ce dernier fait : Madame de Soucy et le Docteur Lavergne font du chantage ! « Les terribles conséquences » dont parle le Docteur Lavergne qui assiste Madame de Soucy dans ses oeuvres ce sont des conséquences politiques. La vie de son frère dont elle ne sait rien, est en danger s'il vit toujours. Parmi toutes les réponses qu'elle a données tout le long de sa vie à différentes personnes au sujet de son frère, il y a un leitmotiv : « peut-être a t-il été enlevé du Temple mais je ne sais pas ce qu'il est devenu. » La première partie de cette phrase concerne le secret. Elle a sans doute promis formellement de ne jamais révéler ce qu'il s'est passé au Temple. La seconde partie de la phrase est la vérité. Elle ne sait pas ce qu'il est devenu car sa famille l'a empêchée de chercher. Le Baron Charlet était chargé de négocier avec les maîtres chanteur, mais ne connaissait sans doute pas le secret. Le Docteur Lavergne a du s'en apercevoir ainsi que Madame de Soucy et ils utilisent une considérable emphase et une rhétorique ampoulée dans leurs écrits pour dramatiser la situation dans un sens scabreux. Quand Lavergne écrit : « … quand même Monsieur Charlet connaîtrait l'affaire à fond, il n'a pas apprécié (compris) les terribles conséquences que peut avoir la publication ... ». « … une affaire qui tient toujours suspendue l'épée de Damoclès sur la plus belle réputation de l'Europe ... ». Et Madame de Soucy dans une lettre : « … elle déposa dans mon sein un secret tel que le cœur d'une mère étoit seul digne de (le) recevoir ... ». Et encore : « … ce peu de mots énigmatiques pour tout autre que pour Votre Altesse Royale doivent la mettre suffisamment à même de juger, s'il faut ou non, prendre les mesures ou moyens de détruire le manuscrit ... ». Ce chantage a lieu entre 1833 et 1844. Pourquoi si tard ? A cause de la police de Louis XVIII et de Charles X. S'attaquer à la Duchesse d'Angoûlème du temps de Louis XVIII ou à la Dauphine de France du temps de Charles X était inconcevable. Mais depuis 1830 la famille royale est en exil, en Ecosse d'abord, au château de Prague par la suite jusqu'en 1836 et la situation devient bien plus facile pour les maîtres chanteurs car ils ne craignent pratiquement pas les poursuites. La Reine et Madame Élisabeth ayant été guillotinées, la Duchesse d'Angoûlème est la seule personne ayant assistée à l'enlèvement du petit Roi, son frère. Tous les autres témoins de la séparation de Louis XVII avec sa mère sont morts : les commissaires, tous les policiers de Hébert, tous les politiques impliqués dans le complot, et à ce jour nous ne savons pas de quelle manière est décédée la Gourlet. C'est une possibilité de considérer ce qui précède comme étant le secret de la Duchesse d'Angoûlème. 3. Les Joyaux de la Couronne par Claude Julie Le texte de cette intervention sera reproduit dans un prochain compte-rendu. 4. M.de Goguelat et le mystère du cheval de carton par Laure de La Chapelle Revoilà donc ce fameux cheval de carton, dont nous n'avons pas fini de percer tous les secrets. Qui n'en a pas 7 parlé ? Qui ne l'a vu entrer dans la Tour du Temple, porté à dos d'homme - un ou quatre, suivant les témoignages - et ressortir presque aussitôt, car « le petit poussait des cris de Merlusine » ! Quel faux dauphin n'y a pas trouvé un abri sûr, malgré un diamètre de 33 centimètres ? Quel roman ne s'en est inspiré, depuis le « Cimetière de la Madeleine », de Regnault Warin ? Dans un précédent article, nous avions vu un certain Voisin, de garde au Temple, observer l'arrivée de ce jouet à l'étage des princesses, et regarder par le trou de la serrure Coulombeau, le secrétaire greffier, se saisir de l'objet et en sortir ... Quoi exactement ? C'est là le nœud de l'histoire ... Voisin prétendit avoir vu un enfant, mensonge qu'il dut avouer plus tard. Mais sa curiosité créa la panique, Coulombeau eut peur d'être découvert, et promit de l'avancement à l'indiscret contre son silence. Effectivement, Voisin fut reçut de l'avancement le 16 mai 1793. Il y avait donc bien quelque chose à l'intérieur du Cheval, car on pouvait soulever la housse de la selle. Qu'apportait-on aux princesses ? De l'argent, des lettres ? Grâce aux Mémoires de M. de Goguelat, on peut en avoir une idée. François Goguelat (1746 - 1831) était le fils d'un Président du grenier à sel de Château-Chinon. Officier au corps des « ingénieurs géographes des camps et armées du Roy », il était capitaine à Artois Dragons. Est-ce sa spécialité de géographe qui lui valut l'estime de Louis XVI ? En tout cas, en 1791, il reçut la mission de contribuer au départ secret de la famille royale, mais ne put se distinguer à l'affaire de Varennes, où son action fut critiquée par Bouillé, qui d'ailleurs avait lui-même certaines erreurs de jugement à se reprocher. Tous ceux, d'ailleurs, qui participèrent à cette malheureuse tentative d'évasion, se rejetèrent la responsabilité les uns sur les autres, si bien que la fatalité se retrouva seule en cause. Rentré aux Tuileries avec le roi et sa famille, il devint le secrétaire non officiel de Marie Antoinette. Mais sa présence presque continuelle auprès de la Reine excita la jalousie de Madame Campan : « M. de Goguelat avait sa confiance [de la Reine] pour toute sa correspondance avec l'étranger, et j'étais forcée de l'avoir chez moi. La Reine le demandait très fréquemment et à des heures qu'elle ne pouvait indiquer ». (Madame Campan. Mémoires). Ce fut lui, on s'en souvient, à qui fut adressée la lettre de Fersen du 3 janvier 1792. Fersen, qui devait arriver en secret en France en février 1792 avec de faux passeports, se présenta à la porte de Goguelat, qui était absent, se cacha pour ne pas être remarqué, et dut revenir dans la soirée, très inquiet de ce rendez-vous manqué. L'année suivante, en février et mars 1793, se situe la tentative de François Reynier de Jarjayes d'exfiltrer la famille royale, avec la complicité de Toulan et Lepître. On prévoyait l'embarquement de la Reine, de Madame Élisabeth et des enfants au Havre, à destination de l'Angleterre. Voici le plan de Toulan : Des habits d'officiers municipaux étaient préparés pour la Reine et Madame Élisabeth, habits apportés à diverses reprises, sous leurs manteaux, par Toulan et Lepître. Elles auraient été pourvues « d'écharpes et de cartes d'entrée telles que les avaient les commissaires de la Commune» (Marina Grey. Enquête sur la mort de Louis XVII). Pour Madame Royale et le Dauphin, on les aurait sortis du Temple ainsi : un allumeur de réverbères, nommé Ricard, entrait tous les jours au Temple à cinq heures et demie, accompagné de deux enfants qui l'aidaient à allumer les quinquets dans la Tour. Il fallait donc un costume pareil à celui de ces enfants : une carmagnole, une vieille perruque, un pantalon sale, de gros souliers et un mauvais chapeau, auraient servi pour les enfants royaux. On les aurait déshabillés et rhabillés dans la tourelle voisine de la chambre de la Reine. Quant au couple Tison, il aurait été endormi artificiellement, par un narcotique introduit dans leur tabac ... C'est par les Mémoires de Goguelat que nous apprenons que les habits destinés à la famille royale devaient être cachés dans la Tour et que des dispositions étaient prises pour l'évasion de Madame Royale et de son frère. Car il fallait bien introduire ces perruques, ces chapeaux, ces grosses chaussures et ces pantalons troués ! Et c'est à ce moment que le cheval de carton et sa selle amovible apparait bien utile. Voisin a-t-il vu, par un trou de serrure, en sortir une perruque, un pantalon, une carmagnole, donc l'apparence d'un enfant ? Il a pu s'y tromper, et Coulombeau s'est vu découvert. Pourtant, c'est bien lui dont la Reine parle dans un billet à Jarjayes : « Vous verrez le nouveau personnage, son extérieur ne prévient pas, mais il est absolument nécessaire et il faut l'avoir. Toulan vous dira ce qu'il faut faire pour cela. Tâchez de vous le procurer et de finir avec lui avant qu'il revienne ici ». Le commissaire fut acheté, payé. Le nom de Coulombeau n'est pas donné, mais son poste important à la Tour et sa réaction à l'intervention de Voisin, montre bien qu'on ne pouvait rien envisager sans lui. Comme on le sait, le complot échoua. En 1817, Lepître prétendit que seule une dénonciation des Tison fit renoncer les conjurés et les prisonniers : mais cette dénonciation eut lieu en avril 1793 : or tout était prêt le mois précédent, en mars. Est-ce Lepître, qui grassement rétribué par Jarjayes - il avait reçu 200.000 livre - renonça finalement à fournir les passeports nécessaires ? Est-ce Coulombeau qui, pris de peur, renvoya le cheval de carton et son contenu ? « Nul des témoins de ce temps ne nous l’apprend : un seul fait est constant : la Reine peut fuir encore, ses enfants ne peuvent plus la suivre». (Catriona Seth. Marie Antoinette). La Reine, ne pouvant partir avec ses enfants, renonça. On connaît cette belle réponse à Jarjayes : « Nous avons fait un beau rêve, voilà tout ... Mais l'intérêt de mon fils est le seul qui me guide, et quelque bonheur que j'eusse éprouvé à être hors d'ici, je ne peux pas consentir à me séparer de lui. Comptez que je sens la bonté de vos raisons pour mon propre intérêt, et que cette occasion ne peut plus se rencontrer, mais je ne pourrais jouir de rien en laissant mes enfants, et cette idée ne me laisse pas même de regrets » (Mémoires de Goguelat. op. 8 cit.). Nous n'avons pas de preuve décisive que les déguisements du Dauphin et de madame Royale se trouvaient bien dans le fameux cheval de carton. Mais s'ils y étaient ; si Coulombeau, de crainte d'être dénoncé, avait renvoyé au plus vite ce jouet dangereux, les petits princes ne pouvaient plus partir, ce qui entraînait la fin de la dernière tentative pour sauver Marie Antoinette, sa belle-sœur et ses enfants. 3. ACTUALITÉS MÉDIATIQUES par Claude Julie Spectacle Festival de Saint-Denis : Basilique Cathédrale, 1 rue de la légion d'Honneur 93200 Saint-Denis, à 20H30 : 1. 01/06/10 : Requiem des Rois de France de Eustache de Du Caurroy Messe de Mariage d'Henri IV et Marie de Médicis, par l'Ensemble Doulce Mémoire, direction Denis Raisin-Dadre, (Badauds musiciens et cracheurs de feu sur le parvis - Ferveur et recueillement dans la Basilique). Prix : 21,00€ (Internet), sinon de 24,20€ à 38,50€. 2. 03/06 au 04/06/10 : Messe de Schubert - Requiem à la Mémoire de Louis XVI de Cherubini, Chœurs de Radio France, Orchestre National de France direction de Riccardo Muti, et excellents interprètes. Prix : 36,30€ (Internet) sinon de 41,80€ à 66,00€. Œuvres rarement exécutées donc Fortement Conseillées. Absolument superbes ! CD Í Requiem en ut mineur « A la Mémoire de Louis XVI », de Luigi Cherubini, par l'Ensemble National Français, sous la direction de Francis Bardot, Directeur de la Maîtrise des Hauts-de-Seine - enregistrement réalisé en la Crypte de l'Église Sainte Odile de Paris prix = 15,24€. (ou télécharger pour 9,99€ sur le Site Internet de la F.N.A.C). Editors Solstice n° SOCD 74, 147 rue de Bercy 75012 PARIS – Tél : 01 43 45 64 81. Remarquable enregistrement par un Chef qui a d'abord été dirigé par les plus grands. A signaler qu'il est également un très bon Ténor. Les Livres Lettres intimes (1778-1784) entre Marc et Angélique de Bombelles, son épouse (octobre 2009, Bibliothèque Evelyne Lever, Éditions Tallandier, très beau portrait en couleur d'Angélique en première page de couverture, pas d'illustrations - prix = 29,00€). Cette correspondance inédite entre les époux est exceptionnelle et permet de pénétrer dans leur intimité. Ils étaient très épris mais souvent séparés, Angélique, née de Mackau, étant amie d'enfance et dame de compagnie de Madame Élisabeth, le Marquis de Bombelles ayant des fonctions à Ratisbonne. Il eut la grande douleur de perdre son épouse tant aimée, après un sixième accouchement, alors qu’elle n'était âgée que de 39 ans, le 29 septembre 1800. Au début de l'année 1803, le Marquis est entré dans les Ordres et est décédé en 1822. Il lui restait quatre enfants dont Charles qui devint le troisième mari de Marie-Louise. A lire absolument ! Très belle évocation des liens entre Madame Élisabeth et Angélique dévastée par le chagrin. Félix Vicq d'Azyr « Les Lumières de la Révolution », par Yves Pouliquen, de l'Académie Française (septembre 2009, Éditions Odile Jacob, portrait de profil de Vicq d'Azyr en première page de couverture, pas d'illustrations ; prix = 23,00€). L'auteur, chirurgien, a publié plusieurs ouvrages de médecine au siècle des lumières ainsi que « Madame de Sévigné et la médecine du Grand Siècle ». Il trace un vivant portrait de Félix Vicq (premier élu à l'Académie Française), médecin de Marie-Antoinette et louis XVI sous la terreur. On pénètre immédiatement dans cette époque d'idées fourmillantes du Siècle des lumières et de la Révolution où Vicq d'Azyr exerça ses travaux sur l'état de santé et l'hygiène des Français ainsi que sur l'anatomie du cerveau ; ses nombreux talents lui valurent les honneurs de l'Ancien Régime et lui permirent d'être nommé « premier médecin du Roi et de la Reine ». Il fut surnommé le « Buffon de la Médecine » et mourut jeune sous la Terreur. Ouvrage passionnant nous permettant de rencontrer un « intellectuel engagé » dans cette période bouillonnante qu'on apprend à mieux connaître. Puisant ! Pierre de Nolhac (1859-1936) par Claire Salvy (née en 1946) arrière-petite-fille du Grand Homme (octobre 2009, Éditions du Roure, Communac - 43000 Polignac. Tél: 04 71 02 1096 - prix 20,00€ - 224 pages - poids 430 grs dimensions 15cm x 21,5cm x 1cm). Claire Salvy est une passionnée de psychologie, de généalogie et d'Histoire contemporaine. A l'occasion du cent-cinquantenaire de la naissance de son aïeul, elle lui rend hommage en publiant le fruit de ses recherches. Tout est passionnant et admirable chez cet homme humble qui est en réalité un immense Génie 9 né Pierre Girauld de Nolhac à Ambert (Puy de Dôme) le 15 Décembre 1859, auteur d'une œuvre considérable sur le Château de Versailles et ceux qui le hantent encore, dont il fut le Conservateur et Sauveur (1887-1920) et Créateur de la Société en 1907 (une pancarte d'origine se trouve dans les sous-sols du Petit Trianon). Ancien élève de l'École Française de Rome, pétri de latin et de grec, il traduisit Érasme et était familier de Pétrarque et de Ronsard, et j’en passe .... S'il m'est permis, j'y reviendrai dans un prochain article. la comparaison avec Lenôtre, je l’ose : l'un est un Historien passionné, objectif, voire sévère s'il le faut, l'autre un merveilleux conteur, sincère, qui nous a fait pénétrer dans la Petite Histoire et a fait nos délices. Pierre de Nolhac, mon « Maître », grand érudit, toujours présent à Versailles ou dans ses jardins aux ombres chères, est un véritable guide dans les écrits de Lenôtre, grand amoureux ! Je vous recommande chaleureusement cet ouvrage ! J'espère convaincre Madame Claire Constans, Conservateur en Chef au Château de Versailles, de consacrer très vite une Exposition au «Sauveur » du château, avec l'aide de Madame Claire Salvy. Il s'agirait là de prendre une revanche sur une certaine Exposition récente absolument pas à l'honneur de nos dirigeants ! 4. QUESTIONS DIVERSES o La prochaine réunion aura lieu le 29 mai. La séance est levée à 17h00 Le Secrétaire Général Édouard Desjeux Le Cercle envisage d’organiser une journée à l’Abbaye St Louis du Temple de Vauhallan à la fin du mois de juin (un samedi). Cette sortie (déjeuner + visites) peut être organisée si le nombre des membres interressés est suffisant. C’est pourquoi, si vous souhaitez participer à cette sortie, il faut en informer dès à présent notre Présidente pour que nous puissions préparer au mieux cette journée. 10