Aperçu - Cercle d`Études Historiques sur la Question Louis XVII

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Aperçu - Cercle d`Études Historiques sur la Question Louis XVII
Compte-rendu de la Réunion
tenue le samedi 10 avril 2010
au Restaurant "Le Louis XVII"
40, boulevard Malesherbes, à Paris 8ème
Étaient présents :
Mme de La Chapelle
Présidente
M. Gautier
Vice-président
Mme Pierrard
Trésorière
M. Desjeux
Secrétaire Général
et
Mmes Alaux, Julie, Huignard, Lescaroux, Simon,
Melle
de Confevron,
MM. Adjet, Chomette, de Jenlis.
Excusés :
Mme
MM.
Hamann,
Duval, Mésognon, Trousset.
Après le déjeuner habituel, le Vice-président ouvre la séance :
1. ACTUALITÉS
•
Mme Védrine :
Elle est toujors hospitalisée ; son opération cardiaque a été un succès mais a du subir d’autres interventions.
Elle se remet de ces nouvelles épreuves. Nous formulons des vœux pour sa complète gérison et nous vous informerons
de son état de santé dès que cela sera possible.
•
Le nouveau site du Cercle :
Comme nous vous le disions précédement le site
internet du Cercle a été entièrement reconstruit. Il a
regagné son adresse historique :
http://louisxvii.chez. com/
La consultation des comptes-rendus des années
2006 à 2010 et des fiches iconographiques est réservées au
Membres à jour de cotisation. Pour y accéder il faut saisir
un Login et un mot de passe propre à chaque membre. Pour
le connaitre il faut le demander au moyen du formulaire de
contact (rubrique Nous contacter) en précisant vos nom,
prénom et numéro d’adhérent. Il vous sera transmis par
mail.
•
Un scoop sur les deux cœurs :
Sur le forum de discution : http://www. empereurperdu. com/tribunehistoire/viewtopic. php?f=8&t=769
on trouve un essai de superposition du cœur de 1972 proposé à Carnavalet et du cœur de 1894. La démonstration est
édifiante.
•
Un article interessant :
Philippe Lamarque a traité le sujet : De « l'imaginaire de tous les peuples » . . . sur le site les Manants du Roi
(http://www. lesmanantsduroi. com/articles2/article5394. php). Cet articles est très détaillé et il y est essentielement
question de Louis XVII.
•
La dernière lettre de Marie-Antoinette :
D'après M. Crépin, ce serait la 5 ème dernière lettre « authentique » de la reine. La lettre officielle détenue par
les Archives serait également sur un filigrane « à la couronne ». Mais on sait que les révolutionnaires, manquant de
papiers, utilisaient tous ceux qu'ils pouvaient se procurer, y compris ceux provenant des anciennes administrations
royales. M. Crépin raconte qu'un collectionneur, ayant acquis une de ces lettres, et déjà possesseur d'une autre, en
aurait brûlé une des deux, sans doute pour authentifier celle qui restait après cet autodafé !
2. LES RECHERCHES
1. Le magicien du temps passé : G. Lenotre
par Jean-Pierre Gautier
Avant propos :
Il est des lieux où souffle l'esprit écrivait Barrès au commencement de
« La colline inspirée ». S'il en est un aussi qui peut prétendre à ce privilège,
c'est bien le château de Pépinville à Richemont (Moselle), a proximité de
Metz. Il devait en effet inspirer celui qui y vit le jour le 7 octobre de l'an 1855,
Napoleon III, regnant. Il n’est pas donné à tout le monde d'entamer son
parcours terrestre dans un château mais il faut croire que cette empreinte
initiale ne fut pas pour rien dans les choîx futurs du nouveau né qui allait faire
du passé une véritable résurrection.
Louis-Léon Théodore Gosselin dit G. Lenôtre allait donc comme
Jeanne d'Arc quitter cette province de Lorraine qui nous est si chère et que les
malheurs du temps allaient séparer de nous pendant un demi-siècle.
En 1855, nous n'en étions pas là et le Second Empire était à son
apogée. La brillante campagne de Crimée et la prise de Sébastopol un mois
avant la naissance de Lenotre, le 8 septembre, la naissance du Prince impérial,
laissaient présager un avenir radieux.
Malheureusement, non pas tant à cause des prétendues erreurs du régime, mais surtout à cause d'une subversion
intérieure qui poussait à la guerre d'un côté et refusait les crédits nécessaires de l'autre, nous allions subir une défaite
imméritée. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, la république n° 3 allait aussi trouver à Sedan les mêmes
ennemis et les mêmes déboires en plus grave encore.
La famille de Lenôtre choisit donc la France après la fatale annexion et vint s'établir à Paris. Il fit ses étudés
chez les Jésuites et on sait la qualité de l'enseignement des Bons Pères qui devaient laisser à leur élève des bases très
solides à partir desquelles il allait construire une oeuvre considérable. Considérable en effet non seulement en raison
du champ historique choisi particulièrement sensible à son époque et qui l'est toujours mais surtout par son approche
nouvelle, cette induction remontant du détail particulier au plan général et qui par bien des aspects jouxte la
sociologie. Considérable aussi par son approche nouvelle de la connaissance historique moins dogmatique et plus
humaine.
Avant lui, il faut bien reconnaître que la lecture de l'histoire était souvent particulièrement indigeste, et
Michelet mis à part, les Augustin Thierry, Victor Duruy et consorts n'étaient pas d'un abord facile. On lui reprochera la
vulgarisation et ce reproche s'adressera aussi à des historiens plus récents comme le regretté André Castelot ou Alain
Decaux. Mais au delà des querelles d'école il est une évidence plus visible en ce qui concerne le théâtre ou le cinéma, le
choix du public. Dans ce domaine il n'y a qu'a voir les couvertures de ses livres pour avoir une idée des multiples
rééditions de ses ouvrages.
Je ne pense pas trahir la pensée de Pierre Miquel en affirmant qu'il n'existe pas de petite ou, de grande
Histoire, mais des modalités diverses pour l'appréhender. Et c'est cette volonté louable de connaître son passé pour
mieux comprendre le temps présent qui mobilise de la même façon les grands historiens et les modestes chercheurs.
Cette intentionnalité se résume fort bien dans la•devise d'un autre historien. Lorrain lui-aussi, M Jacques Hamann :
« Va pour l'Histoire ! ».
La Métbode :
Même pour les personnes cultivées, Lenôtre est souvent considéré comme un écrivain populaire, vulgarisateur,
en un mot de second ordre. Deux raisons principales ont contribué à accréditer cette idée toute faite :
D’abord. même si l'Académie Française voulut l'admettre en son sein, il n'en reste pas moins que Lenôtre,
même si ses travaux valaient largement ceux des clercs officiels, n'était pas de leur tribu et il dut essuyer les sarcasmes
de ceux qui n'aiment pas qu'on pénètre leur pré carré sans montrer patte blanche.
Or, et c'est là la deuxième raison, Lenôtre à défaut de patte blanche, avait des dilections particulières qui
transparaissent dans son oeuvre et qui n'allaient pas dans le sens de ceux qui admirent les assassins du moment qu'ils
sont révolutionnaires, les larrons progressistes, et les moutons de Panurge hurlant avec eux.
Un de ses premiers travaux : « La guillotine sous la Terreur » désigne clairement les misérables instigateurs
ou exécutants de crimes dont on attend encore la repentance.
Deux périodes différentes :
Dans son répertoire des auteurs de manuels scolaires et de livres de vulgarisation historique de langue
2
Française1, Christian Amalvi précise :
1. « Les ouvrages qu'il publie avant 1918, sont de gros volumes fondés sur des documents inédits, coûtent
relativement cher et s'adressent en priorité à une bourgeoisie conservatrice et à une aristocratie nostalgique
de l'Ancien Régime ».
2. « En revanche après 1920, l'oeuvre de Georges Lenôtre et notamment ses biographies s'intègre très bien à
des collections bon marché publiées à Paris chez Flammarion ,Grasset, Hachette et Mame, entre autres qui vise
un public beaucoup plus large ».
Les centres d'intérêt :
Deux périodes ont principalement retenu l'attention de
Lenôlre ; d'abord la période horrible désignée généralement par le
terme de révolution et que Crétinau-Joly avait justement dénommé
par la métaphore de trop fameuse catastrophe et aussi
l'Empire, autrement sympathique.
Il va s'intéresser au champ familial de certains
personnages de la révolution en particulier les veuves, de Marat, de
Camille Desmoulins, de Simon etc … Il portera aussi son intérêt
vers les conspirateurs Royalistes comme le chevalier de Maison
Rouge, le Marquis de la Rouerie, le baron de Batz,.Georges
Cadoudal.
Il va étudier les deux versants de la révolution, l'admirable
et parfois Sainte Famille Royale dont « La captivité et la mort de la
Reine Marie-Antoinette », La fille de Louis XVI, Le Roi Louis XVII
et l'énigme du Temple et aussi et surtout leurs derniers fidèles : Monsieur de Charrette, la Mirlitantouille, les
compagnons de Jéhu etc … Mais aussi, mais hélas : Le tribunal révolutionnaire, les noyades de Nantes, le Jardin de
Picpus etc …
Il a ausssi beaucoup travaillé sur la tragédie de Varennes et à même écrit une pièce sur le sujet avec Henri
Lavedan.
La comédie humaine
Balzac dans sa célèbre comédie humaine aux multiples facettes a créé des personnages imaginaires plus ou
moins en concordance avec les réalités de son temps. Lenôtre, par contre n'a rien imaginé mais le fruit de ses
minutieuses recherches sollicite notre propre imagination.
On voit défiler dans ses oeuvres les personnages de la révolution nobles et gueux, assassins ou victimes. Aussi les
soldats de l'Empereur Napoléon et à travers eux un hommage implicite. On voit aussi le fatum antique, le destin qui
joue avec les hommes et Lenôtre aime bien souligner les situations d'exceptions et souvent paradoxales. Ainsi le
général Cambronne qui sur ses fnss épouse une Anglaise et se met à la tapisserie !
« Les amis, les admirateurs qui se présentaient chez lui, le trouvaient, non sans surprise, penché sur un
canevas, tirant l'aiguille et fort absorbé par sa tapisserie; et c'était une impression peu banale de voir pacifiquement
compter ses points et assortir ses laines, ce terrible batailleur dont le nom était inscrit au testament de l'Empereur et
gravé sur l'Arc de Triomphe » (Cambronne amoureux).
Au temps de la trop fameuse catastrophe on s'ennuyait ferme à Paris :
« Pas moyen d'aller au spectacle pour ceux qui ne veulent pas prendre le théâtre pour une église, car à la fin ,
il faut, dit-on, tous se mettre à genoux au parterre comme aux loges, pour y entonner en chorus un hymen à la
liberté que l'on chante en faux bourdon » (Lettres d'Aristocrates).
Quant aux plaisirs de la table ils sont gâchés par la conjoncture :
« Hier, j'ai diné chez Beaujour et me voilà à côté d'un illuminé qui a prédit au feu Roi et à Madame de
Lamballe tout ce qui est arrivé depuis, et qui m'assure qu'il est, le dernier sauvé des massacres de la Force, et qui sait
bien qu'il doit être incessamment pendu. Je suis las de quitter des roués pour trouver des pendus ; si dans le diner
que je vais faire aujourd'hui, je trouver un fouetté ou un guillotiné, je me condamne à manger tout seul dans ma
chambre ». (Lettres d'Aristocrates).
Mais ce n'est pas seulement cette disposition humoristique de Lenôtre, c'est aussi avec bien d'autres qualités
non seulement un historien, mais aussi un moraliste qui sait bien souligner la valeur normative de l'enseignement de
l'Histoire. Nos actuels bricoleurs de programmes devraient bien s'en inspirer. En commentant le recueil de lettres que
le soldat volontaire Joliclerc écrivit à sa mère au cours de ses campagnes Lenôtre déclare :
« On discute âprement( déjà !) sur les manuels d'Histoire destinés aux écoles primaires. Le voilà, le livre
parfait : c'est le recueil de lettres de Joliclerc ; il enseigne à la fois l'amour de la Patrie, la tolérance, le respect du
passé, la foi dans l'avenir, le désintéressement, la résignation, le mépris du danger, de la réputation ,de l'argent, de
la mort. Et cela fut écrit par un paysan de France qui ne se doutait pas bien certainement que son nom serait un jour
imprimé » (Un volontaire de l'An II).
Le champ relationnel :
Dans la liste des correspondances de Lenôtre aux Archives Nationales, on trouvera une quantité d'Historiens,
de littérateurs divers, de gens de théâtre, de journalistes etc ...
1
Cette vulgarisation d'après 1920 n'est pas à déplorer car Lenôtre n'est pas une girouette et ses idées restent les mêmes qu'on les lise au château, à la ferme ou dans
les chaumières.
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On trouvera ci-après leur liste complète, mais il nous a paru émouvant de contempler et de mieux connaître
quelques une de ces ombres chères ayant participé d'une façon ou d'une autre à la vie de Lenôtre.
Quelques historiens :
Georges Cain :
Georges-Jules-Auguste Cain (né à Paris le 16 avril 1856 et mort dans la même ville le 4 mars 1919), est un
peintre historique français, et un écrivain qui a puisé son inspiration dans l'histoire de Paris. de ses théâtres et de ses
monuments.
Il a été conservateur du musée Carnavalet de 1897 à 1919. Il est rare de trouver dans le même individu deux
talents exceptionnels, et ce fut bien le cas de Georges Cain, à la fois bon peintre et écrivain
du vieux Paris .Il ne pouvait que plaire à Lenôtre.
Ernest Daudet :
Ernest Daudet, né à Nîmes le 31 mai 1837 et mort aux Petites-Dalles le 21 aoüt
1921, est un écrivain et journaliste français.
Frère aîné d'Alphonse Daudet, il se consacre tout d'abord au commerce selon le
souhait de sa famille. Voulant devenir écrivain, il finit par aller à Paris et commence à
contribuer à divers journaux parisiens et de province. Parallèlement, il entre comme
secrétaire-rédacteur au Sénat. Il publie une trentaine de
romans et collabore à de nombreux journaux, souvent sous
pseudonyme.
Son oeuvre romanesque est considérable et ses
travaux historiques couvraient souvent la même période que Lenôtre.
Erckmann-Chatrian :
Erckmann-Chatrian est le nom sous lequel signaient deux écrivains français :
Émile Erckmann et Alexandre Chatrian.
Dans leur œuvre, le réalisme rustique, influencé par les conteurs de la ForêtNoire, se transfigure en une sorte d'épopée populaire.
A la différence de Lenotre les personnages sont inventés mais le contexte de
1814 est bien décrit. On y trouve aussi une incontestable dimension patriotique
tempérée toutefois par des considérations humanitaires
Jacques Chastenet :
Après avoir fait la Première guerre Mondiale, il entre dans la diplomatie.
1924 : Il est secrétaire général de la Haute Commission militaire alliée des territoires rhénans.
Vers 1929 il devient journaliste et se spécialise dans la politique étrangère.
1931 : Il devient co-directeur du journal Le Temps avec Emile Mireaux.
28 novembre 1942 : En réponse à l'invasion allemande de la zone Sud, les 2 co-directeurs
sabordent le journal.
1947 : il est élu à l' Académie des sciences morales et politiques.
1956 : Il devient membre de l'Académie française.
Mais pour Lenôtre , homme bien élevé, l'essentiel n'est pas dans les relations avec ses
contemporains mais avec ces figures disparues qu'il a su si bien nous faire retrouver. Mais cette résurrection passe
obligatoirement par les archives et les bibliothèques spécialisées. Cette pratique inhérente au métier d'historien fut
aussi celle de Funck-Brentano et nous en avons des preuves grâce à la photographie.
Frantz Funck-Brentano :
Frantz Funek-Brentano, né au château de Munsbach (Luxembourg) le 15 iuin 1862 et
mort à Montfermeil le 13 juin 1947 est un bibliothécaire et historien français.
Biographie :
Très jeune diplômé de la prestigieuse École des chartes, Frantz Funck-Brentano
se vit, dès 1885, nommé conservateur à la Bibliothèque de l'Arsenal (dont il ne fut jamais
directeur). S'il s'est avant tout intéressé à l'histoire de l'Ancien Régime, c'est parce que
cette Bibliothèque, la seconde des trois plus éminentes de Paris, possède l'intégralité des
documents constituant le fonds des archives de la Bastille, lequel représente une source
inestimable pour l'histoire, politique singulièrement, de l'Ancien Régime, un fonds dont
les pièces ont fait l'objet d'un catalogue volumineux parce qu'exhaustif, de la propre
main de Frantz Funck-Brentano lorsqu'il y fut conservateur. La spécificité de ce fonds l'a
conduit à s'intéresser à toute l'histoire de l'Ancien Régime sous ses aspects les plus
divers : il en étudia aussi bien les institutions que les particularités, ainsi que des
personnages et des affaires célèbres dont il a fait le sujet de livres très documentés qui ont remporté de grands succès
de librairie.
En 1900, il devint professeur remplaçant au Collège de France, dans la chaire d'Histoire des législations
comparées où il traita de la formation des villes dans l'Europe occidentale.
En 1905, il fut désigné comme premier conférencier de la Fédération de l'Alliance française aux États-Unis. Dans le
même temps il était chargé par le gouvernement français d'étudier la diffusion de la littérature française aux ÉtatsUnis et au Canada, ainsi qu'à Cuba. C’est en cette qualité que le 14 janvier 1905, il parla devant le président Theodore
Roosevelt à la Maison Blanche. À son retour, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur.
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En 1909, devant les cercles français d'Autriche-Hongrie, à Vienne à Prague et à Budapest, il traita de l'histoire de Paris
à travers les âges.
Par la suite, il fut plusieurs fois conférencier de l'Alliance française, en Hollande, en Angleterre, en Danemark, Suède
et Norvège, en Roumanie et en Russie. En 1907, l'Académie des inscriptions et belles-lettres lui décerna l’important
prix Berger pour l'ensemble de ses travaux sur l'histoire parisienne.
Élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1928, il fut également président de la Société des
études historiques.
Parallèlement à ses travaux d'érudition, Funck-Brentano mena une carrière littéraire (pièces de théâtre, ouvrages de
vulgarisation historique) et journalistique : il collabora notamment à Minerva (revue d'histoire et de critique littéraire
nationaliste et monarchiste), à la Revue d'Action française puis à L'Action française de Charles Maurras.
L'un de ses fils, Christian Funck-Brentano (1894-1966) compte parmi les fondateurs du journal Le Monde. Un
autre, Claude Théophile, né le 27 juillet 1892, qui est sous les drapeaux dès le 11 août 1914, est tué à l'ennemi comme
aviateur sur le front des Vosges le 15 février 1916. Sa mémoire est honorée à Pair-et-Grandrupt.
Le Monde du théâtre :
A l'aube du XXIème siècle, alors que la civilisation commence à disparaître, que la société n'est plus une valeur mais
un ensemble hétéroclite il est difficile d'imaginer ce que pouvait être le théâtre de jadis dont les aspects moraux ont
totalement disparu autant que le contexte mondain qui l'accompagnait, le tout remplacé trop souvent par des inepties
tantôt marmonnées, souvent vociférées par des personnages en haillons et contemplées par des spectateurs guère
mieux accoutrés. Plus de décors, plus d'intrigues, plus rien qui vaille; à peine un refuge en cas de pluie !
Au temps de la « Belle Époque », au contraire, les pièces de Théâtre avaient encore du sens, servies par des
comédiens d'immense talent comme la grande Sarah Bernhardt, Lucien Guitry et des auteurs comme Edmond
Rostand.
Au niveau de ces pléïades, Lenotre apporta aussi sa petite pierre à l'édifice avec Henri
Lavedan. Varennes est un petit chef d'oeuvre très émouvant par son sujet; avec des
interprètes de premier ordre, qui devait être un régal pour les heureux spectateurs de ce
temps révolu.
Victorien Sardou :
G. Lenotre évoque ainsi sa première rencontre avec celui qui fut « l'idole de toute sa
jeunesse » :
« [ ... ] assis à sa table dans un vaste cabinet de travail assez sombre terminé par une
véranda en rotonde dans un rez-de-chaussée de la rue du général Foy [ ... ] coiffé du
légendaire béret de velours, un foulard blanc autour du cou, le
corps serré dans une veston d'épaisse bure [ ... ] s'avança avec
cette affabilité pleine de bonté qu'il témoignait toujours aux
journalistes et aux débutants ».
Henri Lavedan :
Henri Léon Émile Lavedan est un journaliste et auteur dramatique français né à
Orléans (Loiret) le 9 avril 1859 et mort à Paris le 3 septembre 1940.
Leon Daudet qui avait la dent très dure lui reprochait un gôut du mystère et des
intrigues mystérieuses, d'où son goût pour Lenôtre avec qui il
collabora pour la pièce Varennes (1904).
Le catalogue de sa bibliothèque qu'on peut trouver sur
Internet donne une idée de l'étendue de ses connaissances.
Madeleine Brohan :
Cette grande comédienne, une des gloires du Second Empire, était aussi une femme
d'esprit :
« Les silencieux ne sont pas forcément des penseurs. Il y a des armoires fermées à clef
et qui sont vides ».
On peut rêver à cette époque lointaine où les comédiennes outre leurs talents inhérents
à leur profession et leurs services horizontaux avaient en
plus un très fort potentiel culturel obtenu grâce la
fréquentation assidue des hommes de lettres.
Béatrice Dussane :
Béatrice Dussane entra au lycée en 1899. Passionnée par le théâtre, elle est reçue
au Conservatoire d'art dramatique ; elle en suit les cours le mercredi et le samedi
matin. Née Dussan, elle ajoutera un « e » à son patronyme pour imiter Réjane qui
s'appelait Gabrielle Réju. Un Premier prix de comédie classique couronne ses efforts
le 22 juillet 1903. Elle est engagée aussitôt comme pensionnaire par Jules Claretie,
administrateur de la Comédie-Française. Le 23 septembre, elle joue Toinette dans
Le Malade imaginaire. Sociétaire en 1921, elle siège au conseil d'administration de la
grande maison de 1935 à 1942. Professeur au Conservatoire d'Art dramatique de
Paris, elle aura comme élèves Sophie Desmarets. Robert Hirsch, Michel Bouquet
Maria Casarès, Serge Reggiani, Danie Gélin, Gérard Oury, et bien d'autres encore.
En 1954, elle était également connue pour la chronique qu'elle publiait au
Mercure de France. Vers la fin de sa carrière, elle fut réalisatrice d'émissions de
5
radio consacrées à l'histoire du théâtre :
Au jour et aux lumières et Des chandelles aux projecteurs.
Quelques personnalités marquantes du temps de Lenotre :
Paul Cambon :
Paul Cambon, de son nom complet Pierre Paul Cambon, né le 20 ianvier 1843 à
Paris et mort le 29 mai 1924 à Paris, est un diplomate francais. Il est le frère de Jules
Cambon. Il suit des études de droit, obtenant un doctorat en droit civil des
universités d'Oxford, de Cambridge et d'Édimbourg, puis devient secrétaire de Jules
Ferry à la préfecture du département de la Seine. Il devient ensuite secrétaire
général de la préfecture des Alpes-Maritimes (1871) puis des Bouches-du-Rhône
(1871), préfet de l'Aube (1872), du Doubs (1876) puis du Nord (1877-1882) avant de
passer dans le corps diplomatique. Il exerce les fonctions de ministre résident de
France en Tunisie du 28 février 1882 au 28 octobre 1886 et contribue à la réforme
des institutions judiciaires de la Régence de Tunis avec la création du tribunal
français de Tunis (27 mars 1883) et la suppression progressive des tribunaux
consulaires, achevée avec la fermeture de la juridiction consulaire des Pays-Bas le 1er
novembre 1884. En outre, il réorganise les services administratifs tunisiens avec la
création de la ditection des Travaux publics (1882) et de celle de l'Instruction
Publique et des Beaux.-Arts (1883). La direction des Finances, créée en 1882 prend
son essor à partir de 1884 en se substituant à la Commission financière de la dette
tunisienne établie en 1868 pour contrôler la gestion des dépenses tunisiennes et garantir le remboursement des pays
créanciers. Les conventions de la Marsa signées le 8 iuin 1883 prévoient en particulier l'émission, pour le
remboursement de la dette, d'un emprunt tunisien garanti par la France. Toujours dans le domaine économique, Paul
Cambon crée la Chambre de Commerce de Tunisie en 1885. Il est également à l'origine de la loi tunisienne du.1er iuillet
1885 qui instaure le principe de l'immatriculation foncière, clarifiant l'état des possessions foncières de l'époque tout
autant qu'ene favorise l'intensification ultérieure de la colonisation foncière européenne en Tunisie. Après son séjour
en Tunisie, Paul Cambon devient ambassadeur de France à Madrid (1886), à Constantinople (1890) et à Londres
(1898-1920). C'est là qu'il joue un rôle important dans la constitution de l'Entente cordiale puis de l'accord russobritannique de 1907. Au début de la Première Guerre mondiale il pousse le Rovaume-Uni à
entrer en guerre contre l'Allemagne.Il quitte son poste en 1920 et est élu à l'Académie des
sciences morales et politiques. Il est en outre membre correspondant de l'Académie des
sciences morales et politiques de Madrid. Grand croix de la Légion d'honneur.
Gaston Calmette, la célèbre victime de Madame Caillaux :
Gaston Calmette, né à Montpellier (Hérault) le 30 ianvier 1858 et mort assassiné à Paris le
16 mars 1914, est un journaliste francais.
Directeur du quotidien Le Figaro à partir de 1903, il lance, en janvier 1914, à l'instigation
de Louis Barthou et Raymond Poincaré, une virulente campagne contre Joseph Caillaux,
ministre des Finances dans le gouvernement Doumergue.
Excédée par cette campagne, l'épouse du ministre, Henriette Caillaux, se rend à la
rédaction du journal et tue son directeur de cinq coups de révolver. Le scandale entraîne dès le
lendemain la démission du ministre.
Gaston Calmette est le frère aîné du bactériologiste Albert Calmette (1863-1933).
Marcel Proust lui dédia le premier volume d'À la recherche du temps perdu !, Du côté de chez
Swann.
Épilogue :
J'ai voulu monter un échantillon des personnes avec qui Lenôtre fut en rapporLOn en trouvera la liste complète
sur internet à la rubrique suivante :
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/ap/641_AP.pdf
Je me souviens avoir entendu dire, au temps lointain de ma jeunesse, par un académicien critiqué pour ses choix,
mais élévé dans le sérail et ayant accédé à la plus haute fonction de l'éducation nationale, que Lenôtre était un écrivain,
mais pas un historien, et partant qu'il écrivait des livres agréables, mais pas de l'Histoire !
On constatate que ses relations étaient fort étendues, principalement des historiens, aussi des littérateurs , parfois
les deux à la fois.
Le monde du théâtre est bien représenté tant par ses auteurs que par ses interprètes célèbres ; le monde politique
y a peu de place et le Gotha n'est guère représenté.
De tout cela, on peut inférer que Lenôtre était d'abord un chercheur et ensuite et loin après un homme du monde.
Il faut savoir aussi qu'à la fin de sa vie il souffrit d'agoraphobie, ce qui ne facilite pas les mondanités. Il se sentait
probablement beaucoup mieux avec ses livres et ses personnages historiques qu'il avait si bien su ressusciter.
2. Le Secret de la Duchesse d'Angoulême
par Renée Lescaroux
La marquise de Soucy avait accompagné Madame Royale à Vienne en décembre 1795 bien que celle-ci avait
demandé Madame de Tourzel. C'était donc sur ordre de la Convention. A leur arrivée à Vienne, Madame Royale l'avait
séchement remerciée.
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Entre 1833 et 1844 selon de nombreuses lettres envoyées à la
Duchesse d'Angoulême, Madame de Soucy était l'auteur d'un manuscrit
compromettant pour la réputation de la Duchesse.
Cette expression me paraît un peu fourre-tout. Compromettant
pour la réputation, mais de quel point de vue ? On peut tout imaginer.
Des auteurs comme Juliette Benzoni ont romancé l'affaire dans le
genre de la Comtesse des Ténèbres.
Mais la vérité, ou tout simplement le peu de choses que nous
pouvons savoir, peut être en même temps plus simple et plus
dramatique.
En effet, la nuit du 3 juillet 1793, elle assiste avec la Reine et
Madame Élisabeth, au départ de son frère, le Roi. Faire tout leur
possible pour ne jamais dévoiler l'enlèvement de Louis-Charles me
paraît logique car il y allait de la vie du petit Roi.
Madame Royale a 16 ans lors de sa libération du Temple et elle
ne porte pas de deuil ce qui est tout de même curieux. C'est bien jeune
pour garder tout le temps son sang-froid. Elle a pu confier à Madame
de Soucy des détails sur la nuit du 3 juillet 1793 sans réaliser tout de
suite le danger. Néanmoins, pendant le voyage, elle a du se rendre
compte qu'elle avait fait une erreur et une imprudence;de là le renvoi
de Madame de Soucy.
Plus le temps a passé et plus la possibilité de pouvoir dire un
jour ce qu'elle savait sur les évènements du Temple s'est éloignée, et la révélation, peut-être 35 ans après, du secret du
Temple, aurait provoqué un immense scandale. Elle a préféré payer les maîtres chanteurs. Car le manuscrit de
Madame de Soucy est en fait un libelle. C'est une littérature clandestine et un genre littéraire qui existe depuis
l'antiquité. Les libelles contiennent en général des « révélations » parfaitement diffamatoires, inventées, malveillantes,
souvent pornographiques, mais sont rédigées de façon plaisante. Et plus le contenu est faux, invraisemblable et
énorme, plus les gens y croient. Les libelles du 18ème siècle, imprimés surtout à Londres, mais aussi à Amsterdam,
Berlin, Copenhague et St. Pétersbourg ont fait la Révolution française. Les libelles étaient faits pour déconsidérer les
personnes concernées mais servaient la plupart du temps à faire du chantage! Retenons ce dernier fait : Madame de
Soucy et le Docteur Lavergne font du chantage !
« Les terribles conséquences » dont parle le Docteur Lavergne qui assiste Madame de Soucy dans ses oeuvres
ce sont des conséquences politiques. La vie de son frère dont elle ne sait rien, est en danger s'il vit toujours. Parmi
toutes les réponses qu'elle a données tout le long de sa vie à différentes personnes au sujet de son frère, il y a un
leitmotiv : « peut-être a t-il été enlevé du Temple mais je ne sais pas ce qu'il est devenu. » La première partie de cette
phrase concerne le secret. Elle a sans doute promis formellement de ne jamais révéler ce qu'il s'est passé au Temple. La
seconde partie de la phrase est la vérité. Elle ne sait pas ce qu'il est devenu car sa famille l'a empêchée de chercher.
Le Baron Charlet était chargé de négocier avec les maîtres chanteur, mais ne connaissait sans doute pas le
secret. Le Docteur Lavergne a du s'en apercevoir ainsi que Madame de Soucy et ils utilisent une considérable emphase
et une rhétorique ampoulée dans leurs écrits pour dramatiser la situation dans un sens scabreux.
Quand Lavergne écrit : « … quand même Monsieur Charlet connaîtrait l'affaire à fond, il n'a pas apprécié
(compris) les terribles conséquences que peut avoir la publication ... ».
« … une affaire qui tient toujours suspendue l'épée de Damoclès sur la plus belle réputation de l'Europe ... ».
Et Madame de Soucy dans une lettre : « … elle déposa dans mon sein un secret tel que le cœur d'une mère
étoit seul digne de (le) recevoir ... ».
Et encore : « … ce peu de mots énigmatiques pour tout autre que pour Votre Altesse Royale doivent la mettre
suffisamment à même de juger, s'il faut ou non, prendre les mesures ou moyens de détruire le manuscrit ... ».
Ce chantage a lieu entre 1833 et 1844. Pourquoi si tard ? A cause de la police de Louis XVIII et de Charles X.
S'attaquer à la Duchesse d'Angoûlème du temps de Louis XVIII ou à la Dauphine de France du temps de Charles X
était inconcevable. Mais depuis 1830 la famille royale est en exil, en Ecosse d'abord, au château de Prague par la suite
jusqu'en 1836 et la situation devient bien plus facile pour les maîtres chanteurs car ils ne craignent pratiquement pas
les poursuites.
La Reine et Madame Élisabeth ayant été guillotinées, la Duchesse d'Angoûlème est la seule personne ayant
assistée à l'enlèvement du petit Roi, son frère.
Tous les autres témoins de la séparation de Louis XVII avec sa mère sont morts : les commissaires, tous les
policiers de Hébert, tous les politiques impliqués dans le complot, et à ce jour nous ne savons pas de quelle manière est
décédée la Gourlet.
C'est une possibilité de considérer ce qui précède comme étant le secret de la Duchesse d'Angoûlème.
3. Les Joyaux de la Couronne
par Claude Julie
Le texte de cette intervention sera reproduit dans un prochain compte-rendu.
4. M.de Goguelat et le mystère du cheval de carton
par Laure de La Chapelle
Revoilà donc ce fameux cheval de carton, dont nous n'avons pas fini de percer tous les secrets. Qui n'en a pas
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parlé ? Qui ne l'a vu entrer dans la Tour du Temple, porté à dos d'homme - un ou
quatre, suivant les témoignages - et ressortir presque aussitôt, car « le petit
poussait des cris de Merlusine » ! Quel faux dauphin n'y a pas trouvé un abri
sûr, malgré un diamètre de 33 centimètres ? Quel roman ne s'en est inspiré,
depuis le « Cimetière de la Madeleine », de Regnault Warin ?
Dans un précédent article, nous avions vu un certain Voisin, de garde au
Temple, observer l'arrivée de ce jouet à l'étage des princesses, et regarder par le
trou de la serrure Coulombeau, le secrétaire greffier, se saisir de l'objet et en
sortir ... Quoi exactement ? C'est là le nœud de l'histoire ... Voisin prétendit avoir
vu un enfant, mensonge qu'il dut avouer plus tard. Mais sa curiosité créa la
panique, Coulombeau eut peur d'être découvert, et promit de l'avancement à
l'indiscret contre son silence.
Effectivement, Voisin fut reçut de l'avancement le 16 mai 1793. Il y avait
donc bien quelque chose à l'intérieur du Cheval, car on pouvait soulever la
housse de la selle. Qu'apportait-on aux princesses ? De l'argent, des lettres ?
Grâce aux Mémoires de M. de Goguelat, on peut en avoir une idée.
François Goguelat (1746 - 1831) était le fils d'un Président du grenier à sel
de Château-Chinon. Officier au corps des « ingénieurs géographes des camps et armées du Roy », il était capitaine à
Artois Dragons. Est-ce sa spécialité de géographe qui lui valut l'estime de Louis XVI ? En tout cas, en 1791, il reçut la
mission de contribuer au départ secret de la famille royale, mais ne put se distinguer à l'affaire de Varennes, où son
action fut critiquée par Bouillé, qui d'ailleurs avait lui-même certaines erreurs de jugement à se reprocher. Tous ceux,
d'ailleurs, qui participèrent à cette malheureuse tentative d'évasion, se rejetèrent la responsabilité les uns sur les
autres, si bien que la fatalité se retrouva seule en cause. Rentré aux Tuileries avec le roi et sa famille, il devint le
secrétaire non officiel de Marie Antoinette. Mais sa présence presque continuelle auprès de la Reine excita la jalousie
de Madame Campan :
« M. de Goguelat avait sa confiance [de la Reine] pour toute sa correspondance avec l'étranger, et j'étais forcée
de l'avoir chez moi. La Reine le demandait très fréquemment et à des heures qu'elle ne pouvait indiquer ». (Madame
Campan. Mémoires).
Ce fut lui, on s'en souvient, à qui fut adressée la lettre de Fersen du 3 janvier 1792. Fersen, qui devait arriver en
secret en France en février 1792 avec de faux passeports, se présenta à la porte de Goguelat, qui était absent, se cacha
pour ne pas être remarqué, et dut revenir dans la soirée, très inquiet de ce rendez-vous manqué.
L'année suivante, en février et mars 1793, se situe la tentative de François Reynier de Jarjayes d'exfiltrer la
famille royale, avec la complicité de Toulan et Lepître. On prévoyait l'embarquement de la Reine, de Madame
Élisabeth et des enfants au Havre, à destination de l'Angleterre. Voici le plan de Toulan :
Des habits d'officiers municipaux étaient préparés pour la Reine et Madame Élisabeth, habits apportés à
diverses reprises, sous leurs manteaux, par Toulan et Lepître. Elles auraient été pourvues « d'écharpes et de cartes
d'entrée telles que les avaient les commissaires de la Commune» (Marina Grey. Enquête sur la mort de Louis XVII).
Pour Madame Royale et le Dauphin, on les aurait sortis du Temple ainsi : un allumeur de réverbères, nommé
Ricard, entrait tous les jours au Temple à cinq heures et demie, accompagné de deux enfants qui l'aidaient à allumer
les quinquets dans la Tour. Il fallait donc un costume pareil à celui de ces enfants : une carmagnole, une vieille
perruque, un pantalon sale, de gros souliers et un mauvais chapeau, auraient servi pour les enfants royaux. On les
aurait déshabillés et rhabillés dans la tourelle voisine de la chambre de la Reine. Quant au couple Tison, il aurait été
endormi artificiellement, par un narcotique introduit dans leur tabac ...
C'est par les Mémoires de Goguelat que nous apprenons que les habits destinés à la famille royale devaient être
cachés dans la Tour et que des dispositions étaient prises pour l'évasion de Madame Royale et de son frère. Car il fallait
bien introduire ces perruques, ces chapeaux, ces grosses chaussures et ces pantalons troués ! Et c'est à ce moment que
le cheval de carton et sa selle amovible apparait bien utile.
Voisin a-t-il vu, par un trou de serrure, en sortir une perruque, un pantalon, une carmagnole, donc l'apparence
d'un enfant ? Il a pu s'y tromper, et Coulombeau s'est vu découvert. Pourtant, c'est bien lui dont la Reine parle dans un
billet à Jarjayes :
« Vous verrez le nouveau personnage, son extérieur ne prévient pas, mais il est absolument nécessaire et il faut
l'avoir. Toulan vous dira ce qu'il faut faire pour cela. Tâchez de vous le procurer et de finir avec lui avant qu'il
revienne ici ».
Le commissaire fut acheté, payé. Le nom de Coulombeau n'est pas donné, mais son poste important à la Tour et
sa réaction à l'intervention de Voisin, montre bien qu'on ne pouvait rien envisager sans lui.
Comme on le sait, le complot échoua. En 1817, Lepître prétendit que seule une dénonciation des Tison fit
renoncer les conjurés et les prisonniers : mais cette dénonciation eut lieu en avril 1793 : or tout était prêt le mois
précédent, en mars. Est-ce Lepître, qui grassement rétribué par Jarjayes - il avait reçu 200.000 livre - renonça
finalement à fournir les passeports nécessaires ?
Est-ce Coulombeau qui, pris de peur, renvoya le cheval de carton et son contenu ?
« Nul des témoins de ce temps ne nous l’apprend : un seul fait est constant : la Reine peut fuir encore, ses
enfants ne peuvent plus la suivre». (Catriona Seth. Marie Antoinette).
La Reine, ne pouvant partir avec ses enfants, renonça. On connaît cette belle réponse à Jarjayes :
« Nous avons fait un beau rêve, voilà tout ... Mais l'intérêt de mon fils est le seul qui me guide, et quelque
bonheur que j'eusse éprouvé à être hors d'ici, je ne peux pas consentir à me séparer de lui. Comptez que je sens la
bonté de vos raisons pour mon propre intérêt, et que cette occasion ne peut plus se rencontrer, mais je ne pourrais
jouir de rien en laissant mes enfants, et cette idée ne me laisse pas même de regrets » (Mémoires de Goguelat. op.
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cit.).
Nous n'avons pas de preuve décisive que les déguisements du Dauphin et de madame Royale se trouvaient bien
dans le fameux cheval de carton. Mais s'ils y étaient ; si Coulombeau, de crainte d'être dénoncé, avait renvoyé au plus
vite ce jouet dangereux, les petits princes ne pouvaient plus partir, ce qui entraînait la fin de la dernière tentative pour
sauver Marie Antoinette, sa belle-sœur et ses enfants.
3. ACTUALITÉS MÉDIATIQUES
par Claude Julie
Spectacle
Festival de Saint-Denis : Basilique Cathédrale, 1 rue de la légion d'Honneur
93200 Saint-Denis, à 20H30 :
1. 01/06/10 : Requiem des Rois de France de Eustache de Du Caurroy Messe de Mariage d'Henri IV et Marie de Médicis, par l'Ensemble Doulce Mémoire,
direction Denis Raisin-Dadre, (Badauds musiciens et cracheurs de feu sur le parvis
- Ferveur et recueillement dans la Basilique). Prix : 21,00€ (Internet), sinon de
24,20€ à 38,50€.
2. 03/06 au 04/06/10 : Messe de Schubert - Requiem à la Mémoire de Louis XVI de Cherubini, Chœurs de
Radio France, Orchestre National de France direction de Riccardo Muti, et excellents interprètes. Prix : 36,30€
(Internet) sinon de 41,80€ à 66,00€. Œuvres rarement exécutées donc Fortement Conseillées. Absolument
superbes !
CD
Í
Requiem en ut mineur « A la Mémoire de Louis XVI », de Luigi Cherubini, par
l'Ensemble National Français, sous la direction de Francis Bardot, Directeur de la Maîtrise
des Hauts-de-Seine - enregistrement réalisé en la Crypte de l'Église Sainte Odile de Paris prix = 15,24€. (ou télécharger pour 9,99€ sur le Site Internet de la F.N.A.C). Editors
Solstice n° SOCD 74, 147 rue de Bercy 75012 PARIS – Tél : 01 43 45 64 81. Remarquable
enregistrement par un Chef qui a d'abord été dirigé par les plus grands. A signaler qu'il est
également un très bon Ténor.
Les Livres
Lettres intimes (1778-1784) entre Marc et Angélique de Bombelles, son épouse
(octobre 2009, Bibliothèque Evelyne Lever, Éditions Tallandier, très beau portrait en
couleur d'Angélique en première page de couverture, pas d'illustrations - prix = 29,00€).
Cette correspondance inédite entre les époux est exceptionnelle et permet de pénétrer
dans leur intimité. Ils étaient très épris mais souvent séparés, Angélique, née de Mackau,
étant amie d'enfance et dame de compagnie de Madame Élisabeth, le Marquis de
Bombelles ayant des fonctions à Ratisbonne. Il eut la grande douleur de perdre son
épouse tant aimée, après un sixième accouchement, alors qu’elle n'était âgée que de 39
ans, le 29 septembre 1800. Au début de l'année 1803, le Marquis est entré dans les Ordres
et est décédé en 1822. Il lui restait quatre enfants dont Charles qui devint le troisième
mari de Marie-Louise. A lire absolument ! Très belle
évocation des liens entre Madame Élisabeth et Angélique
dévastée par le chagrin.
Félix Vicq d'Azyr « Les Lumières de la Révolution », par Yves Pouliquen, de
l'Académie Française (septembre 2009, Éditions Odile Jacob, portrait de profil de Vicq
d'Azyr en première page de couverture, pas d'illustrations ; prix = 23,00€). L'auteur,
chirurgien, a publié plusieurs ouvrages de médecine au siècle des lumières ainsi que
« Madame de Sévigné et la médecine du Grand Siècle ». Il trace un vivant portrait de
Félix Vicq (premier élu à l'Académie Française), médecin de Marie-Antoinette et louis
XVI sous la terreur. On pénètre immédiatement dans cette époque d'idées
fourmillantes du Siècle des lumières et de la Révolution où Vicq d'Azyr exerça ses
travaux sur l'état de santé et l'hygiène des Français ainsi que sur l'anatomie du
cerveau ; ses nombreux talents lui valurent les honneurs de l'Ancien Régime et lui
permirent d'être nommé « premier médecin du Roi et de la Reine ». Il fut surnommé le
« Buffon de la Médecine » et mourut jeune sous la Terreur. Ouvrage passionnant nous
permettant de rencontrer un « intellectuel engagé » dans cette période bouillonnante
qu'on apprend à mieux connaître. Puisant !
Pierre de Nolhac (1859-1936) par Claire Salvy (née en 1946) arrière-petite-fille du Grand Homme (octobre
2009, Éditions du Roure, Communac - 43000 Polignac. Tél: 04 71 02 1096 - prix 20,00€ - 224 pages - poids 430 grs dimensions 15cm x 21,5cm x 1cm). Claire Salvy est une passionnée de psychologie, de généalogie et d'Histoire
contemporaine. A l'occasion du cent-cinquantenaire de la naissance de son aïeul, elle lui rend hommage en publiant le
fruit de ses recherches. Tout est passionnant et admirable chez cet homme humble qui est en réalité un immense Génie
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né Pierre Girauld de Nolhac à Ambert (Puy de Dôme) le 15 Décembre 1859, auteur
d'une œuvre considérable sur le Château de Versailles et ceux qui le hantent encore,
dont il fut le Conservateur et Sauveur (1887-1920) et Créateur de la Société en 1907
(une pancarte d'origine se trouve dans les sous-sols du Petit Trianon). Ancien élève de
l'École Française de Rome, pétri de latin et de grec, il traduisit Érasme et était familier
de Pétrarque et de Ronsard, et j’en passe .... S'il m'est permis, j'y reviendrai dans un
prochain article. la comparaison avec Lenôtre, je l’ose : l'un est un Historien
passionné, objectif, voire sévère s'il le faut, l'autre un merveilleux conteur, sincère, qui
nous a fait pénétrer dans la Petite Histoire et a fait nos délices. Pierre de Nolhac, mon
« Maître », grand érudit, toujours présent à Versailles ou dans ses jardins aux ombres
chères, est un véritable guide dans les écrits de Lenôtre, grand amoureux ! Je vous
recommande chaleureusement cet ouvrage ! J'espère convaincre Madame Claire
Constans, Conservateur en Chef au Château de Versailles, de consacrer très vite une
Exposition au «Sauveur » du château, avec l'aide de Madame Claire Salvy. Il s'agirait
là de prendre une revanche sur une certaine Exposition récente absolument pas à
l'honneur de nos dirigeants !
4. QUESTIONS DIVERSES
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La prochaine réunion aura lieu le 29 mai.
La séance est levée à 17h00
Le Secrétaire Général
Édouard Desjeux
Le Cercle envisage d’organiser une journée à
l’Abbaye St Louis du Temple de Vauhallan
à la fin du mois de juin (un samedi). Cette sortie (déjeuner + visites) peut être
organisée si le nombre des membres interressés est suffisant.
C’est pourquoi, si vous souhaitez participer à cette sortie, il faut en informer dès
à présent notre Présidente pour que nous puissions préparer au mieux cette journée.
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