Lëtzebuergesch
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Lëtzebuergesch : L’unique langue pour l’intégration et la cohésion sociale au Grand-Duché Conférence de presse du 21 mai 2008 En principe l’ADR est d’avis que la langue luxembourgeoise est le moyen « par excellence » pour promouvoir l’intégration et la cohésion sociale, et que plus d’efforts doivent être faits pour que le luxembourgeois puisse pleinement assumer son rôle de langue maternelle respectivement de langue nationale. L’ADR constate : 1) que la langue luxembourgeoise connaît un regain de popularité, notamment à travers les nouveaux médias (courrier électronique, internet) ; 2) que l’usage de la langue luxembourgeoise dans la vie quotidienne a tendance à connaître des restrictions (notamment à cause d’un nombre grandissant de travailleurs frontaliers francophones) ; 3) que la langue luxembourgeoise est négligée dans de nombreux domaines ; 4) que les autorités publiques, et tout particulièrement le gouvernement, n’accordent pas une place suffisante à la langue luxembourgeoise ; 5) que ce ne sont pas les personnes ne parlant pas le luxembourgeois qui sont à l’origine de cette situation, mais qu’elle est d’abord le résultat d’un manque d’initiatives de la part de l’État et des responsables politiques. L’ADR place son approche par rapport à la langue luxembourgeoise dans la tradition : a) de Batty Weber, auteur luxembourgeois, qui a écrit en 1909 : « Ausschlaggebend für Luxemburg schließlich ist die Tatsache, dass es im Grunde genommen nicht ein zweisprachiges, sondern ein dreisprachiges Land ist. Denn der Dialekt, der sonstwo nur die Umgangssprache des Volkes bildet, hat für den Luxemburger die Bedeutung einer wirklichen Muttersprache. ». (Traduction : Il est un fait que le Luxembourg n’est pas un pays bilingue mais trilingue. Car le dialecte, qui ailleurs ne constitue qu’une langue familière, a au Luxembourg l’importance d’une vraie langue maternelle). La loi du 24 février 1984 sur le régime des langues tient compte de ce fait et a consacré la langue luxembourgeoise comme langue nationale des Luxembourgeois (« La langue nationale des Luxembourgeois est le luxembourgeois). La même loi retient encore que le Grand-Duché dispose de trois langues administratives : le luxembourgeois, l’allemand et le français. b) de Jean-Jacques Rousseau pour qui une nation repose sur la « volonté générale », et que cette volonté s’exprime entre autre par l’usage d’une seule et unique langue. Cette langue, unique et commune, ne peut être que la langue nationale, c'est-à-dire la langue luxembourgeoise ; c) des philosophes comme Johann Gottfried Von Herder et Johann Gottlieb Fichte pour qui la langue est l’une des conditions les plus importantes pour définir une nation. L’ADR ne partage donc pas le point de vue ni l’argumentation de l’ASTI qui cite le philosophe Ernest Renan selon lequel un des critères pour définir la nation est le «désir de vivre ensemble ». Ce désir ne suffit pas à lui tout seul pour assurer la cohésion d’un pays. Celle-ci doit être assurée à travers une langue commune. Au Luxembourg, c’est la langue luxembourgeoise. ADR – Conférence de Presse – Promotion du luxembourgeois – Page 1 / 5 Quelles sont les mesures à prendre ? L’ADR est d’avis qu’à l’avenir, l’usage de la langue luxembourgeoise au Grand-Duché doit devenir la normalité. Il appartient en premier lieu à l’État d’assumer ses responsabilités pour soutenir et promouvoir la langue luxembourgeoise, et de mettre à disposition les moyens financiers, humains et logistiques nécessaires. L’État doit veiller à ce que chacun qui vit et/ou travaille au pays doit avoir la possibilité d’apprendre la langue luxembourgeoise. Exigences et propositions de l’ADR pour la revalorisation du luxembourgeois 1) Ancrage du luxembourgeois dans la Constitution L’ADR exige que le luxembourgeois soit ancré dans la Constitution à travers l’ajout du texte suivant dans le chapitre premier : «D’Nationalsproch vun de Lëtzebuerger ass Lëtzebuergesch». La Constitution doit être traduite et publiée en langue luxembourgeoise. 2) Le luxembourgeois comme conditon pour accéder à la nationalité luxembourgeoise Pour l’ADR, la connaissance du luxembourgeois est une conditio sine qua non pour l’intégration. Qui veut devenir Luxembourgeois doit pouvoir parler notre langue nationale. Indépendamment du fait que l’ADR réitère son opposition de principe à la double nationalité, les tests de langue qui sont prévus par la nouvelle loi sur la nationalité (tests que nous considérons comme le stricte minimum) doivent se dérouler en toute transparence. Parce que la réussite de l’intégration passe par la langue nationale du Grand-Duché, les personnes arrivées au pays avant 1984 et désireuses d’acquérir la nationalité luxembourgeoise doivent également apprendre le luxembourgeois. 3) Reconnaissance du luxembourgeois comme langue officielle européenne L’ADR rappelle une décision du Conseil des Ministres du 13 juin 2005 qui a institué la règle que les citoyens peuvent s’adresser aux institutions européennes dans l’une des langues – même moins utilisées - officiellement reconnues dans leur pays. La langue luxembourgeoise répond à ce critère (voire en annexe la réponse à une question parlementaire posée par Gast Gibèryen). Dans ce contexte, l’ADR exige que le gouvernement fasse enfin le nécessaire afin qu’à l’avenir le citoyen luxembourgeois puisse s’adresser en langue luxembourgeoise aux diverses administrations de l’Union européenne, respectivement au Parlement européen. Par ailleurs, nous estimons qu’il convient de traduire les différents textes fondamentaux de l’Union européenne (par exemple les Traités) en langue luxembourgeoise. L’ADR considère les exigences ci-dessus comme un premier pas vers une éventuelle reconnaissance future du luxembourgeois comme langue officielle européenne. Avant toutefois de poser une telle exigence maximale, il appartient au gouvernement luxembourgeois de faire ses devoirs à domicile et démontrer de cette façon à l’intérieur comme vers l’extérieur l’importance que nous attachons à la langue luxembourgeoise. 4) Revalorisation et renforcement du « Conseil permanent de la langue luxembourgeoise ». Il existe à l’heure actuelle de nombreuses initiatives – plus ou moins heureuses – pour permettre l’apprentissage du luxembourgeois. Ces actions, qui pour certaines sont très peu connues, doivent être évaluées et mieux coordonnées. L’ADR exige la revalorisation du « Conseil permanent de la langue luxembourgeoise » (CPLL) crée par la loi du 29 juillet 1999. ADR – Conférence de Presse – Promotion du luxembourgeois – Page 2 / 5 Selon l’ADR, la revalorisation du CPLL doit passer par l’attribution de nouvelles compétences et missions à cet organe. Le conseil devra disposer des moyens humains et financiers pour remplir ces missions. Le Conseil permanent de la langue luxembourgeoise devra notamment assumer les missions suivantes : a) surveiller le bon usage de la langue luxembourgeoise (notamment par les médias, les administrations, dans la littérature…) ; b) accompagner les efforts de recherche sur la langue luxembourgeoise ; c) recenser toutes les initiatives de promotion de la langue luxembourgeoise, évaluer leurs qualités et assurer leur coordination ; d) coordonner les efforts faits en faveur de la langue luxembourgeoise dans la Grande Région (par exemple par l’association « Areler Land a Sprooch ») ; e) promouvoir l’usage de la langue luxembourgeoise dans tous les domaines de la vie publique, notamment avec l’aide des nouvelles technologies de l’information) ; f) élaboration de matériel didactique ; g) création de langages techniques en luxembourgeois, notamment dans les domaines juridiques et techniques ; h) travailler en étroite collaboration avec le Centre des Langues, futur Institut des langues (voir aussi point 4) En détail, le Conseil permanent de la langue luxembourgeoise pourra notamment : § assurer un usage plus courant de la langue luxembourgeoise dans les médias. Il s’agit de promouvoir l’usage correct de la langue à la radio et à la télévision, et de favoriser l’usage de la langue luxembourgeois dans les médias écrits (où l’usage de la langue luxembourgeoise est encore trop souvent réduit au courrier des lecteurs, aux annonces de décès et autres annonces) ; § éditer en langue luxembourgeois des publications tel la Constitution, les cours civiques («Bürgerkunde»), le Code le la route populaire, les brochures d’informations du gouvernement et des communes. Pour les noms des localités et des rues, il faut utiliser systématiquement et uniquement le luxembourgeois ; § organiser des campagnes de sensibilisation pour assure une plus grande visibilité de la langue luxembourgeoise, par exemple sur le modèle de la « dictée » ; § offrir des aides à la traduction et à la rédaction aux associations, agences de publicité, commerçants et personnes privées pour la rédaction correcte d’annonces, brochures et autres 5) Une école luxembourgeoise d’enseignement de la langue et des professeurs de luxembourgeois Dans le cadre du travail effectué au Centre de Langues, l’ADR exige le renforcement des cours de luxembourgeois, et donc la mise à disposition de moyens supplémentaires financiers et personnels. Pour pallier au déficit actuel d’enseignants de la langue luxembourgeoise, l’ADR propose : a) Une définition de la carrière de «l’enseignant de luxembourgeois». Toute personne qui se considère apte à donner des cours de luxembourgeois doit pouvoir enseigner, pour peu qu’elle ait au préalable réussi un examen dont les modalités sont à définir par le Conseil permanent de la langue luxembourgeoise, l’examen étant organisé par le Centre de langues. b) L’introduction d’une carrière du «professeur de la langue luxembourgeoise». Pour accéder à cette carrière, il faut dispose au moins d’une maîtrise en germanistique et avoir étudié deux semestres de langue, littérature et culture luxembourgeoise à l’Université du Luxembourg. 6) Le luxembourgeois à l’école. L’ADR réitère son exigence formulée dans sont programme en faveur de l’éducation nationale : chaque enfant étranger qui intègre le système scolaire luxembourgeois sans parler notre langue doit au préalable, et pour une durée maximale d’une année scolaire, fréquenter des classes spéciales ADR – Conférence de Presse – Promotion du luxembourgeois – Page 3 / 5 pour apprendre la langue luxembourgeoise. Même si à première vue on peut considérer que de cette façon une année est «perdue», l’ADR y voit un gain à long terme pour l’enfant ou l’adolescent. Dans la réalité, cette année ne sera en aucun cas gaspillée. Au-delà, l’ADR exige : a) Que l’apprentissage du luxembourgeois doit commencer dès le «précoce», et cela vaut particulièrement pour les enfants issus de milieux n’utilisant pas la langue luxembourgeoise. A cet âge, les enfants apprennent particulièrement vite une nouvelle langue, et l’apprentissage sera fait d’une manière ludique (chants, théâtre, contes pour enfants…). b) Le luxembourgeois doit être un cours obligatoire (Pflichtfach) dans l’enseignement primaire et secondaire. c) Dans les sections de langue du secondaire, les cours de luxembourgeois doivent être offerts comme l’une des options possibles, et dès lors enter en compte comme cours de promotion. d) Cette option connaîtra certainement un fort engouement dés lors que les autres revendications formulées dans ce papier seront acceptées. e) Les cours ayant un lien direct avec le pays (cours civiques, histoire du Grand-Duché) devront être dispensés en luxembourgeois. Les cours généraux indispensables pour une carrière professionnelle (sciences, mathématiques, économie) pourront partiellement être dispensés en luxembourgeois, mais devront également être enseignés en français respectivement allemand. 7) Luxembourgeois, immigration et frontaliers Comme indiqué en préambule, l’ADR considère que l’usage de la langue luxembourgeoise est la condition principale pour la bonne intégration des étrangers qui souhaitent s’établir dans le pays. Les nouveaux arrivés doivent être informés dès leur inscription à leur commune de résidence des offres concernant les cours de luxembourgeois, et être incités à suivre ces cours de manière proactive. Cela vaut également pour les travailleurs frontaliers qui pourraient être informés sur l’offre des cours par les patrons. Il est également possible d’imaginer un système ou le Centre commun de la sécurité sociale transmettrait l’information ensemble avec la confirmation de la déclaration d’entrée. Comme indiqué au point 3), il faut renforcer la collaboration entre le Luxembourg et les initiatives dans la Grande Région promouvant l’usage du luxembourgeois (par exemple « Areler Land a Sprooch ») Selon l’ADR, le gouvernement ne profite pas suffisamment des possibilités qui s’ouvrent dans le cadre d’accord bi- ou multilatéraux pour promouvoir l’usage de la langue luxembourgeoise à l’étranger. L’ADR se rallie à l’idée d’introduire un «congé linguistique» pour l’apprentissage du luxembourgeois. La durée de ce congé devrait être au moins de 160 à 200 heures, ce qui correspond aux heures de cours définis par le Centre de langues pour atteindre le niveau débutant. Pour certaines professions (par exemple les métiers de la santé, et d’une manière plus générale les postes ayant un contact avec un public parlant le luxembourgeois) la connaissance du luxembourgeois doit pouvoir faire partie des objectifs à atteindre fixés dans le contrat de travail. Afin d’obtenir la sécurité juridique sur ce point, le Code du Travail devra le cas échéant être adapté. Le patron qui envoie son personnel dans des cours, respectivement qui organise de tels cours au sein de son entreprise, doit être « récompensé » par des avantages (tels des crédits d’impôt ou des primes). De telles primes pourraient également être accordées aux salariés qui participent à des cours de luxembourgeois en dehors de leur temps de travail. 8) Le luxembourgeois dans la fonction publique L’ADR s’engage à faire respecter le status quo dans la fonction publique : celui qui est embauché par l’État ou dans une commune doit pouvoir parler et écrire les trois langues administratives du pays (luxembourgeois, allemand et français). Nous nous opposons à toute tentative de diluer ce principe de base. Il faut éviter d’arriver à la situation où un Luxembourgeois serait forcé de s’adresser en allemand ou en français à sa commune, à un ministère ou à une administration pour obtenir un renseignement. ADR – Conférence de Presse – Promotion du luxembourgeois – Page 4 / 5 9) Quel niveau de luxembourgeois est nécessaire ? L’ADR n’est pas d’avis que chacun doit apprendre à écrire le luxembourgeois sans faute. Par contre, il doit être naturel d’utiliser la langue luxembourgeoise comme langue véhiculaire. Il faut que l’on puisse utiliser au Luxembourg la langue maternelle du Grand-Duché. Sur base des niveaux de compétence fixés au niveau européen (voir annexe), ont peut définir une série de niveaux à atteindre. L’ADR propose de respecter les niveaux suivants : Métier Niveau de connaissance en luxembourgeois Frontalier ou résident étranger qui travaille dans un métier au contact avec le public (exemple : secteur Horesca, commerce). Frontalier ou résident étranger qui travaille par exemple dans métier du secteur de la santé ou dans une autre branche ou le niveau débutant est insuffisant pour se faire comprendre. Fonctionnaires et salariés travaillant pour l’Etat ou les communes Niveau A1 sans que la langue doive être écrite. La connaissance au niveau A1 doit pouvoir être inscrite comme condition dans le contrat de travail. Niveau A2 sans que la langue doive être écrite. La connaissance au niveau A2 doit pouvoir être inscrite comme condition dans le contrat de travail. Niveau C2 Conclusions L’ADR est d’avis que le luxembourgeois, en tant que langue maternelle et nationale, doit être la première langue véhiculaire du Luxembourg. Sans vouloir renoncer aux avantages du trilinguisme, le luxembourgeois doit retrouver au quotidien la place qu’il mérite en tant que langue maternelle respectivement langue nationale. En première ligne, le gouvernement est appelé à mettre en œuvre les moyens financiers et personnels pour atteindre cet objectif. Notre langue a une réelle valeur et cela a un coût. Il faut également induire un changement de mentalité, et cela tant auprès des immigrés que des travailleurs frontaliers, qui doivent être incités à s’intéresser au Luxembourg (son histoire, sa culture, sa langue), intérêt qu’il faut aussi raviver auprès des Luxembourgeois eux-mêmes. Les Luxembourgeois doivent encourager les étrangers dans leurs efforts à apprendre le luxembourgeois et rendre hommage à ces efforts. (Trop souvent, et automatiquement, on passe au français ou à l’allemand dès que l’on décèle un accent auprès de son interlocuteur. Cela ne valorise ni la langue luxembourgeoise, ne les efforts faits par ceux qui veulent l’apprendre). Post scriptum L’ADR tient expressément à saluer ici les efforts réalisés par «Aktioun Lëtzebuergesch Eis Sprooch» qui depuis 1971 s’engage en faveur de notre langue. Même si les responsables de cette action ont souvent été l’objet de moqueries, la « renaissance » de l’usage de la langue luxembourgeoise leur donne raison après coup. Il ne peut que féliciter Aktioun Lëtzebuergesch pour leur persévérance. (Traduction de courtoisie – seul le texte luxembourgeois fait foi). ADR – Conférence de Presse – Promotion du luxembourgeois – Page 5 / 5