L`hiver bûcheron, l`été cultivateur
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L`hiver bûcheron, l`été cultivateur
Avril 2011 __________________________________________________________________________________ L’hiver bûcheron, l’été cultivateur par Laurent Guilmette L’été, la ferme avec un petit troupeau de 12 à 20 vaches, quelques cochons, des poules et parfois des moutons rapportait juste assez pour nourrir la famille. On fabriquait son beurre et on envoyait le lait à la Carnation, ce qui était une source de revenu importante. L’automne on faisait boucherie et on préparait des conserves pour l’hiver. Dans des jarres de grès, on salait du lard et des concombres, etc.. Dans la cave, on conservait le plus longtemps possible les choux, les carottes et les pommes de terre dans du sable. C’était une agriculture de survivance. L’hiver, chaque fermier coupait son bois de chauffage. Il fallait bûcher pour chauffer la maison et aller vendre le surplus aux gens de la ville pour avoir un autre revenu. Et quand ces deux sources (bois et industrie laitière) ne suffisaient pas pour joindre le deux bouts, il fallait que le père avec son ou ses fils plus âgés prennent la décision d’aller travailler dans les chantiers souvent dans des conditions de vie et de travail rudimentaire. Pour 15 heures de travail ardu, ils étaient payés seulement 0. 75 $ à 1 $ par jour. Il a fallu que les Abitibiens fassent la grève en 1933, «La Strike Clérion» pour que les conditions s'améliorent pour avoir de 26$ à 35$ à la fin du mois, pension payée. L’UCC (Union Catholique des cultivateurs) défendra leurs droits ). Pendant ce temps, la femme restée au foyer, travaillait comme son homme d’une étoile à l’autre, pour élever les enfants et vaquait aux travaux de la maison et de la ferme, aidée des aînés garçons et filles. Limitée dans son moyen de transport, elle devait compter sur ses proches voisins pour les commodités quotidiennes qui venaient à manquer. « Ils ont été dans la peine : aujourd’hui qu’ ils soient à l’honneur ! » La vie de bûcheron de Victor Jetté par Victor et Estelle Jetté En octobre 1955, à 15 ans, j’ai acheté une première scie mécanique. Une Pionneer 55. Elle pesait 30 livres à vide. « Ça développe des muscles !» Mes premiers employeurs furent David Guillemette et Jacques Pinard. Je bûchais dans la montagne du 8e rang de Stoke. J’avais 4.50 $ la corde de 4 pieds. En juillet 1956, je me suis rendu à Baie Comeau avec Valère Martel et Victorin Coté, au service du contracteur Lucien Lemelin. C’était pour la compagnie d’Auteuil. Nous étions logés dans des camps de bûcherons. Nous étions nourris pour 1.50 $ par jour et bien traités: « Douche chaude et sauna pour les muscle endoloris ». À l’été 1957, j'étais retour à la maison pour travailler pour Rosario Dubé à East Angus. Nous restions sur place. Il y avait Gérard Rousseau, Armand Quirion, Rosario et moi dans un grand camp de 12 pi par 12 pi. Chacun de nous étions cuisinier à tour de rôle. De septembre à Noël 1957, j’ai emballé mes affaires pour Clovas. Après un voyage en train et en autobus de 23 heures, Léo mon frère, Jean Goupil et moi arrivions à Clovas. Notre contracteur était Napoléon Toupin de Disraéli. C'était un gros chantier de 300 hommes. Pendant l’hiver 1958, j’ai bûché pour la Canada Paper (Domtar) dans la montagne du 10e rang. Le contracteur était Félicien Frappier et le contremaître était Claude Blais. En 1960, j’ai bûché pour mon oncle Clément Jetté à Fitch Bay et avec Émilie Provencher pour la Canada Paper à Stoke Nous restions dans de vielles autobus scolaires convertis en camp avec cuisinière s.v.p. De 1961 à 1969, j’ai délaissé le bois pour la mécanique automobile. Boga Victor et son chien En 1969, j’ai acheté la terre de Willie Maurice sur le 8e rang est. Il y avait 125 acres en bois. J’y bûchais seulement si j’avais des «passes» c’est -à-dire des permis de vente de bois. Cette même année et à l’hiver 1970, j’ai bûché dans l’érablière de Lin Guillemette pour fournir une partie du bois de construction en vue de la construction du le premier Centre communautaire. Plus tard en 1975, j’ai bûché à Latuque avec Gérald Young. En 1977, la famille déménage sur le lot 14 à Stoke. Nous avions construit notre maison. J’ai travaillé par la suite quelques hivers à bûcher pour Réal Goupil avec mes frères Gilles, Benoit, Jocelyn et mon fils Sylvain. L’été, je travaillais comme excavateur. Après le verglas de 1998, j’ai bûché chez ma belle-soeur à Bishopton. Elle avait une érablière assez amochée. J’y travaillé plusieurs hivers. Depuis 2005, je «jardine» la forêt du comédien Michel Coté à Stoke. La famille Joseph Labrie (Herménégild ) par René Labrie Joseph Labrie et Délima Lacasse étaient propriétaires d’une ferme dans la région de StLazarre, comté de Bellechasse. Les Goupil originaires de la même région résidaient à Stoke et écrivaient à Joseph Labrie pour lui mentionner qu’il y avait une terre à vendre dans le 11e rang. Celui-ci décidèrent de déménager. La famille Labrie arriva en octobre 1910 dans la paroisse de Saint-Philémon et s’y établit avec leurs 21 enfants. Elle s’appropria donc un lot de 200 acres qui était la propriété de M. Lafond. Au départ, il y avait une petite maison de 22 X 24 pi. et un bâtiment pouvant contenir 3 bêtes. La majorité de la surface de la terre était boisée. Au fils des ans, ils déboisèrent pour augmenter le cheptel. Bûcher et cultiver la terre furent les deux principales activités pendant plusieurs années. En 1916, faute d’espace pour le troupeau grandissant, ils érigèrent donc une grande étable de 40 X 50 pieds. En 1936, Herménégild, le cadet des garçons assura la relève. La même année, il prit pour épouse Thérèse Luc et continua d’héberger ses parents jusqu’à la fin de leurs jours. Il eurent 11 enfants: Marguerite, Joseph, Pierre, Marianne, Louise, Rachel, Gabriel, Michel Monique, Armand et Denise. Ils décidèrent d’augmenter la production de lait et du fait même d’agrandir la surface en culture pour subvenir aux besoins de la famille. En 1967, Joseph, l’aîné des garçons âgé de 25 ans, achète la ferme. Il continue la culture et travaille aussi comme bûcheron. En 1971, il se marie à Armelle Bourassa, infirmière. Ils adoptèrent un garçon en 1976 qu’ils nommèrent René. En 1979, Joseph ajoute un revenu de plus en achetant un camion pour faire le transport en vrac. Pendant la saison hivernale, le revenu principal provient toujours de la production forestière. Comme par le passé, Joseph travaille encore avec ses chevaux surtout en hiver pour sortir du bois et parfois organise un sleigh ride pour faire plaisir à ceux qui veulent faire un tour. Au fil des ans la production laitière laisse la place à la production bovine. Il termine cette la production en 2010 pour prendre une semi retraite à 69 ans et ne garder que la culture du fourrage. Joseph et Armelle désirent transférer la propriété à leur fils René qui est marié à Edith Normandin. Ils ont 5 enfants : Frédéric, Catherine, Audrey, Christophe et Isaac. Un Djiboutien à Stoke par Abokor Elmi (Pablo) Vous connaissez le vieil adage qui dit : « Qui prend mari prend pays »… Bien, dans mon cas, c’est plutôt le contraire puisque j’ai suivi ma femme sur sa terre natale de Stoke. Tout a commencé à l’été 1989. Alors âgé de 16 ans, je viens seul depuis mon pays d’Afrique rejoindre ma sœur ainée à Montréal. J’y termine mon cours secondaire pour ensuite aller suivre une formation professionnelle en électromécanique. C’est en janvier 1998, tout juste après la crise du verglas, que je rencontre Dominique. Elle étudie alors à Montréal. Très vite, nous nous marions pour respecter la culture musulmane. Nous prononçons donc nos vœux le 13 février 1999 au palais de justice de Montréal. Nous venons souvent rendre visite à sa famille ici à Stoke et j’avoue que je tombe rapidement sous le charme de ce petit coin de pays! Viennent ensuite les enfants : Samarône né en décembre 1999, Moumin en juillet 2001 et Xiddig en juillet 2003. Puis en 2004, nous faisons le grand saut! Assuré d’un travail dans l’entreprise familiale de mon beau-père Réal Goupil et pressés par ma belle-mère de nous rapprocher, nous achetons une jolie petite maison dans le 11ème rang de Stoke. Il s’agit en fait du chalet Mon Repos qui a longtemps appartenu à monsieur Charles Marion, là même où il s’est fait enlever en 1977. Après quelques années au grand air, nous tentons notre chance pour un quatrième enfant. Peut-être que l’air de la campagne nous donnera une fille… Eh non! En avril 2007, naît un autre garçon, le beau Yonis. Aujourd’hui, ma femme et moi sommes très actifs dans notre petite communauté. Elle est très impliquée à l’école et au CPE du village. Pour ma part, je joue au soccer chaque semaine en compagnie de Monsieur le maire et de notre équipe. Stoke est un endroit merveilleux pour élever une famille. C’est probablement la vraie raison qui m’a amené ici. Le grand air des montagnes, l’espace, le club soccer, le hockey sur la patinoire extérieure, un merveilleux CPE et une école formidable (la même qu’a fréquentée Dominique)… quoi demander de plus?