Comprendre la tristesse
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Comprendre la tristesse
La tristesse Comprendre la tristesse La tristesse est une émotion dont l’expression et l’intensité varient d’un enfant à l’autre. En effet, ce dernier vit ses émotions de façon entière, sans prendre le recul nécessaire pour les modérer ou les dissimuler. Ce qui revient à dire que comme son auto-contrôle, c’est-à-dire sa capacité à se freiner et à réfléchir avant de parler ou de poser un geste, n’est pas encore en place (elle commence à peine à se développer chez les 4-5 ans), il est normal de le voir les vivre intensément. Il aura donc tendance à pleurer très fort, à réagir fortement pour une égratignure, à pleurer lorsqu’il se sent blessé par un autre pairs, etc. Face à l’émotion qu’est la tristesse, votre rôle, comme intervenant, est de rassurer l’enfant. Pour y arriver, c’est important de connaître les raisons qui motivent sa peine pour ainsi intervenir en fonction de cette dernière. Objectifs d’interventions Que l’enfant apprenne graduellement à reconnaître la tristesse comme émotion (1-3 ans) Que l’enfant apprenne à exprimer ce qui le rend triste (verbalement ou non) (1-3 ans) Que l’enfant apprenne graduellement à développer son sentiment de confiance (1-3 ans) Que l’enfant apprenne graduellement à trouver des solutions pour se rassurer face à ses peines (25 ans) Les manifestations Les comportements qui nous permettent de penser qu’un enfant a de la peine sont variés. Comme la peine ou la tristesse est une émotion, ses manifestations se verront dans les réactions des enfants. En voici quelques-unes : L’enfant pleure; L’enfant crie; L’enfant peut taper, lancer un objet, etc.; L’enfant peut faire une crise; L’enfant peut s’opposer; L’enfant peut s’isoler; L’enfant veut son objet personnel; L’enfant demande à voir ses parents; L’enfant peut sucer son pouce; L’enfant nous montre un visage fort inquiet et triste, ne sourit pas; L’enfant veut que nous le preniez; Etc. 2010 CPE Au pied de l’échelle, rédigé par Isabelle Lavigne 14/02/2012 1 Les raisons qui les expliquent, les besoins qui les sous-tendent et les interventions éducatives à privilégier Pourquoi l’enfant a-t-il de la peine ?? N’oubliez pas que l’expression des émotions est un processus évolutif. Quand l’enfant ne parle pas, ce qu’il a comme moyens pour s’exprimer sont ses gestes ou son non-verbal. C’est donc plus difficile pour l’adulte de le comprendre et de mettre des mots sur ce qu’il tente de nous exprimer par ses comportements. Toutefois, la tristesse est souvent déclenchée par un élément observable. Ainsi, quand les parents quittent pour aller travailler, il est possible d’observer l’enfant et de le voir pleurer ou encore quand vous êtes avec votre groupe et que vous remarquez un ami dire des mots blessants à un autre, vous savez que la peine qui en résulte provient des paroles blessantes, ce qui vous aide à recevoir l’enfant blessé et à mettre des mots sur la tristesse ressentie. Pour aider l’enfant à identifier la peine qu’il ressent, vous devez verbaliser les comportements de l’enfant et leur signification pour qu’il arrive à comprendre ce qui le rend triste. Par exemple, vous remarquez qu’Antoine, 1 ans, commence à crier et à pleurer lorsque Lorie, 3 ans, vient lui enlever une voiture en lui disant Tu es trop petit pour jouer avec les voitures. Votre rôle ici, pour qu’il comprenne ce qu’il ressent, c’est de mettre des mots sur son émotion Antoine, tu pleures parce que tu as de la peine ? Tu es triste que Lorie te dise que tu es trop petit pour jouer avec les voitures n’est-ce pas ? Tu as raison d’être triste. Viens avec moi, on va aller voir Lorie. Lorie, regarde Antoine, il pleure parce que quand tu lui dis qu’il est trop petit pour jouer avec les voiture, ça lui fait de la peine. Viens, j’aimerais que tu lui redonnes … c’est correct qu’il joue avec, ce n’est pas dangereux. Que devez-vous retenir ici ?? En fait, l’expression de la tristesse évolue avec le développement du langage et le développement de l’auto-contrôle de l’enfant. Il est donc normal de voir une expression plus intense et plus longue de la peine chez les tout-petits (1-3 ans) et de voir apparaître graduellement chez les 3-5 ans une plus grande verbalisation de celle-ci tout en voyant diminuer graduellement l’intensité et la longueur de son expression. Retenez aussi que ceci ne se fait pas tout seul et que votre rôle est de les guider à reconnaître leur peine, ce qui les rend triste et ce qu’ils peuvent faire pour se consoler. Vos attentes doivent donc être adaptées aux capacités des enfants et à leur compréhension. Pour vous guider à consoler la tristesse des enfants Quand l’enfant manifeste sa peine, votre intervention revêt toute son importance !!! Pour arriver à développer chez l’enfant le sentiment d’être écouté et pour l’aider à développer sa confiance affective, il est très important de reconnaître la peine de l’enfant sans la dénigrer, sans la considérer comme étant minime. Elle est peut-être peu significative pour vous, mais elle est vécue intensément chez l’enfant qui l’exprime. L’enfant vit intensément ce qui lui fait de la peine et son souhait le plus cher est que vous le consoliez ... Cette démarche va à l’encontre de la croyance populaire qui dit de laisser pleurer les enfants ! Certains pensent qu’en ne les consolant pas, les enfants cesseront de pleurer d’eux-mêmes … ce qui est bien le contraire ! Plus vous les consolez, plus ils développent leur sentiment de confiance (je peux faire confiance aux adultes qui m’entourent, car ils s’occupent de moi et de mes besoins) et moins ils vont pleurer longuement. Bref, en les laissant avec leur peine, vous encouragez leur insécurité affective. N’oubliez pas qu’il existe des besoins de base fort importants chez les enfants que nous devons combler, notamment les besoins physiologiques (manger, dormir, etc.) et les besoins socio-affectif (dont la sécurité affective). Il faut donc y répondre. 2010 CPE Au pied de l’échelle, rédigé par Isabelle Lavigne 14/02/2012 2 Voici quelques situations pour vous pratiquer : L’enfant s’ennuie de ses parents : Acceptez, reconnaissez l’émotion et nommez-là à l’enfant. Tu pleures parce que tes Évitez de banaliser (ce n’est rien …) ou de disqualifier (tu pleures pour rien) la peine de l’enfant. C’est par la reconnaissance et l’acceptation de nos émotions et celles des autres qu’on en vient à démontrer de l’empathie et à développer le sentiment de sécurité affective chez les enfants. Cherchez l’origine du problème, écoutez, décodez. Il est possible de désamorcer la tristesse en mettant simplement des mots sur ce qui se passe Ça te fait beaucoup de peine de les voir partir ? et d’offrir à l’enfant une solution qui l’aiderait à se consoler. Offrir une solution pour l’aider à se consoler … est-ce que je peux te prendre pour parents sont partis travailler ?? Je te comprends, tu avais le goût de rester avec eux ce matin, n’est-ce pas ? consoler ta peine ? Aimerais-tu ta doudou (ou autre) pour te consoler ? Veux-tu que nous fassions bye bye à tes parents par la fenêtre ? etc. Pour terminer, soulignez combien la solution choisie semble l’apaiser, semble le calmer. Je vois que mon câlin te fait du bien ?? et ensuite, intégrez l’enfant dans la routine du moment. L’enfant se blesse : Acceptez, reconnaissez l’émotion et nommez-là à l’enfant. Tu pleures parce que tu Évitez de banaliser (ce n’est rien …) ou de disqualifier (tu pleures pour rien) la peine de l’enfant. C’est par la reconnaissance et l’acceptation de nos émotions et celles des autres qu’on en vient à démontrer de l’empathie et à développer le sentiment de sécurité affective chez les enfants. Cherchez l’origine du problème, écoutez, décodez. Il est possible de désamorcer la tristesse en mettant simplement des mots sur ce qui se passe Ça te fait beaucoup de peine de te faire mal ? et d’offrir à l’enfant une solution qui l’aiderait à se consoler. Offrir une solution pour l’aider à se consoler … est-ce que je peux te prendre pour t’es fait mal ? Je te comprends, ce n’est pas agréable, n’est-ce pas ? consoler ta peine ? Aimerais-tu ta doudou (ou autre) pour te consoler ? Veux-tu de la glace sur ta blessure ? Viens, je vais nettoyer ta plaie. Tu vas avoir moins mal, etc. Pour terminer, soulignez combien la solution choisie semble l’apaiser, semble le calmer. Je vois que mon câlin te fait du bien ?? Tu as moins mal ? et ensuite, intégrez l’enfant dans la routine du moment. L’enfant a besoin d’attention : Acceptez, reconnaissez l’émotion et nommez-là à l’enfant. Tu pleures ou tu as de la Évitez de banaliser (ce n’est rien …) ou de disqualifier (tu pleures pour rien) la peine de l’enfant. C’est par la reconnaissance et l’acceptation de nos émotions et celles des autres qu’on en vient à démontrer de l’empathie et à développer le sentiment de sécurité affective chez les enfants. peine parce que tu veux que je m’occupe de toi ? 2010 CPE Au pied de l’échelle, rédigé par Isabelle Lavigne 14/02/2012 3 Cherchez l’origine du problème, écoutez, décodez. Il est possible de désamorcer la tristesse en mettant simplement des mots sur ce qui se passe Je comprends que tu aimerais que je m’occupe de toi … d’offrir à l’enfant une solution qui l’aiderait à se consoler. Offrir une solution pour l’aider à se consoler … Regarde, je termine de changer la couche de X et ensuite je peux m’occuper de toi. Tu veux venir à côté de moi en attendant ! Ou encore vous pouvez donner vos attentes à l’enfant en lui soulignant ce que vous aimeriez qu’il développe comme comportement pour avoir votre attention de façon positive : J’aime quand tu me parles pour que je m’occupe de toi. Je comprends mieux ce que tu veux ! etc. Pour terminer, soulignez combien la solution choisie semble l’apaiser, semble le calmer. Merci de ta patience ! Je peux m’occuper de toi quelques minutes maintenant ! Tu es content ? Ça te fait du bien ? etc. et ensuite, intégrez l’enfant dans la routine du moment. L’enfant se fait dire des mots qui blessent : Acceptez, reconnaissez l’émotion et nommez-là à l’enfant. Tu pleures parce que X Évitez de banaliser (ce n’est rien …) ou de disqualifier (tu pleures pour rien) la peine de l’enfant. C’est par la reconnaissance et l’acceptation de nos émotions et celles des autres qu’on en vient à démontrer de l’empathie et à développer le sentiment de sécurité affective chez les enfants. Cherchez l’origine du problème, écoutez, décodez. Il est possible de désamorcer la tristesse en mettant simplement des mots sur ce qui se passe Je te comprends d’avoir de la peine. Tu n’aimes pas ça quand tu te fais parler comme ça, n’est-ce pas ? et d’offrir à l’enfant une solution qui l’aiderait à se consoler. Offrir une solution pour l’aider à se consoler … viens, j’aimerais que tu le dises à X que tu n’aimes pas ça quand il te dit Tu n’es plus mon ami. Il faut aussi intervenir avec celui qui a dit des mots blessants. Tu lui as dit qu’il n’était plus son ami … est-ce que c’est parce que tu es fâché ? Pour cette raison ou n’importe quelle autre, le guider à trouver les mots justes, les mots qui vont exprimer ce qu’il ressent exactement et le faire pratiquer à les dire au lieu de dire des mots blessants. Ex. Ah, tu es fâché parce qu’il ne veut pas jouer t’as dit Tu n’es plus mon ami ? avec toi ? À ce moment, c’est ça que tu dois dire et non lui dire qu’il n’est plus ton ami. Alors, dis lui que tu es fâché (ou triste) quand il te répond qu’il ne veut pas jouer avec toi. Le faire pratiquer à le dire. Ici, il est important de les faire parler ensemble et de faire comprendre à celui qui se fait dire Non ! que l’autre a le droit de donner cette réponse. Ce dernier pourra sûrement jouer avec lui plus tard, mais pour l’instant, il préfère être seul … ici, la solution dépend de la situation. C’est à vous de voir ce qui est possible d’envisager ou de proposer. Pour terminer, soulignez combien la solution choisie semble l’apaiser, semble le calmer. Je vois que ça te fait du bien de parler à ton ami ?? C’est important de le dire quand quelque chose nous fait de la peine ! et ensuite, intégrez l’enfant dans la routine du moment. 2010 CPE Au pied de l’échelle, rédigé par Isabelle Lavigne 14/02/2012 4