„PORNIND DE LA VALERY [À PARTIR DE VALERY]” – LA
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„PORNIND DE LA VALERY [À PARTIR DE VALERY]” – LA
SECTION: LITERATURE LDMD I „PORNIND DE LA VALERY [À PARTIR DE VALERY]” – LA CITATION-HOMMAGE OU AUTRES FORMES DE REVENIR A SOI-MEME Maria-Nicoleta CIOCIAN, Assistant, PhD, ”Babeş-Bolyai” University of Cluj-Napoca Abstract: At the core of our study is an analysis of the quotational homage gesture as illustrated by the volume “Starting from Valéry” by Livius Ciorcârlie. The dialogue between the Romanian writer Livius Ciorcârlie and Paul Valéry is essential insofar as it orients the “discussion” towards the self and confirms the acknowledgement of the confessional, personal, diarist writing. The use of quotations in the book dedicated to the French writer enriches the intertextual dialogue with new and extremely prolific meanings and rebuilds the configuration of Valéry’s anthumous essays. As a strategy that is subordinated to one’s flow of consciousness, the intertextual does not invalidate reflexion but, on the contrary, it augments its dignity. Keywords: intertextuality, quotational homage, reflexion, intertextual dialogue, diaristic writing. La relation1 d’un écrivain avec ses prédécesseurs peut connaître différentes phases: reconnaissance, révérence, identification, contestation, répudiation. Notre étude s’occupe de l’hypostase hommagiante de la citation dans le livre écrit par Livius Ciocârlie – Pornind de la Valéry [À partir de Valéry]. L’écriture que nous traitons propose la citation comme mécanisme de déclenchement textuelle. Chez lui-même, le chroniqueur n'atteint..que par à travers les citations, les livres. De cette manière, lui-même chroniqueur devient „unité de mesure”. Conformément à cette idée, les citations choisies sont analysés. La relation d’acceptation /d’approche, de détachement / de négation pour les écrivains avec qui Livius Ciocârlie converse dans ses livres est essentielle pour découvrir ou construire sa personnalité. De cette façon, le livre consacré au Paul Valéry (Pornind de la Valéry [À partir de Valéry2]) devient la note de lecture centré, l’annotation détaillée qui ne fait que passer toujours „le dialogue” à lui et confirmer l’affirmation d’écriture confesive, personnelle, diaristique.Il a été réalisé, le portrait livresque de Paul Valéry, la raison étant évocative et comémorative. Les écritures d'auteur logent aussi et mini-portrets ou les croquis livresques des certains écrivains àqui ne devrait pas être consacré un volume entier. Beaucoup d'autres diarists (Dumitru Tepeneag, Radu Petrescu, Nicolae Steinhardt 3, Mircea Eliade etc.) reproduisent fidèlement dans leurs journaux des fragmentes leur bien- 1 Un poème écrite par Ezdra Pound suggère très nuancée cette relation: «Je conclus un pacte avec vous, Walt Whitman / je n'aime pas assez. / Je viens à vous comme un enfant grandi / Qui avait un père têtu, / Je suis assez vieux pour prendre des amis / Vous êtes celui qui a coupé le bois nouveau / Maintenant il est temps pour découpage [...] »- Ezdra Pound, Pact în Jack Rathbun şi Liviu Cotrău, English Practical Course. Two Approaches to Litterature, EDP, Bucureşti, 1983, p. 136. 2 Livius CIOCÂRLIE, Pornind de la Valéry [A partir de Valéry], Editura Humanitas, Bucureşti, 2006. 3 Nicolae STEINHARDT, Jurnalul fericirii, Editura Dacia, Cluj-Napoca, 1991. 524 SECTION: LITERATURE LDMD I aimés ou récemment relus, transécrivant, de temps en temps, chapitres entiers (Mircea Eliade 4 ou Radu Petrescu5). Il ne manque pasdans les journaux d'autres auteurs (Mircea Eliade, Radu Petrescu, Mihail Sebastian6, Dumitru Ţepeneag, Marin Preda 7, Gabriela Melinescu8, Mircea Cărtărescu9, Paul Goma10 ou Bujor Nedelcovici11) des certains Literary Review, des explications de leurs œuvres, qui sont précieuses revues de création. Livius Ciocârlie commence „à partir de Valery, ne pas écrire à ce sujet”. Et cela implique: Valéry et les auteurs qui commentent son oeuvre, Valéry et les auteurs avec qu’il se contredisent, Valéry et les auteurs avec qu’il est en accord, Valéry et leurs idées, mais et les commentaires á leurs idées, Valéry et les choses qu’il les traite. La question se pose: mais où va-t-il? Livius Ciocârlie peut obtenir souhaite n'importe où. Le succès du livre ne vient pas de capacité de passer à une cité dans d’autre, aussi bien que pas de réunir d'idées appartenant aux mêmes thèmes, mais de capacité de l'essayiste-mémorialiste de se faire encore et encore. Par le dialogue intertextuel, le créateur de nouvelles significations et très prolifique, elle est reconstruite et la configuration des essais antumes d'auteur français. Comme une stratégie subordonné aux propres pensées, l’intertextualité n’invalide pas la réflexion, mais elle augmente sa dignité. Les citations ouvert toujours le chemin de retour à lui, l'auteur étant dans un dialogue avec l'immédiateté de ses inquiétudes et ses questions. Les réflexions sont un moyen très profitable pour lui rendre hommage (à Valéry) ,,en invoquant ses textes. De cette façon,l'intertexte donne une dimension esthétique très visibleaux notes diaristiques? Chaque citation notée devient de cette façon une citation protégée, opération double avantageuse. La citation vit de deux fois dans deux espaces textuels différents: celui qui est né et celui qui a pris la relèver. La deuxième espace textuel dans cela apparaît lui interdire de l'oubli. L' intertexte est celui qui sauve quelques textes, rende-les dans la mémoire de l'auteurlecteur (Livius Ciocârlie), aussi bien que dans la mémoire de lecteur actuel, en empêchant à cette citation pour disparaître. Les citations reprises par mémorialiste (diarist) dans son texte sont les signes que le texte initial les a laissé dans la mémoire (comme le souvenir) de "copist". Par la présence de deux voix - de l'auteur et de Valéry, l’intertextualité soutiennne une sorte de bitonalité discursive et le diarist devient un pèlerin éternel des livres aimés, des livres qui sont restés dans sa mémoire en transécrivant les citations pour lui les a rappelé. L'auteur les recueille, comme dans un grand entrepôt, les citations valéryène qu’il ont attiré, 4 Mircea ELIADE, Jurnal[Journal], vol. I (1941 –1969), vol. II (1970 – 1985), Editura Humanitas, Bucureşti, 2004. Mircea ELIADE, Jurnalul portughez şi alte scrieri, [Journal portugais et autres écrits], Editura Humanitas, Bucureşti, vol. I-II, 2006. 5 Radu PETRESCU, Ocheanul întors [Lunette de retour], Editura All, Bucureşti, 1996. 6 Mihail SEBASTIAN, Jurnal (1935-1944) [Journal (1935-1944)], Editura Humanitas, Bucureşti, 1996. 7 Marin PREDA, Jurnal intim. Carnet de atelier [Journal intim. Carnet d’atelier], Editura Ziua, Bucureşti, 2004. 8 Gabriela MELINESCU, Jurnal suedez [Journal suédois], vol. I (1976 – 1983), Editura Univers, Bucureşti, 2000; vol. II (1984 – 1989), Editura Polirom, Iaşi, 2002; vol. III (1990 – 1996), Editura Polirom, Iaşi, 2004. 9 Mircea CǍRTǍRESCU, Jurnal [Journal] vol. I, Editura Humanitas, Bucureşti, 2001; vol. II (1997-2003), Editura Humanitas, 2005. 10 Paul GOMA, Jurnal [Journal], vol. I – II – III, Editura Nemira, Bucureşti ; vol. I, Jurnal pe sǎrite (9 februarie 1978 – 2 iunie 1993), vol. II, Jurnal de cǎldurǎ-mare (28 iunie – 11 iulie 1989), vol. III, Jurnal de noapte-lungǎ (23 septembrie – 31 decembrie 1993). 11 Bujor NEDELCOVICI, Jurnal infidel. Pagini din exil (1987 –1993) [Journal infidel. Pages en exil (1987-1993)], Editura Eminescu, Bucureşti, 1998. 525 SECTION: LITERATURE LDMD I qui étaient occupés sa mémoire. En témoignant que son désir est juste de commencer seulement à Valéry et non pas l'écriture sur ses textes, il constate que c'est seulement „une illusion consentie"12 - En fait, à partir <<d’une>> phrase, implicitement je considère que tellement pensait Valéry”13. Les commentaires aux fragments d’essais antumes de Paul Valéry forment un text inattendu dans lequel la part de l'intertexte est très élevé. La stratégie intertextuelle est supposée, est un moyen d'exister en tant qu'écrivain. On identifie, au début de l'ouvrage, une „mise en abîme" qui a la fonction d’ expliquer la stratégie intertextuelle: "J’ interprète des phrases sur lesquelles j’ai fait, après la première lecture, un signe. Il n'est pas rare, je ne peux pas trouver ce que je pourrais dire. Au lieu de cela, jetant les yeux sur des phrases non polluée de crayon, je me sens - tout à l'heure - stimulé"14. La vraie source intertextuelle sont „les phrases non polluées de crayon”15. Le début du livre de Livius Ciocârlie justifie la passion avec laquelle le narrateur se consacre à l'exploration de l'écrivain français. "<< Pourquoi écrire, monsieur, à propos de Valery, m'a demandé un ami. Qui sont ceux qui sont intéressés à ce sujet? - Moi, je dis. Je sais, je dois commenter Bourdieu, mais l'âge ne me laisse pas. Attiré comme je suis de l’ère Junimea, il est difficile pour moi d'aller au troisième millénaire. Il est difficile pour moi de communiquer par e-mail et de m’ éduquer par l’ internet. Bientôt, je reviendrai ensuite à Chamfort ou La Rochefoucauld. À Montaigne, je n'ose pas”16. Cette justification n'est rien mais une affirmation implicite de sa propre façon de penser: l'appétit d’ explorer un écrivain hors peut-être du goût du public contemporain et la passion pour la réflexion libre - "Je ne suis pas moi-même quand je n'écris pas”17. On ne croit pas qu’il s’agit d’une obsession de la citation dans le texte écrite par Livius Ciocârlie, l’auteur seulement préfère de parler de soi-même dans le dialogue avec Paul Valéry. Nous identifions plusieurs types de réponses à des citations faites dans le texte - tout à fait d'accord, désaccord ou ironie corrective pour le fragment analysé. Citations sont prises au sérieux, ou ridiculisés. Les observations positives formulées, négatives ou indifférentes à des citations peuvent être trouvés dans tout le volume, la citation est celui qui déclenche le dialogue intertextuel, il représente la cause génératrice et pas son effet. Le but d'un tel dialogue intertextuel on le croit être la relance de l’écrivain classique Valéry dans un nouveau circuit de sens, un circuit de correspondances et de la proximité de Cioran, Proust, Shakespeare, Goethe, Flaubert et La Rochefoucauld. 12 Livius CIOCÂRLIE, Pornind de la Valéry [A partir de Valéry], ed. cit., p. 8. Ibidem, p. 8. 14 Ibidem, pp. 5-6. 15 Ibidem, p. 5. 16 Ibidem. 17 Ibidem. 13 526 SECTION: LITERATURE LDMD I Dans une tentative de définir l'esprit libre, l'auteur circonscrit la définition de l'interprétation comme la signale H. - G. Gadamer: „Être un esprit libre ne signifie pas seulement ne pas avoir d'idées préconçues. Il signifie laisser vos idées dès que vous avez conçu. Vous êtes beaucoup plus agile en ne portant pas une poitrine derrière leurs marchandises. Et bien sûr, quand vous avez de lucidité de ne pas faire aucun mythe. Seulement alors, en fermant le cercle, ne pas revenir au point de départ. Ce qui était la confiance en vous a devenu conscience des limites. Conscience, je dis, pas - comme Valéry – sentiment”18. L’ intertexte permet un dialogue animé du sceptique qui doute de son propre scepticisme, une attention particulière aux détails "chaotique" ou des réactions dialogiques et interrogatives à l'écriture des «autres». L’ authenticité de ses propres écrits est le dialogue intertextuel avec Paul Valéry et d'autres auteurs. Livius Ciocârlie se sent proche de l'écrivain français: «Je ne peux presque rien dire sur la poésie à ceux qui sent vraiment la nécessité pour elle (cf. I, 1282). Ce point de vue me font sentir près de Valéry". (Relation d'identification avec elle). La même relation d'identification avec une "phrase de Valéry sur Flaubert": "Une phrase de Valéry sur Flaubert, qui pourrait prendre sur luimême, sans trop exagérer, l'auteur de ce livre: <<Il est déconcertant (mortellement) passif; ni ne cède ni ne résiste; il attend la fin du cauchemar tout au long de lequel il va non seulement être en mesure de s'écrier, assez médiocre, de temps en temps. >>(Le mot médiocre semble trop dur, même en se référant à Flaubert ...). Après tout le sérieux, dans lequel le cauchemar est également exagéré (il peut être un cauchemar quand tout le monde vous laisse seuls, comme a été laissé Flaubert à Croisset), la fin est humoristique pour le faire sortir de l'apathie, << tu sens vouloir lui piquer >> (I, 617). Mais je ne ris pas. Je connaît le problème: si vous piquez un tel homme, vous lui déchirez la viande” 19. ou silencieusement l’ éloge: „Fragment superbe, dans lequel Valéry parvient à donner vie à une pastiche après Kant: Mallarmé, dit-il, en pensant à Un coup de dés << il a finalement essayé de soulever une page au pouvoir du ciel étoilé >> (I, 626). Avant ça il y a une image complète de l'univers humain, vu de dessus: fait de clartés et énigmes, tragique et indifférent, muet et hautparleur, avec de multiples significations, ordonné et chaotique, en proclamant et en refusant Dieu avec la même puissance, en contenant beaucoup d'époques, chacune aussi éloignée, ainsi comme un corps céleste, plein de victoires et de la futilité des victoires de l'homme.” 20 D’autres fois il constate simplement que les phrases de Valéry 18 Idem, Pornind de la Valéry [A partir de Valéry], ed. cit., p. 85. Ibidem, p. 29. 20 Ibidem, p. 9. 19 527 SECTION: LITERATURE LDMD I « rendent les lecteurs enthousiastes comme s’ils venaient de vivre ce qu’ils avaient lu. Ils s’estiment eux-mêmes. Cependant ces phrases surprennent sous ‘la plume’ de quelqu’un de très sceptique comme Valéry. Certes, il revient sans tarder à son propre ‘moi’ »21. Il accuse Valéry par la suite de se livrer au calembour - « [p]arfois, et cela n’a rien d’étonnant, il est impossible de produire en série sans résidus. […] Bon à savoir : l’artiste ne doit pas éviter ses qualités quoiqu’il doive faire preuve de prudence en les mettant en œuvre. Autrement, il court le risque de les faire marcher à vide. Cela arrive inéluctablement chez Valéry. Il aurait mieux valu qu’on le sermonnât : faites attention, vous formulez trop bien et vous êtes trop intelligent ! »22 L’analyse menée par Ciocârlie est chevillée ici à l’analyse valérienne. Livius Ciocârlie ajoute à cette dernière sa propre vision, une affirmation de ses propres valeurs : « D’autre part, certes, de point de vue métaphorique, l’image ingénieuse présentée ci-haut cesse d’être un calembour. Qui prend de la hauteur s’aperçoit de l’inconstance, du paraître, de la ‘fumée’ émanés pas la ville. Les affirmations de Valéry sont spectaculaires, comme le sont souvent les demi-vérités. Pour juger correctement, il est impossible d’admettre que le Paris intellectuel soit quelque chose de plus que de la fumée. Valéry ne doit pas être tenu coupable pour inadvertance. Pour pamphlet, tout au plus. Et le pamphlet existe bel et bien, précédé par une autre image, étonnamment lourdaude pour un poète de sa taille, l’image du train qui […] s’élance vers … les étoiles. Un train spatial. »23 Cioran intervient aussi à plusieurs reprises dans ce dialogue avec Paul Valéry : « Tout comme Cioran, Valéry analyse Joseph de Maistre »24 ou « je reviens à Cioran »25 ; « Je répète trop souvent que Valéry devance Cioran »26 « En essence, Cioran a raison de se démarquer de Valéry, bien qu’il fût tout aussi intelligent que lui et bien qu’il écrivît tout aussi bien. En échange, il n’a pas d’obsessions. Il ne module pas quelques motifs. Il manque de basse note fondamentale »27. Ou bien les deux sont mis en face-à-face : « Chez Cioran la conscience lucide atteint le tréfonds du néant. Chez Valéry la conscience est (il m’est difficile de traduire) ‘différente du néantd’aussi peu que l’on voudra’ (I, 1224). Les deux, mais un d’entre eux le dit en premier (et que l’autre lui soit insupportable ne m’étonne pas), se retrouvent à l’intérieur d’une seule exigence […]. En effet Cioran a évite toute mission tandis que Valéry, l’académicien, rhéteur 21 Ibidem, pp. 12-13. Ibidem, p. 10. 23 Ibidem. 24 Ibidem, p. 15. 25 Ibidem, p. 17. 26 Ibidem, p. 18. 27 Ibidem. 22 528 SECTION: LITERATURE LDMD I jusqu’aux comices agricolesa accepté tout ce qu’on lui avait proposé ».28 « Là où Cioran pratique la poétique de l’exagération, Valéry préfère une poétique de la signification globale. Cioran s’inscrit volontairement en faux contre lui-même tandis que Valéry pense complémentairement à lui-même. Il a tenté, à l’instar de Mallarmé, d’évacuer le langage commun de la poésie mais il manque de cette folie fertile qui fait croire qu’une poésie différente serait impossible. Il ne va pas …toujours jusqu’aux conséquences ultimes de son idée. »29 La « querelle » de l’auteur avec Valéry est très prolifique même s’il s’agit des contradictions en faveur d’une écriture fragmentaire très fertile. Le grand Valéry, passionné par la vie et l’art, par l’intelligence et la bêtise, par le paradis et par l’enfer, consigne les contradictions, les babillardes ou les platitudes : « […] la supériorité de Valéry sur d’autres penseurs aux qualités similaires – lucidité, raison, précision, clarté – tient de la sensibilité par rapport aux réalités de l’âme pour l’exploration desquelles son instrument estinadéquat. »30 Les « écarts » intertextuels, le dialogue avec les auteurs mentionnés dans ses livres, le « pacte » avec les générations représente les mailles d’une chaîne qui se renferme par le retour à soi-même. Livius Ciocârile et Valéry mettent à profit l’écriture fragmentaire 31 qui « autorise les discontinuités de la pensée. »32L’auteur roumain se (re)trouve à travers la découverte de la personnalité valérienne et les éléments secondaires circonscrivent l’objet de son intérêt autoréflexif : « J’aspire les broutilles. S’il y a quelque chose de passionnant, c’est la vie. Les ‘broutilles’ gratuites – banales, tragiques, comiques – qui sont son lot. Son chaos. »33La cartographie de l’intériorité se fait par insertion de citations extraites des essais anthumes de l’écrivain français à l’intérieur du texte de Ciocârlie. Tout cela suffit pour caractériser la pensée de l’auteur roumain, toujours dialogique et réactive. Ses exercices intertextuels sont, à première vue, un assemblage de notations fragmentaires en marge des textes de Valéry.A une lecture appliquée, le livre de Ciocârlie rend compte d’un intertexte particulier, nostalgique, soumis à un « traitement » de pointe : une référence exacte suit presque toujours une citation tandis que le texte en italiques encadre la citation sans être suivi par la référence. En effet, Livius Ciocârlie s’engage en toute simplicité de « partir » de Valéry (« je pars de Valéry, je n’écris pas sur Valéry »34) pour le placerpar la suite au centre de son écriture et pour l’ériger en prétexte de chaque réflexion ou 28 Ibidem, p. 16. Ibidem, p. 20. 30 Ibidem, p. 128. 31 « Mettant à profit l’écriture fragmentaire qui autorise les discontinuités de la pensée, Valéry semble nier l’affirmation sur l’intentionnalité inhérente à l’œuvre et affirme: ‘L'œuvre dure en tant qu'elle est capable de paraître tout autre que son auteur l’avait faite‘(II, 561) L’œuvre ne nie pas : elle provoque l’hésitation ». Livius CIOCARLIE, Pornind de la Valery [A partir de Valéry], op. cit., p. 57. 32 Ibidem, p. 57. 33 Ibidem, p. 60. 34 Ibidem, p. 8. 29 529 SECTION: LITERATURE LDMD I de toute annotation de citation. Aussi, le texte devient-il schématique dans la mesure où il se plie à ce plan et aussi longtemps qu’il use de stratégies prévisibles. Le diariste n’arrive à son propre « moi » que par l’entremise des citations et du dialogue avec Paul Valéry. Nous espérons que le lecteur a pu déchiffrer à nos côtésun pan de l’énigme intertextuelle au cœur de l’œuvre de Valéry – un dialogue ininterrompu avec les grandes voix de l’esprit. Au terme de notre recherche nous avons démontre que: la citation-hommage est un dialogue du diariste avec l’écrivain français; selon la stratégie choisie par Livius Ciocârlie l’intertexte acquiert de nouvelles significations : il augmente la dignité de la réflexion, la citation est un mécanisme qui ouvre la voie de retour à soi-même, le diariste, devenu un étalon, rend hommage à Paul Valéry, il y a un circuit des correspondances, des rencontres entre les écrivains et les lecteurs appartenant aux époques différentes. La stratégie intertextuelle assumée par Livius Ciocârlie ne sauve uniquement les textes mais elle représente également une manière d’être en tant qu’écrivain, une pensée individuelle, un dialogue avec les grandes voix de l’esprit. Bibliographie CǍRTǍRESCU, Mircea, Jurnal [Journal], vol. I, Editura Humanitas, Bucureşti, 2001; vol. II (1997-2003), Editura Humanitas, 2005. CIOCÂRLIE, Livius, Pornind de la Valéry [A partir de Valéry], Editura Humanitas, Bucureşti, 2006. ELIADE, Mircea, Jurnal [Journal], vol. I (1941 –1969), vol. II (1970 – 1985), Editura Humanitas, Bucureşti, 2004. ELIADE, Mircea, Jurnalul portughez şi alte scrieri [Journal portugais et autres écrits], Editura Humanitas, Bucureşti, vol. I-II, 2006. GOMA, Paul, Jurnal [Journal], vol. I – II – III, Editura Nemira, Bucureşti. MELINESCU, Gabriela, Jurnal suedez [Journal suédois] vol. I (1976 – 1983), Editura Univers, Bucureşti, 2000; vol. II (1984 – 1989), Editura Polirom, Iaşi, 2002; vol. 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