Tableau Courants du Jazz - Académie de Montpellier
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Tableau Courants du Jazz - Académie de Montpellier
COURANTS RAGTIME SPIRITUALS-GOSPELS BLUES NEW-ORLEANS-DIXIELAND NEW-YORK CARACTERISTIQUES EXEMPLES Genre musical populaire d’inspiration noire, pianistique. Issu du cakewalk, danse burlesque des plantations du Sud, pratiqué entre la fin de la guerre de Sécession et la Première Guerre mondiale. Le terme signifie « temps déchiré » (syncopé). Musique écrite par des noirs cultivés, influencée par les musiques savantes occidentales, le ragtime est formé de 3 ou 4 thèmes de 16 mesures reliés par un interlude de 4 mesures. Fondé sur le balancement I-V, il accentue le 1er et le 3ème temps. Musique religieuse noire américaine, les spirituals empruntent à la littérature orale, anonyme et communautaire. Les gospels relèvent de l’hymnologie moderne (depuis 1930). L’interaction entre chants sacrés européens et musique noire américaine se traduit par une expression syncopée, un battement obsédant, l’accentuation des temps faibles, la minorisation des degrés III et VII, le caractère responsorial, des thèmes de 16 mesures le plus souvent. Evolution sous l’influence de la soul music. Né de l’esclavage, prend forme au XIXe siècle au sud des USA. Il associe musique et texte inspiré de la vie quotidienne et emprunte aux chants africains, de travail et diverses musiques populaires. Il est en 12 mesures (3*4) et fondé sur 3 accords (I, IV et V). Utilisation des notes blues (III et VIIèmes degrés puis Vème) sur mode majeur. A influencé toute la musique américaine. Considérée comme le lieu de naissance du jazz au début du XXe siècle. Omniprésence de la musique dans la ville : orchestres de rue, animations, parades, défilés, enterrements… Débuts : orchestres de parades (marching band), blues, ragtime, musiques enropéennes (quadrille, mazurka, fox-trot…) Caractérisée par l’improvisation collective, une polyphonie organisée, des interventions solistes rares (breaks). La section rythmique comprend : banjo ou guitare, contrebasse, piano, batterie. La section mélodique : cornet ou trompette, trombone, clarinette ou saxophone. Le Dixieland désigne le New-Orleans pratiqué par des blancs. C’est la ville du 1er enregistrement du jazz, en 1917. 1ère école : 1920-35 : avec Chicago, N-Y est le centre du jazz. Les blancs font évoluer le dixieland vers un jazz novateur, et des grandes formations. 2ème école : le stride. Ecole de pianistes issus du rag évoluant vers plus de swing, autour de la 52ème rue à Broadway, puis dans le downtown. Nombreux clubs, dont les Cotton Club, Savoy Ballroom, Apollo Theater. Viendra l’ère des combos ou petites formations, puis de nouveaux lieux où se développent le hard bop, puis le free jazz. N-Y reste la ville de création la plus active du jazz. Scott JOPLIN : Original Rags (1898) Jerry Roll MORTON : Perfect Rag – The Pearls Thomas DORSEY : Precious Lord James CLEVELAND : Stand by me Golden Gate Quartet, Take 6 John COLTRANE : Ascension (1965) Wynton MARSALIS : In this House, On this Morning W.C. HANDY : Memphis Blues (1912), Saint-Louis Blues (1914) B.B. KING, Buddy GUY, John Lee HOOKER Original Dixieland Jazz Band : Livery Stable Blues King OLIVER : Canal Street Blues (1923) Louis ARMSTRONG : Cornet Shop Suey (1926) Sydney BECHET : Maple Leaf Rag (1932) The Charleston Chasers : Basin Street Blues (1931) Fats WALLER : Valentine Stomp (1929) Art TATUM : I wish I were twins (1935) Count BASIE : Broadway Duke ELLINGTON : Harlem Airshaft Thelonious MONK : 52d Street Theme Musiques populaires - Tableau des principaux courants du Jazz - 1/3 COURANTS SWING BOOGIE-WOOGIE RHYTHM AND BLUES BEBOP HARD POP JAZZ COOL JAZZ MODAL CARACTERISTIQUES EXEMPLES Caractéristique majeure du jazz, mais aussi style des années 30-40. Emploi généralisé de l’arrangement écrit, utilisation des succès de Broadway, place laissée aux solistes pour des chorus improvisés, prépondérance du saxophone ténor. Grandes formations de Duke ELLINGTON, Count BASIE, Glenn MILLER Petites formations de Benny GOODMAN, Fats WALLER Terme dérivé d’une onomatopée ferroviaire. Style pianistique dérivé du honkytonk. Essentiellement rythmique et obsessionnel, fondé sur la trame harmonique du blues. Figures répétitives à la m.gauche (ostinato) et riffs et indépendance de la m.droite utilisant les procédés du blues. Le terme R & B désigne des musiques expressionnistes tout d’abord, puis la production d’artistes noirs exécutant aussi des pièces éloignées du jazz, comme Nat King COLE. Enfin, le R & B inclut quasiment toutes les musiques dérivées du jazz (pop music, rock and roll, variétés). Musique de petites firmes tout d’abord, Atlantic, Savoy, etc., puis de majors. Onomatopée d’une figure rythmique. Né de l’érosion du style swing et de la réaction des musiciens contre les limitations et les contraintes des big bands. Au plan rythmique : tempi très rapides, indépendance des instruments, discontinuité de la ponctuation, fonction métronomique confiée au seule bassiste. Au plan harmonique : utilisation fréquente des unissons trompette-saxophone, enrichissement des accords, accords de passage et apparition des gammes par tons Au plan mélodique : réécriture des standards, mélodies heurtées, polytonalité. Le bebop est pratiqué surtout en 5tte ou 6tte (deux souffleurs et une rythmique) Apparu dans les années 50, appelé parfois funky jazz, soul jazz ou postbop. Musiciens souvent originaires de Philadelphie ou Detroit. Retour au blues et au gospel intégrés à des thèmes en mineur, utilisation simplifiée des structures du bebop, recours à l’expressionnisme. Sections rythmiques plus souples et homogènes. Apparu sur la côte ouest des USA fin des années 40. Jazz foncièrement détendu, sans éclats sonores, ni effets expressionnistes. Certains penchent vers l’atonalité, ou même le free jazz (Lennie TRISTANO). Abandon du vibrato, des notes aiguës, recherches de sonorités feutrées, choix original dans l’instrumentation, raffinement de l’écriture et tendance au dépouillement, influence de la musique savante classique (contrepoint, fugue), swing peu affirmé. Apparu vers la fin des années 50. Fondé sur d’autres gammes que majeures et mineures : modes anciens (ex : éolien), mais aussi indiens, africains, arabes et espagnoles. Progressions d’accords remplacées par de longues séquences harmoniques fondées sur un ou deux accords utilisant un même mode et répétés à l’infini. Jerry Roll MORTON : Georgia Swing (1928) Duke ELLINGTON : It don’t mean a thing (1932) Benny GOODMAN : Swingtime in the rockies Memphis SLIM : Boogie for all my friends (1983-89) Lionel HAMPTON : Hamp’s boogie-woogie (1944) Ray CHARLES : I got a woman (1955) Fats DOMINO : Ain’t it a shame (1955) James BROWN : Papa’s got a brand new bag (1965) Aretha FRANKLIN : Respect (1967) Dizzy GILLESPIE (trompette) : Night in Tunisia (1946) Charlie PARKER (saxo) : Billie’s Bounce (1945) Thelonious MONK (piano) : Evidence (1948) Max ROACH : batteur Sonny ROLLINS : Oleo Bobby TIMMONS : Moanin Horace SILVER : Opus de Funk Charles MINGUS : Pithecanthropus Erectus John COLTRANE : Blue Train (1957) Stan GETZ : Early Autumn (1948) Miles DAVIS : Boplicity (1949) Paul DESMOND : You go to my head (1952) Chet BAKER : My funny Valentine (1952) Miles DAVIS : So what (1959), In a silent day (1969) John COLTRANE : My favourite things (1960) Herbie HANCOCK : Maiden Voyage (1965) Bill EVANS : Peace Piece (1958) Chick COREA : Spanish sketch (1993) Musiques populaires - Tableau des principaux courants du Jazz - 2/3 COURANTS THIRD STREAM MUSIC FREE JAZZ LATIN JAZZ JAZZ-ROCK-FUSION CARACTERISTIQUES EXEMPLES Essai de synthèse entre le jazz et la musique classique ou contemporaine par des musiciens imprégnés de musique savante (Gunther SCHULLER, John LEWIS). Ce troisième courant est marqué par l’intégration au jazz des formes de la tradition classique (fugue, concerto grosso, etc.) et par l’utilisation de l’atonalité et du dodécaphonisme. Fait appel à des formules orchestrales peu utilisées dans le jazz (quatuor à cordes), tout en maintenant les éléments de base du jazz (rythme, improvisation). Années 60 : montée en puissance des revendications de la communauté noire. Expression appliquée à l’avant-garde du jazz : mouvement libertaire. Rejet du thème et de sa grille harmonique, abandon du concept de swing, refus de tout académisme et des contraintes de temps, expression de la révolte, et relation nouvelle de l’auditeur à la musique. Expression générique qui s’applique à un genre de fusion dans lequel les éléments de la musique d’Amérique latine jouent un rôle prépondérant. Elle recouvre aussi bien musiques afro-cubaine, brésilienne, salsa des Caraïbes, etc. Utilisation de percussions (congas, bongos, timbales, maracas, claves…) en complément ou en concurrence de la batterie. Emprunt aux rythmes de danse (habanera, rumba, mambo, samba, bossa nova, calypso…). Musique à fondement métrique binaire. Terme apparu à la fin des années 60. Traduit l’influence de la musique rock sur certains jazzmen. Mouvement hétérogène, tout autant européen qu’américain. Instruments électroniques amplifiés (piano Fender Rhodes, synthétiseurs), rythmes rock ou funk (surtout binaires). Harmonies empruntées au jazz moderne dans l’improvisation et l’accompagnement. Influence du rhythm and blues pour certaines formations, et émancipation de la section rythmique. Modern Jazz Quartet and Orchestra (1960) Jimmy GIUFFRE : Free Fall (1962) John LEWIS : Blues on Bach (1974), Toccata for Trumpet and Orchestra (1947) André HODEIR : Anna Livia Plurabelle (1966) Don ELLIS : Passacaglia and Fugue (1966) Ornette COLEMAN : Free Jazz (1960) Eric DOLPHY : Out to lunch (1964) Albert AYLER : Spiritual Unity (1964) Sun RA : Other planes of there (1964) Stan KENTON : Cuban Episode (1950) George SHEARING : Latin Escapade (1956) Stan GETZ/ A.C. JOBIM : Desifinado (1962) Stan GETZ/Charlie BYRD : Jazz Samba (1962) Jerry GONZALEZ : Rumba para Monk (1988) John McLAUGHLIN : My goal’s beyond (1970) Herbie HANCOCK et les Headhunters : Watermelon Man (1973) Weather Report et Joe ZAWINUL : Black Market (1975) Frank ZAPPA, Pat METHENY Musiques populaires - Tableau des principaux courants du Jazz - 3/3