XXVI Dimanche du Temps Ordinaire (C) - Saint

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XXVI Dimanche du Temps Ordinaire (C) - Saint
XXVIèmeDimancheduTempsOrdinaire(C)
Hicetnunc…
PèreOlivierPLICHON,RecteurdelaparoisseSaint-LouisdesFrançaisdeLisbonne
LaparaboledeLazareetduriche
CodexAureusd'Echternach(CodexaureusEpternacencis)
Évangéliaired'Echternach–Folio78recto
Enluminuresurparchemin-Dimensions:30,9cmsur22,4cm,1035-1040
MuséeNationalGermanique,Nuremberg(Allemagne)
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ÉvangiledeJésus-ChristselonSaintLuc(16,19-31)
En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin,
qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui
était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les
chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès
d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ;
levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : “Père Abraham, prends
pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car
je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu
le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la
consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et
nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on
ne traverse pas vers nous.” Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la
maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi
ne viennent dans ce lieu de torture !” Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les
écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se
convertiront.” Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien
ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »
Commentaire
L’œuvre
Àl’âge de 27 ans, Egbert est nommé archevêque de Trèves et ainsi primat de la Germanie et des
Gaules. Il le restera jusqu’à sa mort en 993, à l’âge de 43 ans. Résidant dans l’ancienne capitale
impériale de Constantin et de sa mère, Sainte Hélène, il continue à jouir de nombreux contacts.
MétropolitaindesévêchésdeMetz,TouletVerdun,ilestaussiouvertauxrelationsavecl’Ouest,par
exemple,avecl’archevêquedeReims,soncousin.L’écolâtredeReimsestlecélèbreGerbertd’Aurillac,
le futur pape Sylvestre II. Nous possédons de lui des lettres adressées à Egbert qui manifestent la
célébritédesonatelier,d’oùsortirontdenombreuxchefsd’œuvres.
L’Évangéliaired’Egberts'inscritàl’intérieurd’uncourantimportantdel'histoiredel’art(936-1024),à
uneépoqued’échangesintensesentreRomeetByzance.Ilrassemblelesextraitsdesévangilesutilisés
toutaulongdel’annéeliturgiqueetillustrésd’œuvresd’art.Labeautédesonécritureetdesesimages
reflètelerespectetl’amourportésàlaParoledeDieu.L'Évangéliaires’ouvreparunsouhait:«Quece
livretesoitunesourcedejoie,dèsicibas! ». Les Évangiles sont reçus comme garant d’une vie réussie
surterreetdansleciel.Lagloiredel’Évangéliaired’Egbert,cesontses51enluminuresquiprésentent
un parcours des Évangiles, depuis l’Annonciation jusqu’à la Pentecôte. Leur simplicité et leur
profondeurnousouvrentl’espritetlecœur.
Cequejevois
L’enluminureestdécoupéeentroisregistreségauxquiracontentendétailletexteévangélique.
Registreduhaut:
L’hommerichepartageunsomptueuxrepasavecsesamisousafamille,serviparcethommeenbleu.
Àlaportedelademeure,Lazare,nu,estcouvertdepustules.Deuxchiensluilèchentlesplaies.
Registrecentral
Àgauche,l’âmedeLazareestemmenéeaucielpardeuxanges.Àdroite,séparéparunarbredevie,
sonâmeestrecueilliedansleseind’Abrahamquisiègesurl’arcd’alliance,entourédesâmesdesaints.
Registredubas:
À gauche, l’âme du riche est emmenée par deux diables noirs devant le regard attristé de sa famille.
L’arbredeviedelascènecentraledevientunpassagedemortaveccegrosdiable,auxcheveuxbleus,
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quiemportesursondosladépouilleduriche.Àdroite,danslafournaisedel’enfer,lericheessayede
s’adresseràLazare,vainement.
LeDiable?
Uneannéequidémarreavecunpeuderetard,unenouvellefaçade,uneéglisepropre(merciàtoutes
les petites mains!) et un texte d’évangile un peu dur. Prenons-le comme un signe, un appel du
Seigneurpournotreannéeàvenir.Sionlitcetteparaboleaupieddelalettre,onpourraitsedireque
cela ne concerne que notre avenir, éviter de se trouver dans la situation de ce riche qui n’a pas su
distribuersesbiensaumoment.Oui,çanousconcerne,biensûr…Maisnousnesommespassiriches
que ça, et nous ne faisons pas de festins somptueux chaque jour! Et puis nous partageons! Un petit
rappel,toutauplus.Maisneserait-cepasunesorted’autojustificationdenotrelassitude,oudenotre
acédie,voiredenotrefainéantisespirituelle?
Maissionyregardedeplusprès,ilyadequois’inquiéter…Eneffet,l’Évangileparlebiend’unenfer,
d’unséjourdesmortsdontonnerevientpas,d’unabîmequinousséparedelagloiredeDieu.Ilest
vraiquedeparlerdel’enfern’estplustrèsàlamode,etnetientplusunetrèsgrandeplace(pourne
pasdireaucune)dansnotreprogrammedecatéchèse.Ilestvraiaussiquedansl’histoiredel’Égliseon
a souvent voulu faire peur aux hommes en leur parlant de ce royaume des ténèbres, plus que de la
grâce, de l’amour et de la miséricorde. Mais n’aurait-on pas jeté le bébé avec l’eau du bain?
N’oublierait-onpasunpeutroplemal,lepéché,voireleDiablesouscouvertd’amourunpeufleuri?
BAUDELAIRE le disait: «LaplusgrandeforceduDiableestdenousfairecroirequ’iln’existepas!» Vous
pourriezmedire,pasdediabledanscetexte.Iln’estnommésousaucundesesvocables.Enêtes-vous
si sûr? «Ungrandabîme», une grande division a été établie. Celui qui divise c’est le dia-bolos, le
contrairedeceluiquinousunit:lesyn-bolos,lesymbole,celuidenotrefoi.
Lesymbole
Cequinousunit?«Voyezcommeilss’aiment»(ousèment!)disentlesActesdesApôtres.L’amourles
uns pour les autres, la patience, la bonté, la miséricorde. Bonté pour ce pauvre Lazare qui ne fut
réconfortédesonvivantqueparlalanguedeschiens.Etcettebonténevientpasdenotrecœursec,
maisduCœurduChrist,celuiauquelnousnousabreuvonsàchaquemesse,àchaquetempsdeprière.
Ce qui nous unit? La communion des saints. Une communion sympathique, c’est-à-dire que nous
acceptons de souffrir les uns pour les autres (syn-pathos). Le riche n’a eu aucune sympathie pour
Lazare, il n’a pas su souffrir avec lui. Il l’aurait alors consolé et aurait ainsi diminué son temps de
souffrance.C’estl’équilibredelacommuniondessaintsquiauraitagipourtousdeux.
LaParole
Maisilestuneautrecléessentielleàentendre,ladernièrephrasedecetÉvangile:«S’ilsn’écoutentpas
MoïsenilesProphètes,quelqu’unpourrabienressusciterd’entrelesmorts:ilsneserontpasconvaincus.»
J’enretiensdeuxmots:écouter,convaincu.
Écouter
Sinotrecommunautén’écoutepaslaParoledeDieu,siellen’écoutepasaucœurduChrist,alors,tout
estvain.Nousdevonscetteannéenousenracinerdanslaprière.Toutestàportéedemain…Ettout
vous est proposé et donné! Chaque jour, vous pouvez assister à la messe. Chaque semaine vous
pouvezveniradorerleChrist.Régulièrement,vouspourrezécoutersaParoledemiséricordedansle
sacrementdeRéconciliation.Toutnousestdonné:unesuperbeégliseouvertesurlemondegrâceau
futur sas d’entrée en verre! Chaque mardi, vous pourrez venir lire en continu la Bible pendant 45
minutes. Chaque mois, vous pourrez vous cultiver, ou avec les séances de caté en commun du
dimanchematin,ouaveclesrencontres«Art,BibleetFoi»dusamediaprès-midi.Toutcelavousest
donné,toutvousestproposédanslecalendrierdusite.Maissoyonssûrsd’unechose,inutiledeporter
le nom de chrétiens si nous ne prions pas avec cœur, si nous ne célébrons pas avec ferveur! «S’ils
n’écoutentpasMoïsenilesProphètes,quelqu’unpourrabienressusciterd’entrelesmorts:ilsneseront
pasconvaincus.»
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Convaincus
Lemotestintéressant:Convaincre,c’estvaincreavecdesarguments,avecdétermination,avecforce.
Sommes-nousconvaincusdenotrefoi?Sommes-nousdéterminésàmettreleChristaucentredenos
vies?Telleestlaquestion…Jevousl’aisouventdit,(etjemedisaussiàmoi-même,rassurez-vous!)
notrefoinedoitpasêtreunsimplevernissurnosviesquelamoindreéraflureferaitsauter!Notrefoi
estplusquel’eaudubaptêmequel’onnousaadministré;cetteeaupeutcoulersurnouscommesur
les ailes d’un canard sans pénétrer au plus profond. Notre foi est celle de l’onction du Saint-Chrême
que nous avons reçu au baptême, et j’espère à la confirmation. Cette huile sainte qui pénètre notre
épiderme jusqu’aux tréfonds de notre être. Cette huile qui fait de nous des oints, des Christs! Nous
sommesl’égalduChrist!Ensommes-nousconvaincus?Etcetteconviction,saurons-nouslapartager
avec ceux qui nous entourent? Au nom de cette conviction évangélique, serons-nous attentifs au
Lazarequiestaubordduchemin,quellequesoitsapauvretéetsasouffrance?Etparticiperons-nous
cetteannéeàlaviedenotreparoisse,denotrecommunautéavecconviction?Saurons-nousprofiter
detoutcequinousestoffert?Jel’espère!
HicetNunc
Ladernièreleçondecetévangileestqu’ilnefautpasattendre,ilnefautpasreporternotreécouteetle
choixdenosconvictions.C’esticietmaintenant,HicetNunc,quenousdevonslefaire.Danslafoi,on
nereculepaspourmieuxsauter.Onsautepouravancer.Danslafoionnereportepasaulendemaince
quel’onpeutfaireaujourd’hui.Enfait,céderàlapeur,aurecul,àlafainéantise,au«bof»del’acédie,
neseraitquecéderauDiable,reculerpourtomberdansl’abîmedontnousparlél’Évangile.
J’aivuleDiable…
«J’aivulediablecommejevousvois,depuismonenfance.Lesmoralistesnecomprennentrienàrien.Ils
voient le péché se superposer à la notion morale. C’est une erreur. Le péché ne s’ajoute pas. Il envahit,
absorbeetcorrompttout…Lareligionaperdusonâme.Elles’estcodifiée.Laplupartdescatholiquesne
considèrentlesÉvangilesquecommeuneespècedecodemoral…Etpourtant!Ilsn’entendentninevoient
rien. Nous sommes environnés de surnaturel. Nous y baignons… Les plus clairvoyants reconnaissent
l’existence d’une nappe souterraine qu’on rencontrerait, en d’exceptionnelles circonstances… Or, on la
rencontretoujours,toujours!J’ensuissûr.»déclaraitGeorges BERNANOSen1929.Alors,plongeonsdans
cettenappesouterraine,auxtréfondsdenous-même.Ayonspeurderesteraubord,denepasfranchir
l’abîme. De fait, nous n’avons qu’une peur dans la foi, une seule peur dans notre vie de chrétien:
arrivertroptard,nepasvoirlesurnaturelicietmaintenant!
Chantscout
JevouslaissesurcechantscoutduPèreJacquesSEVIN,écriten1929:
1- Ohé les scouts, l'orage gronde : d'aller camper, n'avez-vous peur ? (bis)
Nous n'avons qu'une peur au monde c'est d'offenser Notre Seigneur (bis)
2- Mais c'est en vous que monte et gronde la sourde voix du tentateur ! (bis)
Nous n'écoutons de voix au monde que la voix de Notre Seigneur. (bis)
3- De quolibets on vous inonde, on veut s'en prendre à votre honneur. (bis)
Nous n'avons qu'un honneur au monde, c'est l'honneur de Notre-Seigneur. (bis)
4- Mais pour sauver encor le monde, si Dieu réclame votre cœur ? (bis)
Nous n'avons qu'un amour au monde, c'est l'amour de Notre-Seigneur. (bis)
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