Graffiti Général plonge au cœur du paradis du graff
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Graffiti Général plonge au cœur du paradis du graff
SEINE-SAINT-DENIS n C’EST LES VACANCES Courts-métrages pour tout-petits Les Lilas. Le cinéma du Garde-Chasse ouvre ses portes aux plus petits. le dessin animé « Coucou nous voilà » raconte huit nouvelles histoires autour de Nounourse et de ses amis. Chacune aborde un thème autour de la vie réelle. Qui saigne ? Qui s’est perdu ? Qui est en colère ? Qui décide ? A qui est le pantalon ? Ils s’amusent, jouent, se bagarrent et se réconcilient les uns avec les autres. Demain à 10 h 30 et jeudi à 16 h 30 au cinéma du GardeChasse, 181 bis, rue de Paris aux Lilas. Tarif : 3,50-6 €. Dès 3 ans. Renseignements au 01.43.60.41.89 n Le Parisien Mardi 28 octobre 2014 PANTIN Graffiti Général plonge au cœur du paradis du graff SI VOUS N’AVEZ PAS EU la chance de gravir les étages couverts de fresques et de tags des magasins généraux de Pantin (oui, gravir, tant le paquebot est gigantesque), vous pouvez vous rattraper en plongeant dans «Graffiti général». Ce livre de Karim Boukercha, lui- même ancien graffeur, sort aujourd’hui aux éditions Carré, en partenariat avec BETC, l’agence internationale de publicité qui s’installera en 2016 dans une partie des bâtiments. L’ouvrage grand format s’ouvre par une soixantaine de photos tou- tes publiées en double page. Effet garanti. Le lecteur pénètre dans un vaisseau fantôme fait de béton, cerné de bastingages et redécoré à partir de 2006 par des artistes de rue. Amarrés à Pantin depuis 1931, vides depuis plus d’une décennie, les anciens entrepôts de stockage de la n Sur un air de Mississippi Villetaneuse. « Nola Black Soul » est un spectacle musical pour les enfants et leurs parents qui vous amène sur le sinueux chemin de la mémoire de Victor Bienaimé, dans le delta du Mississippi. Il lui faudra affronter ses peurs, ses doutes pour retrouver peu à peu sa mémoire… et son visage. C’est l’histoire d’un envoûtement, d’un musicien qui, pour avoir oublié la puissance de son âme noire, se retrouve victime d’un sort vaudou. Demain à 18 heures, 1, place de l’Hôtel-de-Ville à Villetaneuse. Gratuit sur réservation au 01.49.40.76.04 n Les bambins bienvenus dans les bibliothèques Montreuil. Il ne vous reste que deux jours pour venir découvrir les animations des bibliothèques de Montreuil autour du thème de la couleur dans le cadre d’« Extravacanze ». Aujourd’hui à 15 heures, projection du film « Du blanc au noir et blanc » à partir de 5 ans à Robert-Desnos et atelier de peinture dès 3 ans à Paul-Eluard. Demain à 15 heures, lecture autour de l’expo de Claire Dé « Petit laboratoire du Blanc » à Desnos, projection et atelier à la bibliothèque Fabien et atelier de création de roses dès 3 ans à la bibliothèque Renoult. n chambre de commerce de Paris, qu’on appelle aussi bâtiment des Douanes, sont devenus un spot francilien réputé pour les artistes de rue. Les premiers tags sont apparus à Paris en 1983 Cette visite photographique de Pantin est aussi prétexte à dresser l’histoire du graffiti à Paris. Les premiers tags sont apparus dans la capitale en 1983. Les quais de Seine et sa multitude de murs à l’époque attirent les pionniers dont Bando, connu pour être « le premier graffeurfrançais », selon Karim Boukercha. Les lettres stylisées colorées à la bombe habillent les abords des grands chantiers des années 1980, du centre de Paris (Beaubourg, le Louvre) jusqu’à l’est de la capitale (Bastille, Belleville, la Villette, la Petite ceinture, Stalingrad) et sa banlieue. Les clichés réalisés à l’époque réveilleront quelques souvenirs à ceux qui étaient adolescents. Pour les autres, il s’agira de belles découvertes. Quant aux magasins généraux, ils sont aujourd’hui en pleins travaux de réhabilitation, menés par le promoteur Nexity. Début 2016, en principe, pas moins de 700 salariés de BETC devraient prendre leurs quartiers. Le projet prévoit aussi 320 logements autour des anciens entrepôts. Leçon de cinéma autour de Miyazaki Le Bourget. Immergez-vous dans l’univers de Hayao Miyazaki, célèbre réalisateur de films d’animations japonais, au cinéma André-Malraux. Mathieu Macheret, rédacteur à Critikat, vous fera découvrir et mieux comprendre le travail du maître du manga, auteur du « Voyage de Chihiro », de « Ponyo sur la falaise » ou de « Mon voisin Totoro ». Entrée libre ce soir à 18 heures au cinéma André-Malraux, 10, avenue Francis-de-Pressensé au Bourget. Renseignements 01.48.38.50.14. (DR.) IV Pantin, septembre 2013. Avant d’accueillir les 700 salariés de l’agence internationale de publicité BETC, le bâtiment des Douanes aura été l’un des temples de la culture urbaine. Un livre (en médaillon), qui sort aujourd’hui, célèbre l’édifice. (LP/Claire Guédon CLAIRE GUÉDON et Sébastien Thomas.) « Graffiti général », de Karim Boukercha, avec les photos de Yves Marchand et Romain Meffre, 224 pages, Editions Carré, 49 €. Parution aujourd’hui. www.leparisien.fr, rubrique photos > DIAPORAMA Dernière visite en 2013 « Quand on est entrés, les murs étaient vierges » Lek, 42 ans, graffeur IL FUT L’UN DES PREMIERS, avec son ami Horfee, à graffer les murs des magasins généraux à Pantin. « Le site de Pantin était très connu des graffeurs, raconte Lek, 42 ans et presque autant de graff. Dès les années 1980, des grands noms du graff ont investi les berges du canal et les murs du dépôt de la RATP, visibles depuis la ligne 5. Mais le bâtiment des Douanes restait un bâtiment à part. Il était sans cesse gardé par des vigiles. Personne n’osait trop s’en approcher. » Ce n’est qu’en 2006 que cet artiste, qui a fait ses armes sur le terrain mythique de la Chapelle-Stalingrad, où la culture urbaine a émergé, y pénètre enfin. « Il n’y avait plus de gardien. Avec Horfee, on a décidé d’y entrer. On a visité le bâtiment de fond en comble. Depuis le toit, on avait un panorama superbe… Les murs étaient vierges. « Ce vaisseau spatial était mon lieu préféré » Itvan Kebadian, 29 ans, graffeur On a pris des photos des lieux, vides ; ce sont celles qui sont dans le livre. Et on a commencé à se demander comment on pouvait exploiter ce site magnifique. » Pour Lek, qui joue depuis des années avec un motif de flèches, le lieu est fascinant. « Il y avait beaucoup de petites pièces mais, pour moi, ce n’était pas un problème. Au contraire. J’allais pouvoir m’amuser à faire courir mes flèches sur le mur, au plafond, au sol… Il y avait aussi beaucoup de carreaux vitrés et j’adore ça. Cela donne un côté cathédrale à cet édifice où la lumière circule des quatre côtés. » Au total, entre 2006 et 2010, Lek y a peint « entre 20 et 30 œuvres ». La plupart ont aujourd’hui disparu. « Je le regrette parfois. Mais c’est le principe de notre art que d’être éphémère. » NATHALIE PERRIER DES ANECDOTES, Itvan Kebadian, artiste de 29 ans, en a quelques-unes lorsqu’il évoque les magasins généraux, à Pantin. « Une fois, j’ai fini enfermé dans une partie du bâtiment. Pendant que je dessinais, l’accès avait été condamné avec une plaque rivetée, pour empêcher les intrusions. Mais moi, j’étais dans les étages. J’ai réussi à redescendre en attachant un tuyau d’arrosage à l’une des balustrades ! » Itvan Kebadian, qui a été formé aux Beaux-Arts et qui expose dans une galerie à Paris, mène une deuxième vie underground et peuplée de scarabées. Ses insectes courent sur les murs décrépits et s’échappent à l’extérieur des bâtiments abandonnés que le jeune homme découvre, au gré de ses recherches. La rencontre avec les magasins généraux s’est faite il y a sept ans, par l’intermédiaire de graffeurs dont Lek, l’un des pionniers de Pantin (lire cicontre). « Avec ses passerelles en métal, ce vaisseau spatial était mon lieu préféré en Ile-de-France. C’est à la croisée de Paris et de sa banlieue, une zone limitrophe entre deux mondes qui fédérait tous ceux qui maniaient la bombe. » L’artiste a réalisé dans les magasins généraux une centaine de scarabées dont beaucoup ont, depuis, disparu. « Je dessine des insectes qui finissent par se battre, un peu comme dans le milieu du graff, où des bandes s’affrontent. » Itvan Kebadian estime d’ailleurs ne pas faire partie de l’univers du graffiti. « Entre graffeurs, c’est parfois la guerre des boutons. C’est même un sport, avec ses codes. Mais moi, je ne signe pas mes insectes. Je ne cherche pas à être visible. Je préfère les endroits qui n’appartiennent à personne et être le premier à y entrer », confie-t-il. C.G.