Des images d`OVNI qui défient notre perception

Le Courrier
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Des images d'OVNI qui défient notre perception
ISABELLE STUCKI, Date: Jeudi, 02 novembre @ 00:00:00
Sujet Culture
BIENNE - En consacrant une riche thématique aux images d'OVNI, le PhotoforumPasquart
titille nos a priori ainsi que le statut de la photographie.
Des objets volants non identifiés sillonnent-ils nos cieux? Ou ces apparitions insolites font-elles partie de
nos projections quant à un ailleurs possible? Tout en abordant ces questions, l'exposition UFO/les images
d'un phénomène invisible, qui a récemment envahi le Photoforum Pasquart de Bienne, confronte des
documents à des images d'artistes. Histoire de semer le doute sur le statut de la représentation
photographique. «Si les photographies d'OVNI sont si précieuses, c'est qu'elles sont les seules «preuves»
visibles d'un phénomène invisible. Convenez que la thématique est ambiguë», relève d'entrée Rudolf
Steiner, curateur avec Beat Gugger de cette exposition initiée par le photographe Heini Stucki. Dans une
première salle, on découvre la collection d'images de l'ufologue Lou Zinsstag. A côté, des documents
émanant des archives Ringier ou encore de la Fondation suisse pour la photographie de Winterthur.
Enigmatiques
«Les premières observations de machines volantes, souvent en forme de soucoupes, ont été effectuées
aux Etats-Unis en 1947. Avec l'arrivée de la guerre froide, on a scruté le ciel et les photos d'OVNI en ont
plu comme des météorites», sourit Rudolf Steiner. Tout en faisant remarquer que ces images
stupéfiantes classées dans le genre documentaire recèlent de grandes qualités esthétiques: «Floues,
tremblées, elles sont plastiquement fort gracieuses et poétiques.»
Seuls quelques cas, comme celui des clichés pris par le fameux Nagora, restent totalement énigmatiques,
la majeure partie des phénomènes observés ayant trouvé une explication rationnelle: «Les témoins
avaient repéré des ballons-sondes, des satellites, etc. Quand ils n'ont pas inventé une histoire de toutes
pièces», relève Rudolf Steiner en dévoilant «le cas Monguzzi». Ou l'histoire de cet ingénieur qui
prétendait avoir rencontré des extraterrestres sur le glacier de la Bernina... alors que tout avait été
construit et photographié dans son jardin.
«A notre sens, la mystification de Monguzzi relève du geste artistique: il y a invention et réalisation»,
complète le curateur qui a invité Helmut Dick à mettre en scène une fausse apparition extraterrestre aux
alentours de Bienne: les traces de cette performance relayée par la presse locale sont à découvrir au
sein d'une belle palette de travaux contemporains. Qui tous, sur un ton amusé ou amusant, interrogent
notre perception et notre interprétation de la réalité.
L'ère de la manipulation
Vol d'oiseaux groupés surpris par Michael Engler. Etrange lumière d'un poste de télévision sous tension
happée par Hannes Rickli... Toute image se mue en étrange apparition dès lors qu'on ne peut la
décoder: «Nous y voyons ce que nous voulons y voir, selon le contexte», indique Rudolf Steiner. «Et
aujourd'hui, la photo d'OVNI ne peut plus servir d'argument. La photographie a longtemps prétendu
décrire la réalité, mais elle ne le peut plus. Car à l'ère digitale, qui dit numérique dit manipulation.»
L'expo rebondit alors sur les plus oniriques inversions: Gabor Kerekes propose des images satellites
retravaillées montrant le site de Roswell, au Nouveau-Mexique, où l'on observa des OVNI en 1947 –
célèbre incident ufologique dissimulé pendant 30 ans. Tandis que Heini Stucki s'en remet à Jung et à
Tschuang Tse, un sage qui rêva d'être un papillon et se demanda ensuite s'il n'était pas un papillon qui
avait rêvé être Tschuang Tse... Comme en grec psyché signifie à la fois âme et papillon, l'artiste
propose: l'OVNI le plus fascinant, c'est le générateur de nos rêves. Soit notre âme... I
Ve 3 novembre, Film Podium, 20h30: Plan 9 from Outerspace de Ed Wood. Expo UFO/les images d'un
phénomène invisible, jusqu'au 26 novembre. PhotoforumPasquart, Faubourg du Lac 71-75, Bienne.
Rens: tél: 032 322 44 82, www.pasquart.ch
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