Fiche ACC pdf - Association des Cinémas du Centre

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Fiche ACC pdf - Association des Cinémas du Centre
Ellie Andrews (Claudette Colbert), jeune fille gâtée
dont le père milliardaire refuse qu’elle épouse
l’homme de ses rêves, échappe à son emprise en se
sauvant pour aller rejoindre le play-boy aviateur avec
qui elle s’est secrètement fiancée. Peter Warne (Clark
Gable), journaliste insolent, est congédié du journal
qui l’emploie. Ces deux personnes que tout sépare se
rencontrent dans un autocar reliant Miami à New
York. D’abord attiré par le scoop et éventuellement la récompense qu’il pourrait
obtenir (le père de la jeune fille ayant lancé des détectives à ses trousses), Peter
Warne ne quitte plus d’une semelle sa nouvelle compagne de voyage qui vient en
plus de se faire voler tout l’argent qu’elle transportait
sur elle. Après maintes péripéties, ils finissent par
s’éprendre l’un de l’autre…Considérée comme la
première ‘screwball comedy’, New York-Miami
marque une autre date dans l’histoire de la comédie
américaine puisque, depuis l’arrivée du parlant, le
genre était dans l’ensemble représenté par des films
assez guindés, statiques, confinés en studio dans des
décors souvent luxueux et à l’interprétation que le
naturel n’étouffait pas. Capra aère le genre en
l’emmenant à l’extérieur et propose pour la première fois des personnages avec
lesquels le spectateur peut facilement s’identifier car se comportant avec une
spontanéité nouvelle, les pantins gesticulants de la plupart des comédies se
métamorphosant ici en hommes et femmes comme nous autres. Lors de la première
aux Etats-Unis, le film fut reçu avec une extrême froideur par la critique mais
personne ne s’attendait au triomphe qui arriva comme une traînée de poudre grâce à
un bouche à oreille plus que flatteur de la part du public. Les spectateurs américains
firent en très peu de temps de New York-Miami l’un des plus gros succès de 1935. Et
l’étonnement fut à son apogée lorsque, à la cérémonie des oscars, il remporta les
cinq récompenses les plus prestigieuses : meilleur réalisateur, meilleur scénario, un
prix d’interprétation pour les deux acteurs principaux et, récompense suprême, le
film de l’année. 75 ans après, le constat est simple : les
récompenses étaient toutes amplement méritées. Cette
comédie, l’une des plus légères de Frank Capra, est parfaite
de bout en bout et parfaitement rythmée. Il s’agit d’une sorte
de prototype de la comédie américaine des années 30 et 40
dans laquelle un homme et une femme s’opposent pendant la
majeure partie du film avant de tomber dans les bras l’un de
l’autre. Rien de bien original donc : d’un côté le journaliste
culotté, insolent et sûr de lui, de l’autre l’enfant gâtée,
ignorante des réalités de la vie ; pour faire plus simple, le dur
à cuire et la frivole. Mais là où Capra transcende cette comédie de prime abord
banale, c’est en empruntant aux films d’aventure leur rythme haletant et l’aération de
l’intrigue : poursuites, fausses identités, atmosphères nocturnes, virée d’un couple en
fuite… Capra ne se contente pas de filmer platement les situations farfelues de son
film ; sa mise en scène est au contraire très travaillée, belle et vigoureuse. Le
montage impeccable ne laisse pas de place au superflu et la photographie est très
léchée. Il faut également saluer le travail de
Robert Riskin puisqu’il nous offre de
multiples scènes d’anthologie grâce à un
comique de situation qui n’a pas vieilli d’un
poil, une intrigue d’une grande richesse et des
dialogues d’une grande drôlerie, emplis de
répliques qui font mouche. Une intrigue riche
en rebondissements et pas si simpliste qu’elle
en a l’air de prime abord, s’amusant dans un
premier temps à contourner la censure par des
sous-entendus et de délicieuses idées de mise
en scène. L’analyse des rapports humains est
d’une grande justesse et ne sombre jamais dans la mièvrerie. Les deux personnages
principaux luttent moins pour se dominer l’un l’autre (comme dans la plupart des
films du genre à partir des années 40, avec la bataille des sexes) que pour se prouver
qu’ils sont capables de se débrouiller sans l’aide de l’autre face aux difficultés de la
vie quotidienne. Au passage, le puritanisme américain en prend un coup, la
milliardaire découvrant les joies d’une vie simple au contact d’un journaliste frustre
et grâce à un voyage au cours duquel elle côtoie les ‘américains moyens’. Venons-en
à l’interprétation qui repose sur les épaules des deux acteurs principaux. Clark Gable
révèle un tempérament comique totalement inattendu et Claudette Colbert est à
croquer avec son chapeau, sa nuisette et son petit nez retroussé. La vitalité, la
justesse de ton et le brio qui firent le succès du film ne doivent pas faire oublier
l’émotion qui point dans la dernière partie et qui rend le film encore plus profond et
précieux. 100 minutes de pur bonheur, un sommet de la comédie américaine.
Erick Maurel, www.tvclassik.com
Fiche technique
Réalisation : Frank Capra – Etats-Unis -1934 - Durée : 1h42 – Visa : 14980
D’après le roman Night Bus de Samuel Hopkins Adams
5 oscars : meilleur film, acteur, actrice, mise en scène et scénario
Fiche artistique
Clark Gable : Peter Warne – Claudette Colbert : Ellie Andrews – Walter Connolly :
Alexander Andrews - Roscoe Karns : Oscar Shapeley
>>> Synopsis
Ellie fuit son père millionnaire et décide de rallier New York. Durant son voyage, elle
rencontre Pete, un journaliste, qui comprend très vite qui elle est, son père ayant promis une
récompense à qui la lui ramènerait.
>>> Fils de paysan italien, Frank Capra immigre aux Etats-Unis
à l’âge de six ans. Après des études de chimie et son service militaire,
il s'exile en Californie où il travaille comme assistant-monteur,
accessoiriste et gagman.
En 1928, il signe un contrat d'exclusivité avec les studios Columbia
qui lui donne "carte blanche". Cette collaboration engendrera 25 films
qui permirent au petit studio de rivaliser avec les plus grands. Il est
l'une des figures marquantes de la comédie hollywoodienne des
années 1930-1950, réalisant des films sur des scénarios de Robert
Riskin et dans un registre souvent moralisateur.
1941 marque son engagement politique avec L'Homme de la rue et surtout avec une dizaine
de films de propagande dont le plus célèbre reste Pourquoi nous combattons où il manie
habilement le montage d'images de guerre
Ses films les plus célèbres sortent après guerre : Arsenic et vielle dentelle(1944), La vie est
belle (1947), et Si l'on mariait papa (1951) sont des classiques du cinéma américain.
Il réalise quelques spots publicitaires à vocation éducative et fait son retour au cinéma au
début des années 60 avec Un trou dans la tête et Milliardaire pour un jour sans connaître,
toutefois, le succès.
Son oeuvre reste marqué par son éternel optimisme et son caractère profondément humain.
Il est un des réalisateurs américains les plus adulés dans le monde.
La Screwball Comedy est un genre cinématographique qui pourrait se traduire par
"comédie loufoque" ou "comédie excentrique". Le terme screwball comedy est apparu dans
le début des années 30 avec New York - Miami mais s’est plus largement répandu grâce au
personnage de Carole Lombard dans My Man Godfrey (1936).
Elle se caractérise par des situations de vaudeville, cocasses et incongrues, et des astuces
inventées par un ou plusieurs des protagonistes ; elle mêle critique sociale, amour, esprit,
finesse, cynisme et émotion, de même que rêve et réalisme. Elles reposent essentiellement
sur l'absurdité des situations (quiproquos, incompréhensions, différences d'appréciation...),
le burlesque, la dérision et des personnages qui réagissent de manière outrancière. Elle avait
pour but premier de faire rire et était destinée à contenir les fantasmes sociaux et sexuels
d’un pays puritain découvrant sa pauvreté.
Réalisateurs de screwball comedy : Capra, Hawks, McCarey, Lubitsch, Cukor, Sturges.
Films plus récents : Certains l'aiment chaud de Billy Wilder (1959), The Party de Blake
Edwards (1968), On s'fait la valise, docteur ? de Peter Bogdanovich (1972), Le Grand Saut
(1994) et O'Brother (2000) des frères Coen.
Vous trouverez des informations sur le film auprès de vos cinémas et
sur le site de l’ACC : www.cinemasducentre.asso.fr
Ciné Culte vous est proposé par l’A.C.C., avec le soutien du Conseil
Régional du Centre et de la D.R.A.C. Centre et avec le concours de
l’A.D.R.C. Répertoire.
100 minutes de pur bonheur,
un sommet de la comédie américaine.
Le 1er film aux 5 oscars.