Le sort des Juifs de Perse

Transcription

Le sort des Juifs de Perse
fêtes
dates
Le sort des
Juifs de Perse
Petit rappel des fondamentaux de Pourim et du livre d’Esther, ou comment le peuple juif a résisté à Aman, Amalek et autres tyrans des temps modernes.
Pourim, qui rappelle les événements relatés
dans la meguillat Esther/Rouleau d’Esther,
est célébré le 14 Adar. Le Chabbat qui
précède Pourim est appelé Chabbat
Zakhor/Chabbat souviens-toi, car on y lit
un passage supplémentaire de la Torah qui
commence par ces mots : zakhor èt achèr
assa lekha Amalek/souviens-toi de ce que
te fit Amalek (Deutéronome 25:17-19).
Dans la Tradition, Amalek est identifié à
Aman qui symbolise l’ennemi implacable
du peuple d’Israël. Sur le fronteau du
Mémorial de la Shoah à Paris se trouvent
ces mots repris par Schnéour Zalman dans
un poème commémorant les victimes de
l’ « Amalek des temps modernes », Hitler.
A travers son atmosphère joyeuse et
carnavalesque, Pourim insiste sur l’un des
thèmes principaux de l’histoire juive, celui
de la survivance du peuple juif malgré les
tentatives d’annihilation fomentées par ses
ennemis. Le nom Pourim vient du mot
pour/sort car le jour prévu pour l’extermination des Juifs avait été tiré au sort par
Aman (Esther 3,7). Il est vrai qu’à plusieurs reprises, notre peuple a vu son sort
réduit à peu de choses. La joie de Pourim
est un peu celle de l’étonnement devant le
miracle de la survie.
Le livre d’Esther raconte l’histoire de deux
Juifs assimilés qui vivaient dans le royaume
de Perse. Ils avaient changé de noms:
Mordehaï vient de Mardouk, principale
divinité perse et Esther d’Astarté ou
Ishtar, c’est-à-dire Vénus. Le fait d’être
assimilé ne valut aucune protection aux
Juifs de l’époque, phénomène qui devait
se répéter par la suite. Une des leçons
de ce livre est donc de montrer que des
Juifs conscients de leur héritage et de leur
identité peuvent mieux servir le monde qui
les entoure et mieux s’opposer aux menées
irrédentistes de leurs adversaires, puisque
la délivrance apparaît dès le moment
où Mardochée et Esther affirment leur
identité. Il insiste sur la nécessité de ne
pas cacher notre identité, de prendre les
mesures nécessaires, y compris politiques,
pour assurer la défense de notre existence
et d’agir avec détermination.
La Meguillat Esther nous rappelle que
Mardochée, parent d’Esther, refusa de
se prosterner devant Aman, le vizir du
roi Assuérus. C’est ce refus qui déplut
à Aman et lui fournit le prétexte pour
essayer de mettre en route le processus
d’extermination du peuple juif. L’accusation d’Aman est devenue le paradigme de
l’antisémitisme: Il est une nation répandue, disséminée parmi les autres nations
dans les provinces du royaume; ces gens
ont des lois qui diffèrent de celles de toute
autre nation; quant aux lois du roi, ils ne
les observent point, il n’est donc pas dans
l’intérêt du roi de les conserver (Esther
3,8). L’action volontaire de Mardochée
et celle courageuse d’Esther permirent de
s’opposer à l’entreprise d’Aman.
Pourim rappelle ainsi les dangers qu’affronte toute minorité. Les sentiments de
haine sont encore, hélas, très répandus.
L’antisémitisme n’a pas disparu et
cependant le peuple juif a survécu. C’est
pourquoi Pourim est une histoire et une
fête joyeuses, et rappelle que l’on peut
triompher du mal absolu.
René Pfertzel, à partir de l’ouvrage de François Garaï, Le monde des mitzvot, Genève,
1998.
➜ Du 25 février au 2 mars : les jeunes sont en
voyage inter-communautés libérales au Pays de Galles.
➜ Vendredi 7 mars à 19h15 : office de Kabbalat
Shabbat animé par les jeunes ; parasha Pekoude.
➜ Vendredi 21 mars à 19h15 : office de Kabbalat
Shabbat animé par René Pfertzel.
➜ Samedi 22 mars à 10h : office de Shabbat
durant laquelle nous lirons la parasha Tsav.
➜ Samedi 22 mars à 18h : fête de pourim, lecture
de la Meguila et lectures de contes.
➜ Samedi 29 mars à 19h45 : le CPJL propose
un concert de musiques traditionnelles juives : chants
judéo-espagnols avec le groupe Presensya et musique
klezmer avec le groupe Zemer Vekinor. Le buffet de
spécialités variées sera ouvert à partir de 19h.
Lieu : salle Espace citoyen, 12 avenue Jean Mermoz
(derrière la Maison de la Danse). Tarifs : 18 euros,
10 euros pour les moins de 18 ans, les étudiants et les
chômeurs. Réservations au 06 78 93 03 39
➜ Dimanche 30 mars à 11h : assemblée
générale. Venez nombreux !
➜ Vendredi 4 avril à 19h15 : office de Kabbalat
Shabbat animé par les jeunes ; parasha Tazria.
➜ Vendredi 11 avril à 19h15 : Nous aurons le
plaisir de célébrer la Bat-Mitzvah de Clara Sarrano,
qui sera accompagnée du rabbin Daniel Farhi.
➜ Samedi 12 avril à 10h : Clara Sarrano animera
l’office du samedi matin. Venez nombreux l’encourager !
➜ Dimanche 20 avril à 18h00 : Seder
communautaire (2e soir Pessah). Réservez votre soirée.
➜ 17 février : Cérémonie Yzkor 1 an depuis le décès
d’Elodie Gartner au Cimetière de Cusset à 11h
➜ lundi 10 mars à 20H : Maison du Bnai brith
7 avenue du Général Leclerc 69007 LYON, la WIZO
reçoit le Père DESBOIS
➜ Mercredi 12 Mars : Inauguration du Centre
Hillel en présence de Shimon Peres horaire à confirmer.
Lettre bimestrielle de l’union juive
libérale de lyon
Ont participé à ce numéro : Danielle Touati, Brigitte Frois,
Daniel Farhi, Stephen Berkowitz, Célia Surget,
René Pfertzel, Frédéric Zeitoun, Richard et Frédéric Guedj.
Courriel rédaction : [email protected]
le site de l’UJLL : http://www.ujl-lyon.com
le blog d’Itoni : http://blog.itoni.org
UJLL  : 14 rue Garibaldi, 69006 Lyon (code porte : 5682)
6
Présidente : Daniela Touati,, Secrétaire : Richard Guedj,
Tél. : 04 72 82 06 83 - Courriel : [email protected]
Prix : 7€ - Abonnement annuel (4 à 5 numéros) : 40€
Lettre bimestrielle de l’union juive libérale de lyon
“mon journal”
#24
février mars 2008
adar I & 2 nisan 5768
edito
Communiquer est un art...
UJLL
5
ans
déjà
sommaire
La “street music”
juive américaine
p. 2
Le cinéma israélien
p. 3
Livres
p. 4
Judéité,
laïcité, citoyenneté
p. 5
Pourim
p. 6
par daniela touati
“Communiquer est un art” me disait
une amie récemment pour s’excuser
d’avoir oublié de me transmettre une
information, alors que nous nous
parlons quotidiennement… Bien
qu’une multitude d’outils soient à
notre disposition (sms, mails, blogs
..etc.), la plupart d’entre eux sont de
plus en plus sophistiqués et destinés parfois à un public
averti, rien n’empêche les erreurs et les maladresses. À
l’UJLL, nous sommes très bien conseillés à cet égard :
notre bulletin bimestriel recueille de bons échos, et
notre site web ujl-lyon.com, lancé il y a à peine un an, a
suscité un grand nombre de visites et de demandes de
renseignements, qui aboutissent la plupart du temps à
de nouvelles adhésions. Chaque article dans Itoni, ou sur
notre site et a fortiori chaque contact avec des personnes
qui s’intéressent à notre Communauté est un moyen de
communiquer sur ce que nous sommes et sur nos valeurs
libérales. Lorsque nous nous retrouvons pour un office,
c’est également un moment fort de “communication” et la
même authenticité anime ces moments. J’invite vivement
nos jeunes amis élèves du Talmud Torah ainsi que
leurs parents à venir profiter de ce lieu, de ce moment
entre parenthèses, qui nous permet tous les 15 jours, de
méditer, de se questionner et de se retrouver dans un
moment de simple convivialité.
En organisant pour la première fois de son existence,
en novembre dernier, son Assemblée Générale en
France au MJLF, la European Region (branche de
la World Union for Progressive Judaism) a également
fait un acte de communication. Nos amis anglais (où
siège la European Region) ont ainsi voulu montrer
l’intérêt croissant qu’ils portent aux pays francophones
et notamment à la France, deuxième pays d’Europe en
nombre de juifs libéraux. C’est également une manière
d’impliquer davantage les pays non anglophones dans les
décisions prises.
Au cours de cette réunion, plusieurs projets ont été
évoqués afin d’aider les communautés à se développer :
➜ Mettre à disposition du matériel pédagogique pour
les enfants des Talmud Torah, en anglais mais aussi en
langue locale,
➜ Donner des cours aux enseignants du Talmud Torah,
➜ Créer un système de parrainage entre une
communauté anglaise (prospère et mature) et une
autre communauté européenne, afin de l’aider dans son
développement,
➜ Soutenir les études rabbiniques d’étudiants de jeunes
communautés en développement,
➜ Diffuser des informations concernant les rabbins
disponibles, prêts à se déplacer en dehors de leur pays
(grandes fêtes),
➜ Encourager les échanges entre jeunes des différentes
communautés, (organisme Netzer existant en Israël et
dans quasi toute l’Europe, sauf en France !) et créer
des groupes nationaux. Dans ce cadre, l’initiative
réussie de Célia Surget d’animer un camp de vacances
intercommunautaires en février, est renouvelée cette
année.
➜ Encourager le développement de la nouvelle Yeshiva
de Berlin Abraham Geiger College.
Enfin une nouvelle qui concerne plus directement
l’UJLL : René Pfertzel, au cours de cette réunion, a
déposé officiellement sa candidature afin d’entamer des
études rabbiniques. Son dossier a été accepté, et dès la
rentrée 2008 il démarre son cursus à Paris. Il est disposé
à accompagner de plus près encore notre Communauté
(offices tous les 15 jours, cours d’initiation, soutien au
Talmud Torah…) et nous sommes ravis de la tournure
des évènements. Cordial Shalom !
www.ujl-lyon.com
CULTURE
op...
Judaïc
hip-h
... ou l’émergence de la “street music” juive américaine
Un peu partout dans les rues de Harlem et de Brooklyn apparaît une variante du jazz, plus rythmée, plus répétitive, et ponctuée de couplets parfois
chantés, parfois parlés : le hip-hop.
U
n peu partout dans les rues de Harlem
et de Brooklyn apparaît une variante
du jazz, plus rythmée, plus répétitive,
et ponctuée de couplets parfois chantés,
parfois parlés : le hip-hop. Le rap vient quelques
années plus tard, et rompt le lien direct avec la
musique noire des années 50. C’est avant tout le
texte qui prime, et le message qui l’accompagne.
Et ce message est clair et incisif, parfois même
violent. Il prône l’égalité (si ce n’est la supériorité)
des “Noirs” par rapport aux Blancs”, et fait référence aux siècles d’esclavage et d’oppression.
Jacques Grober, compositeur-interprète spécialiste
du folklore yiddish ne perçoit pas le message de
cette manière. Il se considère d’ailleurs lui-même
comme un amoureux des arts populaires et de «la
culture des pauvres», et de ce fait, il voit dans le
rap une autre facette du combat qu’il a toujours
mené contre les injustices, contre l’oppression
des minorités les plus faibles. Lors de l’une de
ces représentations, il tient ce qui va devenir un
discours fondateur pour la musique populaire
juive américaine : «On entend à Harlem un chant
nouveau, le rap. Chaque mot, chaque note est
comme un poing qui frappe. Chaque question est
comme un coup de griffe. Peut-être le chanteur
veut-il briser les chaînes d’un ancêtre lointain,
d’un esclave africain ? Peut-être un rap yiddish
pourrait-il lui aussi arracher pour toujours les
barbelés des camps ?».
New York est le coeur de cet heureux mélange, le
paradis d’une mixité sociale toujours cachée, souvent pratiquée avec pudeur, derrière de prétendus
discours communautaristes. Derrière les guerres
de gangs et de communautés, la face non-visible
de ces apparents clivages, c’est l’échange culturel.
Et le rap, le hip-hop ou le reggae en sont les
preuves concrètes.
Matthew Paul Miller naît dans ce contexte là.
Une fois arrivé à Brooklyn, il fait face à cette effusion inévitable de culture populaire, qui enrichit
considérablement son registre musicale. Fan de
Bob Marley et de Phish, qu’il accompagne en
tournée, il devient un inconditionnel du reggae et
de la «roots music». Il se laisse pousser les dread
et teste toutes les drogues possibles et imaginables, et finit par ne vivre que pour et par la
musique hip-hop et roots, dans laquelle il retrouve
une certaine spiritualité, parfois similaire à celle
que lui a véhiculé sa famille.
Après des échecs scolaires répétitifs, , et après
avoir expérimenté différents types d’écoles, des
plus strictes aux plus «hippies», il change radicalement de mode de vie et commence à s’intéresser
au judaïsme orthodoxe en 2001. Il rejoint ensuite
une yeshivah hassidique, et se met à pratiquer le
judaïsme à l’extrême, jusqu’à reprendre le nom
qu’il a reçu pour sa Brith Milah, Matisyahu.
A vrai dire, le chemin qu’il a parcouru sur un
plan purement spirituel n’a rien d’original, car les
yeshivot hassidique, depuis une dizaine d’années, ont largement recruté chez les jeunes juifs
new-yorkais en échec scolaire où à la recherche
d’un quelconque environnement idéologique.
samedi 22 mars 10 h Dimanche 30 mars 11 h sam 1er mar
A D A R
sam 8 mar
1
AG
sam 15 mar
TT
samedi 12 avril 10 h office de chabbat
office de kabbalat chabbat
TT
sam 22 mar
A D A R
office de kabbalat chabbat
vend. 4 avril 19 h 15
fête de Pourim
TT
vend. 11 avril 19 h 15
concert
samedi 22 mars 18 h office de kabbalat chabbat
TT
@ À voir
L’incontournable site du label JDub (qui ne
compte plus Matisyahu dans ses artistes).
www.jdubrecords.org
www.myspace.com/socalled/
samedi 29 mars 19 h 45 office de chabbat
vend. 7 mars 19 h 15
Richard Guedj
vend. 21 mars 19 h 15
office de kabbalat chabbat
2
Mais Matisyahu a gardé en lui quelque chose
qui le rend différent de ses camarades étudiants
en attente du Messie. Il a gardé la musique, pas
celle de Dieu, mais celle de sa jeunesse, celle de la
Jamaïque. Et la foi qu’il a rencontré n’a fait que
confirmer son amour pour le reggae et pour cette
musique rythmée dont il ne peut manifestement
pas se passer. Et tant pis s’il n’a pas le profil,
l’habit ne fait pas le rappeur. Le label JDub,
spécialisé dans la musique juive underground, le
repère et le propulse.
Si le phénomène intrigue d’abord les autres
étudiants de la yeshivah, avec un album discret,
il finit par attirer des foules variées, et son album
suivant, Live At Stubb’s, est un véritable succès
qui le place dans le Top Ten des ventes. Dés lors,
il est reconnu dans le milieu reggae comme un
artiste à part entière, voire comme un rasta. Son
look fait sourire ses fans, son beat box enflamme
ses concerts. Jacques Grober peut être content.
Matisyahu, le premier rappeur hassidique, est né.
sam 29 mar
TT
sam 5 avr
sam 12 avr
sam
2
vacan
tribune
✡✡✡✡✡
Judéité,
citoyenneté
Par Daniel Farhi, Stephen Berkowitz et Célia Surget, rabbins du Mouvement Juif Libéral de France.
D
isons-le d’emblée : malgré les vicissitudes de leur histoire au sein de notre
pays (notamment l’antisémitisme de
l’affaire Dreyfus et celui des années
du nazisme), les juifs ont acquis un statut tout
à fait satisfaisant et honorable, à l’égal des
autres communautés confessionnelles. Dans le
paysage laïc de la France républicaine, ils peuvent concilier, sans problèmes majeurs,
leur fidélité à leur foi ancestrale et leur
citoyenneté. Les décisions du Grand
Sanhédrin de 1807 avaient permis
de sauvegarder à la fois la judéité, la
laïcité et la citoyenneté de nos ancêtres
du XIXe siècle. Aujourd’hui, au nom
d’une laïcité mal interprétée, certains
de nos coreligionnaires présentent des
exigences peu conformes à l’esprit
qui animait les rédacteurs du Grand
Sanhédrin. Le Talmud lui-même avait
déjà énoncé le fameux principe : Dina
demalekhouta dina «a loi du royaume
(de l’État) est la loi» , au nom duquel
le juif est tenu de se soumettre à la loi
civile de son pays dans la mesure où elle
ne le contraint pas à des actes immoraux
(meurtre, adultère, idolâtrie). Mais
alors, comment comprendre les demandes de saisine de la Haute Autorité de
lutte contre les discriminations et pour
l’égalité (Halde), de la part d’associations juives ? Créée en 2004, la Halde
a pour mission générale, rappelons-le,
de lutter contre les discriminations
prohibées par la loi, de fournir toute
l’information nécessaire, d’accompagner les
victimes, d’identifier et de promouvoir les
bonnes pratiques pour faire entrer dans les
faits le principe d’égalité. Il ne semble pas a
priori que les demandes de saisine enregistrées
ces derniers mois, en provenance des dites
associations juives, entrent vraiment dans le
cadre de discriminations ou d’atteintes à la
liberté. En France, chacun peut revendiquer
son identité sans oublier sa citoyenneté. Ce
qui est demandé à chacun est de s’intégrer à
la communauté nationale, non de s’assimiler.
Cette nuance est essentielle : elle est de nature
à rassurer les membres de toutes les minorités
nationales sur le fait que la République ne leur
demande pas de disparaître culturellement ou
religieusement, mais, tout en conservant leurs
laquelle nous sommes très attachés. Quelques
exemples recueillis dans le compterendu d’une
visite du ministre de l’Intérieur et des Cultes, le
22 novembre dernier au Consistoire de Paris
par le mensuel Information juive. Parlant des
«préoccupations essentielles [...] pour la communauté juive», un des articles énonce entre
autres : «la fiscalité des dons, la cacherout [...],
les places dans les carrés confessionnels
juifs dans les cimetières [...], le calendrier
des examens pour les élèves et les étudiants
juifs [...], la nourriture cachère dans les
hôpitaux, les systèmes d’entrée de certains
immeubles le shabbat…». Force est de
constater, face à cette énumération, que la
communauté juive émet là des exigences
qui sont des formes de privilèges allant
bien au-delà des règles d’une laïcité bien
comprise. Si chaque minorité nationale
devait s’en inspirer, il est à craindre que la
vie du pays serait parcellisée et peu propice
à l’intégration tant désirée par les pouvoirs
publics. Faut-il rappeler, par exemple, que
les carrés confessionnels dans les cimetières
municipaux sont des dérogations, non un
droit en soi ? Concernant les digicodes
en bas des immeubles, il est inadmissible
de vouloir en imposer l’arrêt le shabbat
au prétexte d’une pratique orthodoxe de
certains locataires juifs, et aux dépens de
la sécurité et de la tranquillité du reste
des occupants de ces immeubles. On peut
comprendre le désir de certains de vivre
selon toutes les prescriptions de leur religion, mais ils doivent admettre que ce n’est
pas possible dans un pays dont les coutumes
et les lois ont été façonnées par des siècles
de chrétienté et qui, de surcroît, se propose
d’intégrer tant d’autres minorités. Il y a deux
siècles, en acceptant la devise de la République
Liberté, égalité, fraternité les juifs ont aussi implicitement accepté cette autre devise : Judéité,
laïcité, citoyenneté.
traditions, d’assumer une citoyenneté loyale
et raisonnable. C’est, nous semble-t-il, ce
qu’avaient bien compris les membres du Grand
Sanhédrin de 1807 ; c’est ce que certains
ne semblent plus comprendre aujourd’hui,
accumulant des exigences de moins en moins
compatibles avec une véritable citoyenneté.
Leur prise en compte par les pouvoirs publics
irait à l’encontre de la laïcité française à
L É G E N D E :
TT Talmud torah
le dimanche matin
dim 20 avril 18 h
Seder Pessah
TT
m 19 avr
sam 26 avr
N I S A N
nces scolaires
sam 3 mai
sam 10 mai
5
TT
sam 17 mai
sam 24 mai
I Y A R
sam 31 mai
sam 7 juin
S I V A
cinoche
Le renouveau du cinéma israëlien
Le cinéma israélien s’est longtemps résumé aux deux noms d’Uri Zohar et Amos Gitaï. Aujourd’hui, il assure une présence constante et remarquée dans tous les grands festivals de cinéma.
A
insi en 2007, le cinéma israélien
Maale, située à deux pas de Mea Sharim, le
a-t-il été distingué au festival de
quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem. L’école
Sundance (grande réunion du
a produit quelques films remarqués comme
cinéma indépendant organisée
Esclaves du Seigneur, de la jeune Hadar Friepar Robert Redford) Le Festival de Berlin
dlich, présenté à la Quinzaine des réalisateurs
a décerné en février 2007 l’Ours d’argent
de Cannes en 2003. Les femmes ont largedu meilleur réalisateur à Joseph Cédar pour
ment contribué au renouvellement du cinéma
Beaufort ; quant à
Eytan Fox, il s’est vu
gratifier du Prix du
public pour La Bulle.
A Cannes 2007,
trois films ont été
présents en Sélection
Officielle : Tehilim
de Raphaël Nadjari
en Compétition, La
Visite de la fanfare
d’Eran Kolirin dans
la section Un certain
regard, et Les Méduses de Shira Geffen
pour la Semaine de la critique. L’augmenta�����������
israélien. Assi Lévy, dans Aviva mon amour
tion du budget alloué au cinéma, largement
et dans Avanim, ou encore Anat Klausner
alimenté par les chaînes privées, et les accords
dans Frozen days en sont deux brillantes illusde coproduction signés en 2002 entre l’Etat
trations. En remportant en 2004 la Caméra
Hébreu et la France ont créé les conditions
d’Or au festival de Cannes en 2004 pour
propices à ce renouveau. Mais cela ne constiMon Trésor, Keren Yedaya a donné à toutes
tue pas la seule explication :
les femmes une reconnais« La signature des accords
sance à l’étranger qui n’était
d’Oslo en 1993 a permis
plus accessible : « Israël est
de faire souffler un vent
J’aimerais juste un lieu douloureux, un pays
d’optimisme qui s’est traduit que l’on comprenne qui saigne. Je crois que l’art
par la production de films
vient de la souffrance ou
que notre vie
plus personnels, donc plus
d’un besoin de crier. Mes
intéressants» explique Marek
films sont politiques, je quesne se résume pas
Rosenbaum, patron de
tionne la société, la place de
à un reportage
Transfax, une des nombreul’autre, de la femme ». Rotélévisé.
ses maisons de production
nit Elkabetz symbolise aussi,
situées à Tel-Aviv. « On a
à sa manière, l’évolution du
affaire à un cinéma moins
cinéma israélien moderne,
Ronit Elkabetz
monolithique, plus coloré.
depuis son premier rôle en
L’émergence de cinéastes
1989 dans Le Prédestiné,
palestiniens ou arabes-israéliens a aussi permis de Daniel Waschmann, jusqu’à Prendre
de libérer les deux parties : les Palestiniens
femme : « Nous avons enfin compris qu’il
n’ont désormais plus besoin des Israéliens
n’est pas plus indispensable de parler de la
pour les mettre en scène ; et ces derniers peugrande histoire que d’imiter le cinéma amérivent se concentrer sur leurs propres histoires », cain. Qu’il est plus intéressant de s’interroger
ajoute Amir Arel fondateur de Lama Film,
sur notre origine pour tenter de comprendre
autre maison de production.
qui nous sommes. C’est la différence avec le
Le cinéma israélien était encore récemment
cinéma d’avant. Aujourd’hui, on a une belle
dominé par des hommes ashkénazes laïques,
matière parce qu’on reste de plus en plus
basés à Tel-Aviv. Les oubliés de la société isfidèles à nous-mêmes. On a réussi à enlever
raélienne prennent aujourd’hui la caméra. Les le masque. Le cinéma nous donne l’occasion
religieux eux-mêmes ont investi le grand
d’arrêter de tourner le dos à notre identité. Et,
écran. Ils ont leur propre école de cinéma,
si l’on parle de la situation, c’est de l’intérieur,
“
”
3
avec un angle personnel ». La « situation » :
il en est question dans le dernier film d’Eytan
Cohen, La Bulle, histoire de deux homosexuels dont l’un va tomber amoureux d’un
palestinien. Né à New York en 1964, Eytan
Fox a grandi en Israël. « Je me définis avant
tout comme un israélien, juif et homosexuel.
Le succès de mes films vient du besoin de
pleurer. Longtemps, on a cru que c’était
l’histoire d’un petit pays qui doit vaincre ses
ennemis et dont le héros est forcément bon et
beau. Or, ceux qui ont perdu un proche à la
guerre le savent bien : ce n’est pas de ça qu’il
s’agit. Ce genre de film a fonctionné comme
une thérapie pour une nation qui ne savait pas
faire le deuil ».
Le cinéma israélien ne se réduit pas à TelAviv. Beersheva ou encore Haïfa ont droit de
cité comme dans le film Broken Wings (2002)
de Nir Bergman, histoire d’une famille brisée
après la mort du père tué par une piqûre
d’abeille, et non à la guerre : « la mort reste la
mort, peu importe où et comment ».
Les références au conflit israélo-palestinien
sont de plus en plus rares, preuve que le cinéma israélien existe en dehors et bien au-delà
du conflit. Pourtant, tous les artistes israéliens
se heurtent à cette difficulté en voyage à
l’étranger, où on les somme de s’expliquer sur
la politique menée par leurs dirigeants. Ronit
Elkabetz résume bien les choses : « j’aimerais
juste que l’on comprenne que notre vie ne se
résume pas à un reportage télévisé ».
Frédéric Zeitoun
À lire : Le Cinéma israélien de la
modernité d’Ariel Schweitzer,
❦ 2000, L’Harmattan, 276 p, 22,90 euros.
préparé par brigitte frois
bouquins
Noyau d’olive
« Erri De Luca fréquente la
Bible depuis longtemps. Sa
connaissance des Ecritures ne
doit pourtant rien à la foi ou
à un quelconque sentiment
religieux : De Luca se dit noncroyant, incapable de prier ou
de pardonner. Il est néanmoins habité par le
texte biblique au point de commencer presque
chaque journée par la lecture et la traduction
d’un passage. Les courts textes rassemblés ici
témoignent de ce corps-à-corps quotidien avec
la Bible et de ces exercices matinaux qui lui
donnent matière à réfléchir, comme un noyau
d’olive qu’il retournerait dans la bouche tout
au long de la journée. Un ton très personnel
caractérise les commentaires de De Luca. Le
romancier italien ne cherche pas à s’avancer
sur le terrain de la théologie, mais seulement
à rendre compte de ses lectures quotidiennes
qui résonnent en lui, structurant à la fois sa
vie et son écriture. Sa volonté de comprendre
le grand texte le conduit la plupart du temps à
une attention particulière aux mots hébraïques,
à leur sens, oublié ou enfoui par la traduction
et la tradition. En reliant à sa vie et à la nôtre
des épisodes bibliques souvent connus, il parvient à formuler des observations que le lecteur
à son tour n’aura de cesse de retourner dans
sa bouche comme un autre noyau d’olive. Par
ailleurs, les interrogations nées de ce parcours
spirituel exceptionnel contribuent à éclairer
toute l’œuvre d’Erri de Luca et confirment sa
place comme un des écrivains les plus passionnants de sa génération. »
Et bien qu’il soit d’origine chrétienne, tout
en affirmant son athéisme, son œuvre est
Nuit
ouverte
« Et je prie. Moi qui ne crois
pas » Ainsi s’achève cette
Nuit ouverte, laissant le lecteur
purifié par tant d’intelligence,
tant de confiance dans le doute,
tant d’écoute de l’autre. Cette
parole de fin, lâchée comme
un dernier souffle paisible, sort de la bouche
d’Elise, comédienne que la célébrité a rendue
lucide sur ses contradictions : « Rêver de gloire
est rêver d’équilibre instables et vouloir qu’ils
ne le soient pas ». Pour interpréter le rôle
de Regina Jonas, première femme rabbin au
monde, morte à Auschwitz, l’actrice effectue
un voyage chaotique au fond d’elle-même. Elle
découvre que « dans nos filiations, ce n’est
pas toujours de sang qu’il s’agit et sent vibrer
en elle la voix de cette ancêtre d’adoption. Et
quelle voix ! Humble, dure, directe, sans « défi
ni fierté, juste le ton monocorde de qui dit une
évidence »
citée dans la passionnante « Anthologie du
judaïsme : 3000 ans de culture juive », ouvrage
collectif publié sous la direction de Francine Cicurel aux éditions Nathan en novembre 2007.
Roman de Erri de Luca, éditions Gallimard
Anthologie du judaïsme
Le judaïsme et la culture juive sont aujourd’hui mal connus autant en ce qui
concerne leurs aspects religieux, que pour ce qui a trait à la littérature et à la
philosophie. « L’anthologie du judaïsme » met à la portée de tous les
textes fondamentaux qui disent la richesse et la diversité d’une culture
plusieurs fois millénaire.
Les documents publiés ont été choisis afin d’être une source de
connaissance pour les plus exigeants tout en répondant aux questions
des néophytes. De Maïmonide à Amos Oz, en passant par Stefan
Zweig, Emmanuel Levinas, André Neher ou bien Primo Lévi, les
textes de nombreuses figures de la culture juive enrichissent cette
anthologie et permettent de multiples éclairages.
« Le bonheur de feuilleter une anthologie, c’est aussi de découvrir ou
de retrouver le texte d’un auteur qui soudain étonne, éclaire, émeut,
‘donne des ailes’ », écrit Anne-Marie Revcolevschi, directrice générale de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, dans son avant-propos. L’objectif est accompli.
A tous ceux qui ont la « passion du savoir », on ne saurait mieux que conseiller la
lecture de ce livre à fois éducatif et instructif, enrichissant et passionnant.
L’« Anthologie du Judaïsme. 3000 ans de culture juive », dirigée par Francine Cicurel avec la
collaboration de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Nathan, Paris, 2007, 463 p.
Clémence Boulouque donne à entendre ce
murmure insistant d’une rare profondeur, tout
en l’écoutant elle-même. Comme si elle voulait
faire partager à son tour cette expérience d’envoûtement philosophique qu’elle a vécue avec
cette femme hors du commun, dont l’existence a
été redécouverte en 1991, dans les archives de
Berlin Est. Au-delà de son intérêt historique, le
livre cerne avec finesse les miracles souterrains
du métier d’actrice, capable de conduire aux
sources de l’identité humaine
Roman de Clémence Boulouque, éditions Flammarion.
Critique Télérama n° 3015-27 octobre 2007
cinoche
Le renouveau du cinéma israëlien
Le cinéma israélien s’est longtemps résumé aux deux noms d’Uri Zohar et Amos Gitaï. Aujourd’hui, il assure une présence constante
et remarquée dans tous les grands festivals de cinéma.
A
remarqués comme Esclaves du Seigneur, de la
insi en 2007, le cinéma israélien a-t-il
jeune Hadar Friedlich, présenté à la Quinzaine des
été distingué au festival de Sundance
réalisateurs de Cannes en 2003. Les femmes ont
(grande réunion du cinéma indépenlargement contribué au renouvellement du cinéma
dant organisée par Robert Redford)
israélien. Assi Lévy, dans Aviva mon amour et
Le Festival de Berlin a décerné en février 2007
dans Avanim, ou encore Anat Klausner dans Frol’Ours d’argent du meilleur réalisateur à Joseph
zen days en sont deux brillantes illustrations. En
Cédar pour Beaufort ; quant à Eytan Fox, il s’est
vu gratifier du Prix du
public pour La Bulle.
A Cannes 2007, trois
films ont été présents
en Sélection Officielle :
Tehilim de Raphaël
Nadjari en Compétition,
La Visite de la fanfare
d’Eran Kolirin dans
la section Un certain
regard, et Les Méduses
de Shira Geffen pour la
Semaine de la critique.
L’augmentation du
remportant en 2004 la Caméra d’Or au festival de
budget alloué au cinéma, largement alimenté par
Cannes en 2004 pour Mon Trésor, Keren Yedaya
les chaînes privées, et les accords de coproa donné à toutes les femmes une reconnaissance
duction signés en 2002 entre l’Etat Hébreu et
à l’étranger qui n’était plus accessible : « Israël
la France ont créé les conditions propices à ce
est un lieu douloureux, un pays qui saigne. Je
renouveau. Mais cela ne constitue pas la seule
crois que l’art vient de la souffrance ou d’un
explication : « La signature des accords d’Oslo en
besoin de crier. Mes films sont
1993 a permis de faire souffler
politiques, je questionne la
un vent d’optimisme qui s’est
la place de l’autre, de
traduit par la production de
J’aimerais juste société,
la
femme ».
Ronit Elkabetz
films plus personnels, donc
que
l’on
comprenne
symbolise
aussi,
à sa manière,
plus intéressants» explique
l’évolution
du
cinéma
israélien
que notre vie
Marek Rosenbaum, patron de
moderne,
depuis
son
premier
Transfax, une des nombreuses
ne se résume pas
rôle en 1989 dans Le Prédesmaisons de production situées
à
un
reportage
tiné, de Daniel Waschmann,
à Tel-Aviv. « On a affaire à un
télévisé.
jusqu’à Prendre femme : «
cinéma moins monolithique,
Nous avons enfin compris qu’il
plus coloré. L’émergence de
Ronit
Elkabetz
n’est pas plus indispensable
cinéastes palestiniens ou
de parler de la grande histoire
arabes-israéliens a aussi perque
d’imiter
le
cinéma
américain. Qu’il est plus
mis de libérer les deux parties : les Palestiniens
intéressant
de
s’interroger
sur notre origine pour
n’ont désormais plus besoin des Israéliens pour
tenter
de
comprendre
qui
nous
sommes. C’est la
les mettre en scène ; et ces derniers peuvent se
différence
avec
le
cinéma
d’avant.
Aujourd’hui, on
concentrer sur leurs propres histoires », ajoute
a
une
belle
matière
parce
qu’on
reste
de plus en
Amir Arel fondateur de Lama Film, autre maison
plus
fidèles
à
nous-mêmes.
On
a
réussi
à enlever
de production.
le
masque.
Le
cinéma
nous
donne
l’occasion
Le cinéma israélien était encore récemment dod’arrêter de tourner le dos à notre identité. Et,
miné par des hommes ashkénazes laïques, basés
si l’on parle de la situation, c’est de l’intérieur,
à Tel-Aviv. Les oubliés de la société israélienne
avec un angle personnel ». La « situation » : il en
prennent aujourd’hui la caméra. Les religieux
est question dans le dernier film d’Eytan Cohen,
eux-mêmes ont investi le grand écran. Ils ont leur
La Bulle, histoire de deux homosexuels dont
propre école de cinéma, Maale, située à deux
l’un va tomber amoureux d’un palestinien. Né à
pas de Mea Sharim, le quartier ultra-orthodoxe
New York en 1964, Eytan Fox a grandi en Israël.
de Jérusalem. L’école a produit quelques films
“
”
3
« Je me définis avant tout comme un israélien,
juif et homosexuel. Le succès de mes films vient
du besoin de pleurer. Longtemps, on a cru que
c’était l’histoire d’un petit pays qui doit vaincre
ses ennemis et dont le héros est forcément bon et
beau. Or, ceux qui ont perdu un proche à la guerre
le savent bien : ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Ce
genre de film a fonctionné comme une thérapie
pour une nation qui ne savait pas faire le deuil ».
Le cinéma israélien ne se réduit pas à Tel-Aviv.
Beersheba ou encore Haïfa ont droit de cité
comme dans le film Broken Wings (2002) de Nir
Bergman, histoire d’une famille brisée après la
mort du père tué par une piqûre d’abeille, et non
à la guerre : « la mort reste la mort, peu importe
où et comment ».
Les références au conflit israélo-palestinien sont
de plus en plus rares, preuve que le cinéma israélien existe en dehors et bien au-delà du conflit.
Pourtant, tous les artistes israéliens se heurtent
à cette difficulté en voyage à l’étranger, où on les
somme de s’expliquer sur la politique menée par
leurs dirigeants. Ronit Elkabetz résume bien les
choses : « j’aimerais juste que l’on comprenne
que notre vie ne se résume pas à un reportage
télévisé ».
Frédéric Zeitoun
À lire : Le Cinéma israélien de la
modernité d’Ariel Schweitzer,
❦ 2000, L’Harmattan, 276 p, 22,90 euros.