Document - Climat des affaires en Algérie

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Document - Climat des affaires en Algérie
Entretien avec Mourad Oulmi PDG de Sovac, représentant officiel
du groupe Volkswagen en Algérie
Mourad Oulmi est le PDG du groupe Sovac, représentant officiel du
constructeur allemand Volkswagen (Volkswagen, Audi, Seat, Skoda et Porsche)
en Algérie. Dans cet entretien, il exprime son soutien aux mesures contenues
dans le projet de loi de finances pour 2014 relatives à l’importation des
véhicules. Il plaide aussi pour une législation exigeant des concessionnaires
automobiles de reprendre et de vendre les véhicules d’occasion.
Le projet de loi de finances pour 2014 prévoit de limiter l’importation des
véhicules aux seuls concessionnaires. Qu’en pensez-vous ?
Sovac en tant qu’importateur officiel des marques du groupe Volkswagen
soutient cette mesure que nous considérons très positive pour l’économie
nationale, le marché de l’automobile et pour lutter contre l’informel et l’anarchie
qui commencent { s’installer sur le marché algérien de l’automobile. Aujourd’hui,
nous constatons que des véhicules sont proposés à la vente, sur les trottoirs, les
terrasses de café, les garages, dans des conditions non adaptées. Le client est lésé.
Ces véhicules sont vendus sans garantie, et les revendeurs n’assurent aucun
service après-vente. Les revendeurs importent des véhicules qui souvent ne sont
pas adaptés au marché algérien. En plus, les ventes sont réalisées dans l’informel,
en dehors du circuit officiel. Le trésor public est lésé.
Mais la multiplication des revendeurs devait plutôt profiter à la
concurrence et donc au consommateur…
Ce n’est pas le cas. La multiplication des revendeurs multimarques a favorisé
l’anarchie et permis { l’informel de prendre place sur un marché qui était
contrôlé et où toutes les transactions se faisaient dans le circuit officiel. Il y a plus
de 130 revendeurs de véhicules agrées, parmi eux la vingtaine de
concessionnaires représentant les constructeurs automobiles. Certains
agréments comprennent une dizaine de marques et parfois plus ! Les autres
importateurs achètent auprès d’autres revendeurs { l’étranger et ne traitent pas
directement avec les constructeurs.
Sur quoi le gouvernement peut-il agir pour limiter l’importation des
véhicules aux concessionnaires ?
Il faut juste modifier un article du cahier des charges en remplaçant le mot
concédant par constructeur. C’est-à-dire exiger que les importateurs algériens
achètent directement auprès des constructeurs. Le mot concédant est flou et a
permis toutes les dérives. L’Algérie doit exiger d’acheter directement auprès des
constructeurs automobiles, de préciser la marque sur les agréments délivrés et
d’exiger que la facture d’achat provienne du constructeur. Certains revendeurs ici
en Algérie sont eux-mêmes des concédants en Europe et ailleurs.
Le gouvernement veut aussi obliger les concessionnaires d’installer une
activité industrielle automobile…
C’est également une bonne décision. Mais il faut préciser ce qu’il faut faire. Nous
souhaitons que le gouvernement associe les concessionnaires pour définir les
modalités d’investissement. Il faut une analyse de l’industrie de la sous-traitance
pour l’industrie automobile et définir si on doit fabriquer pour le marché local ou
pour l’exportation. Nos prix doivent être compétitifs par rapport { ceux des
produits européens et maghrébins, et pour cela, il faut des avantages fiscaux et
parafiscaux aux investisseurs algériens.
Il faut aussi créer les conditions d’exportation et prendre les mesures nécessaires
pour rendre facile l’acte d’exporter. Nous pouvons investir dans la production de
la pièce de rechange et vendre exclusivement aux constructeurs. Il y a des
possibilités et je l’ai déj{ proposé aux autorités. Nous pouvons orienter notre
industrie de sous-traitance vers des secteurs où nous avons des avantages
comparatifs comme le plastique qui représente 15% du véhicule.
Le marché de l’automobile a connu une forte croissance en 2012, avec plus
de 500 000 véhicules vendus. Quelles sont vos prévisions pour cette année ?
Le marché du véhicule neuf est en train de stagner durant le deuxième semestre
2013. J’espère qu’il reprendra en 2014. En septembre 2013, les ventes ont baissé
de 35% par rapport à la même période de 2012. Cette année, les ventes seront
autour de 400 000 véhicules dont 320 000 véhicules particuliers. En 2012, le
marché avait fortement augmenté.
Le marché des véhicules d’occasion échappe totalement aux
concessionnaires automobiles. Pourquoi ?
Les concessionnaires automobiles ne vendent pas des véhicules d’occasion parce
qu’il n’y a pas de réglementation pour encadrer ce marché. Nous sommes prêts à
investir pour reprendre et vendre, avec une garantie de six mois, les véhicules
d’occasion. Je souhaite que le gouvernement exige des concessionnaires de
reprendre et de vendre des véhicules d’occasion pour contrôler ce marché.
Aujourd’hui, le marché des véhicules d’occasion échappe totalement { l’État. Il est
entièrement dominé par l’informel alors qu’il représente des dizaines de milliers
de voitures.
Les véhicules sont vendus, sans aucune garantie, et aucune taxe n’est payée {
l’État. Aujourd’hui, si un concessionnaire veut investir dans ce domaine, il doit
facturer la TVA et la TAIC alors que ces deux taxes ont été payées lors de la vente
du véhicule neuf. Il faut juste instaurer une taxe sur le bénéfice lors de la vente
d’un véhicule d’occasion.
In www.tsa-algerie.com 24/10/2013