Le positionnement du Web EDI en regard avec l`intégration et

Transcription

Le positionnement du Web EDI en regard avec l`intégration et
Le positionnement du
Web EDI en regard
avec l'intégration et la
normalisation des
données
Daniel LANG
Résumé
Les nouveaux concepts émergeants issus du monde du
Web semblent répondre à la nécessité d'intégrer les
données issues des échanges inter-entreprises au cœur
du système d'information de l'entreprise. Pourtant,
l'intégration et la standardisation sont deux notions qui
méritent une clarification formelle. L'état de l'art dans
ce domaine nous permettra de positionner le concept du
Web EDI en regard avec les autres technologies en
vogue.
Mots clefs :
Intégration - normalisation - relations inter-entreprises Web EDI
Abstract
Today, the new concepts issued from Internet word
allow to better intergrate external datas into the heart of
information systems. But, integration and standardization are two items which need to be clarified. The state
of art in this domain will allow us to explicitit the real
added value of the concept of Web EDI.
Key-words:
Integration - standardization - relationship with companies - Web EDI
Enseignant chercheur en SI
I.N.T.- Institut National des Télécommunications
9 rue Charles Fourier - 91011 EVRY Cedex
Tel 01-60-76-41-67
[email protected]
Jean-Luc PILLET
Professeur vacataire
HEG Fribourg
4 ch du Musée - CH 1700 FRIBOURG
Tel +41(0)76 501 80 70
[email protected]
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
1. Introduction
2. L’objet de la recherche
L’influence prédominante des partenariats entre diverses
entreprises, et l’importance croissante des échanges B to B
(Business to Business) induisent un plus grand partage
d’informations entre applications.
La force de l'EDI réside par la possibilité de normaliser
des flux commerciaux complexes par le biais de la norme
EDIFACT. Ainsi, voici les évènements qui peuvent être
générés par des transactions EDIFACT en figure 2 (Stoven, Deturche, 1989) :
Pour répondre à ce besoin d’intégration, une première
étape a consisté à développer des passerelles spécifiques
d’autant plus nombreuses qu'il y avait d'applicatifs à faire
communiquer entre eux. Puis des formats d’échanges
normalisés ont été définis, de façon à être utilisables par
tous les programmes informatiques.
Parallèlement, les outils
de
traitements (micro-ordinateur, téléphone cellulaire, assistant personnel
(PAD,…) se sont multipliés et ont impliqué des changements de présentation sur le poste client, obligeant souvent
à des redéveloppements adaptés.
Client
Acheteur
offre (prix catalogue)
Fournisse
Vendeur
demande d'information sur l'offre
demande de cotation
cotation
spécifications techniques
réponses aux spécifications techniques
Pour pallier ces deux phénomènes : la multiplication des
outils et les besoins d'intégration, le W3C (World Wide
Web Consortium) a proposé un métalangage XML (eXtensible Markup Language) permettant de séparer données et présentation, offrant ainsi une facilité d’échange
entre applicatifs et une évolutivité des masques de présentation. De par une structure de données commune,
plusieurs entreprises d’un même secteur peuvent dès lors
faciliter les échanges inter-applicatifs.
commandes
accusé de réception de commande
rectificatif de commandes
accusé de réception de rectificatif de commande
instructions de livraison
message qualité
avis d'expédition
rapport d'inspection
Pour permettre cette intégration applicative, il est utile
d’homogénéiser les processus métiers. Grâce à une modélisation de ces processus, l’intégration des systèmes se
verra facilitée via une automatisation des flux et des tâches
associées.
facture
avis de paiement
Figure 1 : les flux commerciaux
La norme d’échange EDI, déployée dès 1975, a connu son
heure de gloire, notamment dans certains secteurs tels la
banque ou la logistique. Le principal inconvénient de cette
approche réside dans la lourdeur des outils utilisés et leur
coût. En effet, l’EDI exige l’usage d’un réseau privé entre
les partenaires, ce qui la destinait exclusivement aux
échanges entre grands comptes. Avec la prédominance de
l’Internet et de norme comme XML, les standards EDI se
transformeront en vue d’offrir des accès plus nombreux
pour les PME .
Aujourd’hui, un débat est engagé entre les défendeurs de
l’EDI traditionnel utilisant le langage EDIFACT et ceux
qui pensent que toutes les solutions peuvent découler de
l’utilisation du Web avec Internet. Une troisième catégorie
d’auteurs pensent à une complémentarité des deux technologies (Langlois, Gasch, 1999). Selon un état de l’art
publié par CXP1, groupement indépendant, les fonctionnalités des produits “B to C“" proposeront les possibilités
actuelles “B to B“ via des modules additionnels.
1
“ Serveurs de commerce électronique sur Internet”, CXP
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
Notre exemple à la figure 1 montre que les processus
utilisés sont complexes. De plus, ils doivent coller au
métier de l'entreprise. Par exemple, la chaîne transport
utilise les messages tels que :
Modèle d'architecture
3 niveaux d'intégration Meinadier 2002

ordre de transport

Architecture
fonctionnelle
applicative
instruction à un sous-traitant

rapport

rectifications

avis d'arrivée

demande d'instruction

offre

demande d'enlèvement
Ces évènements vont permettrent de mettre en relation
les acteurs comme le donneur d'ordres, le transporteur
affrété, le centre de réexpédition, le centre livreur et le
destinataire (Sandoval, 1990). De plus, l'ensemble des
messages EDIFACT utilisés montre que cette norme
est multi-sectorielle.
Cependant, les bénéfices significatifs apportés par
l'utilisation de l'EDI impliquent l'intégration des
messages dans le système d'information de l'entreprise.
Cet interfaçage implique des investissements importants et l'état de l'art en la matière montre que seuls des
grands groupes (environ 125 000 dans le monde)
utilisent ce concept. Or aujourd'hui, le monde du Web
avec notamment XML offre des alternatives intéressantes en termes d'échanges de données entre applications.
Par l'étude des nouveaux concepts émergeants face à
l'EDI, notre recherche vise donc à clarifier l'ambiguïté
qui peut apparaître entre l'intégration possible et aisée
des données au cœur même du système d'information
de l'entreprise et la normalisation de celles-ci en
termes de processus métier.
Domaine
fonctionnel
Bus d’intégration applicative
Architecture
du logiciel
applicatif
traduite par
Modules logiciels, objets, SGDB
Bus logiciel
projetée sur
Architecture
de l’infrastructure
informatique
Hôtes, serveurs,
clients et logiciels de
b
« Bus » physique
Figure 2 : Modèle d'architecture de SI à trois niveaux
d'intégration
L'EDI intègre parfaitement le modèle théorique
ci-dessus puisque le convertisseur permet de gérer des
évènements de manière asynchrone (architecture
fonctionnelle), d'intégrer les données au cœur même
du SI à condition de développer les solutions spécifiques à chaque entreprise (architecture du logiciel
applicatif) et de transférer ces données sur les réseaux
(architecture de l'infrastructure informatique) par le
module "interface des systèmes de communication"
(Bezaut, Goepp, 1993).
Conclusion C1 :


La standardisation peut être maximale mais sous
dépendance d'une norme EDIFACT extrêmement formaliste ;
L'intégration des données chez les partenaires
doit s'opérer au cas par cas d'où un coût de développement important.
3. L’EDI et Internet
L'intégration peut s'effectuer sur trois niveaux du
système d'information : intégration fonctionnelle
(gestion du workflow réparti et adaptations sémantiques), intégration logicielle (adaptations syntaxiques
et protocolaires) et intégration d'infrastructures technologiques). La figure 2 illustre le ce modèle d'architecture (Meinadier, 2002) :
3.1. Principales similitudes
L’EDI et Internet sont des instruments techniques qui
appartiennent au concept du commerce électronique.
Ce dernier peut faciliter les échanges entre services
internes, améliorer les relations entre les fournisseurs
et les clients (Sarkar et al., 2001), supprimer les con-
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
traintes de temps et de lieu (Kosiur, 1997).
L’entreprise est donc plus compétitive, elle gagne en
parts de marché et accroît ses performances (Venkatraman, 1994). On remarque également la part croissante du rôle de plus en plus important des technologies de l’information et en particulier du commerce
électronique pour servir la stratégie d’entreprise
(Galliers, 1994) (Akoka, 1997).
le matériel in- hébergement du
serveur Web sur
formatique
le site marchand
ou chez un prestataire de service
station dédiée,
système frontal
ou site central (la
solution peut être
gérée en interne
ou en utilisant les
services d’un
“clearing center”3
3.2. Principales différences
Notre approche concerne une composante spécifique
du commerce électronique : le commerce entre entreprises ("Business-to-Business"). Or aujourd'hui, le
commerce
marchand-consommateur
(Business-to-consumer) prend une extension considérable
par le biais d'Internet et du Word Wide Web. Jusqu'à
récemment, le commerce électronique était uniquement le fait des échanges EDI : 90% des mille plus
grandes entreprises répertoriées par le magazine
“Fortune“ ont investi dans l'EDI (Pontacq, 1998).
Avec la toile (le "Web"), de nouvelles possibilités
s'offrent aux PME pour intégrer l'EDI existant chez
leurs donneurs d'ordres. Cependant, la technologie
"Web" ne fait pas appel aux mêmes outils que l'EDI.
Le tableau suivant (Pillet, 1998), (Langois, Gasch,
1998) nous en montre les principales différences :
Web
les protocoles de protocole
communication net (IP)
Les
services - Service de répartition de
“ Commerce
l’information
électronique ”
- Service de recherche
d’information
- Service de
production
d’information


langages de
programmation : Java,
Perl, C, C++

convertisseurs EDI
fournis par
les prestataires de
services
intégration
des données
par du développement interne
traditionnel
Cascading Styles Sheets
Les services
d’interconne
xion
- Les services de
sécurité
- Les services
permettant une
interconnexion
Normalisation
Pas ou peu de
normalisation. Le
leader du marché
crée sa norme.
Couverture fonc- Actes élémentionnelle
taires du commerce
Partenaires
3
2

Les services
de sécurité
- Les services de
gestion de transactions
Inter- protocole X.25


Les services
de gestion
de transactions
- Outils
d’indexation et
de classification
EDI et la norme
EDIFACT
outils d'édition : HTML

- Outils de sélection des partenaires
la standardisa- standard HTML , norme EDIFACT
tion des docu- CSS2, XML
ments
les outils de développement
alternatives en
fonction du volume et du niveau
d'intégration des
données :
Réguliers ou
ponctuels, connus ou non
EDIFACT
pousse la normalisation à un
“ haut ” niveau
Vaste, couvre
tous les modèles
du business
Professionnels et
connus à l’avance
prestataires de services offrant des services EDI sur les
réseaux
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
Typologie
des Transactions
simples et banatransactions
lisées
Mise en œuvre
Transactions
complexes
Progiciels clés en Complexe
main avec hébergement
Intégration dans Intégration au SI Remise en cause
plus superficielle du SI de
les applications
l’entreprise
mais possible à
coûts réduits
ouverture
Totale
Limitée au RVA
disponibilité
Dépend du RVA
encombrements
dans l'EDI. Il permet aussi à l'un de ses partenaires
commerciaux de recevoir l'équivalent d'un message
EDIFACT sous une forme électronique, Cette solution
permet de réduire les coûts de transmission mais elle
n’offre pas le même niveau de sécurité que les RVA
au niveau application (couche 7) du modèle OSI.
Cependant Internet, à terme, risque de porter de
l'ombre aux RVA traditionnels. Ainsi, Wall-Mart, un
géant de la distribution américaine, a récemment opté
pour le protocole EDI-INT (Internet Integration) AS2.
Une norme qui sert à véhiculer des messages EDI sur
HTTP et de façon sécurisée (S/Mime) tout en conservant leur intégrité (Parpinelli, 2003).
possibles
le
lancement
d'une requête


à l'aide du
navigateur
Web basé
sur un concept
client-serve
ur non transactionnel
traitements par
lots dont le déclenchement est
déterminé par
l'accord interchange
par une
requête FTP
4.2. Les liens entre l’EDI et le Web
Les prestataires de services ont conçu une solution
permettant de transformer la syntaxe EDIFACT en un
format HTML par un traducteur Web EDI (Langois,
Gasch,1999). Trois options concrètes émergent aujourd’hui des différentes tendances du marché. Ces
options tiennent compte notamment de la situation des
PME qui sont en manque de ressources financières et
humaines. Examinons ces solutions :

Tableau 1 : comparaison des solutions Web et
EDI
Nous constatons que les outils de développement, la
standardisation des documents, l’offre des services et
les besoins fonctionnels diffèrent clairement lors d'une
comparaison entre le Web et l'EDI traditionnel. Cependant, afin de répondre aux besoins du marché, des
prestataires de services ont développé des solutions
"hybrides" permettant de lier les nouvelles possibilités
d'Internet avec les standards définis par la norme
EDIFACT. Expliquons en donc les principes généraux
:
4. Les concepts utilisant l’EDI
Web
Conclusion C2 :
L'utilisation minimale des différents types de messages EDIFACT cantonnés à l'échange de messages
les plus fondamentaux ou les plus utilisés par l'ensemble des partenaires affaiblit considérablement la
portée multi-sectorielle de cette norme. De ce fait,
l'EDI perd ses principaux atouts : la standardisation
d'échanges commerciaux complexes.

4.1. De l'EDI de bout en bout sur Internet
Dans ce cas, les messages EDIFACT sont “encapsulés“ dans un standard Internet. L'avantage de cette
solution donne la possibilité au grand donneur d'ordres
de conserver tout le bénéfice de son investissement
L'EDI light : ce concept de l’EDI light est une
solution “packagée“, maintenue à distance, jetable, et bâtie à la fois sur des standards Internet
et sur ceux de l’EDI4. Le langage utilisé est donc
de l’EDIFACT et c’est au RVA de router les
messages vers les serveurs Web EDI. Ces derniers jouent un rôle frontal entre les partenaires
équipés en EDIFACT et des partenaires équipés
en Internet (Legoeul,1999).
4
L'EFI : Ce service met à la disposition d’une
entreprise peu informatisée une application de
gestion permettant un accès à la technologie EDI.
En fait, le prestataire de services propose à
l’entreprise des formulaires interactifs permettant
de saisir les données indispensables à la future
transaction commerciale. Par exemple, le donneur d’ordres, fortement informatisé, utilise ses
applications EDI existantes via ses RVA habidéfinition proposée en 1996 lors de la réunion du Joint
Rapporter Team (JRT) d’Edifact
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
tuels pour émettre la commande de la réception
de son avis d’expédition. Les RVA se chargent
de la destination des messages vers le serveur
Web EDI d’un prestataire de service. Pour recevoir la commande et la visualiser sur écran, le
fournisseur utilise une application de type “formulaire” hébergée par cet opérateur, dit Web
EDI. En cas de confirmation de commande, un
simple déclic du fournisseur déclenche l’envoi
d’un message d’avis d’expédition que le donneur
d’ordres intégrera dans ses applications.
Conclusion C3 :
On peut estimer une approche différente du niveau
d'intégration des données échangées entre le donneur
d'ordres et l'entreprise utilisant le formulaire standard
EFI. Ce dernier a été proposé par un prestataire de
service afin de minimiser les développements. Donc,
on se trouve en présence d'une intégration minimale et
d'une utilisation conforme aux échanges les plus
élémentaires.

XML : les auteurs cherchent à normaliser les
documents présents sur le Web en tenant compte
du type de transactions commerciales (XML/EDI
group, 1999). Dans le cadre de l’EDI light, le
langage XML5 (Chen&al, 2000) peut apporter un
complément pour le transfert de documents
puisqu’il peut constituer une alternative économique lorsque les données transitent vers des
entreprises qui ne sont équipées que d’un navigateur. Certains experts estiment que XML peut
être utilisé à la fois pour un format de présentation et de contenu. Il peut convertir ou être converti avec la norme EDIFACT. Il est compatible
avec le standard TCP/IP et le protocole HTTP
(McGrath, 1998).
Les scripts (CGI6, activeX, EJB7) permettent de générer dynamiquement du format HTML à partir des
bases de données de l'entreprise, XML créant des
feuilles de styles adaptées à l'utilisateur final. De plus,
les serveurs d'applications permettent d'apporter des
solutions plus sophistiquées lorsqu'il s'agit de créer
des procédures complexes quant à la mise à jour des
données. Enfin, les services Web par les annuaires
UDDI 8 et leur description WSDL 9 offrent des nouvelles possibilités d'extension des applications internes de l'entreprise.
Conclusion C5 :
XML permet d'obtenir des restitutions diverses à partir
d'une même source. Les services Web permettent
d'échanger les données d'applications à applications.
4.3.2. La normalisation des données
Si l'on se situe dans le cadre d'un projet Web EDI, il
est possible de construire des arbres XML à partir de
la structure des messages et des segments EDIFACT
et de conserver les noms codés des données EDIFACT
pour les balises XML (Gardarin, 2002). Cependant,
cette solution tient toujours compte de l'existant.
Donc, l'EDI continue à perdurer car XML seul ne
définit pas les règles et procédures utiles aux échanges
électroniques (Varanda, 2002). Aujourd'hui, XML
favorise la création de catalogues, mais le passage de
l'EDI à XML représente autant de travail que de le
constituer de toutes pièces. Cette standardisation
fonctionnelle est une condition essentielle à l'interconnexion des SI (Avignon, Joguet, Pezziardi, 2000).
Conclusion C6 :
Conclusion C4 :
Les atouts d'XML : des données transportées sur les
réseaux indépendamment d'un marquage technologique par le type de serveurs d'applications ou des
bases de données existantes chez les partenaires.
4.3. L'apport d'XML et ses limites
4.3.1. La récupération des données au
cœur du système d'information
5
Extension Markup Language
L'enjeu d'XML consiste à générer une standardisation
plus importante par l'implication d'un plus grand
nombre d'acteurs.
4.3.3. EbXML : l'apport d'un standard
EbXML est une initiative mondiale visant à standardiser et à généraliser l'EDI autour d'XML. L'accent est
porté sur les processus commerciaux à partir des
schémas de messages XML. D'un point de vue technique, l'architecture est divisée en trois couches per-
6
CGI : Commun Gateway Interface
7
EJB : Entreprise Java Beans
8
UDDI : Universal Description Discovery and Integration
9
WSDL : Web Services Description Language
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
mettant le transport, la mémorisation des processus et
scénarios d'affaires.
Juin1999
Novembre 2001
Les principaux éléments de ebXML sont :

Des services d'annuaires (Registry Services)

Des services de messagerie (Messages Services)

Les protocoles et les contrats de collaboration
décrivant les services possibles et les accords
entre services
60%
Minitel
39%
51%
(EDI)
Internet
Conclusion C7 :
35%
Télétransmission
5%
21%
EbXML est pressenti pour prendre la suite de l'EDI
car il permet également de standardiser et de normaliser les données en tenant compte des flux métiers.

Figure 4 : l'utilisation de l'EDI
technologies
face aux autres
Le positionnement des divers concepts
Comment peut-on situer les divers concepts en regard
avec le couplage intégration et normalisation ? En
tenant compte des diverses conclusions, illustrons sur
le schéma suivant les principaux cas étudiés :
6. Une illustration d'entreprise :
le cas Manutan
6.1. Introduction
Intégration
Suite à plusieurs entretiens avec des responsables de
l'entreprise Manutan, nous présentons les cas d'une
organisation confrontée à des flux d'échanges hétérogènes tant en ce qui concerne la communication vers
leurs clients que vers leurs fournisseurs.
forte
XML
EDI light
EbXML
Manutan International est l'une des premières entreprises européennes de vente à distance de petits
équipements, et de consommables industriels et de
bureau pour les entreprises.
EDI
EFI
faible
standardisation
faible
forte
Le concept de distribution développé par Manutan
consiste à offrir à toutes les entreprises et collectivités
publiques la gamme la plus large possible de produits
de qualité au sein d'un même catalogue. Il s'agit de
répondre à tous les besoins en achats hors production.
Figure 3 : le couplage intégration et normalisation
Manutan dispose de filiales dans 17 pays qui conçoivent et réalisent leur propre catalogue.
5. Quel est le futur de l'EDI ?
Les études actuelles montrent que l'EDI, même s'il est
condamné à terme, sera encore utilisé pendant de
nombreuses années car ce concept a impliqué des
investissements importants. La figure suivante montre
la situation actuelle de l'EDI face aux technologies
émergeantes :
Aucun aspect des besoins des entreprises et des collectivités n'est ignoré : manutention, levage, stockage,
mobiliers, fournitures de bureau, entretien, sécurité,
contrôle-qualité… Certains catalogues comptent ainsi
jusqu'à 40 000 références.
Actuellement leader sur le marché français et européen des vépécistes inter-entreprises, Manutan continue son développement en proposant son catalogue
sur Internet. Le groupe est côté au second marché de la
Bourse de Paris depuis 1985 et Manutan SA a été la
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
première société française de vente à distance certifiée
ISO 9001.
Le groupe a démarré son activité en ligne pour répondre aux besoins de grands comptes clients afin
d'optimiser les achats non stratégiques et de simplifier
les processus de commande.
Le projet e-business a donc débuté en mai 2000.
L'évolution des technologies de l'information a permis
à Manutan de développer un outil liant l'Efficient
Consumer Response (ECR) à la maîtrise de la Supply
Chain. Pour développer son activité e-business, la
société a mis en place une suite de commerces électroniques classiques (Intershop). Relié à une base sur
serveur Oracle, ce système incorpore une interface
XML qui permet aux informations client d'être intégrées dans les différents ERP du groupe. La solution
est externalisée auprès d'un prestataire (External) qui
héberge la plate-forme, les bases de données, les applicatifs et contrôle la sécurité. Manutan vend des
produits de manutention, de stockage, d'hygiène etc…
depuis 30 ans à des PME et à des grands comptes. Le
canal Internet lui permet notamment de conquérir une
nouvelle cible : les TPE et Artisans. Dans le domaine
de commerce électronique inter-entreprises, on distingue 3 types de clients :



Les groupes internationaux, qui ont développé
des stratégies e-business et qui sont équipés
d'outils d'e-procurement, soit directement, soit
par l'intermédiaire d'une place de marché.
Les PME qui n'ont pas les moyens d'investir dans
des solutions d'e-procurement mais qui veulent
accéder à des offres électroniques personnalisées
: catalogues avec des fonctionnalités clé-en-main
de gestion d'achats, de contrôle de budget, de
workflow.
Les TPE et artisans qui souhaitent commander
via un site de vente électronique.
Manutan traite essentiellement avec les deux premières catégories et développe sa part de marché sur le
troisième segment à qui l'envoi de catalogues "papier"
(plus de 1500 pages) était jusqu'alors marginal.
Par ailleurs, Manutan passait commande à ses fournisseurs les plus importants via des liaisons EDI. Une
solution appelée "Web Supplier" a été développée de
façon à gérer les approvisionnements avec les petits
fournisseurs et à intégrer ces commandes dans le
système d'informations du groupe. Les gains estimés
lors du déploiement d'une telle solution auprès de 100
fournisseurs correspondent à une année/homme de
saisie. Cet outil permet entre autres d'évaluer plus
précisément les fournisseurs et d'optimiser les réapprovisionements.
Aujourd'hui la demande des grandes entreprises
s'oriente vers un service de dimension européenne.
Dans ce contexte, MANUTAN International a investi
10 millions d'euros dans son projet e-business.
Manutan a mis en place un HUB/XML de façon à
gérer différentes normes d'échanges actuellement en
usage :

XML,

EDIFACT,

ANSIX12,

ASCII,

BIZTALK,

EbXML…
Et différents protocoles de transfert :

FTP,

X400,

HTTP,

e-mail…
6.2. Interconnexion de Manutan et de
ses fournisseurs
Le HUB permet à Manutan d’échanger en temps réel
avec son tissu de fournisseurs de manière à bien maîtriser ses propres achats et approvisionnements. Cette
étape sur les flux amonts est actuellement en cours de
mise en place.
Si le fournisseur est déjà équipé d’outils d’échange de
données, une étude est réalisée pour convenir des
standards et de protocoles d’échanges à retenir, des
tests sont également mis en œuvre. Après validation,
le fournisseur pourra recevoir les commandes de
l’ensemble des sociétés du groupe Manutan. De même
seront échangés avis de réception et factures.
À l'inverse si le fournisseur n’est pas équipé de
plate-forme électronique, il se verra proposer l'interface "Web Supplier" lui permettant via un navigateur
de recevoir et confirmer les commandes, d’envoyer
les avis d’expédition et d’imprimer tous les documents
liés à la commande. Déjà 300 fournisseurs sur les 800
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
référencés par Manutan reçoivent leurs commandes
par l'intermédiaire de cet outil (soir 20% de l'ensemble
des achats). Après validation du fournisseur et de sa
date de livraison, les données enrichissent le Système
d'Information du groupe.
D'ici fin 2003, ce dernier système devrait être généralisé pour représenter 80% des commandes (Barbaux
,2003).
6.3. Interconnexion de Manutan et de
ses clients
La plate-forme HUB est conçue pour recevoir les
commandes clients, envoyer les accusés de commandes ainsi que les avis de livraison et les factures.
Les commandes en provenance du website marchand
ou des applicatifs d’e-procurement seront indifféremment intégrées par le HUB qui les réorientera vers
les différents ERP du groupe Manutan.
De la même façon, le HUB peut intégrer les commandes entrant sous format e-mail, ce qui nécessite
une traduction dite “ mapping ”, avant de les inclure
dans les ERP. Très clairement cela va dans le sens de
l’allégement, de la simplification, de la de la fiabilisation et du raccourcissement du process traditionnel
de traitement des commandes car ici la ressaisie manuelle est proscrite.
6.4.2. Adoption d’une nomenclature
descriptive complémentaire
Chaque produit se voit défini par une liste de caractéristiques techniques et descriptives, ce qui permet
d’affiner sa description et de fait sa recherche dans le
catalogue. En résumé, cela permet au client d’accéder
aux spécifications techniques gérées initialement par
le fabricant.
6.4.3. Personnalisation et élargissement
de l’offre
Le catalogue peut à la demande d’un client intégrer
des produits proposés par des fabricants non référencés par Manutan. De même le catalogue proposé à
chaque client peut être personnalisé ou restreint par
rapport à l’offre standard du catalogue général. Le
catalogue papier usuel s’accompagne désormais de
l’offre proposée par le site marchand (webshop) et par
les catalogues e-procurement personnalisés.
6.5. Analyse critique
6.5.1. Forces de l’offre e-business Manutan
6.5.1.1. Une position de leader
Un dernier avantage majeur du HUB est la possibilité
de dématérialiser la facturation en télétransmettant des
messages EDIFACT en lieu et place des habituels
documents papier. La seule limite à l’utilisation de
cette fonctionnalité est la législation en vigueur sur ce
sujet dans les pays où réside la clientèle.
6.4. Évolution du “ contenu numérique ”
6.4.1. Adoption d’une codification des
produits internationale
L’ensemble des produits référencés par Manutan
utilise désormais la nomenclature UNSPSC (Universal Standards Products and Services Classification).
Cette norme reconnue internationalement est gérée
par l’association ECCMA pour Electronic Commerce
Code Management Association.
Manutan bénéficie avant tout de la grande notoriété du
groupe en Europe et de son savoir-faire pour la distribution à distance. Sa grande expérience logistique
lui permet de garantir des délais de livraison.
Aucune démarche concurrente n'existe sur Internet à
l’exception du site américain Graingers.com, entreprise qui n’est pas présente en Europe.
6.5.1.2. La plate-forme technique
Le développement de l'outil "HUB/XML", compatible
avec de nombreuses normes d’échange et de protocoles de transfert, permet l’interconnexion entre flux
physiques et informatifs entrants et sortants.
Conceptuellement, cela semble être la “quadrature du
cercle ” car toutes les liaisons informatiques possibles
semblent être prises en charge par le HUB. On tend
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
vers un degré supérieur de maturité organisationnelle,
“ l’entreprise étendue ”.
mais elle n’en a pas moins un coût, le coût de la diversité.
6.5.1.3. La présence sur les E-Marketplaces
Or, l’entreprise n’a pas de client générant plus de 1 %
de son CA, il s’agit donc de bien mesurer le point
d’équilibre ou le point mort en deçà duquel la personnalisation est une non-source de profits.
Le e-procurement de certains grands comptes via des
places de marchés électroniques a pour objectif de
limiter les interlocuteurs sur un certain nombre
d’achats et en amont de massifier les besoins. Vraisemblablement, cette massification se répercutera sur
les volumes alloués aux fournisseurs retenus.
6.5.1.4. Une clientèle moins volatile
Les solutions techniques développées par Manutan
pour ses clients équipés ou non d’applications
d’e-procurement induisent une fiabilisation de la
relation commerciale, voire un caractère “ captif ” de
certains clients tant les apports en termes d’efficacité
et de simplicité sont importants (il faut avoir à l’esprit
qu’actuellement 50 % des commandes sont encore
transmises à Manutan par fax et 15 % par courrier).
6.5.2. Faiblesses de l’offre e-business
Manutan
6.5.2.1. Le coût de l’opération
L’entreprise table sur un amortissement des 10 millions d’euros investis à fin 2002. Les évènements de
septembre 2001 et le ralentissement général de
l’économie s’accompagnent d’une suspension des
achats non vitaux. On peut supposer que cela concerne
une partie du catalogue Manutan et la croissance
espérée ne sera pas celle des années précédentes.
6.5.2.2. La diversité de l’offre
e-procurement
La diversité de l’offre en solutions e-business de
Manutan est indéniablement une qualité, mais dans
quelle mesure ne constitue-t-elle pas un centre de
pertes ?
6.5.2.3. L’immaturité du e-business
Le e-business est encore un univers en voie de maturation, les solutions techniques sont nombreuses et
cohabitent sur un marché dans lequel les entreprises
souhaitent s’engager parce que, à l’évidence, ce média
est un média d’avenir et pourvoyeur d’économies (10
% en moyenne pour les entreprises présentes sur les
e-marketplaces), mais où elles ne veulent pas se brûler
les ailes, c’est une des leçons enseignée par la bulle
spéculative.
Les clients de Manutan ne sont pas rares à tester plusieurs solutions proposées par le groupe et à changer
d’avis sur celle qui leur convient le mieux. En
l’occurrence, le changement a un coût.
En conclusion, la stratégie e-commerce de Manutan
International est orientée vers une offre complète,
complexe et fortement personnalisée au plus près des
besoins de sa clientèle. Sa position de pionnier est un
atout non négligeable en raison de l’effet d’expérience
et c’est un lieu commun que d’écrire que les volumes
de ventes en ligne sont appelés à exploser dans les
années à venir.
Manutan semble donc parfaitement outillé pour le
B-to-B sur Internet, et son métier de base, la vente par
correspondance est plus qu’aucune autre adaptée à
l’évolution inévitable vers le e-business.
7. Conclusion
Le Web EDI est une solution intermédiaire et transitoire à faible coût avant de passer vers une solution
tout XML.
EDI est en effet trop rigide, manque de souplesse et
d'un coût prohibitif.
La personnalisation extrême qu’autorisent les outils
mis en place (webshop customisé, prise en charge du
workflow, prise en compte des fournisseurs de vos
clients, catalogues ciblés, …) peut certes être perçue
comme un avantage concurrentiel par la clientèle,
XML est le standard du futur car fonctionne sur le
temps réel et permet une inter-opérabilité plus grande
avec les SI des entreprises.
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
XML et EDI cohabiteront encore pendant quelques
années. Selon certaines études l'EDI représentera 40%
des échanges inter-entreprises en 2005 et 60%
s’effectueront sur XML (source forrester research).
Différents organismes tentent de développer des spécifications XML par l’EDI. Pour éviter une hétérogénéité de ces travaux, l’UN/CEFACT et le groupe
OASIS ont lancé l’ebXML (ebusiness XML). Il s’agit
d’une initiative visant à proposer des spécifications
génériques XML par l’EDI. A partir de ces propositions, des standards par secteurs économiques pourront émerger tel RosettaNet pour le secteur des hautes
technologies.
En comparaison des services Web (Wrox, 2002),
ebXML introduit une vision plus métier (Chauvet,
2002).
Daniel Lang et Jean-Luc Pillet
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