Le positionnement du Web EDI en regard avec l`intégration et
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Le positionnement du Web EDI en regard avec l`intégration et
Le positionnement du Web EDI en regard avec l'intégration et la normalisation des données Daniel LANG Résumé Les nouveaux concepts émergeants issus du monde du Web semblent répondre à la nécessité d'intégrer les données issues des échanges inter-entreprises au cœur du système d'information de l'entreprise. Pourtant, l'intégration et la standardisation sont deux notions qui méritent une clarification formelle. L'état de l'art dans ce domaine nous permettra de positionner le concept du Web EDI en regard avec les autres technologies en vogue. Mots clefs : Intégration - normalisation - relations inter-entreprises Web EDI Abstract Today, the new concepts issued from Internet word allow to better intergrate external datas into the heart of information systems. But, integration and standardization are two items which need to be clarified. The state of art in this domain will allow us to explicitit the real added value of the concept of Web EDI. Key-words: Integration - standardization - relationship with companies - Web EDI Enseignant chercheur en SI I.N.T.- Institut National des Télécommunications 9 rue Charles Fourier - 91011 EVRY Cedex Tel 01-60-76-41-67 [email protected] Jean-Luc PILLET Professeur vacataire HEG Fribourg 4 ch du Musée - CH 1700 FRIBOURG Tel +41(0)76 501 80 70 [email protected] Daniel Lang et Jean-Luc Pillet 1. Introduction 2. L’objet de la recherche L’influence prédominante des partenariats entre diverses entreprises, et l’importance croissante des échanges B to B (Business to Business) induisent un plus grand partage d’informations entre applications. La force de l'EDI réside par la possibilité de normaliser des flux commerciaux complexes par le biais de la norme EDIFACT. Ainsi, voici les évènements qui peuvent être générés par des transactions EDIFACT en figure 2 (Stoven, Deturche, 1989) : Pour répondre à ce besoin d’intégration, une première étape a consisté à développer des passerelles spécifiques d’autant plus nombreuses qu'il y avait d'applicatifs à faire communiquer entre eux. Puis des formats d’échanges normalisés ont été définis, de façon à être utilisables par tous les programmes informatiques. Parallèlement, les outils de traitements (micro-ordinateur, téléphone cellulaire, assistant personnel (PAD,…) se sont multipliés et ont impliqué des changements de présentation sur le poste client, obligeant souvent à des redéveloppements adaptés. Client Acheteur offre (prix catalogue) Fournisse Vendeur demande d'information sur l'offre demande de cotation cotation spécifications techniques réponses aux spécifications techniques Pour pallier ces deux phénomènes : la multiplication des outils et les besoins d'intégration, le W3C (World Wide Web Consortium) a proposé un métalangage XML (eXtensible Markup Language) permettant de séparer données et présentation, offrant ainsi une facilité d’échange entre applicatifs et une évolutivité des masques de présentation. De par une structure de données commune, plusieurs entreprises d’un même secteur peuvent dès lors faciliter les échanges inter-applicatifs. commandes accusé de réception de commande rectificatif de commandes accusé de réception de rectificatif de commande instructions de livraison message qualité avis d'expédition rapport d'inspection Pour permettre cette intégration applicative, il est utile d’homogénéiser les processus métiers. Grâce à une modélisation de ces processus, l’intégration des systèmes se verra facilitée via une automatisation des flux et des tâches associées. facture avis de paiement Figure 1 : les flux commerciaux La norme d’échange EDI, déployée dès 1975, a connu son heure de gloire, notamment dans certains secteurs tels la banque ou la logistique. Le principal inconvénient de cette approche réside dans la lourdeur des outils utilisés et leur coût. En effet, l’EDI exige l’usage d’un réseau privé entre les partenaires, ce qui la destinait exclusivement aux échanges entre grands comptes. Avec la prédominance de l’Internet et de norme comme XML, les standards EDI se transformeront en vue d’offrir des accès plus nombreux pour les PME . Aujourd’hui, un débat est engagé entre les défendeurs de l’EDI traditionnel utilisant le langage EDIFACT et ceux qui pensent que toutes les solutions peuvent découler de l’utilisation du Web avec Internet. Une troisième catégorie d’auteurs pensent à une complémentarité des deux technologies (Langlois, Gasch, 1999). Selon un état de l’art publié par CXP1, groupement indépendant, les fonctionnalités des produits “B to C“" proposeront les possibilités actuelles “B to B“ via des modules additionnels. 1 “ Serveurs de commerce électronique sur Internet”, CXP Daniel Lang et Jean-Luc Pillet Notre exemple à la figure 1 montre que les processus utilisés sont complexes. De plus, ils doivent coller au métier de l'entreprise. Par exemple, la chaîne transport utilise les messages tels que : Modèle d'architecture 3 niveaux d'intégration Meinadier 2002 ordre de transport Architecture fonctionnelle applicative instruction à un sous-traitant rapport rectifications avis d'arrivée demande d'instruction offre demande d'enlèvement Ces évènements vont permettrent de mettre en relation les acteurs comme le donneur d'ordres, le transporteur affrété, le centre de réexpédition, le centre livreur et le destinataire (Sandoval, 1990). De plus, l'ensemble des messages EDIFACT utilisés montre que cette norme est multi-sectorielle. Cependant, les bénéfices significatifs apportés par l'utilisation de l'EDI impliquent l'intégration des messages dans le système d'information de l'entreprise. Cet interfaçage implique des investissements importants et l'état de l'art en la matière montre que seuls des grands groupes (environ 125 000 dans le monde) utilisent ce concept. Or aujourd'hui, le monde du Web avec notamment XML offre des alternatives intéressantes en termes d'échanges de données entre applications. Par l'étude des nouveaux concepts émergeants face à l'EDI, notre recherche vise donc à clarifier l'ambiguïté qui peut apparaître entre l'intégration possible et aisée des données au cœur même du système d'information de l'entreprise et la normalisation de celles-ci en termes de processus métier. Domaine fonctionnel Bus d’intégration applicative Architecture du logiciel applicatif traduite par Modules logiciels, objets, SGDB Bus logiciel projetée sur Architecture de l’infrastructure informatique Hôtes, serveurs, clients et logiciels de b « Bus » physique Figure 2 : Modèle d'architecture de SI à trois niveaux d'intégration L'EDI intègre parfaitement le modèle théorique ci-dessus puisque le convertisseur permet de gérer des évènements de manière asynchrone (architecture fonctionnelle), d'intégrer les données au cœur même du SI à condition de développer les solutions spécifiques à chaque entreprise (architecture du logiciel applicatif) et de transférer ces données sur les réseaux (architecture de l'infrastructure informatique) par le module "interface des systèmes de communication" (Bezaut, Goepp, 1993). Conclusion C1 : La standardisation peut être maximale mais sous dépendance d'une norme EDIFACT extrêmement formaliste ; L'intégration des données chez les partenaires doit s'opérer au cas par cas d'où un coût de développement important. 3. L’EDI et Internet L'intégration peut s'effectuer sur trois niveaux du système d'information : intégration fonctionnelle (gestion du workflow réparti et adaptations sémantiques), intégration logicielle (adaptations syntaxiques et protocolaires) et intégration d'infrastructures technologiques). La figure 2 illustre le ce modèle d'architecture (Meinadier, 2002) : 3.1. Principales similitudes L’EDI et Internet sont des instruments techniques qui appartiennent au concept du commerce électronique. Ce dernier peut faciliter les échanges entre services internes, améliorer les relations entre les fournisseurs et les clients (Sarkar et al., 2001), supprimer les con- Daniel Lang et Jean-Luc Pillet traintes de temps et de lieu (Kosiur, 1997). L’entreprise est donc plus compétitive, elle gagne en parts de marché et accroît ses performances (Venkatraman, 1994). On remarque également la part croissante du rôle de plus en plus important des technologies de l’information et en particulier du commerce électronique pour servir la stratégie d’entreprise (Galliers, 1994) (Akoka, 1997). le matériel in- hébergement du serveur Web sur formatique le site marchand ou chez un prestataire de service station dédiée, système frontal ou site central (la solution peut être gérée en interne ou en utilisant les services d’un “clearing center”3 3.2. Principales différences Notre approche concerne une composante spécifique du commerce électronique : le commerce entre entreprises ("Business-to-Business"). Or aujourd'hui, le commerce marchand-consommateur (Business-to-consumer) prend une extension considérable par le biais d'Internet et du Word Wide Web. Jusqu'à récemment, le commerce électronique était uniquement le fait des échanges EDI : 90% des mille plus grandes entreprises répertoriées par le magazine “Fortune“ ont investi dans l'EDI (Pontacq, 1998). Avec la toile (le "Web"), de nouvelles possibilités s'offrent aux PME pour intégrer l'EDI existant chez leurs donneurs d'ordres. Cependant, la technologie "Web" ne fait pas appel aux mêmes outils que l'EDI. Le tableau suivant (Pillet, 1998), (Langois, Gasch, 1998) nous en montre les principales différences : Web les protocoles de protocole communication net (IP) Les services - Service de répartition de “ Commerce l’information électronique ” - Service de recherche d’information - Service de production d’information langages de programmation : Java, Perl, C, C++ convertisseurs EDI fournis par les prestataires de services intégration des données par du développement interne traditionnel Cascading Styles Sheets Les services d’interconne xion - Les services de sécurité - Les services permettant une interconnexion Normalisation Pas ou peu de normalisation. Le leader du marché crée sa norme. Couverture fonc- Actes élémentionnelle taires du commerce Partenaires 3 2 Les services de sécurité - Les services de gestion de transactions Inter- protocole X.25 Les services de gestion de transactions - Outils d’indexation et de classification EDI et la norme EDIFACT outils d'édition : HTML - Outils de sélection des partenaires la standardisa- standard HTML , norme EDIFACT tion des docu- CSS2, XML ments les outils de développement alternatives en fonction du volume et du niveau d'intégration des données : Réguliers ou ponctuels, connus ou non EDIFACT pousse la normalisation à un “ haut ” niveau Vaste, couvre tous les modèles du business Professionnels et connus à l’avance prestataires de services offrant des services EDI sur les réseaux Daniel Lang et Jean-Luc Pillet Typologie des Transactions simples et banatransactions lisées Mise en œuvre Transactions complexes Progiciels clés en Complexe main avec hébergement Intégration dans Intégration au SI Remise en cause plus superficielle du SI de les applications l’entreprise mais possible à coûts réduits ouverture Totale Limitée au RVA disponibilité Dépend du RVA encombrements dans l'EDI. Il permet aussi à l'un de ses partenaires commerciaux de recevoir l'équivalent d'un message EDIFACT sous une forme électronique, Cette solution permet de réduire les coûts de transmission mais elle n’offre pas le même niveau de sécurité que les RVA au niveau application (couche 7) du modèle OSI. Cependant Internet, à terme, risque de porter de l'ombre aux RVA traditionnels. Ainsi, Wall-Mart, un géant de la distribution américaine, a récemment opté pour le protocole EDI-INT (Internet Integration) AS2. Une norme qui sert à véhiculer des messages EDI sur HTTP et de façon sécurisée (S/Mime) tout en conservant leur intégrité (Parpinelli, 2003). possibles le lancement d'une requête à l'aide du navigateur Web basé sur un concept client-serve ur non transactionnel traitements par lots dont le déclenchement est déterminé par l'accord interchange par une requête FTP 4.2. Les liens entre l’EDI et le Web Les prestataires de services ont conçu une solution permettant de transformer la syntaxe EDIFACT en un format HTML par un traducteur Web EDI (Langois, Gasch,1999). Trois options concrètes émergent aujourd’hui des différentes tendances du marché. Ces options tiennent compte notamment de la situation des PME qui sont en manque de ressources financières et humaines. Examinons ces solutions : Tableau 1 : comparaison des solutions Web et EDI Nous constatons que les outils de développement, la standardisation des documents, l’offre des services et les besoins fonctionnels diffèrent clairement lors d'une comparaison entre le Web et l'EDI traditionnel. Cependant, afin de répondre aux besoins du marché, des prestataires de services ont développé des solutions "hybrides" permettant de lier les nouvelles possibilités d'Internet avec les standards définis par la norme EDIFACT. Expliquons en donc les principes généraux : 4. Les concepts utilisant l’EDI Web Conclusion C2 : L'utilisation minimale des différents types de messages EDIFACT cantonnés à l'échange de messages les plus fondamentaux ou les plus utilisés par l'ensemble des partenaires affaiblit considérablement la portée multi-sectorielle de cette norme. De ce fait, l'EDI perd ses principaux atouts : la standardisation d'échanges commerciaux complexes. 4.1. De l'EDI de bout en bout sur Internet Dans ce cas, les messages EDIFACT sont “encapsulés“ dans un standard Internet. L'avantage de cette solution donne la possibilité au grand donneur d'ordres de conserver tout le bénéfice de son investissement L'EDI light : ce concept de l’EDI light est une solution “packagée“, maintenue à distance, jetable, et bâtie à la fois sur des standards Internet et sur ceux de l’EDI4. Le langage utilisé est donc de l’EDIFACT et c’est au RVA de router les messages vers les serveurs Web EDI. Ces derniers jouent un rôle frontal entre les partenaires équipés en EDIFACT et des partenaires équipés en Internet (Legoeul,1999). 4 L'EFI : Ce service met à la disposition d’une entreprise peu informatisée une application de gestion permettant un accès à la technologie EDI. En fait, le prestataire de services propose à l’entreprise des formulaires interactifs permettant de saisir les données indispensables à la future transaction commerciale. Par exemple, le donneur d’ordres, fortement informatisé, utilise ses applications EDI existantes via ses RVA habidéfinition proposée en 1996 lors de la réunion du Joint Rapporter Team (JRT) d’Edifact Daniel Lang et Jean-Luc Pillet tuels pour émettre la commande de la réception de son avis d’expédition. Les RVA se chargent de la destination des messages vers le serveur Web EDI d’un prestataire de service. Pour recevoir la commande et la visualiser sur écran, le fournisseur utilise une application de type “formulaire” hébergée par cet opérateur, dit Web EDI. En cas de confirmation de commande, un simple déclic du fournisseur déclenche l’envoi d’un message d’avis d’expédition que le donneur d’ordres intégrera dans ses applications. Conclusion C3 : On peut estimer une approche différente du niveau d'intégration des données échangées entre le donneur d'ordres et l'entreprise utilisant le formulaire standard EFI. Ce dernier a été proposé par un prestataire de service afin de minimiser les développements. Donc, on se trouve en présence d'une intégration minimale et d'une utilisation conforme aux échanges les plus élémentaires. XML : les auteurs cherchent à normaliser les documents présents sur le Web en tenant compte du type de transactions commerciales (XML/EDI group, 1999). Dans le cadre de l’EDI light, le langage XML5 (Chen&al, 2000) peut apporter un complément pour le transfert de documents puisqu’il peut constituer une alternative économique lorsque les données transitent vers des entreprises qui ne sont équipées que d’un navigateur. Certains experts estiment que XML peut être utilisé à la fois pour un format de présentation et de contenu. Il peut convertir ou être converti avec la norme EDIFACT. Il est compatible avec le standard TCP/IP et le protocole HTTP (McGrath, 1998). Les scripts (CGI6, activeX, EJB7) permettent de générer dynamiquement du format HTML à partir des bases de données de l'entreprise, XML créant des feuilles de styles adaptées à l'utilisateur final. De plus, les serveurs d'applications permettent d'apporter des solutions plus sophistiquées lorsqu'il s'agit de créer des procédures complexes quant à la mise à jour des données. Enfin, les services Web par les annuaires UDDI 8 et leur description WSDL 9 offrent des nouvelles possibilités d'extension des applications internes de l'entreprise. Conclusion C5 : XML permet d'obtenir des restitutions diverses à partir d'une même source. Les services Web permettent d'échanger les données d'applications à applications. 4.3.2. La normalisation des données Si l'on se situe dans le cadre d'un projet Web EDI, il est possible de construire des arbres XML à partir de la structure des messages et des segments EDIFACT et de conserver les noms codés des données EDIFACT pour les balises XML (Gardarin, 2002). Cependant, cette solution tient toujours compte de l'existant. Donc, l'EDI continue à perdurer car XML seul ne définit pas les règles et procédures utiles aux échanges électroniques (Varanda, 2002). Aujourd'hui, XML favorise la création de catalogues, mais le passage de l'EDI à XML représente autant de travail que de le constituer de toutes pièces. Cette standardisation fonctionnelle est une condition essentielle à l'interconnexion des SI (Avignon, Joguet, Pezziardi, 2000). Conclusion C6 : Conclusion C4 : Les atouts d'XML : des données transportées sur les réseaux indépendamment d'un marquage technologique par le type de serveurs d'applications ou des bases de données existantes chez les partenaires. 4.3. L'apport d'XML et ses limites 4.3.1. La récupération des données au cœur du système d'information 5 Extension Markup Language L'enjeu d'XML consiste à générer une standardisation plus importante par l'implication d'un plus grand nombre d'acteurs. 4.3.3. EbXML : l'apport d'un standard EbXML est une initiative mondiale visant à standardiser et à généraliser l'EDI autour d'XML. L'accent est porté sur les processus commerciaux à partir des schémas de messages XML. D'un point de vue technique, l'architecture est divisée en trois couches per- 6 CGI : Commun Gateway Interface 7 EJB : Entreprise Java Beans 8 UDDI : Universal Description Discovery and Integration 9 WSDL : Web Services Description Language Daniel Lang et Jean-Luc Pillet mettant le transport, la mémorisation des processus et scénarios d'affaires. Juin1999 Novembre 2001 Les principaux éléments de ebXML sont : Des services d'annuaires (Registry Services) Des services de messagerie (Messages Services) Les protocoles et les contrats de collaboration décrivant les services possibles et les accords entre services 60% Minitel 39% 51% (EDI) Internet Conclusion C7 : 35% Télétransmission 5% 21% EbXML est pressenti pour prendre la suite de l'EDI car il permet également de standardiser et de normaliser les données en tenant compte des flux métiers. Figure 4 : l'utilisation de l'EDI technologies face aux autres Le positionnement des divers concepts Comment peut-on situer les divers concepts en regard avec le couplage intégration et normalisation ? En tenant compte des diverses conclusions, illustrons sur le schéma suivant les principaux cas étudiés : 6. Une illustration d'entreprise : le cas Manutan 6.1. Introduction Intégration Suite à plusieurs entretiens avec des responsables de l'entreprise Manutan, nous présentons les cas d'une organisation confrontée à des flux d'échanges hétérogènes tant en ce qui concerne la communication vers leurs clients que vers leurs fournisseurs. forte XML EDI light EbXML Manutan International est l'une des premières entreprises européennes de vente à distance de petits équipements, et de consommables industriels et de bureau pour les entreprises. EDI EFI faible standardisation faible forte Le concept de distribution développé par Manutan consiste à offrir à toutes les entreprises et collectivités publiques la gamme la plus large possible de produits de qualité au sein d'un même catalogue. Il s'agit de répondre à tous les besoins en achats hors production. Figure 3 : le couplage intégration et normalisation Manutan dispose de filiales dans 17 pays qui conçoivent et réalisent leur propre catalogue. 5. Quel est le futur de l'EDI ? Les études actuelles montrent que l'EDI, même s'il est condamné à terme, sera encore utilisé pendant de nombreuses années car ce concept a impliqué des investissements importants. La figure suivante montre la situation actuelle de l'EDI face aux technologies émergeantes : Aucun aspect des besoins des entreprises et des collectivités n'est ignoré : manutention, levage, stockage, mobiliers, fournitures de bureau, entretien, sécurité, contrôle-qualité… Certains catalogues comptent ainsi jusqu'à 40 000 références. Actuellement leader sur le marché français et européen des vépécistes inter-entreprises, Manutan continue son développement en proposant son catalogue sur Internet. Le groupe est côté au second marché de la Bourse de Paris depuis 1985 et Manutan SA a été la Daniel Lang et Jean-Luc Pillet première société française de vente à distance certifiée ISO 9001. Le groupe a démarré son activité en ligne pour répondre aux besoins de grands comptes clients afin d'optimiser les achats non stratégiques et de simplifier les processus de commande. Le projet e-business a donc débuté en mai 2000. L'évolution des technologies de l'information a permis à Manutan de développer un outil liant l'Efficient Consumer Response (ECR) à la maîtrise de la Supply Chain. Pour développer son activité e-business, la société a mis en place une suite de commerces électroniques classiques (Intershop). Relié à une base sur serveur Oracle, ce système incorpore une interface XML qui permet aux informations client d'être intégrées dans les différents ERP du groupe. La solution est externalisée auprès d'un prestataire (External) qui héberge la plate-forme, les bases de données, les applicatifs et contrôle la sécurité. Manutan vend des produits de manutention, de stockage, d'hygiène etc… depuis 30 ans à des PME et à des grands comptes. Le canal Internet lui permet notamment de conquérir une nouvelle cible : les TPE et Artisans. Dans le domaine de commerce électronique inter-entreprises, on distingue 3 types de clients : Les groupes internationaux, qui ont développé des stratégies e-business et qui sont équipés d'outils d'e-procurement, soit directement, soit par l'intermédiaire d'une place de marché. Les PME qui n'ont pas les moyens d'investir dans des solutions d'e-procurement mais qui veulent accéder à des offres électroniques personnalisées : catalogues avec des fonctionnalités clé-en-main de gestion d'achats, de contrôle de budget, de workflow. Les TPE et artisans qui souhaitent commander via un site de vente électronique. Manutan traite essentiellement avec les deux premières catégories et développe sa part de marché sur le troisième segment à qui l'envoi de catalogues "papier" (plus de 1500 pages) était jusqu'alors marginal. Par ailleurs, Manutan passait commande à ses fournisseurs les plus importants via des liaisons EDI. Une solution appelée "Web Supplier" a été développée de façon à gérer les approvisionnements avec les petits fournisseurs et à intégrer ces commandes dans le système d'informations du groupe. Les gains estimés lors du déploiement d'une telle solution auprès de 100 fournisseurs correspondent à une année/homme de saisie. Cet outil permet entre autres d'évaluer plus précisément les fournisseurs et d'optimiser les réapprovisionements. Aujourd'hui la demande des grandes entreprises s'oriente vers un service de dimension européenne. Dans ce contexte, MANUTAN International a investi 10 millions d'euros dans son projet e-business. Manutan a mis en place un HUB/XML de façon à gérer différentes normes d'échanges actuellement en usage : XML, EDIFACT, ANSIX12, ASCII, BIZTALK, EbXML… Et différents protocoles de transfert : FTP, X400, HTTP, e-mail… 6.2. Interconnexion de Manutan et de ses fournisseurs Le HUB permet à Manutan d’échanger en temps réel avec son tissu de fournisseurs de manière à bien maîtriser ses propres achats et approvisionnements. Cette étape sur les flux amonts est actuellement en cours de mise en place. Si le fournisseur est déjà équipé d’outils d’échange de données, une étude est réalisée pour convenir des standards et de protocoles d’échanges à retenir, des tests sont également mis en œuvre. Après validation, le fournisseur pourra recevoir les commandes de l’ensemble des sociétés du groupe Manutan. De même seront échangés avis de réception et factures. À l'inverse si le fournisseur n’est pas équipé de plate-forme électronique, il se verra proposer l'interface "Web Supplier" lui permettant via un navigateur de recevoir et confirmer les commandes, d’envoyer les avis d’expédition et d’imprimer tous les documents liés à la commande. Déjà 300 fournisseurs sur les 800 Daniel Lang et Jean-Luc Pillet référencés par Manutan reçoivent leurs commandes par l'intermédiaire de cet outil (soir 20% de l'ensemble des achats). Après validation du fournisseur et de sa date de livraison, les données enrichissent le Système d'Information du groupe. D'ici fin 2003, ce dernier système devrait être généralisé pour représenter 80% des commandes (Barbaux ,2003). 6.3. Interconnexion de Manutan et de ses clients La plate-forme HUB est conçue pour recevoir les commandes clients, envoyer les accusés de commandes ainsi que les avis de livraison et les factures. Les commandes en provenance du website marchand ou des applicatifs d’e-procurement seront indifféremment intégrées par le HUB qui les réorientera vers les différents ERP du groupe Manutan. De la même façon, le HUB peut intégrer les commandes entrant sous format e-mail, ce qui nécessite une traduction dite “ mapping ”, avant de les inclure dans les ERP. Très clairement cela va dans le sens de l’allégement, de la simplification, de la de la fiabilisation et du raccourcissement du process traditionnel de traitement des commandes car ici la ressaisie manuelle est proscrite. 6.4.2. Adoption d’une nomenclature descriptive complémentaire Chaque produit se voit défini par une liste de caractéristiques techniques et descriptives, ce qui permet d’affiner sa description et de fait sa recherche dans le catalogue. En résumé, cela permet au client d’accéder aux spécifications techniques gérées initialement par le fabricant. 6.4.3. Personnalisation et élargissement de l’offre Le catalogue peut à la demande d’un client intégrer des produits proposés par des fabricants non référencés par Manutan. De même le catalogue proposé à chaque client peut être personnalisé ou restreint par rapport à l’offre standard du catalogue général. Le catalogue papier usuel s’accompagne désormais de l’offre proposée par le site marchand (webshop) et par les catalogues e-procurement personnalisés. 6.5. Analyse critique 6.5.1. Forces de l’offre e-business Manutan 6.5.1.1. Une position de leader Un dernier avantage majeur du HUB est la possibilité de dématérialiser la facturation en télétransmettant des messages EDIFACT en lieu et place des habituels documents papier. La seule limite à l’utilisation de cette fonctionnalité est la législation en vigueur sur ce sujet dans les pays où réside la clientèle. 6.4. Évolution du “ contenu numérique ” 6.4.1. Adoption d’une codification des produits internationale L’ensemble des produits référencés par Manutan utilise désormais la nomenclature UNSPSC (Universal Standards Products and Services Classification). Cette norme reconnue internationalement est gérée par l’association ECCMA pour Electronic Commerce Code Management Association. Manutan bénéficie avant tout de la grande notoriété du groupe en Europe et de son savoir-faire pour la distribution à distance. Sa grande expérience logistique lui permet de garantir des délais de livraison. Aucune démarche concurrente n'existe sur Internet à l’exception du site américain Graingers.com, entreprise qui n’est pas présente en Europe. 6.5.1.2. La plate-forme technique Le développement de l'outil "HUB/XML", compatible avec de nombreuses normes d’échange et de protocoles de transfert, permet l’interconnexion entre flux physiques et informatifs entrants et sortants. Conceptuellement, cela semble être la “quadrature du cercle ” car toutes les liaisons informatiques possibles semblent être prises en charge par le HUB. On tend Daniel Lang et Jean-Luc Pillet vers un degré supérieur de maturité organisationnelle, “ l’entreprise étendue ”. mais elle n’en a pas moins un coût, le coût de la diversité. 6.5.1.3. La présence sur les E-Marketplaces Or, l’entreprise n’a pas de client générant plus de 1 % de son CA, il s’agit donc de bien mesurer le point d’équilibre ou le point mort en deçà duquel la personnalisation est une non-source de profits. Le e-procurement de certains grands comptes via des places de marchés électroniques a pour objectif de limiter les interlocuteurs sur un certain nombre d’achats et en amont de massifier les besoins. Vraisemblablement, cette massification se répercutera sur les volumes alloués aux fournisseurs retenus. 6.5.1.4. Une clientèle moins volatile Les solutions techniques développées par Manutan pour ses clients équipés ou non d’applications d’e-procurement induisent une fiabilisation de la relation commerciale, voire un caractère “ captif ” de certains clients tant les apports en termes d’efficacité et de simplicité sont importants (il faut avoir à l’esprit qu’actuellement 50 % des commandes sont encore transmises à Manutan par fax et 15 % par courrier). 6.5.2. Faiblesses de l’offre e-business Manutan 6.5.2.1. Le coût de l’opération L’entreprise table sur un amortissement des 10 millions d’euros investis à fin 2002. Les évènements de septembre 2001 et le ralentissement général de l’économie s’accompagnent d’une suspension des achats non vitaux. On peut supposer que cela concerne une partie du catalogue Manutan et la croissance espérée ne sera pas celle des années précédentes. 6.5.2.2. La diversité de l’offre e-procurement La diversité de l’offre en solutions e-business de Manutan est indéniablement une qualité, mais dans quelle mesure ne constitue-t-elle pas un centre de pertes ? 6.5.2.3. L’immaturité du e-business Le e-business est encore un univers en voie de maturation, les solutions techniques sont nombreuses et cohabitent sur un marché dans lequel les entreprises souhaitent s’engager parce que, à l’évidence, ce média est un média d’avenir et pourvoyeur d’économies (10 % en moyenne pour les entreprises présentes sur les e-marketplaces), mais où elles ne veulent pas se brûler les ailes, c’est une des leçons enseignée par la bulle spéculative. Les clients de Manutan ne sont pas rares à tester plusieurs solutions proposées par le groupe et à changer d’avis sur celle qui leur convient le mieux. En l’occurrence, le changement a un coût. En conclusion, la stratégie e-commerce de Manutan International est orientée vers une offre complète, complexe et fortement personnalisée au plus près des besoins de sa clientèle. Sa position de pionnier est un atout non négligeable en raison de l’effet d’expérience et c’est un lieu commun que d’écrire que les volumes de ventes en ligne sont appelés à exploser dans les années à venir. Manutan semble donc parfaitement outillé pour le B-to-B sur Internet, et son métier de base, la vente par correspondance est plus qu’aucune autre adaptée à l’évolution inévitable vers le e-business. 7. Conclusion Le Web EDI est une solution intermédiaire et transitoire à faible coût avant de passer vers une solution tout XML. EDI est en effet trop rigide, manque de souplesse et d'un coût prohibitif. La personnalisation extrême qu’autorisent les outils mis en place (webshop customisé, prise en charge du workflow, prise en compte des fournisseurs de vos clients, catalogues ciblés, …) peut certes être perçue comme un avantage concurrentiel par la clientèle, XML est le standard du futur car fonctionne sur le temps réel et permet une inter-opérabilité plus grande avec les SI des entreprises. Daniel Lang et Jean-Luc Pillet XML et EDI cohabiteront encore pendant quelques années. Selon certaines études l'EDI représentera 40% des échanges inter-entreprises en 2005 et 60% s’effectueront sur XML (source forrester research). Différents organismes tentent de développer des spécifications XML par l’EDI. Pour éviter une hétérogénéité de ces travaux, l’UN/CEFACT et le groupe OASIS ont lancé l’ebXML (ebusiness XML). Il s’agit d’une initiative visant à proposer des spécifications génériques XML par l’EDI. A partir de ces propositions, des standards par secteurs économiques pourront émerger tel RosettaNet pour le secteur des hautes technologies. En comparaison des services Web (Wrox, 2002), ebXML introduit une vision plus métier (Chauvet, 2002). Daniel Lang et Jean-Luc Pillet 8. Bibliographie Akoka J., Briolat D., Comyn-Wattiau, I. (1997), “La reconfiguration des processus inter-organisationnels“, AIM97, Strasbourg , 1997 Avignon, L. , Joguet, D., Pezziardi, P. (2000), Intégration d'applications - L'EAI au cœur du e-business, Eyrolles Barbaux, A. (9/1/2003), “Les distributeurs butent sur la commande en ligne“, Usine Nouvelle, N° 2853 Barnes Vieyra P., Claycomb C., (2001), “Business to Business E-Commerce : Models and Managerial Decisions“, Business Horizons, May-June, 2001 Chauvet, J.M. (2002), Services Web avec SOAP, WSDL, UDDI, ebXML…, Eyrolles Chen & al. 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