L`Otan s`arrime à Bruxelles UNE Histoire bruxelloise

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L`Otan s`arrime à Bruxelles UNE Histoire bruxelloise
L’Otan s’arrime à Bruxelles
ROBERT,FRANCOIS
Page 20
Jeudi 16 décembre 2010
Urbanisme Pose de la première pierre du nouveau siège de l’Alliance
atlantique
Dans cinquante-six mois (selon le calendrier élaboré), soit en juin 2015, le nouveau QG de l’Otan (Organisation
du Traité de l’Atlantique Nord) sera achevé sur le site de l’ancienne caserne Roi Albert. C’est aujourd’hui
qu’Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan, participera à la pose de la première pierre du
nouveau siège, en présence d’Yves Leterme, Premier ministre belge.
En fait, les travaux ont déjà commencé fin octobre, dans la plus grande discrétion. Le nouveau siège de l’Alliance
atlantique se construit sur les 40 hectares de l’ancienne base aérienne, située entièrement sur le territoire de
Bruxelles (Haren). C’est en 2003, à la suite d’un concours international d’architecture que l’Otan a désigné ses
lauréats : Skidmore, Owings & Merill (SOM), l’un des trois plus grands bureaux d’architecture au monde, et le
bureau belge Assar pour construire le complexe titanesque, de loin le plus important à Bruxelles depuis l’érection
du Berlaymont dans le quartier européen, voici plus d’un demi-siècle.
Pour rappel, le siège de l’Otan s’est déployé au bout du boulevard Léopold III en 1967. Les bâtiments
temporaires furent rapidement obsolètes et saturés. Actuellement, 4.000 fonctionnaires l’occupent. Lorsque la
question d’un nouveau siège fut soulevée dans les années 1990, les pays et villes candidats se firent une
concurrence effrénée. Après bien des péripéties, l’Otan décida de rester à Bruxelles. Le choix de Bruxelles fut à
nouveau controversé lors de l’épisode de la loi de compétence universelle qui permettait de poursuivre en
Belgique des auteurs présumés de crimes de guerre. Furent notamment sur la sellette Sharon et Bush en 2003.
Le caractère secret (l’Otan est par nature une institution militaire) de l’infrastructure n’a laissé filtrer que fort peu
d’informations sur ce chantier d’envergure. Entre le lancement du concours international et le début des travaux
s’est écoulé près de dix ans. A quoi ressemblera le futur siège de l’Otan ? Il faut imaginer une gigantesque agora
où se logeront notamment un énorme centre de conférence et une série d’infrastructures communes. Dans cette
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agora centrale s’arrimeront plusieurs vagues de bâtiments. Le tout fait 251.000 m . A tous les échelons de la
conception, la sécurité a été omniprésente (le nouveau siège de l’Otan a été pensé et conçu après le 11
septembre 2001). Ainsi, les 3.300 emplacements de parking ont impérativement été mis en surface.
Le projet a pris le temps de mûrir. Au début, l’Otan entendait être le maître de l’ouvrage, mais l’Alliance a
finalement confié le travail à la Défense nationale. SOM a assuré la conception du projet aux deux tiers, Assar
s’occupant davantage de la gestion du chantier.
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Après l’évacuation définitive de la caserne, il a fallu nettoyer le site et déblayer 100.000 m de gravats (80
bâtiments) entièrement réutilisés sur le site. Les techniques les plus performantes en matière énergétique ont été
intégrées dans le projet (régulation thermique par des conduites d’eau plongeant dans le sol, récupération des
eaux de pluie, etc.). L’élaboration des plans a été laborieuse. Il n’était pas évident de faire travailler la Défense
nationale et la SOM américaine aux modes de fonctionnement très différents. Le chantier a finalement pris un an
de retard. En juin 2015, il faudra sans doute quelques mois à l’Otan pour déménager et prendre ses quartiers.
UNE Histoire bruxelloise
L’Otan faillit trébucher
En 2005, le projet de nouveau siège de l’Otan faillit trébucher pour des raisons patrimoniales. L’ASBL PétitionsPatrimoine tenta, par la technique dite de la pétition, de classer un bâtiment Art Déco de l’ancienne caserne
Albert. Classement qui condamnait le projet, car les impératifs de sécurité nécessitaient la destruction du
bâtiment. Etonnamment, la législation bruxelloise permettait à une association, sur base de 150 signatures, de
lancer automatiquement la procédure de classement d’un bien. Ce qui gelait tout projet relatif à celui-ci avant
même de connaître l’issue de la demande de classement. Manœuvre « politique » visant à saborder un projet
phare de l’Occident ou réelle volonté de sauver le bâtiment ? Dans cette affaire, tout le monde s’en mêla : Etat
belge, Région, Ville de Bruxelles, groupements divers. Les autorités se plièrent finalement à la raison d’Etat : le
permis fut délivré et l’ASBL déposa les armes. (F.R.)