J`aime « ma France - Sauveterre-de

PAR IS-PROVINC
E
J'aime
« ma France »
j'emprunte le titre de cerre chronique à Jean Ferrat (qui
nous manque! l,auteur d'un magnifique hommage à la
France combative, populaire, tendre et inrraitable à la fois;
cette France qui, dans l'histoire, fut mille fois capable de se
dresserconrre l'injustice, l'exploitation, le mensonge et la
barbaIie. C'est avec cette chanson en tête que j'aimerais
écrire à contre-courant du discours dominant
Commençons par un effort de clarté. Jesuis bien d'accord.il fautrésister sans faiblir aux délires «identitaires»
dont la tuerie d'Oslo nous il montré l'aboutissement possible.1I faut combattre la haine de la différence er résister à
l'islamophobie, comme on résistait hier(pas assez !) à l'antisémitisme. L'écrivain franco-libanaisAmiri Maalouf, récemment élu à l'Académie française, fut l'auteur d'un petit
livre déjà ancienrnats salutaire: «LesIdentités meurtrières.» Ily rappelait que toute volonté obsessionnelle de fermeture, de clôture, d'enracinement conduisait au refus de
~
••••_' _"'\ 'l'autreet,tôt-outard,àlaviolence. '
Lesguerres« identitaires» qui
onrensanglanté l'ancienne
Yougoslavie après l'éclatement
de la fédération en furent le
, pluscalamiteuxexemple.Serbes contre Croates, catholiques
contre orthodoxes, ou orthodoxes contre musulmans: les
Il fautcombattre
identités exacerbées n'étaient
la haine d~fa ,difplus capables de cohabiter
féren(~ etrésister
comme autemps dela Yougoslavie. Etcela déboucha, dans
à I'lslamophebie,
les années 1990, sur un intermicomme
nable bain desang; Gardons
on résistait hier
cela en mémoire.
Ces choses étant dites, il faur
(pas assez!)
se garder de hurler avec les
à l'antisémitisme------.i loupsen morigénant avec condescendance tous ceux qui demeurent attachés à leur identité nationale. Seposer ainsi
en moralisateur est idiot. Charentais; Français, Européen:
nous ressentons tousle besoin d'être de« quelque part».
Nous voulons un enracinement, un terroir, une patrie,
c'est-à-dire PilS Seulement un espace, mais des habitudes,
des sensibilirés'partagées.des appétences (y compris culinaires J, une certaine façon d'être ensemble.ouand nous
partons loin de chez nous nous finisSons par éprouver tôt
ou tard œ LÏe nos, and-Iii ères a elaient le «mal du
~.
Riendans cette aspiration n estniépIisa ' e, sauf à
Imaginer le inonde de demain comme un fourre-tout indifférencié.
En elle-mèrne, la quête d'identité esttrès respectable. Si
elle devient « mèurtrière », c'est qu'elle a basculé dans la pathologie, pour ne pas dire la folie. Cette dernière est au besoin d'enracüieÎnentce
ue l'i r
'eesrà l'am urdu
~
AUIOlll:d'hui, emandons-nous pourquoi tant-de
citoyensfrançais som rentéspar ce qu'on pourrait appeler
le apopulisrnéldentitaire », Nos élites (y compIis journalistiques) n'auraient-elles pas quelque responsabilité là-dedans ? Car enfin ! Voilà plusieurs décennies qu'mi répète
aux Français qu'ils sont retardataires, paresseux, archaïques. On leur assure que « nation »esrun mot qui n'a plus
de pertinence et que la France, en tant que telle, doit acceprer d'être dissoute dans un ensemble européen,
Ce discours longtemps dominant était non seulement
humiliant, il était mensonger. LesFrancais travaillent e1us
gue lesAllemands, sont plus ]1I:9ductifsque les Américains,
et moins racistes guebien d'aurres pays. J'ajoute que la
France rétenduirient « blo' uée »
se réformer lus vite
u'on ne le
·ual1t à son « 1
» ont on s'est
tant moqué, surtout à droite mais aussi à gauche hé as, il a
montré sa'coh'éren
. 'n"
. ment de 1 .s 1nalloère?
Fini le(béte) projet de« rupture »Alors 7
Si l'on veutrombattre, chez nous, les «identités meurtrières», alors Î1'~mlj,éc!'.'onsplus les Français d'aimer assez
charnellemenr leur pays, pour erre capables de l'ouverture
JUX autres. Lésdeux sont liés, Quant à l'Europe, elle ne se
fera pas sans les nations. François Mirterrand lut-rnème
l'avaitcompris.Un ressort trop longtemps comprimé se détend rôr ou tard.Nous y sommes.
Nos élites n'auraient-elles pas joué avec le feu?
1