Témoignage pour une association.,L`anorexie, une maladie à

Transcription

Témoignage pour une association.,L`anorexie, une maladie à
Témoignage
association.
pour
une
Voici le témoignage que j’ai écrit pour l’association de
Sabrina Palumbo qui me tient très à cœur. En effet, cette
maladie est un enfer pour le malade et l’entourage qui est
souvent démuni ! Je remercie de tout cœur les associations qui
mènent une véritable action pour mieux informer, sensibiliser
et aider les malades et l’entourage. MERCI.
Je remercie au passage tout particulièrement, l’association de
SabrinaTCA92 qui mène une action remarquable ! J’invite aussi
les gens qui souhaitent mieux comprendre cette maladie à lire
l’ouvrage de Sabrina Palumbo : L’âme en éveil, le corps en
sursis. Il a beaucoup aidé ma mère à mieux comprendre la
maladie et à m’aider au quotidien. Merci…
Témoignage pour l’association :
« Je souffre d’anorexie sévère depuis 11 ans et cette maladie
est très très complexe et détruit aussi bien le malade que
l’entourage !
La prise en charge médicale est vitale selon moi ! J’ai été
suivie à la CMME de Saint-Anne au bout de 6 ans d’anorexie
mentale. J’étais encore dans le déni.
Je me sentais mal et voulais sortir de cette phobie de prendre
du poids mais la maladie était beaucoup plus forte me poussant
à perdre toujours plus de poids et à contrôler toujours plus
mon alimentation
Je suis finalement arrivée à un stade de souffrance physique
et psychologique (malgré mon suivi psychologique) qui m’ont
enfin fait réagir et demander à être hospitalisée. ( En
réalité, j’étais dans l’impasse totale : dépression et un
corps dénutri et épuisé ! )
Ce fut le premier pas vers mon long chemin vers la guérison.
Cette première hospitalisation de 3 mois dans une clinique
privée spécialisée a était un « échec » car je continuais à
vouloir tout contrôler et à refuser de m’alimenter. Je jetais
mes poches de ma sonde gastrique et j’allais faire des marches
à outrance pour éliminer le peu de ce que j’avais accepté de
manger. Bref, un enfer à vivre….
A ma sortie,J ’ai suivi ma thérapie avec des médecins très
compétents de l’hôpital Saint-Anne que je remercie au passage
mais malgré ma prise de conscience de la gravité de la maladie
et le soutien de mon entourage, j’étais dans l’incapacité de
me réalimenter à ce stade.
J’étais angoissée, déprimée, perdue….. j’avais qu’une seule
envie, c’est d’être prise en charge médicalement dans un
hôpital où le cadre est strict voire carcéral pour m’obliger à
lâcher ce contrôle….
L’attente pour mon hospitalisation me parut interminable ( 5
mois). Cette seconde hospitalisation fut très efficace. 10
kilos en 3 mois. C’était vital. Certes, j’ai demandé à sortir
contre avis médical pour replonger dans mes habitudes, donc la
maladie mais elle m’a permis de remettre mon corps en vie !
Je suis donc sortie physiquement « guérie » mais
psychologiquement encore gravement malade. Malgré les
recommandations et avertissement de mon entourage et des
médecins, je ‘en faisais qu’à ma tête.
Ayant repris du poids, j’avais oublié les dangers de la
maladie, les dangers de ne pas s’alimenter…. J’ai toujours
souhaité continuer ma thérapie car je sentais au fond de moi
que j’étais mal dans cette vie guidée par le besoin de tout
contrôler….
Malgré les compétences de mon psychologue de Saint-Anne dont
je suis plus que reconnaissante ( Mr Huon de Penanster),
j’étais repartie dans mes habitudes et ma thérapie était au
point mort car j’étais toujours dans mon monde : ma vie bien
rythmée par mes habitudes alimentaires… Dans cette vie, il n’y
avait pas de place pour les émotions, pas de place pour
l’imprévu, pas de place pour une vie sociable…..
J’étais toujours dans l’apparence,
penser de moi et absolument pas
ressentais…. Je fis une vraie rechute
seconde hospitalisation où mon poids
l’image qu’on pourrait
dans moi, ce que je
l’hiver qui suivie cette
était redevenu critique
avec les conséquences que cela engendre : crise d’angoisse,
fatigue, irritabilité, insomnie et dépression.
Heureusement, j’étais suivie médicalement. Mon psychiatre a
été très ferme avec moi comme toujours mais pour la première
fois, j’ai suivie au mieux ses recommandations. J’avais enfin
compris que j’allais droit dans le vie en vivant de la sorte
et je voulais enfin changer ma façon de vivre. Ce fut une
seconde étape dans le long chemin de ma guérison.
Grâce aux vacances scolaires et au soutien de mes parents,
j’ai remonté la pente pour retrouver un poids plus
confortable. Bien sûr, encore très insuffisant mais un poids
me permettant de commencer enfin un vrai travail thérapeutique
avec mon psychologue. J’étais enfin décidée à me faire
réellement aider, à accepter de comprendre les mécanismes de
mes obsessions.
Ce fut le début d’un très long travail avec mon psychologue et
mon psychiatre de l’hôpital Saint-Anne. J’avais tout à
apprendre, à comprendre, à découvrir, à expérimenter. Mon
psychologue m’a déjà appris les émotions, à accepter mes états
d’âme, à accepter les émotions négatives. J’ai eu énormément
de mal à m’apprivoiser ces notions.
Il m’a fallut une bonne année juste pour réussir à écouter mon
corps.
Cette année, fut encore vraiment plus constructive. Après
cette prise de conscience que j’avais des émotions négatives,
mon psychologue m’a fait réaliser que j’étais toujours dans
l’évitement des situations qui me font peur. J’ai appris
durant cette année, à ne plus fuir mais à les affronter. Ce
fut très très difficile.
J’ai ainsi fait mes premier pas récemment à la cantine pour
manger avec mes collègues le midi. J’ai enfin réussi à lâcher
prise sur mon travail professionnel….
Je suis depuis peu mettre des mots sur comment je me sens et
surtout accepter d’avoir des moments de mal-être et d’accepter
de les vivre au lieu de les fuir en allant courir 4 heures
pour oublier…..
J’écris tout cela car j’aimerai bien transmettre aux personnes
qui souhaitent mieux comprendre cette maladie que la guérison
est un très long chemin qui se fait avec une aide médicale et
familiale car le malade a besoin d’être soutenu tout au long
de son chemin.
C’est une maladie qui se guérit, j’en suis sûre mais il est
vital de la diagnostiquer au plus vite et d’être pris en
charge. D’où le rôle des associations pour aider le malade et
l’entourage. J’aimerai aussi dire aux personnes accompagnant
un proche à travers cette épreuve que la guérison n’est pas un
déclic mais se fait par prise de conscience en prise de
conscience.
L’aide médicale est fondamentale pour faire un vrai travail
personnel sur soi . Il est aussi important à mon sens, quand
le malade en ressent le besoin de se tourner vers les
associations ou groupe de parole pour sortir de l’ombre et
sortir de la honte de cette maladie et oser parler et raconter
ses souffrances, ses obsessions.
Tant de choses honteuses que nous fait faire la maladie.
Accepter d’être malade, ne plus en avoir honte et en parler à
son entourage m’a fait aussi beaucoup de bien !
J’ai aussi envie de dire qu’à mon sens il est bien sûr
important de se focaliser sur l’aspect nutritionnel mais qu’en
parallèle, il est tout aussi important de faire un travail sur
soi pour accepter son corps grâce à de nombreuses approches
qui dépend de la personnalité de chacun.
Pour ma part, en plus d’un suivi psychologique, nutritionnel,
je me suis tournée vers le yoga et la méditation et bientôt la
reprise d’une activité physique qui me plait.
C’est un long chemin mais je reste persuadée que l’on peut
s’en sortir avec de la volonté ,un SUIVI MEDICAL et le soutien
de l’entourage qui DOIT ABSOLUMENT être informé de cette
maladie pour mieux la comprendre et aider au mieux le malade.
D’où l’importance de se tourner vers les associations !!!! «
Sarah
Source: Sortir de l’enfer de l’anorexie.
L’anorexie, une maladie
combattre - Témoignages.
à
Le culte de la maigreur est partout et le gouvernement en a
fait son cheval de bataille. Mais son angle d’attaque est-il
le bon ?
Après un passage boudé le 18 mars dernier à la commission des
Affaires sociales de l’Assemblée nationale, l’amendement antianorexie, porté par le médecin et député de l’Isère, Olivier
Véran, vient d’être voté par les députés et intégré au projet
de loi santé initié par Marisol Touraine.
Quand l’Espagne, la Belgique et l’Italie ont déjà légiféré à
ce sujet, la France tend enfin à prendre en compte les dangers
et conséquences des troubles du comportement alimentaire,
notamment l’anorexie, qui se traduit par une perte d’appétit
et un refus de s’alimenter, et la boulimie, qui se manifeste
par des crises de suralimentation compensée par une purge.
Un déficit de soins, de diagnostic et de coordination
Principalement pointées du doigt, les agences de mannequinat.
L’amendement prévoit de les sanctionner si elles ne
fournissent pas, pour leurs mannequins, un certificat médical
certifiant un indice de masse corporelle minimum, encore à
définir par la Haute Autorité de Santé. Le risque ?
75.000 euros d’amende et six mois de prison.
Les sites internet, dits pro-ana,
l’anorexie, sont également dans
tout comme les magazines féminins
apposer l’étiquette « silhouette
visant à faire l’apologie de
le viseur du gouvernement,
qui devront, le cas échéant,
retouchée » sur les photos
concernées. Le but : que les jeunes filles ne prennent pas la
maigreur extrême comme modèle.
Le problème est ailleurs
Pour Dimitri Jacques, psychothérapeute et président de
l’association TCA Soleil à Saint-Jean-de-Braye, créée en 2013
avec Marie-Pascale, de Cerdon, maman d’Hélène décédée à 27 ans
des suites d’une anorexie, « cette volonté politique est un
premier pas, mais n’est pas suffisant. Le problème est
ailleurs ».
Grâce à cette association, la seule consacrée aux troubles du
comportement alimentaire en région Centre, il tente, avec
détermination, de faire prendre conscience aux institutions et
professionnels de santé du manque de communication et de
formation qui empêchent la prise en charge complète et
positive des patients. « Beaucoup sont ballottés entre le
nutritionniste, le psychologue, le médecin et ressortent avec
des recommandations contradictoires », affirme-t-il.
Des familles abandonnées
Pour Marie-Pascale, sa fille Hélène n’a pas eu les soins
adaptés à son cas. Quand son état s’est dégradé, elle a été
envoyée dans une clinique privée d’Orléans, au service
d’endocrinologie, « faute de structure plus adaptée dans la
région ».
Faible, elle était autorisée à sortir pour consulter les
praticiens libéraux. « Personne ne contrôlait si elle s’y
rendait vraiment ». Leur réponse d’alors : « Elle est majeure.
Nous ne pouvons décider pour elle ». « Son psychiatre lui
proposait des ”deals” pour la faire remanger sans chercher à
la comprendre ». Quant aux centres spécialisés, ils
n’accueillaient que les adolescents. Marie-Pascale était alors
désespérée. « Je trouve cette maladie monstrueuse et
incompréhensible. Regarder son enfant dépérir de jour en jour
sans pouvoir rien faire est insoutenable ».
La clinique privée ne pouvant la garder faute de place, Hélène
a été hospitalisée au centre hospitalier régional d’Orléans.
« On l’a parquée dans un coin sans soins adaptés », juge la
maman. Elle a ensuite été renvoyée chez elle « sans qu’on ait
pris réellement la mesure de son état. Hélène est décédée d’un
arrêt cardiaque chez son père, quinze jours plus tard ».
Interrogée sur les soins prodigués aux patients souffrant de
troubles du comportement alimentaire, la chargée de
communication du CHRO confie que « les services hospitaliers,
notamment le service d’endocrinologie, n’ont pas les
compétences nécessaires pour prendre en charge ces cas ». Pour
ce faire, il faut aller à Paris.
« Sans des soins et une écoute adaptée, sans un suivi médical
spécialisé, sans une réelle prise en compte de cette maladie
qui reste, malgré tout, mystérieuse, l’issue peut-être
fatale », assure Dimitri Jacques. Il organise des temps de
parole pour soutenir les malades et leurs familles totalement
démunies face à une maladie dont ils ne connaissent rien, mais
surtout dont ils ignorent les causes. Et estime « qu’une
meilleure coordination des médecins et un diagnostic plus
précoce » permettraient d’augmenter le nombre de guérisons.
Une action de longue haleine.
www.tcasoleil.fr
————————————————————————Témoignage de Gwenaëlle, 21 ans, guérie depuis un an
Refus de grandir, hypersensibilité, peur d’affronter la vie… À
14 ans, Gwénaëlle tombe dans l’anorexie. Aujourd’hui, à
21 ans, guérie et épanouie, elle envisage l’avenir et ne
manque pas de projets.
« C’est l’infirmière scolaire qui a détecté qu’il y avait un
problème ». De son côté, Gwenaëlle n’a pas encore conscience
de son état. Elle est hospitalisée pour la première fois à
16 ans et passe d’un service à l’autre (pédiatrie,
psychiatrie…), jusqu’au jour où Gwenaëlle est devenue un
danger pour elle-même. « La dénutrition me rendait violente.
Je passais mon temps à défier les médecins, à essayer de
vomir, de me faire du mal. J’ai frôlé la mort à plusieurs
reprises ». Placée en unité pour malades difficiles, elle
finit, au contact de patients, dont l’un d’eux a mis un coup
de tronçonneuse à son frère, par avoir le déclic. « Je n’avais
rien à faire ici ». Le premier pas vers la guérison.
Envie d’aider les autres
Aujourd’hui, elle travaille dans la restauration, souhaite
reprendre des études en psychologie et créer une association
de soutien aux familles et malades pour partager son
expérience. Pour elle, les magazines et les podiums ne
déclenchent pas de comportements anorexiques mais
entretiennent des troubles déjà existants. « Les services de
soin, c’est là que le bât blesse. Beaucoup ont perdu leurs
moyens et leur patience devant mon manque de volonté. Ils sont
tous démunis à un moment ou à un autre. Nous ne sommes pas
comprises dans notre mal-être ».
« Il faut aussi lutter contre les sites pro-ana que je
consultais et sur lesquels je trouvais des conseils pour ne
pas ressentir la faim, pour me faire vomir par exemple. J’y ai
trouvé un réconfort. Mais un réconfort dangereux ».
Laura Heurteloup
Source: La Rép.fr
Préface L'âme en éveil, le
corps en sursis
Il y a des livres que l’on parcourt et il y a des livres que
l’on écoute. Il y a des paroles qui sont floues, vagues,
théoriques et il y a des témoignages personnels chargés
d’émotions et de vérité. Le livre que vous tenez entre les
mains est un livre qu’on écoute. Il est porté, nourri, du
début à la fin par une expérience unique, indicible en
apparence, intransmissible et finalement parfaitement
racontée.
Sabrina Palumbo raconte en effet sa vie, sa souffrance, les
combats qu’elle mène contre ce mal étrange qu’est l’anorexie.
Ce faisant, et presque sans le vouloir, elle écrit un traité
de psychologie d’une pertinence tout à fait saisissante. Bien
mieux que certains ouvrages qui se veulent savants mais sont
loin de la réalité et des émotions, ce livre sait nous dire
« de l’intérieur » ce que représente le corps, l’appétit et le
comportement alimentaire. Nous voyons comment les
incompréhensions, les malentendus peuvent enfermer celui ou
celle qui souffre dans un temps sans fin de difficultés. Il
subit une double peine, celle de la souffrance et celle de la
non-reconnaissance de sa souffrance. Nous voyons aussi dans ce
livre comment la relation d’aide, le soutien, la
bienveillance, l’empathie, peuvent aider à une reconstruction
du corps et de l’esprit. Ce n’est pas l’un des moindres
paradoxes de ce texte, qui parle souvent d’angoisse, que
d’être finalement résolument optimiste. Cette histoire est non
seulement une histoire qui finit bien, mais une histoire qui
se continue. Après un temps de révolte, Sabrina Palumbo a
choisi de témoigner, de mettre des mots sur ses maux et de
passer de la position de celle que l’on aide à celle qui aide
et en encourage d’autres. S’il ne fallait garder que deux
leçons principales de ce témoignage, ce serait les suivantes :
– l’anorexie est une authentique maladie qui doit être
reconnue et traitée comme telle. Les conseils, les menaces, la
morale sont inutiles, nuisibles et hors de propos.
– les troubles du comportement alimentaire imposent à ceux qui
souhaitent les prendre en charge une compétence spécifique et
un abord spécialisé.
Nous sommes bien loin d’avoir compris ce qui détermine ces
comportements tant au niveau de la biologie que de la
psychologie alors restons modestes et rappelons que la
relation, la thérapie formelle ou informelle, l’attention, le
respect, tout ce qui remplit l’esprit ou l’âme
aujourd’hui encore les principaux traitements.
sont
C’est tout cela et bien d’autres surprises encore que les
lecteurs de ce livre découvriront. Il réussit à être à la fois
une leçon de vie, une leçon de médecine, de psychologie et
surtout une leçon d’humanité.
Pr. Michel LEJOYEUX
Page auteure
Gwenaëlle,
l’anorexie.
sortie
de
28 mars 2015.
L’anorexie mentale, en l’absence de soins adaptés, c’est 15%
de mortalité et le risque d’évoluer vers d’autres troubles
psychiatriques. Il est possible d’en sortir et il faut que
cela se sache. Le diagnostic doit être posé rapidement et un
accompagnement médico-psychologique doit suivre aussitôt.
C’est la raison pour laquelle nous nous battons pour
développer la prévention et l’offre de soins. C’est une belle
histoire de reconquête de soi que Gwenaëlle partage avec nous
et je lui dis merci pour cela. (Dimitri JACQUES –
Psychothérapeute, Président-Fondateur de TCA Soleil, auteur du
livre Message de l’anorexie)
« J’ai décidé de vous livrer une partie de mon histoire, en
espérant redonner un peu de force et d’espoir à celles qui
n’en n’ont plus. J’ai 21 ans et suis tombée dans les TCA à
l’âge de 14 ans. Rien de grave au départ mais tout a
rapidement dégénéré : anorexie, boulimie, automutilations,
dépression, tentatives de suicide, hospitalisations… Le
cauchemar va durer six ans, dont deux mois et demi à me
contenter d’un verre d’eau par jour.
Mes kilos « en trop » s’envolaient et emportaient ma vie au
passage. Sans la moindre force, mon cœur ralentissait, mon
cerveau aussi. Je suis devenue dépendante, au point qu’à 18
ans j’avais besoin de l’aide des infirmiers pour me doucher.
On m’a posé une sonde naso-gastrique. J’ai repris du poids, ce
qui m’a fait tomber brutalement dans la boulimie. Des crises
incessantes, je me levais la nuit pour me remplir puis me
vider.
La dénutrition me rendait violente. Je passais mon temps à
défier les médecins, à essayer de vomir, de me faire du mal
dès qu’ils tournaient le dos. On m’a assommée de médicaments,
mise à l’isolement et même attachée à mon lit. J’ai frôlé la
mort à plusieurs reprises. Je ne croyais plus à la vie, encore
moins de m’imaginer guérie, une hypothèse irréaliste pour moi.
D’ailleurs, plus personne n’osait croire à ma guérison, pas
même ma famille qui s’attendait au pire à chaque appel de
l’hôpital. Je pense que nous étions tous résignés à ce que me
vie se termine comme ça. Mais la trajectoire s’est modifiée.
Aux grands maux, les grands remèdes. Je me suis retrouvée en
Unité pour Malades Difficiles où sont enfermés les malades qui
présentent un danger potentiel pour eux-mêmes ou pour les
autres. L’équivalent des quartiers haute sécurité en prison.
C’est dans cette prison que j’ai fêté mes 20 ans. Lorsque je
demandais aux autres patients pourquoi ils étaient ici,
j’avais des réponses telles que j’ai mis un coup de
tronçonneuse à mon frère ou encore j’ai étranglé un flic. Cela
a provoqué le fameux déclic que les soignants évoquent
souvent. J’ai compris que ma place n’était pas ici. J’avais
pris goût à l’hôpital, je m’y sentais chez moi et ne voyais
pas jusque-là l’intérêt de m’en sortir. Cette fois, j’ai
décidé que je voulais vivre.
Une petite part de moi tenait encore à la liberté. Cela m’a
demandé plusieurs mois pour la reconquérir mais j’y suis
parvenue. La psychiatre me rabaissait sans cesse et je voulais
lui montrer que j’étais capable, qu’elle se trompait sur ce
que je suis. J’ai simplement commencé par accepter les soins.
A parler lorsque ça n’allait pas, au lieu de me cacher ou
d’afficher un grand sourire de façade. J’ai affronté ma plus
grande peur : grandir.
En sortant de l’UMD, je suis retournée dans mon hôpital
psychiatrique de départ. Je connaissais bien les infirmiers,
je leur faisais confiance, j’ai donc accepté qu’ils
m’accompagnent jusqu’à la guérison. En fait, j’ai surtout
accepté l’idée d’aller mieux. Quelques mois plus tard, en
octobre 2013, je suis rentrée chez moi, en conservant
toutefois des soins à l’hôpital de jour trois fois par
semaine. Ma sœur m’a trouvé une place de serveuse là où elle
travaillait. Je me suis accrochée à ça. J’ai vite remarqué que
le monde extérieur n’était pas si laid. Le travail, les
remarques des clients m’ont redonné confiance en moi petit à
petit. J’ai vu que j’étais capable de faire quelque chose de
bien.
En février 2014, j’ai quitté l’hôpital de jour, un rendez-vous
mensuel avec ma psychiatre me suffisait. Tout allait bien,
sans façade, sans sourire forcé. Fin 2014, ma psychiatre a
considéré que j’étais guérie et qu’il n’était pas utile de
poursuivre. Cela fait maintenant un an et demi que je
travaille en restauration. J’ai quitté le cocon familial pour
emménager seule. Je gère mes repas, sans avoir refait une
seule crise de boulimie ou de restriction. Je mange en public,
ce que j’étais incapable de faire auparavant. Je ne dirais pas
que le miroir est mon meilleur ami, mais il n’est plus mon
ennemi. Je suis heureuse, la vie me plaît suffisamment pour
savoir, au plus profond de moi, que jamais je ne retomberais
dans les ténèbres.
Je n’essaye de faire croire à personne que si on veut, on
peut. En témoignant aujourd’hui, j’espère simplement montrer
que chacune de nous est capable de s’en sortir, peu importe
l’ancienneté de la maladie. Accrochez-vous, donnez-vous le
temps, croyez en vous. Je suis la preuve vivante que nous
pouvons revenir de très loin. »
Source: TCA Soleil
Anorexie Boulimie : la force
du témoignage
Les Semaines d’information sur la santé mentale se terminent
et je suis encore émue de ces moments d’échanges vécu grâce à
SabrinaTCA92. La maladie qui nous isole, nous brise et nous
divise, nous a pour une fois réunis. Malades, bénévoles,
témoins et acteurs de la ville, c’est tous ensemble que nous
avons évoqué les troubles des conduites alimentaires et fais
un pas de plus pour faire connaître ces pathologies encore mal
connues du grand public.
En réponse à un message de sympathie de madame Christine
Quillery (première adjointe en charge du Social et de la Santé
à Clamart) qui est venue à la projection débat que nous
organisions, je disais « Merci pour ces mots si gentils.
Aujourd’hui je suis fière d’avoir créé cette association qui
aide comme elle peut mais elle aide ».
Madame Quillery a raison : nous avons vécu un moment plein
d’émotion, tous ensembles…
J’ai essayé de remercier toutes les personnes présentes et
toutes les personnes impliquées dans l’organisation de nos
différentes rencontres dans le cadre des SISM : les acteurs de
la ville et tout particulièrement madame Souleau en charge de
la prévention, le service com’ (et oui le journal de la ville,
les affiches, cela nous aide beaucoup !), les personnes
concernées directement et indirectement par la maladie (une
pensée particulière pour les Combattantes venues de Reims et
pour monsieur Vantu de l’Unafam à Clamart…) et bien sûr ma
petite équipe sans qui je ne ferai pas grand-chose.
J’ai choisi de dire…
C’est un pari peut-être risqué dès lors qu’on sort un peu du
cadre et qu’on évoque des pathologies qui dérangent. C’est
pourquoi je tiens à saluer tout particulièrement le courage de
Marine, une jeune femme souffrant d’anorexie et qui témoigne
aujourd’hui de sa maladie parce qu’elle est fait sur le même
moule que moi et crois aussi à la force du témoignage
Témoignage de Marine
Photo de la projection débat
Mon témoignage à l’hôpital Paul Guiraud, puis la conférence de
Michela Marzano (article)et enfin la projection de Sacha et
Comme une plume, les SISM nous ont demandé du temps et de
l’énergie cette année mais le Combat en vaut la peine j’en
suis persuadée…
J’ai eu le temps de faire un saut à Lille pour la deuxième
session de mon DIU avec le CCOMS de Lille, et de caser une
séance de sport pour récupérer de ce trop plein d’émotions.
Sans prendre de risque j’adresse un merci général. Le Psycom
était des nôtres grâce à l’édition de brochures adaptées sur
la santé mentale. J’ai lu la lettre adressée à monsieur
François Hollande lui demandant de mettre en place une vraie
politique de santé publique pour les TCA en France.
Mes plus belles pensées sont adressées à mes parents qui
discrètement nous ont apporté une aide réelle et efficace
(voiturier, aide à la logistique, messages de sympathie…). Les
2 films projetés nous ont tous un peu secoués et ce n’est pas
pour rien que nous avons parlé de la violence : oui les TCA
c’est violent.
Parler n’est pas guérir. Mais se taire ?
Sabrina – Comment se sortir de la spirale anorexie-boulimie
SISM à Clamart : video
Comment se sortir de la
spirale anorexie-boulimie.
Témoignage de Sabrina Palumbo dans le
Huffington Post.
J’ai choisi de dire car je crois en la force du témoignage.
Au-delà du témoignage je souhaite participer à un éveil des
consciences.
Finaliste aux championnats de France d’athlétisme à 16 ans, je
suis tombée dans la spirale de l’anorexie boulimie suite à un
régime destiné à améliorer mes performances sportives. Mon
parcours de soin est des plus chaotiques et je n’ai pas eu la
chance de bénéficier d’une prise en charge précoce et adaptée.
Le plus dur au cours de ces 15 années de maladie a été une
hospitalisation d’un an en hôpital psychiatrique où j’ai été
enfermée contre mon gré. A 27 kilos je frôlais la mort, les
médecins ont fait ce qu’ils pouvaient.
Malheureusement ils n’ont pas compris à qui ils s’adressaient.
Cette année-là j’ai perdu ma dignité et je suis « morte »
psychologiquement. Des années durant je n’ai été qu’une âme en
souffrance, le symptôme était effacé aux yeux des gens et moi
je devais faire « comme si ». Une lumière s’est éveillée en
moi au cours de cette longue hospitalisation suite à la
rencontre de celui que j’appelle mon « ange infirmier » dans
mon livre témoignage L’âme en éveil, le corps en sursis.
J’ai créé une association de lutte contre les troubles
alimentaires afin d’aider d’autres « Sabrina »,
les Combattantes et leurs familles. J’essaie de créer du lien
afin que tous ensemble, soignants, associations et autres
acteurs psychosociaux agissions au mieux dans l’intérêt des
malades.
Quand je me dis fâchée avec les psy je ne le suis pas plus que
ça. Je ne le serai jamais envers les personnes qui me
redonnent confiance en la nature humaine et sans qui « il y a
longtemps que j’aurais lâché l’affaire ». Je suis davantage en
colère contre un système qui laisse passer un train en marche
quand une malade formule une demande d’aide, se heurte à des
portes fermées. La colère à l’instar du train finit toujours
par passer. Et même s’il y a des loupés, je m’accroche au fait
que des soignants savent se remettre en question ou partager
leurs propres doutes.
Beaucoup d’autres choses me donnent de l’espoir et me
rassurent. L’animation de groupes de paroles, en tant que
bénévole au sein de mon association m’apporte énormément. J’ai
rencontré des personnes
reconstruction.
magnifiques
au
cours
de
ma
J’aime aider. Je donne de mon temps et de mon énergie, sans
compter. Parfois trop aux dires de mes amis et de ceux qui me
connaissent le mieux. J’ai la chance d’avoir réussi à fédérer
des personnes de tout horizon. Parce qu’elles sont malades ou
concernées par la maladie. Ou parce qu’elles soutiennent les
actions de l’association tout simplement parce que la cause
est noble et dépasse tous les clivages.
Sabrina Palumbo – L’âme en éveil, le corps en sursis Ed.
Quintessence
Source: Huffington Post.
Ciné-débat à l’hôpital Paul
Guiraud (SISM)
Dans le cadre des Semaines d’information de la santé mentale
j’ai participé à un événement organisé par la Maison des
usagers et des associations (MDUA) de l’hôpital Paul Guiraud
de Villejuif.
Deux
autres
événements
–
inscrits
sur
les
SISM
par
SabrinaTCA92 cette fois – vont permettre de poursuivre
l’échange et d’informer sur la période de l’adolescence ainsi
que sur les dangers de l’anorexie boulimie.
Un débat et un triple challenge :
Il s’agissait d’intervenir en tant qu’auteure et de parler de
L’âme en éveil, le corps en sursis.
Dans le contexte précis de l’événement, il s’agissait aussi de
délivrer des messages de sensibilisation sur les TCA, ce que
j’ai fait en tant que Présidente de l’association
SabrinaTCA92, et montrer le rôle que nous entendons jouer pour
aider les malades et leurs familles.
A titre personnel enfin il s’agissait d’apporter mon
témoignage au sein de l’établissement dans lequel j’ai été
enfermée un an, raconter sans « vivre » mon histoire toujours
dans l’esprit de l’ouverture aux autres et du : « donner de
soi, de son passé, vers l’avenir des autres et donc le sien,
le construire à partir d’un présent de réflexion ».
Cet événement, qui a permis de lancer le concept à la
cafétéria de l’hôpital, m’a beaucoup plu.
L’après-midi a débuté avec la projection d’un film sur la
schizophrénie « les voix de ma sœur ». La cafétéria était
remplie.
L’anorexie interpelle moins mais l’échange a été intéressant.
J’ai démarré mon intervention en déclarant que j’étais
contente d’être là en tant qu’auteure et Présidente
d’association plus qu’en tant qu’ancienne patiente (c’est vrai
!)
J’ai exprimé mon admiration pour le projet présenté avant que
je ne prenne la parole. Je crois en la puissance du témoignage
et parler de ses démons n’est pas un exercice facile. Mais
combien libérateur et utile aux autres…
Pour l’anecdote j’ai trouvé le film « Les voix de ma sœur »
intéressant et je me suis demandé après coup si je n’ai pas
été schizophrène un moment vu que j’avais aussi des bouffées
délirantes à l’hôpital…
Comme je l’ai dit ensuite : « Tout va bien je réserve la
schizophrénie à mon Facebook maintenant ! »
La patiente dont le film raconte l’histoire avait des délires
mystiques. Je me suis vue obligée de raconter ce moment où
j’ai éclaté de rire dans le bureau du psychiatre en croyant
voir Dieu et la vierge Marie devant moi… (rires dans la
salle).
Les bons côtés de la maladie, on en garde aussi des souvenirs
marrants. Je précise que je n’ai pas expliqué pourquoi j’avais
éclaté de rire à l’époque…
Ma colère était mise au placard… Les questions de monsieur
Callens qui dirige la MDUA étaient très pertinentes.
Une dame m’a interrogée sur mon ange infirmier (qui n’était
pas là je crois… mais j’ai pensé à lui).
J’ai insisté sur l’écoute, la bienveillance, le besoin des
malades de se sentir écouté(es)… L’importance pour les
familles de se faire aider et accompagner.
De beaux messages ont été adressés aux soignants, certains
étaient venus assister au débat. Pas les équipes de 2006…
Finalement j’ai peut-être davantage accepté ce qu’il s’est
passé qu’eux (?)
Un contact a été établi avec l’Unafam et c’était important
pour nous.
J’ai parlé sous mes différentes casquettes, je crois que le
message est entendu même s’il y a – perfectionnisme quand tu
nous tiens – une marge de progression.
A deux jours du Salon du livre, la séance de dédicace m’a
permis de faire ma promo
Voir mon livre présenté aux côtés
de livres qui font référence dans le domaine de la santé
mentale (Marcel Rufo, Pr Jeammet pour ne citer qu’eux) m’a
rendue fière d’être une auteure qui partage son vécu au plus
grand nombre.
Je suis contente d’avoir apporté mon témoignage dans le cadre
des SISM et aidé ainsi à faire connaître nos actions. J’ai été
félicitée pour mon combat, je ne fais que parler au nom des
autres malades et militer en faveur d’une réelle coopération
avec les équipes médicales.
Le meeting était bien en tout cas. Une expérience
enrichissante dont je garderai un souvenir positif.
Pour moi c’est un pas de plus vers l’apaisement. C’était très
symbolique de revenir sur les lieux de l’hospitalisation dont
je parle tant et cela s’est bien passé avec des échanges
constructifs et de l’émotion au rendez-vous.
Etaient présents de nombreux patients et soignants. Si je suis
déçue que les équipes de 2006 n’aient pas fait la démarche de
venir me parler j’en suis également soulagée. Peut-être une
prochaine fois qui sait… En réalité je ne m’étais pas préparée
à l’éventualité qu’ils puissent être là. Je sais qu’ils
suivent mes actions.
C’est un peu la Berezina à Paul Guiraud et j’ai encore du
travail pour assoir le message. Un jour tout le monde
comprendra que je ne suis plus en lutte mais que j’invite
plutôt à se « poser » ensemble pour discuter de tout cela
sereinement dans un souci d’amélioration des prises en charge.
Allez messieurs les médecins il faut faire la paix avec le
passé…
Je suis à l’aise en public mais on reconnaît un bon orateur à
sa capacité d’adaptation en fonction du temps dont il dispose.
A quelques heures de cette prise de parole j’aurais aimé avoir
parlé davantage d’Amour et d’alliance thérapeutique même si
nous l’avons un peu évoqué.
Je remercie vivement les équipes de la MDUA et les différents
partenaires, la librairie « Points communs », le restaurant
« Le temps des délices » et le soutien de la Cité de la santé.
Pour un lancement de concept c’est une réussite !! Et je serai
ravie de reconduire l’expérience du témoignage en milieu
hospitalier.
Je salue tout particulièrement l’infirmier qui est venu faire
dédicacer son exemplaire de L’âme en éveil. Quelques mots
échangés et j’ai ressenti la réelle souffrance d’un soignant
usé par la profession difficile qu’il exerce dans un cadre non
pas moins difficile. Courage monsieur, vous êtes certainement
l’ange de bon nombre de patient(es)…
Ainsi que Kevin de Giga la vie. Je suis sûre que des projets
« sportifs » verront le jour de notre rencontre à laquelle je
ne m’attendais pas mais le hasard (je n’y crois pas…) fait
bien les choses.
Je remercie toutes les personnes qui ont participé à la
rencontre. J’ai rencontré de belles âmes, lu de la souffrance
dans certains regards, vu des sourires porteurs d’espoir.
Challenge réussi.
Sabrina
L’album photos de l’événement
« C’est nous qui vous remercions de témoigner avec autant de
clarté de votre expérience de malade.
Elle nous aide tous à grandir ».
Tù-Tâm NGUYEN, responsable de la Cité de la santé
« J’ai beaucoup aimé votre compte-rendu très fidèle.
(…)
En tous cas, j’ai beaucoup apprécié la façon dont vous avez
écrit, ce qui n’est pas facile, mais encore plus difficile ,
dont vous avez réussi à parler dans l’hôpital où vous aviez
vécu tellement de choses (disons positives et négatives) »
Véronique BAGARRY
Librairie Points Communs
Source : blog psychologies.com.
Quand l'anorexie est une mue
:
l'article
du
Concours
Médical
L’article sur L’âme en éveil, le corps en sursis et
SabrinaTCA92, dans Le Concours Médical paru en février 2015.
Avec tous nos remerciements pour le groupe Global Média pour
cette fine analyse du livre témoignage de Sabrina Palumbo.
Les "fucking conseils" d'une
ancienne
alcooliqueanorexique
A tous mes contacts. Tous. Vous avez tous vos lots de soucis.
Et vous savez quoi, on l’a tous, ce putain de lot de soucis.
Beaucoup d’entre nous sont dans des grosses galères. Et j’en
ai pas mal plein le c**, quand j’essaie d’inciter les gens à
aller vers quelque chose de positif, de me faire implicitement
traiter de prétentieuse naïve qui ne comprends pas ce qui
l’entoure.
A 14 ans j’ai souffert d’anorexie sévère, qui a marqué ma vie,
mon corps. L’anorexie est une maladie mais avant tout une
addiction. J’en suis sortie seule, et je suis revenue de loin,
avec tout la volonté que j’ai trouvé pour maîtriser la
situation. C’est rien pour vous ? Pour moi c’est encore tout.
A 16 ans je suis partie de chez mes parents pour trouver mon
indépendance.
Je suis passée par la case de l’hôpital psychiatrique, de
force. Au bout de plusieurs semaines gavée aux cachetons à
regarder ma voisine de chambre vomir du sang, j’ai réussi à
m’en enfuir, et l’emmener avec moi. Je suis restée cachée, en
fugue, parfois à la rue. Je parlais peu, je mangeais peu. Je
sais ce que c’est que dormir dehors le soir, ou garder un
paquet de pâtes, précieusement offert, pour le déguster avec
modération sans trop savoir comment on va manger le lendemain.
Je n’ai jamais fais la manche. Je sais aussi, entre ces deux
époques, ce que c’est que de sombrer dans l’alcoolisme. Boire
sa première bière forte à 8h du matin et continuer sa journée
sur le même thème, pendant beaucoup trop d’années.
J’ai entendu les mots et vu les larmes de mes amies qui
s’étaient faites violer. Et je ne pouvais rien y faire.
J’ai fait des études que j’ai du arrêter pour travailler parce
que sinon je me retrouvais sdf donc incapable d’étudier.
Quitte à ne pas étudier j’ai préféré avoir un travail de
merde. J’ai vécu une relation de quatre ans, des fiançailles
que j’ai rompu et dont je me suis remise en trois semaines. Je
n’avais pas le choix. Il fallait le faire. Pas pour moi mais
pour ceux que j’aimais.
J’ai fait un burn-out au bout d’un an et quelque de boulot,
parce que je bossais de 07h à minuit avec seulement 4h de
pause par jour, 6 ou 7 jours par semaines. J’ai à nouveau tout
plaqué.
J’ai changé de vies, de villes plusieurs fois en très peu
d’années.
Il y maintenant 10 ans de ce ça j’ai commencé toutes ces
merdes. Et maintenant aujourd’hui sans être sortie de tout, je
peux en parler.
Pourquoi je le fais ?
Pour que put** de bordel de m**** quand je vous donne un
FUCKING CONSEIL, vous ne le preniez pas comme celui d’une nana
de 24 ans aux cheveux roses. Mais comme celui de quelqu’un qui
revient de loin et qui pourrait PEUT-ETRE comprendre ce que
vous vivez et dire quelque chose de pertinent.
Et peut-être voir à relativiser sur le bonheur que vous avez
entre les mains.
Bien à vous.
Enthea, ex anorexique et mariée depuis…
Merci Enthea pour cette autorisation de partager ce message,
trouvé au hasard de mes surfs sur un réseau social bien connu…
Sabrina
Le book d’Enthea, à découvrir… des photos sublimes : voir le
book
Peut-on fuir
d’exil ?
un
sentiment
Cette boulimie de vie est aussi une fuite pour éviter de trop
ressentir cette impression d’exil. C’est peut-être la raison
pour laquelle je n’en finis pas de me mettre à la méditation,
bien que je n’aie aucun doute sur l’intérêt de cette pratique.
La crainte de me retrouver face à moi-même et à mes peurs m’en
dissuade.
Je suis encore en plein apprentissage mais je me sens plus que
jamais proche de la guérison et d’un bien-être acceptable. Ma
crainte pour le moment est de négliger ma propre santé à
vouloir être sur tous les fronts, tant il y a à faire.
Entourée telle que je le suis, je devrais parvenir à trouver
mon équilibre.
Mon altruisme, comme ma pratique du sport, est peut-être
excessif. Je m’oublie à nouveau et aider les autres a pris
plus d’importance que m’aider moi-même. Être utile à autrui me
donne sens et me désengage de moi. Mais si l’on s’attache
trop, je fuis, mal à l’aise dans le rôle de la jeune femme
épanouie, solide, présente une vie durant, de celle qui a
réponse à tout. Chaque histoire est unique de même que chaque
guérison, nous partagerons les mêmes problématiques, propres
aux gens de « notre espèce ». Si nous mettons en place des
stratégies de lutte contre nos troubles, nous ne faisons que
nous adapter à une vie qui aura toujours bien du mal à
étancher notre soif d’absolu.
Certes, l’altruisme procure un sentiment de bien-être. Lors
d’une conférence à laquelle j’ai assisté, Matthieu Ricard et
Christophe André avançaient même des arguments scientifiques
en ce sens. Mais si je souhaite aider, ce n’est pas pour en
retirer quelque chose en particulier. Obtenir la
reconnaissance, recevoir des messages de sympathie me fait du
bien mais, sincèrement, si j’aide une personne ou une famille
et qu’ils m’oublient aussitôt, cela ne me découragera pas. Je
suis peut-être une sorte de passeur censée aider, parfois
brièvement, des personnes à s’éveiller. L’avenir me le dira et
je suis ravie d’y travailler. En réalité, je n’utilise pas le
terme de passeur par hasard, je crois appartenir à une
certaine famille d’âmes. J’invite les personnes que le sujet
interpelle à lire Les familles d’âmes.
Extrait de L’âme en éveil, le corps en sursis
Sabrina Palumbo
Anne-Laure dans Le ventre vide, le froid autour / les filles
du calvaire
Les Familles d’Âmes de Marie Lise Labonté.
Source : blog psychologies.com.