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Déclarations officielles de politique étrangère du 04 mars 2014
1 - Point de presse du porte-parole - Ukraine/Décisions du conseil affaires étrangères de l'Union
européenne - Union européenne/Élection de M. Olivier Schrameck à la tête du groupe des régulateurs
européens des services de medias audiovisuels - Bahreïn/Attentat - Décès de Marcel Carton
Au point de presse de ce jour, le porte-parole a fait les déclarations et a répondu aux questions suivantes :
1 - Ukraine - Décisions du conseil affaires étrangères de l'Union européenne (Bruxelles, 3 mars 2014)
M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, a participé hier à Bruxelles au conseil affaires étrangères de
l'Union européenne consacré à l'Ukraine.
Les ministres ont condamné la violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine par la Russie. Ils
ont appelé à une solution pacifique et au respect des principes du droit international. Les États membres concernés,
dont la France, ont suspendu leur participation à la préparation du G8 à Sotchi en juin.
En l'absence de désescalade de la part de la Russie, les États membres sont convenus que l'Union européenne prendra
des décisions ayant une incidence sur sa relation avec la Russie, comme par exemple la suspension des négociations
sur la question des visas et sur un nouvel accord global. D'autres mesures ciblées pourront être envisagées.
Les ministres ont également rappelé l'attachement de l'Union européenne au caractère représentatif et inclusif des
institutions ukrainiennes et à la protection des minorités. Ils ont réaffirmé leur engagement à apporter à l'Ukraine,
dans le cadre des institutions financières internationales, l'assistance qui lui est nécessaire.
Les États membres ont enfin décidé de travailler rapidement à la mise en oeuvre de sanctions visant les personnalités
ukrainiennes coupables de détournement de fonds publics et de violations des droits de l'Homme.
Q - Êtes-vous rassurés par les déclarations de Vladimir Poutine ce matin ?
R - Ce que nous attendons de la Russie aujourd'hui, c'est une désescalade. Nous souhaitons des gestes et signaux
clairs en faveur de la voie diplomatique et de l'apaisement.
Comme M. Laurent Fabius l'a indiqué, il y a eu une violation du droit international. Il faut que la Russie respecte ses
obligations internationales, à la fois les accords bilatéraux conclus avec l'Ukraine et le droit international public.
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Nous sommes fermes, mais évidemment ouverts au dialogue. Nous souhaitons favoriser une issue diplomatique - dans
un cadre bilatéral bien sûr par un dialogue entre l'Ukraine et la Russie, comme dans celui du conseil de sécurité des
Nations unies.
La Russie est membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies. C'est un partenaire important pour la
France comme pour l'Union européenne. Nous souhaitons qu'un terme soit mis le plus rapidement possible cette crise probablement la plus grave sur le continent européen depuis vingt ans.
Q - Ces déclarations sont donc insuffisantes ?
R - Il y a actuellement un processus de dialogue et d'échanges avec la Russie à la fois dans un cadre bilatéral, avec
l'Union européenne et également au sein du conseil de sécurité.
Q - Les ministres des affaires étrangères des cinq membres permanents du conseil de sécurité seront demain à Paris
pour la réunion du groupe international de soutien au Liban. Se réuniront-ils pour parler de la situation en Ukraine ?
R - Nous mettrons à profit la présence des ministres des affaires étrangères pour favoriser le processus de désescalade
et avoir un dialogue intense et nourri sur la situation en Ukraine.
Q - Quand le groupe de contact dont la création a été annoncée se réunira-t-il ? Demain ? Ou attendra-t-on la réunion
extraordinaire des chefs d'État ou de gouvernement de jeudi ?
R - Nous sommes en train de travailler activement. Tout ce qui peut permettre de favoriser une désescalade et de créer
un cadre de dialogue confiant avec la Russie sera soutenu par la France.
Q - Vladimir Poutine a dit qu'il n'y aurait pas de recours pour l'instant aux troupes russes. Est-ce rassurant ou
inquiétant ?
R - Nous attendons de la part de la Russie des signaux clairs en faveur d'une désescalade et un respect du droit
international.
Q - Le conseil affaires étrangères de l'Union européenne d'hier a-t-il bien demandé à la Russie de retirer ses forces de
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Crimée ? Quels sont les termes employés ?
R - Lorsque l'Union européenne indique attendre de la part de la Russie une désescalade, c'est évidemment au retrait
militaire qu'il est fait référence. Les conclusions adoptées hier par le conseil affaires étrangères le mentionnent
clairement («The EU calls on Russia to immediately withdraw its armed forces to the areas of their permanent
stationing, in accordance with the Agreement on the Status and Conditions of the Black Sea Fleet stationing on the
territory of Ukraine of 1997»).
Q - Les agressions russes n'ont donc eu lieu qu'en Crimée ?
R - À ma connaissance, oui. C'est l'enjeu aujourd'hui et l'origine de la crise.
Un accord, datant de 1997, fixe les modalités de la présence militaire russe en Crimée. Mais la Russie, depuis quelques
jours, ne respecte plus cet accord. C'est la raison pour laquelle nous parlons de violation des obligations
internationales.
Q - Aujourd'hui, il y a l'Ukraine catholique avec l'Europe, et l'Ukraine orthodoxe avec Moscou.
R - Nous n'entrons pas dans ce type de considérations. L'Ukraine doit se rassembler autour de ses institutions et la
démocratie doit l'emporter sur les oppositions entre communautés.
Ce que nous souhaitons, c'est le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine. Une feuille de
route a été adoptée, avec des élections qui s'annoncent. Il faut que les Ukrainiens se rassemblent dans la perspective
de ces échéances et privilégient le débat démocratique.
M. Laurent Fabius le répète souvent : «ce n'est pas l'Europe ou la Russie, c'est l'Europe et la Russie». Nous sommes
tous deux des partenaires de l'Ukraine. Il est de notre intérêt commun de favoriser le développement de l'Ukraine et sa
pleine insertion au sein de la communauté internationale.
Q - L'accord d'association UE-Ukraine exclut la possibilité pour l'Ukraine de rentrer dans l'union douanière eurasiatique
proposée par la Russie. Le commissaire européen Füle l'a confirmé.
R - Il n'y a pas de contradiction entre un partenariat fort entre l'Ukraine et l'Union européenne d'une part, et un
partenariat étroit entre l'Ukraine et la Russie d'autre part. Ces deux mouvements doivent être complémentaires.
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Q - Gazprom vient d'annoncer la fin du rabais sur le prix de vente de gaz pour l'Ukraine...
R -Ce que nous souhaitons, c'est le rétablissement d'un climat de confiance entre l'Ukraine et la Russie et, en ce
moment, des signaux en faveur du dialogue et de l'apaisement.
2 - Union européenne - Élection de M. Olivier Schrameck à la tête du groupe des régulateurs européens des services de
medias audiovisuels (4 mars 2014)
Un groupe rassemblant les représentants des organismes de régulation nationaux des services audiovisuels dans
l'Union européenne a été créé en février dernier.
M. Olivier Schrameck, président du CSA, a été élu à sa présidence le 4 mars, pour une période de vingt mois.
Ce groupe aura pour mandat de conseiller la Commission dans ce secteur.
La France attache de longue date une importance particulière à l'action et aux politiques européennes pour une
régulation efficace et le développement des médias audiovisuels, et se réjouit de la création de cette nouvelle
instance de dialogue et de concertation.
3 - Bahreïn - Attentat (3 mars 2014)
La France condamne l'attentat qui, hier près de Manama, a coûté la vie à trois policiers.
Elle adresse ses condoléances aux familles des victimes et au peuple bahreïnien.
Seul un dialogue constructif entre toutes les parties et le rejet de la violence sous toutes ses formes permettra au
Bahreïn de parvenir à un consensus politique juste et durable.
Q - Les Bahreïniens disent que l'Iran soutient l'opposition. Avez-vous des informations sur la provenance des armes
des manifestants ?
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R - Non. La France a toujours condamné les violences.
Ce que nous souhaitons, c'est qu'il y ait un dialogue le plus large possible entre les acteurs politiques, dans le cadre
des institutions bahreïniennes. Il est essentiel que les autorités et l'opposition s'accordent sur des réformes prenant
en compte les aspirations du peuple bahreïnien.
4 - Décès de Marcel Carton (27 février 2014)
Le ministère des affaires étrangères salue la mémoire de Marcel Carton, disparu le 27 février, et assure sa famille de
ses plus vives condoléances.
Nous rendons hommage au courage exceptionnel de notre compatriote, qui fut longtemps en poste au consulat
général et à l'ambassade de France à Beyrouth, avant de subir une éprouvante captivité au Liban entre mars 1985 et
mai 1988./.
(fin de l'article)
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2 - Ukraine - Royaume-Uni - Communiqué de la présidence de la République
François Hollande s'est entretenu ce soir avec David Cameron.
Le président de la République et le Premier ministre britannique ont rappelé la nécessité pour la Russie d'accepter une
solution de sortie de crise, conforme au droit international.
Ils ont souligné la fermeté de la position adoptée par les Européens lors du Conseil des affaires étrangères
extraordinaire cet après-midi à Bruxelles, en particulier l'adoption possible de mesures ciblées sur les relations entre
l'UE et la Russie, en l'absence de désescalade militaire.
Ils ont marqué également la volonté de l'Union européenne de soutenir et de s'engager dans les efforts de médiation
internationale, en relation avec l'ONU et l'OSCE.
Ils sont convenus de rester en coordination constante dans les circonstances présentes et de préparer ensemble la
réunion extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement européens le 6 mars prochain./.
(fin de l'article)
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3 - Ukraine - Entretien de M. Thierry Repentin, ministre délégué, chargé des affaires européennes,
avec «RMC»
Q - On va parler de la Crimée et de ce qui se passe en Ukraine - avec cette dernière information : Vladimir Poutine qui
ordonne aux soldats Russes engagés dans des manoeuvres militaires de retourner dans leurs casernes. C'est le début
d'un assouplissement, d'un léger assouplissement de la position de Poutine ?
R - En tout cas, il faut le voir comme cela, avec l'espoir que le message de fermeté unanime de l'Union européenne
hier à l'égard de la Russie ait été entendu. Message unanime, associant également d'autres pays dans le monde,
puisque le G7 a pris une position ferme hier, ce qui inclut le Canada, le Japon et les États-Unis. Il faut ramener la
Russie à plus de modération - c'est le moins que l'on puisse dire - et tout faire pour que du côté russe, mais aussi du
côté Union européenne, nous accompagnions les Ukrainiens sur le chemin d'un choix politique, d'un avenir choisi par
les Ukrainiens eux-mêmes.
Q - Alors comment faire diplomatiquement pour accompagner les Ukrainiens et pour qu'on calme la situation ?
R - Déjà, il faut rappeler que ce qui se passe en Ukraine résulte d'un choix politique qui a été fait par M. Yanoukovitch
- alors président de la République - et par son opposition. Je rappelle qu'il y a eu un accord sur plusieurs points, qui
prévoyait des élections anticipées...
Q - Il y avait un accord le 21 février qui a été trouvé sous l'égide de trois ministres européens des affaires
étrangères...
R - ...et en présence de l'envoyé de M. Poutine, je veux le rappeler aussi.
Q - Mais enfin cet accord il a tenu quelques heures...
R - Pourquoi ? Parce que M. Yanoukovitch, alors président de la République ukrainienne, s'est enfui ! Dans quel pays
un président de la République, sûr de son bon droit, de son autorité, de sa légitimité, s'enfuit-il ?
Q - Mais il y a aussi les révolutionnaires de Maïdan qui ne voulaient pas de cet accord, certains, en tous les cas....
Pardon Thierry Repentin, vous le savez bien ?
R - Je peux vous dire que l'accord a eu lieu à 6 h 45 le vendredi matin, et que nous avons attendu la journée pour
l'annoncer, parce qu'il a fallu faire des allers-retours avec le comité de Maïdan et la Rada, l'Assemblée nationale
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ukrainienne. Ensuite, il y a eu un accord pour signer ce document qui organise une sortie de crise par le haut.
Maintenant, nous devons tous faire pression pour que cet accord soit strictement respecté, c'est-à-dire que soient mis
en oeuvre le changement de la Constitution, et des élections libres et transparentes le 25 mai prochain. Nous devons
aussi dire au nouveau gouvernement - et cela été souligné hier par les ministres des affaires étrangères de l'Union
européenne - : «Assurez-vous que, dans le gouvernement d'unité nationale, toutes les composantes de l'Ukraine soient
représentées» ...
Q - Et même le Sud-est de l'Ukraine qui est russophone et russophile ?
R - Oui ...et nous devons demander que soit assurée la protection des minorités ethniques en Ukraine. Une loi a été
adoptée d'une façon inopportune, sur le fait que le russe ne soit plus une langue officielle...
Q - C'est ce qui a mis le feu aux poudres aussi ?
R - Ce sont des décisions dont se servent certains à l'extérieur pour affirmer qu'une partie des Russes sont menacés, et
donc que cela légitime une intervention.
Q - Parlons de la Crimée, qui est un cas un peu particulier, la Crimée qui était déjà largement autonome. Est-ce que
vous demandez à Vladimir Poutine ce matin de faire rentrer les soldats russes qui encerclent des casernes
ukrainiennes, de les faire rentrer dans leurs bases de Sébastopol ?
R - C'était très clairement le deuxième point hier des conclusions adoptées à l'unanimité par l'Union européenne : le
repli des troupes russes, même si ces militaires n'ont pas de drapeau sur leur uniforme...
Q - Sans enseigne, sans insigne et sans rien.
R - Et on comprend pourquoi ! Nous demandons qu'ils rejoignent leur base à Sébastopol, puisque - vous le savez - il y
a un accord international sur la présence de la flotte russe jusqu'en 2042.
Q - Alors faut-il accorder encore un peu plus d'autonomie à la Crimée, Thierry Repentin ? Parce qu'historiquement on
peut comprendre ! Peut-on comprendre historiquement les exigences russes sur la Crimée ?
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R - Je pense qu'on peut comprendre l'attachement de la Russie à la Crimée, avec une population qui est
majoritairement russophone, ce qui ne veut pas dire automatiquement pro-russe. Il y a aussi l'histoire. La Crimée est
ukrainienne depuis 1954, puisque Khrouchtchev l'avait donnée à l'Ukraine, qui faisait alors partie de l'URSS. Ceci
étant, c'est aux Ukrainiens de choisir. Un dialogue est aussi nécessaire entre les autorités de Kiev et le pouvoir en
Crimée.
Q - Mais alors on organise un référendum en Crimée ?
R - Il faut que l'Ukraine organise d'abord, c'est ce qui a été demandé, des élections présidentielles le 25 mai. Il faut
remettre en place une Assemblée nationale, une nouvelle Constitution et favoriser un dialogue politique. Chacun des
Ukrainiens pourra effectivement décider, après une campagne électorale, un affrontement d'idées - c'est cela ce que
nous souhaitons ...
Q - Mais, pourtant, Yanoukovitch avait été élu lors d'une élection ?
R - Oui. Il a été élu en 2010...
Q - ...démocratiquement.
R - Dans des conditions en tout cas que l'OSCE a considéré comme pouvant être acceptées.
Ceci étant, il y a eu un usage - et personne ne le conteste - du pouvoir à son profit, au profit d'une oligarchie.
D'ailleurs, hier la mise en place de sanctions individuelles a été décidée, et M. Yanoukovitch et ses proches seront
l'objet de sanctions, y compris financières.
Q - Est-ce qu'il ne faut pas faire attention à ne pas humilier la Russie, j'allais dire par là dans certains propos ou dans
certaines attitudes ?
R - Oui, il faut faire attention aux va-t-en-guerre...
Q - A qui pensez-vous, là ? Bernard-Henri Levy ?
R - À celles et ceux qui, dans le confort d'un salon parisien, ont dit qu'il faut envoyer des troupes dans ce grand pays.
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Il faut être très soucieux de l'avenir de ce pays de 46 millions d'habitants aux portes de l‘Union européenne. Qui veut
un conflit armé ? Personne ! C'est pour cela qu'il faut à la fois le dialogue et la fermeté.
Q - Et avec qui le conflit armé ? Avec la Russie ?
R - Personne ne le veut. C'est pour cela qu'il faut un message de fermeté et, en même temps, maintenir le dialogue
avec les autorités russes. Car il n'y aura aucune solution sur le devenir de l'Ukraine sans les Russes ou contre les
Russes.
Et il faut faire comprendre à la Russie que c'est son intérêt d'avoir un grand pays de 46 millions d'habitants qui fasse
le lien avec l'Union européenne et qui se développe économiquement ; la Russie qui, on le voit depuis hier d'ailleurs,
sur la scène internationale financière souffre de cette intervention, avec une dévaluation du rouble et une chute des
cours de la bourse./.
(fin de l'article)
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4 - Ukraine - Intervention au conseil de sécurité du représentant permanent de la France auprès des
Nations unies
Madame la Présidente,
Je l'avais dit en séance de consultations samedi. C'est un sentiment de consternation qui domine lorsque nous voyons
ce qui se passe en Ukraine et lorsque nous entendons ce que vient de dire notre collègue russe.
C'est en effet la voix du passé que nous venons d'entendre. J'avais 15 ans en août 1968 lorsque les forces soviétiques
sont entrées en Tchécoslovaquie. C'était les mêmes justifications, les mêmes documents exhibés, les mêmes
allégations que nous avions entendus. Nous avions espéré qu'avec la construction européenne et l'effondrement du
communisme, nous sortirions de ces cauchemars ; nous avions espéré qu'à la logique dangereuse des rapports de
force, nous substituerions la coopération dans le respect de l'identité et de l'indépendance de chacun.
Nous voilà ramenés à un monde où la force prime sur le droit ; où toute crise doit avoir un vainqueur et un vaincu ; où
la propagande nie la réalité.
Revenons d'abord aux faits, que nulle manipulation ne peut occulter à l'ère de la télévision et de l'internet. Ces faits
sont simples. L'armée russe occupe la Crimée, territoire ukrainien, contre la volonté du gouvernement ukrainien, en
violation du droit international. Les raisons invoquées sont de flagrantes contre-vérités : non, on ne tue pas
aujourd'hui dans les rues de Kiev ; non, on ne menace pas les populations russophones en Crimée ou ailleurs ; oui, il
ne s'agit que de prétextes que ceux qui les présentent ne doivent même pas croire tant ils sont grossiers.
En occupant la Crimée, la Russie a pris un gage territorial. L'objectif est clair : amener les autorités de Kiev à
résipiscence, les intégrer dans la sphère d'influence de Moscou, et leur rappeler que leur souveraineté est limitée,
comme disait autrefois M. Brejnev, après avoir envahi la Tchécoslovaquie.
En un mot, la Russie rétrograde l'Europe de quarante ans. Tout y est : la pratique comme la rhétorique soviétique, la
brutalité et la propagande.
Madame la Présidente,
La France ne veut pas jouer ce jeu dérisoire qui ne sert les intérêts de personne, et certainement pas des peuples
ukrainien et russe. C'est pourquoi, dès le début de la crise, le ministre français des affaires étrangères, avec ses
collègues allemand et polonais, s'est rendu sur place pour négocier un accord qu'à ce moment la Russie avait d'ailleurs
refusé d'endosser, pour l'invoquer aujourd'hui. Lorsque les évènements, la fuite du président et la volte-face du
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parlement, en ont rendu impossible l'application, la France n'a cessé d'en défendre l'esprit, c'est-à-dire la
réconciliation par le biais de la constitution d'un gouvernement d'union nationale et la tenue d'élections sous
supervision internationale. C'est ce que propose aujourd'hui le Premier ministre qui se heurte au refus du parti des
régions de rejoindre le gouvernement ; c'est ce que recherche le président par intérim qui a refusé de signer la loi qui,
hâtivement et malheureusement, réduisait le rôle de la langue russe.
Fidèles à cette recherche de solution raisonnable, qui respecte les intérêts et les sensibilités de chacun, dans le cadre
de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, six points devraient constituer la base d'une sortie de
crise, six points simples qui devraient être acceptés par toute partie respectueuse du droit international.
Tout d'abord, le retour des forces armées russes dans leurs bases, vérifié par des observateurs internationaux.
Deuxièmement, le cantonnement immédiat, le désarmement et la dissolution des éléments paramilitaires et des autres
groupes disposant d'armes illégales sous le contrôle d'observateurs internationaux.
Troisièmement, le rétablissement par le Parlement ukrainien de la loi sur les langues régionales.
Quatrièmement, la mise en place d'un haut conseil pour la protection des minorités.
Cinquièmement, la mise en oeuvre de la réforme constitutionnelle. Sixièmement, enfin, l'organisation d'élections
présidentielles le 25 mai sous l'égide de l'OSCE.
Ce sont des principes simples dont une médiation internationale doit pouvoir négocier la mise en oeuvre entre toutes
les parties concernées. À cet égard, le Secrétaire Général de notre organisation, en liaison avec l'Union européenne et
l'OSCE, a un rôle central à jouer en la matière.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, cette volonté de trouver une solution négociée qui réponde aux exigences du droit
international, qui préserve les droits de tous les Ukrainiens et qui permette la stabilisation d'une Ukraine
démocratique et réconciliée dans son environnement régional ne peut s'accommoder de la persistance des violations
du droit international qu'a commises la Russie. La France veut coopérer avec une Russie, avec laquelle elle a une
longue histoire commune, mais pas à n'importe quel prix, pas en reniant ses principes et ses valeurs.
Ce que nous avons entendu aujourd'hui de déni de la réalité, de mépris du droit international et de reniement de tout
un discours du respect sourcilleux de la souveraineté nationale ne nous incline pas à l'optimisme. La Russie semble
revenir à ses vieux démons, en rejouant des rôles démodés dans un décor désuet, à l'affiche d'un théâtre en faillite.
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Si elle continuait à ne pas comprendre l'esprit des temps nouveaux et à faire confiance à la force plutôt qu'au
dialogue, c'est avec regret mais avec détermination, qu'avec ses partenaires européens, la France ne manquerait pas
d'en tirer des conséquences dans les relations avec la Russie. Ce serait un recul dont la Russie serait seule
responsable. La France, comme ses partenaires, comme l'ensemble de la communauté internationale, ne demande rien
d'autre que le respect du droit international et de la souveraineté ukrainienne que viole brutalement et
ostensiblement la Russie./.
Je vous remercie./.
(fin de l'article)
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5 - Ukraine - Remarques à la presse du représentant permanent de la France auprès des Nations unies
(en français et en anglais)
Bonjour,
Nous avons donc tenu une réunion du Conseil de sécurité à la demande de la Fédération de Russie. Nous avons été
extrêmement déçus par cette réunion qui ne nous a rien apporté de nouveau. Nous avons vu un ambassadeur de Russie
agiter un papier d'un président renversé, nous dire qu'il y avait des nazis qu'il fallait battre. D'une certaine manière,
nous avons eu l'impression d'être 50 ans en arrière, vous l'avez entendu. C'est donc un moment extrêmement triste.
C'est un moment que nous regrettons car nous pensons que la seule solution doit être une solution politique.
What I said was : As you know, we had a meeting of the Security Council at the request of the ambassador of the
Russian Federation. We are extremely disappointed. We saw a Russian ambassador using a piece of paper signed by a
deposed president saying that there is a threat of nazism and basically justifying the Russian occupation of Crimea.
We were thrown 50 years back.
This meeting was unfortunately totally useless. We were hoping that the ambassador of the Russian Federation would
tell us that the Russian Federation is agreeing to mediation but they did not. They said that the government of Kiev
has no legitimacy. They said that Mr Yanukovych is the only president, yet nobody knows where he is -except that he
is certainly not in Ukraine anymore. And they said that the Russian army is protecting a population against a threat
that nobody has so far detected. Again, it is regrettable but we do hope that, eventually, all the political efforts will
draw Russia to the table of negotiation and will convince Russia to withdraw their forces from Crimea back to their
barracks.
***
Q - M. l'ambassadeur, une question en français. Vous avez à plusieurs reprises comparé ce qui se passe avec
l'intervention russe à la guerre froide et vous venez de le refaire. Est-ce que, finalement, ce n'est pas une manière de
reconnaître ce que beaucoup disent, c'est-à-dire que la possibilité pour l'Occident de faire quoi que ce soit est
extrêmement limité. Est-ce que finalement les Ukrainiens ne vont pas se retrouver tout seuls comme les
Tchécoslovaques dans les années 1960 ?
Justement, nous ne sommes pas en 1960. Il existe aujourd'hui des choses qui n'existaient pas dans les années 1960. Il
existe l'internet, il existe la liberté de la presse, il existe une société civile active, qu'elle soit en Ukraine ou qu'elle
soit dans la Fédération de Russie. Il y a l'opinion publique mondiale et nous espérons que la Russie comprendra que le
chemin vers la prospérité passe par la coopération avec la communauté internationale. Comme mon collègue
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britannique l'a rappelé, la bourse de Moscou a perdu 13 %, le rouble est en recul. Ceci n'est pas un complot. C'est
simplement la réaction d'une communauté internationale. En 2014, on ne peut pas se comporter comme en 1968.
Q - Ambassador, why don't you accept that the legitimacy of the deployment of the Russian forces is based on the
letter from Mr Yanukovych ?
What is happening is that the Russian army simply occupied the region of Crimea. That was a decision taken in
Moscow. Somebody went and met Mr. Yanukovych and got a signature. But the reality in Ukraine right now is that
neither the Parliament -where Mr. Yanukovych used to have the majority- nor the population- recognizes Mr
Yanukovych as the president. It was also very moving the way that the Russian Federation referred to the letter of 28
February which was negotiated by the Foreign ministers of France, Poland and Germany. Because at the time it was
signed, the Russian Federation did not recognize this agreement and refused to endorse it. Suddenly, they discovered
that it exists, only after it is not implementable anymore because things have changed.
What is important at the end of the day is that we have to let Ukrainians decide of their own fate. There will be a
presidential election on 25 May, organized by the Ukrainian authorities. They are ready to put this election under
OSCE supervision. We will see who wins the election.
Q - Are you saying that it is a false letter ?
It is not a false letter. It is a false president./.
(fin de l'article)
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6 - XXème session de l'Assemblée des Français de l'étranger - Discours de Mme Hélène Conway-Mouret,
ministre déléguée chargée des Français de l'étranger
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Conseillers,
Cher (e)s Ami(e)s,
J'ai souhaité vous rassembler ce soir dans ce lieu symbolique du salon de l'horloge alors que l'AFE se réunit pour une
nouvelle session de travail. Il n'est pas question de vous signifier - par ce choix - que le temps se serait arrêté avec la
réforme de votre assemblée, mais au contraire de rendre un hommage sincère à votre engagement passé et votre
engagement futur.
Mon propos sera bref car je souhaite que ce moment soit avant tout un moment d'échange et de convivialité.
Mes Amis, rappelons-nous que si nous voulons que rien ne change, il faut d'abord que tout change. L'Assemblée des
Français de l'étranger est à une nouvelle étape de son existence. La prochaine fois qu'elle siégera, ce sera sous une
nouvelle forme, conséquence de l'entrée en vigueur de la loi du 23 juillet 2013, voulue par le gouvernement. Je sais
que vous allez travailler cette semaine en ayant le désir de laisser aux futurs élus l'exemple d'un travail rigoureux
parfois conduit avec passion. Le groupe de communication a d'ailleurs pris l'initiative de rassembler le format de vos
rencontres que je découvrirai dans quelques minutes.
Parmi les sujets que vous avez suivis de manière constante, je distinguerais : les affaires sociales, l'emploi, la fiscalité,
la sécurité, les services consulaires, l'enseignement français à l'étranger, la promotion de la culture et l'audiovisuel
extérieur.
C'est parce que j'ai pu m'investir dans ces travaux à vos côtés durant de nombreuses années, que je me suis efforcée
de leur donner un écho dans l'action conduite par mon ministère depuis près de deux ans.
Ceci étant dit, l'AFE ne disparait pas, vous le savez. Elle se renouvelle. Après le temps de la réflexion et du débat
viendra celui de l'action.
Je sais, sur ce point, pouvoir compter sur ceux d'entre vous qui seront élus pour tirer le meilleur parti de la nouvelle
AFE, une assemblée renforcée qui aura les moyens de conduire des études, qui voit son autonomie renforcée par
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l'élection de son président, une assemblée qui émettra un avis sur le budget. Ce ne sont pas là de minces avancées.
Les futurs élus conserveront leur rôle de relais fondé sur l'expérience de terrain puisqu'ils sont avant tout des
conseillers consulaires élus au plus proche des communautés françaises qu'ils représentent. Lors des sessions à Paris,
ils s'en feront l'écho en relayant leurs attentes et leurs préoccupations comme ils le feront auprès de l'administration
locale.
Avec cette réforme, nous avons fait le pari de la démocratie de proximité qu'il va nous appartenir de faire vivre. Les
futurs conseils consulaires seront des assemblées locales qui contribueront, par leurs avis, à la définition des
politiques publiques menées au bénéfice des Français de l'étranger. Ces avis seront d'autant plus utiles qu'ils
s'appuieront sur la connaissance du terrain particulièrement riche que vous possédez. Les conseillers consulaires
constitueront ainsi un aiguillon pour l'action politique, diplomatique et administrative.
Les nouveaux conseillers consulaires joueront aussi un rôle essentiel dans notre diplomatie d'influence car une
diplomatie active, c'est une diplomatie que les Français de l'étranger font vivre. Plus encore aujourd'hui, où nous
devons chercher des relais de croissance ; nos communautés à l'étranger sont un facteur irremplaçable de
rayonnement pour notre pays dans tous les domaines : économique, commercial, culturel ou linguistique. Prenons en
conscience et affirmons-le.
Nous sommes présents dans le monde par nos entreprises, nos technologies et nos savoir-faire. Nos communautés
françaises constituent des relais qu'il faut soutenir et c'est là que l'action des élus locaux prend toute son importance,
à la fois pour aider nos concitoyens, mais aussi pour valoriser leur présence. Ils contribuent à ce que l'action de la
France soit mieux comprise, mieux mise en valeur, mieux relayée auprès des responsables étrangers et des opinions
publiques.
C'est pour cela que nous avons collectivement la responsabilité d'inciter nos concitoyens à aller voter. Le ministère
commence à déployer une communication institutionnelle mais rien n'est plus important que la mobilisation de tous
et le contact direct avec nos compatriotes.
La campagne électorale qui s'ouvre en sera l'occasion ; et puisque je crois savoir que la majorité d'entre vous
continuera à s'engager au service des Français de l'étranger, je vous souhaite une belle campagne et de beaux succès.
Quelques mots sur l'ensemble des sujets qui nous occupent puisque l'heure - avec l'ouverture de vos travaux - est aussi
aux bilans.
Bien sûr, en premier lieu, la sécurité des Français lorsqu'ils sont à l'étranger. Je commencerai par une pensée pour
notre compatriote, Patrice Real, assassiné hier à Benghazi. Première de leur préoccupation et priorité constante du
Ministère, je fais en sorte que chaque Français, qu'il soit résidant ou de passage à l'étranger, bénéficie de la
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protection qui lui est due. J'ai engagé dès ma prise de fonction, un travail important en lien avec le Centre de crise,
nos ambassades ainsi que nos entreprises elles-mêmes. Vos parlementaires, que je rencontre régulièrement, en ont été
informés lorsqu'ils ne pouvaient pas y être plus directement associés.
Les mesures de sécurité visant à protéger nos ressortissants sont, dans le monde, adaptées en permanence en fonction
de l'évolution des menaces. La France a une réelle expertise en la matière dont nous pouvons être fiers. Je me rendrai
à Bruxelles le 31 mars prochain pour suivre avec la Commission européenne la négociation de la directive sur la
protection consulaire.
Je tiens à saluer le travail que vous faites pour relayer auprès de nos compatriotes les messages de sécurité et
d'alertes. Je vous remercie aussi pour m'avoir tenue informée des développements de certaines situations complexes
pour lesquelles il est précieux d'avoir le «point de vue du terrain». Je pense en particulier à la crise en Thaïlande ou à
la situation en Ukraine.
Par votre action, vous permettez que les cas particuliers qui le méritent, dans des contextes toujours différents, soient
portés en temps utile à la connaissance des autorités. Pour cela aussi, soyez remerciés.
Je me suis également attachée à améliorer la vie quotidienne des Français de l'étranger. La facilitation des démarches
administratives y participe. C'est pourquoi nous examinons la possibilité à la fois de revaloriser le statut et les
conditions d'exercice des consuls honoraires, et de confier à certain d'entre eux des attributions nouvelles ;
notamment en matière de délivrance de titres de voyages. Le réseau des consuls honoraire constitue un véritable
réseau de proximité ; un élément essentiel pour le maintien d'un service public consulaire de qualité.
La réforme des modalités d'attribution des bourses scolaires et, plus généralement, les mesures qui ont été prises sur
l'avenir de l'enseignement français à l'étranger, font partie intégrante de l'accompagnement à l'expatriation. Car on
n'enseigne pas seulement ce que l'on sait mais avant tout ce que l'on est. Cette démarche globale et cohérente
confirme le rôle essentiel tant pour notre diplomatie d'influence que pour notre diplomatie économique.
J'ai fait de la mobilité internationale le thème central de mon action cette année. Pour un jeune, faire une partie de
son parcours professionnel dans un autre pays devient une expérience que j'aimerais «courante», ordinaire. C'est le
signe que la France est bien entrée de plein pied dans la mondialisation. Après tout, souvenons-nous du lancement
d'Erasmus : c'était il y a à peine une génération.
Au 31 décembre 2013, 1 642 953 de nos compatriotes étaient inscrits au registre mondial des Français établis hors de
France, soit une hausse de 2% par rapport à 2012. Cette augmentation est ce faisant - n'en déplaise aux esprits
chagrins - en légère diminution par rapport à la moyenne des 10 dernières années (+3%).
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Mesdames, Messieurs les Parlementaires, nous sommes tous convaincus que les Français à l'étranger sont un atout
pour la France. C'est pour cela que j'ai souhaité en faire le thème des deuxièmes rencontres de Convention que
j'organise le 3 avril prochain. Vous y êtes tous chaleureusement conviés. À cette occasion, les résultats d'un sondage
inédit sur ce que pensent les Français de l'expatriation seront notamment présentés et commentés.
Mes amis, cette semaine m'offrira la possibilité de vous rencontrer à commencer par cette soirée. Je m'en réjouis. Et à
tous, je souhaite de très fructueux travaux./.
(fin de l'article)
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7 - Forum mondial des femmes francophones - Discours d'ouverture de Mme Yamina Benguigui,
ministre déléguée chargée de la francophonie, représentante personnelle du président de la
République à l'OIF
Excellence Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo,
Excellence Madame la Présidente de la République de Centrafrique,
Mesdames les Premières Dames,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame la Ministre du genre, de la famille et de l'enfant, Chère Geneviève,
Messieurs les Présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Secrétaire général de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie,
Madame l'Envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies pour la Région des Grands lacs,
Monsieur l'Administrateur de l'Organisation internationale de la Francophonie,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Participants,
Mesdames et Messieurs,
Je veux vous dire ma joie de me retrouver ici en République Démocratique du Congo pour le plus grand rassemblement
international de femmes francophones : le Forum mondial des Femmes francophones !
Nous étions plus de 700 à Paris l'année dernière, nous sommes plus de 3.000 aujourd'hui à Kinshasa... et demain,
combien serons-nous ?
Une force est en marche !
Chaque jour dans l'espace francophone la société civile se lève et se mobilise pour faire progresser la justice et
l'égalité !
Chaque jour, des femmes se dressent et se tiennent debout pour faire avancer les droits de l'Homme... les droits des
femmes.
Au 19ème siècle, Stendhal affirmait que «l'admission des femmes à l'égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la
civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain».
Aujourd'hui, on ne peut que constater les atteintes à leurs droits, à leur intégrité physique, à leur sexe, sous la férule
de la religion ou de la tradition.
Le Forum mondial des Femmes francophones est aujourd'hui incarné, il a le visage de toutes les femmes francophones
réunies ici.
Le Forum c'est vous ! Le Forum est une vague montante que rien n'arrêtera car elle est nourrie par votre engagement,
par votre énergie, et par votre détermination.
Les femmes rassemblées dans ce Forum vont instaurer un nouveau siècle des Lumières : partout où elles se rendront,
elles seront les porteuses des valeurs de justice, d'égalité et de paix !
Le Forum mondial des femmes francophones est l'expression d'une volonté qui est devenue réalité et que rien ne
pourra plus arrêter. Ensemble nous pouvons transformer la société, ensemble nous avons le pouvoir de faire bouger les
lignes, le pouvoir de rapprocher ce qui a été séparé, le pouvoir de réconcilier ce qui a été opposé, le pouvoir de
réparer ce qui a été abîmé.
Je pense tout particulièrement aux femmes congolaises, aux femmes de l'Est si durement éprouvées et auxquelles
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l'espace francophone doit justice et dignité.
Vous êtes, vous, femmes congolaises, toujours battantes, debout ! Vous êtes le courage, vous êtes la résilience qui
inspire toutes les femmes francophones.
Et c'est vous, femmes de République Démocratique du Congo, aux côtés de votre première dame, Mme Olive Kabila.
Merci à vous !
Merci à vous femmes de RDC.
Oyé ! Pour les femmes de Bukavu... de Panzi,... de Minova,...de Goma,... de Kinshasa !
Oyé ! À vous toutes qui êtes ici rassemblées fières et fortes !
Nous sommes toutes à vos côtés dans la première mégalopole francophone d'Afrique sub-saharienne, dans le plus
grand pays francophone du monde : la République Démocratique du Congo, si essentielle à la vitalité de la
Francophonie.
C'est à Kinshasa, à l'occasion du XIVe Sommet de la Francophonie, que le président de la République Française,
François Hollande, sur ma proposition, a annoncé, pour la première fois, le 13 octobre 2012, la création du 1er Forum
mondial des Femmes francophones.
Et, c'est vous femmes du Congo, c'est vous Kinshasa, qui avez fait naître cette idée en moi.
En accueillant le deuxième Forum mondial des Femmes francophones, et après avoir assuré pendant deux années la
présidence de la Francophonie, la RDC accueille le plus grand rassemblement mondial des femmes francophones, le
plus grand rassemblement de la société civile.
Femmes, hommes, société civile, organisations internationales, représentants politiques, représentants d'États, nous,
le Forum mondial des Femmes francophones, nous proposerons à Kinshasa des recommandations à l'attention du 15e
sommet de la Francophonie de Dakar, des recommandations qui seront la contribution directe des femmes
francophones à la préparation du Sommet.
Le premier Forum mondial des Femmes francophones a permis des avancées pour les droits des femmes.
Je pense au président de la République, qui a soutenu dès le départ cette initiative; je pense à Laurent Fabius, le
ministre des affaires étrangères de la France, qui s'est personnellement impliqué et me demande de vous dire combien
il sera attentif aux conclusions de nos travaux ; je pense enfin au président Abdou Diouf, le Secrétaire général de
l'Organisation internationale de la Francophonie, que je considère comme le premier de nos militants, tant son
adhésion à l'idée du Forum a été totale, immédiate et sans restriction. Je salue M. Clément Duhaime pour son soutien
indéfectible.
Grâce à la formidable mobilisation du Forum des Femmes Francophones depuis l'appel que nous avions lancé à Paris,
les lignes ont bougé.
J'ai demandé au nom de la France, lors de la dernière conférence ministérielle de la Francophonie en novembre
dernier, qu'une déclaration solennelle et spécifique aux droits des femmes francophones soit adoptée lors du Sommet
de Dakar.
Il est impérieux que tous nos chefs d'État et de gouvernement fixent dans les textes politiques de la Francophonie la
promotion, la protection, l'affirmation des droits des femmes. À l'instar de la déclaration de Bamako qui pose les
principes démocratiques devant gouverner les États membres de la francophonie.
Grace au président Diouf et à l'OIF, le premier réseau francophone pour l'égalité femme - homme a été créé le 23
octobre 2013 et Mme Ndioro Ndiaye a été élue en janvier dernier présidente de ce réseau.
Le site Terriennes de TV5 MONDE est le portail officiel du Forum mondial des Femmes francophones et dispose de son
propre réseau social. Je salue ici Marie-Christine Saragosse, présidente de FranceMédiaMonde sans laquelle le réseau
Terriennes n'aurait jamais existé, et remercie Yves Bigot, directeur général de TV5 Monde qui soutient activement et
renforce ce projet.
Parallèlement la paix et la démocratie ont progressé dans l'espace francophone.
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Les soldats africains et français ont fait triompher la liberté, la démocratie et les droits de l'Homme en libérant de
l'oppression extrémiste le Mali et en particulier les femmes maliennes.
En RDC, les forces du M23 qui avaient fait du corps des femmes un champ de bataille, ont été vaincues...
La lutte contre l'impunité de toutes les forces et de tous les groupes armés, auteurs de violences faites aux femmes à
l'Est de la RDC, est relancée ! C'est une bataille à laquelle les femmes francophones sont attachées.
Marie Robinson, qui nous fait l'honneur d'être parmi nous, m'a assuré que la question des femmes serait constamment
prise en compte dans le traitement politique de la situation dans la région des Grands lacs.
C'est une femme politique aguerrie, la plus francophone des femmes anglophones.
Oui l'implication des femmes dans toutes les décisions affectant la stabilité est primordiale, fondamentale, et nous
avons la chance et l'honneur d'avoir parmi nous aujourd'hui Mme Catherine Samba-Panza, qui a été élue présidente de
la transition de la République Centrafricaine pour mener à bien une mission de stabilisation.
Madame Samba-Panza, je me tourne vers vous, et avec moi toutes les femmes de cette assemblée, pour vous dire
combien nous sommes solidaires ; le forum sera votre socle.
Nous sommes avec vous, nous avons confiance en vous, et tout ce que vous accomplirez aura une résonnance
particulière dans le coeur et dans l'esprit de toutes les femmes de l'espace francophone pour lesquelles vous devenez
un symbole.
La France et les forces africaines de la MISCA, toutes francophones (congolaises, camerounaises, burundaises,
tchadiennes, rwandaises), se sont engagées pour la sécurité humaine en République centrafricaine. En mai dernier, ce
sont bien des femmes centrafricaines qui sont venues m'alerter sur le sort réservé aux femmes dans ce conflit. C'est
ainsi que j'ai conduit en juillet dernier, à la demande du président de la République, une tournée dans la sous-région,
tous mobilisés pour la RCA. En plein été, c'est avec le président Hollande que nous avons reçu les associations
humanitaires évoluant en RCA.
Face aux exactions, viols, massacres, subis en premier lieu par les femmes et les enfants, nous ne pouvions pas rester
sans agir.
Mesdames et Messieurs,
Nous le voyons, les avancées ne peuvent pas nous faire oublier tous les défis qui restent à relever pour l'égalité réelle
entre les hommes et les femmes et pour le respect de leurs droits : nous le savons, les droits des femmes ne sont
jamais des acquis.
Les droits des femmes sont le baromètre implacable de l'évolution des sociétés.
Au-delà de l'égalité juridique formelle, nous devons nous engager dès aujourd'hui pour une égalité réelle entre les
filles et les garçons, les femmes et les hommes de demain.
C'est pourquoi nous avons souhaité que ce 2e forum mette au centre de ses discussions la scolarisation des jeunes
filles jusqu'à l'âge de 16 ans ; et je ne peux que me réjouir que la République Démocratique du Congo ait décrété
2014, année de l'éducation.
Une fille scolarisée jusqu'à 16 ans ne perpétuera pas la chaîne des mutilations sexuelles : elle ne prendra pas le
couteau pour répéter ce geste mortifère !
Une fille scolarisée jusqu'à 16 ans ne pourra pas être mariée de force avant sa puberté !
Les mariages précoces et les mutilations sexuelles sont de véritables freins au développement.
La scolarisation des jeunes filles jusqu'à 16 ans est le premier des droits pour les femmes, elle est leur tremplin pour le
développement !
Cet objectif n'est pas une utopie, cet objectif doit être le nôtre, nous pouvons l'atteindre dans l'espace francophone
où, dans 14 pays, l'école n'est pas obligatoire jusqu'à 16 ans.
Il s'agit de compenser les effets de longue durée causés par l'absence des filles à l'école, réparer les torts séculaires
faits aux femmes.
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Si l'on ne veut pas amputer les États de plus de 50 % de leur capacité humaine à se développer, il est impérieux que
des investissements majeurs se fassent en faveur de la scolarisation des jeunes filles.
Femmes actrices du développement,
Femmes et éducation,
Femmes et pouvoirs,
Femmes et paix,
Toutes les femmes qui participeront à la transformation de la société auront plus de chances d'y parvenir si elles ont
la possibilité d'aller à l'école jusqu'à 16 ans !
Ces femmes existent : elles sont là ! Vous êtes là !
Le 27 janvier dernier, les Femmes Tunisiennes autour desquelles nous nous sommes mobilisées ont vu leurs droits et
leur égalité avec les hommes constitutionnalisés. C'est une victoire.
Les visages des femmes francophones se retrouvent désormais sur ceux de la Première ministre du Sénégal, Aminata
Toure et depuis le 23 janvier, de la présidente de la République centrafricaine, Mme Catherine Samba-Panza.
Il y a aussi et bien évidemment, le visage de Mme Geneviève Inagosi, ministre du genre de la RDC, que je tiens à
remercier très chaleureusement pour avoir organisé ce Forum avec tant de force. Je souhaite aussi féliciter l'OIF et le
ministère des affaires étrangères.
Monsieur le Président de la République, Monsieur Joseph Kabila, merci pour votre accueil, merci pour la force de votre
engagement auprès de toutes les femmes francophones ici présentes.
Merci Madame Olive Kabila pour votre engagement.
J'invite toutes les femmes qui savent murmurer aux oreilles de ceux qui décident à porter haut et fort les voix des
milliers de femmes qui assistent à ce Forum.
Mesdames, Messieurs,
«Même s'il y a toujours de la peur en nous, relevons nos manches et mettons-nous au travail ensemble». Comme l'a dit
Hillary Clinton dans un de ses discours. «Nous sommes prêtes à faire éclater le plus haut plafond de verre».
Nous posons ici les bases du destin de générations entières de filles et de femmes !
Tel un torrent charriant avec force les obstacles qui tentent de freiner son courant, le forum est en marche, rien ne
l'arrêtera./.
(fin de l'article)
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