Plantes médicinales : une médaille de droguerie
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Plantes médicinales : une médaille de droguerie
Plantes médicinales Une médaille de droguerie pharmaceutique lyonnaise Frédéric BONTÉ P a g e |1 PLANTES MEDICINALES : une médaille de droguerie pharmaceutique lyonnaise Frédéric BONTÉ Docteur ès-sciences pharmaceutiques Membre de l’Académie nationale de Pharmacie Contact : [email protected] Les établissements Bechet-Jourdan frères, droguerie pharmaceutique lyonnaise, sont créés le 1er juillet 1904 par François Joseph Bechet et deux frères, Edouard Auguste et Joseph Marius Jourdan. L’objet de la société est la vente de fournitures pour droguerie, pharmacie et distillerie. Le siège est au 42 rue Tronchet à Lyon (1). La société qui se revendique « Herboristerie lyonnaise en gros droguerie et Poudres » a été formée comme une société en nom collectif au capital social de 90 000 francs (2). Monsieur Bechet est chargé de la direction intérieure c’est à dire de la gestion du personnel, de la comptabilité et de la caisse. Les frères Jourdan, de par leur expérience, ont la charge de démarcher la clientèle et de l’étendre (3). Les plus anciens éléments que nous avons retrouvés nous permettent d’affirmer que, dès septembre 1905, un catalogue des « prix courant 1905 » est publié sous la direction de D. 23 octobre 2016 Collon, pharmacien de l’Ecole supérieure de Paris [Fig. 1]. Ce catalogue précise que la société importe directement les plantes médicinales indigènes et exotiques de leur lieu de production. Il nous Figure 1 : catalogue Béchet & Jourdan frères, 1905. Bonté F. : Plantes médicinales : une médaille de droguerie pharmaceutique lyonnaise. www.clystere.com, octobre 2016. P a g e |2 apprend également que les plantes sont traitées dans une usine électrique et à vapeur qualifiée d’installation modèle. Les opérations de traitement des plantes consistent en pulvérisation, mouture, coupage, concassage, broyage, trituration … Il existe aussi un laboratoire à vapeur en charge de la distillation des essences, des parfums concentrés et des eaux distillées. Le catalogue, sous forme de liste, fait 40 pages et décrit tisanes mélangées, plantes en vrac, produits chimiques, eaux diverses, esprits, essences, pastilles médicinales, pâtes, gommes, poudres, thés purgatifs, thés de Chine, vins pharmaceutiques et des plantes fraîches de mars à septembre. Les quinquinas sont à l’honneur avec des quinquinas jaunes, gris, rouges, en granulés et en poudres. Il est précisé que parmi leurs clients se trouve Givaudan, Trouillat et Cie, Augé et Cie (4). En 1916, le catalogue édité sous la responsabilité de L. Riboud, Pharmacien, fait 64 pages. L’introduction précise que Messieurs Edouard et Joseph Jourdan sont mobilisés et qu’approvisionnement et main d’œuvre sont difficiles. On assiste alors à une augmentation des frais de transport des marchandises ainsi qu’à une hausse des matières premières. L’offre des produits s’est diversifiée et des publicités apparaissent pour de nombreux produits. Diverses formes galéniques sont proposées : ténifuge, collyre végétal, gargarisme végétal, injections floréales pour les maladies des femmes, vin tonique, cigarettes pectorales, cotons iodés, ouate révulsive Hélios, savons médicinaux.... Parmi « les spécialités de la maison » alun de roche, amidon de maïs extra fleur, amidon de froment, crème de riz alimentaire, talc de Venise sont proposées avec mode d’emploi. A côté du Véritable extrait fluide de quinquina rouge du Docteur de Vrij préparé en Hollande, de cigarettes antiasthmatiques, se côtoient dans ce catalogue des produits aussi divers que boissons hygiéniques, soufflets insecticides, blé empoisonné, cacao en poudre, céréales granulées vanillées et sucrées… (5-6) Nous présentons une médaille en Bronze dorée offerte par les anciens établissements Bechet & Jourdan frères à Lyon à l’occasion du « 8ème concours des plantes médicinales » [Fig.2]. Cette médaille, plaque du graveur René Baudichon (1878-1963), représente à l’avers une femme assise à gauche sous un arbre, palme dans la main droite et contemplant un paysage (7). Au revers, figure la mention « 8ème concours / des / plantes médicinales ». Cette plaquette mesure 44 x 60 mm, a un poids de 67,08 23 octobre 2016 g, un poinçon triangle, la mention bronze sur la tranche et la signature cursive horizontale du graveur. Le motif de l’avers a été repris sur d’autres médailles ou plaques. Au décès de monsieur Bechet le 31 mai 1923, la société devient une société en nom commercial au nom de Jourdan frères. Lors du congrès international des plantes médicinales et des plantes à essences organisé en 1931, sous la présidence du Professeur Emile Perrot, on apprend que Jourdan, droguiste en gros à Lyon est membre de la Fédération internationale pour le développement de l’herboristerie médicinale, aromatique et des plantes similaires. Bonté F. : Plantes médicinales : une médaille de droguerie pharmaceutique lyonnaise. www.clystere.com, octobre 2016. P a g e |3 ème Figure 2 : plaque médaille du 8 concours des plantes médicinales. En 1933, c’est Joseph qui reprend la société sous le nom d‘« ETS Jourdan » avec pour objet herboristerie, préparations, vente en gros de compositions et préparations pharmaceutiques de drogues simples. Le siège est alors transféré 5 chemin Saint Romain à Lyon. Le fonds est apporté à une SARL en octobre 1946 pour l’exploitation d’un fonds de commerce de fabrication, préparation, négoce, importation, exportation d’herbes aromatiques et médicinales, drogues végétales en gros jusqu’à sa reprise et le transfert de son siège social 7 bis rue saint Gilles à Paris en 1953. Bien que nous n’ayons pu trouver de documents et précisément dater ce 8ème concours, il nous semble que cette plaquette a été offerte dans les années 30. Peut-être un de nos lecteurs pourra-t’il nous apporter plus de précisions. 23 octobre 2016 Remerciements à B. Kuballa, A. Lobstein du laboratoire de pharmacognosie, Faculté de Pharmacie, Université de Strasbourg et J. P. Costa des Archives départementales du Rhône et de la Métropole de Lyon pour leur aide précieuse. Références 1 - Une succursale est à Marseille, 19 rue du Saint Sépulcre. Elle est dirigée par Casimir Collomb, fondé de pouvoir. 2 - La durée de la société est fixée à 20 ans. Un tiers de son capital est apporté comptant par chacun des deux frères Jourdan qualifiés de voyageur de commerce, 14 000 francs sont apportés comptant Bonté F. : Plantes médicinales : une médaille de droguerie pharmaceutique lyonnaise. www.clystere.com, octobre 2016. P a g e |4 par monsieur Bechet, négociant herboriste en gros, 10 000 en deux versements dans l’année civile et les 6 000 francs restant étant prélevés sur sa part des premiers bénéfices réalisés. 3 - Archives départementales du Rhône. Cotes B495 6up/190, B5305 6up 1/3791, A100125 6up1/3765 et B15754 4466W62. 4 - Catalogue Bechet & Jourdan frères, Lyon, 1905. Très probablement la première édition. Collection privée 5 - Catalogue 12ème édition récolte 1916 conservé dans les collections du laboratoire de Pharmacognosie de l’université de Strasbourg. On peut supposer que ce laboratoire avait ou souhaitait établir des échanges car un bon de commande a été retrouvé ajouté dans le catalogue. Il date de la direction du laboratoire par Pr. Dr. Otto. Adolf Oesterlé (1866-1932). Celui-ci, successeur d’Eduard Schaer, au poste de professeur ordinaire de Pharmacie et de directeur de l’institut de Pharmacie de l’université Kaiser-Wilhelm de Strasbourg prend ses fonctions au printemps 1914. Oesterlé a épousé en 1899 Augusta Flückiger, la fille de l’ancien directeur du laboratoire avec qui il eut deux enfants. Après avoir réussi son examen d’état de pharmacien (1891), en collaboration avec A. Tschirch, il écrit entre les années 1893 et 1897 l’ « Atlas de la pharmacognosie et des denrées alimentaires ». Dans son « Aperçu de la pharmaco-chimie » (publié chez Gebr. Bornträger, 1909), Oesterlé il traite de la chimie des principes actifs, de drogues et de médicaments de synthèse. Ses travaux concernent la chimie des anthraquinones, et comportent une série d’éléments naturels importants avec entre autre l’Emodine de l’Aloë et de la Frangula, la Rhéine et l’Aloïne. 6 - Johan Eliza de Vrij (1813-1898) est un pharmacien qui travailla avec Pelletier et Caventou sur les quinquinas et les dosages de leurs alcaloïdes. Avec A. Delondre, il sera honoré par l’American Pharmacists association, en 1871. 7 - René Baudichon, est né à Tours en 1878 et commence à graver monnaies et médailles en 1895. Il est fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1938 et reçoit sa décoration d’André Bernheim docteur en médecine et grand collectionneur d’art. Auteur de nombreuses médailles et plaquettes, illustrateur, il décède en 1963 à Paris. Toute référence à cet article doit préciser : 23 octobre 2016 Bonté F. : Plantes médicinales : une médaille de droguerie pharmaceutique lyonnaise. Clystère (www.clystere.com), octobre 2016. Bonté F. : Plantes médicinales : une médaille de droguerie pharmaceutique lyonnaise. www.clystere.com, octobre 2016.