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Pierre Graffin
Journaliste et chroniqueur musical
Rencontre avec Bérengère Krief, le "plan cul" de Bref
INTERVIEW - Ravissante, talentueuse et très drôle, Bérengère Krief crée le buzz sur Internet et son
personnage de Marla, éternel "plan cul" du héros de la série culte Bref, l'a fait connaître du grand public.
Rencontre avec une jeune femme intelligente et très déterminée qui risque de compter parmi les stars
de l'humour dans les prochaines années...
Pierre Graffin: tu as 29 ans, d'origine lyonnaise, de quel milieu viens-tu?
Bérengère Krief: je viens du milieu de Walt Disney (rires), mon père a repris l'entreprise familiale basée
à Lyon, Vitacuire, où mon petit frère travaille. Ma mère, au foyer, nous a élevés mon frère et moi. J'ai eu
une enfance très classique, avec un cursus scolaire normal, je n'étais ni excellente ni mauvaise élève...
Cette vocation de faire le clown t'es venue très tôt: une anecdote?
Oui, dès toute petite, j'aimais le spectacle, les costumes et la scène, j'ai d'ailleurs fait de la danse
classique. Pendant les représentations, je faisais coucou à la caméra de mon grand-père qui filmait!
Une autre fois, on me voit entrer dans le champ pendant une représentation de gymnastique rythmique
pour mimer les sportives! J'ai ça en moi depuis toujours...
Tes parents t'ont-ils soutenue dans cette voie?
Oui, toujours, j'ai eu beaucoup de chance. Ils m'ont toujours appuyée sans m'imposer le choix d'un plan
B en cas d'échec.
Quels sont tes influences?
Elie Kakou, tout d'abord. J'aimais l'imiter. Puis Elie et Dieudonné. Je refaisais les petites annonces d'Elie
Semoun en changeant ma voix pour faire rire mes potes.
L'humour très noir d'Elie Semoun en solo, ça te parle?
Ca ne me choque pas si ça ne me fait pas rire, mais il faut faire attention à ce que ça cadre bien avec
mon personnage. Je pense qu'il y a des blagues qui font rire dans la bouche de certains et pas chez
d'autres... Il faut se poser ses propres limites et c'est cela que j'essaie de faire avec mon auteur.
A part l'humour, quelles sont tes passions dans la vie: musique? Cinéma?
En musique, je suis vraiment une quiche! En revanche, le cinéma m'attire et me fait vibrer même si je
n'y vais pas autant que je le souhaiterais.
Comment tes amis te décrivent-ils?
Il faut leur demander! (rires) Je peux être joviale, de bonne humeur, marrante et de bonne compagnie
tout en pouvant être assez dure. Si quelque chose m'ennuie, me contrarie, je peux être assez cash!
Mais je me suis un peu assagie avec l'âge...
J'ai été frappé par ta détermination et ton professionnalisme. Ça vient d'où?
Ce n'est pas un truc où je me force, ça aussi, c'est en moi: ça vient d'une volonté farouche. Quand j'ai
commencé, il fallait que je sois à 100% dedans et c'est le cap que je m'étais fixé. Je ne m'en suis
d'ailleurs pas écartée.
Tu as douté?
Et je doute encore! J'étais très traqueuse au début mais animée par un stress positif. Je me remets
toujours en cause à la veille d'un spectacle où ne pars jamais gagnante à l'avance.
Tu écris comment?
Au début, c'était un pot pourri de choses que moi et trois autres amis écrivions. Quand j'ai rencontré
Grégoire Dey, mon auteur, il m'a aidé à structurer ces idées qui viennent souvent d'expériences vécues.
D'ailleurs, le sketch "anti-relou de la drague" est devenu un phénomène de société: beaucoup de filles
parlent de la manière dont elles se font alpaguer comme du gibier dans la rue.
Tu écris déjà ton prochain spectacle?
Non. Maintenant, peut-être que Greg a déjà avancé là dessus mais moi, je n'ai pas trop le réflexe de
faire ça. Je suis plus dans l'anecdote, la narration de choses qui m'arrivent. Par exemple, je me suis fait
voler mon portable la semaine dernière et je raconte ça d'une manière qui fait rire mes amis. Greg se
sert de ces anecdotes pour structurer quelque chose qui peut devenir un sketch par la suite...
Pas d'angoisse de la page blanche, donc?
Je suis très contente des thèmes abordés car ils viennent de moi mais ne me sens pas du tout auteure.
Je suis investie dans ce spectacle et me reconnais dans les thèmes abordés mais pour l'instant, je me
contente du succès de mon spectacle actuel.
Comment t'es venue cette envie du one man show?
J'ai beaucoup aimé mon cursus théâtral et ai même joué des spectacles très classiques, dontLe Songe
d'une Nuit d'Eté de Shakespeare. Puis, en travaillant dans un café théâtre, j'ai vu la réalité de ce métier.
Un metteur en scène m'a donné ma chance par la suite et le one man show est arrivé grâce à cette
opportunité. Les premiers spectacles se sont bien passés, beaucoup d'amis sont venus, et je sentais
l'envie des gens sans pour autant l'expliquer. Du coup, j'ai continué sur cette voie.
C'est comme ça que tu as rencontré Kyan Khojandi? (ndla: auteur, réalisateur et acteur principal
de la série Bref)
Tout à fait. On traînait dans une pizzeria café théâtre sur les grands boulevards où le boss nous offrait
la possibilité de voir les gens jouer puis de manger avec eux ensuite. C'était une vraie rencontre: on se
retrouvait tous les jeudis et quand Kyan a fait sa série, il m'a appelée, c'est aussi simple que ça!
Le comte de Bouderbala parlait récemment dans une interview de l'importance du timing dans
un spectacle de standing d'humour. Est-ce que c'est ton cas?
Absolument. Greg est très conscient de ça et c'est certain que l'efficacité d'une écriture est soumise à
un timing assez strict. C'est cette efficacité que l'on teste depuis deux ans sur mon spectacle.
Tu es jusqu'à la fin de l'année au Grand Point Virgule, ce n'est pas un peu rébarbatif de faire le
même show tous les soirs au bout d'un certain temps?
Jamais. En plus, j'ajuste un peu tous les soirs et ne répète jamais vraiment la même chose.
Quels sont tes projets annexes?
Je joue un rôle très cool dans un film à sortir, adapté d'une BD, qui s'appelle Joséphine. C'est l'histoire
d'une nana d'aujourd'hui, mal dans sa peau, un peu coincée, et moi je suis sa copine décomplexée, un
peu délurée, qui s'en fout et qui est vraiment libre. J'adore ce genre de personnage qui me ressemble
un peu...
Ton personnage de Bref, Marla, était parfois un peu mélancolique.
Quand j'ai lu les scripts, je me suis dit que c'était une fille qui me ressemblait beaucoup mais finalement,
non. C'est une fille qui a une faille mais moi, je suis surtout hyper sensible.
Est-ce que cela te donne envie de jouer des rôles plus dramatiques?
Pas forcément pour l'instant. Par exemple, pour Bref, il a fallu que Kyan me pousse vraiment dans mes
retranchements pour pouvoir capter cette douleur quand le héros ne choisit pas Marla mais l'autre fille.
Il sait d'ailleurs très bien diriger les acteurs.
Merci Bérengère, tu envisages de tourner en province après la fin de ton spectacle?
Peut-être mais sans doute pas avant septembre 2013.
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