CANNIBALE, D.DAENINCKX ÉLEMENTS D`ANALYSE I. L`auteur et
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CANNIBALE, D.DAENINCKX ÉLEMENTS D`ANALYSE I. L`auteur et
CANNIBALE, D.DAENINCKX ÉLEMENTS D'ANALYSE I. L'auteur et son livre – – – L'auteur Daeninckx a été journaliste un écrivain qui a l’habitude de traiter la réalité des faits. « Ecrivain engagé », il prend position sur des faits de société. Le titre – « Cannibale » : violence, sauvagerie ; exotisme, imagerie coloniale... – Au singulier : statut de l’adjectif qualificatif et non d’un nom / caractérisation jugement porté. L’illustration de la première de couverture Une photo en N/B : cadre temporel du récit (début du XXème siècle). Lien avec le titre : image d’un cannibale. Il est en tenue traditionnelle mais le décor est artificiel ; le personnage tiré de son milieu naturel ; fonctionnement de l’exposition coloniale. – Présence de la colonne antique : volonté de tout rattacher à la culture occidentale. – – II. Analyse des éléments du récit – – – – Le système narratif Le narrateur fait partie de l’histoire, il s’agit de Gocéné qui en est le personnage principal. Focalisation interne « il y a bien longtemps que je n’ai plus la force […] » (p. 11). Le lecteur s’identifie au personnage principal de l’histoire, il éprouve ainsi les mêmes sentiments face aux injustices Argumentation qui cherche à persuader. Le cadre spatio-temporel – – – – – – Un récit basé sur des faits réels : L’exposition coloniale de 1931 / La révolte des kanak (1984-88). Le récit fonctionne avec un récit emboité* (un récit qui en contient un autre). Mise en perspectives des deux événements Volonté explicative (cause/conséquence). La révolte s’explique par la manière dont les français se sont comportés avec les kanak. La Nouvelle Calédonie et Paris dans les années 1930 : – P. 11 et 12 pour la Nouvelle Calédonie / référence au paradis originel (jeu des couleurs, de la lumière, harmonie, symbiose des éléments terrestres). – P. 41 pour la ville de Paris (métaphore de la forêt vierge). La description de Paris permet de retourner le point de vue. La ville est décrite comme pleine de dangers (vocabulaire de la jungle). Qu’est-ce qui motive le récit de Gocéné ? Gocéné veut expliquer à Wathiock et Kali comment un blanc a pu être incarcéré pour avoir pris sa défense (p. 15). Il semble ainsi vouloir modérer la haine éprouvée par les deux jeunes kanak envers les blancs. Modération du propos : tous les blancs ne sont pas cruels. Gocéné n’est pas engagé dans le conflit entre son peuple et le gouvernement français. Les personnages Kanak -Wathiock (p. 13) -Kali -Gocéné -Badimoin -Minoé Habitants en France et qui S’opposent aux personnages aident les personnages -Caroz (p. 106) -Fofana -Gardiens du zoo -Le gardien chef -Grimaut (p. 25) -Le haut commissaire Albert Pontevigne -La police On constate que Gocéné et Badimoin s’opposent aux représentants de la hiérarchie française en montant dans celle-ci. Réflexion sur l’évolution du personnage de Gocéné. Au début du roman, il ne semble pas s’impliquer dans le conflit qui oppose son peuple au gouvernement. Dans son récit, c’est pour honorer une promesse et sauver sa bien aimée qu’il se rebelle. À la fin du récit, il décide de s’impliquer (rappel des coups de feu) au nom de son peuple. L’intrigue Les injustices auxquelles sont confrontés les membres des colonies françaises : Un traitement inhumain – Des promesses non tenues. – Mauvaise foi des autorités (p. 20). – Mensonge de Grimaut (p. 30). – – – Les conditions du voyage (p. 19). Le non respect des traditions des « sauvages ». Les conditions de vie au zoo de Vincennes (p. 21 et 28). Des hommes traités comme des animaux – – – – – La séparation de la tribu et la violence des gardiens (p. 28 à 34). Référence à la séparation et déportation des juifs. Le jugement de Gocéné (p. 104). Une condamnation disproportionnée par rapport aux faits. La mort de Badimoin (p. 101 et 102) : Une mort injuste. – Moment très fort du récit. Tonalité pathétique propre à susciter la tristesse à la mort d’un personnage pour lequel le lecteur éprouve beaucoup de sympathie. – Contraste entre l’aspect presque sympathique du récit (deux personnages perdus dans la civilisation occidentale) et la mort du personnage. L’image donnée des habitants des colonies – – – – « Hommes anthropophages de la Nouvelle Calédonie » (p. 22). Toute la mise en scène de l’exposition (p. 21). Evoquer la photo de la couverture et son côté artificiel. Les chansons écrites pour l’exposition (« Nénufar », Alibert, p. 23). Fonctionnement du texte – – – – – – Références dévalorisantes : « p’tit négro » (désigne tout un peuple par sa couleur); « Nénufar » élément de la nature. Caractéristiques physiques dont on se moque : « ch’veux en paille de fer » ; « une négresse à plateaux ». Présence du cliché du noir toujours content (et donc pas à plaindre) : « joyeux lascar » ; « un p’tit rigolard ». Insistance sur la bêtise du personnage : « C’est aux pieds qu’il mettait ses gants » ; « le nez en l’air » ; « sur l’dos d’ma chérie » ; « j’en veux trente kilos ». Personnage ramené au rang d’objet : « T’es leur fétiche ». Personnage attardé : « T’as du retard » sous entendu par rapport à la « civilisation ». Un texte qui se veut comique mais qui présente pour objectif de se moquer pour rabaisser tout un peuple désigné par sa couleur. – Cette chanson participe à la création d’une image méprisante des gens de couleur propre à susciter le racisme (généralisation, cliché). – Elargissement du débat lancé par le roman. Il ne s’agit plus seulement des kanak mais aussi de tous les peuples des colonies. Une image réfutée dans le roman La confrontation avec Pontevigne (p. 96) – – – – Le niveau de langue des kanak. Contraste avec l’image du « sauvage ». La lucidité des personnages vis-à-vis de la situation (p. 96). Des hommes d’honneur : promesse de Gocéné au père de Minoé ; fidélité de Badimoin. « Trop heureux de s’en tirer à si bon compte » absence de cruauté de la part des kanak. Le récit de Fofana – – – – – Forme du témoignage, gage d’authenticité. L’horreur de la guerre. Question de l’inégalité des hommes face au danger (observer les pronoms et désignations). Injustice vis-à-vis des peuples des colonies. Absence de reconnaissance pour ces hommes qui ont pourtant contribué à libérer la France (Fofana n’est qu’un balayeur). La véritable dimension argumentative du roman de Daeninckx – Quel comportement adopte le personnage face à l’injustice lors de l’exposition ? Il se rebelle sans réfléchir, il a fait le serment de veiller sur Minoé. – Quelle évolution du personnage avions nous constatée en ce qui concerne le conflit qui oppose son peuple et le gouvernement français ? Il décide finalement de s’engager lorsqu’il entend des coups de feu (rappel de la mort de Badimoin). Cela nous ramène au personnage de Caroz qui a réagi pour sauver Gocéné. La réplique de Caroz, répétée dans le texte, prend alors tout son sens : « Les questions, on se les pose avant… Dans un moment pareil, c’est le plus sûr moyen de ne rien faire. » La véritable thèse du roman s’illustre au travers des comportements de Gocéné et Caroz : « face à l’injustice, il faut s’engager et agir ». Le roman de Daeninckx dénonce les injustices auxquelles ont été confrontés les kanak lors de l’exposition coloniale. A un second niveau de lecture, il engage à agir lorsque l’on est confronté à l’injustice. La question de l’efficacité du roman Un récit particulièrement efficace dans le sens où il joue sur deux tableaux : une argumentation proche de la démonstration l’ancrage dans la réalité (personnages, faits historiques) l'opposition systématique entre deux images (celle du cannibale que l’on cherche à construire et la véritable personnalité des kanak). – le caractère persuasif du roman (persuader) par l’identification du lecteur au personnage. – – –