XVIIe congrès de la Fédération de l`Action sociale FO - FNAS-FO

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XVIIe congrès de la Fédération de l`Action sociale FO - FNAS-FO
XVIIe congrès de la Fédération de l’Action sociale FO :
Contrer la destruction des métiers et des conditions de
travail
Deux cent soixante-dix délégués ont participé au XVIIe congrès de la Fédération
nationale de l’action sociale FO, qui s’est tenu à La Pommeraye, près d’Angers, du
11 au 14 octobre 2016. Lors d’un congrès revendicatif, qui a réélu Pascal Corbex
jusqu’en 2019 à la tête de la fédération, les participants ont fait état de leur volonté
de lutter contre la destruction des métiers et de celle des conditions de travail dans
leurs branches professionnelles du social et du médico-social à but non lucratif.
Blocage des salaires, attaques contre les conventions collectives, manque de
moyens humains et financiers entraînant une baisse de la qualité de prise en charge
des personnes accompagnées : Lors du XVIIe congrès de la Fédération nationale de
l’action sociale FO (FNAS-FO), à La Pommeraye, près d’Angers (Maine-et-Loire), les
travailleurs des secteurs social et médico-social à but non lucratif ont témoigné de la
destruction à l’œuvre de leurs métiers et dénoncé une dégradation sans précédent
de leurs conditions de travail.
Ne pas laisser faire
Ils ont exprimé leur volonté de ne pas laisser faire. S’ils sont salariés dans différents
types de structures, comme les établissements pour personnes handicapées, les
foyers pour enfants, adolescents ou adultes, les associations d’aide à domicile, les
chantiers d’insertion ou encore les missions locales, leurs préoccupations sont
communes.
« Ni austérité, ni flexibilité »
Les banderoles tapissant les murs de la salle du congrès donnaient le ton des
revendications reprises dans les résolutions du congrès : « Ni austérité, ni
flexibilité », « Aide à domicile : un vrai métier, un vrai salaire » ou encore
« Augmenter les salaires, exiger des emplois qualifiés, améliorer nos conventions
collectives nationales de travail ». Des conventions collectives nationales, comme la
CCN 51 (hospitalisation privée non lucrative) ou la CCN 66 (établissements pour
personnes inadaptées et handicapées) qui sont sur la sellette, et plus que jamais
avec la loi Travail.
Loi Travail : « Une loi scélérate et ultra minoritaire »
De nombreux intervenants ont d’ailleurs dit leur volonté de continuer à combattre
« une loi scélérate et ultra minoritaire », comme l’a qualifiée Catherine Rochard,
secrétaire de l’Union départementale du Maine-et-Loire, venue souhaiter la
bienvenue aux congressistes de l’Action sociale. Une militante qui est par ailleurs
responsable de la Santé privée au sein de la fédération FO Santé et entretient donc
à ce titre des relations rapprochées avec la fédération de l’Action sociale (FNAS-FO),
dont les métiers sont connexes.
Pascal Corbex réélu à la tête de la FNAS-FO
Des débats riches à la tribune du congrès, avec pas moins de trente-et-un
intervenants, ont suivi la présentation de l’activité des trois précédentes années de la
fédération par Pascal Corbex, secrétaire général de la fédération. Celuj-ci a été réélu
à la tête de la FNAS-FO pour un troisième mandat, à l’issue des débats sur le rapport
d’activité. Lequel a été adopté à l’unanimité.
Détérioration de la prise en charge des personnes
accompagnées
La dégradation sans précédent des conditions de travail dans les différentes
branches professionnelles des secteurs sociaux et médicaux-sociaux à but non
lucratif a été au centre des discussions, ainsi que son corollaire : la détérioration de
la prise en charge des personnes accompagnées, bien souvent les plus fragiles de la
société.
Un désengagement des financeurs
Gwenola Gayet, aide à domicile dans les Côtes d’Armor, a déploré « le
désengagement des financeurs », qui sont essentiellement les départements. « Il
nous faut aider les usagers avec deux fois moins de temps qu’auparavant », a-t-elle
indiqué. Véronique Menguy, qui travaille dans la branche professionnelle des ateliers
et chantiers d’insertion, s’est inquiétée de la « lente asphyxie » du secteur et de
l’arrivée du secteur marchand « qui veut sa part du gâteau », notamment dans les
ateliers de recyclage des métaux ou du textile.
Déqualification des postes
Le secteur de la protection de l’enfance n’est pas épargné non plus, comme l’a
souligné Jean-Philippe Barlouis (Maine-et-Loire). Le conseil départemental y a
baissé d’un tiers le budget du service dédié à la prévention de la délinquance chez
les enfants et adolescents. « Une des conséquences, c’est la déqualification des
postes, les éducateurs spécialisés étant remplacés par des moniteurs-éducateurs,
explique le militant FO, et c’est le prélude à de nouvelles suppressions de postes et à
des licenciements ».
Pour le maintien des diplômes nationaux
Si une déqualification des postes des travailleurs de l’Action sociale est à l’œuvre sur
le terrain, Pascal Corbex et plusieurs délégués de la FNAS-FO ont rappelé le combat
en cours contre un projet de « refonte » des diplômes envisagée par les pouvoirs
publics depuis l’année dernière. Un projet qui, s’il était mené à bout, remettrait en
cause les diplômes d’Etat, avec des dispositions favorisant la polyvalence et
l’interchangeabilité des postes, voire des statuts des travailleurs.
Augmentation des fusions-absorptions
Les réductions de budgets décidées par les conseils départementaux conduisent à
des fermetures de structures, ainsi qu’à une importante augmentation des fusionsabsorptions. Ces bouleversements amènent « à la dénonciation d’accords
d’entreprise et à la signature d’accords à la baisse », a dénoncé Christine Blanchet
(Côtes d’Armor).
Redonner du sens pour contrer le mal-être des aidants
Eric Strobbe (Nord), travailleur social et médico-social depuis trente ans, a dénoncé
le poids de plus en plus important des tâches administratives, et notamment des
rapports écrits, au détriment des missions essentielles d’accompagnement des
personnes. Il a fait état et s’est alarmé de la non-reconnaissance de la souffrance et
du mal-être des aidants. « Il y a une urgence à penser nos métiers et à redonner du
sens à notre travail », a-t-il souligné.
Les salaires aussi en souffrance
Du côté des salaires, les travailleurs de l’Action sociale ne sont pas à la fête quel que
soit leur secteur d’origine. Les rémunérations des aides à domicile n’ont pas été
revalorisées depuis 2008, ni leurs frais professionnels, a souligné Gwenola Gayet
(Côtes d’Armor).
Monique Genêt (Maine-et-Loire), qui travaille dans le secteur de la protection de
l’enfance, a calculé qu’ « en 20 ans, le Smic a augmenté de 45% alors que les
salaires dans la CCN 66 (convention collective du secteur, ndlr) n’ont évolué que de
19% ». Résultat, de nombreux coefficients du bas de la grille salariale se retrouvent
en-dessous du Smic.
Des coefficients en-dessous du Smic
C’est notamment le cas des surveillants de nuit non qualifiés ou des agents de jour.
Un agent débutant de jour, qui percevait un salaire brut mensuel de 1225 euros en
1996 (soit 254 euros de plus de que le Smic) devrait en théorie recevoir en 2016 un
salaire de 1387 euros brut mensuels, soit 79 euros de moins que le Smic. Un
montant qui est toutefois porté au montant du Smic (1466,62 euros brut) come la
convention collective du secteur le stipule.
Des complémentaires santé obligatoires critiquées
De nombreux congressistes ont aussi dénoncé la mise en place par les employeurs
de complémentaires santé obligatoires, bien souvent « mal négociées, sans moyens
financiers ». Isabelle Roudil, aide à domicile dans le Tarn-et-Garonne, a estimé que
la complémentaire santé obligatoire mise en place en 2012 constitue « une charge
supplémentaire » et « contribue à diminuer le pouvoir d’achat », dans un contexte où
aucune augmentation de salaire n’est intervenue.
Motion de soutien à Michel Poulet, un des six de Haguenau
Outre des résolutions qui fixent les orientations de la fédération pour les quatre
prochaines années, le congrès a également adopté une motion de soutien à Michel
Poulet, salarié dans une association d’aide aux personnes en grande précarité et
secrétaire départemental de la fédération de l’Action sociale dans le Bas-Rhin.
L’homme par ailleurs secrétaire général adjoint de l’UD-FO du Bas-Rhin, est
poursuivi en justice avec cinq autres militants syndicalistes de Haguenau, pour avoir
participé à un barrage routier filtrant le 19 mai, lors d’une des journées de
mobilisation nationale contre la loi Travail. L’audience doit se tenir au Tribunal de
Grande instance de Strasbourg le 9 novembre. « A travers moi, c’est nous tous que
l’on attaque », a indiqué Michel, dénonçant « la répression du mouvement syndical »
à l’oeuvre.
Face aux attaques contre les travailleurs, le congrès a rappelé dans sa résolution
générale la nécessité de développer le syndicat. Pour « revendiquer, se mobiliser,
négocier, contester et résister ».
mardi 18 octobre 2016, Françoise Lambert, FO HEBDO