Cahiers du CERUKI, Nouvelles séries, N44

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Cahiers du CERUKI, Nouvelles séries, N44
Institut Supérieur Pédagogique
B.P. 854
BUKAVU
République Démocratique du Congo
CAHIERS DU CERUKI
Nouvelle série
N° 44
2014
Publication du Centre de Recherches Universitaires du Kivu
CERUKI
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Monseigneur le Recteur de l’UNAZA.
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« Cahiers du CERUKI, Nouvelle série »
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« Cahiers du CERUKI, Numéro Spécial »
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CERUKI
SOMMAIRE
BBEMO M. et al. : Le problème des accents selon les grammairiens et les linguistes………………………1
WAUMBUKA I. WAil : Coup de pouce aux utilisateurs des supports amovibles dans l’environnement :
WINDOWS (carte mémoire, Flash disk et Disque dur externe …………………….………….………………..7
BIRALI et al. : Facteurs influençant l’élimination de l’acide cyanhydrique des tubercules du manioc amer a
différentes étapes de transformation…………………………………………………………………...……..…..23
BIRALI et al. : mise au point d’un pilote de déshydratation osmotique des fruits : cas de la pomme (malus
pumila mill)………………………………………………………………………………………………….…….….34
KAVIRA K. et al : La précarité du budget familial dans les ménages en cité d’Oïcha ( Beni) …………….48
COBOHWA et al. : étude différentielle de mortalité des enfants à l’ hôpital pédiatrique de Lwiro pendant
l’épidémie de rougeole de 2007……………………………………………………………………..……………59
BISUSA M. et al : Inventaire des tiques de chiens dans les groupements de Bugorhe et Irhambi Katana,
Sud-Kivu, République démocratique du Congo ..........………………………………………………………….67
MWANGAMWANGA et al. : Contribution à l’étude floristique des jachères post-culturales du groupement
Ciriri, Burhinyi, territoire de Mwenga………………………………………………………………………….......78
ADHAMA, et al. : Adaptation des ménages paysans péri-urbains en période de soudure agricole dans le
Sud-Kivu…………………………………………………………………………………………………………….100
KASEREKA M. et al : Défis de prise en charge des personnes de troisième âge à travers les activités
agricoles à Oïcha , Territoire de Beni ………………………………….………………………………………..114
HERI-KAZI et al. : Diversité et mode de gestion des sols dans l'espace socio-agricole dans les territoires
de Walungu et Kabare, Sud-Kivu, RDCongo ……………… ……………………………………………….....127
KAMBALE M. et al : Facteurs déterminant la naissante des enfants de faible poids dans le territoire de
Beni, RDC…………………………………………………………………………………………………………..144
WAMULONA B. et al : Etude rhétorique des énoncés des propagandes politiques à la législatives de
novembre 2011 à Bukavu ( RDC) : configuration et illocutoire ………………………………………………152
MILENGEZI R. J. et al. : étude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
………….170
RUHEKENYA J.S. : Les homographes,- Ndundu Kifuliru : contenus sémantiques et comportements
syntaxiques ………………………………………………………………………………………………………...180
BIZIMANA M. E. : intergénéricité dans le théâtre : cas de « moi, veuve de l’empire » de Sony Labou
Tansi………………………………………………………………………………………………………………. 194
BAPOLISI P. et al : Phénomène enfants soldats à Bukavu ………………………………………………….206
MULOWAYI K. G. : l’observation d’une nappe de gravats à matériel lithique dans la région de la rivière
Bishalalo (vallée de la Mugera, Nyangezi, rift Kivu Tanganyika)……………………………..………………215
WALUMONA B. A. : aspects de l’ironie par erreurs de raisonnement dans quand les afriques s’affrontent
de Tandundu E. A. Bisikisi………………………………………………………………………………...…….226
BAHATI D. et al. : Effet de la fertilisation sur le rendement et la concentration en nutriments chez le haricot
commun biofortifié…………………………………………………………………………………………………241
HATEGIKIMANA L. E. et al. : La problématique des contenus d’enseignement sur les relations et les
fonctions dans l’éducation mathématique au secondaire…………………………………………………….255
MUVUNJA F.A. et al : The epilithic macroalagae Cladophora sp. In Lake Kivu: ecological importance and
resource-based perspective ……………………………………………………………………………………..264
YUMA W. A. : Perception du niveau des performances professionnelles des finalistes de l’ISP- Bukavu
dans les écoles secondaires de Bukavu……………………………………………………………………...277
KAKULE N.E., Accouchements multiples de haut -rang au CHU SYLVANICUS OLYMPIO à Lomé
(Togo) - Aspects épidémiologiques et pronostic ……………………………………………………..288
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique sur la stœchiométrie d’une
réaction : cas de l’équilibration des équations redox contenant de l’eau oxygénée………………………297
MUSIMBI M. D. et al. : L’institutionnalisation du système de confiance en RDC………………………….310
CIRHUZA N. et al : Déterminants du défaut de remboursement des crédits octroyés aux petites et
moyennes entreprises par la banque commerciale du Congo-agence de Bukavu ……………………….321
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CERUKI
BBEMO et al. : Le problème des accents en grammaire et linguistique
1
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 1-6
LE PROBLEME DES ACCENTS SELON LES GRAMMAIRIENS ET LES LINGUISTES
BBEMO MUSUBAHO* et Fidèle KABY MUHUBAO
RESUME:
L'accent est parmi les notions fondamentales de l'apprentissage du français.Lorsqu'on l'évoque, trois signes se dessinent
directement à l'esprit, notamment : les accents dits aigu, grave et circonflexe. Tout ceci relève de la grammaire
traditionnelle héritée en France des imprimeurs du XVI è au XVIII è siècle. Ces signes notent, à l'écrit, les voyelles
antérieures des deuxième, troisième et quatrième degrés d'aperture [e], [є], [a].L'acception des grammairiens diffère de celle
des linguistes qui appellent ''accents'' des phénomènes prosodiques en rapport avec l'intensité, la durée et l'intonation,
donc des phénomènes suprasegmentaux. Dans cette confusion, les enseignants et les apprenants du français se perdent
bien des fois, c'est la raison pour laquelle nous avons voulu éclairer leur lanterne tout en prenant fait et cause pour les
linguistes et en proposant qu'on recoure à la terminologie: ''signes diacritiques'' ou ''indicateur d'aperture'' pour désigner ce
que les grammairiens appellent abusivement ''accents''.
MOTS CLES: grammaire – linguistique – accents- enseignants – signes diacritiques.
ABSTRACT
The accent is among the basics in French learning. When one refers to the accent, three sings are immediately drawn in
his mind, namely the high-pitched accent or rising accent, the falling accent and the falling-rising accent. The whole of
thisisrevealedthoughouttraditionalgrammarinherited in France from the XVIth up to the XVIIIth century printers.
Thesesigns mention, in writinganteriovowels of second, third and fourthdegrees of aperture [e], [ε], [a]. The sense given
by grammarians to these signs is different from the sense given by linguistswhoconsider ''accents'' is the
prosodicphenomenarelated to intensity, duration, and intonation, i.e. supra- segmental phenomena.In such confusional
situation, French teachers and learners are sometimes upset. This paper is written in the way to highlihtthe French
didacticians for fill –in this gap which is found in grammar and lingusitic.
KEYWORDS: Grammar – linguistics – accents – teachers – diacritic signs.
I.
INTRODUCTION
L'accent, quoi de plus banal dans le langage et la compréhension du commun des
mortels francophones? Certains pensent aux signes diacritiques placés sur les voyelles pour permettre
une bonne prononciation. Selon Riegelet al.(2008: 75): « Les accents sont des signes diacritiques qui se
placent sur certaines voyelles pour indiquer leur prononciation ». D'autres, avec des lunettes de linguistes,
évoquent les phénomènes prosodiques: « L'accentuation peut se manifester de plusieurs façons: par une
augmentation de durée, un changement important de mélodie, un accroissement d'intensité » (Bruxelles
et al, 2003).En situation de classe, l'enseignant est embarrassé surtout s'il a des compétences de
grammairien et de linguiste. Quelle notion lui faut-il privilégier? Comment peut-il rentabiliser sa
compétence pour permettre aux apprenants d'apprendre et de mettre en pratique les différentes
acceptions de cette notion complexe? La linguistique peut-elle constituer une aide pour l'enseignant afin
d'élucider le phénomène de l'accent aux apprenants du Français - Langue étrangère?
La réponse provisoire à toutes ces interrogations se résumerait en la compétence de
grammairien et surtout de linguistique de l'enseignant de cette langue. Il lui conviendrait de se servir des
notions de l'orthographe (historique et actuelle) de la langue française ainsi que de la linguistique
synchronique des phénomènes suprasegmentaux. C'est la raison pour laquelle nous croyons que notre
réflexion pourrait s'articuler sur quatre points, à savoir: l'accent comme signe diacritique, l'accent comme
*
Département de Français-Langues africaines – ISP/Bukavu
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BBEMO et al. : Le problème des accents en grammaire et linguistique
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phénomène d'intensité, l'accent comme indicateur sociologique et le comportement de l'enseignant en
situation de classe.
2. L'ACCENT COMME SIGNE DIACRITIQUE
Dans la compréhension de bien des enseignants et des apprenants, l'accent revêt une acception
grammaticale basée sur l'origine de la langue française. Voilà pourquoi il sied de jeter un coup d'œil sur
l'évolution de la langue d'enseignement en République Démocratique du Congo. Les définitions des
grammairiens nous seront d'un grand apport.
Grevisse (2008: 58-59) définit les accents de la manière suivante: « Pour indiquer exactement le son que
certaines lettres représentent ou pour compléter l'orthographe des mots, la langue écrite emploie des
signes orthographiques qui sont: les accents, le tréma, la cédille... Les accents sont des signes qui se
placent sur certaines voyelles afin d'en indiquer exactement la prononciation ou d'empêcher, pour les
yeux, la confusion de certains mots ».
Il ressort de cette définition que les accents visent d'abord à aider le lecteur à prononcer
correctement certains sons vocaliques (même si ce n'est pas toujours le cas: événement: le deuxième
« é » se prononce « è »). La correspondance entre les graphies et les sons vocaliques n'est donc pas
assurée. Le lecteur avisé peut alors faire attention à la prononciation des phonèmes vocaliques. Le son
vocalique du deuxième degré d'aperture, antérieur [e] est ainsi représenté par l'accent aigu dans : été
[ete] et école [ekƆ l], par exemple. Le son [є] correspond aux accents grave et circonflexe dans les mots
sème [SЄM] et fenêtre [fәnєtR]. Le son [O] se retrouve dans hôpital [opital], le son [a] représente par les
accents grave et circonflexe dans : à [a] et âne [an]. Les sons consonantiques ne sont guère concernés
par les accents. Riegel et al. (2007: 75) attirent aussi l'attention sur la confusion à éviter: «empêcher, pour
les yeux, la confusion de certains mots. C'est le cas des homographes à (préposition), et, à avoir à la
troisième personne du singulier), ou (préposition) et où (pronom relatif)».
Lacroux (2010) abonde dans le même sens et souligne l'absence même dans les mots écrits en
lettres capitales: « Outre l'orthographe, le défaut d'accentuation met à mal la clarté des messages écrits.
Les Modèle du colon: le modèle du colon (ou du côlon?) ». Donc, même lorsque les mots sont écrits en
majuscule, les différents accents doivent être placés car ils permettent de distinguer « le Blanc résidant
dans une colonie (Colon) de la portion moyenne du gros intestin (côlon) » (Robert, 2007: 467).
Riegel et al. (2007:75) évoquent les accents: « Ils sont des signes diacritiques qui se placent, en
français, sur certaines voyelles pour indiquer leur prononciation, différente de celle de la voyelle non
accentuée (cf. é,è,ê,vs e). «MicrosoftEncarta2009 » abonde également dans le même sens :«Signe
graphique qui se place sur certaines voyelles du français, le plus souvent pour indiquer une prononciation
différente de celle de la voyelle non accentuée ». Les grammairiens sont unanimes sur la fonction
diacritique del'accent: il se place seulement sur les voyelles « e,a, u,o,i) pour représenter différents sons
vocaliques [e], [є], [a], [o] ou pour distinguer les homographes. L'accent aigu ne peut figurer que sur la
voyelle « e », l'accent circonflexe sur toutes les voyelles, sauf sur « y ». C'est le cas de : fenêtre, âne, tôt,
mûr. Il sert aussi à rappeler un « s » étymologique disparu: fête <feste, tête < teste
Donc, de tous ces accents, le plus riche est l'accent circonflexe d'autant qu'il concerne toutes les
voyelles; le plus restreint est l'accent aigu, car il ne concerne que la voyelle « e ». L'accent grave est
intermédiaire parce qu'il se place sur e,a et u: élève, à, où.
Il convient à présent de jeter un regard sur l'origine de tous ces signes diacritiques. Sont-ils
apparus au même moment dans la langue française? Pour Lacroux (2010): « Les accents n'ont pas eu
des naissances concomitantes et, selon les voyelles qu'ils modifiaient, ils s'imposèrent plus au moins
lentement». Riegel et al.(2007:76) abondent dans le même sens: « Trois accents ont été introduits
progressivement en français, du XVII è au XVIIIè siècle avec de grandes hésitations pour la notation des
timbres de E. L'accent grave sur « e » a été établi plus tardivement, alors que l'accent aigu s'est imposé
dès 1530 pour distinguer les finales (chanté, chante). L'accent circonflexe s'est répandu au XVII è siècle
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BBEMO et al. : Le problème des accents en grammaire et linguistique
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pour marquer une voyelle longue (rêve, pâte, côte). Ces trois accents se sont généralisés dans les
imprimés au XVII è siècle avant d'être officiellement admis par l'Académie française en 1740 ».
L'enseignant de français est appelé à se ressourcer pour connaître l'origine des différents
accents. Les élèves, dans leur ensemble, ne sont pas conscients de l'évolution différente de ces signes.
Ce sont les timbres des sons vocaliques qui ont influencé les imprimeurs et les grammairiens à recourir à
ces signes diacritiques. Des hésitations ont caractérisé leur apparition: la langue écrite n'étant pas la
traduction fidèle de la langue orale. Un autre problème a concerné les lettres capitales. C'est dans ce sens
que Lacroux (2010: 39) évoque l'anecdote suivante: « Il y a quelques années, un musée des sciences et
de l'industrie proposa de « billets couplés » avec une salle de spectacle. Ne possédant pas de capitales
accentuées, les panneaux lumineux affichèrent: BILLETS COUPLES. De nombreux couples s'étant
présentés dans l'espoir de bénéficier d'un tarif réduit, on décida de modifier le message et l'on proposa
des «billets combinés » qui, faute d'accent, intriguèrent plus d'un visiteur ».
La grammaire historique révèle les problèmes qu'ont connus les imprimeurs et même les
agences de publicité concernant l'emploi des accents sur les lettres capitales. Le public a été induit en
erreur par l'absence des signes diacritiques sur les majuscules. C'est pour dire que le message peut être
altéré par l'absence des accents, contrairement à la conception de certains apprenants qui s'exclament:
« Je n'ai oublié qu'un petit accent sur telle ou telle voyelle ».
Ce sous-point a révélé bien des aspects: les différents timbres des sons vocaliques ont été
représentés par tel ou tel signe diacritique. Comme la correspondance entre l'oral et l'écrit n'était pas
acquise dès le départ, il faillait que les imprimeurs et les grammairiens recourent à ces signes. Il est alors
important de considérer le terme «accent » du point de vue des linguistes.
L'accent comme phénomène d'intensité
Le lexème ''accent'' est polysémique. Dans la première partie de cette réflexion, nous l'avons
considéré avec les grammairiens, comme un signe diacritique placé sur toutes les voyelles, à l'exception
de « y ». Dans ce point, nous recourrons à la vision des linguistes. L'ouvrage La phonétique
(www.fr.wikipedia.org/wiki/phonétique consulté sur internet le 25/01/2013 à 11h22') dit « L'accentuation se
matérialise, selon les langues par la variation d'un des paramètres acoustiques (intensité, hauteur, timbre
ou durée). En français, ce sont les accents d'intensité, ou de durée qui sont privilégiés. Les accents
jouent un rôle essentiel puisque ce sont eux qui donnent le rythme à la parole ».
Cette définition nous ramène à la langue parlée – qui est d'ailleurs le point de départ de
l'expression. L'accent n'est plus un signe diacritique pour représenter le timbre des voyelles. Cet aspect
linguistique évoque les phénomènes suprasegmentaux de n'importe quelle langue, et notamment du
français. C'est donc un élément de la chaîne parlée, un continuum. La phrase est alors scindée en
différentes parties, les groupes rythmiques, qui se terminent chacune par un certain accent, c'est - à -dire
l'intensité ou la durée mise sur une syllabe dite « accentuée ».Illustrons cela par cet énoncé: le français
est une langue difficile. Cette phrase est constituée de deux groupes rythmiques: le français est une
langue difficile . La fin de chaque groupe est marquée par un accent. C'est la dernière syllabe qui est
accentuée.
Bruxelles et al., (2003) apportent à ce sujet davantage de détails: «L'accent a une fonction
démarcative et contrastive: elle facilite la segmentation des énoncés ainsi que le déroulement de
l'échange langagier ». Ces propos soulignent aussi la valeur prosodique de l'accent. Celui -ci n'a aucun
rapport avec le degré d'aperture des sons vocaliques [e],[є] [a],... La fonction démarcative entre les
groupes se manifeste par exemple dans l'énoncé suivant: « Tu viendras lorsque tu auras fini ton
travail ». Les flèches indiquent la démarcation entre les groupes rythmiques; le ton monte à la fin du
premier groupe; il descend à la fin du second.
C'est pourquoi les mêmes chercheurs de Bruxelles et al. (2003) affirment: «Le groupe est une
unité dont les frontières sont indiquées par des paramètres prosodiques (durée, hauteur mélodique et
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BBEMO et al. : Le problème des accents en grammaire et linguistique
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intensité). La syllabe finale est marquée (on dit accentuée) par rapport aux précédentes».
C'est cette acception des linguistes qui révèle le mieux la compréhension de l'accent.
Malheureusement, en situation de classe, rares sont les enseignants qui insistent sur cet aspect.
Beaucoup d'entre eux passent sous silence la notion de mécanisme intonatif qui est, selon
MoescheleretAuchlin. (2005: 48), «le processus par lequel des chaînes de syllabes sont empaquetées»
en blocs homogènes, ou groupes intonatifs (…) une syllabe accentuée, précédée (et suivie)
éventuellement de n syllabes non accentuées. L'accent final est un accent qui frappe la dernière syllabe
d'un groupe intonatif».
Illustrons cela par l'extrait de Djungu-Simba (2002:15): « D'ici où nous nous trouvons / je peux
apercevoir /une aile du nouvel hôpital de Salambo ». Cet énoncé contient trois chaînes de syllabes
empaquetées. Le premier paquet englobe sept syllabes, la syllabe [vɔ ] est frappée de l'intonation
montante; le deuxième paquet se termine par [-vwaR] et la dernière chaîne se termine par [bo] et est
caractérisée par l'intonation descendante: Les syllabes accentuées des deux premiers empaquetages
sont précédées et suivies de syllabes non accentuées.
Outre l'accent rythmique qui est stable, les linguistes reconnaissent l'existence de l'accent
emphatique ayant une fonction expressive et une fonction d'insistance (mise en relief de certains
termes ». Il est placé sur la première syllabe du mot ou du groupe qui doit être mis en relief » (La
phonétique (www.fr.wikipedia.org/wiki/phonétique, consulté sur internet le 25/01/2013 à 11h22). La place
constitue la différence entre les deux accents. Le premier accent rythmique est interne, se plaçant toujours
sur la dernière syllabe du mot à mettre en exergue. Ensuite, le premier est fixe, tous les usagers le
réalisent obligatoirement. Le second est facultatif et varie d'un locuteur à un autre.
Reprenons l'énoncé de Djungu-Simba (2002:15): « D'ici où nous nous trouvons, je peux
apercevoir une aile du nouvel hôpital de Salambô». Les groupes rythmiques restent maintenus, mais
chaque usager peut placer son accent d'insistance sur tel mot, selon sa visée et ses états d'âme. Tel
soulignera ''d'ici'', tel autre ''trouvons'', ''apercevoir'', hôpital'', etc.
De ce qui précède, il ressort que la définition des linguistes est la mieux indiquée pour permettre
aux enseignants de dispenser des notions précises relatives à la problématique des accents. Mais l'accent
peut aussi renseigner sur l'identité du locuteur.
L'accent comme indicateur sociologique ou dialectal
L'acception linguistique de l'accent évoque un autre aspect: celui d'identifier le locuteur selon
son niveau social ou son origine dialectale. Carton (1974: 109) déclare à ce sujet: « Tout en continuant de
donner une information phonologique, grammaticale et sémantique à un énoncé comme ''il va pleuvoir''
peut transmettre en même temps,
- De l'irritation (identification émotive et caractérielle);
- Des caractéristiques d'accent régional (identification géographique du locuteur);
- Une injonction: prendre un imperméable (impression à produire sur l'auditeur)».
En effet, les intellectuels ne réalisent pas l'accent rythmique de la même façon que les hommes
ordinaires, encore moins comme les ouvriers. Aussi, selon les états d'âme, les circonstances, les
locuteurs changent de prosodème. En considérant l'énoncé: ''Partons tout de suite'', on peut le réaliser
différemment si on est content, triste ou fâché, selon qu'on donne une injonction ou qu'on supplie
l'allocutaire. S'agissant de l'accent régional, le Parisien réalise son accent, le Marseillais, le sien,... Dans
une conférence réunissant des francophones, l'on identifiera aisément les Français des Québécois, des
Antillais, des Calédoniens, des Congolais, des Burundais, des Rwandais..., grâce à leur accent.
L'enseignant de Français-Langue étrangère qui dispense son cours dans une classe hétérogène
identifiera aisément un ressortissant de l'Ouest de la République Démocratique du Congo. Les apprenants
des autres groupes linguistiques de l'Est du pays sont facilement repérables grâce à leurs différents
accents régionaux. L'enseignant initiera alors ses élèves à relever cet aspect identificateur de chaque
3.
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BBEMO et al. : Le problème des accents en grammaire et linguistique
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locuteur. Il s'efforcera également de faire des exercices phonétiques pour minimiser l'impact de la langue
première sur le français – langue étrangère ou seconde selon le cas.
Il est évident que l'acception des linguistes nous renforce dans notre position eu égard à l'accent.
Nous allons alors voir comment se comporter lorsqu'on se trouve dans le processus d'apprentissage,
incluant enseignant et apprenant.
4. Le comportement de l'enseignant en situation de classe
Rappelons-le: la langue est avant tout orale; l'aspect écrit vient après. Les trois signes
diacritiques appelés accents sont avant tout destinés aux yeux des lecteurs pour leur permettre de bien
réaliser le degré d'aperture des sons vocaliques. La définition de l'accent d'après les linguistes est la
meilleure et à retenir. C'est pourquoi dans leur sillage, nous dénions ce terme aux grammaires
traditionnelles, nous maintenons l'appellation ''Signes diacritiques'','' indicateurs d'aperture des voyelles''
ou '' différenciateurs d'homonymes''.
Cela étant, en situation de classe, il convient que l'enseignant réserve le terme ''accent'' au
phénomène suprasegmental. Les accents toniques, rythmiques et d'insistance devront revenir à travers
toutes les unités de la VI è et V è vivante, en première et deuxième années du secondaire, car c'est à ce
niveau que les automatismes s'acquièrent. Lors de la leçon de compréhension et appropriation,
l'enseignant s'efforcera de réaliser correctement les prosodèmes (accents rythmiques et intonations).
Durant la leçon de lecture, il découpera le texte en groupes rythmiques, indiquera les tons hauts et bas
de différents énoncés. C'est le cas de l'extrait suivant de Djungu-Simba (2001:7).
«Tu parles de nous retrouver jeudi / comme si c'était évident! // Et demain? Moi ,/ je ne
vous le cache pas , J'ai l'intention d'acheminer / dès demain déjà , / ma femme et mes enfants / de
l'autre côté du fleuve ,/ à Brazzaville .//
Beaucoup de hautes personnalités du pays / sont en train de le faire . »//
La flèche montante( ) indique le ton haut, la flèche descendante ( ), le ton bas. La barre
oblique simple délimite les groupes rythmiques à l'intérieur de la phrase, la barre oblique double se place
à la fin de la phrase.
Quant aux signes diacritiques, l'enseignant y reviendra à l'oral et à l'écrit. L'indicateur du son [e]
fermé, en général noté (´) sera analysé dans toutes les occurrences où il apparaît, comme: vérité, blé,
gorgée, élève, donc en syllabe ouverte, c'est-à-dire se terminant par une voyelle. Ceux qui notent le son
mi-ouvert, antérieur [ɛ ], à savoir (`) et (^), comme dans les mots procès, succès, fenêtre,
forêt ...apparaissent en syllabes ouvertes et fermées. L'enseignant attirera aussi l'attention sur les
graphies « â », « à »; « ô » dans: pâte, tâche, à, dû, hôpital, etc. Carton (1974: 204) précise quand les
timbres des sons [e], [o],[ɛ ], n'ont pas besoin d'être représentés à l'écrit par les signes diacritiques: « Une
voyelle accentuée en syllabe ouverte (libre) est en général fermée: premier, idiot (…) Devant une
consonne, tout E est ouvert, mais des 0 peuvent être fermés ».
A propos des lettre capitales, il conviendra de dire aux élèves qu'il est recommandé de placer des
signes diacritiques, toujours pour guider la vue des lecteurs et d'éviter des confusions désastreuses entre
par exemple: TÂCHE et TACHE, MODELÉ et MODÈLE, FAITES et FAÎTES, CÔLON et COLON, etc.
CONCLUSION
En somme, les éléments appelés communément accents ne le sont pas à proprement parler. Ce
sont des signes inventés par les imprimeurs pour guider la vue des lecteurs. Les vrais accents, ce sont
ceux dont parlent les linguistes pour désigner les phonèmes suprasegmentaux. Nous proposons que les
enseignants recourent à la terminologie ''signes diacritiques'' pour les signes visuels d'indicateur
d'aperture de certains sons vocaliques et nous réservons ''accents'' aux prosodèmes.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BBEMO et al. : Le problème des accents en grammaire et linguistique
6
Les apprenants devront s'habituer progressivement à appréhender les accents comme des
phénomènes prosodiques. Pour ce faire, les textes seront découpés en groupes rythmiques pour la
visualisation des tons, des accents rythmiques et des intonations. L'accent d'insistance révèlera les
intentions de chaque locuteur
NOTE BIBLIOGRAPHIQUE
1. CARTON, F., 1974.Introduction à la phonétique du français, Paris – Bruxelles - Montréal, Bordas.
2. DJUNGU-SIMBA, CH., 2002. On a échoué, Paris, L'harmattan.-2001, La fin des haricots, Paris,
L'Harmattan.
3. BRUXELLES, S., GRANGETTE, C., GUINAMARD, I., VAN DER VEEN, L., 2003. Linguistique
française I. Langue orale, langue écrite. Université lumière-Lyon 2., 46 p.
4. GREVISSE, M., 2008.Le Bon usage, Paris – Gembloux, Duculot.
5. MOESCHLER, J. et AUCHLIN, A., 2005, Introduction à la linguistique, contemporaine, Paris, Armand
Colin.
6. RIEGEL, M., CHRISTOPHE J., RIOUL P.R., 2007, Grammaire méthodique du français, Paris, P.U.F.
7. ROBERT, P., 2007, Le nouveau Petit Robert de la langue française, Nouvelle édition millésime, Paris.
8. LACROUX, J-P, 2010. Orthographe et typographie française. Dictionnaire raisonné, Ed. Amazone,
9. MICROSOFT Encarta, 2009
10. www.fr.wikipedia.org/wiki/phonétique, le 25/1/2013 à 11h22'
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMBUKA I. W. : Coup de pouce aux utilisateurs des supports amovibles
7
Cahiers du CERUKI,
Nouvelle Série, 44, pp. 7-22
COUP DE POUCE AUX UTILISATEURS DES SUPPORTS AMOVIBLES DANS L’ENVIRONNEMENT
WINDOWS (Carte mémoire, Flash disk et Disque dur externe).
RESUME.
WALUMBUKA Ilundu WAil*
Le risque d‟abîmer son outil informatique devient grand lorsque les nouvelles souches des virus se retrouvent compatibles
aux anciennes qui n‟auraient pas été supprimées.
Ce travail propose au lecteur un modèle simple de réduction des risques de virus en facilitant la correction des erreurs
causées par l‟intrusion des virus sur un support amovible de conservation des données informatiques. L‟usage des fichiers
« Batch » est une solution à moindre coût à un utilisateur de Windows pour la bonne gestion des fichiers.
MOTS-CLES.– Programme ; antivirus ; virus ; MS-DOS ; commandes ; batch.
ABSTRACT.
The risk of damaging the computer devices becomes large when the new virus strains are found compatible with the old
ones have not been removed.
This work provides the reader with a simple model of risk reduction by facilitating virus correcting errors caused by the
intrusion of viruses on removable media data storage computer. The files use "Batch" is a low-cost solution to a Windows
user to circumvent the problem.
KEYWORDS. – Program; Antivirus; Virus; MS-DOS; Commands; Batch.
INTRODUCTION
Les utilisateurs de l‟outil informatique, amateurs comme professionnels, se trouvent sans relâche face à
de fréquentes situations inquiétantes de contagion (ou infection) de leurs ordinateurs par des virus
informatiques de différents types.
Assurer des charges de suivi informatique des ordinateurs dans un espace étendu aux utilisateurs du
système d‟exploitation Windows dans des villes sous-développés comme Bukavu, sous-entend passer
énormément de temps à lutter contre des virus qui proviennent des horizons lointains à travers l‟Internet
ou des supports amovibles.
Des tentatives individuelles de dépistages des virus informatiques et de leur suppression peuvent
aggraver les risques de ne plus jouir de son outil informatique.
Que l‟on se croit utilisateur averti ou pas, combien de fois on s‟est retrouvé attaqué par des virus dont la
création se fait aujourd‟hui presque chaque seconde et dont les effets deviennent de plus en plus
surprenants et désagréables ? N‟est-ce pas que l‟on peut retrouver des raccourcis que l‟on n‟a pas créés
et ne plus voir les dossiers que l‟on a bel et bien créés ou qui se seraient déplacés quelque part ou
« cachés » sans que l‟on n‟ait pas voulu ?
En effet bien qu'un virus est un programme qui se multiplie par définition, si un ordinateur est atteint par
un virus qui ne fait que se reproduire, il n'y aura aucune autre conséquence qu'une perte de place sur le
disque dur, et une faible perte de vitesse qui si elle devient gênante sera repérée et combattue.
*
Assistant au département d’Informatique de Gestion
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMBUKA I. W. : Coup de pouce aux utilisateurs des supports amovibles
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Malheureusement, il existe des virus destructeurs. Ces derniers détruisent de façon souvent irrécupérable
des données et/ou programmes. D'autres conséquences de ceux-ci peuvent être la destruction, au sens
premier du terme, du matériel informatique. C‟est le cas, par exemple, du flashage du BIOS des cartes
mères (c'est-à-dire la reprogrammation des instructions lues au démarrage de l'ordinateur avant toute
utilisation de système d'exploitation modification ou de logiciel), ce qui paralyse totalement l'ordinateur.
C‟est aussi le cas de la modification d'un secteur du disque dur avec des paramètres volontairement
erronés obligeant un reformatage bas niveau ; ce qui n'est pas toujours possible, Dominique
Marinez(2012).
Ce phénomène de modification des fichiers par le virus est un problème sérieux dans notre société. Le
budget passant dans la protection contre les virus dépasse l'imagination. En 1998, 260 millions de francs
(40 millions d'euros) ont été dépensés (en France) pour l'achat d'antivirus. Mais si le budget investi dans
la protection contre les virus est si élevé c'est que la perte en cas de destruction de données serait encore
plus élevée. Or il est difficilement possible d'envisager tous les effets que pourrait engendrer une perte de
données dans une société, vu la diversité des types d'entreprises, Securinet (2013).
Ce qui nous laisse à dire que la confidentialité est le maintien du secret des informations… il faut à tout
prix les protéger, Solange Ghernaouti-Hélie (2011).
Nous voulons proposer à travers les lignes de cet article un bon usage des fichiers « batch » sous
Windows pour résoudre tant soit peu le problème de transformation des fichiers et dossiers en raccourcis.
Quelques informations
Les virus informatiques existent, certes, mais il ne faut pas céder à la psychose. Certains
utilisateurs de l‟outil informatique, dès lors qu'ils rencontrent un problème dont ils ne savent pas définir la
cause, pensent aussitôt qu'ils sont face à un virus.
Programme informatique
Un programme est une suite d‟instructions permettant de réaliser une ou plusieurs tâches, de
résoudre un problème, de manipuler des données. Le programme est l‟expression d‟un algorithme dans
un langage informatique donné, pour une machine donnée, sur un système d‟exploitation donné.
Logiciel
Selon Tecno-science (2012), un logiciel ou une application est un ensemble de programmes,
qui permet à un ordinateur ou à un système informatique d'assurer une tâche ou une fonction en
particulier (exemple : logiciel de gestion de la relation client, logiciel de production, logiciel de comptabilité,
logiciel de gestion des prêts,…).
Virus informatique
Un virus (mot qui vient du latin venenum, signifiant poison) est un logiciel qui pénètre dans un
ordinateur sans s‟annoncer et se faire voir. Il exécute donc un programme à l'insu du propriétaire de
l‟ordinateur. Le terme "virus" étant très médiatique, il est souvent mal employé, et utilisé pour désigner
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMBUKA I. W. : Coup de pouce aux utilisateurs des supports amovibles
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d'autres types des programmes malveillants, malicieux. En anglais, on parle de "malware" = malicious
software. Internaute (2013).
Le terme « virus informatique » regroupe deux types de programmes susceptibles de perturber le
fonctionnement d'un ordinateur : les vers et les virus.
Les vers informatiques
Dès 1949, Johann von Neumann publia un article dans lequel il affirmait qu'il était possible
d'écrire un programme informatique capable de s'autoreproduire. On appelle ver (en anglais logicworm)
un tel programme qui, en s'auto-dupliquant à grande vitesse dans un système et dans un réseau
informatiques, peut parvenir ainsi à saturer toutes leurs ressources, Larousse (2012).
Le fonctionnement d'un ver informatique est le suivant :
S‟introduire sur une machine par le biais d‟un support en faisant copie invisible; trouver la liste
des machines en communication si le réseau est opérationnel tout en forçant les mots de passes pour se
faire connaître par d‟autres machines; introduction du ver dans la machine qui accepte la liaison ; le ver
introduit répète la même chose.
Les virus informatiques
Les virus utilisent des fonctions d'autoreproduction similaires à celles des vers. Cependant, ce ne
sont pas des programmes autonomes mais seulement des séquences d'instructions parasites qui
s'introduisent et se cachent à l'intérieur d'autres programmes. Un virus se développe habituellement en
trois phases : tout d'abord, le virus s'implante et se cache dans un programme sain ; il n'y a pas de
symptômes apparents. Ensuite, de proche en proche, par l'utilisation de disquettes infectées, flash disk,
carte mémoires, disque dur externe infecté,… ou par le réseau informatique, le virus s'implante dans
d'autres programmes sains. Il est toujours invisible. Enfin, à une certaine date ou lors de l'utilisation d'un
programme ou d'une instruction donnée, il se déclenche.
Antivirus
Un antivirus est un logiciel conçus pour identifier, neutraliser et éliminer des logiciels
malveillants (dont les virus ne sont qu'un exemple). Le virus peut se baser sur l'exploitation des failles de
sécurité, mais il peut également s'agir des programmes modifiant ou supprimant des fichiers, que ce soit
des documents de l'utilisateur de l'ordinateur infecté, ou des fichiers nécessaires au bon fonctionnement
de l'ordinateur. La liste des virus répertoriés dans l'antivirus doit fréquemment être actualisée car chaque
jour de nouveaux virus apparaissent. Certains antivirus, qui fonctionnent selon un mode d'analyse
heuristique, permettent de détecter des virus non encore répertoriés.
Méthodologies de recherche
Enseigner relève un certain doigté, en dispensant le cours de structure interne d‟ordinateur en
première année de graduat, sur le point de la sécurité des données informatiques la question des fichiers
et dossiers devenus raccourcis était en vogue et persiste encore pour le moment. Il y a trois ans les
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WALUMBUKA I. W. : Coup de pouce aux utilisateurs des supports amovibles
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étudiants croyaient à la fin résoudre leur problème lié à l‟utilisation de l‟outil informatique et de sa
maintenance. Leur préoccupation était souvent penchée sur la résolution du problème des virus sur leur
support amovible, les données y étaient mais invisibles une fois connecté sur ordinateur et c‟était un
problème collectif de tous les utilisateurs localement, pour palier à ce problème, nous avons trouvé après
études des supports collectés et analyse de ces supports sur un autre système d‟exploitation que
Windows, la solution pourrait résider sur l‟utilisation des fichiers batch de DOS.
MS-DOS abréviation de (Microsoft DiskOperating System) est le système d'exploitation de type DOS
développé par Microsoft pour l'IBM PC d'abord, puis pour les compatibles PC.
MS-DOS a connu des virus mais pas autant que son grand-frère Windows en ce moment. Avec
l‟évolution de la science et des systèmes d‟exploitation, les concepteurs des virus ont négligé d‟en créer
pour les anciens systèmes car peu d‟utilisateurs y recourent. Signalons que Windows repose toujours sur
la force de fichier Batch, derrière l‟interface graphique d‟écran d‟ordinateurs, les batch imposent toujours
l‟efficacité.
Si l‟on connait l‟extension d‟un fichier de type virale créé par un virus, il est possible de s‟attaquer audit
fichier pour l‟éliminer. Hélas, les virus métamorphosent très souvent leurs manières de créer les
extensions de fichier pour être plus ou moins discrets.
Voici en quelques images la situation d’une infection virale informatique
Image d‟un support amovible (flash disque) avant d‟être introduit sur une machine infectée :
Image 1
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L‟image suivante montre le contenu du même flash disk, mais cette fois-ci après avoir été introduit sur un
ordinateur déjà infecté et pouvant propager les virus qui transforme les dossiers et fichier en raccourcis :
Image 2
En se fiant à l‟affichage de cet ordinateur, on a l‟impression que les documents et fichiers ont été
supprimés avec les virus et laisse seulement des raccourcis.
En réalité les dossiers et fichiers n‟ont pas été supprimés, comme nous l‟avons dit ci-haut, les virus savent
aussi tromper la vigilance de l‟utilisateur de Windows. Les fichiers et dossiers se trouvent dans le flash
disk mais avec l‟attribut caché. Seul un ordinateur configuré au mode d‟affichage des fichiers et dossiers
cachés peut lire ces derniers, ou carrément introduire le flash disk dans un ordinateur qui a un autre
système d‟exploitation que Windows.
L‟image suivante illustre l‟affichage du même flash disk infecté ci-haut introduit dans un ordinateur
tournant sur le système d‟exploitation Ubuntu 13.10.
Image 3
: ici on constate qu‟à côté de chaque vrai fichier ou dossier, il y a un faux fichier ou dossier de type
raccourci du même nom qui a été créé par le virus.
Nous avions attendu plus de deux ans pour voir si un antivirus pourra être à mesure de trouver une
solution à cette situation mais jusque là en vain.
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WALUMBUKA I. W. : Coup de pouce aux utilisateurs des supports amovibles
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Place des fichiers Batch ou script
Le Batch (traitement par lots, en français) est le fondement du scripting.
La version MS-DOS du Batch a été matérialisée sous forme de fichiers d‟extension ".BAT" et au format
texte, donc pouvant être créé avec n'importe quel éditeur de texte reconnaissant le code ascii. Elle a été
assez connue, et largement utilisée. L‟arrivée de Windows n‟a pas fait disparaître ces fonctionnalités. Et
chaque version de Windows a apporté son lot d‟améliorations et d‟extensions.
Le résultat, c‟est que les Batch, sous Windows-Vista (ou XP) sont devenus plus souples, et peuvent
utiliser des commandes très puissantes, trop souvent ignorées des utilisateurs, même chevronnés,
Mclaveau (2013).
Les batch
Les batch sont des fichiers qui permettent le traitement en lot des commandes MS-DOS. S'il y a une suite
de commandes que l'on doit régulièrement effectuer, on place ces commandes dans un fichier appelé
Batch. On peut donc y mettre toutes les commandes du type cls, cd, etc ; mais certaines instructions lui
sont spécifiques.
Exécution du Batch
Le langage BATCH est très peu utilisé de nos jours. À l'origine, c'est le langage BAT qui était utilisé. Le
langage BATCH est en fait une extension de ce langage. Il s'exécute dans l'Invite de Commande (aussi
appelée CMD) et son rôle premier était la gestion et l'ouverture des fichiers car l'Explorateur Windows
n'existait pas encore, et on ne disposait que de MS-DOS pour ouvrir et gérer les fichiers et leur contenu,
Mattias (2014).
Pour écrire un fichier BATCH, on utilise un éditeur de texte. BlocNotes de Windows ferait parfaitement
l'affaire, à condition de ne pas utiliser des caractères accentués que DOS ne reconnaît pas. On peut s‟en
passer en utilisant simplement le programme EDIT du langage de commande.
La méthodologie utilisée pour atteindre le résultat de notre recherche est celle d‟ingénierie informatique
car la recherche vise l‟étude des processus de « transformations des fichiers et dossiers en raccourcis
dans les supports amovibles des conservations des données informatiques », les situations multiples et
naturelles nous sont parvenues par le canal des supports amovibles que les propriétaires et utilisateurs
(enseignants et étudiants) de Windows nous confiaient pour la récupération des fichiers perdus selon eux.
Pour y arriver, nous sommes parti de la genèse de conception des commandes MS-DOS dans les fichiers
Batch pour la gestion des fichiers sous Windows qui ont milité à la construction des commandes
regroupées sous un fichier Batch (Approche Historique), puis nous avons vérifié l'existence du problème
par une analyse critique des supports amovibles récoltée au près des collègues enseignants et étudiants
ainsi que leurs explications sans oublier tous les clients qui nous consultent pour l‟expertise dans le
domaine informatique en ce qui concerne leurs supports de sauvegarde (analyse préalable). Cette
analyse critique a été confirmée par les résultats de plusieurs tests des supports sur les systèmes
d‟exploitation autres que Windows. Ce qui est démontré ci-haut, troisième image en exemple.
Notons qu‟avec cette procédure nous avons respecté les phases du processus de la méthode de
l‟ingénierie informatique à savoir : l‟analyse préalable ; la conception et l‟analyse a priori des solutions
Batch ; l‟expérimentation et l‟analyse a posteriori et l‟efficacité des commandes pendant les tests sur
ordinateur.
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Intégration du« Batch» dans le processus actuel de WINDOWS
Du fait que Windows a été conçu sur les racines des Batch, les fichiers d‟extension « .bat » sont toujours
exécutables dans l‟environnement Windows et d‟ailleurs plus puissant qu‟avant, Indeed (2013).
Méthode à utiliser contre les vilains virus qui attaquent les supports amovibles en transformant
tout en raccourcis dans le support.
On trouve un peu partout sur Internet une commande MS-DOS, Il suffit de connaître l‟endroit pour les
avoir c‟est le cas de :
-
http://www.infoprat.net/astuces/windows9x/astuces/msdos_016.php;
-
http://www.softonic.fr/s/fichier-commande-ms-dos-gratuit;
- http://www.rapidoweb.free.fr/msdos.htm ...
Nous allons créer aussi une suite des commandes MS-DOS et sauvegarder le fichier final avec
l‟extension .bat, qui aura l‟avantage de s‟auto-exécuter.
L‟acquisition de bonnes habitudes de programmation par des programmeurs débutants n‟est ni
spontanée, ni naturelle. En particulier, l‟étape de réflexion et d‟analyse sur le problème traité, qui doit être
préalable à toute tentative de programmation et d‟exécution sur machine, est souvent omise ou déficiente.
L’analyse
L‟analyse d‟un problème en vue de son traitement par l‟informatique est l‟étape la plus importante du
travail de développement : de sa qualité dépend le succès ou l‟échec de ce travail.
Il existe de nombreuses méthodes d‟analyse adaptées aux grands domaines d‟applications. Cependant,
dans la plupart des cas, il s‟agira toujours de découper le problème global en sous-problèmes eux-mêmes
décomposés en actions plus simples. Voici la méthode d‟analyse adoptée pour cet article :
Conception du fichier batch
Motivation
Etant donné que les virus qui attaquent les supports amovibles en transformant leurs contenus en
raccourcis sont hyper changeants, ils restent souvent identifiables, Tomguide (2014), à un antivirus qui
malheureusement ne répare pas les dégâts causés par ces virus même s‟il peut supprimer ou le mettre en
quarantaine les virus en question.
Rappelons ici que les virus concernés ne suppriment pas de fichiers, mais par contre ils agissent en
changeant les attributs de ces derniers afin qu‟ils deviennent invisibles par l‟utilisateur. Seuls les
raccourcis qui imposent une redirection vers les fichiers infectés restent visibles.
Signalons que le système d‟exploitation Windows est configuré par défaut dans le but de se sécuriser en
rendant invisibles des fichiers propres au système d‟exploitation. C‟est la raison pour laquelle les virus
aussi en profitent malicieusement en cachant aussi les fichiers qui ne sont pas du système ou dans le
dossier du système.
C‟est pourquoi nous allons recourir à une programmation basic qui est, du reste, du niveau élémentaire
pour tenter de réparer ces dégâts.
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WALUMBUKA I. W. : Coup de pouce aux utilisateurs des supports amovibles
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Premier pas dans la conception des fichiers Batch
Pour créer un fichier Batch, il faut avoir tout simplement un éditeur de texte comme Bloc-Notes et
l‟enregistrer avec l‟extension « .bat ».
Dans le cadre de ce travail, nous allons utiliser deux éditeurs de texte :
1. L‟éditeur EDIT de MS-DOS et
2. L‟éditeur BLOC-NOTES de Windows.
a) Création du fichier d’extension .bat par l’éditeur EDIT de MS-DOS
Pour utiliser l‟éditeur EDIT de MS-DOS, il faut accéder dans MS-DOS.
Pour accéder dans MS-DOS sous Windows XP (XP reste le système d‟exploitation le plus utilisé et le plus
apprécié de Microsoft), il y a plusieurs possibilités dont les plus simples restent : [Même chose que dans
toutes les versions de Windows]
Syntaxe 1 : dans Windows XP
Déroulez menu démarrer → Tous les programmes → Accessoires → Cliquez sur invite des commandes.
La flèche → explique le passage de la 1ère commande à la 2nde commande en faisant des clics avec la
souris ou des validations sur le clavier.
Syntaxe 2 : dans Windows XP
Déroulez menu démarrer → Exécuter → Dans la fenêtre qui s‟ouvre tapez : CMD ou cmd et cliquez sur le
bouton OK
Image 4
Et on obtiendra ce qui suit :
Image 5
Le petit signe – qui clignote est appelé invite de commande.
C’est à ce niveau qu’il faudra à chaque fois tapez une commande MS-DOS
utile. Ainsi l’invite de commande indique le répertoire courant.
Ceci est une fenêtre d‟exécution d‟une commande en MS-DOS.
En ce stade nous aurons pas besoin de la souris.
Pour mieux s‟assurer de l‟utilisation des commandes, il faut que l‟on se place à la racine pour éviter de se
perdre dans le chemin de dossier si l‟on ne maîtrise pas assez les notions d‟arborescences. Pour y arriver
nous allons utiliser certaines commandes MS-DOS. Ainsi, dans cette fenêtre, tapez la commande CD .. ou
cd .. suivi de deux points (NB : après la commande CD, on peut ou pas placer un espacement et
VALIDEZ ( Valider signifie accepter la commande, c‟est-à-dire appuyer sur la touche ENTREE (ENTER)
du clavier.
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CD signifie en anglais Change a Directory ( en français changer de repertoire(dossier)), cette commande
suivie de .. permet de changer ou de quitter un répertoire en reculant en arrière.
Image 6
En validant, nous obtiendrons la fenêtre suivante :
Image 7
Il faut encore reprendre la commande jusqu‟à avoir la situation suivante :
Image 8
Comme l‟écran contient les écrits qui ne nous servent pas, nettoyons-le en tapant la commande CLS,
signifiant « clear screen » ou nettoyer l‟écran. Validons ensuite et nous aurons.
Image 9
L‟écran nettoyé laisse apparaître le répertoire racine C:\>.
Si c‟est fatiguant de taper à chaque fois la commande CD.. pour reculer, il y a la possibilité de le faire une
fois pour toutes. Il suffit pour cela d‟utiliser la commande CD\ et de valider.
Comment utiliser l’éditeur de texte EDIT de MS-DOS
Etant déjà dans MS-DOS sous un écran nettoyé, il faut taper la commande EDIT (en majuscule ou en
miniscule suivi de du nom du fichier «nettoyage » et de l‟extension .bat compréhensible par le système
Windows et valider. On aura ainsi créé le nettoyage.bat sans aucun contenu.
On se rend compte après avoir tapé « edit nettoyage.bat »
Image 10
et l‟éditeur va s‟ouvrir sous la forme ci-dessous :
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Image 11
Notre but est de créer des instructions dans le fichier nettoyage.bat qui va faire la correction et le
nettoyage des programmes malicieux qui ont la mauvaise malice de transformer les fichiers des supports
amovibles en raccourcis une fois infectés.
Quelques détails sur les commandes à utiliser
Il existe 150 commandes utilisables sous MS-DOS, nous allons utiliser certaines d‟entre elles et leurs
syntaxes seront respectées, Tayo (2012).
1. Commande Attrib
La commande MS-DOS transférée sous Windows par attrib, de l'anglaisattribution, permet de modifier les
propriétés des fichiers et des programmes.
Utilisation de la commande
Le signe "+" placé après la commande „attrib‟ permet d‟ajouter l'attribut, et le "-" retire ou supprime
l‟attribut. Une lettre spécifique ajoutée après ce signe affecte une signification précise. C‟est ainsi que:
attrib -a : archive.
attrib -h : fichier caché.
attrib -r : lecture seule.
attrib -s : fichier système.
attrib -I (i) : attribut de fichier indexé sans contenu
attrib – c : compressé
/s : traite les fichiers dans tous les répertoires dans le chemin d'accès spécifié.
/d : traite la profondeur dans les répertoires et les processus.
2. La commande del
Del (de l‟anglais delete qui signifie „supprimer‟ en français) est une commande utilisée pour la suppression
des fichiers de l'ordinateur et dans chaque support de sauvegarde des données informatiques,
Computerhope (2012).
Ces quelques paramètres accompagneront la commande :
/P : demande confirmation avant la suppression de chaque fichier.
/F : Forcer la suppression de fichiers en lecture seule.
/Q : Mode silencieux, ne demandez pas si autorisé à supprimer le joker (caractère générique universel :*).
3. La commande EXIT
La commande EXIT (mot de l‟anglais signifiant en français Sortie) est utilisée pour le retrait de l'application
en cours d'exécution et de la session MS-DOS.
Lors de l‟accessibilité de DOS à partir de Windows, vous devez toujours revenir à Windows sans qu‟on
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s‟en rende compte.
Ces trois commandes suffisent pour répondre à notre préoccupation.
Ecriture des commandes dans le fichier nettoyage.bat
Six lignes suffiront pour notre fichier :
attrib -s -h –a –r /s /d
del *.lnk /q /f
del *.exe /q /f
del *.dll /q /f
del auto*.* /q /f
exit
Image 12
L‟application ne supprimera que les fichiers ciblés en extensions « .link ;.exe ;.dll et tout autre fichier
commençant par auto et finissant par n‟importe quelle extension. D‟où la prudence de ne pas l‟exécuter
sur un support contenant les fichiers d‟installation d‟un programme quelconque.
Déroulez menu Fichier et cliquez sur Enregistrer comme l‟indique la fenêtre suivante :
Image 13
Ensuite cliquez sur Quitter et le fichier est créé.
Il reste à quitter le DOS et de revenir sous Windows comme indiqué dans les figures ci-dessous :
Image 14
Image 15
Tapez la commande exit et validez pour fermer l‟invite de commandes et retourner calmement sous
Windows. Le tour n‟est pas encore joué ; il faut pour cela chercher le fichier créé sur son emplacement,
dans notre cas, il est sur la racine C:\>, de le prendre et le copier dans le support amovible.
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b) Création du fichier d’extension .bat par l’éditeur BLOC-NOTES de Windows.
Les commandes à mettre dans le fichier nettoyage.bat sont expliquées ci-haut, seul l‟éditeur à utiliser
change.
Comment accéder dans l’éditeur Bloc-notes
Déroulez Menu démarrer--- Tous les Programmes --- Accessoires--- et Cliquez sur la commande Blocnotes
Image 16
L‟éditeur bloc-notes varie selon les versions et les mises à jour du système d‟exploitation Windows.
Dans la zone de saisie, dactylographie les six lignes de commandes utilisées en MS-DOS, en suite
déroulez menu Fichier et cliquez sur enregistrer.
Image 17
Déroulez cette liste et mettez
comme emplacement le disque C :
Dactylographiez le nom du fichier dans cette
zone : nettoyage.bat
En dernier lieu cliquez
sur Enregistrer
Déroulez cette liste et prenez tout type des fichiers ou All types (*.*)
que l’éditeur
Recherche dupour
fichier
créé considère l’extension .bat
Il faut ouvrir le poste de travail et acceder dans le disuque dur C : (l‟endroit où nous avons créé le fichier
nettoyage.bat).
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Image 18
Le fichier nettoyage.bat à une icône non habituelle, ne croyez pas que c‟est un virus ; selectionnez-le et
copiez-le sur votre support amovible contenant les fichiers et dossiers transf ormés en raccourcis.
Image 19
Nettoyage du support amovible par le fichier créé
Comme les supports amovibles changent les lettres alphabétiques d‟identification dans le système, le
fichier „nettoyage‟ doit être exécuté dans chacune d‟unité de stockage à nettoyer.
Double-cliquez seulement sur le fichier nettoyage.bat et dans quelques secondes tous les restes des
éléments qui se trouvent dans le support seront visibles et les vilains seront supprimés en chaine ainsi
que tous les raccourcis créés !
Image 20
A l‟aide de cette commande comme on l‟observer sur l‟image ci-haut, le contenu du support infecté au
départ devient à la normale, plus des fichiers raccourcis et autres fichiers gênant à l‟intérieur, tout a été
nettoyé.
Les limites du« batch » créé
Nous pouvons avoir une idée de la manière à donner des limites supérieures et les raisons d‟étendue
d‟applicabilité du fichier produit ; et aussi les limites inférieures, celles relatives à la faiblesse en fait du
fichier produit par la programmation avec le batch.
En se référant aux suivantes lignes à la création du fichier :
attrib -s -h –a –r /s /d
del *.lnk /q /f
del *.exe /q /f
del *.dll /q /f
del auto*.* /q /f
L‟expérimentation a permis de cibler certains faits et de les systématiser ensuite comme limites, fichier ne
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMBUKA I. W. : Coup de pouce aux utilisateurs des supports amovibles
20
résout que le problème posé par les virus qui créent les fichiers d‟extensions ci-haut cités, car c‟est
souvent ces types des fichiers que nous avons trouvés dans les supports amovibles analysés pour la
cause.
En tout, pendant deux années académiques d‟études (2011-2012 et 2012-2013) d‟expériences, nous
avons récoltés un total de 105 flash-disques et 25 disques durs externes portables. Ces supports de test
appartenaient à un grand nombre des étudiants de premières années de graduat à l‟institut supérieur
pédagogique de Bukavu et des collègues enseignants et autres personnes qui bénéficient de nos
consultances.
Après test, tous les supports ont été sauvés de leurs problèmes, soit un rendement de 100%.
CONCLUSION
L‟informatique africaine subit en effet plusieurs influences qui en font un humus fertile pour les
virus informatiques:
Une informatique à ses débuts maladroits et encore mal maîtrisée: actuellement un peu plus de gens
ont des ordinateurs et parmi eux seule une infime minorité sait les utiliser correctement, car l‟ordinateur
n‟est plus un luxe ; il est sérieusement imprudent de ne pas se tenir informer sur la santé de son
ordinateur.
L‟internet est là, mais il est rare, cher et très lent. Donc très peu de machines auront un antivirus mis
quotidiennement à jour ; malgré la lenteur de la connexion dans nos cybercafés, prenez soin ou le
sacrifice d‟y passer pour mettre à jour vos antivirus enfin que vous voyez du moins si pas pour toujours
protéger vos ordinateurs protégés contre les infections virales informatiques.
l‟inexistence d‟internet à la maison (à cause du prix prohibitif, même avec l‟existence du modem
téléphonique sans fil pour l‟internet) pousse les gens à passer par des cyber-cafés, lieu idéal à la
multiplication des virus ; Ne vous fier pas seulement au fichier que vous allez reproduire en lisant cet
article, procurez-vous un bon antivirus souple à la mise à jour comme Avast qui arrêtera la propagation
des virus sur les ordinateurs connectés sur internet.
les supports amovibles sont couramment utilisées pour échanger les données entre les machines
(puisqu‟il n‟y a pas internet la plupart du temps, et que même si il y est, il est souvent trop lent et couteux
inutilement) ; Attendons l‟arrivée de la fibre optique pour tenter de laisser de loin ce problème de lenteur
de la connexion internet, comme elle n‟est encore là, contentons-nous de ce qu‟il y a à notre disposition.
Si vous ne voulez pas toujours qu‟on vous explique des virus et antivirus, installez sur vos machine
le système d‟exploitation UBUNTU, simple à utiliser comme Windows, les principes sont les mêmes, chez
Ubuntu, on parle moins de virus pour ne pas dire qu‟il n‟existe pas entre guillemets. Vous voulez vous
procurer UBUNTU, pas de panique, pas d‟achat de la licence d‟exploitation il suffit seulement de vous
rendre sur cette adresse sur internet : http://www.ubuntu.com/download/desktop et le tour est joué.
Le système d‟exploitation Windows détient encore une écrasante suprématie sur le continent. Très
peu de monde ici tient à se convertir à linux et la sensibilisation sur l‟utilisation d‟UBUNTU ne pas encore
efficace. L‟idée d‟acheter un macintosh est fantaisiste pour la majorité des gens compte tenu de son coût
élevé d‟achat.
Loin de là l‟idée de créer un antivirus durant ce deux années de travail, mais tout simplement
trouver une méthode simple qui va aider les utilisateurs de l‟outil informatique et surtout ceux-là qui aiment
bien la convivialité du système d‟exploitation Windows malgré tous les menaces virales dont il est victime,
l‟infection dont il a été question est « transformation des fichiers et dossiers en raccourcis dans un support
amovible des concervations des données informatiques », nous avons montré que ce problème existe et
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMBUKA I. W. : Coup de pouce aux utilisateurs des supports amovibles
21
est réel.
Avant cela, Nous conseillons quand même aux utilisateurs du système d‟exploitation Windows d‟installer
un antivirus qui marche bien histoire d‟éviter d‟infection de l‟outil informatique. Avast est plus utilisé
localement avec succès. Il est intégré dans le système Dos. Mais Batch est portable dans l‟amovible
Le système d‟exploitation MS-DOS est devenu presque méconnu aux utilisateurs de l‟outil informatique
très particulièrement ceux qui ont choisi et qui ne jurent que par le nom de Windows, pourtant il est
toujours efficace et arrive à sauver des vies virtuelles et physiques.
A tous les infectés du virus qui transforme les fichiers et dossiers en raccourcis, utiliser cette méthode et
vous en sortirait poitrine haute, c‟est une méthode très efficace qui ne demande pas d‟être sur internet, il
suffit que votre Windows tourne et le tour est joué. La méthode a été testée sur toutes les versions de
Windows et ça marche impeccablement, à vous d‟essayer.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc23
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 23-33
FACTEURS INFLUENÇANT L’ELIMINATION DE L’ACIDE CYANHYDRIQUE DES TUBERCULES DU
MANIOC AMER A DIFFERENTES ETAPES DE TRANSFORMATION.
BIRALI Mwamini1, BULANGASHANE Grant1, BAHATI Dieudonné1,3, HERI-KAZI Aimé1, WALANGULULU
Jean1 et SUMBU Zola2
ABSTRACT :Despite the importance of cassava roots in human nutrition, this crop contains cyanogenic glycosides
that have severe effects on health. This paper was initiated in order to understand the kinetics of elimination of
hydrocyanic acid from the fermentation until the cooking of "foufou", a product widely consumed in DR. Congo in
particular. Therefore, two methods of fermentation were studied (in a heap and immersion) on cassava chips of different
sizes during 24, 72 and 120 hours. The results showed the influence of all factors studied on the elimination of HCN.
Cassava products obtained after 72 hours of fermentation show acceptable doses for human consumption.
KEYWORDS: Cassava, hydrocyanic acid, fermentation, Cossette, toxicity.
RESUME: Malgré l'importance des racines de manioc dans l'alimentation humaine, cette culture contient des glucosides
cyanogénétiques qui ont des effets graves sur la santé. Cette étude a été initiée dans le but de comprendre la cinétique
d'élimination de l'acide cyanhydrique à partir de la fermentation jusqu'à la cuisson du "foufou", un produit largement
consommé en RD. Congo en particulier. Par conséquent, deux méthodes de fermentation ont été étudiées (en tas et en
immersion) sur des cossettes de manioc de tailles différentes au cours de 24, 72 et 120 heures. Les résultats ont montré
l'influence de tous les facteurs étudiés sur l'élimination de l‟acide cyanhydrique. Les produits obtenus à l‟issu de 72 heures
de fermentation contiennent des doses acceptables pour la consommation humaine.
MOTS CLES :Manioc, acide cyanhydrique, fermentation, cossette, toxicité.
I.
INTRODUCTION
Selon la FAO (2005), le manioc est l‟une des trois importantes sources alimentaires en
calories en milieu tropical ; et l‟alimentation des millions de personnes dépend essentiellement du
manioc en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
En RD.Congo, la culture du manioc occupe une place très importante ; d‟autant plus
qu‟elle fournit approximativement 1060 calories par habitant et par jour, soient 56 % de la ration
calorique journalière totale (Fiagan, 2007). Cependant, le manioc contient des glucosides
cyanogénétiques qui révèlent sa toxicité en cas de non traitement. Ces glucosides peuvent
causer un empoisonnement aigu et/ou chronique et entrainer des affections graves telles que la
neuropathie ataxique tropicale, la paralysie spastique épidémique ou « Konzo », le goitre
endémique,…et dans le cas échéant une intoxication mortelle (Mbiyangandu, 1983).
Le principe toxique essentiel qui existe en quantités variables dans toutes les parties d‟un plant
1
Université Catholique de Bukavu (UCB), Faculté des Sciences Agronomiques
Institut Supérieur des Techniques de Développement (ISTD) de Kalehe
2
Université de Kinshasa (UNIKIN)
3
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc24
de manioc est un glucoside cyanogénétique, appelé la linamarine, qui est associée à son homologue
méthylique appelé méthyllinamarine ou lotaustraline (Bourdoux et al., 1980). La linamarine se transforme
en acide cyanhydrique (HCN) lorsqu'il entre en contact avec la linamarase, une enzyme qui est libérée
quand les cellules des racines de manioc se rompent (Bourdouxet al., 1980). La teneur normale en
cyanogènes des racines tubéreuses de manioc se situe normalement entre 15 et 400 mg de HCN/Kg de
poids frais (Delangeet al., 1982). La concentration varie largement entre les variétés, de même qu'avec
les conditions écologiques et culturales. Thilly (1981) a montré qu'une dose de plus de 20 mg de cyanure
pour 100 g de manioc est toxique et peut causer la mort. Il existe des cultivars amers dans les champs
dont la concentration en acide cyanhydrique est extrêmement élevée, au-delà de 200 mg/kg (Mimpembe,
1997).
Les méthodes traditionnelles de fermentation, telle que la fermentation en tas et la fermentation
en immersion (rouissage) réduisent la toxicité en acide cyanhydrique du manioc, lorsqu‟elles sont
réalisées soigneusement (Fiagan, 2007). En plus, le découpage des tubercules ou broyage augmenterait
la surface de contact, ce qui permettrait une élimination importante de cyanure. Autrement-dit, le broyage
faciliterait le contact hétéroside - enzyme et jouerait sur le temps d‟élimination de cyanure (Cooke, 1979).
Par ailleurs, l‟épluchage du manioc réduit la teneur en HCN à des concentrations non toxiques. Le
séchage et la cuisson, si elles sont appliquées avec soin, peuvent également réduire la teneur en acide
cyanhydrique jusqu'à des niveaux non toxiques (Bourdouxet al, 1980 ; Delangeet al, 1982).
Ce travail est axé sur l‟étude de la cinétique d‟élimination de l‟acide cyanhydrique depuis
la fermentation jusqu‟à la cuisson de la pate « foufou » afin de déterminer les teneurs résiduelles
à chaque étape et tester leur acceptabilité pour la santé. Ainsi, trois dimensions de cossettes,
deux méthodes de fermentation et 3 durées de fermentation seront étudiées afin de déterminer
les traitements permettant de favoriser une élimination importante de l‟acide cyanhydrique.
II. MILIEU, MATERIEL ET METHODES
II.1 MILIEU
L‟essai a été conduit dans le laboratoire des sciences du sol de la faculté des sciences
agronomiques de l‟Université Catholique de Bukavu, située dans la ville de Bukavu, en République
Démocratique du Congo. Les analyses des échantillons ont été réalisées au laboratoire de l‟Office
Congolais de Contrôle (OCC/ Bukavu).
II.2 MATERIEL
Les racines tubéreuses de manioc âgées de 12 mois de la variété M‟Bailo, amère, en
provenance du centre de Recherche INERA-Mulungu ont été utilisées. Le choix a été motivé par la
présence de cette variété dans plusieurs champs paysans et sa réputation en toxicité. En vue de tester la
précision de la méthode d‟analyse de cyanure utilisée à l‟OCC/ Bukavu, la pulpe des racines tubéreuses
douces de la variété Liyayi a été analysées après récolte.
II.3 METHODE
Les facteurs en étude sont : le procédé de fermentation (en tas et par rouissage dans l‟eau), la
dimension des cossettes (micro-cossettes, petites cossettes et racines entières) et la durée de
fermentation. La teneur en acide cyanhydrique résiduelle au cours des étapes de transformation de
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc25
manioc, depuis la récolte jusqu‟à la préparation de la pâte a été déterminée. Trois répétitions ont été
réalisées.
II.3.1. Méthodes de fermentation et durée
- La Fermentation en tas : ici les racines tubéreuses de manioc épluchées ont été groupées ensemble,
couvertes de feuilles de bananier sèches et aspergées de ferments obtenus à partir de l‟eau issue du
rouissage de manioc.
- La fermentation par immersion dans l‟eau ou rouissage : réalisé par trempage de 2 kg de cossettes de
manioc dans des bassins en plastique remplis de 10 litres d‟eau
Les durées de fermentation suivantes ont été observées : 24 heures, 72 heures et 120 heures.
II.3.2. Dimensions de cossettes
Trois dimensions de cossettes ont été utilisées :
Micro-cossettes : manioc obtenu après râpage des racines tubéreuses à l‟aide d‟une râpeuse de
cuisine. Les mailles de cette râpeuse ont un diamètre de 1mm.
Petites cossettes : obtenues en sectionnant les racines entières en des morceaux de
5cm ×1cm×1cm à l‟aide d‟un couteau.
Racines entières : ici, on considère comme racine entière, la carotte de manioc après épluchage,
c'est-à-dire, la racine tubéreuse entière sans aucun découpage en morceau. Le diamètre moyen
était de 8 cm.
II.3.3. Etapes de transformation du manioc en farine « foufou »
Les étapes suivantes ont été suivies pour l‟obtention de la farine de manioc et la préparation de la pâte
ou « foufou » à partir de la farine. Par ordre chronologique, on a :
Fermentation : pendant 24, 72 et 120 heures.Lors de la fermentation, six lots de 6 kg chacun ont été
formés selon les méthodes de fermentation et les dimensions des cossettes. Sur chaque lot, on
prélevait 2 kg après chaque phase de fermentation pour les analyses.
Séchage: pendant 24 h à 45° C à l‟étuve.
Mouture: elle a été réalisée à l‟aide d‟un moulin électrique de 25 chevaux-vapeur.
Malaxage :la pâte a été obtenue en délayant 400g de farine de manioc dans 1 litre d‟eau bouillante et
en pétrissant énergiquement à l‟aide d‟une spatule en bois afin d‟obtenir une pâte dense de texture
élastique appelée « foufou ». La durée de la cuisson a été de 5 minutes.
II.3.4. Analyses chimiques
La détermination de la matière sèche et de l‟acide cyanhydrique a concerné les échantillons obtenus aux
différentes étapes données ci-dessus (II.3.3) et avant transformation.
 Détermination de la matière sèche
La matière sèche a été obtenue après séchage à l‟étuve de 5 à 10 g de l‟échantillon à 105°C pendant 2
heures. Une balance électronique a été utilisée pour les pesées.
 Dosage de l‟acide cyanhydrique
Il a été réalisé suivant le principe suivant : le Titrage avec HCl 0,1 N de HCN libéré par chauffage de
l‟échantillon de manioc dans H2SO4 concentré ; suivi de la Récupération dans la base NaOH 0,1 N en
présence d‟indicateur mixte.
Le mode opératoire est le suivant :
- Peser 5g de l‟échantillon sec ou humide :
- Introduire 5g de l‟échantillon dans le ballon à distiller ;
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc26
-
y ajouter 400mL d‟eau distillée ;
puis ajouter 10mL d‟H2SO4 concentré (98 %) ;
distiller le contenu du ballon ;
mettre 20mL de NaOH 0,1 N dans l‟Erlenmeyer : Vb ;
recueillir le distillat du ballon dans l‟Erlenmeyer contenant 20 mL de NaOH 0,1 N en présence de
l‟indicateur mixte qui colore la solution en vert ;
arrêter la distillation lorsqu‟on atteint environ 150mL de distillat ;
titrer avec HCl 0,1 N en agitant jusqu‟à ce que la solution vire au rose ;
lire la quantité de HCl 0,1 N utilisé : Va.
Avec :
Vb: volume de la base ;
Va : volume de l‟acide ;
270 facteur constant :masse moléculaire* concentration*100
III. RESULTATS ET DISCUSSIONS
III.1 TENEURS EN HCN ET EN MATIERE SECHE DE LA PULPE FRAICHE
Les teneurs en HCN et en matière sèche de la pulpe fraiche des variétés Liyayi et M‟bailo sont
présentées dans le tableau 1.
Tableau 1 : Teneurs moyennes en acide cyanhydrique (HCN) et en matière sèche de la pulpe fraiche des
variétés Liyayi et M'Bailo
Variétés
HCN en mg/100g matière fraîche
Matière sèche %
Liyayi
M‟Bailo
10,01 ± 0,13
82,96 ± 0,31
38,18 ± 0,84
46,47 ± 1,12
Les résultats du tableau 1 permettent de confirmer la classification de la variété Liyayi
dans la catégorie des variétés très douces de manioc et M‟Bailo dans celle de très amères (in
Memento de l‟agronome, 2002). D‟après le catalogue de l‟INERA, la variété Liyayi contient 9,43
mg de HCN dans 100 g de pulpe fraîche de manioc et la variété M‟Bailo, 80 mg de HCN.
III.2 INFLUENCE DES TRAITEMENTS SUR L’ELIMINATION DE L’ACIDE CYANHYDRIQUE PENDANT LA FERMENTATION
III.2.1 Cinétique d’élimination de l’acide cyanhydrique en fonction des méthodes de fermentation
du manioc, de l’état et dimensions des cossettes
L‟élimination de l‟acide cyanhydrique au cours du procédé suivant les facteurs :
méthodes de fermentation, dimensions des cossettes et durée de fermentation est montrée sur la
figure 1.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc27
72 h
120 h
Teneur en HCN en mg/100 g
24 h
Méthodes de fermentation-Dimensions cossettes
Figure 1 : Cinétique d‟élimination de l‟acide cyanhydrique (HCN) en mg/100g en fonction des méthodes
de fermentation, des dimensions et de l‟état des cossettes
Les cinétiques obtenues à partir des produits frais fermentés diffèrent selon les
dimensions et les durées de fermentation et l‟état du manioc. Les faibles teneurs sont observées
pour le manioc à l‟état sec. Par ailleurs, plus la durée de fermentation augmente, et plus les
cossettes sont petites, plus aussi l‟élimination de l‟acide cyanhydrique s‟intensifie dans les
produits obtenus.
III.2.2 Teneurs en HCN dans les produits ayant fermenté à différentes durées.
Après analyse de la variance, tous les facteurs en étude ainsi que leurs interactions ont
entrainé des différences hautement significatives de la teneur en HCN après les différentes
durées de fermentation (24, 72 et 120 heures).
Le tableau 2
interactions.
donne les résultats de la comparaison des moyennes suivant les
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc28
Tableau 2 : Comparaison des moyennes de la teneur en acide cyanhydrique suivant l'interaction
des facteurs étudiés.
Interactions
(Méthode*Dimension*Etat)
Rouissage*racine entière*frais
En tas*racine entière*frais
En tas*petite cossette*frais
En tas*racine entière*sec
Rouissage*racine entière*sec
Rouissage*petite cossette*frais
En tas*petite cossette*sec
En tas*micro-cossette*frais
Rouissage*petite cossette*sec
Rouissage*micro-cossette*frais
En tas*micro-cossette*sec
Rouissage*micro-cossette*sec
PPDS
Moyenne en mg/ 100 g MS
24 heures
72 heures
120 heures
a
a
73,67
50,07
47,10 a
73,00 a
47,13 b
31,40 b
62,97 b
37,13 c
15,20 c
52,03 c
21,67 d
10 d
49,13 d
21,3 d
8,43 e
42,00 e
17,10 e
7,90 e
38,00 f
10,8 f
6,56 f
38,00 f
9,6 fg
4,07 g
19,4 g
8,2g
3,87gh
19,00 g
7,3g
3,43gh
15,43h
5,33h
2,87 h
8,37 i
4,2 h
1,12 i
2,151
1,44
1,186
NB : les moyennes suivies d‟une même lettre ne sont pas significativement différentes.
Il ressort des résultats du tableau 2 que le taux d‟élimination de l‟acide cyanhydrique
dans le manioc évolue selon la dimension des cossettes, la méthode utilisée et la durée de
fermentation.
Concernant les dimensions des cossettes, on remarque que le taux d‟élimination est important
lorsque les cossettes sont de faible dimension. Cooke (1979) soutient que le découpage des
tubercules ou leur broyage augmente la surface de contact glucosides -enzyme, ce qui permet
une élimination importante de cyanure.
Quant à la méthode de fermentation, l‟élimination est rapide en cas d‟immersion des
cossettes, ce qui pourrait se justifier, selon Delangeet al. (1980) par la solubilité facile de l‟acide
cyanhydrique dans l‟eau.
Partant des résultats obtenus, on constate que la consommation des racines de manioc de
grande dimension, à l‟état frais serait dangereuse quelle que soit la méthode de transformation
utilisée, même à 120 heures de fermentation parce qu‟une dose de plus de 20 mg de cyanure
pour 100 g de manioc est toxique selon Thilly (1981). Toutefois, pour les maniocs fermentés
pendant 120 heures et quelle que soit la méthode de fermentation utilisée, toutes les petites et
micro-cossettes peuvent être consommées sans risque, sans compter l‟élimination qui serait
entraînée par des étapes ultérieures de transformation du manioc en « foufou ». En effet, Asiedu
(1991) avait déjà prévu qu‟au début du troisième jour de fermentation, les activités enzymatiques
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc29
s‟intensifient suite au ramollissement des tissus.
III.3 ELIMINATION DE CYANURE LORS DE LA MOUTURE ET DU MALAXAGE
III.3.1 Cinétique d’élimination de l’acide cyanhydrique en fonction des méthodes de fermentation
du manioc, de l’état et dimensions des cossettes lors de la mouture et du malaxage
La cinétique d‟élimination de l‟acide cyanhydrique lors de l‟obtention de la farine et du
foufou à partir des produits obtenus après fermentation est illustrée sur la figure 2.
72h
120h
Teneur en HCN en mg/100g
24 h
Figure 2: Cinétique d‟élimination de l‟acide cyanhydrique (HCN) en mg/100g en fonction des méthodes de
fermentation, des dimensions de cossettes dans les produits obtenus après mouture et malaxage
Les teneurs diffèrent selon les traitements. Dans tous les cas, les faibles teneurs sont
observées en fonction des dimensions de cossettes et de la durée de fermentation avec des
teneurs résiduelles tres élevées pour des durées de 24 heures, sauf pour les micro-cossettes.
Par ailleurs, pour les différents traitements, les faibles teneurs sont observées pour le foufou.
III.3.2 Teneurs en HCN dans les produits ayant fermenté pendant 24 heures.
L‟analyse de la variance a fait ressortir des différences significatives de la teneur en
acide cyanhydrique dans les produits ayant fermenté pendant 24 heures au niveau des facteurs
étudiés ainsi qu‟au niveau des interactions. Le tableau 3 donne la comparaison des moyennes de
la teneur en HCN en fonction de l‟interaction entre la méthode de fermentation, la dimension des
cossettes et les produits obtenus après mouture et malaxage.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc30
Tableau 3: Comparaison des moyennes de la teneur en acide cyanhydrique en fonction de
l'interaction entre la méthode de fermentation, la dimension des cossettes et les produits obtenus
après mouture et malaxage.
Interaction (Méthode*Dimension*Produit)
En tas*racine entière*farine
Rouissage*racine entière*farine
En tas*racine entière*foufou
En tas*petite cossette*farine
Rouissage*racine entière*foufou
En tas*petite cossette*foufou
Rouissage*petite cossette*farine
Rouissage*petite cossette*foufou
En tas*micro-cossette*farine
Rouissage*micro-cossette*farine
En tas*micro-cossette*foufou
Rouissage*micro-cossette*foufou
PPDS
Moyenne en mg/ 100g MS
47,34a
46,80 a
38,00b
36,40b
35,04cb
28,00d
18,33e
14,00f
13,47f
8,20g
7,61g
4,96h
1,706
NB : les moyennes suivies d‟une même lettre ne sont pas significativement différentes.
On constate que la mouture et le malaxage de la farine dans l‟eau chaude sont à la base
d‟une importante élimination de cyanure. En effet, il a été démontré que les méthodes
traditionnelles de transformation, telles que la fermentation, le séchage et la cuisson, si elles sont
appliquées avec soin, peuvent également réduire la teneur en acide cyanhydrique jusqu'à des
niveaux non toxiques (Fiagan, 2007). L‟acide cyanhydrique est un composé volatil qui s‟évapore
rapidement à des températures supérieures à 28°C (Delangeet al, 1982), de même, l‟enzyme à
la base de sa libération (la linamarase), est détruite à 72°C (Bourdoux et al, 1980).
III.3.3 Teneurs en HCN dans les produits ayant fermenté pendant 72heures.
L‟analyse de la variance à ce niveau a montré des différences significatives entre les teneurs en
acide cyanhydrique en fonction du facteur méthode de fermentation. Les facteurs dimension des
cossettes et produits obtenus, ainsi que leur interaction entraînent des différences très hautement
significatives.
La comparaison des moyennes de la teneur en HCN en fonction du facteur méthode de
fermentation a conduit aux décisions résumées dans le tableau 4.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc31
Tableau 4: Comparaison des moyennes de la teneur en acide cyanhydrique en fonction de méthode de
fermentation, dimension des cossettes et produits obtenus.
Facteurs étudiés
Méthode de fermentation
En tas
Rouissage
Dimension des cossettes
Racine entière
Petite cossette
Micro-cossette
Farine
Foufou
Produit
Interactions dimension-Produit
Racine entière* farine
Racine entière *foufou
Petite cossette*farine
Micro-cossette *farine
Petite cossette*foufou
Micro-cossette*foufou
Moyenne (mg/100 g)
PPDS
7.09a
6.49b
0,538
12,67a
4,51b
3,19c
0,59
9,12a
4,46b
0,538
17,22 a
8,12b
6,05c
4,10d
2,96e
2,28 e
0,931
NB : les moyennes suivies d‟une même lettre ne sont pas significativement différentes.
Il ressort que les effets de la transformation, cumulés au temps que prend le processus
de fermentation, permettent d‟aboutir aux produits ayant des teneurs de plus en plus faibles et
inférieures aux seuils établis par Thilly (1981) qui a montré qu‟une dose de plus de 20 mg de
HCN/100g est toxique et Carter et al. (1992) qui ont fixé la dose toxique entre 50 et 60 mg par
jour pour un adulte Européen.
III.3.4 Teneurs en HCN dans les produits ayant fermenté pendant 120 heures.
L‟analyse de la variance à ce niveau a montré des différences très hautement significatives entre
les teneurs en acide cyanhydrique en fonction des dimensions des cossettes et les produits de manioc
obtenus après mouture et/ou malaxage des maniocs fermentés pendant 120 heures ainsi que leurs
interactions.
La comparaison des moyennes des interactions entre dimension-produit est reprise au tableau 5.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. :Elimination de l’acide cyanhydrique du manioc32
Tableau 5: Comparaison des moyennes de la teneur en acide cyanhydrique en fonction de l‟interaction
entre dimension de cossettes et produit obtenu de la mouture et/ou du malaxage pour les maniocs
fermentés pendant 120 heures.
Interaction (Dimension*produit)
Moyennes en mg/ 100g
Racine entière* farine
4,98a
Petite cossette*farine
3,45b
Racine entière *foufou
2,05c
Micro-cossette *farine
1,58cd
Petite cossette*foufou
1,52cd
Micro-cossette*foufou
0,95d
PPDS
0.727
NB : les moyennes suivies d‟une même lettre ne sont pas significativement différentes.
A 120 heures de fermentation, le foufou préparé à partir de petites et micro-cossettes ne
dosent respectivement que 1,52 et 0,95 mg/100g de HCN ; soit, pour les micro-cossettes, une
diminution de 99 % de la toxicité contenue dans le manioc frais. Les produits obtenus à ce stade
(farine ou foufou) présentent des doses de HCN comparables à celles des variétés très douces
de manioc et ne présentant pas de toxicité (Anonyme, 1993). A ce niveau, la farine et le foufou,
présentent des doses statistiquement équivalentes, en dépit du rôle de la température de cuisson
sur l‟élimination de l‟acide cyanhydrique (Delangeet al., 1982).
IV. CONCLUSION
L‟élimination de l‟acide cyanhydrique dans le manioc varie selon les 3 facteurs étudiés :
la dimension des cossettes, la méthode de fermentation utilisée et la durée de fermentation.
Des résultats obtenus, on a trouvé qu‟à partir de 72 heures, les produits (farine et foufou) obtenus
ne sont pas toxiques, quelle que soit la dimension considérée. L‟utilisation des cossettes de
dimension réduite permet d‟accélérer la vitesse d‟élimination de l‟acide cyanhydrique. Toutefois,
on obtient des teneurs suffisamment faibles pour la fermentation de 120 heures.
Il est donc recommandable d‟encourager la culture de manioc pour son importance calorifique et
comme aliment plastic ; cependant une attention doit être accordée au processus de d‟élimination
du cyanure. Une formation des agriculteurs paysans sur ce processus est à encouragée à tous
les niveaux d‟intervention.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
34
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 34-47
MISE AU POINT D’UN PILOTE DE DESHYDRATATION OSMOTIQUE DES FRUITS : CAS DE LA
POMME (MALUS PUMILA MILL)
BIRALI Mwamini3, BAHATI Dieudonné1, WALANGULULUJean1 et SUMBU Zola4.
ABSTRACT :
Osmotic dehydration is used as pretreatment processes such as refrigeration, freezing and drying. It aims to improve the
quality of the final product. To assess the effect of temperature and speed of osmotic dehydration solution on apples,
kinetics obtained in highly concentrated solutions of sucrose (66, 67.4 and 68.2 ° Brix) at 15°C,25°C and 30°C are
studied in static and stirred conditions in a pilot. Fick‟s model applied to the spherical body was satisfactorily used to
determine the diffusion coefficients and predict the kinetics of dehydration in the process. High dehydration was
obtained at 30°C, at low viscosity, whatever the concentration of the osmotic solution when the solution is stirred. The
diffusion coefficients of water ranges from 4 to 15.10-9 m2, depending on the temperature and agitation level.The pilot,
realizing a continuous flow of fluid around the product has achieved the dehydration by eliminating the resistance to
mass transfer observable in case of stationary osmotic solutions with high viscosity.
KEYWORDS:Osmotic dehydration, apple, temperature, agitation, solution of sucrose, Fick‟s model.
RESUME :
La déshydratation osmotique est utilisée comme prétraitement des procédés comme la réfrigération, la congélation et le
séchage. Elle vise l‟amélioration de la qualité du produit final. En vue d‟évaluer l‟effet de la température et de la vitesse
de la solution osmotique sur la déshydratation des pommes, des cinétiques obtenues en solutions fortement concentrées de
saccharose (66, 67,4 et 68,2°Brix) à 15°C, 25 °C et à 30°C sont étudiées en condition statique et agitée dans un pilote.
Le Modèle de Fick appliqué aux corps sphériques a été utilisé de manière satisfaisante pour déterminer les coefficients de
diffusion et prédire les cinétiques de déshydratation au cours du procédé. Une déshydratation poussée a été obtenue à la
température de 30°C, aux faibles viscosités, quelle que soit la concentration de la solution osmotique et lorsque la solution
est agitée. Les coefficients de diffusion de l‟eau varient de 4 à 15.10-9 m2/s en fonction de la température et du niveau
d‟agitation. Ce pilote, en réalisant une circulation continue du liquide autour des produit, a permis de réaliser la
déshydratation en éliminant la résistance au transfert de masse observable en cas des solutions osmotiques immobiles de
viscosité élevée.
MOTS-CLES:Déshydratation osmotique, pomme, température, agitation, solution de saccharose, modèle de Fick.
I.
INTRODUCTION
La période de production de nombreux fruits tropicaux ne dure que quelques semaines ou
mois. Durant cette période, les producteurs n‟arrivent pas toujours à écouler leurs récoltes à
cause de l‟inexistence d‟un réseau de distribution réellement efficace en zones de production
concentrés sur de petites régions éloignées des centres de consommation. Or, la plupart des
fruits se conservent difficilement quelques jours après la cueillette (Martine, 1993).Les pays en
développement, et notamment l‟Afrique, produisent des quantités importantes de fruits et
légumes, généralement consommés en frais. Cependant, leur forte teneur en eau les rend
3
4
Université Catholique de Bukavu (UCB), Facultés des Sciences agronomiques
Université de Kinshasa (UNIKIN
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
35
sensibles aux actions des agents physico-chimiques et biologiques de dégradation. Ils sont donc
très périssables et ne peuvent être conservés à l‟état frais que pendant quelques jours au
maximum, d‟où la nécessité de les mettre sous une forme où ils peuvent se conserver plus
longtemps (Nout et al., 2003).
Les grandes productions doivent alors subir en partie des transformations qui leur
permettront de se conserver et d‟éviter ainsi leur dégradation rapide. Le séchage des produits
alimentaires est la plus ancienne et la plus répandue des méthodes employées pour les
conserver. Il demeure pour cela une des options les moins onéreuses (Rozis ,1995).Les produits
ainsi obtenus peuvent constituer une matière première pour d‟autres transformations (Bimbenet,
2002). Le séchage permet, en outre, de diminuer la masse et le volume des produits, faciliter leur
transport et leur stockage et augmenter leur plus-value. Cependant, il consomme une énergie
importante et est responsable des altérations qualitatives des produits traités.
La déshydratation osmotique ou déshydratation-imprégnation par immersion est utilisée
comme prétraitement des procédés comme la réfrigération, la congélation et le séchage. Elle vise
l‟amélioration de la qualité du produit final tant sur les plans nutritionnel, organoleptique que
fonctionnel et permet la réduction de la durée de traitement d‟un éventuel séchage ultérieur. En
outre, ce procédé offre les avantages d‟un processus à température ambiante ou peu élevée au
cours duquel sont minimisées les altérations thermiques portant sur la texture, la couleur et les
pertes d‟arômes (Torregiani, 1993). Il concerne la production d‟ingrédients destinés à des
transformations secondaires se présentant sous forme de légumes et de fruits destinés à une
large gamme de formulations d‟aliments,comme les potages, les assaisonnements, les salades,
les plats de viandes et de riz, les entremêts, les desserts, les petits déjeuners et les pâtisseries
(Montigaud, 2002).
Sa mise en œuvre consiste en une immersion des produits dans une solution fortement
concentrée en solutés (sucre, sel) avec une forte pression osmotique afin de provoquer l‟osmose,
un cas particulier de la diffusion. Warczok et ses collaborateurs (2006) ont postulé qu‟une
maîtrise du procédé permettrait d‟orienter les transferts soit vers un régime de déshydratation
caractérisé par une perte en eau supérieure et un faible gain en solutés, soit un régime
d‟imprégnation caractérisé par un gain en solutés élevé avec une faible perte en eau.
Plusieurs facteurs influençant la cinétique de déshydratation osmotique sont couramment
cités dans la littérature, notamment: la nature, la forme et la taille du produit traité, la température
et la concentration de la solution osmotique, la durée d‟immersion, le type de soluté, le rapport
produit/solution, le niveau d‟agitation, le niveau de pression ainsi que la mise en œuvre de
prétraitements ou non (Amamiet al., 2006). L‟effet de la convection forcée sur la sortie d‟eau, et
celui de la viscosité de la solution, en régime laminaire, sur la résistance externe aux transferts
de matière ont été étudié par Moreira et Sereno (2003).
Cette étude vise à comprendre et prédire la cinétique de déshydratation osmotique des
pommes de la variété Jonagold soumises ou non à une agitation forcée à trois vitessesaux
concentrations saturantesde saccharose à 15°C , 25°C et 30°C.Et, un pilote est utilisé pour
permettre la circulation continue de la solution osmotique pendant plusieurs heures d‟affilée à
différentes vitesses relatives de la solution autour du produit à déshydrater, en régime
d‟écoulement laminaire.Le modèle de Fick appliqué aux corps sphériques a été utilisé pour
déterminer les coefficients de diffusion et prédire les cinétiques de déshydratation au cours du
procédé.Ainsi, la pomme a été choisiecomme produit modèle, compte tenu de ses
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
36
caractéristiques à pouvoir donner des morceaux sphériques faciles à découper, et homogènes,
de sa chair anisoptrope et de la faible résistance au transert de masse, après pelage.
II. Matériels et méthodes
II.1 MATERIELS
II.1.1 Sphères de pommes
Les pommes utilisées dans cette étude appartiennent à la variété Jonagold, elles étaient achetés
dans un supermaché local (Champion) à Gembloux.Leur entreposage s‟effectuait dans un
réfrigérateur à 4°C. Des morceaux de forme sphérique et de rayon moyen égal à 1,43.10 -2 m ont
été obtenus au moyen d‟un emporte-pièce (Illustration sur la figure 1).
Figure 3 : sphères de pommes découpées et marquées à l’aide d’aiguilles
II.1.2 Solutions de saccharose
La solution de saccharose a été préparée à base du sucre commercial cristallisé et de l‟eau
distillée. Les concentrations saturantes des solutions utilisées sont données dans le tableau 1.
Tableau 6: solubilités maximales des solutions de saccharose (Van der Poel, 1998)
Température
15°C
25°C
30°C
°Brix
Concentration saturante
g de sucre/g eau
66°,04
67,43
68,25
1,94
2,07
2,15
II.2 METHODES
II.1.1Conception d’un pilote de déshydratation osmotique
Le schéma du dispositif est illustré sur la figure 1. Ce dispositif comprend :
Un régulateur de vitesse de marque sami microstar, type tfr 6005, n°34.113.031 fonctionnant
à 0,37 w et 220 v et relié à une pompe peristaltique .
Une cellule de déshydratation constituée d‟un cylindre transparent de 0,1 m de diamètre
muni à sa base d‟une plaque de distribution de la solution. De multiples orifices de 0,004 m y
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
37
ont été percés de manière à minimiser les pertes de charge et uniformiser la distribution du
fluide.
Des bains-marie thermostatés de marque Ankersmit et Julabo.
Une sonde pt100 pour le contrôle de la température dans la solution et dans le déversoir, à la
sortie de la cellule de déshydratation osmotique.
Un échangeur de chaleur ika , type rw18 , 60 w , 25x 2000 tours/minute.
Un agitateur hanning type ude 0530, 0,3 watt et nombre de tours/min de 0 à 2815
Afin de réguler la vitesse d‟écoulement de la solution de saccharose aspirée par la
pompe centrifuge, un variateur de vitesse est utilisé pour commander la pompe en agissant sur la
fréquence du réseau alimentant le moteur. Cette solution est alors envoyée via un déversoir vers
un bain thermostaté. La solution osmotique y est aspirée par un tuyau plongeant dans le bain et
dirigée vers la cellule de déshydratation.
Déversoir
Cellule de
déshydratation
n
Variateur de vitesse
Bain thermostaté
contenant la solution
osmotique
Pompe péristaltique
Tuyau dans lequel circule la
solution osmotique
Figure 4: pilote utilisé pour la déshydratation osmotique des pommes

Détermination du débit moyen d‟écoulement de la solution osmotique et identification du régime
d‟écoulement traversant la cellule de déshydratation
Le débit de la solution a été évalué en mesurant plusieurs fois les volumes de 2 L de
solution sortant de la cellule par le déversoir en un temps donné. Trois vitesses relatives de la
solution osmotique par rapport aux sphères de pomme ont été utilisées: 2,1 ; 5,3 et 13,2 x 10-3
m/s; elles correspondent respectivement aux débits de 72, 180, 450 L/h. La calibration du
variateur de fréquence a consisté à mesurer le débit pour chaque valeur réglé du variateur (de 0
à 8).
Le régime d‟écoulement dans la cellule de déshydratation a été déterminée visuellement
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
38
à l‟aide des traceurs progressivement ajoutées à la solution. Des paillettes, du bleu de méthylène
et de la résine ont été testées en fonction de: non abrasion, visibilité dans la solution
(granulométrie et couleur), masse volumique proche de celle de la solution afin d‟être facilement
mélangé et entraîné par le fluide en circulation.La plaque de distribution de la solution dans la
cellule présentait un diamètre de 0,1 m. De multiples orifices de 0,004 m y ont été percés pour
minimiser les pertes de charge.
II.1.2 Choix des produits modèles
La pomme a été choisie dans cette étude compte tenu des propriétés caractéristiques
qu‟elle présente en terme d‟isotropicité, d‟homogénéité et d‟aptitude à la découpe de multiples
sphères dans sa chair.Le choix du saccharose est motivé par sa compatibilité avec le produit à
déshydrater, la pomme (fruit sucré), sa facilité de mise en solutions, le caractère newtonien de
celles-ci et son accessibilité.
II.1.3 Viscosimétrie
Les mesures de viscosité des solutions utilisées ont été effectuées avec un rhéomètre de
marque Bohlin CVO 120, équipé d‟une sonde type CS C25 DIN 53019. Il a permis de caractériser
les propriétés rhéologiques des solutions de saccharose en effectuant des mesures des
propriétés rhéologiques des produits modèles à températures constante et croissante (14,5 à
31°C et de 24,5 à 31°C).
II.1.4 Réfractométrie
Le brix des solutions sucrées a été déterminé avec un réfractomètre de type Abbe,
pourvu d‟un thermomètre et d‟un dispositif de circulation d‟eau. Il a permis la lecture des °Brix
lors de la formulation des solutions de saccharose et du suivi de leur concentration.
II.1.5Lyophilisation
De marque Heto, type DW8, de température de chauffage maximum de40°C, le
lyophilisateur a permis de sécher les échantillons de sphères de pommes natives.
II.1.6Détermination des diamètresdes sphères de pommes
Elle a été réalisée avec un pied à coulisse.
II.1.7 Détermination du coefficient de diffusion
La solution analytique de l‟équation différentielle de transfert de matière tirée de la
deuxième loi de Fick permet de suivre la distribution spatiale de l‟humidité absolue ou d‟autres
composés qui diffusent de la surface extérieure vers le centre du produit ou vice versa (Crank,
1957). Des solutions dans différentes conditions initiales et aux limites sont proposées
moyennant les hypothèses simplificatrices suivantes:
Un corps isotrope et immobile
Une distribution initiale uniforme de l‟humidité ;
Une résistance externe négligeable au transfert de masse ;
Une absence de déformation durant la déshydratation (Rastogi et. al, 1998)
Le suivi de la teneur en eau ou en solutés diffusant dans une sphère par la solution analytique de
l‟équation de Fick, proposée par Crank (1957) s‟obtient de la manière suivante:
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BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
Mt
M
Mt
M
6
1
2
n
X1
X1
1
2
1 n
exp
D eff
2
n
2
a
2
39
t
Xt
X0
ÉQUATION 1
ÉQUATION 2
Où:
Deff = Coefficient de diffusion effectif prenant en compte les variations du coefficient de
diffusion résultant d‟une modification de la structure physique du produit (m²/s)
a = rayon de la sphère (m) ;
n = indice de chaque terme de la série de Taylor ;
t = temps (s) ;
Xt = teneur en eau au temps t (kg eau/kg MS) ;
X1 = teneur initiale en eau (kg eau/kg Ms) ;
Xo= teneur en eau à la surface de la sphère ou à l‟équilibre, après un temps d‟immersion
suffisamment long pour que l‟équilibre soit établi entre le produit et la solution osmotique (kg
d‟eau/kg MS)
Mt = masse d‟eau ou de soluté au temps t (kg d‟eau/kg MS) ;
M∞= masse d‟eau ou de soluté à l‟équilibre (kg d‟eau/kg MS)
Mt/M∞ = humidité réduite, ou paramètre réduit de la teneur en eau ;
Le coefficient de diffusion peut être calculé à partir de cette dernière relation, en recherchant les
valeurs de ce paramètre qui minimise l‟écart entre les teneurs en eau calculées et observées
expérimentalement, autrement-dit, le coefficient de diffusion retenu est celui minimisant la racine
carrée de la déviation résiduelle (ES). Dans cette démarche, la qualité prévisionnelle du modèle
est estimée avec la déviation standard résiduelle (ES):
n
ES
i 1
X exp
X cal
2
n
ÉQUATION 3
Avec :
Xexp = humidité absolue mesurée ou observée (kg eau/kg ms) ;
Xcal = humidité absolue calculée par le modèle (kg eau/kg ms) ;
n = nombre de points expérimentaux.
II.1.8 Suivi de la teneur en eau
Le suivi de la teneur en eau a été réalisé pour des essais de 6 heures à 15, 30, 45, 60,
90, 120, 150, 180, 240 et 300 minutes), et pour ceux dépassant 6 heures. Le deuxième type
d‟essai a eu pour finalité de déterminer la teneur en eau à l‟équilibre des échantillons (équations
2 et 3).

Détermination de la teneur en eau
Pour la détermination de la teneur en eau, une étuve de marque Memmert, type ULM 800 a été
utilisée. La température de séchage était de 70°C et la durée de 24 h.La teneur en eau ou
humidité absolue (X) exprimée en base sèche a été calculée après pesée des échantillons frais
et ceux séchées à l‟étuve.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits

40
Essuyage des échantillons de pommes après retrait de la solution osmotique
A leur sortie de la solution osmotiqueà base de saccharose, les échantillons ont été
plongées pendant 40 secondes dans 300 mL d‟eau distillée conformément à la méthode utilisée
par Andriambao(2006) afin de les débarrasser de l‟excédent de la solution de sucre, puis
essuyées avec du papier absorbant par deux contacts de trois secondes.
II.
RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION
III.2. Résultats expérimentaux
La description du processus de déshydratation implique que soit déterminé le coefficient
de diffusion de l‟eau dans le produit. Le calcul de ce paramètre fait appel à l‟équation de Fick de
diffusion dans une sphère et à l‟exploitation des données expérimentales relatives à l‟évolution de
la teneur en eau.
III.2.1 Caractérisation rhéologique des solutions de sacccharose
Pour une température donnée, les courbes de viscosité sont linéaires. C‟est la
caractéristique des produits newtoniens : quelle que soit l‟augmentation du gradient de vitesse, la
viscosité reste constante. Par ailleurs, Pour trois solutions de concentration saturantes
respectivement à 15, 25 et 30°C, leur chauffage à 30°C se traduit par une diminution de la
viscosité plus marquée pour les faibles concentrations comme le montrent les figures suivantes:
Figure 6 : évolution des viscosites (pas) des
solutions de saccharose a differentes
concentrations et temperatures
Figure 5: évolution de la viscosite en
fonction de la temperature pour une
solution saturante a 15°c et
25°cportee a 30°c
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
41
III.2.2 Teneurs en eau et matières sèches des pommes
Les résultats relatifs à la composition des sphères de pomme concernant la matière
sèche, la teneur en eau et les différents sucres sont présentés dans les tableaux3 et 4.
Tableau 3: comparaison des teneurs en eau (kg eau/kg de m s) des echantillons preleves dans
la partie sommitale (a), mediane (b) et basale du fruit (c)
Localisation
Teneur en eau moyenne
Ecart-type
Nombre de mesures
A
B
C
Moyenne
5,16
5,4054
5,1494
5,2382
0,26075
0,3122
0,403
17
17
17
17
La teneur en eau varie en fonction des parties des fruits prélevés, ce qui corrobore les résultats
trouvés par Andriambao (2006). Les résultats des teneurs en matière sèche, fructose, glucose et
saccharose sont repris dans le tableau 2.
Tableau 2:teneurs moyennes en matiere seche et en fructose, glucose et saccharose
desspheres de pommes etuvees et lyophilisees
Echantillons etuvés
% MS
Fructose g/g
Glucose g/g
Saccharose g/g
Moyenne
15,405
19,225
3,535
4,13
Ecart-type
0,248
0,276
0,050
0,199
Echantillons lyophylisés
% MS
Fructose g/g
Glucose g/g
Saccharose g/g
Moyenne
15,295
20.435
3,375
4,305
Ecart-type
0,276
0,474
0,262
0,389
Les valeurs moyennes trouvées par Andriambao (2006) varient de 12,86 à 18, 14 (p/p)
pour le fructose, 2,75 à 3,81 pour le saccharose et 3,23 à 5,64 (p/p) selon le lieu de prélevement
de la pomme. Des différences entre teneurs des 3 sucres relatives aux pommes natives séchées
à l‟étuve et lyophilisées et ont été rapportées par Andriambao (2006). Le risque lors du séchage à
l‟étuve étant d‟hydroliser les sucres contrairement au séchage par lyophillisation. Les 2 procédés
donnent des valeurs proches sauf pour le fructose. Les différences observées peuvent être
attribuables à la variabilité de la matière sèche initiale.
II.2.1 ETUDE DE LA CINÉTIQUE DE DÉSHYDRATATION SANS AGITATION PENDANT 96 HEURES
Les valeurs de teneurs en eau à l‟équilibre obtenues à différentes températures et
concentrations de la solution de saccharose sont reprises dans le tableau 4.
Tableau 4 : teneurs en eau de lamelles de pomme au terme d’une immersion de 4 jours
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
42
Teneurs en eau moyenne (kg eau/kg ms)
Localisation
des sphères
15°C
(66° Brix)
en solution 30°C
saturante
(66° àBrix)
:
30°C (68,2° Brix)
A
0,7489
0,6492
0,5960
B
0,6770
0,6568
0,6355
C
0,66°94
0,6614
0,5585
Moyenne
0,6984
0,6558
0,5967
La cinétique de déshydratation pour des essais de longue durée a permis de déterminer
des valeurs de teneurs en eau en condition d‟établissement de l‟équilibre entre la solution
d‟immersion et le produit.Pour faciliter le calcul du coefficient de diffusion, seules les moyennes
seront considérées.
III.2.2 Evolution des diamètres des sphères de pomme durant la déshydratation en solution
osmotique de saccharose
Le diamètre moyen obtenu sur 17 sphères de pomme est de 2,88± 0,1 x10-2 m.Le
diamètre, et partant le volume des sphères évolue au cours de la déshydratation comme le
montre la variation des diamètres entre le stade initial et le stade après déshydratation. Cette
réduction est autant valable pour le diamètre transversal (DT) que longitudinal (DL). L‟écart se
creuse suivant la longueur de la durée d‟immersion. Des variations importantes sont obtenues
pour des durées d‟immersion élevées (96 heures). Cette tendance est traduite par les coefficients
positifs élevés. L‟évolution des variations des diamètres longitudinaux et transversaux des
sphères des pommes est illustrée sur sur la figure 5.
Variation des diamètres en fonction
des diamètres initiaux des sphères
des pommes (%)
Variation DT
Variation DL
Linéaire (Variation DT) y = 0,3039x
Linéaire (Variation
+ 4,5001 DL)
R² = 0,7975
y = 0,1814x + 5,6663
R² = 0,7295
Durée d'immersion dans la solution de saccharose (heures)
Figure 7 : variation des diamètres des spheres de pommes en fonction de leurs diamètres
initiaux durant le processus de deshydratation en solution osmotique de saccharose .
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
43
III.3. CALCUL DU COEFFICIENT DE DIFFUSION ET PREVISION DU MODELE
III.3.1 Calcul du coefficient de diffusion
La valeur retenue du coefficient de diffusion est celle minimisant la racine carrée de la
variance résiduelle encore appelée écart-type résiduelle. La figure 6 donne les coefficients de
diffusion de l‟eau à 66° Brix et 30°C pour illustrer la démarche suivie.
Figure 8: ecart-type résiduel en fonction du coefficient obtenu pour les solutions de 66°brix a
30°c avec 3 vitesses d‟agitation différentes
III.3.2 Prévision et validation du modèle
Les valeurs d‟écart-type résiduel calculées pour chaque traitement varient de 0,7 à
12,6%. Les valeurs élevées correspondent au traitement de 66° Brix et 30°C, correspondant à la
temérature et la viscosité élevée des solutions et à une désydratation pousséedes pommes.Les
coefficients de diffusion trouvés sont repris dans le tableau 2.
Tableau 7 : valeurs de coefficient de diffusion de l’eau (m²/s) retenus et de l’ecart -type
residuel associe dans les differentes conditions operatoires
Vitesse
d’agitation
15°Cet 66° Brix
15-30°Cet
Brix
D
ES
D
ES
0
4 E-09
0,009
6,5 E-09
1
6 E-09
0.008
2
6 E-09
3
9,5 E09
Légende:
-
66°
25°C
Brix
et
67,4°
25-30°C et 67,4 °
Brix
30°Cet
°Brix
D
ES
D
ES
D
ES
0,093
4,5 E-09
0,11
10 E-09
0,009
7 E-09
0,0071
8 E-09
0,107
-
-
-
-
9 E-09
0,0068
0,010
-
-
-
-
-
-
E-
0,014
0,008
15 E-09
0,126
-
-
-
-
10
09
10
09
E-
0,009
: L‟étude ne s‟est pas intéressée à ces conditions.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
68,3
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
44
Les valeurs de coefficient de diffusion trouvées augmentent avec la température pour
une même vitesse et pour une même température; elles augmentent aussi avec la vitesse. Des
valeurs voisines ont été trouvées par Conway et al.(1983), cités par Spiazzi et Mascheroni (1998)
pour des pommes déshydratées osmotiquement dans la gamme allant de 15 à 60.10 -9 m²/s pour
des concentrations comprises entre 50 à 70° Brix et des températures allant de 30 à
50°C.Comme l‟ont souligné Zogzaset al.,(1994 ), la prévision du coefficient de diffusion dans les
aliments varie beaucoup et ce, d‟un auteur à un autre et selon les modalités expérimentales. Les
valeurs relevées par ces auteurs dans la littérature sont comprises entre 10−12 et 10−7 m²/s.
Quelques cinétiques relatives aux teneurs en eau calculées et observées sont
reprisesrespectivement sur les figures successives ci-après. EIles permettent de rendre compte
de la qualité d‟ajustement du modèle de Fick.
Figure 10: evolution des teneurs en eau
(x)observees et calculees pour deff= 4.10 -9
a 15°c (66° brix) en l’absence d’agitation
Figure 11: evolution des teneurs en eau (x)
observees et calculees pour deff= 7. 10 -9 a 30°c(
68,2° brix) en absence D’AGITATION
Figure 9: evolution des teneurs en eau (x)
observees et calculees pour deff= 6. 10 -9 a 15°c
(66° brix) en solution agitee a la vitesse 1
Figure 12 : evolution des teneurs en eau
(x) observees et calculees pour deff= 9. 10 9 a30°C (68,2° BRIX) A LA VISTESSE 1
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
45
Néanmoins, on constate que pour de longues durées, le modèle trouverait ses limites
dans l‟ajustement des valeurs obtenues expérimentalement et calculées compte tenu du fait que
le produit subit une déformation et des variations de volume durant le processus de
déshydratationpendant de longues durées.Or au-delà de 2 heures, la déshydratation élimine plus
de 50% de la teneur en eau du produit pour la majorité des traitements étudiés. Dans le souci
d‟optimisation, Il neserait pas interessant de prolonger inutilement la déshydratation.En effet, la
teneur en eau évolue en quelques heures vers une valeur proche d‟équilibre. Khoyi et
Hesari(2007) estiment qu‟il n‟est pas raisonnable de prolonger le temps d‟immersion au-delà de 6
heures parce que la vitesse de déshydratation devient très faible.
III.4 IDENTIFICATION DES PARAMETRES INFLUENÇANT DE FAÇON CRITIQUE LE PROCESSUS DE DESHYDRATATION
Partant des résultats, on remarque un effet des températures sur la perte d‟eau, surtout
au début.D‟après Sutar et Gupta (2007, la température agit en favorisant une rapide perte en eau
au travers de la membrane, une rapide diffusion d‟eau dans le produit ainsi que de meilleures
conditions de transfert de l‟eau à la surface du produit, en raison de la baisse de la viscosité de la
solution. Dans une autre étude, sur la pomme, les valeurs de 4,5.10 -10 et 15. 10-10 ont été
trouvées respectivement à 25 et 45°C (Andriambao,2006).
Quant au rôle de l‟agitation de la solution osmotique, elle permet d‟assurer le
renouvellement de la solution autour du produit au cours de la déshydratation et ainsi d‟accélérer
le transfert de masse.Lorsque l‟agitation est appliquée, le coefficient de diffusion augmente dans
la majorité des cas. Ceci s‟explique par le fait que le transfert de masse par diffusion est fonction
du gradient de concentration, de la diffusivité et de la surface exposée au flux, d‟après la loi de
Fick (Thonart, 2006)
Par ailleurs, les solutions utilisées dans la présente étude étant presque semblables du point de
vue concentration: 66, 67,4, et 68,2° Brix, l‟influence de ce paramètre, seul, n‟a pu être étudiée.
II.
Conclusion et perspectives
Les résultats obtenus montrent un effet positif de la température et de l‟agitation de la
solution osmotique sur la cinétique de déshydratation des sphères de pomme. Ces facteurs ont
réduit la résistance au transfert de masse d‟une part en diminuant la viscosité des solutions,
d‟autre part en renouvelant la solution autour des produit. En augmentant avec le niveau
d‟agitation, les coefficients de diffusion obtenus ont confirmé ces résultats.
Le modèle prévisionnel du transfert de masse basé sur la deuxième loi de Fick a permis
une bonne prédiction des résultats expérimentaux et la détermination des coefficients de
diffusion.
En définitive, la déshydratation osmotique, par sa simplicité et son accessibilité, offre une
alternative pour la valorisation des denrées alimentaires comme prétraitement, seul ou combinée
à d‟autres traitements de perméabilisation de la membrane cellulaire afin d‟accélérer le transfert
de masse (eau et soluté). Utilisée avec le séchage traditionnel, elle peut constituer une voie de
sortie pour les pays en développement où ceux affectés par les pertes des denrées après récolte
pour résorber la surproduction de certains produits alimentaires à caractère saisonnier.
En outre, l‟utilisation du pilote de déshydratation a permis le renouvellement de la
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIRALI et al. : La déshydratation osmotique des fruits
46
solution de saccharose autour des produits à déshydrater afin d‟accélérer le transfert de masse
et partant la perte d‟eau dans les pommes. Il peut être utilisé pour d‟autres produits à déshydrater
osmotiquement. Toutefois, à défaut du pilote, on peut soit recourir aux équipements pour lesquels
il est possible d‟opérer soit des secousses à intervalles réguliers, soit agiter la solution osmotique
à l‟aide d‟agitateurs, dans le but d‟éliminer la couche limite se formant autour du produit et
s‟opposant au transfert de masse.
III. Remerciements
Cette étude a bénéficié des fonds de la Faculté des Sciences agronomiques de
Gembloux (AgroBiotec) et de la Coopération Technique belge. Les auteurs remercient les
responsables de l‟unité de Technologie des aliments ainsi que ceux qui ont financé ce projet.
IV. Références bibliographiques
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biologique et physico-chimique, Lavoisier et Tec & Doc, Paris, France, 376 p.
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des fruits. Lavoisier et Tec & Doc, Paris, France, 337-347 p.
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Technology,12
(7),
1653-1666.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
48
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 48-58
LA PRECARITE DU BUDGET FAMILIAL DANS LES MENAGES EN CITE D’OÏCHA (CHEF LIEU DU
TERRITOIRE DE BENI)
RESUME
KAVIRA KALENGYA* et KASEREKA MWANAMOLO Amos*
Une enquête sur terrain, il se révèle que 11,5% des ménages enquêtés disposent d‟un budget familial contre 88,5% qui
n‟en ont pas. Les causes de l‟inexistence de ce budget dans ces nombreux ménages sont les suivantes : l‟instabilité et
l‟insuffisance du revenu familial, l‟ignorance ou la faible connaissance sur l‟importance du budget familial,
l‟établissement et l‟exécution du budget est un exercice compliqué et enfin, l‟analphabétisme. Pour les quelques ménages
qui ont un budget familial, s‟agissant du suivi de son exécution, 6 ménages seulement sur 40 détiennent le carnet des
comptes journaliers, 8 ménages ont un cahier des comptes mensuels, 1 seul ménage dispose de ces deux outils, 26 ménages
enregistrent autrement leurs comptes en dehors de ces deux documents connus. Les inconvénients de la non existence du
budget familial qui ont été enregistrés sont : le gaspillage des moyens rares, les dépenses irréfléchies, l‟avenir incertain et
la satisfaction des besoins apparents au lieu de ceux réels. Quant aux avantages, les ménages qui détiennent le budget
familial ont confirmé les avantages tels que : une gestion financière saine de l‟entreprise familiale, la visualisation claire
des recettes et des dépenses ; la confrontation des réalisations aux prévisions budgétaires en vue des éventuels
aménagements, l‟observance stricte de certaines limites dans les dépenses extra-budgétaires aux fins d‟éviter le gaspillage
et de s‟en tenir à la hiérarchisation des besoins.
MOTS CLES : Le budget ; le ménage ; le budget familial
ABSTRACT
This survey it has been proved beyond no shadow of doubt that 11,5% of surveyed families have got a family budget but
88,5% do not. The causes of its non existence are the following. The instability and insufficiency of the family income,
the ignorance or the very low knowledge of the family budget importance, the establishment and the execution of the
budget is a complicated exercise and last illiteracy. For some families that have got a family budget, considering its
fallow-up and execution, only 6 families over 40 have got their note books for daily accounts, 8 families have got a book
of monthly accounts one family only has got both of the above tools, 26 families register accounts otherwise. The
disadvantages of the non existence of the family budget that have been registered care. The wastage of rare means,
unreasonable expenditures, the uncertain future and the satisfaction of fake needs instead of real ones. The advantages
are the following according to the surveyd families; the sound financial management of the family enterprise, clear sight
of fund and expenditures, the confrontation of the realization to the budget any prevention, the strict observing of
certain limits in the extra-budgetary expenses in order to avoid wastage and respect the hierarchy.
KEYWORD : The budget, the familial, the family budget.
I.
INTRODUCTION
Dans les pays en développement en général et en RDC, en particulier, le fonctionnement
des ménages pose un sérieux problème qui, dans la plupart des cas, relève de son organisation
fonctionnelle et de divers services en son sein.
Le ménage produit les biens et/ou services au profit de tous ses membres (fonction
technique) ou échange les biens et/ou services contre la monnaie (fonction commerciale). La gestion de
la monnaie entraîne en soi la fonction administrative (c‟est l‟optique de prise des décisions et de gestion
des documents ménagers) avec la fonction financière qui s‟occupe à son tour, d‟inventorier toutes les
recettes possibles et établir la liste des toutes les dépenses nécessaires grâce à un tableau appelé budget
*
Tous Assistants à l’ISDR/Beni Nord-Kivu
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
49
familial (Darbelet &Lauginie 1996).
Le budget familial est un outil de gestion et de mobilisation financière au sein des ménages.
Son principal avantage est de permettre une meilleure utilisation de son argent. Avant de dépenser, on
réfléchit et ainsi, on est moins tenté de se laisser séduire par toutes les sollicitations rencontrées (Barbier
2006). Les sources financières au niveau des ménages sont soit, saisonnières (agriculteurs), mensuelles
(fonctionnaires de l‟Etat et des entreprises privés), soit ponctuels (prestataires des services comme les
cordonniers, les menuisiers, les commerçants).
Malgré les entrées et les dépenses financières, il se démontrer que bon nombre de
ménages ne veillent pas à la définition du budget familial, comme cela se fait dans les autres
organisations sociales. ¨Dans la cité d‟Oïcha (territoire de Beni), environ 80% de ménages souffrent de la
pauvreté et la faim, des conflits sociaux au sein des couples. Le manque de budget familial défini ne
serait-il pas à la base des ce déséquilibre ? L‟étude exploratoire a démontré déjà que Oïcha héberge
des populations qui à 89% ne détiennent pas le mot « budget familial ».
Cet état de choses nous a poussé à nous poser les questions ci-dessous :
-
Existe-t-il un budget familial au sein de chaque ménage en cité d‟Oïcha ?
-
Dans le cas positif, quelle serait la hauteur de ce budget et comment les ménages s‟en
sortent-t-ils de manière à nouer les deux bouts de la période budgétaire tout en observant
scrupuleusement le suivi de l‟exécution de ce budget familial ?
-
Et dans le cas contraire, quelles explications peut-on donner à l‟inexistence de ce budget
familial ?
Nous présupposons que la plupart des ménages utiliseraient leurs moyens financiers sans
budget élaboré d‟avance. Le montant global annuel du budget familial s‟élèverait entre 400$ et
2200$ dans les ménages enquêtés en cité d‟Oïcha ; le suivi de l‟exercice budgétaire poserait problème
pour la plupart car ne détenant pas d‟outils nécessaires pour le suivi. L‟inexistence du budget au sein des
ménages enquêtés en cité d‟Oïcha s‟expliquerait par l‟instabilité des revenus, l‟analphabétisme,
l‟ignorance ou la faible connaissance sur l‟outil de gestion appelé budget familial.
II.
APPROCHE METHODOLOGIQUE
Notre univers d‟enquête était constitué d‟environ 38742 ménages repartis dans les six
quartiers composant la cité d‟Oïcha.
Pour de raison de l‟immensité de cet univers, nous avons fait recours à un échantillonnage
stratifié tiré occasionnellement dont la taille s‟élève à 350 ménages répartis de la manière suivante :
Tableau 1 : Répartition de l’échantillon par quartier et par catégorie socio-professionnelle
N°
Quartier
Ménages des Ménages
Ménages
Ménages
Autres
commerçants
des
des
des
catégories socioagriculteurs enseignants
infirmiers
professionnelles
1
PAKANZA
20
22
5
3
15
2
MASOSI
15
16
5
4
15
3
MBIMBI
15
15
7
5
15
4
MABASELE 15
12
6
3
15
5
OICHA Ier
10
13
5
10
15
6
BAKAIKO
20
22
7
5
15
Total
95
100
35
30
90
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
Total
65
55
57
51
53
69
350
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
50
Dans notre échantillon, peu d‟enseignants et infirmiers ont été consultés. La raison est que
nous nous sommes limités aux écoles prises en charge par le Gouvernement qui ne sont pas nombreuses
dans la cité d‟Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni.
Même chose pour les infirmiers, la cité ne compte qu‟un hôpital général de référence appartenant à la
communauté évangélique au centre de l‟Afrique (CECA-20) avec quelques centres de santé. Par autres
catégories socio-professionnelles, il s‟agit des taximans et des artisans (menuisiers, cordonniers et
maçons).
Pour ce qui est de la variable niveau d‟études, dans 102 ménages, on pouvait avoir soit l‟un
des époux, soit tous les deux détenant un diplôme d‟Etat ou celui d‟études supérieures ; dans 121
ménages, un des époux ou tout le couple sachant lire et écrire et les 127 autres ménages étaient
constitués des époux analphabètes.
Pour la collecte des données et informations nécessaires à la réalisation de cette étude,
nous avons fait recours à la méthode clinique. Il était question de nous entretenir librement avec les deux
époux mais séparément avec la possibilité pour l‟enquêté de poser la question à l‟enquêteur. Nous les
séparions pour éviter que l‟un soit étouffé par l‟autre. Quant aux techniques utilisées dans notre
recherche, nous nous sommes servi de l‟observation, de la documentation et de l‟entretien libre mais
guidé par un questionnaire d‟enquête conçu d‟avance.
III.
PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
III.1. Les sources des revenus dans les ménages enquêtés en cité d’Oïcha
Le tableau 2 suivant présente les catégories socio-professionnelles des ménages et les différentes
sources de revenus pour la survie quotidienne de des membres.
Les fréquences montrent la contribution de chaque source dans les économies de ménages.
Tableau 2 : Les sources des revenus dans les ménages enquêtés en cité d’Oïcha
Catégorie socioprofessionnelle
Les enseignants
Taille de
l’échantillon
35
Les agriculteurs
100
Les commerçants
Différentes sources des revenus
Salaire mensuel seulement
Salaire mensuel additionné au petit
commerce
Salaire mensuel additionné aux
activités agricoles
Vente des produits agricoles seulement
Vente des produits agricoles + le
commerce informel
Vente des produits agricoles et
d‟élevage
Profit/ bénéfice des opérations
commerciales seulement
Bénéfice aux opérations commerciales
et la vente des produits agricoles
95
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
Fréquence
%
9
11
25,7
31,4
15
42,9
35
20
35
20
45
45
38
40
40
42,1
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
51
Catégorie socioprofessionnelle
%
Taille de
l’échantillon
Les infirmiers
Différentes sources des revenus
Fréquence
Bénéfice des opérations commerciales, 17
la vente des produits agricoles et
d‟élevage
Salaire mensuel seulement
10
Salaire mensuel additionné à la vente 14
des produits agricoles
17,9
Salaire mensuel additionné au petit 6
commerce informel
20
Prime mensuelle
Contre partie du service rendu
Contre partie du service rendu plus la
vente des produits agricoles
Contre partie du service rendu
Contre partie du service rendu plus la
vente des produits agricoles
Contre partie du service rendu
seulement
Contre partie au service rendu et la
vente des produits agricoles
50
9
6
100
60
40
7
8
46,7
53,3
8
80
2
20
33,3
46,7
30
Autres catégories
Taximans
Les menuisiers
50/90
15/90
Les maçons
15/90
Les cordonniers
10/90
.
De ce tableau 2, on s‟aperçoit clairement que les sources des revenus au sein des
ménages enquêtés en cité d‟Oïcha sont diversifiées. Dans la plupart des catégories socioprofessionnelles, l‟activité principale s‟accompagne inéluctablement par d‟autres activités secondaires
dans le souci de faire face à l‟insuffisance des ressources principales. Sauf chez les taximans qui ne
comptent que sur leur activité de taxi pour survivre au regard des exigences du travail, aussi chez les
cordonniers qui sont à 90% des handicapés physiques et par conséquent ne se contentent du peu généré
par leur activité.
Dans les lignes qui suivent, nous allons essayer d‟examiner le revenu moyen réalisé par le
ménage selon les catégories socio-professionnelles.
III.2. Les revenus moyens des ménages enquêtés en cité d’Oïcha
Bien que l‟aspect instabilité des revenus dans les ménages a été évoqué (les recettes
étant saisonnières pour les agriculteurs, ponctuelles pour les commerçants et autres catégories non
salariées, mensuelles pour les salariés), il y a lieu de dégager une moyenne des recettes annuelles par
catégorie qui pourraient ainsi permettre de dégager une moyenne des revenus mensuels par catégorie
socio-professionnelle.
Les déclarations estimatives des revenus moyens par an, par mois et par catégorie-socioprofessionnelle sont consignées dans le tableau 3 ci-dessous :
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
52
Tableau 3 :Déclarations estimatives des revenus moyens par an, par mois et par catégorie socioprofessionnelle au sein des ménages enquêtés
Taille de
Catégorie socioEffectif
revenu moyen
Revenu moyen par
l’échantillon
professionnelle
déclaré par an/
mois/ménage
ménage
Commerçants
95
1062$
88,5$
Enseignants
35
1020$
85$
350
Agriculteurs
100
840$
70$
Infirmiers
30
780$
65$
Autres
90
600$
50$
ménage
Sans tenir compte des catégories socio-professionnelles, le revenu moyen par an et par
est
estimé
à
71,7$/mois
soit
860,4$
par
an,
1062 1020 840 780 600 : 12 4302 : 12
5
5
358,5
71,7$ / mois 12 860,4$ / an
5
Ce revenu moyen ne s‟écarte pas de celui donné dans le DSRP/N-K (2005, p 32), 74$ en
2001 au Nord-Kivu.
L‟exercice que nous avons réalisé dans le tableau 3 ne signifie pas que le revenu dans les
ménages est fixe, il était question de faire voir ce que les ménages pourraient avoir le mois si le revenu
était stable.
Ayant déjà la photographie des revenus au sein des ménages enquêtés en cité d‟Oïcha,
voyons par la suite si le budget familial existe dans chacun des ménages.
III.3. De l’existence du budget familial au sein des ménages
Le budget est un tableau équilibré qui prévoit les recettes et les dépenses à une période
donnée. Ses principales composantes sont donc les recettes, les dépenses et la période. Au sein des
ménages, ce sont les recettes qui doivent déterminer les dépenses car s‟agissant d‟une petite
organisation. A la question de savoir si le budget familial existe dans les ménages en cité d‟Oïcha, le
tableau 4 ci-dessous nous en dit plus.
Tableau 4 : Existence du budget familial dans les ménages en cité d’Oïcha
Taille de
Existence du budget familial au sein des ménages
l’échantillon
Oui
%
Non
%
350
40
11,5
310
88,5%
Le fait de disposer avant tout de l‟argent liquide puis discuter de son usage et/ou utilisation
n‟a pas été prise en compte partant de la définition même du budget.
La distribution des données en rapport avec les ménages disposant d‟un budget familial se
présente comme suit en tenant compte de la variable niveau d‟étude dans le tableau 5 ci-dessous.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
53
Tableau 5 : Intervention de la variable niveau d’étude dans l’existence du budget familial au sein
des ménages enquêtés en cité d’Oïcha
Ménages
Niveau d‟étude des époux Fréquence % par rapport aux
% par rapport aux
concernés
dans les ménages enquêtés
ménages
effectifs par catégorie
concernés
Deux époux ont un diplôme
13
32,5
13/102 = 12,7
(d‟Etat ou de niveau
supérieur)
Un seul époux a un diplôme
12
30
12/102 = 11,8
(d‟Etat ou de niveau
supérieur)
40
Deux époux n‟ont pas de
8
20
8/121 = 6,6
diplôme mais savent lire et
écrire
Un époux n‟a pas de diplôme
7
17,5
7/121 = 5,8
mais sait lire et écrire
Deux
époux
sont
0
0
0/127 =0
analphabètes
En faisant un recul, nous avons retenu trois catégories des personnes selon le niveau
d‟étude : celles qui ont le diplôme d‟Etat ou d‟études supérieures (102), celles qui n‟ont pas de diplôme
mais savent lire et écrire (121) et enfin les analphabètes (127). Aucun ménage constitué des époux
analphabètes n‟a un budget en son sein. Ces 40 ménages ayant le budget familial ont été tirés de
223/350 c‟est-à-dire parmi ceux qui ont des diplômes et ceux qui n‟en ont pas mais savent lire et écrire,
donc ont atteint un certain niveau d‟étude. Toutefois, la proportion de 40 sur 223 semble faible, soit
17,9%. Cela signifie que sur les 223 ménages dans lesquels l‟un des époux ou les deux ont un certain
niveau d‟étude, 183 n‟ont pas aussi des budgets au sein de leurs ménages comme ceux des
analphabètes. A ce niveau, il y a lieu de dire que l‟analphabétisme influence faiblement l‟absence du
budget au sein des ménages enquêtés en cité d‟Oïcha.
Le budget familial étant élaboré en fonction des recettes potentielles, quelle est alors la
hauteur des budgets que nous avons rencontré dans les 40 ménages ?
III.3.1. La hauteur du budget rencontré dans les 40 ménages concernés par notre enquête
En principe, le budget doit être équilibré, c‟est-à-dire que les dépenses à effectuer doivent
être égales aux recettes potentielles à mobiliser. La situation du budget que nous avons observé dans les
40 ménages concernés est présentée dans le tableau 6 ci-dessous :
Tableau 6 : La fourchette du budget familial observé ou appliqué dans les 40 ménages sur les 350
enquêtés en cité d’Oïcha
Ménages concernés
Fourchette inférieure et supérieure, des budgets
Fréquence
%
dans les ménages
350$ à 500$ par an
10
25
40
501$ à 1000$ par an
21
52,5
1001$ à 3000$ par an
9
22,5
Au regard des données du tableau 3, il s‟observe que certains budgets sont ambitieux
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
54
(entre 1001$ et 3000$) et d‟autres sont sous-estimés (entre 350$ et 500$). Pour le 1er cas, les concernés
ont indiqué qu‟en dehors des recettes ordinairement connues, le facteur chance n‟est pas à oublier. Par
contre, pour le 2e cas, un petit budget encourage les exécutants à sa matérialisation car étant plus réaliste
et donc possible. Les catégories socio-professionnelles concernées par le budget familial entre 1001$ et
3000$ comprennent avant tout les commerçants, quelques enseignants et agriculteurs. Par contre, parmi
les ménages qui ont un petit budget, considérer certains agriculteurs, les infirmiers et d‟autres sous sousgroupes inclus dans la catégorie autres notamment les artisans.
III.3.2. de l’élaboration du budget familial au sein des ménages
Avant d‟analyser le suivi budgétaire au sin des ménages, il convient d‟abord de connaître
ceux qui élaborent le budget familial tel qu‟il est indiqué dans le tableau 7 ci-après.
Tableau 7 : Membre de famille impliqué dans l’élaboration du budget familial
Ménages
Membre de famille impliqué dans l’élaboration du budget
concernés
familial
La mère de la famille
40
Le père de la famille
L‟homme et la femme
Père, mère et enfants
Fréquence %
15
12
07
06
37,5
30
17,5
15
Dans les 40 ménages qui ont un budget familial, 37,5% sont élaborés par les mères de
famille suivis successivement de ceux élaborés par le père, les deux parents et enfin ceux qui ont été
élaborés par tous les membres de la famille. Dans certaines familles, les enfants sont associés à cet
exercice. Il s‟agit des enfants en âge de majorité, sans discrimination de sexe.
Après avoir élaboré le budget familial, vient ensuite la phase de l‟exécution qui nécessite un bon exercice
de suivi.
III.4. Le suivi budgétaire au sein des ménages en contrée d’Oïcha
Le suivi budgétaire n‟est pas un exercice facile. Pour y arriver, il y a une série d‟outils qu‟on
doit utiliser pour plus d‟efficacité. Il s‟agit notamment du carnet des comptes journaliers et du cahier des
comptes mensuels.
A ce niveau, nous voulons examiner la façon dont les familles font le suivi budgétaire une
fois en exécution. A ce sujet, nos enquêtés ont révélé ce qui suit dans le tableau 8 ci-dessous.
Tableau 8 : Tenue des comptes dans l’exercice budgétaire au sein des ménages
Ménages concernés
Outils utilisés
Fréquence
Carnet des comptes journaliers
5
40
Cahier des comptes mensuels
8
Les deux à la fois
1
Autres manières de tenue des comptes
26
%
12,5
20
2,5
65,1
Sur 40 ménages ayant un budget familial, 1 seul détient les deux outils suivi de 5 autres qui
détiennent le carnet des comptes journaliers, 8 ménages détenant seulement le cahier de comptes
mensuels et enfin, 26 ménages qui enregistrent comme ils l‟attendent leurs opérations ne sachant pas
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
55
l‟identité de ce qu‟ils utilisent comme outils. Certains de ces 26 ménages retiennent mentalement avec
risque d‟oublier certaines dépenses au fil du temps.
Par contre, sur les 6 ménages détenant le carnet des comptes journaliers, 4 soit 66,7%
n‟enregistrent pas les petites dépenses de 50 Fc, 100Fc voir 500Fc pourtant nombreuses dans l‟institution
familiale avec risque de biaiser la comptabilité à la clôture de l‟exercice budgétaire. Sur ces 6 ménages, 3
soit 50% ont des carnets des comptes journaliers qui sont à jour pendant que les 50% autres ne les sont
pas, avec la grande probabilité d‟omettre certaines dépenses le moment où l‟on veut compléter le
document.
Notons que c‟est la grande majorité de la population d‟Oïcha qui n‟a pas un budget familial
défini au sein du ménage. Cette situation est aussi confirmée par nos observations transversales.
III.5. Les facteurs explicatifs de l’inexistence du budget familial au sein des ménages en cité
d’Oïcha
Le fait que plusieurs ménages en cité d‟Oïcha ne disposent pas d‟un budget au sein de
l‟institution familiale n‟est pas un fait du hasard. Le tableau 9 ci-dessous présente les facteurs/ causes de
l‟inexistence du budget familial au sein des ménages en cité d‟Oïcha.
Tableau 9 : Les facteurs explicatifs de l’inexistence du budget familial au sein des ménages en cité
d’Oïcha
Ménages
Facteurs explicatifs
Fréquence %
concernés
Instabilité du revenu familial
140
45,2
310
Ignorance et faible connaissance de l‟importance du budget 115
37
familial par les ménages
Les salaires et/ou revenus sont maigres
76
24,5
L‟élaboration et le suivi du budget considérés comme casse- 75
24,2
tête
L‟analphabétisme
72
23,2
La plupart de nos enquêtés n‟ont pas de revenu stable ou fixe surtout les catégories socioprofessionnelles non salariées comme les commerçants, les agriculteurs et bien d‟autres. L‟instabilité de
revenu se justifie chez les agriculteurs par la variabilité des recettes qui sont saisonnières, pour les
commerçants ainsi que d‟autres catégories socio-professionnelle non salariées pour lesquelles les
revenus sont ponctuels (qui dépendent selon que les affaires ont marché ou que les produits n‟ont pas été
écoulés normalement).
D‟autres ont évoqué la maigreur des revenus, cela semble non réel car malgré cette
maigreur, les ménages sont en train de dépenser. Il vaut mieux prévoir les dépenses que de répondre aux
besoins apparents une fois l‟argent en main.
Pour la majorité, la notion du budget familial est une nouveauté, nouvelle donne ; son
importance est donc ignorée soit faiblement connue, ce qui constitue un véritable problème au sein des
ménages. S‟agissant de l‟analphabétisme, le tableau 5 nous a fourni des explications suffisantes à ce
sujet. Par contre, pour d‟autres ménages, tout en n‟étant même pas analphabètes, ils estiment que
l‟établissement et l‟exécution du budget est un exercice casse-tête qui nécessite une attention particulière
à la tenue de comptes lesquels finalement ne servent en rien. Selon ces derniers, les dépenses au foyer
sont fonction des moyens rares disponibles et des besoins à satisfaire. Pour les personnes opportunistes
surtout les mamans, le budget familial est une mauvaise affaire.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
56
III.6. Les avantages de l’existence du budget familial
Le tableau 10 suivant décrit les observations des populations vis-à-vis de l‟avantage qu‟un ménage peut
tirer si le budget familial est clairement défini.
Tableau 10 : Avantages de la budgétisation au sein des ménages en cité d’Oïcha
Ménages
Avantages liés au budget familial
Fréquence %
concernés
La bonne gestion financière du ménage
192
81,7
La bonne planification financière en tenant compte des recettes
183
77,8
et des dépenses
235
La confrontation des réalisations aux prévisions en vue des
150
63,8
éventuelles corrections
L‟existence d‟un garde-fou pour ne pas faire le gaspillage
88
37,4
La hiérarchisation des besoins et implication du dialogue au
76
32,3
sein du ménage
Au lieu de 350 ménages, 235 seulement ont été concernés par cette question considérant
que les 115 ménages ont confirmé dans le tableau 9 qu‟ils ignoraient l‟importance du budget familial.
Parmi les 235 ménages, 40 seulement ont le budget. Les 195 ménages tout en ayant pas le budget
familial mais reconnaissent l‟importance de celui-ci.
DISCUSSION DES RESULTATS
Au regard des données ci-haut présentées, il y a lieu d‟en tirer certaines leçons
constructives. Selon Barbier (2006), le budget familial est très important au sein des ménages car il
permet une meilleure utilisation de ses moyens rares (argent). C‟est donc ainsi que, les 40 ménages soit
11,5% d‟enquêtés ayant un budget familial ont appuyé cette idée en énumérant plusieurs avantages du
budget familial (cfr tableau 10).
Ces données prouvent que chaque ménage aurait en son sein un budget familial pour une
gestion rationnelle de ses ressources financières.
Bien que la banque mondiale a démontré que près de la moitié de la population mondiale,
soit 2,8 milliards des personnes disposent de moins de 2$ par jour (BANQUE MONDIALE, 2004), pour le
DSRP/Nord-Kivu, le revenu moyen par habitant qui était de 74$ par an en 2001 au Nord-Kivu.
Considérant aussi le résultat du tableau 3, la situation financière des ménages en cité d‟Oïcha n‟est pas
fameux, elle traduit la pauvreté. Avec cette pauvreté, chaque ménage devrait se faire l‟idée de bien gérer
ses ressources financières. Selon Langel(1988), gérer une organisation n‟est pas seulement la créer mais
aussi lui donner tout ce dont elle a besoin, c‟est-à-dire la doter de tous les éléments utiles pour son bon
fonctionnement. La famille étant une organisation de base, elle devrait être bien gérée car après avoir été
créée par l‟homme et la femme, le besoin de son bon fonctionnement se crée.
Malgré toutes, ces argumentations, en cité d‟Oïcha, 88,5% des ménages enquêtés n‟ont
pas de budget familial, ils sont considérés comme un navire sans gouvernail. Cette situation n‟est pas un
résultat du hasard, certains facteurs ont été évoqués, notamment :
L‟instabilité du revenu familial : comme nous l‟avons dit précédemment, les catégories non
salariées ont un revenu qui n‟est pas fixe. En plus, la cité d‟Oïcha est un milieu à vocation
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
57
agricole, l‟agriculture est un secteur qui encadre bon nombre de la population. Bien que dans les
années 70, l‟agriculture ait été considérée comme le cheval de bataille du Gouvernement
Congolais, à travers le slogan « priorité des priorités » (Beekmans, 1986) ; jusqu‟à nos jours, elle
est loin de répondre aux besoins des ménages qui ne font que cette activité. A ce sujet,
Debourse (2006) stipule que « l‟agriculture et les élevages des pays en voie de développement
assurent parfois difficilement les besoins alimentaires normaux de la population, surtout en
périodes d‟intempéries ou de soudure entre les époques de récoltes vivrières et aux saisons de
rareté des pâturages nécessaires à la prospérité du bétail ». Nous comprenons que le revenu de
l‟agriculteur n‟est pas stable, il est plutôt saisonnier, ce qui justifie l‟absence du budget familial
pour les uns. Ont-ils raison ? nous pensons que non, car les moments sans production sont
compensés par ceux de l‟abondance. Et avec l‟élaboration et l‟existence d‟un budget familial, il y
aurait lieu de constituer des épargnes de manière à le repartir ou à les étaler tout au long de
l‟année dans l‟exercice d‟un budget familial. La situation des agriculteurs affecte les autres
catégories socio-professionnelles non salariées comme les commerçants et les artisans. Faut-il
s‟orienter dans d‟autres secteurs de la vie ? Goffau (1985) répond à cette préoccupation en
disant ce qui suit : « il est d‟ailleurs prouvé que l‟agriculture joue plus que jamais un rôle
important dans la survie de la population qu‟aucune activité ne saurait remplir intégralement ».
Même pour les autres catégories non salariées, les recettes sont ponctuelles.
L‟analphabétisme de deux époux : bien que le niveau d‟étude soit un facteur explicatif de la faible
ou de la non existence du budget familial au sein des ménages enquêtés, il faut cependant
retenir qu‟aucun ménage d‟analphabètes n‟a réussi à se doter d‟un budget familial.
Pour ce qui est de la maigreur de revenu, aucun ménage ne s‟est abstenu à dépenser par ce
qu‟il est pauvre, petites soient-elles, les dépenses du ménage doivent être prévues
proportionnellement aux potentielles des dépenses à engager.
Avant de boucler cette discussion, il nous parait important de faire mention de ceux qui
élaborent le budget familial en cité d‟Oïcha. En principe, le budget familial doit être élaboré par le père et
la mère (Barbier, 2006). Et pourtant dans la pratique, il ressort qu‟en cité d‟Oïcha, le budget familial est
élaboré à 37,5% par seulement la mère, 30% par seulement le père, 17,5% par les deux époux, et 15%
par les deux conjoints plus les enfants en âge de majorité.
Bien que le principe confie la responsabilité aux deux époux d‟élaborer le budget, le fait d‟associer les
enfants en âge de majorité aux fins de les initier à cet exercice et de les associer à la gestion de la « res
familia », nous ne voyons aucun mal en cela. Mais le fait que ce soit l‟homme seul soit que la femme
élabore seule le budget familial, c‟est un mauvais signe indiquant l‟absence de cohésion entre époux, ce
qui est déjà un problème, voire un handicap pour la bonne réussite de la gestion du budget familial au
sien des ménages.
IV.
CONCLUSION
L‟absence du budget familial au sein de 88,5% des ménages en cité d‟Oïcha amène ces
derniers à dépenser irrationnellement les ressources financières qui sont rares face aux besoins multiples
et illimités et surtout de se considérer comme des parents pauvres ou dépourvus des moyens rares car
non consignés dans un budget familial.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
KAVIRA K. et al. : La précarité du budget familial dans les ménages
58
Aux fins de promouvoir une gestion rationnelle du revenu familial au sein des ménages, non
seulement de la cité d‟Oïcha mais aussi à tous les autres ménages de différents milieux de la RD Congo,
cet exercice est un appel à tous de fournir un effort de se doter d‟un budget familial clairement établi quel
que soit la maigreur du revenu aux fins d‟éviter d‟être pris au piège de plusieurs problèmes dans la
gestion quotidienne de la famille alors qu‟il y‟avait moyen de les éviter dans le cas où le budget familial
aurait pu être élaboré au préalable.
BIBLIOGRAPHIE
1. BANQUE MONDIALE, Autonomisation et lutte contre la pauvreté, éd. Saint-Martin, Washington D.C,
2004.
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3. BEEKMANS.R, Colloque sur les possibilités et les limites de la participation des habitants au
développement rural, Kinshasa, 1986.
4. DSCRP, Document de stratégie de réduction de la pauvreté, Goma, 2005.
5. DARBELET.M, & Lauginie. J.M, Economie des entreprises, éd. Foucher, Paris 1996.
6. DEBOURSE.R, Economie de développement et notions de l‟économie politique, éd. CRP, Kinshasa,
2006.
7. DOUGLAS MAC.G, Leadership et motivation, entreprise moderne, Paris, 1975.
8. GOFFAU.J, Le problème de sous développement, quête de chemin et voie de la lucidité, éd. CRF,
Kinshasa, 1985.
9. LANGEL.M, Organisation des entreprises et administration du personnel, éd. Nathan, Paris, 1988.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 45/2014
COBOHWA N.et al. :La mortalité infantile par la rougeole à Lwiro
59
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 59-66
ETUDE DIFFERENTIELLE DE LA MORTALITE DES ENFANTS HOSPITALISES A L’ HOPITAL
PEDIATRIQUE DE LWIRO PENDANT L’EPIDEMIE DE ROUGEOLE DE 2007
COBOHWA N* MALENGERA K. *, MITANGALA P.****5, NTUMWA N.**6, NKULWE C.*, MAMBO
B.*,MULUMEODERHWA K.* et BISIMWA B.*,***7
RESUME: Cette étude a pour objet de déterminer l‟état vaccinal contre la rougeole des enfants de 0 à 15 ans internés à
l‟Hôpital Pédiatrique de Lwiro en 2007 et de vérifier si la mortalité due à la rougeole est plus importante par rapport aux
autres maladies infantiles. Cette étude rétrospectivea été conduite sur 831 enfants malades durant la période de
l‟épidémie de la rougeole. Les enfants complètement vaccinés représentaient un taux de 63,2%, ceux avec mauvais statut
vaccinal 23,5%, les sortis guéris 68,2% contre 8,4% des décès ;les décédés liés àla septicémie avaient dominé soit 28,6%,
suivi de la rougeole soit 20%. La tranche d‟âge de 0-5ans était la plus concernée. La couverture vaccinale contre la
rougeole est encore très basse 63,2% chez les enquêtés par rapport à la norme de l‟OMS qui demande d‟atteindre une
couverture de 95% de VAR. Elle montre encore que les enfants de moins de 5ans courent 24 fois plus de risque d‟attraper
la rougeole que ceux d‟âge supérieur à 5ans (p <0.05), et le statut vaccinal est influencé par l‟âge (p <0.05), tandis que les
décès et les transferts ne sont pas associés à leurs âge (p>0,05).
MOTS CLES:Rougeole, Calendrier Vaccinal, Zone de Santé, Miti-Murhesa,
ABSTRACT: This study aims is to determine the statement of measles vaccine of children aged from 0 to 15 years old, it
also intends to check if the mortality caused log measles was more important than other diseases. These children were
hospitalized at the pediatric hospital of Lwiro during the year 2007. This study is retrospective focuses on 831 children
during the measles epidemic. A semi- structured questionnaire conducted the data collection. The results show that the
children completely vaccinated represent a rate of 63.2%, the children with a bad vaccinal status 23.5%, those who were
discharged once healed represent 68.2% whereas the deaths represent 8.4%. From the deceased ones, septicemia was on
top with 28.6% followed with measles either 20%. Children under five years old were most concerned. The measles
vaccine coverage is still low 63.2% children concern during the measles epidemic compared to the WHO norm which
requires 95% of measles vaccine.It choose again that children under five years are 24 installments at risk to develop
measles than those with age higher than 5 years old (p<0.05), the vaccinalstatut is influencing by age (p<0.05), the death
and the transferred children are not associate by children age (p>0.05).
KEY- WORDS:Measles, VaccinalCalendar, Miti-Murhesa, Health Area, Democratic Republic of Congo.
I. INTRODUCTION
La rougeole demeure l‟un des grands fléaux du monde, occasionnant 30 à 40 millions de cas
(OMS- UNICEF en 2001).Elle est responsable de 1,7 million de décès chaque année et pourtant la
vaccination permettrait de les éviter (Guide de vaccination). Cette maladie à crée des ravages dans les
régions de l‟Afrique de l‟Est et Australe où elle fait déjà plus de 700 morts (OMS- UNICET 2010). L‟étude
de Chipaux et al, (2006) révèle que 16 pays dont le Bénin, la Burkina Faso, la RD Congo, le Togo, la Côte
d‟Ivoire, la Guinée, la Mauritanie, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigéria, la République Centrafricaine, le
Sénégal, la Sierra Leone, le Tchad et Cameroun ont développé des épidémies de la rougeoles et c‟est la
RD Congo qui a eu un taux élevé de 2,5 % de mortalité.
Selon l‟enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes en RD Congo (MICS2,
*Département de Nutrition, CRSN-Lwiro
**Institut des Techniques Médicales /Kabare
***Ecole Régionale de Santé Publique de Bukavu
****Département de Bio-statistique, Ecole de Santé Publique, Université Libre de Bruxelles
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
COBOHWA N.et al. :La mortalité infantile par la rougeole à Lwiro
60
2001), la couverture vaccinale de VAR (Vaccin Anti Rougeoleux) reste basse. Elle est de 46%dans ce
pays, près d‟un enfant sur 4 est complètement vacciné et un enfant sur 5 n‟a reçu aucun vaccin.
La même source nous renseigne qu‟au Sud- Kivu la couverture vaccinale en 2001 a été aussi faible celle
de 29,9%. Dans la Zone de Santé de Miti–Murhesales couvertures vaccinales de VAR depuis 2007
jusqu‟en 2012 sont répétitivement : 113% pour l‟année 2007, 105.7% pour l‟année 2008, 110.2% pour
l‟année 2009, 95% pour l‟année 2010, 95% pour l‟année 2011, 90%pour l‟année 2012.Malgré ces taux de
couverture de VAR dépassant 100% , dans toutes les Aires de Santé de la Zone de Santé Rural de MITIMURHESA, il s‟est vu une épidémie de rougeole en 2007 qui constitue l‟Objet de cette étude et une autre
épidémie s‟est produite en 2011 dans l‟axe Murhesa, Kalwa et Cifuma (Rapports annuels Zone de Santé
Miti-Murhesa, 2007 - 2012).
L‟OMS considère comme une priorité l‟éradication de la rougeole dans ces Objectifs du
Millénaire pour le Développementet la couverture vaccinale joue un rôle essentiel. (OMS 2005-2010).
Plusieurs études ont eu lieu à Lwiro à travers le Département de Nutrition sur la malnutrition et les
maladies connexes. Cependant aucune étude sur la rougeole n‟a été faite dans la Zone de Santé raison
pour laquelle elle est indispensable et elle a comme objectifs de connaître l‟état vaccinal de la rougeole
durant la période d‟épidémie du 2007 des enfants hospitalisés à l‟hôpital de Lwiro ; d‟observer si la
mortalité spécifique à la rougeole est importante par rapport aux autres maladies et de savoir les profils
(origine, tranche d‟âge, sexe) de ces enfants . Ainsi on pouvait se poser des questions de savoir quelle est
l‟ampleur de la rougeole durant cette période? Quel est l‟état de sorti des enfants hospitalisés durant cette
période?etpour les décès quel est leur motif chez ces enfants?
II.MATERIEL ET METHODE
2.1. Description du milieu d’étude
L‟étude s‟est effectuée à L‟Hôpital Pédiatrique du Centre de Recherche en Sciences Naturelles
(CRSN) de Lwiro, appartenant à l‟Aire de Santé de Lwiro et faisant partie de la Zone de Santé MitiMurhesa. L‟hôpital de Lwiro a une capacité d‟accueil de 70 lits.
Il a une spécificité de la prise en chargemédicale et psychologiquedes enfants avec une
malnutrition aigue sévère et compliquée. A part la malnutrition les enfants, d‟autres pathologies
(paludisme, méningite, septicémie, rougeole, pneumopathie et autres) sont aussi prise en charge. Quant
aux ressources humainesqui y prestent l‟on compte trois Médecin généraliste, treize infirmiers, six
surveillantes des phases, trois huissiers, une sentinelle et deux jardiniers (Rapport Hôpital de Lwiro
2007). Un personnel qualifié constitué des médecins, des infirmiers est au service de cet Hôpital pour
assurer le suivi des enfants hospitalisés.
2.2. Méthode
Cette étude est rétrospective conduite sur une population de 831 enfants (447 de sexe masculin
et 384 de sexe féminin) de 0-15 ans hospitalisés à l‟Hôpital pédiatrique de Lwiro durant la période de
l‟épidémie qui a pris une durée de 8 mois de (Janvier 2007 en Août 2007). Nous avons pris tous les
enfants hospitalisés sans tenir compte des critères de sélection sauf les intervalles d‟âge (0-5ans, 6 –
10ans, 11 – 15ans).
Cette épidémie nous a intéressés car elle s‟est retrouvée répandue sur toute l‟étendue de la Zone
de Santé de Miti-Murhesa et a pris une durée de huit mois par rapport à l‟épidémie de rougeole de 2011
qui s‟est vue uniquement dans l‟axe Murhesa pendant une durée de deux mois. Notre population d‟étude
était repartie en axeselon la subdivision de la Zone de Santé.
L‟axe Lwiro comprend les Aires de Santé de Lwiro, de Kahungu et de Buhandahanda ; l‟axe Kavumu
comprend les Aires de Santé de Kavumu, M‟bayo, Mulungu, Kashusha et Mushunguri ; l‟axe Bushumba
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
COBOHWA N.et al. :La mortalité infantile par la rougeole à Lwiro
61
comprend les Aires de Santé de Bushumba, Itara et Muganzo et l‟axe Murhesa comprend les Aires de
Santé de Murhesa, Kalwa ; Cifuma et de Kajeje. En plus de ces axes, il y a des enfants qui sont venus en
hors Zone de Santé.Un questionnaire semi-structuré sur le statut vaccinal des enfants hospitalisés, les
enfants admis avec rougeole ou non, l‟état de sorties des enfants moins les évadés,les enfants décédés
et le motif de décès a été mis à la disposition des 4 enquêteurs pour la récolte des données dans les
dossiers des malades.
Ces enquêteurs ont été formés d‟abord sur les paramètres à inclure dans la récolte des données
et l‟encodage. Un échantillonnage exhaustif a été réalisé sur tous les dossiers des enfants hospitalisé
durant la période de l‟épidémie soit 831 dossiers. Pour les enfants dont on n‟a pas su leurétatvaccinal,
nous ne les avons pas intégrés dans les analyses concernant le statut vaccinal mais nous les avons
intégré dans la survenue de la rougeole. La saisie et l‟analyse des données étaient faites grâce aux
logiciels Access et EPI INFO version 3.5.1. Le niveau de signification considère était de p < 0.05 et l‟Odds
ratio supérieur à 1 ainsi que Intervalle de confiance autours d‟odds ratio n‟a pas contenu la valeur 1.Pour
cette étude les enfants qui sont venus de l‟axe Lwiro sont au nombre de 286, venus de l‟axe Kavumu sont
au nombre de 202, venus de l‟axe Bushumba sont au nombre de 86, venus de l‟axe Murhesa sont au
nombre de 162 et venus en hors Zone sont au nombre de 94.
III. RESULTATS ET DISCUSSION
Statut vaccinal par rapport à la tranche d‟âge des enquêtés. Le Statut vaccinal par rapport à la
tranche d‟âge des enquêtés à l‟hôpital Pédiatrique de Lwiro sont présenté dans le tableau 1.
Tableau I :Statut vaccinal par rapport à la tranche d’âge des enquêtés
Statut vaccinal n=823
0 - 5ans
6 – 10ans
11- 15ans
effectif
%
effectif
%
effectif
%
Total
effectif
%
Complètement vacciné
378
72.6
127
24.4
16
3.1
521
100
Vaccination en cours
110
100
0
0
0
0
110
100
Statut vaccinal mal suivi
83
89.2
9
9.7
1
1.1
93
100
Jamais vacciné
87
87.9
12
12.1
0
0
99
100
Total
658
80.0
148
18.0
17
2.1
823
100
Ce tableau montre que les enfants complètement vaccinés représentent un effectif de 521 soient
un taux de 63, 3%, dont le ¾ se retrouve dans la tranche d‟âge de 0–5 ans, les enfants avec mauvais
statut vaccinal (statut vaccinal mal suivi et jamais vacciné) représentent un effectif de 192 soient un taux
de 23,3% et les enfant dont leur calendrier vaccinal est en cours sont au nombre de 110 soient un taux de
13.3%.
Cette étude montre que l‟épidémie de la rougeole est liée au non respect de calendrier vaccinale (enfants
complètement vaccinés 63,3% enfants avec mauvais statut vaccinal 23,3%, enfants avec vaccination en
cours 13,4%) l‟étude conduite au Cameroun a montrée aussi que l‟insuffisance de couverture vaccinale
était l‟unique raison de l‟épidémie de la rougeole qui a eu lieu au Cameroun en 2008-2009 (Luquero et al.,
2011).
Les études d‟OMS ont prouvé que pour diminuer cette incidence on peut encore faire la
supplémentassions de l‟immunisation à la rougeole comme on a fait en 2005 dans la Zone de Santé de
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
COBOHWA N.et al. :La mortalité infantile par la rougeole à Lwiro
62
Miti-Murhesa, cette campagne a donné des bons résultats à Sierra-Léone dans les régions où on a fait
cette campagne.
Cette mesure se fait toute les deux ou 4 ans et complète la vaccination de routine. Notons qu‟une
étude menée par Luquero et al., en 2011 a montré que plus le taux de la couverture vaccinale était élevé
plus les cas de la rougeole diminuaient lors de l‟épidémie de rougeole de 2008-2009 au Cameroun. Pour
les enfants suivi à l‟Hôpital de Lwiro, ceux complètement vaccinés sont de 63,3% ce chiffre n‟est pas très
différent de la couverture vaccinale du VAR des provinces de la RDCongo, Kinshasa 75,8% Bas Congo
66,2%, Bandundu 62,3%,Equateur 27,8%, Province Orientale 38,0%, Nord- Kivu 53,7%, Sud- Kivu 29,9%,
Maniema 15,9%, Katanga 39,2% Kasaï oriental 52,1% et Kasaï Occidental 36,9% MICS2 (2001) ; le
MICS – RDC (2010) a montré que seulement 67.0% des enfants de 12-23 mois étaient vaccinés contre la
rougeole.
En Sierra-Léone, parmi les 473 cas qui étaient informés sur leur statut vaccinal, 222 (47%) n‟étaient pas
vaccinés et 53% étaient complètement vacciné. Au Bamako une étude menée par Sory en 2008 sur
l‟évaluation de la couverture vaccinale du PEV des enfants de 11 à 23 mois la couverture vaccinale au
VAR était estimé à 68,8% et au Cameroun elle était de 74.1% en 2011 par Luquero. Ces derniers résultats
sont proches. Une autre étude menée par Biron en 2010 au CHU de Nantes a montré que le statut
vaccinal était inconnu pour 31% des cas hospitalisés pour Rougeole. Lise Gout en 2013 dans son étude
a trouvé au Katanga que lors d‟une épidémie de rougeole les enfants de moins de 4ans sont plus
concernés par la rougeole et que les cas diminuaient avec l‟âge.
a)
Les enfants avec rougeole par rapport à la tranche d’âge.
Les enfants avec rougeole hospitalisés à l‟hôpital Pédiatrique de Lwiro par rapport à la tranche
d‟âge durant la période de l‟épidémie sont présentés dans le tableau 2.
Tableau 2. Les enfants avec rougeole hospitalisés à l’hôpital Pédiatrique de Lwiro par rapport à la
tranche d’âge.
Rougeole n=831
0 - 5ans
6 – 10ans
11- 15ans
Total
Effectif
%
Effectif
%
Effectif
%
Effectif
%
86
98.9
1
1.1
0
0
87
100
Enfants avec rougeole
Enfants sans rougeole
580
78.0
147
19.8
17
2.2
744
100
Total
666
80.2
148
17.8
17
2.0
831
100
De ce tableau il ressort que 87 enfants ont développé la rougeole parmi les 831 enfants
hospitalisés à l‟Hôpital Pédiatrique de Lwiro soit un taux de 10.4%, 98.9% de ces enfants sont dans la
tranche d‟âge de 0 - 5ans.
c)
Etat de sorti des enfants par rapport à la tranche d’âge.
L‟état de sorti des enfants hospitalisés à l‟hôpital Pédiatrique de Lwiro moins les évadés par
rapport à la tranche d‟âge durant la période de l‟épidémie sont présenté dans le tableau 3.
Tableau 3. L‟état de sorti des enfants hospitalisés à l‟hôpital Pédiatrique de Lwiro moins les évadés par
rapport à la tranche d‟âge.
Etat de sorti n= 681
0 - 5ans
6 – 10ans
11- 15ans
Total
Effectif
%
Effectif
%
Effectif
%
Effectif
%
444
78.3
112
19.8
11
1.9
567
100
Guéri
Transféré
40
91.0
2
4.5
2
4.5
44
100
Décédé
55
78.6
14
20.0
1
1.4
70
100
total
539
79.2
128
18.8
14
2.0
681
100
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
COBOHWA N.et al. :La mortalité infantile par la rougeole à Lwiro
63
De ce tableau nous constatons que Le taux de mortalité globale des enfants hospitalisés est de
10.2% (70 enfants) de ce décès la tranche d‟âge de 0-5ans à une proportion de78.6%, les enfants sortis
guéris sont au nombre de 567 soit une proportion de 83.2%, les transférés avec un effectif de 44 soit une
proportion de 6.4%
Ce résultat n‟est pas loin de celui trouvé par Diallo lors d‟une étude sur la Mortalité Infanto-Juvénile à l‟
Institut de Nutrition et de Santé de l‟enfant en 2000 qui a trouvé que le taux de mortalité globale hospitalier
est de 11.42%.
d)
Motifs de décès des enfants par rapport à la tranche d’âge.
Motif de décès des enfants hospitalisés à l‟hôpital Pédiatrique de Lwiro par rapport à la tranche
d‟âge durant la période de l‟épidémie sont présenté dans le tableau 4.
Tableau 4. Motif de décès des enfants hospitalisés à l‟hôpital Pédiatrique de Lwiro par rapport à la
tranche d‟âge.
Motif de décès n= 70
0 - 5ans
6 – 10ans
11- 15ans
Total
Effectif
%
Effectif
%
Effectif
%
Effectif
%
14
70.0
5
25.0
1
5.0
20
100
Septicémie
Rougeole
Paludisme
Méningite
Pneumonie
Gastro-entérite
Autres
Total
13
11
5
4
3
8
57
92.8
100
71.4
80.0
75.0
88.9
81.4
1
0
1
0
1
0
9
7.2
0
14.3
0
25.0
0
12.9
0
0
1
1
0
1
4
0
0
14.3
20.0
0
11.1
5.7
14
11
7
5
4
9
70
100
100
100
100
100
100
100
Ce tableau nous montre que la mortalité causée par la septicémie est au premier rand avec 20
cas soit 28.6%, puis viennent la rougeole avec 14 cas soit 20.0%, le paludisme avec 11 cas soit 15.7%, la
méningite avec 7 cas soit 10.0% et la pneumonie avec 5 cas soit 7.1%.
L‟étude de Chipaux et al (2006) a montré que lors des épidémies de la rougeole en Afrique de l‟Ouest et
du Centre la RDC s‟est retrouvé avec 3.976 cas de rougeole dont 13décès, Burkina Faso 1.258 cas avec
10 décès, la Côte d‟Ivoire 491 cas avec 3décès, Mauritanie 863 cas avec 9 décès, Liberia 1341 cas avec
34 décès, Nigeria 3804 cas avec 26 décès, Tchad 5832 cas avec 79 décès.
e) Relation entre les paramètres analysés
En vue de corréler quelques paramètres de l‟étude et la tranche d‟âge les résultats des analyses
statistiques dans EPI info sont présentés dans le tableau 5 ci-dessous.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
COBOHWA N.et al. :La mortalité infantile par la rougeole à Lwiro
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Tableau 5. Complication de la rougeole et issu, complication de la rougeole et état vaccinal, origine et état vaccinal, niveau d‟étude de la mère et état vaccinal
Paramètre
Statut vaccinal
Jamais vacciné et statut vaccinal mal suivi
0 – 5ans
5 – 15ans
480
143
Complètement vacciné et vaccination en 170
cours
22
Tranche d‟âge
Décédé et transféré
95
Guéri
444
19
129
0 – 5ans
Rougeole
86
Non rougeole
580
5 – 15 ans
1
164
0
- 5 ans
5 - 15 ans
OR
IC
p
Niveau de signification
0.44
0.26 – 0.73
0.0009
S
1.3
0.79 – 240
0.28
NS
24.32
3.64- 473.9
0,000007
S
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
COBOHWA N.et al. :La mortalité infantile par la rougeole à Lwiro
65
Nous constatons que les enfants de moins de 5ans courent 24fois plus de risque d‟attraper la
rougeole que les autres dont l‟âge est supérieur à 5ans (p <0,001), et que le statut vaccinal est influencé
par l‟âge (p <0,001), tandis que les décès et les transferts des enfants hospitalisés à l‟Hôpital Pédiatrique
de Lwiro ne sont pas associés à leurs âge (p>0,05).
CONCLUSION
Si dans la Zone de Santé de Miti-Murhesa on ne respecte pas la recommandation de l‟OMS, celle de faire
des campagnes de suivi tous les deux ou quatre ans pour atteindre au moins 95% de couverture
vaccinale de routine elle peuts‟attendre à plusieurs épisodes d‟épidémie de la rougeole comme l‟épidémie
de rougeole de 2011 qui s‟était vu dans tout l‟axe Murhesa. Ainsi ces chiffres montrent qu‟on peut
s‟attendre à plusieurs épidémies dans ces Aires de Santé.
A travers ces résultats nous recommandons aux relais communautaires, aux prestataires de services de
santé reproductive en CPN et de la santé infantile CPS de multiplier les séances de sensibilisation dans
les ménages ainsi les visites à domiciles en insistant sur l‟importance aux mères de faire vacciner les
enfants contre la rougeole à neuf mois de naissance. Nous suggérons aux décideurs poliques en
matières de Santé Préventive de ne pas focaliser toute leur attention seulement aux campagnes de
vaccination contre la poliomyélite mais de penser aussi aux campagnes de supplémentation contre la
rougeole pour augmenter le taux de couverture du VAR et de rattraper les enfants ayant rater le VAR de
routine.
Des étuds ultérieures sont envisageables pour d‟autres catégories d‟enfants d‟âge supérieurs.
BIBLIOGRAPHIE
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Rougeole au CHU de Nantes au cours de l‟épidémie 2008–2009; médecine et maladies infectieuses
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Géza Harczi, Jean de Dieu Ilunga,Alexandra N‟goran, Francisco J Luquero, Rebecca F Grais, Claudia
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
COBOHWA N.et al. :La mortalité infantile par la rougeole à Lwiro
66
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11. OMS, 2010. L‟élimination de la rougeole et de la rubéole et prévention de la rubéole congénitale. Plan
stratégique pour la région européenne de OMS. 2005-2010 : WWW. Euro.Who.int.
12. Sory .O.,2008. Evaluation de la couverture vaccinale du Programme Elargi de Vaccination des
enfants de 11 à 23mois et les femmes en âge de procréer dans l‟Aire de santé de Fladougou (Kita) en
2006. Thèse doc, Faculté de Médecine de Pharmacie et d‟Odontostomatologie, Université de
Bamako;
95p.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISUSA M. et al. : Inventaire des tiques de chiens à Katana
67
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 67-77
INVENTAIRE DES TIQUES DE CHIENS DANS LES GROUPEMENTS DE BUGORHE ET IRHAMBI
KATANA, SUD-KIVU, REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Bisusa Muhimuzi Alphonse M1, Chishibanji Bisusa Willy2 , Ajabu Bahimana Destin3
RESUME
Une investigation sur les tiques qui parasitent les chiens dans les groupements de Bugorhe et d'Irhambi -katana a été
faite depuis Janvier 2012 jusqu'en Novembre 2012 dans les localités Mulamba, Kashenyi, Kayandja, Lwiro, Cegera,
Cibimbi, Tchahoboka. Cette étude nous permis d'identifier quatre espèces de tiques. Sur 30 chiens de race locale dont 23
femelles et 7 mâles que nous suivions, 2380 tiques ont été récoltées dont Haemaphysalis leachii leachii 99,57%, soit 2370
tiques, suivi d'Ixodesthomasai 6 tiques soit (0, 25%) puis de Rhipicephalus appendiculatus 2 tiques soit (0,126%) et enfin
d'Amblyomma variegatum 1 tique soit (0,084%). Plusieurs cas d'infestation ont été reconnus sur ces chiens suite à ces
ectoparasites ainsi qu'a leur mode d'élevage.
MOTS CLES: Tiques, Chiens, Bugorhe, Irhambi-Katana, RDC
ABSTRACT
From January 2012 to November 2012, an investigation targeting the ticks that parasitize and infest the dogs has been
achieved at Bugorhe and Irhambi-Katana (in the Mulamba, Kashenyi, Kayandja, Lwiro, Cegera, Cibimbi, Tchahoboka.
villages) and permitted to identify four species of ticks. A total of 2380 ticks have been harvested on 30 dogs of local
race, 23 females and 7 males. A very big dominance of the frequency in the harvest permitted us to find: Haemaphysalis
leachii leachii 99,57%, either 2370 ticks, followed of Ixodesthomasai 6 ticks, either (0,25%), of Rhipicephalus
appendiculatus 3 ticks, either (0,126%) and of Amblyomma variegatum 1 tick is finally (0,042%). Several other cases of
infestation so much bound to the dogs that to the pull a face have been recovered.
KEY-WORDS: Ticks, Dogs, Bugorhe, Irhambi-Katana, DRC.
1. INTRODUCTION
Les tiques sont des ectoparasites qui représentent une contrainte majeure au développement de l‟élevage
en Afrique (Ogaden et al. 2003) car étant hématophage obligatoire des vertébrées (Sonenshire 1991). Les
tiques ont un impact sévère sur la santé et les productions animales et de ce fait, leur action directe sur
les animaux parasités à savoir: la spoliation conduisant à l‟affaiblissement lié au prélèvement sanguin (car
une tique femelle pour qu‟elle soit gorgée soutire 2 à 5 ml de sang), les réactions locales aux points de
piqures donnant des inflammations; infection des lésions cutanées, action toxique... et stress. Mais
surtout de leur rôle comme vecteurs de nombreux agents pathogènes (Benchikh-Elfegoun et al.
1
Laboratoire d’Entomologie vétérinaire, Centre de Recherche en Sciences Naturelles, (CRSN/LWIRO),
Tél : 243994261316, [email protected]
2
Institut Supérieur de Techniques de Développement (ISTD) /Mulungu
3
Institut Supérieur de développement Rural (ISDR) /Uvira
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISUSA M. et al. : Inventaire des tiques de chiens à Katana
68
2007).L‟infestation par les tiques peut avoir différents effets pathogènes directs. Il existe plusieurs espèces
de tiques (plus de 800) dont chacune dispose d‟un hôte spécifique. Les principales maladies transmises
par les tiques dans les régions tropicales sont responsables de plus de 68% de mortalité des bêtes dans
plusieurs pays (Norval et al., 1992).Certaines études ont été réalisées dans la région concernant les
tiques des bovins, au sujet de l‟épidémiologie des maladies transmises aux bovins, cela entant qu‟animal
très prisé par l‟homme suite à ses considérations socio-économico-sanitaires (production du lait, de la
bouse, le cuir, son utilisation dans la dot… et dans l‟agriculture). Pour le chien en tant qu‟animal qui a été
domestiqué le premier par homme, son fidèle compagnon, aucune étude n‟a été réalisée à Bugorhe et
Irhambi Katana jusqu‟à présent, du moins faisant trait à la connaissance de cet ectoparasite, qu‟est la
tique. Or le chien est un compagnon de l‟homme vivent dans la même maison, même environnement et
partagent plus d‟activités avec lui (chasse, gardiennage, nage, habitat…).
Au vue du changement d‟habitude et de comportement alimentaire de la population de nos deux
groupements à savoir Bugorhe et Irhambi-Katana, cela depuis déjà 7 ans, en mangeant la viande du
chien. Cette pratique est entrain de prendre de l‟ampleur par suite de mixage de tribus, clans et peuples
venant d‟ailleurs. Dans certains coins où cette pratique est enracinée (Matete, Tchahoboka, Bwengehera
et Chenkuru) et ce sont retrouvés avec des tiques dans leurs habits, fixées à même sur leur peau,
Certains ont manifesté une éruption cutanée, sous forme de gales aussi bien que les infestations par le
Tænia du chiens trouvés chez les enfants et certains adultes (Rapport Entomologie vétérinaire 2013).
Les objectifs du présents travail sont double à savoir: d‟identifier les espèces des tiques qui infestent les
chiens et de connaitre leur distribution à Bugorhe et à Irhambi-Katana en vue d'une qualitative.
2. MATEIEL ET METHODES
2.1. MILEU D‟ETUDE
Les groupements de Bugorhe et Irhambi –Katana et sont situés entre 2° et 3° de latitude sud et entre 28°
20‟ et 29° de longitude Est sur leflanc du massif de Kahuzi-Biega, entre 1470 m et 2200 m d‟altitude et
bénéficient d‟un climat tropical humide comprenant une longue saison de pluie de 9 mois (septembre à
mai) et une courte saison sèche de 3 mois (de juin à août).La température moyenne annuelle varie entre
18 et 20 oc et l‟humidité de l‟air entre 68 et 75 % (Climatologie du CRSN-LWIRO 2012). La végétation est
constituée d‟une savane herbeuse de montagne dominée par les graminées fortement diversifiées et
quelques arbustes, les lieux de pâture des animaux d'élevage (bovins, caprins et ovins) a été dégradé par
suite d'une très grande concentration des habitants et des diverses activités qu'ils exercent (agriculture,
reforestation et construction des habitations et des conséquences qui en découlent(route ;école, église...).
Cette anthropisation a conduit à ce que la végétation actuelle constituée de savane végétation ait
remplacé une autre très primitive qui était constituée de forêt primaire à Albizzia grandibracteata original
(Bisusa et al. 2014). Ainsi l‟espace pâturable est très réduit à cause de la densité élevée de la population
(plus de 350 hab. /Km2) (Balagizi et al., 2013). La population de ce deux groupements vit sur un
prolongement de terroir qui s'étend entre le PNKB et le lac Kivu, y exerçant l'agriculture et la pèche
(Balagizi et al.2013).
L‟élevage du bétail est l‟une des activités de la population dans ces groupements. On y trouve
principalement les bovins, les caprins et les ovins élevés en système extensif, soit en troupeaux purs, soit
mélangés. Certains ménages disposent des chiens de garde, cela pour leur sécurité nocturne. Ces
éleveurs qui disposent des chiens ne les nourrissent pas, mais pendant qu'ils nourrissent les autres
animaux domestiques, ils laissent au chien la latitude de chercher seul à manger, ce qui le conduit à errer.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISUSA M. et al. : Inventaire des tiques de chiens à Katana
69
Les éleveurs utilisent aussi comme compagnons les chiens pour la sécurité de leur troupeaux, aussi bien
que lorsqu‟ils vont paitre leur troupeau très tôt le matin et tard le soir. Ces animaux leurs viennent en aide
dans la lutte contre les voleurs qui attaquent les troupeaux la nuit, pendant que les propriétaires dorment.
Pour cette raison, plusieurs habitants de nos deux groupements, cohabitant avec leurs animaux,
préparent aussi une sorte de nid à l'aide de paille à l‟entrée de la porte de leur maison afin que le chien
qui fait la garde y passe sa nuit.
2.2. Caractérisation des chiens de groupements prospectés.
Dans chaque groupement, nous avons identifié des chiens qui vivent dans les mêmes conditions ;
appartenant à des ménages, donc domestiqués. Sur un effectif de trente chiens qui ont constitué notre
matériel d‟étude, tous élevés dans un système traditionnel, qui ne sont ni soignés ni nourris, mais dont les
propriétaires se contentent uniquement du service fourni : gardiennage et chasse. Durant la durée de
cette étude aucun traitement acaricide n‟a été effectué sur les chiens.Ces chiens avaient un poids moyen
variant entre 12 kg et 29 kg. Tous étant de race locale c.à.d. les chiens indigènes qui vivent dans nos
villages. Les tiques ont été récoltées sur les chiens une fois le mois, entre le 12 et 18 de chaque mois, le
matin entre 6 heures 30 minutes et 8 heures 30 minutes durant 12 mois et cela selon les régions
anatomiques du chien (principalement le cou et le dos).
2.3. Récolte, conservation et identification de tiques.
Nous avons fait une enquête des éleveurs des chiens dans nos deux groupements et des modes de
gardiennage de ces derniers. Seuls les chiens non attachés et nos entretenus par leurs maitres ont fait
l'objet de notre étude. Les tiques ont été prélevées sur ces derniers par simple extraction après contention
de l‟animal. Les tiques ont été introduites dans des flacons étiquetés contenant de l‟éthanol à 70%, portant
la date de récolte, lé nom de la localité, le nom du groupement et le nom du chien et celui du propriétaire.
Les noms des chiens étant commun, nous ajoutions celui du propriétaire cela pour nous permettre
d'éviter la confusion lors de dépouillement des données.
Ces flacons contenaient un milieu de conservation composé de 80% d‟éthanol, 15% d‟eau, 5%de glycérol
et 1% de chloroforme (Walker et al. 2003). Le glycérol permet d‟éviter le dessèchement des tiques
lorsqu‟elles sont examinées à l‟air libre. Le chloroforme attenue la perte de leurs couleurs (Moubamba et
al.2006).
Pour l'identification des tiques, elles ont été placées dans un flacon
Toutes les tiques ont été placées dans un flacon telles que récoltées par chien et par groupement. Ainsi
dans chaque flacon on ajoutait du formol 4% pour les tuer. L‟identification des tiques a été réalisée au
laboratoire d‟Entomologie Vétérinaire du CRSN-LWIRO à l‟aide d‟une loupe binoculaire et selon les
critères morphologiques (Walker et al, 2003). Pour la détermination des spécimens, nous avons utilisé les
clés de Hoogstraal (1956), Rageau (1958), Arthur (1965), Aeschliman et Morel (1965), Elbl et Anastos
(1966). Ces clés sont conformes aux tiques des régions tropicales d‟Afrique. L'identification a été faite
par comparaison morphologique de celles récoltées à celles se trouvant sur la clé et aussi aux spécimens
gardés au laboratoire d‟entomologie vétérinaire du CRSN.
RESULTATS
A. L'inventaire des tiques des chiens dans les groupements de Bugorhe et Irhambi-Katana
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISUSA M. et al. : Inventaire des tiques de chiens à Katana
70
Au sujet de l'inventaire des tiques qui parasitent les chiens a Bugorhe et Irhambi-Katana, les espèces
suivantes ont été récoltées et identifiées (tableau 1).
Tableau 1: Les espèces des tiques récoltées sur les chiens à Bugorhe et Irhambi-Katana.
N° Espèces de tiques
Auteurs
Lieu de récolte d‟abondance
Nombre Remarques
de tiques
1
Haemaphysalis leachii Koch,1884
leachii
Chahoboka, Mulamba
2370
-----------
2
Ixodes thomasae
Koch,1884
Chahoboka
6
N‟avait jamais
été récoltée sur
le chien
3
Rhipicephalus.
appendiculatus
Neumann,1901 Matete,Mulamba,Nyamakana 2
----------
4
Amblyomma
variegatum
Fabricus,1794
Nyamakana
1
N‟avait jamais
été récoltée sur
le chien
5
Haemaphysalis
leachiimushami
Koch 1844
Mulamba
1
-----------
.
Ce tableau prouve a suffisance que la tique Haemaphysalis leachiileachiireste prédominante, tout en
sachant qu'elle est la tique du chien et jadis trouvée sur les serpents et les rats dans les prairies.Pour les
autres espèces,elles sont des parasitent des autres animaux mais restent opportunistes, raison pour
laquelle nous les avons trouvé sur cet hôte qui est le chien.
L‟étude menée sur 253 chiens a prouvé l‟existence de l‟ehrlichnose canine au Gabon, un pays dont nous
faisons partie dans l‟Afrique centrale (Davoust et al, 2006), mais les informations concernant les tiques qui
peuvent transmettre cette pathologie aux chiens à Libreville et au reste du pays sont insuffisantes et
inconnues.
a.Haemaphysalis leachiileachii. Koch, 1844
99 ,24% de tiques identifiées appartenaient à l‟espèce Haemaphysalis leachiileachii (cfr figure 1). Cet
acarien est l‟un de plus reconnu dans le milieu et plus couramment trouvé sur les chiens. Sa charge à
tique pour ce qui est de notre milieu d‟étude est de 79 tiques par chien. En ce qui concerne l‟espace de
vie de ces chiens tous vivent dans les maisons d‟habitation et à leur alentours. Ils sont ainsi soumis à une
liberté totale, leur permettant de faire des ravages la nuit en dehors de leur milieu de vie. Ces chiens
parcourent des longues distances, allant vers les fermes, dans des marchés ainsi que vers les
abattoirs.Or pour la plupart ces chiens sont élevés pour faire la garde et la chasse ; ou les deux à la fois.
b. Haemaphysalis leachiimushami, Koch, 1844
0,25% de tiques identifiées appartiennent à cette espèce. Cet arthropode a été récolté sur 20% de chiens
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISUSA M. et al. : Inventaire des tiques de chiens à Katana
71
de notre étude. Les chiens infestés sont ceux faisant la chasse et la garde au même moment. Ce sont
des chiens vagabonds et errants.
c.Rhipicephalus appendiculatus, Neumann, 1901
0,126% de tiques ont été identifiées pour cette espèce. Cette espèce de tique est accrue à Mulamba,
Matete, car à certains endroits nous y trouvons des élevages de bovins. Dans une étude de la distribution
des tiques dans les prairies naturelles cette tique été trouvée sur les fourrages à 87%, suivie de
Boophilusdecoloratus avec 52%. Aucune trace d‟Amblyomma variegatum n‟a été trouvée
d. Ixodes thomasae, Koch, 1844
Cette tique avait encore été récoltée sur les prairies des localités de groupement de Katana et ses
environs. Actuellement, elle a été trouvée sur les chiens qui sont domestiqués, partageant le même milieu
de vie avec leur maître aussi bien qu‟avec d‟autres animaux, tels les vaches, les chats, le cobaye, poules.
Cette espèce de tique a été récoltée sur un chien poilu de sexe male dans le village de Tchahoboka, du
groupement d‟Irhambi- Katana.
e. Amblyomma variegatum, Fabricius, 1794
Cette tique est très fréquente dans deux localités à savoir Nyamakana et Mulamba. Elle se retrouve plus
chez les bovins. Comme ces tiques se retrouvent sur les bovins des prairies, les chiens qui accompagnent
les vaches reviennent avec ces tiques sur leur pelage. Ces tiques avaient été récolté sur les humains,
comme cela été le cas au Soudan. Amblyomma variegatum est l‟une des espèces des tiques qui causent
plus de dégâts aux mammifères d‟Afrique tropicale. Elle entraine des pertes directes importantes,
notamment des blessures pouvant entrainer la destruction d‟un ou de plusieurs quartiers de la mamelle du
fait de la taille de rostre et sa propension à fixer en amas, sous l‟action des phénomènes produites par les
males après 4-5 jours d‟engorgement, dans certaines zones de prédilection (mamelle, aine, aisselle
entraine aussi la réduction de la croissance chez les veaux et la diminution de la production laitière.). Elle
transmet d‟autre part la Cowdriose, maladies cutanée chronique meurtrière pour certaines catégories des
ruminants pouvant entraîner la mort des bovins par épuisement.
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BISUSA M. et al. : Inventaire des tiques de chiens à Katana
72
Tableau 2:Détermination de charge à tique par chien et par espèce de tiques
Espèces des tiques
Etat de
la tique
Haemaphysalis
leachiileachii
mâle
392
FG
FNG
Haemaphysalis
mâle
leachiileachiimushami
Rhipicephalus
appendiculatus
Ixodes thomasae
Amblyomma
variegatum
Nombre de
tiques
% de tique
sexe et
âge.
16,59
Charge à
tique par
chien
13
%
% par
espèces
3,31
99,24
151
6,3
5
3,31
1819
70
60,63
42,3
12,5
0,03
0,10
1
Total
espèces
2362
8
FG
5
62,5
0,16
0,5
FNG
2
0,25
0 ,066
0,2
mâle
0
0
0
0
FG
1
50
0,03
0,10
FNG
1
50
0,03
0,10
mâle
FG
0
1
0
16,6
0
0,33
0
0,1
FG
4
66,6
0,13
0 ,4
mâle
0
0
0
0
FG
0
0
0
0
100
3,3
Nymphe 1
23
6
1
0,81
0,20
0,51
0,010
Légende: FG=Femelles gorgées
FNG= Femelles non gorgées
B).La distribution des tiques des chiens
Il convient de retenir que ces espèces de tiques ont été trouvées sur les chiens au cours de toute
l'année.Toutefois les chiens gardés dans les centres de Katana, et de Lwiro n'ont pas affiché les mêmes
résultats.Pour ceux de deux centres mais qui sont bien suivis et gardés à la chaine,les tiques n'ont pas été
trouvées sur leur corps, et s'il y en avait,elles été trouvable entre les jours de lavages ou d'aspersion du
produit acaricides , voilà pourquoi ils n'ont pas fait l'objet de notre étude.
Il ressort de ce tableau que la charge à tique de nos deux groupements est de 13 tiques par chiens.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISUSA M. et al. : Inventaire des tiques de chiens à Katana
73
DISCUSSION
Les chiens de Bugorhe et Irhambi Katana sont infestés par cinq espèces de tiques : Haemaphysalis
leachiileachii, Haemaphysalis Leachiilmushami, KOCH, 1844, Rhipicephalus appendiculatus, Neumann,
1901, Ixodes thomasae, Koch, 1844, Amblyomma variegatum, Fabricius, 1794. En ce qui concerne le
Haemaphysalis leachii leachii dont la charge a tique est de 13 et le pourcentage de parasite par chien
pour cette espèce de tique est de 98,6%.
Dans des études faite ailleurs (Goldberg M et al., 2002 ), comme en Géorgie du Nord-Ouest, 3,8 tiques
par chiens, cela prouve que la densité est 4,64 plus élevée. Cette différence peut s‟expliquée par plusieurs
raisons dont la façon de garder les chiens, cas de l‟utilisation des chiens pour la chasse, le gardiennage
aussi bien de leur abandon afin qu‟ils se trouvent eux-mêmes à manger. Comme preuve d‟ailleurs aucun
de ces chiens ne vit dans une cage ou à l‟état enchainé. Pour cette raison nous avons trouvé des tiques à
tous les stades sur ces chiens dont les larves ont posé des problèmes d‟identifications.
Fort malheureusement les agriculteurs vivent avec leurs chiens dans les mêmes conditions sans aucunes
mesures sanitaires. Les chiens de Bugorhe et d‟Irhambi Katana ne sont ni vaccinés ni attachés. Pour cela
plusieurs de maladies surviennent dans le milieu sur les chiens, bovins et même les volailles par suite de
pullulation des tiques cas de rickettsioses boutonneuses, surtout plus fréquent dans notre milieu d‟étude
et l‟ehrlichiose. Ces maladies apparaissent souvent chez les chiens très adultes.
La répartition spatiale de Haemaphysalis leachiileachii dans nos deux groupements est inégale. Dans
certaines localités les chiens possèdent cet ectoparasite, alors que dans d‟autres ils n‟en ont pas. Ainsi
pour une seule récolte dans la localité de Cegera nous avons trouvé 132 tiques sur un chien, pour la
localité de Mulamba dans le groupement de Bugorhe, sur autre un chien nous avons récolté 86 tiques.
Mais pour Lwiro et Katana, le nombre de tiques par récolte varie entre 1-10 tiques par chien.
En ce qui concerne les infestations à Amblyomma Variegatum, il est important de mentionner que cette
tique transmet Cowdriaruminatium qui provoque la Cowdriose chez les ruminants et transmet aussi le
Dermaphiluscongolensis agent de la Dermaphilose chez les bovins (Van Custsem et al. 2002). Sur les 30
chiens de notre étude cet acarien a été identifié sur 1 chien, de la localité de Mulamba. Certains des
chiens de cette localité sont utilisés pour la chasse, et peuvent alors avoir été en contact avec les animaux
qui en étaient des hôtes ; cas de petits et grands mammifères, des oiseaux et reptiles. Ces chiens qui
habitent dans une écologie où les bovins sont de fois gardés par eux, et que cette tique reste abondante
dans le milieu parasitant surtout les bovins. Mais il faut noter qu‟Amblyommavariegatum ne vit pas dans
les maisons et va à la recherche de ses hôtes (Walker et al.2003). La présence de cette tique sur le
chiens à fait preuve de la fréquence d‟infestation des chiens avec les bovins que des chiens entre eux.
Cette tique trouvée sur le chien sur la face ventrale avait causée des dégâts en détruisant la partie
cutanée sur laquelle elle était fixée, cela a été fonction de la profondeur de ses pièces buccales sur la
peau.
La fréquence de Rhipicephalus appendiculatus avec 0,2% dans la région de Bugorhe et d‟Irhambi Katana,
cette espèce reste très abondante et fréquente sur les bovins et dans les prairies de ces deux
groupements. L‟étude et la dynamique saisonnière a relevée que les tiques de Bugorhe et Katana sont
actives en saison pluvieuse.Cette tique ne transmet pas la Babésiose au chien, elle est vectrice de cette
parasitose chez les bovins qui vivent dans cette contrée. Raison pour laquelle le cheptel bovin de cette
région diminue du jour au lendemain.
Pour la Tique Ixodes thomasae, cette tique est surtout parasite des moutons. Sa présence dans le site
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISUSA M. et al. : Inventaire des tiques de chiens à Katana
74
d‟étude prouve de la présence des animaux sauvages en ce lieu. Pour la localité de Mulamba et
Mulangala, cette tique représente 0,51%. Pour la localité de Mulamba plus habité par les chiens utilisés
pour la chasse, probablement ces chiens peuvent être revenus de la chasse avec cette tique sur leur
pelage. Mais aussi selon, l‟aperçu historique de cette localité, il y a six mois que trois antilopes ont été
tuées en ce lieu. Cela peut avoir été une source probable d‟infestation de ce lieu et par conséquent des
chiens qui y vivent.
Ces résultats prouvent que les tiques qui jadis trouvaient leurs hôtes; pour Haemaphysalis leachii leachii
qui parasitaient plus les rats et les serpents, ne les trouvant plus ces dernières parasitent actuellement
les chiens.Tout cela découlent de l'anthropisation des prairies et de la disparition progressive des rats et
des serpents car consommés plus par l'homme.
CONCLUSION
Ce travail nous a témoigné de l‟importance révélé du rapport chiens- homme- autres animaux
domestiques- abattoirs dans la dissémination des tiques. La dissémination des tiques dans le milieu se fait
très facilement par le fait que ces chiens ne sont pas attachés par une chaine. Suite à l‟insécurité qui a
prévalut dans les villages de Bugorhe et d‟Irhambi, les habitants ce sont regroupés dans leur lieux de
refuges avec leurs cheptels bovins, chèvres et chiens comme animaux de garde et de chasse. Cette
situation a favorisée la dissémination des tiques et des maladies ayant comme origine les tiques.
Pour cela, la charge à tique de nos deux groupements est de 13 tiques par chiens. Elle est très élevé si on
la compare à la charge à tique de chiens de Libreville 7,3 tiques par chiens, 3,8 tiques par chiens de la
Géorgie du Nord-Ouest (Goldberg et al.2002). Il est probable que le mode de vie et l‟environnement
soient à l‟origine de cet écart observé entre ces deux valeurs. De manière intermittente, le chien peut vivre
dans les maisons et infester ainsi ceux qui y habitent.Pour cela nous recommandons que tout éleveur des
chiens le garde à la chaine, le laver par moment au savon en le frottant d'une brosse et en l‟aspergeant
d'un acaricide sur son pelage deux fois par semaine.Cette étude nous conduit à faire une étude médicale
dans les familles qui gardent les chiens afin de déterminer les effets des tiques sur la santé de l'homme.
REMERCIEMENTS
Nous remercions nos laborantins, principalement ZagabeRugomoka et MasaleBuranga pour la facilitation
de l‟identification des tiques ainsi qu‟aux propriétaires des chiens qui ont facilité l‟accès à leur bête durant
toute la période de l‟étude.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales78
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 78-99
CONTRIBUTION A L’ETUDE FLORISTIQUE DES JACHERES POST-CULTURALES DU
GROUPEMENT DE CIRIRI, BURHINYI, TERRITOIRE DE MWENGA
MWANGAMWANGA Ithe8, BALAGIZI Karhagomba9, WABIKA Dumbo1., MAPENZI Assani1., IRAGI
Kaboyi1, NYAKABASA Mugula10, NTAMWIRA Niranda11
RÉSUMÉ :
Cette étude effectuée dans la collectivité chefferie de Burhinyi consiste à déterminer la composition floristique des jachères
périphériques de la forêt des monts Rwaga trouvéedans le groupement de Ciriri. Elle précise les formes morphologiques, le
statut phytogéographique et les formes biologiques constituant les jachères post-culturales de ce milieu. A partir de 28
relevés phytosociologiques, de gradient altitudinal variant entre 1400 et 1860 m, 139 espèces ont été inventoriées dans
trois groupements végétaux et deux associations phytosociologiquesissues de la biocénose post-culturale.L‟indice de
similarité de Jaccard a démontré une ressemblance d‟environ 19% entre les sites. Les herbacées sont dominantes dans cette
étude avec 73,38% contre26,62% des plantes ligneuses sur toute l‟étendue prospectée. La famille desAsteraceae domine
avec 29 espèces (20,86%) suivie des Poaceae. Les thérophytes, les espèces afrotropicales et pantropicalesont constitué
respectivement les types biologiques et phytogéographiques les mieux représentés dans la flore post-culturale de Ciriri.
MONTS CLÉS :Jachère post-culturale, Ciriri, morphologie, biologie et distribution
ABSTRACT:
This survey has been conducted onto fallows within the traditional kingdom of Burhinyi (Mwenga territory) using
phytosociological methods. It aims at determining the floristic composition from post-croping fallows of the Rwaga
mountain forest located in Ciriri rural area. It focuses on caracterization of morphologicaltypes, life forms, as well as
phytogeographical positionsof collected species. From 28 phytosociological plots installed in between altitudinal
gradientof 1400 and 1860 m below sea level. From 139 plant species collected, we observed three plant phyotsociological
clusters and two associations descended of the post-culturale biocenose. The Jaccard similarity index demonstrated the
value 19%. In fact herbaceous forms are predominant (73,38%) with woody plants (26,62%) on prospected plots. The
family Asteraceae dominates with 29 species (20,86%) consistent of the Poaceae. The Afrotropicaland pantropical are
represented significantly into the post-culturalfallows of Ciriri.
KEY WORDS:Post-cultural fallows, Ciriri, morphology, biology and distribution
INTRODUCTION
Depuis ces trois dernières décennies,l‟érosion de la biodiversité végétale s‟observe à l‟échelle
planétaire, accompagnée des extinctions en croissance graduelle chaque année (UICN, 1998). Les
inventaires biologiques restent faibles pour recenser la biodiversité restante (Ntore, 2008).La dégradation
de la biodiversité, avec ses causes sous-jacentes, est plus ressentie dans les pays à faible revenu ou en
phase post-conflits où les politiques environnementales restent précaires (Isumbisho et al., 2013 ;
PNUE, …). Les populations riveraines des aires protégées ou des concessions forestières sont souvent
8
Centre de Recherche en Sciences Naturelles (CRSN/Lwiro)
Centre de Recherches Universitaires du Kivu (CERUKI)/ Institut Supérieur Pédagogique (ISP) de
Bukavu
10
Université Catholique de Bukavu, Faculté des Sciences Agronomiques,
11
Université Officielle de Bukavu(UOB)
9
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales79
responsables de la dégradation forestière pour des raisons utilitaires liées à la satisfaction des besoins de
base (recherche des bois de chauffe, alimentation, collectes de plantes médicinales, orpaillage,…). Des
programmes environnementaux couplant la recherche, l‟éducation et l‟appui aux communautés devraient
être pris en compte pour renforcer le processus de conservation des écosystèmes fragiles, comme déjà
souligné par Khotariet al., (2000).
Ce travail se focalise surl‟idée d‟une bonne gestion des jachères post-culturales comme processus de
réduction de la pression humaine sur les ressources de la forêt des monts Rwaga. En effet, des
lambeaux forestiers et/ou des boisements au sein des villages permettraientt à la population de se
ressourcer et répondre à certains besoins vitaux et par conséquent contribueraient à la réduction des
menaces sur la dite forêt communautaire. Pour y arriver, il s‟avère indispensable d‟encourager les
inventaires biologiques et la conservation communautaire des quelques jachères qui se stabilisent en
écosystèmes naturels, en vue de les laisser devenir de petites forêts secondaires exploitables
rationnellement.
Dans ce cas précis, il s‟agit des jachères localisées dans le groupement de Ciriri, dans la
collectivité chefferie de Burhinyi, lesquelles sont périphériques de la forêt de Rwaga (Kajembaet al., 2010 ;
Bafunyembaka, 1993-1994 ; http://www.burhinyi.l-h-l.org/).
Cette forêt, en tant que prolongement de la forêt du massif d‟Itombwe, n‟a pas encore de statut défini, et
est voisinée par une population extrêmement pauvre et enclavée estimée à 4498 habitants soit 562
ménages ruraux dépendant des ressources forestières pour leur survie. Par surcroit, cette forêt héberge
des grands singes et autres animaux sauvages menacés de disparition (Balagizi et al., 2012) et pour
lesquels une attention de conservation communautaire est souhaitée. Ceci peut se présenter comme une
opportunité pour le groupement de Ciriri qui présente la physionomie d‟une végétation dominée en grande
partie par une savane herbeuse clairsemée de plantations de bananiers et de manioc.
Cette étude se focalise sur l‟analyse floristique des jachères du groupement de Ciriri en relevant
les types morphologiques, le statut phytogéographique, les formes biologiques ainsi que les valeurs
utilitaires principales (alimentaires et médicinales) des espèces. La finalité est d‟offrir des informations
pertinentes pour appuyer un plan de gestion et de conservation communautaire des terres dans les
zones aux écosystèmes fragiles et anthropisés. Notons que le groupement de Ciriri (figure 1) fait partie
des 18 groupements administratifs de la collectivité chefferie de Burhinyi, située dans le hinterland de la
forêt des Monts Itombwe (Doumenge, 2000).
Fig.1 : Carte administrative de la collectivité de Burhinyi avec la localisation des rélevés
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales80
I.
Matériels et méthodes
Pour réaliser ce travail, on a utiliséla méthode d‟étude de végétation par des relevés floristiques
telle que décrite par Noël Walter (Walter, 2006). 28quadras d‟une surface de 30 à 50 m2chacune, étaient
prises pour inventorier toutes les espèces poussant dans cette surface. Les inventaires dans différentes
parcelles ont permis de caractériser 5 groupements végétaux. Pour collecter et caractériser les données,
nous avons utilisé plusieurs instruments tels que: un décamètre pour mesurer la surface d‟étude, un GPS
de marque Garmin Etrex pour la prise des coordonnées géographiques, un crayon et un carnet de terrain
pour l‟enregistrement des données, un sac pour emballer des échantillons récoltés, des presses et des
papiers buvards pour la mise en forme des échantillons encore frais et enfin, des papiers emballages pour
garder les échantillons déjà séchés.
Une récolte des espèces inventoriéesa été effectuée dans chaque surface délimitée, etau moins
3échantillonsde spécimens étaient récoltés pour chaque espèce en vue d‟une meilleure identification à
l‟Herbarium de référence de Lwiro (LWI).
L‟identification des espèces botaniques a été faite par la comparaison avec les spécimens gardés dans la
collection de Lwiro. Elle a été complétée par les travaux de : Fisher et Hinkel (1992) ; Nyakabwa
(1981,1982) ; Amani (2004) ; Ntamwira (2004) et les clés d‟identification botanique de Troupin et al. (1985,
1987) ; Fischer et Dorothee (2008) ; Lisowski (1989) et Agnew & Shirley (1994).
Les types morphologiques (T.M.) ont été déterminés en observant les ports ou aspects végétatifs matures
sur le terrain. Diverse formes étaient observées selon qu‟il s‟agissait des plantes ligneuses (arbres: A,
arbuste: Arb, sous-arbuste: S/arb, liane: Lian) ou herbacées (herbe annuelle : Han, herbe vivace : Hvi).
La classification de Raunkiaer (1934) adaptée par Lebrun (1966)aux régions tropicales a permis
d‟identifier les types biologiques ou formes biologiques (T.B.) ci-après : les phanérophytes (Ph) : Plantes
dont l‟appareil caulinaire porte à plus de 40 cm du sol, des bourgeons visibles et persistants ;les
Chaméphytes (Ch) : Plantes ayant un appareil végétatif nain inférieur à 40 cm de hauteur avec des
bourgeons persistants protégés par des débris des plantes ;les hémicriptophytes (Hém) : Individus
caractérisés par un appareil végétatif aérien qui se dessèche complètement pendant la mauvaise saison
et dont les bourgeons qui persistent se développent au niveau ducollet ;les géophytes (Gé) : Plantes
pourvues d‟appareil caulinaire caduc et dont les bourgeons et les jeunespousses sont dans le sol (bulbe,
rhizome, tubercule)et les thérophytes (Th) : Plantes annuelles qui passent lamauvaise saison sous forme
de graines.
L‟analyse de la distribution des plantes des jachères post-culturales de Ciriri a permis de faire
une délimitation de leurs aires phytogéographiques.
Les distributions des nos espèces ont été identifiées à partir des références bibliographiques dont
Mullenders (1954), Nyakabwa (1991, 1982), Troupin (1983, 1985),Letouzey (1986), Cikuru (1982),
Lejolyet al., (1988) ; et qui sont les suivantes : espèces cosmopolites(cosm), espèces pantropicales (Pan),
espèces paléotropicales (Pal), espèces afro-américaines (afram), espèces afromalgaches(Afma), espèces
afrotropicales (Aftr), espèces guinéennes (Gui), espèces Centro-zambéziennes(CZ)et espèces Centroguinéennes (Cgui).
Les informations concernant les valeurs alimentaires et médicinales des espèces collectéesr ont
permis de lancer des jalons pour susciter les intérêts de conservation communautaire dans une zone
souffrant de famine et de pauvreté (Balagiziet Halisombe., 2000, Balagizi et al, 2012,).
Pour ce faire, nous avons organisé une réunion avec focus group (de 15 personnes) pour identifier les
valeurs médicinales des plantes récoltéesen déterminants si elles sont alimentaires et/ou médicinales.
Un complément bibliographiques a permis de déterminées les espèces reconnues alimentataires même si
la population locale ne les utilisent pas.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales81
Nous avons arrangé notre liste floristique suivant la nouvelle classification botanique (Juddet al.,
1999) dans laquelle il y a eu une nouvelle affectation des familles et des genres.
Pour l‟analyse et le traitement des données, nous avons utilisé des logiciels différents notamment l‟Excel
(pour la saisie des données et le traçage des graphiques), le DivaGIS (pour la localisation de différents
sites d‟étude dans le groupement de Ciriri) et PAST (pour calculer la similarité entre les relevés partant
des variables «présence et absence ».
Le coefficient de similarité de Jaccard (IJ) est un indice de similarité dans la composition des espèces
entre les différents habitats qui consiste à traiter des données binaires de présence-absence (1-0),
notamment d‟espèces sur des parcelles d‟une communauté végétale.
IJ a /(a b c).
Dans cet indice (a) représente le nombre d'espèces présentes dans les deux parcelles, tandis que b et c,
le nombre d'espèces uniquement présente respectivement dans la première parcelle et la deuxième
parcelle.
II.
Résultatset Discussion
1. Inventaire botanique des jachères de Ciriri
La méthodologie de recherche appliquée au cours de cette étude a permis d‟établir une liste de
139 espècesréparties en 39familles. Le tableau 1 présente aussi la liste de ces espèces ainsi que leurs
types morphologiques, les formes biologiques et les valeurs utilitaires des espèces présentes dans les
jachères post-culturales de Ciriri.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales82
Tableau 1 : Liste floristique des espèces inventoriées et leurs caractérisques types
Familles
Noms scientifiques
T.M
F.B
E.P
Comestible
localement Reconnue comestible
Acanthaceae
Acanthus pubescens Engl.
S/arb
Ph
Aftr
comestible
Asystasia gangetica (L.) T. Anders.
Hvi
Ch
Pan
Asystasia schimperi T. Anders.
Hvi
Ch
Pan
Brillantaisia patula (L.) T. Anders.
Hvi
Ch
Pan
Dyschoriste radicans T. Anders.
Hvi
Ch
Aftr
Justicia flava Vahl
Han
Th
Pan
Rungia grandis T. Anders.
Hvi
Ch
Pan
Thunbergia alata Boj.
Hvi
Ch
Pan
Achyranthes aspera L.
Hvi
Ch
Cosm
Chenopodium ambrosoides L.
Cyathula uncinulata Schniz
Han
Hvi
Th
Ch
Cosm
Aftr
Amaranthaceae
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
Valeur utilitaire/médicinale
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 ; Prota,2002)
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997)
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Defour
1997 ; Balagizi et
(1995), Balagizi et al, 2006)
Halisombe, 2000)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
comestible ( Prota,2002) al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997)
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Defour
2002 ; Balagizi et
(1995), Balagizi et al, 2006)
Halisombe, 2000)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales83
Anacardiaceae
Mangifera indica L.
Arb
Ph
Pan
Apiaceae
Centella asiatica (L.) Urb.
Hvi
Ch
Pan
Peucedanum graveolens Benth & Hook.f.
Han
Th
CZ
Araceae
Colocasia esculenta (L.) Schott
Hvi
Géo
Pan
Asparagaceae
Agave americana L.
Hvi
Ch
Pan
Sanseveria trifasciata Prair
Hvi
Géo
Pan
Asplenium aethiopicum (Burm.) Bech.
Hvi
Géo
Pan
Asplenium megalura Hieron ex Brause
Hvi
Géo
Aftr
Ageratum conyzoides L.
Han
Th
Pan
Aspilia africana (Pers) Adams
Han
Th
Aftr
Aspilia bussei O. Hoffm. & Muschl.
Han
Th
Aftr
Bidens pilosa L.
Han
Th
Pan
Aspleniaceae
Asteraceae
comestible
comestible
comestible
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
2002 )
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
2002 )
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Defour
1997 ; Balagizi et
(1995), Balagizi et al, 2006)
Halisombe, 2000)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 ; Prota, 2002 )
al, 2006)
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales84
Bothiocline longipes Oliver & Hiern
S/arb
Ph
Pan
Blumea crispata (Vahl) DC.
Han
Th
Pan
Conyza sumatrensis (Ritz) C.H.Woder
Han
Th
Pan
Crassocephalum montuosum Milne
Han
Th
Cosm
Crassocephalum vitellinum (Benth.) S.
Moore
Han
Th
Pan
Crassocephalum sp.
Han
Th
Pan
Dichrocephala integrifolia (L.f.) Kuntze
Han
Th
Cosm
Emilia caespitosa Oliver
Han
Th
Pan
Galinsoga ciliata (Raf.) S.F.Blake
Han
Th
Pan
Guizotia scabra (U.S.) Chiov.
Gynura scandens O. Hoffm.
Han
Hvi
Th
Ch
Aftr
Aftr
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
comestible (Maundu et
al,1997 )
comestible (Maundu et
al,1997, Prota, 2002 ;
Balagizi et Halisombe,
2000) )
comestible (Maundu et
al,1997, Prota, 2002 ;
Balagizi et Halisombe,
2000 )
comestible (Maundu et
al,1997 ; Prota, 2002)
comestible ((Maundu et
al,1997, Prota, 2002 ;
Balagizi et Halisombe,
2000)
comestible ((Maundu et
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales85
al,1997, Prota, 2002 ;
Balagizi et Halisombe,
2000)
Helichrysum appendiculatum (L.) Less
Hvi
Th
Pan
Helichrysum cyamosum (L.) Less
Hvi
Th
Aftr
Helichrysum globosum Sch. Bip
Han
Th
Cosm
Helichrysum panduratum O. Hoffm.
Han
Th
Aftr
Helichrysum sp
Han
Th
Pan
Melanthera scandens Rob.
Hvi
Ch
Cosm
Microglossa densiflora Hook. f.
S/arb
Ch
Aftr
Microglossa pyrifolia (Lam.) Kuntze
S/arb
Ch
Pal
Microglossa sp.
S/arb
Ch
Aftr
Synedrella nodiflora Gaerth
Han
Th
Pan
Tithonia diversifolia (Hem.) A. Cray
S/arb
Ch
Pan
Vernonia amygdalina Delile
Arb
Ph
Cosm
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
comestible (Maundu et
al,1997, Prota, 2002 ;
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales86
Balagizi et Halisombe,
2000)
Vernonia lasiopus O. Hoffm.
S/arb
Ch
Aftr
Vernonia miombicola Wild
Hvi
Ch
Aftr
Balsaminaceae
Impatiens burtoni De Wild
Han
Th
Aftr
Blechnaceae
Blechnum tabulare (Thunb.) Khn
Hvi
Géo
Aftr
Brassicaceae
Erucastrum arabicum L.
Han
Th
Aftr
Caryophyllaceae
Drymaria cordata (L.) Willd ex Rochn.
Hvi
Ch
Pan
Stellaria media L.
Hvi
Ch
Aftr
Commelinaceae
Commelina diffusa Burm. f.
Hvi
Ch
Pan
Convolvulaceae
Ipomoea batatas Poir.
Hvi
Géo
Pan
Ipomoea cairica (L.) Sweet.
Hvi
Ch
Pan
Bulbostylis densa (Wall.) Kandel. Maz.
Fimbristylis dichotoma (L.) Vahl.
Hvi
Hvi
Ch
Hém
Pal
Cosm
Cyperaceae
comestible
comestible
comestible (Maundu et
al,1997, Prota, 2002 ;
Balagizi et Halisombe,
2000)
comestible (Maundu et
al,1997, Prota, 2002 )
comestible (Maundu et
al,1997, Prota, 2002 )
comestible
comestible
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
comestible
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales87
Dicranopteridaceae
Kyllinga erecta Schumach
Hvi
Géo
Aftr
Kyllinga sphaerocephala Boeck.
Hvi
Géo
Aftr
Kyllinga squamulata Thonn ex Vahl.
Hvi
Géo
Aftr
Scleria bulbifera A. Rich.
Han
Ch
Gui
Dicranopteris linearis (Burm.) f. Underw.
Hvi
Géo
Aftr
Dioscoreaceae
Dioscorea bulbifera L.
Lian
Géo
Pan
comestible
Euphorbiaceae
Manihot esculenta Grantz
S/arb
Ph
Pan
comestible
Manihot glaziovii Mullarg.
S/arb
Ph
Pan
comestible
Senna mimosoides L.
S/arb
Ph
Pal
Crotalaria kikangaensis De Wild
S/arb
Ch
Pan
Crotalaria ononoides Benth.
Desmodium adscendens (SW.) DC.
S/arb
Hvi
Ch
Ch
Aftr
Afam
Fabaceae
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
comestible (Maundu et
al,1997, Prota, 2002 ;
Balagizi et Halisombe,
2000)
comestible (Maundu et
al,1997, Prota, 2002 )
comestible (Maundu et
al,1997 ; Balagizi et
Halisombe, 2000)
comestible (Maundu et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales88
Hypericaceae
Desmodium repandum (Vahl.) DC.
Hvi
Th
Pal
Eriosema montanum Bak.f.
S/arb
Ph
Pan
Indigofera secundiflora Poir.
Han
Th
Aftr
Kotschya africana Engl.
S/arb
Ph
Aftr
Trifolium purseglovei Gillet
Hvi
Ch
Pal
Harungana madagascariensis Lam. ex Poir. S/arb
Ph
Afma
Hypericum revolutum Vahl.
Ph
Aftr
S/arb
al,1997)
comestible (Maundu et
al,1997)
comestible (Maundu et
al,1997, Prota, 2002 ;
Balagizi et Halisombe,
2000)
Hypolepidaceae
Pteridium aquilinum (L.) Stockem
Han
Géo
Cosm
Lamiaceae
Geniosporum paludosum Bak.
Hvi
Th
Aftr
Hyptis pectinata (L.) Poir.
Hvi
Th
Aftr
Leonotis nepetaefolia R. Br.
Han
Th
Pan
comestible
Persea americana Mill.
A
Ph
Pan
comestible
Lauraceae
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 )
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
comestible
al, 2006)
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales89
Lycopodiaceae
Lycopodium cernum (L.) Pic.
Hvi
Géo
Pan
Malvaceae
Hibiscus asper L.
Han
Th
Pan
Hibiscus fuscus L.
S/arb
Ph
Aftr
Pavonia ruwenzoriensis De Wild
S/arb
Ch
Aftr
Sida acuta Burm. f.
S/arb
Ch
Pan
Triumfetta cordifolia Guill & Pera.
S/arb
Ph
Aftr
Triumfetta tomentosa Bojer
S/arb
Ph
Aftr
Urena lobata L.
Dichaetanthera corymbosa (Cogn.)
Jacques-Félix
S/arb
Ch
Pan
Arb
Ph
C Guin
Dissotis brazzae Cogn.
Hvi
Th
Aftr
comestible
Dissotis irvingiana Hook. f.
Hvi
Ch
Aftr
comestible
Dissotis phaeotricha (Hochst.) Triana
Hvi
Ch
Aftr
comestible
Melastomataceae
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
comestible (( Maundu et
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 1997 )
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 ; Balagizi et
al, 2006)
Halisombe, 2000)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 ; Balagizi et
al, 2006)
Halisombe, 2000)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 ; Balagizi et
al, 2006)
Halisombe, 2000)
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales90
Dissotis ruandensis Engl.
S/arb
Dissotis trothae Gilg.
S/arb
Ch
Ch
Aftr
Aftr
Moraceae
Ficus valis-choudae Delile
A
Ph
Aftr
Myrsinaceae
Lysimachia ruhmeriana Vatke
Han
Th
Afma
Nephrolepidaceae
Nephrolepis undulata (SW.) S. Sm.
Hvi
Géo
Pan
Oxalidaceae
Biophytum petersianum Klotz
Han
Th
Cosm
Biophytum sensitivum Auct. non L.
Han
Th
Cosm
Phyllanthus niruri L.
Brachiaria brizantha (Hochst. ex A.Rich.)
Stapf.
Han
Th
Pan
Hvi
Hém
Aftr
Brachiaria scalaris (Mez.) Pilg.
Han
Hém
Aftr
Digitaria ternata (A.Rich.) Stapf.
Digitaria abyssinica (Schwein.) Chiov. var
Han
Han
Th
Th
Aftr
Pan
Phyllanthaceae
Poaceae
comestible
comestible
comestible
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
comestible (Maundu et al,
1997 ; Balagizi et
Halisombe, 2000)
comestible (Maundu et al,
1997 ; Balagizi et
Halisombe, 2000)
comestible (Maundu et al,
1997 ; Balagizi et
Halisombe, 2000)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Defour
1997 ; Balagizi et
(1995), Balagizi et al, 2006)
Halisombe, 2000)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Defour
(1995), Balagizi et al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales91
scalarum (Schwein.) Stapf
Eragrostis blepharoglumis K. Schum.
Hvi
Th
Pal
Hyparrhenia diplandra (Hack.) Stapf.
Hvi
Hém
Aftr
Hyparrhenia newtonii (Hack.) Stapf.
Hvi
Hém
Afma
Hyparrhenia poecilotrichia (Hackel) Stapf.
Han
Hém
Aftr
Imperata cylindrica Beauv.
Hvi
Géo
Afma
Leersia hexandra SW.
Hvi
Géo
Aftr
Loudetia vanderystii C.E. Hubb.
Hvi
Hém
Aftr
Oplismenus hitellus (L.) Beauv.
Hvi
Th
Afam
Panicum brevifolium L.
Han
Th
Pal
Paspalum commersonii Lam.
Hvi
Hém
Pan
Paspalum scrobiculatum L.
Hvi
Hém
Pal
Pennisetum polystachyon (L.) Schult.
Han
Th
Pan
Rhychelytrum repens (Willd) C.E. Hubb.
Han
Th
Pan
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales92
Setaria barbata (Lam.) Kunth.
Setaria megaphylla (Steudel) Th. Dur. &
Schinz
Schizachyrium brevifolium (SW.) Nees ex
Tournay
Han
Th
Pan
Hvi
Hém
Afam
Han
Th
Pan
Zea mays L
Han
Th
Cosm
Polygalaceae
Polygala stanileyana Chodat
Han
Ch
Afam
Polygonaceae
Polygonum nepalens De Wild
Hvi
Ch
Pal
Proteaceae
Faurea saligna Harvey
Arb
Ph
Aftr
Rosaceae
Rubus apetalus Poir.
Lian
Ph
Aftr
comestible
Rubus rosifolius Smith
Lian
Ch
Aftr
comestible
Rubus steudneri Schw.
Lian
Ph
Cosm
comestible
Canthium verosum (Oliver) Hiern
Oldenlandia abyssinica L.
Lian
Han
Ph
Th
Aftr
Cosm
Rubiaceae
comestible
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
comestible ( Prota, 2002) al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 ; Balagizi et
al, 2006)
Halisombe, 2000)
Neuwinger (2000), Balagizi et
comestible ( )
al, 2006)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 ; Halisombe,
al, 2006)
2000)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 ; Halisombe,
al, 2006)
2000)
comestible (Maundu et al, Neuwinger (2000), Balagizi et
1997 ; Halisombe,
al, 2006)
2000)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales93
Solanaceae
Verbenaceae
Otiophora pauciflora Bak. var. burttii (M-R.)
Verdc.
Hvi
Th
Aftr
Spermacoce latifolia Auld.
Han
Th
Afam
Virectaria major (Schumann) Verdc.
Han
Th
Aftr
Nicandra physaloides L.
Han
Th
Pan
comestible
Physalis peruviana L.
Han
Th
Cosm
comestible
Solanum americanum Miller
Han
Th
Cosm
comestible
Solanum angustispinosum De Wild
S/arb
Ph
Aftr
Lantana camara L.
S/arb
Ph
Pan
T.M Type morphologique F.B Forme biologique
comestible (Maundu et al,
1997 )
comestible (Maundu et al,
1997 ; Prota, 2002 )
comestible (Maundu et al,
1997, Prota, 2002 )
comestible (Maundu et al,
comestible 1997)
# 27
(19,42%)
# 48 (34,55%)
139
139
E.P Elément phytogéographique
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
Neuwinger (2000), Balagizi et
al, 2006)
139
139
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales94
De ce tableau, il se montre clairement que les 139 espèces végétales recensées dans cette biocénose
post-culturale dans le groupement de Ciriri sont classées dans 39 familles. La liste floristique montre que
la famille Asteraceae est le mieux représentée avec 29 espèces, (20,86%), suivie de la famille Poaceae
avec 21 espèces(15,11%), Fabaceae 9 espèces (6,47%). La famille Acanthaceae quant à elle, occupe la
quatrième place avec 8 espèces (5,76%).Les familles Cyperaceae et Melastomataceaeont chacune 6
espèces (4,32%). Suite à cette dominance de ces trois familles (Asteraceae, Poaceae et Fabaceae) dans
ce milieu, on trouve que le groupement de Ciriri peut être un site agro-pastoral et par surcroit un réservoir
des phytomédicaments et de nouvelles sources alimentaires, comme le démontre ce tableau ci-haut.
Aussi les espèces récoltées sont celles caractéristiques des végétations des hautes altitudes (Troupin,
1985-1987, Fischer et Hinkel, 1992). Quant à l‟analyse des types morphologiques observés, la flore post
culturale de Ciririsemble constituée des herbacées avec 102 espèces (73,38%) dont les herbes vivaces
sont les plus abondantes avec 54 espèces (38,85 %) ; ceci s‟explique par le fait que les sites d‟étude
étaient nouvellement abandonnés. Quant aux plantes ligneuses, elles occupent également une part
importante, avec 37 espèces(26,62%) et la majorité de celles-ci est constituée des sous-arbustes avec 26
espèces (18,71%).
Il est aussi à noter que ces jachères couvrent un potentiel alimentaire non négligeable: sur les 139
espèces recensées, 27 sont reconnues localement comme alimentaires et entrent dans l‟alimentation
normale, surtout en période de soudure agricole.Aussi, 48 espèces sont reconnues alimentaires dans les
autres parties du monde (Maundu et al, 1997 ; Prota, 2002). Ceci qui signifie que si ces jachères sont bien
protégées, elles peuvent constitue un réservoir phytogénétique pour l‟alimentation des communautés. Elle
nécessite ainsi une conservation communautaire dans le contexte de pauvreté en phase post - conflits
(DSCRP, 2012).
Notons aussi que toutes ces plantes ont une valeur médicinale différente et peuvent contribuer pour les
soins de santé. Ellesincluent des plantes prouvées efficaces contre la malariaet nombreuses parasitoses,
comme Vernonia spp (Neuwinger, 2000, PROTA, 2002, Balagizi et al, 2006), des plantes contenant des
antioxydants, comme Harungana madagascariensis (Kim et al, 2012).Actuellement les besoins en
médicaments naturels vont croissant dans le monde, et les jachères bien amanégées peuvent bien servir
des lieux de collectes des plantes médicinales.
En analysant les types biologiques (tableau 1) , les résultats indiquent l‟abondance des thérophytes avec
52 espèces (soit 37,41%) par rapport aux autres types biologiques. Les chaméphytes, quant à eux
occupent la deuxième position (38 espèces, soit 27,34 %) suivis des phanérophytes avec 23 espèces, soit
16,55%. Les géophytes et les espèces hémicryptophytes sont les moins représentées dans cette flore
post-culturale avec respectivement 16 et 10 espèces, soit 11,51 et 7,19%.
Ceci montre qu‟une fois l‟homme ne perturbe pas ces jachères, elles peuvent vite évoluer vers les
formations secondaires surtout que le sous-bois est en grande partie dominé par les espèces
deRubiaceaequi caractérisentd‟ailleurs les sous-bois des forêts tropicales (Judd et al, 1999 ; Troupin,
1985). Comme les Thérophytes et les Chaméphytes suivis des Phanérophytes sont plus représentées.
Ceci explique les possibilités d‟évolution des jachères de Burhiyi vers les formations forestières
secondaires, une fois protégées (Ntamwira et Nyakabwa, 2008)
2. Groupe éco-sociologiques
Le tableau 2 suivant présente Histogramme des spectres des groupes éco-sociologiques des jachères
post-culturalesdeCiriri ainsi que leur taux de recouvrement moyen.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales95
Tableau 2 : Spectres des groupes éco-sociologiques des groupements des jachères post-culturales de Ciriri dans la collectivité de Burhinyi
Ass.Imp
Spectre brut
Groupes écosociologiques
Nbre
d’Sp.
SppRuderali-Manihotetea
47
SppPhragmitetea
Spectre
pondéré
R.M
%
53.4
1
76.69 91.83
Spectre brut
Nbre d’Sp
%
Group.Diss
Spectre
pondéré
R.M
%
Spectre brut
Nbre d’Sp
%
Ass.Virect
Spectre
pondéré
R.M
%
Spectre brut
Nbre d’Sp
%
Group.Phyll
Spectre
pondéré
R.M
%
Spectre brut
Nbre d’Sp
%
Spectre
pondéré
R.M
%
34
55.74 37.39 82.23
24
48.98 10.46 15.75
16
41.03 7.19 11.48
24
64.86 72.96 91.34
0.70
0.84
2
3.28
0.38
0.84
1
2.05
0.19
0
0.00
0.00
1
2.70
0.13
0.16
3.40
4.07
10
16.39 2.90
6.38
11
22.45 53.15 80.01
12
30.77 52.92 84.47
5
13.51 5.27
6.60
15
6.82
17.0
5
SppCtenio-Loudetietea
2
2.27
0.71
0.85
2
3.28
2.00
4.40
1
2.05
0.38
0.57
2
5.13
0.26
0.42
1
2.70
0.13
0.16
SppOléo-Podocarpetea
4
4.55
0.25
0.30
1
1.64
0.13
0.29
3
6.12
0.39
0.59
2
5.13
0.51
0.81
2
5.41
0.26
0.33
SppHyparrhenietea
0
0.00
0.00
0.00
2
3.28
0.38
0.84
0
0.00
0.00
0.00
1
2.56
0.13
0.21
0
0.00
0.00
0.00
SppMitragynetea
2
2.27
0.08
0.09
2
3.28
0.38
0.84
2
4.08
0.38
0.57
1
2.56
0.13
0.21
1
2.70
0.13
0.16
SppLycopodietea cernui
3
3.41
0.65
0.78
3
4.92
1.01
2.22
0
0.00
0.00
0.00
0
0.00
0.00
0.00
0
0.00
0.00
0.00
Spp Tristechetea
2
2.27
0.54
0.65
2
3.28
0.51
1.12
2
4.08
0.75
1.13
2
5.13
0.50
0.80
2
5.41
0.50
0.63
Espèces cultivées
5
5.68
0.20
0.24
1
1.64
0.13
0.29
3
6.12
0.41
0.62
1
2.56
0.13
0.21
1
2.70
0.50
0.63
Espèces non classées
2
2.27
0.29
0.35
2
3.28
0.26
0.57
2
4.08
0.38
0.57
2
5.13
0.88
1.40
0
0.00
0.00
0.00
Total
88
100
83.51
100
61
100
45.47
100
49
100
66.43
100
39
100
62.65
100
37
100
79.88
100
SppMusango-Terminalietea
6
%
Group.Eragr
0.13
0.00
Légende : Ass.Imp : Association à Imperata cylindrica ; Group.Eragr : Groupement à Eragrostis blepharoglumis ; Group.Diss : Groupement à Dissotis
irvingiana ; Ass.Virect : Association à Virectaria major ; Group.Phyll : Groupement à Phyllanthus niruri ; R.M : Recouvrement moyen
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales96
4. Similarité entre les sites
R20
R23
R14
R24
R21
R18
R17
R28
R22
R25
9
R27
R11
8
R26
R3
7
R15
R19
6
R9
R2
5
R4
R1
4
R5
R7
3
R10
R13
2
R12
R16
1
R8
R6
La similarité entre les relevés est représentée sur legraphique 2 suivant.
1
0,9
Similarité des relevés selon Jaccard
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
10
11
12
13
14
15
Relevés
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
Graphique 2 : Similarité entre les relevés
En tenant compte de toutes les actions extérieures appliquées sur les 28 relevés, les proportions de
similarité varient, par estimation, entre 19 et 50 %.La fréquence des coupes de bois de chauffage par la
population est l‟élément qui explique la déperdition des espèces dans les différents relevés prospectés.
Cette faible ressemblance s‟explique par le fait que le milieu prospecté est en grande partie anthropisé.
Mais du moins, les relevés R26, R27 présentent une similarité d‟environ 50%.
Les jachères du milieu d‟étude visualisent une dominance marquée des thérophytes en première position
avec 37,41%. La troisième position est occupée par les phanérophytes avec 23 espèces, soit 16,55%. La
présence significative de ces phanérophytes dans le milieu traduit le caractère forestier qui était déjà
souligné par Ntamwira et Nyakabwa(2008).
Cette dominance des thérophytes serait liée à la pénétration directe des rayons solaires à la surface du
sol et à l‟abandonnement très récent (environ 5 ans d‟abandon) des jachères dans le milieu.
La flore post-culturale de Ciriri représentée en grande partie par les éléments Afrotropicals diffère des
jachères rudérales dominées par les espèces Pantropicales au niveau de la distribution
phytogéographique.
CONCLUSION ET RECOMMANDATION
Les résultats de ce travail permettent d‟avoir des détails importants relatifs à la formation des jachères
post-culturales de Ciriri dans la collectivité chefferie de Burhinyi. Ceux-ci se rapportent à sa composition
floristique, à sa structure, à sa distribution et à certains aspects de sa phytosociologie.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
28
29
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales97
- La flore étudiée est floristiquement riche et renferme 139 espèces, reparties en 104 genres, 39 familles
et 2 embranchements dont celui de Magnoliophyta est le plus représentatif (94,96%). Trois familles
sont les mieux représentées sur le plan floristique. Ce sont respectivement les Asteraceae (20,86%),
Poaceae (15,11%) etFabaceae (6,47%) ;
- La flore est majoritairement constituée de plantes herbacées (73,38%) dont les herbes vivaces
prédominent (38,85%) dans l‟ensemble floristique.
- L‟étude des formes biologiques a montré une dominance des thérophytes (37,41%).
- L‟analyse phytogéographique indique une dominance de l‟élément afrotropical.
Il a été observé dans cette étude une prédominance de 60,57% des espèces de la classe
Ruderali-Manihotetea pour le recouvrement moyen global.La présence des espèces de la classe
Musango-Terminalietea sur le recouvrement moyen global de tous les relevés prouve une évolution de la
végétation vers une forêt secondaire une fois que cela n‟est pas perturbé par l‟homme. Il s‟observe aussi
un niveau de regroupement dans les sites d‟étude suivant la fréquentation ou l‟anthropisation du site où
tous les sites prospectés présentent une similarité estimée à19%.
Cette étude constitue un outil de base pour les conservationnistes, les gestionnaires des aires
protégées, dans la conduite des processus de zonages et de cartographie participative. Cet outil montre
que les jachères ont une importance écologique et peuvent susciter une motivation pour une gouvernance
environnementale.
Notons que ce travail ne concerne qu‟une partie de la collectivité.D‟où nous appelons d‟autres chercheurs
phytosociologues de s‟y investir activement pour approfondir afin de parvenir à une parfaite connaissance
du couvert végétal de cette collectivité en particulier et de la R.D.Congo en général.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MWANGAMWANGA et al. : La flore des jachères post-culturales99
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 100
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 100-113
ADAPTATION DES MENAGES PERI-URBAINS EN PERIODE DE SOUDURE AGRICOLE
DANS LE SUD-KIVU
ADHAMA Mirindi Trésor1,3, KATWANYI Kabika1, BALAGIZI Karhagomba Innocent12,2,3, LIMBUKO Mike1,
Marc MUDERHWA1, NYAKABASA Mugula Sébastien4
RESUME :
Cet article décrit les mécanismes de survie des ménages ruraux périphériques de la ville de Bukavu en période de soudure.
L‟étude s‟est effectuée durant la période entre janvier 2013 et août 2013 dans les groupements paysans de Mumosho,
Mudaka, Kagabi, Burhale, Kasha. Au total 170 ruraux ont participé à l‟interview pour définir exactement la période de
soudure, ses caractéristiques, la vulnérabilité et le mécanisme de survie mis en place. Les résultats indiquent que dans
cette zone la période de soudure s‟étend du mois de septembre à décembre puis entre mars-avril et septembre - novembre.
Cette période correspond à celle de la crise alimentaire aigüe. Des alternatives de survie pendant la période de soudure
sont assez similaires dans les deux sites. Il s‟agit essentiellement de travaux champêtres rémunérateurs chez les tierces, le
petit commerce, les ristournes et crédits rotatifs, et la vente des sticks d‟eucalyptus devient une importante source de
revenus ainsi que la prestation comme porte-faix. La pression sur les ressources naturelles disponibles est très accentuée en
cette période.
MOTS-CLES : Période de soudure, auto-prise en charge paysanne, Sécurité alimentaire, Zone péri-urbaine
ABSTRACT:
This paper deals with strategies developed by peri-urban households from Bukavu city. The field study covered the period
from January-August 2013. The methodology for collecting data essentially was based on semi-structured interview
approaches. The survey concerned 170 households‟heads collected from Mumosho, Mudaka, Kasha ,Kagabi, Cirunga and
Burhale regions. The fellows were selected according to some social and economic criterias. Results showed that this
famine period extends from September to December; and in March-April periods. During these periods occur the deadly
illnesses and famine. Alternatives during this period are nearly similar in the two areas, based on the remunerative rustic
works from tierces, small-scale trade, micro-credits and eucalyptus sticks sale. These rural activities become an important
source of incomes as well as female job as heavy carrier. Efficient strategies based on community education related to
increased food security and best natural resources management are to be promoted.
KEYWORDS: Bridge of gap, rural self-reliance mechanism, Bushi land, Food security, peri-urban zone
INTRODUCTION
Les populations dont la survie dépend du secteuragricole augmentent de plus en plus ;
et paradoxalement, de faibles niveaux de production dans de nombreux pays ont contribué au
risque généralisé de vulnérabilité à l'insécuritéalimentaire. Au cours des dernières décennies,
l‟agriculture dans nombreux pays d‟Afrique est confrontée à une diminution de la production à
l‟hectare (Jayne et al., 2010). Comme conséquence, les personnes souffrant d'insécurité
12
Initiatives et Actions de développement, IADL, asbl
Centre de recherches universitaires du Kivu, CERUKI – ISP Bukavu, Email : [email protected]
3
Université Libre des pays des grands lacs, ULPGL Bukavu, Faculté de Santé et Développement
Communautaires
4
Université catholique de Bukavu, UCB, Faculté des sciences agronomiques
2
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 101
alimentaire et qui n‟atteignent pas le niveau de sécurité alimentaire ont augmenté, la majorité
des populations et particulièrement dans les milieux ruraux vivent sans satisfaire leurs besoins
nutritionnels les plus élémentaires. Prskawetz et al (2003) mettent en évidence la relationqui
existe entre l'insécurité alimentaire, la faible productivitéagricoleet les inégalitésdans la
distribution des aliments.
Cet article soulève une question fondamentale en milieu rural, mais qui n‟est pas suffisamment
documenté ni prise en compte par les politiques agricoles de la RD Congo. Il s‟agit de la période
de soudure agricole qui a déjà été même évoquée en période coloniale dans le Bushi par
Cuypers (1958), qui constitue un facteur déterminant de la vulnérabilité paysanne en milieu
agricole (Balagiziet al, 2009; Adhama et al., 2013).
La période de soudure agricole se présente comme celle précédant les premières récoltes et où
les produits de récoltes précédentes peuvent arriver à manquer. Cette période se traduit par une
carence alimentaire observable presque dans tous les ménages ruraux, et correspond ainsi à
une période temporaire et critique de famine et la restriction financière en milieu rural (Cuypers,
1958 ; Oniang‟Oet al, 2006). Elle se lie aux périodes de semis, de sarclage ou de préparation des
terres à cultiver. Parfois elle est causée par des phénomènes naturels, comme l‟inondation, le
prolongement de la sécheresse,….
Durant cette période, la population est contrainte de développer d‟autres mécanismes de survie
pour atteindre les périodes de récoltes prochaines. La littérature existante montre seulement que
cette période existe en milieu rural africain et son occurrence varie d‟une région à une autre
(Cuypers, 1958; Pierre, 2004 ; Oniang‟O et al, 2006 ; Rose, 2008; Louvain Développement,
2008 ; Zirhumana, 2013).
En cette phase post-conflits, plus de 80% des populations rurales du Sud-Kivu sont exposées
aux conditions de pauvreté absolue accompagnée d‟une insécurité alimentaire sans précédent
(Martini, 2005 ; PNUD, 2009 ; DSCRP, 2011) et, les conditions déplorables des routes et la
violence armée s‟érigent-elles en blocage du flux de la production agricole avec un impact négatif
sur les activités productives et sur l‟approvisionnement des marchés en vivres. Comme
corollaire, plus de 90% de la population rurale ne parvient plus à réunir le stock alimentaire et, la
quantité à manger est à constituer chaque jour; dans un contexte socio-économique tel que le
gouvernement n‟offre pas de financement agricole (Bulongo, 2008, Katwanyiet al, 2013).
Ainsi, l‟insécurité alimentaire s‟y pose-t-elle avec acuité et s‟aggrave-t-elle davantage avec
l‟existence de longues « période de rupture de stock alimentaire » (Dupriez, 2008). Ces périodes
caractérisent les milieux ruraux autant que les zones péri-urbaines dans le Sud-Kivu.
La présente étude vise à analyser la saisonnalité de la période de soudure dans le Bushi, la
compréhension de la soudure par la masse paysanne et les mécanismes internes de rechercheaction pour la survie que développent les communautés rurales pour l‟auto-prise en charge
alimentaire. Il s‟agit plus spécifiquement de décrire les mécanismes de survie que développent
les paysans en périodes de soudure, en vue de s‟assurer de l‟accès à la nourriture, et de
répondre à d‟autres besoins élémentaires de survie économique minimum dans le Bushi.
DESCRIPTION DES SITES D’ETUDE
Cette étude a été menée dans les milieux ruraux périphériques de la ville de Bukavu s‟étendant
entre Nyangezi et Murhesa, Kasha et Walungu. Cette zone se situe sur une longueur d‟environ
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 102
45 km sur l‟axe Nord-Sud par rapport à la côte occidentale du lac Kivu et sur 30 kms sur l‟axe
Sud-ouest par rapport à la ville de Bukavu, soient 1350 km2 et entre les altitudes de 1600 m et
1800 m constituant les zones de collines peu élevées et des bas-fonds, à vocation agricole. Elle
est considérée comme « orphelins d‟aide humanitaire », malgré qu‟elle a servi des sites de
campements des réfugiés rwandais en 1994-1996, avec les effets destructeurs de
l‟environnement physique (IADL, 2013). La figure 1 suivante présente la zone en question.
Figure 1. Localisation des sites de recherche
Cette zone est logée dans les massifs de Mitumba sur le versant ouest du Rift Valley et qui se prolonge
sur les territoires de Kabare et Walungu, avec un relief est accidenté et est composé de collines, des
plateaux, de bas-fonds en vallées traversés ou non par des rivières et peu de plaines.
Les zones marécageuses (favorables aux activités maraîchères) y sont abondantes en alternance avec
des collines nues érodées et latéritiques, couvertes des plantations d‟eucalyptus, et de bananeraies et
quelques pieds de caféiers et abritant des maisons de types traditionnels.
La partie Est de cette zone est contigüe à la ville de Bukavu dont les altitudes varient entre 1460 m (
niveau du lac Kivu) et 1800 m (niveau de Cimpunda) .
Et, le positionnement entre les montagnes lui confère un climat doux et frais. En effet, l‟air est
légèrement sec au Bushi et les températures s‟élèvent à un maximum de 28°C (en saison sèche) contre
un minimum de 18°C. La moyenne annuelle est donc 24°C. Ce climat y a attiré les colons à l‟époque. On
y connaît deux saisons : la saison de pluie qui dure de mi-septembre à début juin, et la saison sèche de
juin à août. Au Bushi il pleut régulièrement et le soleil est rarement très chaud. Les rares fois qu‟il fait
chaud, ne dépassent pas 28°C.
La zone d‟étude est habitée essentiellement par le groupe ethnique bantoue, de la tribu appelée
Bashi, représentant environ de 30% de la population du Sud-Kivu, laquelle est estimée actuellement à au
moins 5 millions d‟habitants. Les Bashi parlent une langue locale appelée mashi laquelle est très riche en
images et très expressive.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 103
MATERIEL ET METHODE
Pour la collecte des données, des enquêtes ont été conduites sous-forme d‟interviews semistructurées, avec des focus groups représentés par les membres des Organisations Partenaires de IADL
et des membres des comités locaux de développement impliquées dans la promotion des zones rurale et
dans la gestion participative des ressources locales. Les données ont été collectées dans les axes de
travail de IADL, notamment :
- Axe KASHA – MUDAKA, situé dans l‟espace de 20 km au Nord-Ouest de la ville de Bukavu, (avec trois
sites Cirhogole, Buhole et Kasha) ;
- Axe MUMOSHO – NYANGEZI, situé dans l‟espace de 20 km au Sud-Est de la Ville de Bukavu, (avec
trois sites Buhozi, Kalagane et Mumosho) ;
- Axe Centre KABARE, situé dans l‟espace de 20 km à l‟Ouest de la ville de Bukavu, (avec les sites de
Ludaha, Cijo et Kinjuba) ;
- Axe WALUNGU - BURHALE, situé dans les l‟espace de 40 km au Sud-Ouest de la ville de Bukavu
(regroupant les sites de Walungu et Mulamba)
Au cours de cette recherche nous avons consulté 170 personnes sédentaires dans les
zones agricoles périphériques et dont les ménages sont partenaires de IADL. Le guide d‟entretien était
composé des questions semi-fermées permettant de recueillir des informations sur la soudure agricole
dans le milieu d‟étude, ses caractéristiques et stratégies locales de recherche action pour survivre durant
la soudure.
Les contacts se sont tenus en focus group sur des sites isolés en regroupant :
- Axe Centre KABARE : 50
- Axe KASHA-MUDAKA : 30
- Axe MUMOSHO-NYANGEZI : 40
- Axe WALUNGU-BURHALE : 50
Nous avons procédé par les techniques d‟interviews semi-structurées (Neumann, 2011) dans une
atmosphère de dialogue fraternel et horizontal. Un questionnaire simple, avec questions ouvertes, a été
soumis au groupe cible. Les questions portaient essentiellement sur :
(1) La caractérisation et la description de la période de soudure : présentation des signes démarquant
la période de soudure et des autres périodes dite d‟abondance, la dénomination de cette période
en terme simple et local;
(2) L‟occurrence de la période de soudure : la description des mois durant lesquels plus de 80% de
ménages agricoles se plaignent du manque de stock alimentaire au sein des ménages, les
sources des aliments consommés et la vulnérabilité lue à travers les admissions dans les centres
nutritionnels thérapeutiques (CNT)
(3) Définition des alternatives de survie en milieu rural, en excluant l‟exode d‟autant plus que le terroir
paysan est son espace vital. Ceci inclut les autres sources alimentaires, les alternatives
économiques possibles, …
Les données récoltées ont été dépouillement manuellement à partir des fiches puis enregistrées en
format Excel.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 104
RESULTATS
Définition de période de soudure agricole en milieu péri-urbain.
La population périphérique reconnaît la chronicité de la période de soudure avec des
dénominations particulières. De manière toute la période de soudure qui s‟étend sur des mois est
dénommée en mashi »Kashoholo », cela veut dire que l‟alimentation est basé sur la consommation des
feuilles de haricot «bishogolo» ici.
Le tableau 1suivant reprend les caractéristiques de ces périodes et leurs désignations en mashi.
Tableau 1. La soudure agricole dans la périphérie de la ville
Période
Nom attribué
Signification
Septembre Cese
« Plus rien dans le
grenier »
Octobre
Muhaho
« pas assez pour se
rassasier »
Novembre Cese
« Plus rien dans le
grenier »
Décembre Luberabibuga
« la
santé
est
dégringolante »
Mars
Kuyasan‟omusiho « le souffle de vie est
chutante »
Avril
Kahyakarhanzi
Comportement social général
La population trie la semence et en
consomment les mauvaises pour semer
Ramassage des aliments sauvages
poussant comme mauvaises herbes
Dépendance du marché, des crédits
Période d‟admission dans les centres
nutritionnels thérapeutiques
Les paysans traversent difficilement la
période de grande famine
Il ya de récoltes qui s‟annonce (caféier,
haricot vert, …
Ce tableau démontre que la période de soudure agricole est reconnue et constitue une phase
difficile de survie du paysan au niveau de ménages. Les noms attribués aux différentes séquences de la
période de soudure agricole dans les zones agricoles périphériques de la ville de Bukavu.
Origine et composition des repas en périodes de soudure agricole
site d'enquête
a. Origine des mets présentés à table lors de la soudure
Le graphique 1 présente les différentes sources d‟aliments auxquelles les ménages agricoles des sites
étudiés ont accès pour se nourrir en période de soudure agricole
récolte
dans les
champs
% des répondants
Graphique 1 : Sources d‟approvisionnement en aliments des ménages agricoles en période de soudure
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 105
Il se dégage ainsi qu‟en périodes de soudure agricole dont la durée est de plus de 4 mois, les
aliments consommés dans les ménages des sites IADL proviennent des marchés à plus de 80% des cas
observés. Ces aliments qui sont vendus aux marchés locaux proviennent du Rwanda, à travers la ville de
Bukavu, pour la plupart des fois. Les récoltes dans les champs sont assez faibles pour s‟assurer une
sécurité alimentaire, probablement aussi cette récolte porte sur les légumes et quelques fruits et aliments
sauvages.
b. Composition des repas journalier et fréquence d‟alimentation par jour
Les principales combinaisons alimentaires disponibles et constituantes des régimes alimentaires des
ménages agricoles en période de soudure agricole sont reprises dans le graphique 2 ci-après.
Graphique 2 : Combinaison des aliments en période de soudure agricole
Légende :
Régime A: Pâte de farine de manioc + feuille de haricot ou de manioc/ amarantes/ haricot
Régime B: Pâte de farine de manioc et maïs + feuille de haricot/ feuille de manioc + fretin
Régime C: Pâte de farine de manioc et maïs + poisson/viande + légumes
Régime D: Patate douce, banane ou igname + haricot
Régime E: Riz + haricot, feuilles de manioc, feuilles de haricot
CEKA : axe Centre Kabare ; KAMU : Axe Kasha Mudaka ; MUNYA : axe Mumosho- Nyangezi WAMU :
axe Walungu-Burhale
De ce graphique, il ressort qu‟en période de soudure agricole, les ménages qui vivent dans l‟axe
Centre KABARE ont comme régime alimentaire principal : Pâte de farine de manioc + feuille de haricot ou
de manioc/ amarantes/ haricot auquel ils combinent secondairement la farine de maïs pour la pâte et les
fretins dans les légumes feuilles qui font les menus quotidiens.
La même situation s‟observe pour les ménages des sites de l‟axe KAMU (Kasha - Mudaka) et
l‟axe WABU (Walungu – Burhale). Toutefois, ces derniers (ménages agricoles de KAMU et WABU) ont
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 106
une petite marge de manœuvre pour varier leur ration alimentaire par les patates douces, bananes
plantains et/ou ignames entre en lignes de compte pour les mets présentes a tables mais là encore dans
des faibles proportions.
En ce qui concerne les ménages agricoles des sites de l‟axe MUNYA (Mumosho - Nyangezi) le
régime alimentaire principal en période de soudure est essentiellement constitué de: Patate douce,
banane ou igname et haricot. Par temps et par moment, ils varient cette combinaison alimentaire par la
pâte de farine de manioc et feuille de haricot ou de manioc/ amarantes/ haricot. Ils y associent, lorsque les
moyens le permettent le maïs (pour la pâte) et les fretins (dans les légumes feuilles).
La fréquence moyenne des repas journaliers va de 1 à 2 repas dans tous les axes. Il sied de
signaler que le rassasiement et la diversité d‟options alimentaires ne sont pas toujours au rendez-vous en
période de soudure agricole. Pour accéder à la nourriture, la priorité est accordée aux enfants et
personnes âgées qui ne peuvent pas supporter le régime de jeûne forcé imposé par la longue période de
soudure agricole. Pour les ménages qui n‟ont qu‟un seul repas (cas des ménages vivant de l‟axe
MUNYA), il est servi très tard dans la soirée.
Admissions dans les Centres Nutritionnels Thérapeutiques (CNT), une vulnérabilité paysanne en période
de soudure agricole
Des résultats des enquêtes et entretiens réalisés dans des centres nutritionnels des sites d‟action
IADL, il s‟observe des cas d‟admission dans les centres nutritionnels thérapeutiques pour cause de
malnutrition et insuffisance alimentaire. Le tableau 2 reprend les fréquences observées pour les
admissions dans les CNT par catégorie d‟âge des patients dans les sites d‟action IADL.
Tableau 2: Fréquence (%) des cas d‟admissions aux centres nutritionnels thérapeutiques
Ages des admis aux CNT
CEKA
KAMU
MUNYA
Adultes > 18 ans
30%
35.0%
35%
Enfants < 15 ans
70%
65.0%
65%
WABU
33%
67%
Du tableau 2 il ressort que les admissions dans des Centres Nutritionnel Thérapeutique (CNT)
concernent beaucoup plus les enfants pour lesquels le score d‟amission représente au moins 65% des
cas répertoriés dans les CNT des sites IADL. Les femmes et jeunes filles représentent plus de 75% des
personnes admises dans les centres nutritionnels.
Toutefois, il sied de signaler que la malnutrition et la sous-alimentation frappent aussi la gent
masculine; mais pour cette dernière, la honte fait qu‟ils ne se présentent pas dans des CNT pour des
traitements plus appropriés, avait déclaré un responsable d‟un CNT qui a été interviewé.
La situation devra donc être comprise comme catastrophique chez les enfants avec beaucoup de cas de
décès liés à la faim.
Pression sur les ressources naturelles domestiques existantes en période de soudure
Le tableau 3 suivant démontre comment les ménages exercent une pression sur les ressources
naturelles disponibles pour s‟assurer une survie en période de soudure agricole.
Tableau 3 : Pressions sur les ressources naturelles pendant la soudure
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 107
Ressources
disponibles
Parcelles et
champs
individuels
Champs de
manioc
Chèvres, poules,
cobayes, lapins,
…
Boisements
existants
Vente sur pieds
des produits
agricoles
(bananeraie,
manioc, caféier,
…)
Manifestations
Vente des parcelles à
des prix trop bas et
réduction des espaces
vitaux par ménages
Collecte des jeunes
feuilles
comme
légumes à raison d‟1
ha pour 20 ménages
chaque jour
Mise sur le marché
d‟une ou deux chèvres
adultes sur un lot de 5
Coupe des vieux
plants d‟avocatiers, de
Ficus, de Grevillea,
Acrocarpus,
Eucalyptus,…
pour
produire les braises
ou les planches
Auto-désappropriation
des récoltes avant
termes et risques des
conflits sociaux avec
l‟acheteur
si
rendement insuffisant
ou vol des cultures
dans les champs
Total des
informateurs
CEKA KAMU MUNYA WAB
U
Total
Fréquenc
e cumulée
10
3
6
10
29
0,17
38
18
30
32
118
0,69
37
25
25
32
119
0,70
25
15
16
20
76
0,45
15
6
8
12
41
0,24
50
30
40
50
170
De ce tableau, en considérable les fréquences cumulées, il se dégage clairement que les
champs de manioc et les petits élevages (chèvres, poules, lapins, …) et les boisements existants
subissent de très fortes pressions avec risques d‟épuisement si le stock n‟est pas contrôlé. La vente des
parcelles et des cultures sur pied se fait dans le but de trouver des palliatifs pour lancer les activités de
petit commerce ou faciliter la scolarité des enfants.
Alternatives économiques pendant la soudure
Le tableau présente les alternatives économiques qui sont développées par les ruraux des zones
d‟action IADL pour survivre et couvrir certains besoins pendant la période de soudure. Il s‟agit des
activités génératrices de revenus, des engagements comme journaliers champêtres. Ces types d‟activités
varient pas beaucoup selon les axes.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 108
Le tableau 4, ci-après, reprend les types d‟alternatives auxquelles les ménages agricoles font
recours ainsi que le taux des ménages impliqués par axe dans les zones d‟intervention de IADL.
Tableau 4 : Alternatives économiques de survie pendant la période de soudure
Alternatives économiques
CEKA
KAMU
MUNYA
Exercice du petit commerce
43
24
30
Travaux de porte faix
10
8
6
Prestation des services agricoles
20
17
25
Ristourne (à travers les mutuelles solidaires)
45
24
28
Production des briques
8
Ventes des sticks d‟eucalyptus
15
4
Recours au soutien extérieur auprès des tiers 18
6
10
(microcrédits)
WABU
35
15
30
38
5
17
L‟exercice du petit commerce et la prestation des services agricoles sont les alternatives
développées par les ruraux en périodes de soudure agricole pour faire face aux besoins des ménages
agricoles du Bushi. Les ristournes, à travers les dynamiques des mutuelles de solidarité, et l‟accès aux
microcrédits permettent surtout de financer l‟exercice du petit commerce et la scolarisation des enfants.
DISCUSSION
Les disponibilités des produits agricoles et alimentaires dans les zones d‟étude sont
assurées par les cultures pratiquées dans les sites dans le système traditionnel, Cette zone
regroupe les zones marécageuses dans les groupements de Ludaha, Mudaka, Mumosho et
constituent un potentiel agricole pour s‟assurer la sécurité alimentaire. Ces zones humides sont
exploitables en larges groupes d‟exploitants agricoles, et font partie des ressources naturelles
collectives qui nécessite un mode de gestion collective pour contourner la soudure agricole et
consolider la paix en milieu rural (DIOBASS, 2009).
Dans cette zone, malgré la large gamme de cultures pratiquées (Katwanyi et al, 2013),
les cultures porteuses sont bien limitées en quantité et qualité, et sont saisonnières, de cycle
court s‟étendant sur 3 à 4 mois et dont les techniques de conservation post-récolte posent encore
de sérieux problèmes aux paysans du Kivu, à l‟exception des haricots, de sorgho, manioc et des
sticks d‟eucalyptus (Raemakers, 2001). Ainsi, elles sont récoltées rapidement, et mise en vente
rapidement à défaut de maîtrise des technologies simples de leur transformation et conservation.
Les prix sont souvent fixés par les acheteurs, et deviennent ainsi peu rémunératrice pour couvrir
les besoins des petits producteurs qui doivent, de surcroit, traverser pendant plus de 4 mois une
période dure de famine et de crise financière qui affectent négativement l‟environnement et les
ressources naturelles collectives (DIFD et al, 2002), comme les boisements, les parcelles,…
La culture de l‟eucalyptus comme source de revenus est bien connue dans la région des
pays des grands lacs africains, en tant que bois d‟œuvre et bon combustible (Egli. et al, 1998).
Cependant, cette culture dessèche les sols, constituant un facteur limitant de la productivité
agricole en Afrique tropicale en lien avec la sécurité alimentaire (Zirhumana 2013; Molenaar et al,
2008).
Les données récoltées montrent que les mois de septembre, octobre, novembre et décembre
constituent les mois de soudure agricole pour les paysans de vivant dans la région périphérique
de la ville.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 109
Les opportunités alimentaires sont limitées et ainsi que les possibilités d‟exploitation des
ressources naturelles alimentaires disponibles ou spontanées dans la nature. Et, selon Pierre
(2004), c‟est en cette période que des ménages pauvres couvrent seulement 30% de leurs
besoins alimentaires par leurs productions principales et pour le reste ils dépendent des crédits.
Depuis plus de Cinq années IADL entretient un système de crédit rotatif dans cette zone pour
contribuer à réduire la vulnérabilité de la soudure face aux multiples besoin de survie. Il est
visible aussi que cette période correspond à celle de la rentrée des écoles et universités en
RD.Congo, et comme les parents supportent les coûts et frais des études, il est bien clair que la
période de soudure a des liens néfastes avec la déscolarisation, à la suite du manque des frais
alloués aux études dans les ménages pauvres.
Ceci démontre donc clairement que dans le processus d‟appui aux structures paysannes
locales, la période doit être bien étudiée au préalable, pour permettre au paysan de survivre.
Il se montre que les pressions sont faites sur les ressources disponibles pour assurer la survie
des ménages, avec effets sur l‟épuisement de certains éléments, à cause de la surexploitation
non sélective. Cette tendance favorise dans le futur des crises alimentaires même en période de
récolte, avec une forte tendance tournée vers des importations suivies des flambées des prix
des produits agricoles. Cette question des rendements et des prix des produits agricoles
porteuses est une question délicate en discussion dans tous les forums des agronomes et
actuellement elle se présente comme un dossier important au sein des gouvernements (Vanicet
al, 2008 ; BANQUE MONDIALE, 2011).
Pour réduire la vulnérabilité en période de soudure un accompagnement paysan dans la
recherche-action pour valoriser les aliments traditionnels et sauvages est à encourager.
L‟exploitation des espèces sous-utilisées se présente comme une voie pour la promotion d‟une
meilleure utilisation de la biodiversité au profit des communautés rurales ou urbaines en proie à
la pauvreté, la malnutrition et à des maladies carentielles.
Cette approche écologique née d‟une démarche de recherche-action permet aux ménages de
faire face aux problèmes de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et de pauvreté par la relance
des activités génératrices des revenus basées sur la valorisation des espèces sous-utilisées ou
mieux abandonnées. Ceci avait déjà été mentionné par certains auteurs, à l‟instar de Jones et
al. (2009), Hughes (2009) ainsi que Adhama et al (2013). Ceci peut ouvrir à une large vision sur
le champ alimentaire qui n‟est pas tributaire du marché, dans le contexte de la pauvreté criante
dont souffre le Sud-Kivu (PNUD, 2009).
La diversification des habitudes de production et de consommation faisant intervenir une
large gamme des espèces locales, particulièrement appelé «espèces sous-utilisées », peut
contribuer significativement à l‟amélioration de la santé et de la nutrition, des conditions socioéconomiques, de la sécurité alimentaire au niveau des ménages, et de la durabilité des
écosystèmes. Ceci constitue une base solide pour renforcer la gestion collective des ressources
naturelles, et la protection des ressources alimentaires négligées en période d‟abondance,
lesquelles peuvent jouer un rôle important dans la promotion de la sécurité alimentaire.
Actuellement, en milieu paysan, les produits des champs seuls ne suffisent pas ou/ plus
pour subvenir aux besoins des producteurs. Il faut à tout prix trouver des moyens extérieurs de
renforcement financier pour assurer la sécurité alimentaire, et particulièrement en période de
soudure. Selon les recommandations de FARA (2007), pour renforcer la compétitivité de
l‟agriculture africaine, il est impérieux d‟offrir des possibilités financières aux petits producteurs
pour diversifier les productions et aussi améliorer l‟accès aux marchés. C‟est dans ce cadre que
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 110
Bulongo (2008) se plaignait déjà de l‟insuffisance du financement agricole dans le Sud-Kivu,
accusé comme facteur –clé de la chronicité de l‟insécurité alimentaire observée.
Aussi, la région d‟étude globalement souffre-t-elle d‟une précarité alimentaire due, d‟une
part, à l‟absence d‟une politique agricole concertée et, d‟autre part, au manque de financement
du secteur agricole. A cela s‟ajoute la sous-information sur les techniques culturales améliorées
lesquelles peuvent contribuer significativement à la réduction de la période de soudure et de
valoriser les ressources naturelles collectives comme support de la vie économique des milieux
paysans.
Une expérience observée en Afrique de l‟Ouest pour réduire les risques liées à la période de
soudure, un nouveau type de banque alimentaire permet aux paysans pauvres d‟obtenir des
céréales en période de pénurie vivrière saisonnière ou inattendue (Rose, 2008). Et, aussi, ces
banques, exclusivement gérées par les femmes, améliorent la nutrition, maintiennent la cohésion
familiale et permettent d‟accumuler des intérêts sous forme de céréales dans les entrepôts. Ces
banques alimentaires maintiennent-elles la cohésion familiale tout au long de la période de
soudure et peuvent susciter de nouvelles approches de recherche action participative pour
renforcer la sécurité alimentaire au sein des communautés rurales (Balagiziet al, 2011).
Notons, cependant que les mutuelles de solidarité paysanne soutenues, constitueraient
une alternative et initiative favorisant les entraides paysannes pour améliorer la sécurité
alimentaire basée sur des fonds rotatifs bétail ou semences (Louvain Développement, 2008). Ces
initiatives sont déjà en place dans les sites IADL et nécessite un suivi et une structuration pour
penser globalement autour de la souveraineté alimentaire.
Le concept de banque de soudure autant que des mutuelles de solidarité repose sur l‟échange.
Chaque semaine, les agriculteurs pauvres reçoivent des céréales en prêt. Ils doivent ensuite
rembourser – non pas en argent mais en céréales, au moment de leur propre récolte (Adhama,
2010). Ainsi, il est bien possible de réduire les risques de la période de soudure en milieu rural si
plusieurs acteurs en charge du développement agricole font de cette question la priorité dans
leurs interventions.
Ceci implique à la fois les ONGs nationales et internationales, les organisations
paysannes, les chercheurs en santé et développement communautaires, les institutions des
micro-finances, le Gouvernement provincial, et les ménages ainsi que les comités villageois. Ces
derniers doivent prendre en considération la période de soudure (comme un facteur de risques),
dans la planification agricole et définir des stratégies efficaces pour gérer collectivement les
ressources existantes. Il s‟agit ainsi intégrer des technologies sociales adaptées et efficaces
favorables à la réduction des risques liés à la période de soudure.
CONCLUSION
Cette étude a été conduite à travers la collaboration interinstitutionnelle notamment
l‟Organisation Non gouvernementale IADL et l‟Université Libre des Pays des Grands lacs et
L‟Université catholique de Bukavu, autour de la sécurité alimentaire et la réduction de la Pauvreté
en milieu paysan. Elle s‟inscrit dans le processus d‟accompagner des communautés paysannes
pour l‟accès aux ressources alimentaires et d‟amélioration des conditions de vie par la gestion
durable des ressources naturelles.
Ce travail se veut être une étude descriptive de la période de soudure, des mécanismes internes
d‟auto-prise en charge que les ruraux développent dans le Bushi et particulièrement dans les
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
ADHAMA M. et al. : Adaptation des ménages périurbains à la soudure agricole 111
sites de travail de IADL-asbl, avec comme unité d‟étude : le ménage agricole.
Et ces mécanismes font partie intégrante des écosystèmes vitaux des paysans et constitueraient
ainsi des éléments importants à prendre en compte dans tout programme visant la promotion de
la gouvernance environnementale des milieux ruraux et la réduction de la faim et la pauvreté.
Pour la collecte des données, des enquêtes ont été conduites sous-forme d‟interviews semistructurées, avec des focus groups représentés par les membres des Organisations Partenaires de IADL
et des membres des comités locaux de développement.
Les aliments disponibles au sein des ménages agricoles proviennent des marchés locaux, lesquels
s‟approvisionnent à Bukavu pour la plupart des produits qui y sont vendus. Les combinaisons alimentaires
auxquelles les ménages agricoles ont accès sont essentiellement la pâte de farine de manioc et feuille de
haricot ou de manioc et/ou amarantes et/ou haricot pour les ménages des axes CEKA, KAMU et WABU.
Dans les sites de l‟axe MUNYA le régime alimentaire en période de soudure est composé des patates
douces, bananes plantains ou des ignames associés au haricot. La diversification des aliments et le
rassasiement ne sont pas toujours au rendez-vous ce qui pousse les chefs desdits ménages d‟accorder
priorité pour l‟accès à la nourriture aux enfants et personnes âgées.
Ensuite, des activités alternatives pour survivre pendant la période de soudure sont basées sur
l‟exercice du petit commerce et la prestation des services rémunérateurs chez les tierces (porte faix,
service champêtres), les ristournes à travers des mutuelles de solidarité, et microcrédits issus des tierces.
Les pressions sur les ressources naturelles sont fortes mettant en risques les écosystèmes et ressources
naturelles collectives.
Remerciements
Les auteurs remercient sincèrement l‟organisation allemande Pain pour le Monde (PPLM) qui a facilité le
financement de cette recherche au travers le programme d‟appui à la Sécurité alimentaire en partenariat
avec IADL-asbl. Le projet de partenariat est eenregistré sous le numéro Projet No B-COD-2014-5055
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 114
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 114-124
DEFIS DE PRISE EN CHARGE DES PERSONNES DE TROISIEME AGE A TRAVERS LES
ACTIVITES AGRICOLES A OÏCHA, TERRITOIRE DE BENI.
RESUME
KASEREKA MWANAMOLO et KAVIRA KALENGYA
Tenant compte de la classification de la population selon l‟âge, la géographie humaine considère que les
personnes âgées de 60 ans et plus sont des vieux de 3 e âge et que cette catégorie est celle des personnes prises en charge. Il
se fait fort malheureusement que dans notre pays il n‟existe aucune structure à la hauteur de prendre les personnes âgées
en charge et que chaque individu en âge adulte doit pouvoir se préparer à sa propre prise en charge à la vieillesse soit par
l‟épargne soit par la mise sur pied d‟un petit projet d‟investissement.Sur les 120 sujets agriculteurs en âge actif ayant
constitué notre échantillon, 20% seulement sont à la hauteur d‟investir et 7,5% d‟épargner. Cela implique que la vieillesse
de la plupart de ces agriculteurs, soit 72,5% est mal préparée et par conséquent sont obligés de passer leur vieillesse dans
les conditions inhumaines d‟existence. Cette situation est due à une faible production agricole et d‟élevage qui est loin de
fournir un supplément pouvant permettre aux agriculteurs d‟investir dans domaines productifs.
MOTS CLES : La vieillesse, l‟agriculteur, la prise en charge.
ABSTRAT:Mentionnine the people classification roving to the age, the human geographical consideration of sixty old
aged people or more than that are the third (3 rd ) aged ones-and that category of people needs their special taking care.
However, no structure or organization which takes into accompt, considering this large task of occupying old people into
our country and every person owing to his own age would prepare his old age by saving or organizing some small
investment projects.Owing to our simple, on our simple, on 120 subjects studied of active 3 rd aged people, 20% only can
invest and 7,5% save to bank. That means a great deal of the 3 rd aged people, 72,5% prepare as bad as possible their old
hoodand are consequently doomed to live in unhuman conditions because of possibility. All the following situations are
due to the law production from farming and stock farming which is not suffusing to supply and alow them to raise (bring
up) other productivity domains.
KEYWRDS:Old age, Old hood, Farmer, agriculture, The care taking.
1. INTRODUCTION
Tenant compte de la classification de la population selon l‟âge, le Fonds des nations Unies
pour la Population (UNFPA) considère que les personnes âgées de plus de 60 ans sont classées dans la
catégorie sociale dite « personnes de troisième âge » et cette catégorie est jugée vulnérable
physiquement et socialement, et doit mériter inconditionnellement une assistance sociale ou prise en
charge. (CHEAL, 1990 ; MEMIN, sd).
En République Démocratique du Congo, vers les années 70, l‟agriculture considérée comme le cheval
de bataille du Gouvernement a été proclamée « priorité des priorités ». Dans cette même optique, lors de
sa 2e session (Mars-Juin 1981), le comité central du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) s‟est
décidé sur la relance agricole (BEEKMANS, 1986), pour assurer la sécurité alimentaire des tous les
citoyens et particulièrement des personnes de troisième âge et des enfants.
Selon la FAO, lasécuritéalimentaireexistelorsquetouslesêtreshumainsont,à toutmoment,unaccès
physique etéconomique àunenourriture suffisante, saine etnutritive leurpermettant de satisfaire
leursbesoinsénergétiques
etleurspréférences
alimentaires
pourmenerunevie
saineetactive.(Sommetmondialedel‟alimentationRome,1996)
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 115
En milieu rural de Béni, comme dans plusieurs contrées du Kivu, l‟hypothèse qui découlent
de cette auto-prise en charge, dans le contexte où les structures sociales de l‟Etat sont défaillantes, sont
telles que l‟activité agricole locale ne dégagerait qu‟une épargne insuffisante et par conséquent la
vieillesse serait une charge qui pèse sur les actifs agricoles. Cette épargne interviendrait dans la
résolution des problèmes sociaux, de santé, scolarisation des enfants, habillement, etc.
Pour garantir leur vieillesse, les agriculteurs élèveraient des bêtes et achèteraient des champs
supplémentaires.
Le rapport de recherche préliminaire effectué par notre laboratoire de recherche en
développement communautaire (2013) a démontré que les vieux agriculteurs d‟Oïcha sont
majoritairement exposés à de grands défis qui impliquerait la société, notamment le rejet familial et social,
la faible accès à la nourriture et aux soins de santé, le manque de capital financier pour un loisir sain.
certains vieillards sont considérés comme sorciers et certains sont dépouillés de leurs biens.
En réalité, cette situation ne serait pas vécue en RD Congo au regard des dispositions de l‟article 49 de la
constitution du pays (2006, p7) qui stipule que « la personne du 3e âge et la personne avec handicap ont
droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leur besoins physiques, intellectuels et
moraux ».
La présente étude s‟intéresse aux personnes de 3e âge évoluant dans le secteur agricole
particulièrement celles de la centrée d‟Oïcha, chef lieu du territoire de Beni car étant à vocation agricole et
où nous avons mené notre enquête.
De ce qui précède, il y a lieu de s‟interroger si l‟activité agricole est susceptible de dégager
une quelconque épargne.
En second lieu, l‟on peut se demander comment les agriculteurs procèdent-ils pendant leur
période de vie active pour garantir leur vieillesse ?
2. APPROCHE METHODOLOGIQUE
Pour réaliser notre étude et atteindre l‟objectif de celle-ci nos analyses s‟inscrivent dans la
ligne tracée par le sociologue PARSON. Il s‟agit de l‟analyse structuro-fonctionnelle qui utilise le protocole
ci-dessous :
Considérer le système social comme une catégorie analytique posé à priori, lequel doit être
conceptualisé dans son ensemble avant qu‟on puisse passer à l‟étude des problèmes
particuliers ;
Appliquer le schéma de quatre impératifs fonctionnels au maintien de tout système : il s‟agit
d‟AGIL, c‟est-à-dire :
-
A = comme adaptation à l‟environnement ;
-
G = comme Goal achievement (réalisation des objectifs)
-
I = comme intégration ;
-
L = comme Latent pattern maintenance and tension management (maintien de la
cohérence du système des valeurs et résolution des tensions)
Pour cette étude, il s‟agit de comprendre que la vieillesse des agriculteurs en zone d‟Oïcha
bien que résultante du processus biophysiologique n‟est pas un fait à isoler de toute la politique sociale en
vigueur dans le pays tellement que les personnes du troisième âge figurent parmi les catégories
« délaissés ».
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 116
Pour survivre, les agriculteurs d‟Oïcha ont intérêt à s‟adapter aux circonstances du moment
à travers la projection d‟une gestion raisonnée de leur troisième âge de manière à s‟intégrer facilement
dans ce monde dominé par l‟égoïsme de la mondialisation et réduire ainsi les éventuelles tensions qui
naîtraient entre eux et les adultes théoriquement productifs autour de leur prise en charge.
Cette démarche a été appuyée par l‟exploitation documentaire, l‟observation et l‟entretien
avec la cible. Notre cible a été constituée des agriculteurs en âge actif, des vieux agriculteurs soit un total
de 120 sujets agriculteurs en âge actif et 30 sujets des vieillards, anciens agriculteurs.
3. PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
3.1. Etat de lieu de l’agriculture en contrée d’Oïcha
3.1.1. Principales cultures et proportions d’agriculteurs les adoptant en contrée d’Oïcha
Tout être humain veut bien tirer le maximum possible de bénéfice dans l‟accomplissement
de son activité. Il en est de même pour les agriculteurs de la contrée d‟Oïcha qui cherchent toujours à
subvenir à leurs multiples besoins y compris celui de la préparation de leur vieillesse. Pour cela, voyons
alors les principales cultures pratiquées en milieu d‟Oïcha et les proportions d‟agriculteurs les adoptant, le
tableau 1 ci-dessous nous en renseigne plus.
Tableau 1 :Principales cultures pratiquées et proportions d’agriculteurs les adoptant en contrée
d’Oïcha
Cultures pratiquées
Fréquence
Pourcentage
A. Cultures industrielles
Palmier à huile
97
80,8
Cacaoyer
25
20,8
Caféier
31
25,8
B. Cultures vivrières
Riz
94
78,3
Haricot
116
96,6
Arachide
79
65,8
Manioc
118
98,3
Maïs
83
69,1
Bananier
99
82,5
Soja
22
18,3
N=120
N= 120 (taille de l‟échantillon)
Eu égard aux résultats du tableau ci-haut, il apparaît que parmi les cultures industrielles
pratiquées en contrée d‟Oïcha, le palmier à l‟huile vient en premier rang suivi du caféier et du cacaoyer.
Ces résultats peuvent se justifier par le fait que le palmier à huile donne un produit qui entre largement
dans l‟alimentation quotidienne des agriculteurs et le surplus de production est facilement écoulé au
marché compte tenu de la demande élevée des trafiquants des produits agricoles provenant du district de
l‟Ituri en province orientale mais aussi de tous les grands centres de consommation de la province du
Nord-Kivu (Beni, Butembo, Goma) ainsi que les fabriquant des savons artisanaux et industriels présents
dans le milieu.
En outre, la population de la contrée d‟Oïcha a été motivée à pratiquer la culture du palmier
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 117
à huile suite à la disparition des plantations de caféier dévastées par le fléau de la trachéomycose dès
l‟année 1990.
S‟agissant du caféier, malgré les ravages de la trachéomycose, l‟Office National du Café
(ONC), soucieux de relancer cette culture très capitale pour son renom en ville et territoire de Beni, a
procédé à une sensibilisation active et pratique des agriculteurs à la caféiculture en leur disponibilisant
des plantules de la nouvelle variété « Arabusta », mais aussi par des séminaires d‟éradication de la
trachéomycose. Certains d‟entre eux gardant le bon souvenir du café n‟ont pas hésité de refaire
l‟expérience de la culture en adoptant les nouveaux clones réputés tolérants à la trachéomycose.
Quant au cacao, c‟est une nouvelle culture dans la contrée qui également est entrain de
faire son chemin grâce à la société ESCO KIVU, initiatrice de cette culture en territoire de Beni depuis
l‟année 2002 Il convient en fait de souligner que le prix actuel du Cacao vari de 1,6$ à 1,7$/kg et incite
plusieurs agriculteurs à son adoption.
Les cultures vivrières se succèdent suivant l‟ordre décroissant de leur adoption de la
manière suivante : manioc, haricot, banane, riz, maïs, arachide et enfin soja. Cette succession se justifie
par le fait que les cultures entrant en grande partie dans l‟alimentation locale de la population et faisant en
même temps l‟objet de vente se positionnent en premier rang. Les cultures qui tirent la queue du
classement entrent trop peu dans l‟alimentation locale et sont destinées majoritairement à la vente avec
souvent une faible valeur économique.
3.1.2. Etendue emblavée par culture et nombre de récoltes par an
Le niveau de production d‟une culture peut être déterminé par la fertilité du sol, les bonnes
conditions écologiques et les bonnes techniques culturales.
Mais il existe un autre élément, non le moindre, la superficie emblavée des cultures. Les
données relatives à ce dernier élément dans la contrée d‟Oïcha sont reprises dans le tableau 2 cidessous.
Tableau 2 :Etendue emblavée par culture et nombre de récoltes par an
Culture
Superficie
Effectif des
Moyenne d’ha
emblavée
pratiquants de la
emblavée par
culture
agriculteur
Caféier
24 ha
31
0.77 ha
Cacaoyer
15 ha
25
0,6 ha
Palmier à huile
60,5 ha
97
0, 62 ha
Manioc
59,3 ha
116
0,51 ha
Haricot
51 ha
94
0,54 ha
Bananier
29 ha
83
0,34 ha
Riz
82,7 ha
118
0,7 ha
Maïs
1,5 ha
22
0,06 ha
Arachide
20 ha
79
0,25 ha
Soja
42 ha
99
0,4 ha
N=120
Nombre de
récoltes par an
1
2
12
3
1
3
12
2
2
12
Les données présentées dans le tableau ci-haut révèlent qu‟en moyenne, aucune culture
n‟occupe une superficie dépassant 1 ha. Seules les cultures de caféier, du manioc, de palmier à huile, de
cacaoyer, du riz et de haricot occupent des superficies dépassant 0,5 ha. Ces faibles superficies
emblavées pourraient se justifier par le fait que l‟agriculteur, avec son faible revenu, est obligé de faire luimême tous les travaux liés à la production avec des outils rudimentaires comme la machette, la hache, la
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 118
houe qui ne lui permettent aucunement d‟ouvrir de grands champs.
3.1.3. Quantités de récoltes produites par culture par an et leur destinée
Faisant référence aux superficies emblavées par agriculteur, il y a lieu de présager que le
niveau de production de la plupart des cultures sera faible. Les quantités de production par culture et par
an ainsi que la destinée de cette production sont reprises dans le tableau 3 ci-après :
Tableau 3 :Quantités de récolte produites par culture par an et leur destinée
Culture
Nombre de
pratiquants
Production
moyenne
par saison
( en unité)
Nombre
de
récoltés
Production
par an (en
unité)
Consommation
familiale
Quantité
vendue
Semence
(en kg)
6525,5
Kg
8864 Kg
4944 Kg
-
8706 Kg
8610 Kg
5052 Kg
473,4
Kg
1848 Kg
7904 Kg
9504
régimes
8700
2880
351
-
Café
31
6525,5 Kg
1
6525,5 Kg
-
Cacao
Huile de
palme
25
97
4432 Kg
542 bidons
de 20 litres
2
12
1560 bidons
de 20 litres
Haricot
Riz
Maïs
Manioc
116
94
83
118
9282 Kg
17220 Kg
2009 Kg
263 Kg
3
1
3
12
8864 Kg
6504
bidons de
20 litres
27846 Kg
17220 Kg
6027 Kg
3156 Sacs
Soja
Arachide
Bananier
22
79
99
1003 Sacs
5121 Kg
1386
régimes
2
2
12
2006 Kg
10242Kg
16632
régimes
369 Kg
764 Kg
7128 régimes
10440 Kg
5730 Kg
624 Kg
315,6 Sacs
-
267
1574
N=120
Les résultats présentés dans le tableau 3 ci-dessus ne sont pas fameux si l‟on considère
que l‟agriculteur doit satisfaire l‟ensemble de ses besoins à partir de la production réalisée. Les
rendements obtenus en contrée d‟Oïcha pour diverses cultures, sauf pour le cacao, sont assez faibles si
on les compare aux rendements habituellement reconnus à ces cultures.
Selon le ministère de la coopération française (1974), les rendements annuels habituellement obtenus
pour diverses cultures sont les suivants :
Le maïs : le rendement reconnu est de 500 à 800 kg/ha ; pour le cas d‟Oïcha, nous avons
29 ha avec une production de 6027 kg, soit un rendement de 207,8Kg/ha.
Le café : rendement reconnu 600 à 800 kg/ha, et pour les 24 ha considérés dans cette
étude, la production de 6525,5kg ; soit un rendement de 271,9 kg/ha.
Ce rendement est visiblement inférieur comparativement au rendement scientifiquement reconnu.
Il agréable de noter que les actuels champs des caféiers contiennent les jeunes plantes
remplaçant celles détruites par la trachéomycose. Il est aussi connu que l‟âge de la culture du
café est l‟un des facteurs déterminant son rendement mais aussi joue sur le poids.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 119
Le palmier à huile : le rendement reconnu est de 15 tonnes de régimes par ha soit 3,5t
d‟huile dont 3000 à 3300 kg huile de palme et 300 kg huile palmiste ; nous avons 60,5 ha
avec une production de 149592 kg d‟huile (considérant qu‟un bidon d‟huile pèse 23 kg soit
un rendement de 2472,6 kg/ha) ;
Pour le cas du cacao, le rendement reconnu est de 300 à 400 kg/ha, et pour le 15 ha
considérés dans cette étude, la production est de 8864 kg, soit un rendement de 590,93
kg/ha. Cette différence se justifie par le fait que certains champs produisent mieux que
d‟autres et dans la plupart de cas, cette culture est installée dans la partie du champ laissée
en janchère par l‟agriculteur plusieurs années durant.
3.1.4. La production moyenne annelle par agriculteur et par an
A partir du tableau 3 ci-dessus, il a été possible de déduire la quantité moyenne produite par
agriculteur et par culture. Ces déductions sont marquées dans le tableau 4 ci-dessous.
Tableau 4 : Production moyenne annuelle par agriculteur et par culture
N°
Cultures
Production moyenne annuelle par agriculteur
1
Café
210,5 Kg
2
Cacao
354,56 Kg
3
Palmier à huile
67 bidons
4
Haricot
240 Kg
5
Riz
183,1 Kg
6
Maïs
72,6 Kg
7
Manioc
26,7 Kg
8
Soja
91,1 Kg
9
Arachide
129,6 Kg
10
Banane
168 régimes
Les résultats du tableau 4 ci-dessus, corroborent le constat révélé au niveau du tableau 3,
la production agricole des agriculteurs est très faible alors qu‟elle est répartie pour plusieurs fins
(consommation familiale, marché, semence).
3.1.5. Fluctuation des prix des produits agricoles
Au regard de cette faible production agricole, nous avons voulu savoir comment fluctuent
les prix des produits agricoles en contrée d‟Oïcha. Les résultats de l‟enquête sont consignés dans le
tableau 5 ci-après :
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 120
Tableau 5 :Fluctuation des prix des produits agricoles
N°
Produit Agricole
Mesure
Fluctuation du prix
1
Café
Kg
600 – 850 FC
2
Cacao
Kg
1350 – 1500FC
3
Huile de palme
Bidon 201
8100 – 10800 FC
4
Haricot
Kg
500 – 700 FC
5
Riz
Kg
700 – 850 FC
6
Maïs
Seau
1500 – 4000 FC
7
Arachide
Kg
600 – 1200 FC
8
Banane
Régime
900 – 4500 FC
9
Soja
Kg
300 – 600 FC
10
Farine de manioc
Plastic
3500 – 6000FC
Ecart
250 FC
150 FC
2700 FC
200 FC
150 FC
2500 FC
600 FC
3600 FC
300 FC
2500FC
Prix moyen
725 FC
1425 FC
9450 FC
600 FC
775 FC
2750 FC
900 FC
2700 FC
450 FC
4750FC
Au regard des résultats marqués dans le tableau ci-dessus, on se rend compte qu‟il y a une
forte variation des prix des produits agricoles en contrée d‟Oïcha. Cette situation peut être expliquée par la
loi de l‟offre et de la demande (DEBOURSE.R, 2006). En saison de récolte, le marché est fortement
inondé en produits agricoles avec comme conséquence la baisse des prix. Par contre, en cas de
mauvaises récoltes ou en fin de campagne de récolte, les denrées deviennent rares sur le marché, par
conséquent, on assiste à une augmentation des prix de vente et d‟achat sur le marché.
Pour que les agriculteurs d‟Oïcha puissent bénéficier d‟un prix rémunérateur, ils devraient
trouver un système de conservation de leur récolte afin de vendre un peu plus tard lorsque le marché
devient moins inondé. Mais comme ils produisent moins et accablés par de multiples besoins, ils ont
difficile à attendre la période où l‟offre diminue sur le marché pour profiter d‟un prix plus rémunérateur.
3.1.6. Types d’animaux élevés en contrée d’Oïcha
Au cours de nos enquêtes, nous nous sommes rendu compte que les agriculteurs d‟Oïcha
s‟intéressent aussi à l‟élevage. Les différents types d‟animaux élevés sont repris dans le tableau 6 cidessous.
Tableau 6 :Types d’animaux élevés en contrée d’Oïcha
ype d’animaux élevés
Moyenne d’animaux élevés
Fréquence
Pourcentage
Volaille
485
97
80,8
Rongeur
398
49
40,8
Petit ruminant
345
101
84,1
Porc
60
24
20
Autres
48
38
31,6
Du tableau ci-dessus, il apparaît que les petits ruminants et la volaille sont majoritairement
adoptés par la population. Les rongeurs et le porc sont moyennement adoptés. En dehors de ces animaux
utiles, on rencontre d‟autres animaux de compagnie ne présentant aucune valeur alimentaire ; il s‟agit du
chien et du chat.
Les petits ruminants et la volaille se placent en tête du classement parce qu‟ils sont souvent
utilisés pour résoudre les grands problèmes familiaux ou pour des réceptions des visiteurs de marque
(cas de la volaille utilisée dans la réception des frères, sœurs, père, mère, tante, beau-père, belles-sœurs,
beau-père, belles-sœurs, beaux-frères, proches amis,… et la résolution d‟autres petits problèmes).
Le plus souvent, les rongeurs sont élevés pour la consommation familiale. Quant au porc, il
est élevé pour des fins commerciales bien que cet élevage ne soit pas pratiqué par la majorité
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 121
d‟agriculteurs qui en éprouvent une certaine réticence, car, ils estiment d‟une part que son alimentation est
plus exigeante, d‟autre part c‟est un élevage à haut risque à cause de la peste porcine récurrente de façon
cyclique.
Les animaux de compagnie sont adoptés pour deux raisons, ils sont considérés comme des
sentinelles des parcelles et utilisés lors de la chasse des gibiers (cas de chien) et ils sont considérés
comme des auxiliaires utiles pour combattre la pullulation des souris dans la maison (cas de chat).
3.1.7. Les effectifs vendus au cours de l’année pour chaque type d’animaux
L‟élevage est un secteur important de l‟agriculture. Il doit en outre renforcer la production
agricole de l‟agriculteur. Les animaux ne seront pas élevés seulement pour l‟autoconsommation familiale
mais aussi pour le marché. Les éléments sur les effectifs des animaux vendus par an sont présentés dans
le tableau 7 ci-dessous :
Tableau 7 :Effectifs vendus au cours de l’année pour chaque type d’animaux
N°
Types
d’animaux
1
2
3
Volaille
Rongeurs
Petit
ruminant
Porc
Autres
4
5
Nombre
d’éleveurs
Moyenne
d’animaux
élevés
Moyenne
d’animaux vendus
par an/l’ensemble
des éleveurs
Moyenne
d’animaux
vendus par an/
par éleveur
Moyenne
d’animaux
vendus par
mois/ par
éleveur
97
101
49
485
345
398
99
67
53
1,02
0,66
1,08
0,08
0,05
0,09
24
38
60
48
42
-
1,75
-
0,14
-
Eu égard aux données reprises dans le tableau 7 ci-dessus, on se rend compte que les
effectifs d‟animaux vendus sont faibles (considérant le nombre d‟éleveurs enquêtés) et que la vente ne
représente qu‟une faible proportion des effectifs disponibles sauf pour le porc pour qui la vente annuelle
prend au moins 70% de l‟effectif disponible. Ceci prouve en suffisance que l‟activité de l‟élevage pour la
plupart d‟animaux élevés dans la contrée d‟Oïcha n‟est pas entreprise pour des fins commerciales mais
pour résoudre certains problèmes familiaux.
3.1.8. Affectation du revenu provenant de la vente des produits agricoles et d’élevage
En se référant à tout ce qui a été dit ci-haut, il a été révélé que les activités agricoles et
d‟élevage procurent peu de revenus aux agriculteurs. Comment ce revenu est-il reparti pour les multiples
besoins des agriculteurs ? Le tableau 8 ci-après donne des éléments de réponse à cette question.
Tableau 8 :Affectation du revenu provenant de la vente des produits agricoles et de l’élevage
Affectation
Fréquence
Pourcentage
Scolarisation des enfants
118
98
Soins médicaux
115
96
Habillement
101
84
Logement
27
22,5
Problèmes familiaux et sociaux
62
52
Investissement productif
24
20
Epargne
9
7,5
N=120
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 122
Du tableau 8 ci-dessus, on voit que le revenu provenant de la vente des produits agricoles
et de l‟élevage est majoritairement destiné à la scolarisation des enfants, aux soins médicaux, à
l‟habillement et aux problèmes familiaux et sociaux. Trop peu de gens procèdent à l‟épargne et à
l‟investissement (soit environ 27,5% des enquêtés). Ceci est un indice que la plupart des gens œuvrant
dans le secteur agricole en contrée d‟Oïcha auront du mal à passer leur vieillesse s‟ils ne sont pris en
charge par les membres de famille en âge productif.
Ceux qui songent à l‟investissement, le font dans le petit commerce, dans l‟achat des
palmeraies et dans l‟achat des parcelles à revendre ultérieurement. S‟agissant du niveau de satisfaction
des agriculteurs face au revenu provenant de la vente des produits agricoles et d‟élevage, 72,5%
d‟enquêtés jugent ce revenu non suffisant alors que 27,5% le jugent suffisant. Ceci ne fait que confirmer
ce qui a été dit dans le paragraphe précédent, un nombre élevé d‟agriculteurs en contrée d‟Oïcha auraient
du mal à préparer leur vieillesse du fait de la faiblesse de leur productivité agricole et du niveau faible de
leur élevage ; ce qui fait que de suite de diverses charges familiales, le gros de ces agriculteurs en âge
adulte restent guettés par la pauvreté et ne peuvent guère se préparer comme il se doit à leur vieillesse.
La banque mondiale a démontré que près de la moitié de la population mondiale soit 2,8 milliards des
personnes disposent de moins de deux dollars par jour pour leur survie (BANQUE MONDIALE, 2004, p
vii). Il est donc difficile voire impossible d‟épargner ou d‟investir avec moins de 2$ par jour.
3.2. CONDITIONS DE VIE DES VIEILLARDS, ANCIENS AGRICULTEURS DE LA CONTREE
D’OÏCHA
Les conditions de vie actuelles des vieillards, anciens agriculteurs de la contrée d‟Oïcha
sont fonction de ce qu‟ils ont acquis et épargné en âge actif et de la façon dont ils ont utilisé leurs acquis
pendant cette même période, comme qui dirait « on récolte ce qu‟on a semé ». A l‟issue des enquêtes, les
vieillards concernés ont diversement apprécié les conditions de vie dans lesquelles ils se trouvent en âge
d‟invalidité. Les éléments de cette appréciation sont consignés dans e tableau 9 ci-après.
Tableau 9 :Conditions de vie des vieillards, anciens agriculteurs en contrée d’Oïcha
Appréciation
Fréquence
Pourcentage
Très bonne
2
6,7
Bonne
3
10
Assez bonne
3
10
Médiocre
17
56,6
Très médiocre
5
16,7
N= 30
100
A partir de ce tableau 9, nous constatons que la majorité de vieillards, anciens agriculteurs
enquêtés, soit environ 73,3% vivent dans des conditions exécrables. Ce constat corrobore, par ailleurs les
résultats du tableau où nous avons trouvé que seulement 27,5% d‟agriculteurs en âge actif étaient en
mesure de procéder à l‟épargne et à l‟investissement. Cette proportion se rapproche de celle des
vieillards, anciens agriculteurs qui vivent dans les conditions quelque peu passables (soit environ 26,7%).
L‟appréciation présentée dans le tableau 9 ci-dessus est la suivante :
Conditions de vie très bonnes : ceux qui sont dans cette catégorie ont l‟accès facile à l‟alimentation,
aux soins de santé, à l‟habillement et disposent des moyens pour satisfaire d‟autres besoins qu‟ils
ressentent ;
Conditions de vie bonnes : à ce niveau, seuls des besoins primaires sont couverts ;
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 123
Conditions de vie assez bonnes : ici on accède avec facilité à la nourriture mais les autres besoins
sont couverts difficilement ;
Conditions de vie médiocres : ceux qui se rangent dans cette catégorie ne savent pas couvrir
l‟ensemble des besoins primaires.
Conditions de vie très médiocres : à ce niveau, les personnes du troisième âge mènent des
conditions inhumaines d‟existence; n‟ayant plus rien à faire, elles sont obligées de procéder à la
mendicité.
La majorité des vieillards, anciens agriculteurs en contrée d‟Oïcha vivent dans la précarité.
Comment parviennent-ils à faire face aux multiples besoins quotidiens surtout les besoins primaires ?
Nous trouvons dans le tableau 10 ci-dessous les types d‟assistance dont ils bénéficient des tiers.
Tableau 10 :Différents niveaux d’assistance aux vieillards, anciens agriculteurs
Cibles ou bienfaiteurs
Fréquence
Pourcentage
Membres de famille
20
66,7%
Familiers/Amis
5
16,6%
Associations d‟assistance sociale
3
10%
Confessions religieuses
2
6,7%
N=30
De ce tableau 10, on tire la conclusion que les vieux agriculteurs sont surtout pris en charge
par les membres de la famille restreinte et en très faibles proportions par les familiers/Amis, les
confessions religieuses et les associations d‟assistance sociale. La priorité des associations d‟assistance
sociale semble être orientée vers les autres couches sociales en détresse comme les veuves, les
orphelins, les malades, les lépreux,… Il est à souligner que les enquêtés, tout en reconnaissant
l‟assistance qu‟ils reçoivent, déplorent le caractère irrégulier dans la réception de l‟aide.
3.3. ADAPTATION DES VIEILLARDS, ANCIENS AGRICULTEURS A UN NOUVEAU MODE DE VIE
Jour après jour, on avance en âge ; tant qu‟on a encore un peu de force pour travailler, on
oublie que le moment de l‟épuisement sera un calvaire. Ainsi, les personnes de troisième âge entrent
dans une nouvelle vie à laquelle il faut s‟habituer, comment, s‟adaptent-elles à ce nouveau mode de vie ?
Les résultats de l‟enquête ont révélé que 20% (de trente enquêtés), s‟adaptent rapidement à ce nouveau
mode de vie, 50% ont une adaptation lente et 30% ne s‟adaptent pas du tout.
Nous avons voulu comprendre pourquoi l‟existence de trois attitudes différentes face à une
même situation qui est la vieillesse. Une observation minutieuse au sein de l‟échantillon des personnes de
troisième âge nous a fait comprendre que le niveau d‟adaptation à cette nouvelle situation dépend des
conditions de vie qui prévalent au moment de la vieillesse. Ceux qui s‟adaptent rapidement sont ceux qui
vivent dans des conditions de vie très bonnes et bonnes. Par contre, ceux qui s‟adaptent avec lenteur sont
ceux qui vivent dans des conditions assez bonnes et une partie de ceux vivant dans les conditions
médiocres d‟existence. Enfin, dans la proportion de ceux qui ne s‟adaptent pas, il y a une partie de ceux
qui vivent dans les conditions médiocres et d‟autres vivent dans des conditions très médiocres. Sous
d‟autres cieux, en France par exemple, une caisse nationale de solidarité pour l‟autonomie en faveur des
personnes âgées sans distinction a été créé, cela depuis, 2004. Ici, on sent que la situation des vieilles
personnes reste la préoccupation de tout le monde (Microsoft ® Encarta ®2009).
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KASEREKA M. : la prise en charge des personnes de troisième âge 124
3.4. INTEGRATION DES VIEILLARDS, ANCIENS AGRICULTEURS DANS LA SOCIETE
Le plus souvent, l‟intégration n‟est pas un processus facile à réaliser. Une personne est dite
intégrée si elle vient d‟être admise dans la communauté ou un groupe social quelconque en tant que
membre égal aux autres. Une question nous préoccupe sous ce point : les vieux cultivateurs sont-ils
acceptés et considérés comme égaux aux autres membres de la société en contrée d‟Oïcha ? Il est sorti
des enquêtés que la majorité des vieux enquêtés soit 77% sont négligés, rejetés et maltraités alors qu‟une
proportion de 23% d‟enquêtés sont intégrés et bien traités. Ces résultats vont dans le même sens que ce
qui a été dit dans la partie introductive « parfois les parents âgés sont brutalisés et dans de nombreux
pays, les personnes âgées sont négligées ou maltraitées » (Broom, 1996, p 173).
Le mauvais comme le bon traitement, la considération ou la non considération des uns ou
des autres est fonction des conditions de vie dans lesquelles on se trouve. La faible proportion des vieux
qui parviennent à être intégrés, sont ceux là qui ont songé à préparer leur vieillesse en investissant ou en
épargnant ; ils ne constituent plus un fardeau pour la société. Par contre, la majorité de vieillards, anciens
agriculteurs rejetés, négligés et maltraités sont ceux qui n‟ont pas su préparer leur vieillesse ; par
conséquent, ils sont dépendants et constituent une charge à supporter.
D‟une façon simple, l‟interaction de différents problèmes qui pèsent sur les vieillards,
anciens agriculteurs d‟Oïcha peuvent être schématisés de la manière suivante :
CONCLUSION
A l‟issue de cette étude, nous venons de démontrer que l‟agriculture en contrée d‟Oïcha ne
dégage qu‟une épargne insuffisante destinée à satisfaire divers besoins liés à la scolarisation des enfants,
aux soins médicaux, à l‟habillement, aux problèmes familiaux et sociaux,…
Seulement 20% d‟agriculteurs en âge actif sont à la hauteur d‟investir et 7,5% d‟épargner.
Cela implique que la vieillesse de la plupart de ces agriculteurs soit (72,5%) sont mal préparés et aussitôt
dans cet état, ils passent par conséquent leur vieillesse dans les conditions inhumaines d‟existence. Cette
situation est due à une faible production de l‟agriculture et de l‟élevage qui est loin de fournir un
supplément pouvant permettre aux agriculteurs d‟investir dans d‟autres domaines productifs.
BIBLIOGRAPHIE
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D.C, 2004.
11. BROON. R, Le secret du bonheur familial, éd. Le témoin de Jéhovah de France, USA, 1996.
12. BEEKMANS.R, Colloque sur les possibilités et les limites de la participation des habitants au
développement rural, Kinshasa, 1986.
13. CHEAL.D, Vieillissement et évolution démographique au Canada, éd. La presse de l‟Université,
Montréal, 1990.
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Kinshasa, 2006.
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16. MEMIN.C, Projet de vie avec les personnes âgées et dépendantes en institution, éd. Bayard,
Paris, sd.
17. RDC,
Constitution
de
la
RDC,
document
officiel,
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
Kinshasa,
2006.
HERI-KAZI et al. : Diversité des sols dans le Bushi
125
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 125-143
DIVERSITE ET MODE DE GESTION DES SOLS DANS L'ESPACE SOCIO-AGRICOLE DES
TERRITOIRES DE WALUNGU ET KABARE, SUD-KIVU, RD.CONGO
HERI-KAZI Bisimwa Aimé1 et COLINET Giles1
ABSTRACT:
The soil management for sustainable production is based on local knowledge about soil diversity affected to agricultural
purposes. This paper aims to determiningthe soil diversity and its agricultural management through local small-scale
farmers‟knowledge within Walungu and Kabare zones. The survey was conducted on the basis of indigenous knowledge
of the types of soils together with their local names. These names provide information about physical characteristics
(color, depth and structure [clay, organic matter, sand, pebbles, stones...]. Several large groups have been identified in the
study area through the statements of farmers on these characteristics. However, their perception in relation to fertility is
limited to crops they currently produce and have almost no coping mechanism to prevent and control farming land
degradation. This situation leads to their choice of management mode that is not related to the type of soil they
have. Also, the land rent will receive no significant improvements to the risk of breach of contract; it is verbal, not secure
enough tenants. Soil analyzes in the laboratory have shown that large groups have identified low levels of factors
considered (nitrogen, available phosphorus, carbon, cation exchange capacity, ...) compared to the thresholds defined in
the literature, most of these soils are acidic. Comparing of the results of analyses to farmers' perceptions related to each of
these large groups, it is concluded that they have a fairly good knowledge of the land they farm, but that does not mean
management appropriate for them. This paper calls upon all stakeholders including decision makers and managers to take
in account the soil improvement as urgent themes looking to indigenous knowledge.
KEYWORDS: Lands use, soils, perception, lands type, vernacular name.
RESUME:
Ce travail se focalise sur l‟évaluation de la diversité des sols et leur prise en compte dans la terminologie vernaculaire par
les agriculteurs dans deux territoires du Sud-Kivu (Walungu et Kabare), Il a permis de déterminer le niveau de
connaissance des ménages rurales, de sols qu‟ils exploitent. Les enquêtes réalisées dans ces contrées ont montré que les
agriculteurs ontune bonne connaissance des différents types de sols qu‟ils exploitent, auxquels ils donnent des noms en
langue vernaculaire locale. Ces noms renseignent sur leurs caractéristiques physiques qui sont fonctions de la couleur, la
profondeur et la composition du sol (argile, matière organique, sable, cailloux, pierres,…). Plusieurs grands ensembles ont
été identifiés dans la zone d‟étude grâce aux déclarations des fermiers sur ces caractéristiques. Cependant, leurperception
par rapport à la fertilité est limitée à ce qu‟ils produisent actuellement et n‟ont presque pas de mécanisme d‟adaptation ou
de lutte contre les dégradations de leurs sols, justifiant ainsi leur choix du mode de gestion qui n‟est pas lié au type de sol
qu‟ils possèdent. Aussi, les terres en location ne bénéficient d‟aucunes améliorations importantes au risque de la rupture
du contrat ; ce dernier étant verbal, ne sécurisant pas assez les locataires. es analyses de sols au laboratoire ont montré
que les grands ensembles identifiés ont des teneurs faibles en éléments examinés (azote, phosphore assimilable, carbone,
capacité d‟échange cationique,…) comparées aux seuils définis dans la littérature et, la plupart de ces sols sont acides. De
la comparaison des résultats d‟analyses aux perceptions des fermiers liées à chacun de ces grands ensembles, on est abouti
à la conclusion que ces derniers ont une assez bonne connaissance des terres qu‟ils exploitent, mais que cela n‟implique pas
une gestion adéquate de leur part. D‟où une interpellation des acteurs qui travaillent dans ce secteur et les services
publics à s‟y investir et permettre une meilleurre gestion liée aux spécificités de chaque type.
MOTS CLES:Mode de gestion, sols, perception, type des sols, noms vernaculaires
1
Université catholique de Bukavu
2
faculté des Sciences agronomie de Gembloux (Belgique)
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
HERI-KAZI et al. : Diversité des sols dans le Bushi
126
INTRODUCTION
Les sols du Sud-Kivu sont sujets à plusieurs types de dégradation affectant négativement la
sécurité alimentaire des ménages ruraux. Ces dégradations sont plus attribuées à des effets anthropiques
(liés à la mauvaise gestion des sols agricoles) qu‟à des phénomènes naturels.
La dégradation physique de ces sols, suite à leur mise en culture est l‟un des facteurs limitant l‟utilisation
durable des sols tropicaux et aussi une cause sous-jacente de l‟insécurité alimentaire et la famine
observable dans cette région. Il est établi que les propriétés intrinsèques des sols peuvent se modifier de
manière significative par l‟intensité des phénomènes d‟érosion. Et, si certaines de ces propriétés sont
assez stables telle la texture, d‟autres tels l‟état d‟agrégation, la concentration en matière organique, les
cations échangeables et les propriétés hydrauliques (battance et dynamique d‟infiltration, humidité du sol)
etc., sont assez variables dans le temps lorsque l‟équilibre naturel est rompu (Quentin et Combeau, 1962)
cités par Njomgang Tchienkoua (1999).
Dans le Sud-Kivu, on observe généralement des types de sols agricoles dont les plus dominants
sont les sols basaltiques et volcaniques (Vandenput R., 1981 ; FAO, 1998). Les sols basaltiques sont très
argileux, compacts et imperméables, et leur fertilité est tributaire de leur degré d‟altération. La fertilité est
bonne en général sur les plateaux à faible pente, mais évolue à la baisse lentement ou rapidement en
fonction du degré de déclivité des versants. Les sols à colluvions sont localisés aux pieds des collines,
tandis que les bas fonds regorgent des sols hydro morphes à alluvions ou colluvions. (Hecq, 1958; Mizota,
1989), cités par Mutombo et al, (1999).
Les sols volcaniques récents et fertiles ou sols minéraux bruts, comprennent les sols formés par
les récentes éruptions volcaniques. On les retrouve dans le territoire de Kabare et se prolongent jusqu'au
territoire voisin de Kalehe au Nord de la ville de Bukavu. Ces types de sols ont une richesse naturelle très
grande. On y retrouve aussi les sols dont la principale caractéristique est qu‟ils sont lourds à horizon
organique épais, contenant des débris végétaux bruts insuffisamment décomposés à pH bas et à réserve
chimique très faible. Leur mise en valeur est très malaisée, ainsi recommande-t-on leur aération par
labour profond, le chaulage progressif et l‟apport du fumier (Matungulu, 1988).
Cet article vise à déterminer le niveau de connaissance des agriculteurs du territoire de Kabare et
Walungu sur le concept « sols » qu‟ils exploitent, au point de vue qualité physique et chimique mais aussi
leur mode de gestion et les difficultés y afférents ainsi que la détermination de leur potentiel physicochimique constitutif pour comparaison. Ceci permettra de proposer des pistes de recherche ultérieures
pour l‟aménagement rationnel des terroirs en fonction du potentiel productif de chacun de grands
ensembles, mais aussi dans la détermination du système de gestion adapté à chaque milieu et permettant
ainsi, une gestion, conservation et amélioration des sols adéquats.
PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
Les territoires de Kabare et de Walungu, occupés en majorité par le peuple bantou d‟ethnie
Bashi, s‟étendent, à l‟ouest et au sud-ouest du lac Kivu. La région formée par ces deux territoires occupe
une superficie d‟environ 4000 km2. Les coordonnées géographiques de Walungu et Kabare sont
respectivement, 2°38‟ Sud ; 28°40‟ Est et 2°30‟ Sud ; 28°48‟ Est.
La moyenne pluviométrique annuelle varie entre 1200 mm et 1700mm de l‟est à l‟ouest, avec 3
mois de saison sèche marquée entre mi-juin et mi-septembre. Les températures sont relativement faibles
(14-24,2°C), avec une moyenne mensuelle de 19,1°C, conférant à la région un climat tropical humide des
montagnes (Inspection provinciale d‟agriculture, pêche et élevage, 2010). La région est constituée des
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HERI-KAZI et al. : Diversité des sols dans le Bushi
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collines basaltiques à large plateau sommital aux larges versants à pente moyenne ou forte. Les deux
territoires sont subdivisés administrativement en secteurs et en groupements. Les secteurs représentent
les chefferies coutumières et les groupements sont constitués des villages et sous villages représentants
les familles claniques.
Ainsi, le territoire de Kabare est constitué du secteur de Kabare avec 14 groupements et celui de Nindja
avec seulement 3 groupements. Le territoire de Walungu a 2 secteurs aussi, celui de Ngweshe avec 16
groupements et celui de Kaziba avec 15 groupements.
Dans le territoire de Kabare, une bonne partie de sa superficie est occupée par le parc de
Kahuzi-Biega dans sa partie nord. Les populations sont installées sur les plateaux et les collines à pentes
faibles et sur les rares plaines. Les champs occupés par la bananeraie sont proches des habitations,
tandis que ceux à cultures vivrières sont soit en association avec le bananier ; ce qui se rencontre
fréquemment chez les petits fermiers et assez souvent chez les fermiers moyens ainsi que rarement chez
les grands fermiers.
Les flancs des collines et les bas fonds sont réservés pour les champs portant des cultures
vivrières. Dans le territoire de Walungu, on y trouve de vastes dépressions entre les flancs de collines qui
sont des zones marécageuses, occupées principalement par les cultures maraichères et quelques
cultures vivrières à graminées (maïs, sorgho).Les flancs de collines sont occupés par les autres cultures
vivrières et parfois certaines habitations. Ici aussi les plateaux sont occupés par la majorité des
habitations et la bananeraie, mais il faut remarquer que la culture bananière n‟est pas aussi développée
qu‟à Kabare. Les associations bananiers et cultures vivrières (haricot, taro, soja, maïs,…) et plantations
d‟eucalyptus sont aussi fréquentes contrastant la question principale de gestion des sols et de la lutte
contre la faim et pauvreté (Zirhumana, 2013).
METHODOLOGIE
MATERIEL : TYPES DE SOLS OBSERVES
Le matériel est constitué des différents grands ensembles de sols où on a prélevé des
échantillons à une profondeur de 10 à 30cm, à l‟aide des sondes de 50cm. Ces échantillons composites
ont été emballés dans des sachets noirs en polyéthylène et transportés au laboratoire de sciences du sol
de la Faculté des sciences agronomiques de l‟Université Catholique de Bukavu. Selon FAO (2001), les
sols de Walungu et Kabare font généralement partie des Ferralsols. Mais du fait que cette classification ne
donne pas de détails pédologiques de chaque site et que la fertilité du sol pourrait être influencée par les
différents modes de gestion des sols, des analyses d‟échantillons des sols ont été faites afin d‟aider à
interpréter les résultats d‟enquête.
CONDUITE DE L’ENQUETE
L‟enquête a été conduite du mois d‟avril jusqu‟à la deuxième quinzaine du mois de mai 2011.
L‟approche qui a été adoptée est celle du questionnaire couplé à l‟entretien ; ce qui a abouti à une analyse
quantitative et qualitative des données.L‟enquête par questionnaire s‟est focalisée sur la connaissance
des grands ensembles (types) de sols ainsi que le mode de gestion des terres agricoles par les fermiers ;
subdivisés en trois catégories, pour des raisons évidentes: grands fermiers (ayant 1 à 2 ha et même plus),
fermiers moyens (ayant 0,1 à moins d‟1 ha) ainsi que les fermiers « sans terres » ou petits fermiers
(possédant moins de 0.1 ha, un champ en location ou sans terre) et a essayé d‟identifier les contraintes
liées à la gestion de chaque type de sols rencontrés ainsi que les solutions adoptées par ces fermiers
pour faire face à ces contraintes.
L‟enquête a été menée dans deux territoires (Kabare et Walungu) dont la justification du choix réside
dans les types particuliers des sols qu‟on y retrouverait.
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Dans chaque territoire, selon les moyens et le timing impartis, ainsi que l‟accessibilité des
milieux, quatre groupements ont été choisis suivant le seul critère de la présence en leur sein des types
de sols recherchés (anciens et récents). Au sein de chaque groupement 30 ménages ont été enquêtés,
les localités ayant été choisies selon les axes Nord-Sud en suivant la toposéquence et les types de sols.
Ces ménages ont été choisis au hasard en tenant compte du seul critère de possession ou pas d‟un
champ propre ou en location. Aussi, au sein de ces ménages, l‟objectif était d‟avoir une représentativité de
ces trois catégories. Au total 240 ménages des fermiers agricoles ou éleveurs vivant dans les 8
groupements choisis ont été interviewés. Ces groupements retenus étaient représentatifs du point de vue
agro-pédologique et l‟échantillon utilisé dans cette enquête a permis de tenir compte de toutes les
différences agro pédologiques ainsi que des micros variations sur le mode d‟utilisation et de gestion des
sols dans les deux territoires.
L‟entretien était conduit immédiatement avec les ménages concernés, dans leurs champs ou
dans leurs parcelles d‟habitation après l‟introduction par les chefs des villages ou les chefs des comités
locaux de développement qui ont facilité l‟identification des différents ménages selon les catégories
prédéterminées.
Le principal répondant était le responsable du ménage ou la personne chargée de la gestion des champs
du ménage, aidée parfois par quelqu‟un faisant partie du ménage. La moyenne d‟âge des répondants était
entre 20 et 45 ans, et la langue locale, le « mashi », complétée quelque fois par le Swahili ont été
utilisées pour l‟administration du questionnaire.
Enfin d‟enquête, dans chaque groupement, il a été procédé à la prise d‟échantillons de sols sur
les différents grands groupes de sols identifiés par les fermiers dans leur milieu et selon leur disponibilité
et l‟accessibilité du site. Ces échantillons ont été prélevés à l‟aide d‟une sonde de 50 cm de profondeur,
mais la profondeur de prélèvement n‟atteignait que 30cm au maximum. Le type de sols en place était le
seul critère de prélèvement considéré.
Concernant l‟analyse des sols, les échantillons prélevés aléatoirement sur chaque grand
ensemble identifié par territoire (deux minimum par type de sols à cause des moyens insuffisants à notre
disposition) ont été analysés au laboratoire de la Faculté des sciences agronomiques de l‟Université
Catholique de Bukavu. L‟objectif poursuivi par ces analyses chimiquesdes sols étaient d‟avoir des
éléments scientifiques pouvant aider à valider les caractéristiques intrinsèques des différents types de sols
telles que décrites par les fermiers enquêtés. A part le pH, trois éléments chimiques et deux facteurs ont
été déterminés lors des analyses de sols, dont notamment le carbone, l‟azote total, le phosphore, le
rapport carbone azote total et la capacité d‟échange cationique. Les modes opératoires d‟analyse ont été
inspirés de (Pauwels et al, 1992).Les fiches d‟enquêtes ont été encodées dans une matrice Excel conçue
au préalable pour permettre leur dépouillement. Et, les réponses aux questions et sous questions (26 au
total) étaient converties en fréquences pour calculer les pourcentages. Les résultats ont été présentés
sous formes de tableaux et des graphiques.
Le traitement statistique des résultats d‟analyses des sols, à l‟aide du logiciel GenStat, a été fait pour
déceler les éventuelles différences entre les types de sols par territoire. Ces résultats ont été ensuite
soumis à l‟analyse de la variance à deux critères de classification, tandis que les moyennes ont été
comparées grâce au test de Lsd (Ppds) à P < 0.05.
RESULTATS ET DISCUSSION
Superficies de terres exploitées par les ménages en fonction des territoires.
Les résutats de ces enquêtes montrent que la superficie moyenne d‟un champ pour les petits
fermiers, qui représentent 36% à Kabare et 50% à Walungu, est de 0,06 ha à Kabare et seulement 0,04
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ha à Walungu. Etant donné que, selon toujours ces enquêtes, les fermiers possèdent 2,1 champs en
moyenne pour Walungu et 2,4 champs pour Kabare quelque soit la catégorie, il revient donc à dire que la
superficie totale d‟une exploitation par ménage est en moyenne 0,14 ha pour les petits fermiers de Kabare
et de 0,084 ha pour les fermiers de cette même catégorie pour Walungu. De même, pour les fermiers
moyens, elle est de 0,90 ha à Kabare et de 0,74 ha à Walungu. Les grands fermiers quant à eux, ont en
moyenne 2,92 ha à Walungu et à peu près le double, soit 5,48 ha à Kabare. Cette disparité dans la
possession des terres est la même dans la distribution des revenus au niveau socio-économique des
milieux ruraux si pas dans la société congolaise en général. Ces valeurs obtenues par ces enquêtes
montrent en effet, que la valeur moyenne ne donnait pas une information suffisante quant à ce qui
concerne les petits fermiers qui ont moins de 0,1 ha pour un ménage de 6 à 8 personnes en moyenne.
Notons que la moyenne de la superficie exploitée par ménage pouvant cacher les grandes
disparités de possession de terres en milieux ruraux comme déjà observé au Bushi, il est important de
déterminer cette superficie en fonction de certains critères, comme les catégories socio-économiques. En
effet, plusieurs auteurs s‟accordent à dire que la superficie moyenne pour un ménage dans Kabare,
Walungu est d‟environ 0,87 ha. (Muhigwa, 1999 et Manegabe, 2004) cités par Louvain Développement
(2008). Cette valeur étant générale, il est préférable de la décomposer et de voir par catégorie de fermier,
pour voir la part effective de chaque ménage en ce qui concerne la possession d‟une terre et aussi teni
compte des types des sols exploités.
Grands ensembles (Types) des sols dans les deux territoires
Nous sous-entendons par grand ensemble des sols, un complexe des sols de type grossier et
hétérogènes et non caractérisés (Landon, 1991). Dans les quatre groupements de Kabare, 10 grands
ensembles (types) de sols (Civu, Ibumba, Kanombe, Kalaga, Lukalabuye, Mpwempwe, Muchanga, Ngwa,
Mukara, Ngungwe) ont été identifiés par les fermiers enquêtés. De ces grands ensembles, 2 sont
majoritairement représentatifs sur l‟ensemble des groupements en étude (Civu et Kanombe). Les autres
grands ensembles ne représentant qu‟un pourcentage de présence faible, comparés à ces derniers.
Aussi, 2grands ensembles se partagent la troisième place (Muchanga et Ibumba), mais étant donné que
le type « Muchanga » est intermédiaire entre « Civu » et « Kalongo », il convient de retenir « Ibumba »
comme troisième grand ensemble, bien que n‟occupant que la quatrième place dans 3 groupements sur
4. Ce grand ensemble vient par contreen troisième position dans le groupement de Miti.
En fait, dans les groupements de Luhihi et d‟Irambi-Katana où se rencontre plus le type
« Muchanga », les champs étaient soit très proche d‟une zone où le sable est fortement représenté dans
la composition des sols, soit prêt de la CIMENKI (Luhihi) ; une cimenterie installée sur des terres
dominées principalement par du calcaire ; les terres sableuses y étant donc assez représentées (en
gardant leurs types d‟origine), d‟où le nom de « Muchanga » en langue vernaculaire locale.
il faut signaler ensuite que, le type « kanombe » porte un autre nom quand on se deplace dans le territoire
de walungu, mais qui veut dire la meme chose dans la langue « mashi », langue vernaculaire dans les
deux contrees. ainsi, a-t-on voulu, pour de raison de conformite, garder l‟appellation de « kalongo » pour
cet ensemble, nom qui est connu par la majorite des fermiers dans le milieu.
Pour le territoire de Walungu, seulement 7 grands ensembles y ont été identifiés dans les quatre
groupements enquêtés (Kalongo ka Muchanga, Civu cya Kalongo, Ibumba, Lukalabuye, Kalongo, Civu,
Bududushi). En comparantles types rencontrés à Walungu à ceux de Kabare, on retient que c‟est le même
ordre d‟importance qu‟on y rencontre, mais avec sans doute une légère différence.
En effet, contrairement à la situation de Kabare, on y rencontre une présence beaucoup plus marquée du
type « Kalongo » sur l‟ensemble des groupements. Aussi, on trouve plus une diversité des types à Kabare
qu‟à Walungu. Les autres types identifiés, avec un faible pourcentage de présence ne représentent que
des formes particulières soit du « Civu » ou du « Kalongo » modifiés.
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Caractéristiques distinctives de grands ensembles recensés et les principales cultures adaptées
Le tableau 1 montre l‟affectation des cultures sur les différents types de sols rencontrés dans les deux
territoires.
Tableau 1 : Cultures généralement pratiquées sur les grands ensembles de sols à Kabare et à Walungu
Grands
Caractéristiques physiques
Cultures pratiquées sur les
ensembles
grands ensembles
Civu
couleur noire, très profond, meuble et très facile à Haricot, Manioc, Maïs, Bananier,
travailler, très fertile et à certains endroits, produit Patate douce, Sorgho, choux, Taro,
même sans fertilisants
petits pois, Pomme de terre, Soja,
Cultures maraichères,…
Ibumba
couleur noire, très profond, meuble et très facile à Oignon, Tomate, Canne à sucre,
travailler, très fertile et à certains endroits, produit Haricot, Cultures maraichères,
même sans fertilisants
Patate douce, Sorgho,…
Kalongo
couleur grise; souvent gorgé d'eau; collant sur les Manioc, Patate douce, Soja,
outils et difficile à travailler; très profond et fertile.
Arachide et Eucalyptus
couleur qui tend vers le rouge; très dur; difficile à Manioc,
Kalaga
Patate
douce
et
Eucalyptus
travailler; très faible profondeur (5 à 10 cm) et se
présente sous forme de poussière; infertile.
Lukalabuye
Deux formes: 1. Couleur noire, avec pierres et Arachides
cailloux, volcanique, fertile et facile à travailler,
profond; 2. Couleur qui tend vers le blanc, avec
pierres et cailloux, mélangé avec le sable, infertile
et difficile à travailler.
Mpwempwe
Mêmes caractéristiques que Kalongo, mais Manioc et Patate douce
faiblement dégradé comme lui et assez profond;
peu fertile.
Muchanga
Mélange de l'argile avec du sable, avec Manioc, Maïs, Haricot et Patate
dominance du sable; facile à travailler, profond, douce
mais peu fertile; couleur semblable à celui du
sable blanc.
Mukara
de couleur noire, dégradé, moins fertile que Civu Haricot.
et difficile à travailler et moins profond que ce
dernier
Ngungwe
Mêmes caractéristiques que Kalongo, couleur Arbres seulement.
grise, avec beaucoup de d'argile en forme de
pierres et totalement improductif.
Ngwa
Mêmes caractéristiques que Kalongo, sa couleur Cultures fourragères
est jaune lavée et totalement improductif.
Bududushi
Sol mélangé aux cailloux, infertiles et difficile à Patate douce et Manioc
travailler
Civu
cya Mêmes caractéristiques que CIVU, mais la Patate douce et Manioc
kalongo
couleur est différente, peu productif, difficile à
travailler et assez faible profondeur
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Kalongo ka couleur rouge, mélange avec le sable à proportion Manioc et Taro
muchanga
beaucoup plus élevée que l'argile; improductif et
facilement dégradable.
Kalabuye
Très dur, improductif, couleur blanchâtre; sol Soja et Maïs
mélangé avec beaucoup de cailloux et difficile à
travailler
De ce tableau il se dégage dans la majorité des cas, les critères de différenciation utilisés par les
fermiers dans les deux territoires pour décrire ces grands ensembles, ils font plus allusion à la couleur du
sol, à sa résistance lors du labour, à sa profondeur et à sa fertilité en termes des récoltes qu‟il donne.En
effet, Delaunois (2008) montre d‟une part, que la couleur du sol renseigne sur sa productivité potentielle et
d‟autre part, que les caractéristiques physiques (dureté, profondeur, porosité, structure, texture) d‟un sol
donnent une idée sur son état de dégradation ou pas. Ainsi, la couleur noire du sol suppose une richesse
en matière organique et donc la fertilité du sol ; la couleur rouge montre l‟accumulation en oxydes de fer
hérités des sols anciens ou tertiaire sous le climat chaud, ou encore hérité de la roche mère.
La couleur brune correspond à la brunification des sols sous climats tempérés et la couleur grise
renseigne sur la formation d‟une nappe permanente dans un horizon.
Les éléments résumés ci-haut montrent donc que ces différents types de sols rencontrés dans
ces territoires ont des caractéristiques assez similaires et selon les réponses des fermiers, le type « Civu »
de Kabare serait le même type « Civu » retrouvé à Walungu.
Il en est de même pour les autres types rencontrés dans les deux milieux, les caractéristiques données
étant semblables. On enretient donc que, « Civu » est un sol riche en matière organique, facile à travailler
et par conséquent, très fertile. Le type « Kalongo » par contre, est peu profond, dur à travailler et renferme
une forte accumulation en oxyde de fer et, donc infertile.
Le type « Ibumba » quant à lui, est caractéristique des zones marécageuses et a une bonne
fertilité mais présente de difficulté quant à sa gestion par rapport à l‟eau qu‟il contient.
Les autres types, à faible pourcentage d‟apparition sont caractérisés en les comparants à ces trois grands
ensembles principaux quant à leur fertilité, mais aussi par la composition en sable ou en cailloux ou
encore en graviers qu‟ils contiendraient. Ils sont estimés fertiles s‟ils contiennent une quantité importante
d‟argile par rapport aux autres constituants (sable, gravier ou cailloux)
.
Parlant de Principales cultures pratiquées sur chaque grand ensemble de sols, il se montre que
les cultures vivrières qui sont installées sur les types de sols identifiés ne sont pas choisies en fonction de
critères bien définis. L‟agriculture de substance étant dominante dans les deux territoires, les fermiers
enquêtés, surtout les petits fermiers et fermiers moyens ayant moins d‟1ha, n‟ont pas des critères de choix
de spéculations à mettre dans leurs champs, mais par contres sont basés sur les besoins en nourritures
du ménage.
Ainsi, ils pratiquent plus l‟association de cultures, système cultural le plus utilisé étant donné qu‟il
permet au ménage de trouver l‟essentiel des aliments dont ils ont besoin sur le lopin de terre dont ils
disposent. Seuls les grands fermiers peuvent faire ce choix en fonction des exigences de la plante et des
caractéristiques des sols en leur possession. Toutefois, les résultats de ces enquêtes ont aussi montré
que, certains ménages se basent sur leur expérience et les exigences des cultures dans le choix des
spéculations à mettre sur ces grands ensembles.
Localisation des grands ensembles en fonction de la toposéquence
Les grands ensembles de sols identifiés dans les deux territoires ne sont pas, pour la plus part de
fois, localisés sur le même endroit selon la toposéquence. Les enquêtes ont montré que le type
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« Ibumba » est localisé dans les bas fonds, tandis que « Kalongo » et « Civu », se retrouvent aussi bien
sur la colline, sur le plateau que dans la plaine, quel que soit le milieu considéré.
Tableau 2 : Localisation de grands ensembles dans le territoire de Kabare
Grands
Ensembles
Civu
Ibumba
Kalongo
Kalaga
Lukalabuye
Mpwempwe
Muchanga
Mukara
Ngungwe
Ngwa
Bas fonds
(%)
74
100
4
0
0
0
43
0
0
0
Colline
(%)
7
0
84
100
44
100
43
0
100
100
Plaine
(%)
11
0
3
0
6
0
14
100
0
0
Plateau
(%)
8
0
9
0
50
0
0
0
0
0
Il faut toutefois remarquer que la plus grande fréquence de localisation pour le type « Kalongo »
(84%) a été rencontrée sur les collines, pendant que pour le type « Civu », on peut le retrouver sur toute la
toposéquence, quel que soit le territoire considéré pour cette zone d‟étude. Cependant, on constate que
dans la grande majorité de cas, le type « Civu » est localisé soit sur les plateaux, soit dans les bas fonds
et, seulement secondairement sur les collines. Les autres types rencontrés étant dans la plus part des cas
des dérivés des types majoritaires (Civu et Kalongo), leur localisation peut suivre la même allure que celle
de ces deux types individuellement.On peut d‟ores et déjà dire que le type « Civu » se localise sur les
sites où la matière organique est encore présente, quelle que soit la toposéquence, tandis que le type
«Kalongo» est l‟ensemble typique des régions colinéaires dégradées, où la quasi-totalité de la couche
riche en humus a déjà été emportée par l‟action combinée de l‟eau des pluies et la surexploitation par
l‟agriculture non contrôlée.
Aperçu sur la gestion des grands ensembles de sols dans les deux territoires
La gestion des terres étant liée à la capacité de mobilisation des revenus par les ménages, il est
dès lors intéressant de pouvoir comparer, selon les catégories de fermiers enquêtés, les modes utilisés
dans la zone d‟étude. Cependant, ces enquêtes ont montré que toutes les catégories de fermiers utilisent
les mêmes techniques de gestion quel que soit le milieu considéré et ces techniques (ou modes) ne sont
pas exclusives. Il faut toutefois noter que la tendance à ce que les grands fermiers adoptent les
techniques de gestion qui sont exigeantes en termes de moyens humains et financiers est plus forte que
pour les autres catégories. Il s‟agit de la mise place des diguettes antiérosives principalement. La
fréquence d‟adoption d‟autres techniques (épandage des ordures ménagères, compostage,
agroforesterie,…) est presque la même dans toutes les catégories quel que soit le milieu.Il est cependant
intéressant de faire remarquer que, malgré la connaissance des techniques dont font mention les fermiers
enquêtés, le taux d‟adoption reste faible. En effet, selon les résultats obtenus à ce sujet lors des enquêtes
menées par Louvain Développement, (2008) Op-cit, il y a été noté un contraste entre les niveaux déclarés
de connaissance et d‟utilisation de la technique, (60%) contre (45%).
Ainsi, on pourrait sous entendre que la faible performance de l‟agriculture rurale dans la contrée
soit liée à une faible application des techniques de gestion appropriées, pourtant connues.Ainsi a-t-on
voulu savoir si tous les types de sols identifiés dans la zone d‟étude étaient exploités techniquement de la
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même manière ou si les fermiers accordaient une priorité à un type par rapport à un autre.En effet, en ce
qui concernel‟adoption d‟un mode ou d‟une technique à utiliser pour un type de sol donné ; (55%) des
fermiers, toutes catégories confondues, ont affirmé qu‟ils donnent la priorité à un sol dont le niveau de
fertilité est plus élevé comparativement aux autres.
Majoritairement, la priorité est accordée au type « Civu » quel que soit le territoire considéré. Ceci est
justifié par le fait que les fermiers ne veulent pas prendre des risques pour consacrer leurs maigres
moyens et/ou efforts à un type de sol qui ne rentabilisera pas les amendements ou efforts de gestion y
consacré.D‟autres par contre, soient (32%) n‟ont aucun choix à faire étant donné qu‟ils ne possèdent
qu‟un petit lopin de terre qui doit être utilisé toutes les saisons avec ou sans technique de gestion
particulière pour la survie de leurs ménages.
Tous ces ménages enquêtés soutiennent en outre que dans la majorité de cas, la gestion d‟un sol dépend
de son lieu de localisation. Ce qui laisse supposer que ce sont les champs qui sont proches des cases qui
bénéficient d‟une gestion particulière. Ce qui semble se justifier en remarquant que les deux techniques
ou mode de gestion les plus répandus sont l‟épandage des ordures ménagères et le compostage, quel
que soit le milieu considéré. Mais en définitive, la majorité(98%) s‟accorde sur le fait que si aucune
intervention n‟est faite au niveau des sols qu‟ils exploitent, ces derniers seront totalement épuisés. Aussi,
affirment-ils que certains types de sols se dégradent plus vite que d‟autres et, surtout en fonction de leur
lieu de localisation. C‟est le cas par exemple du type «Civu» : quand il se retrouve sur une colline, il se
transforme rapidement en type «Kalongo» en perdant la couche d‟humus qu‟il possède dans son horizon
humifère.
Contraintes de gestion de sols
La justification de la non application de certaines techniques de gestion, pourtant connues des
fermiers enquêtés, passent par l‟évocation des contraintes majeures qui limitent leur utilisation. Les
différentes contraintes de gestion par grand ensemble de sols données par les fermiers enquêtés sont
présentées selon un ordre décroissant pour chacun de grands ensembles identifiés.
Tableau 3 : Principales contraintes de gestion par type de grand ensemble de sols
Grands
Contraintes de gestion
ensembles
Civu
Epuisement du sol dû à la surexploitation ; Erosion et faible rétention d'eau ; Fumier et
autres fertilisants insuffisants ; Epuisement rapide quand ce type est sur une pente ; Main
d'œuvre insuffisante et Fréquence rapide des maladies des plantes
Kalongo
Erosion et dureté du sol ; Outils inappropriés pour le travail de ce type de sols ; Demande
(kanombe)
un apport fréquent de matière organique ; Taux de reprise faible des arbres de protection
du sol ; Transport difficile des fertilisants, car souvent sur des collines ; Champs éloignés
des habitations
Ibumba
Gestion de l'eau ; Difficile à travailler, beaucoup de mauvaises herbes ; Main d'œuvre
insuffisante ; Maladies fongiques fréquentes.
Lukalabuye Présence des pierres et cailloux freine le travail du sol ; Outils inappropriés pour le travail
de ce type de sols ; Gestion difficile de mauvaises herbes ; Epuisement du sol dû à la
surexploitation ; Départ de la partie superficielle par ruissellement.
Les solutions préconisées par ces fermiers sont aussi résumées comme suit :
-
Civu : Mélanger les engrais chimiques et les engrais organiques ; application régulière du fumier et
du compost ; laisser le champ en jachère ; combiner l'élevage en stabulation et l'agriculture ; bonnes
pratiques culturales.
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Kalongo : Faire la lutte antiérosive ; amender avec les engrais organiques et du fumier ; Utilisation
d'outils appropriés pour le travail du sol ; utiliser les engrais minéraux ; demande d'appuis à l'Etat
pour financer les grands travaux d'aménagement des collines.
Toutes ces solutions ayant parfois présente leurs limites dans leur applicabilite, l‟enquête a voulu
connaitre celles prioritaires oucelles ayant donnéles meilleurs résultats dans les contrées voisines :
-
Ibumba : Faire le drainage ; utiliser les outils appropriés ; gérer l'eau pour une utilisation ultérieure ;
amender avec les engrais organiques et du fumier.
-
-
Civu : Combiner l'élevage en stabulation et l'agriculture ; Application régulière du fumier et du
compost ; Bonnes pratiques culturales.
-
Kalongo : Faire la lutte antiérosive ; Amender avec les engrais organiques et du fumier ; Faire
aussi le paillage.
Ibumba : Faire le drainage ; Utiliser les outils appropriés ; Amender avec les engrais organiques
et du fumier.
Au-delà des solutions proposées par les fermiers qui ont fait l‟objet de ces enquêtes, les attentes ou
besoins en termes de gestion des sols sont entre autres :
- L‟obtention de la part des institutions étatiques, des crédits agricoles pour aménager les
champs selon les nouvelles technologies;
- La vente des engrais chimiques sur les marchés locaux proches de leurs milieux ;
- La formation et la vulgarisation de bonnes pratiques culturales par les techniciens outillés en
gestion des sols ;
- L‟appui en outils de travail ;
- Lerenforcement du cheptel, surtout le gros bétail pour l‟obtention du fumier.
-
Présentation des résultats d’analyses des sols
pH des sols de la zone d’étude
Les pH des principaux grands ensembles des sols dans la zone d‟étude sont repris par le
graphique 1.
pH H2O
Graphique 1 :pH H2O des principaux grands ensembles dans les deux teritoires.
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De ce graphe, on remarque que le pH varie de 4 à 6,5 pour l‟ensemble des sols du milieu
d‟étude. L‟analyse statistique des résultats a révélé des différences significatives des pH entre les
territoires et entre les types des sols. Les sols deWalungu sont plus acides que ceux de Kabare selon le
test de la Ppds (Pus petite différence significative) à P < .05 avec un pH de 5,9 pour Kabare, contre 4.8
pour Walungu. En ce qui concerne les types de sols, on constate que « Civu » est moins acide que les
autres types de sols dans les deux territoires. Par contre, « Lukalabuye » est moins acide à Kabare mais
plus acide à Walungu. Ceci pourrait trouver l‟explication par le fait qu‟étant un type de transition, le type
« Lukalabuye » rencontré à Kabare proviendrait de « Civu » dont les valeurs de pH sont proches ; par
contre, le même type trouvé à Walungu, serait une autre forme de «Kalongo».
Carbone Organique Total (COT) des sols de la zone d’étude
Les résultats des moyennes du carbone organique total des principaux grands ensembles de
sols rencontrés dans la zone d‟étude sont présentés dans le graphique 2.
CO
T
Graphique 2 :COT des principaux grands ensembles dans les deux teritoires.
De ce graphique, on aperçoit une nette différence entre les moyennes des types de sols de
Kabare et de Walungu en ce qui concerne leur teneur en carbone organique total. Le type
« Lukalabuye » de Kabare, présente la moyenne la plus élevée dans la zone d‟étude ; mais par contre, le
même type rencontré à Walungu présente la moyenne la plus faible de tous les types. Les analyses de
lavariance ayant montré une différence significative entre les types de sols et entre les territoires en ce
qui concerne la teneur en COT, il revient à dire qu‟il y a une forte variabilité entre les types de sols au
sein d‟un même territoire ainsi qu‟entre les types de ces deux territoires.
Aussi, la comparaison de moyenne par le test de Ppds à P < .05 montre que « Lukalabuye » diffère
significativement de « Kalongo et de « Ibumba » ; tandis qu‟il n‟est pas différent de « Civu » dans le
territoire de Kabare. Le même test a par contre montré qu‟il n‟existe pas de différences significative entre
les mêmes types de sols rencontrés à Walungu.
Azote total des sols de la zone d’étude
Les résultats d‟analyse des moyennes d‟azote total de types de sols de Kabare et de Walungu
sont présentés par le graphique 3.
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N
Graphique 3 :N total des principaux grands ensembles dans les deux teritoires.
Ce graphe comme le précédent, montre des moyennes plus élevées en teneur en azote total
pour les types de sols dans le territoire de Kabare, exception faite pour le type « Ibumba » qui a la plus
faible moyenne et vient ainsi en dernière position dans ce milieu. Pour Walungu, les moyennes des types
« Civu » ; « Ibumba » et Kalongo semblent être les mêmes tandis que le type « Lukalabuye » à la plus
faible moyenne.
L‟analyse de la variance a décelé des différences significatives entres les territoires et les types de sols et
entre les types de sols eux-mêmes.
Le test de Ppds à P < .05 montre une différence significative pour la teneur en azote totale entre « Civu » ;
« Kalongo » et « Lukalabuye », comparé à « Ibumba » qui a la faible moyenne pour Kabare. Pour
Walungu par contre, ce test montre une différence entre « Civu » et « Lukalabuye » seulement, les autres
types n‟étant pas statistiquement ni différents entre eux, ni avec « Lukalabuye ».
Rapport carbone-azote des sols de la zone d’étude
Les résultats d‟analyse des moyennes du rapport C/N sont donnés dans le graphique 4.
Graphique 4 : rapport C/N des principaux grands ensembles dans les deux teritoires.
De ce graphe, on peut retenir que les moyennes du rapport C/N sont très variables selon chaque
type de sols et selon les territoires. Ce rapport étant un facteur indispensable pour la mesure de la
minéralisation de la matière organique, dont la valeur seuil C/N = 10 indique, une bonne minéralisation
pour un type de sol donné, il sera question ici de voir parmi les types de sols analysés, ceux qui
présentent un rapport correct. En effet, on remarque qu‟aucun type de sol, quel que soit le territoire
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considéré, n‟atteint la valeur 10, pour ce rapport ; pour Kabare, seul « Ibumba » a un rapport C/N
supérieur à 10 ; «Civu» et «Lukalabuye » ont des valeurs proches de 10, tandis que pour « Kalongo », elle
est largement en deçà. A Walungu par contre, « Civu », « Kalongo » et « Lukalabuye » ont des valeurs
largement supérieures à 10, tandis que « Ibumba » a un rapport fortement en deçà. On pourrait donc en
déduire que la minéralisation de la matière organique n‟est pas bonne dans les deux territoires et l‟est
encore moins pour «Ibumba» et « Kalongo » de Kabare ainsi que pour tous les types de sols rencontrés à
Walungu.C‟est ainsi que l‟analyse de la variance par rapport aux valeurs de C/N n‟a relevé que des
différences entre les territoires tandis qu‟elle montre qu‟il n‟y a pas de différence entre les types de sols.
Phosphore assimilable des sols de la zone d’étude
Les résultats d‟analyse du phosphore assimilable (Olsen) des grands types de sols de Kabare et
de Walungu sont donnés dans le graphique 5.
Graphique 5 :Phosphore assimilable des principaux grands ensembles dans les deux teritoires.
De ce graphe, il apparait que les moyennes de phosphore assimilable des grands ensembles de
sols varient entre 15, 4 et 8, 9 ppm. Qui sont des gammes faibles à moyennes, si on les compare aux
valeurs seuils de phosphore assimilable. En effet, les sols trop riches en éléments minéraux dont le P,
peuvent entraîner des déséquilibres dans le sol, voire des toxicités et même, occasionner un risque de
pollution des eaux induites par l‟entrainement du P par ruissellement à l‟érosion hydrique ou par
lessivage.
Aussi, des antagonismes peuvent apparaitre lors d‟un excès de P, ce qui va bloquer le Zn, le
Cu, le Fe, le Ca et le K. Ainsi, la valeur indicative de P2O5 par la méthode d‟Olsen qu‟il ne faudrait pas
dépasser, est >100mg/kg, soit >100 ppm (Chambre d‟agriculture TARN, juillet 2011). Les valeurs seuil
suivantes sont utilisées par J. Varley (communication personnelle, 1982) cite par Landon (1991) pour P
total dans les sols tropicaux, telles que déterminées par digestion à l‟acide perchlorique : faible <
200ppm ; medium : 200 à 1000ppm et haute > 1000ppm. Les valeurs moyennes obtenues par cette
méthode d‟Olsen pour les grands ensembles de sols dans les deux territoires de notre zone d‟étude sont
très faibles comparées à celles données ci-haut. Les résultats des essais menés par CIALCA (2007)
dans l‟un de deux territoires de notre zone d‟étude (Walungu) ont abouti à la conclusion que c‟est la
déficience en P qui est la principale contrainte des plants de maïs testés sur différents types de sols de
ce territoire. Et, la dose de (54mg.kg-1) de P appliqué dans les parcelles en essai, soit une dose de
(120mg.kg-1) de P appliqué à l‟hectare, n‟est pas en mesure de relever suffisamment le niveau de P,
pour réduire la carence chez le maïs.
CEC des sols de la zone d’étude
Les résultats d‟analyse de la CEC des grands ensembles de sols de Kabare et Walungu, sont
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présentés dans le graphique 6.
Graphique 6 :CEC des principaux grands ensembles dans les deux territoires.
Ce graphe montre les valeurs de CEC supérieures pour les types de sols du territoire de
Kabare à celles de mêmes types trouvés à Walungu. Le type « Lukalabuye » (22,1cmol/kg) a la valeur
moyenne la plus élevée pour les types de Kabare, mais aussi la plus élevée comparativement aux types
de Walungu. Il est suivi par le type « Civu » (17,6cmol/kg) à Kabare, tandis que le type « Ibumba »
trouvé à Walungu, a la valeur la plus faible (6,8cmol/kg) de tous les types dans son milieu mais aussi
dans toute la zone d‟étude. En effet, la CEC du sol représente la taille du réservoir permettant de stocker
de manière réversible certains éléments fertilisants cationiques (potassium, magnésium, calcium…); la
CEC effective au champ est égale à la somme des bases échangeables, plus les ions acides (H +
échangeables et Al3+ échangeables). La CEC est liée au complexe argilo humique. La valeur de la CEC
d‟un sol est donc fonction des quantités d‟argile et de MO qu‟il contient, mais aussi, de la nature des ces
éléments et du pH du sol (http://www.lano.asso.fr/web/capacite_dechange_cationique.html), consulté le
13 août 2011. Pour cette zone d‟étude, les valeurs de la CEC sont très faibles pour le cas de Walungu et
se retrouvent dans la gamme de taux de saturation en bases de sols ferralitiques (5%), dont font partis la
majorité des sols de Walungu. CIALCA (2008). En effet, la plupart des sols ferralitiques des milieux
tropicaux présentent beaucoup de contraintes dont l‟érosion intense ; l‟acidité élevée ; la toxicité
aluminique ; la séquestration du phosphore ; la faible capacité d‟échange cationique (CEC) ; le taux de
saturation en bases extrêmement bas et la teneur élevée en sesquioxydes (Bock, 2011).
Tableau 6:Quelques éléments d’interprétation de la valeur de la CEC des sols
VALEUR DE LA CEC EN (cmol.kg-1)
INTERPRETATION
CEC<9
Petite CEC
9 ≤ CEC ≤ 12
CEC moyenne
12 < CEC ≤ 15
CEC assez élevée
15 < CEC ≤ 25
CEC élevée
CEC > 25
CEC très élevée
(Source: programme d'interprétation LANO/CA de Basse Normandie) tiré
de(http://www.lano.asso.fr/web/capacite_dechange_cationique.html).Pour les types ayant une CEC faible,
les ions H+ vont accroitre dans le milieu et vont jusque dans le complexe de la matrice du sol où ces ions
provoquent la dégradation de la matrice. La dégradation de la matrice va favoriser la libération de
l‟aluminium en solution. Celui ci va entrainer l‟exacerbation de l‟activité protonique ce qui provoque la
diminution continuelle du pH.L‟augmentation des ions H+ et Al3+, entraîne une toxicité aluminique et cela a
pour conséquence un effet néfaste sur le blocage des sites d‟absorption des racines des plantes et
constitue une barrière chimique (nutritionnelle, hydrique) pour la plante.
Par ailleurs, les grands ensembles rencontrés à Kabare, ont des valeurs acceptables pour la
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CEC, mais elle seule ne suffit pas pour juger de la qualité d‟un sol. Ce constat est soutenu par le fait
qu‟ayant manifesté un taux de minéralisation faible chez tous les types de sols, inférieur ou supérieur au
seuil (10), ces sols ont du mal à résister aux variations de pH, d‟où leur acidité dans la majorité de cas.
En tenant compte des valeurs d‟interprétation données dans ce tableau, on constate que les valeurs pour
certains grands ensembles de Kabare, («Lukalabuye » (22,1cmol.kg-1)) et «Civu» (17,6cmol.kg-1)), ont une
CEC élevée, tandis que les deux autres («Ibumba» et «Kalongo») ont de valeurs moyenne à assez
élevée. Par contre, les mêmes types de sols identifiés à Walungu ont des CEC, petites à moyennes (6,8
à 9,6cmol.kg-1).
Les résultats de l‟analyse de la CEC comparés à ceux de COT, de l‟Azote total ou du rapport
C/N, montrent que tous les types de sols identifiés à Walungu ont un faible réservoir en bases
échangeables et donc un complexe argilo humique très pauvres pour certains types de sols.
Evaluation des résultats d’analyse des sols avec les caractéristiques des types de sols.
Tableau 7: Résultats d’analyses des grands ensembles de sols dans la zone d’étude.
Territoire Types de Caractéristiques par les pHCO
N total C/N P
sols
fermiers
H2O mg/g mg/g
ppm
Civu
Noir,
Fertile,
léger, 6,4
23,3
2,4
9,3 15,4
Profond
Ibumba
Gris, Fertile, Gorgé d‟eau, 4,4
4,5
0,3
15,2 9,7
Profond
Kalongo
Rouge, Infertile (faible), 5,6
14.7
2,0
7,6 13,8
très dur, Superficiel
Kabare
Lukalabuye
Civu
Ibumba
Walungu
Kalongo
Lukalabuye
Serie 1. Noir, Cailloux,
pierres, léger, Profond
Série 2.
Gris-blanc,
cailloux, dur, Superficiel
Noir,
Fertile,
léger,
Profond
Gris, Fertile, Gorgé d‟eau,
Profond
Rouge, Infertile (faible),
très dur, Superficiel
15,2
CEC
cmol/kg
17,6
9,1
11,1
6,4
26,5
2,9
9,1
22,1
5,2
8,4
0,9
13,9 11,5
9,4
5,1
4,5
0,8
6,0
13,1
6,8
4,8
6,5
0,7
13,2 11,8
9,6
Gris-blanc, cailloux, dur, 4,0
Superficiel
2,5
0,2
15,6 8,8
8,5
Les caractéristiques des grands ensembles de sols définies par les fermiers enquêtés ont été
comparées aux résultats d‟analyse des sols de la zone d‟étude. Il faut noter que ces analyses ont été
effectuées dans le seul but de vérifier l‟état de fertilité des grands ensembles identifiés dans la zone
d‟étude.Au vu des résultats des analyses de sols et des caractéristiques définies par les fermiers dans
cette zone d‟étude, on peut voir une certaine logique dans leurs perceptions de sols qu‟ils exploitent. En
effet, en faisant la comparaison avec certaines valeurs seuils définies par la chambre d‟agriculture
française
pour
plusieurs
types
de
sols,
on
retient
les
commentaires
cidessous:http://www.tarn.chambagri.fr/fileadmin/DocInternet/filieres/agronomie_environnement/valeurs_int
erpretation.pdf. Consulté le 27/07/2011).
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 Le type « Civu » :
le type à Kabare a une valeur de pH conseillé et donc, il en est bien pourvu ; tandis que le même type à
Walungu a un pH acide (5,2) ; la valeur 5,5 étant le minimum pour la plupart des cultures. Il pourrait donc
être sujet à la toxicité aluminique.Les valeurs de COT et de N total, qui permettent de trouver les rapports
C/N sont aussi nettement différentes ; toutefois, ce rapport C/N montre qu‟une bonne minéralisation n‟est
pas atteinte pour ce type dans les deux milieux, mais celui de Kabare est plus proche de la valeur-seuil
que celui trouvé à Walungu, cette valeur étant 10.Les valeurs de CEC pour ce type dans cette zone
d‟étude, sont élevées pour Kabare, tandis que pour Walungu, sa valeur est moyenne.
La perception des fermiers par rapport à ce type de sols est donc justifiée, mais ce type n‟est pas très
fertile comme ils le disent. Ils ont toutefois raison quant ils pensent que ce type répond bien à l‟application
des différents amendements étant donné que sa composition en éléments fertilisants n‟est pas aussi bas
que les autres types rencontrés dans les deux territoires.

Le type « Ibumba » :
Toutes les valeurs moyennes des éléments analysés pour ce type de sol sont basses quel que soit le
milieu; étant un sol de bas fonds marécageux, la plupart présenterait une toxicité ferreuse (mauvais
drainage, accumulation par lessivage ou ruissellement des éléments se trouvant sur les versants sousjacents par l‟érosion hydrique,…..). A part leur acidité (très forte pour Kabare (4,4) et forte pour Walungu
(5,1)), leur différence, selon les deux milieux s‟expliquerait par deux éléments : le rapport C/N et le P
assimilable. En effet, pour « Ibumba » de Kabare, ce rapport est au dessus de 10, (15,2) ; ce qui montre
une mauvaise minéralisation de la matière organique dans le sol. A Walungu par contre, ce rapport est
largement en-dessous de 10, soit (6,0) montrant aussi une mauvaise minéralisation de la matière
organique dans le sol. Il en est de même pour le P dont la valeur est élevée pour ce type à Walungu
(13,1ppm) que celle de Kabare (9,7ppm).
Au vu de ce qui précède, on retient que ce type a été mal évalué par les fermiers. D‟autres analyses
pourraient permettre de mieux comprendre ce type de sol et fournir des informations complémentaires. En
effet, selon les observations faites sur le terrain, ce type produit suffisamment bien plus que « Civu » et
« Kalongo ». La production maraichère y réussit bien, mais les autres cultures souffriraient de plusieurs
problèmes dont entre autres, de l‟excès d‟eau ; ce qui pourrait laisser apparaitre d‟autres formes de
toxicités ou de carences.
La couleur et la profondeur du sol étant leurs premiers critères de choix pour différentier un bon sol, on
voit bien qu‟ils ne suffisent pas et peuvent cacher bien des réalités.

Le type « Kalongo » :
Ce type présente des caractéristiques similaires dans les deux milieux, à part leur niveau d‟acidité qui
diffère. Il est très acide à Walungu (4,8) et seulement acide (5,5) à Kabare. Aussi, on peut noter une
différence de la CEC pour les deux sites ; (13,4 cmol.kg-1) pour Kabare contre (9,6 cmol.kg-1) pour le
même type à Walungu. Comme dit plus haut, ces valeurs sont moyennes à assez élevées. Ceci amène à
se poser des questions quant on compare le type précédent (Ibumba), à ce dernier qui est défini comme
étant peu fertile. A Kabare, selon ces analyses, il parait plus fertile que « Ibumba » et à Walungu ses
valeurs ne sont pas aussi faibles que celles de ce dernier.Dans les perceptions des fermiers, on s‟aperçoit
que c‟est le type le moins fertile comparé aux deux premiers, mais les résultats d‟analyses montrent le
contraire. Aussi, selon les observations faites sur terrain, ce type pourrait être définit comme étant peu
fertile car il se retrouve généralement sur des collines dégradées et à forte pente. On sait aussi que
l‟action de l‟eau de pluies et les activités humaines ont certainement contribué à sa dégradation. En suite,
la couleur rouge est l‟indication de la cristallisation du fer sous forme d‟hématite, ce qui est aussi
caractéristique pour les sols ferralitiques des régions tropicales où sont classés les sols de cette zone
d‟étude (FAO, 1988).
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 Le type « Lukalabuye » :
Comme dit plus haut, ce type a des caractéristiques assez similaires aux deux types majoritaires de la
zone d‟étude (Civu et Kalongo). Ceci semble se confirmer par les résultats d‟analyses. En effet, on
remarque qu‟il a des valeurs proches et parfois même supérieures à celles de « Civu » quand il est dans
la zone de Kabare, où on le localise, en général, près de la zone à sols volcaniques récents de Kahuzibiega. Par contre, il ressemble à « Kalongo » quand on le retrouve dans le territoire de Walungu, ou
encore loin de la zone à « Civu ».
Ici aussi, les fermiers ont une perception beaucoup plus liée à la nature argileuse du sol pour le qualifier
de fertile, ou à la présence de cailloux et pierres dans les horizons superficiels comme la fraction
importante. Ce qui est aussi une réalité par rapport à leur grande expérience du travail de la terre.
V. CONCLUSION
L‟objectif poursuivi dans cette étude était de déterminer le niveau de connaissance des
agriculteurs, sur les grands ensembles ou types de sols qu‟ils exploitent en identifiant les modes de
gestion et les difficultés liés à chaque grand ensemble des sols; mais aussi en déterminant la distribution
agricole et l‟occupation des terres selon leur nature dans deux territoires de la province du Sud-Kivu.
A l‟issue de cette étude, les constats suivants peuvent être faits :
-
Tous les fermiers connaissent les types sols qu‟ils exploitent et, ils leurs donnent un nom (en langue
vernaculaire locale) selon leur état de productivité, mais aussi en fonction de leurs éléments
grossiers constitutifs (argile, sable, cailloux, pierres) et en fin, en fonction de leur facilité ou pas à être
travaillé. Ainsi, plusieurs types ont été identifiés par les fermiers, mais 4 seulement se sont avérés
être plus représentatifs dans la zone d‟étude.
-
Les superficies des terres exploitées par les ménages des fermiers sont très réduites, surtout pour
les catégories des fermiers pauvres et sans terres (petits fermiers).
-
Le choix du mode de gestion ou de la technique n‟est pas lié au type de sol qu‟ils possèdent, car
dans la majorité de cas, ils n‟ont qu‟un seul champ en propriété et, les autres s‟ils les exploitent, ne
leur appartiennent pas. Le contrat de location n‟étant pas écrit, toute modification majeure du champ
en location entraine la résiliation du contrat sans préavis et donc, il est difficile de faire une gestion
adéquate et substantielle sur de telles terres.
-
Le mode de gestion est différent (entre les trois catégories : petit, moyen et grand fermier), selon
qu‟on a en possession une grande superficie ou pas ; un champ fertile ou non ; ou encore selon la
localisation du champ (colline, bas fond, plateau ou plaine). Les grands fermiers sont plus tentés
d‟adopter des techniques plus exigeantes en termes de moyens que les autres catégories qui
travaillent souvent en association (en groupement paysan) pour contourner cette contrainte.
- Les types de sols sont classés en fonction de leur niveau de productivité : le type « Civu » vient
en première position, suivi par « Ibumba », en suite « Lukalabuye » et en dernière position, le type
« Kalongo ».
Les résultats d‟analyses de laboratoire ont permis de tirer les conclusions suivantes :
- Les quatre grands ensembles majoritaires identifiés dans les deux territoires ont des valeurs
moyennes faibles comparées aux seuils définis dans la littérature : le pH varie entre la zone de très
faibles valeurs (Walungu), aux valeurs faibles ( Kabare).
- Pour tous les autres éléments analysés, les types de sols rencontrés à Kabare ont des valeurs
moyennes un peu plus élevées que ceux de Walungu.
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- Les valeurs pour le phosphore assimilable sont faibles pour tous ces grands ensembles ; ce qui
nécessiterait normalement d‟importants apports en engrais phosphatés.
- En fonction de la capacité d‟échange cationique, on a pu constater que les types de sols retrouvés à
Kabare avaient des valeurs moyennes à plus élevées tandis que pour les types de Walungu, elles
étaient faibles à moyennes. Toutefois, en fonction de leur acidité élevée, mais aussi, à cause des
faibles valeurs pour les autres éléments analysés dans ce milieu, on peut dire ces types de Walungu
appartiendraient bien aux groupes des sols ferralitiques très dégradés.
En faisant une confrontation de ces résultats d‟analyse obtenus avec les caractéristiques de ces
grands ensembles définies par les fermiers enquêtés, on est abouti à la conclusion que ces derniers ont
une assez bonne connaissance des terres qu‟ils exploitent. Mais dans la majorité de cas, cette
connaissance est liée à l‟aspect visuel et non aux caractéristiques intrinsèques de leurs sols ou même à la
capacité de leurs sols à produire à long termes.
Mais encore, on peut penser que cette connaissance n‟a pas un impact réel sur le mode de gestion qu‟ils
adoptent, car ils sont souvent buter à des contraintes d‟ordres économiques, fonciers ou parfois de
maitrise de la technique, mais ils développent peu ou pas de mécanismes d‟adaptation.
Cette étude constitue en fait un outil d‟orientation de la recherche dans l‟affectation des terres agricoles et
des cultures. Elle ouvre une brèche sur l‟importance de la valorisation du savoir local dans le processus
de lutte contre l‟insécurité alimentaire par l‟exploitation rationnelle des sols disponibles dans les zones où
les agro-écosystèmes sont fortement anthropisés.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAMBALE. et al. : Facteurs déterminants la naissance des enfants de faible poids144
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 144-151
FACTEURS DETERMINANT LA NAISSANCE DES ENFANTS DE FAIBLE POIDS DANS LE
TERRITOIRE DE BENI, RDC
KAMBALE MUSONDIVWA Baudouin*1et KAHINDO SIVITA Fidèle*
RESUME
Cette étude prospective a été menée à l‟hôpital Général de référence de Beni et au Centre Médical Evangélique
Nyankunde/Clinique de Beni du 15 Mai au 15 Août 2012. Elle a porté sur une population de 692 femmes qui sont
venues accoucher à la maternité de deux structures sanitaires les plus fréquentées dans la ville de Beni. L‟échantillon
total de 66 femmes ( environ 48% des accouchées) ayant accouché des enfants à faible poids (< 2,5 kg), était constitué
des femmes dont d‟âge compris entre 15 et 39 ans. Nous avons constaté une fréquence élevée des primipares soit 50%
ayant accouché les enfants à faible poids à la naissance tandis que 47,90% des nouveau-nés à faible poids avaient un
poids à la naissance entre 2000 et 2499.Nous avons remarqué que nos accouchées mangeaient deux fois par jours soit
60,60%. La syphilis était l‟infection sexuellement transmissible la plus rencontrée chez nos accouchées soit 81,48% et le
climat familial était mauvais chez 63,64% des accouchées.Cette étude a révélé que la fréquence de faible poids de
naissance est élevée en ville de Beni par rapport à la norme préconisée par l‟OMS qui est de 10%.
Mots clés : naissance, nouveau-nés, faible poids.
ABSTRACT
This prospective study was conducted at the General Hospital of Beni and the Nyankunde clinic centre, at Beni from
May 15th to August 2012. The study concerned 692 pregnant women who came deliver in these two famous clinics of the
region. Samples show 66 women who delivered underweighted infants (nearly 48% of pregnancies). Our informants aged
between 15 to 39 with a minimum age of 27.We have detected an increasing rate of Primogeniture mothers (Those giving
birth their first time) or 50% that gave birth to under-weight new born or 47,90% of these new born weighting between
2000 and 2499. The new mothers are poorly fed only twice a day (60,6%). An infectious disease passed from one person
to another by sexual contact named syphilis was seen among them or 81,48% and 63,64% of them, had a bad family
relationship.The study reveals that the frequency of underweight birth in Beni town, is beyond the who‟s (world Health
organization‟s) rate estimated to 10%.
Keywords: birth, new born, under-weight
I. INTRODUCTION
Chaque année, plus de 20 à 30 millions d‟enfants ont à la naissance un poids inférieur à
2500 grammes. Cela représente 17 % de l‟ensemble des naissances dans l‟ensemble despays en
développement, alors que dans les pays industrialisés ce taux ne dépasse pas 7 % (http://www.unicef.org:
situation des enfants dans le monde, 2009 : 12/05/2012).
Le faible poids à la naissance est un facteur majeur de morbi-mortalité néonatale et un
indicateur de santé publique.
L‟incidence du faible poids à la naissance présente des variations importantes d‟une
région à l‟autre. L‟Asie du Sud est celle où l‟incidence est la plus forte (31 % des enfants qui présentent
une insuffisance pondérale à la naissance) et la région de l‟Asie de l‟Est et du Pacifique où elle est la plus
*
Tous Assistants à l’ISTM-BUTEMBO
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAMBALE. et al. : Facteurs déterminants la naissance des enfants de faible poids145
faible (7 %). Près de 40 % de bébés à faible poids de naissance du monde en développement vivent en
Inde (http://www.unicef.org: situation des enfants dans le monde, 2009 : 12/05/2012).
Les enfants qui survivent à un faible poids de naissance risquent de subir des retards de
croissance et souffrir de maladie pendant l‟enfance, à l‟adolescence et à l‟âge adulte. De plus, les femmes
ayant subi un retard de croissance seront prédisposés à perpétuer le cycle vicieux de la malnutrition en
donnant à leur tour naissance à des bébés de faible poids.
La malnutrition infantile débute souvent in utero. Dans le pays en développement, le
statut nutritionnel de la mère est un déterminant majeur du poids de naissance du bébé et de sa santé
future. Environ 15 % des enfants provenant des régions défavorisées du monde (Inde, Afrique SubSaharienne) naissent avec moins de 2500 grammes comparativement à 6 % dans les pays industrialisés
où le tabagisme, l‟alcoolisme maternel sont souvent la principale cause explicative (http://www.unicef.org:
situation des enfants dans le monde, 2009 : 12/05/2012).
Le problème est majeur : les bébés naissant avec un retard de croissance sont à haut
risque de complications telles que les difficultés respiratoires, l‟hyperthermie ou l‟hypoglycémie ; ils ont
parfois besoin d‟oxygène, d‟un incubateur chauffant ou d‟un soluté contenant du sucre pour survivre. En
plus des hospitalisations répétées malgré les progrès importants survenus au cours des dernières
décennies, la prématurité et le retard de croissance intra-utérine peuvent avoir des conséquences
sérieuses. Dans les deux cas, la durée de leur hospitalisation à la naissance est en moyenne plus longue
que pour les autres nouveau-nés et ils sont sujets à des hospitalisations répétées au cours de leur
première année de vie.
Ces nouveau-nés ont également un plus grand risque de morbidité et de mortalité. Par
exemple, ils grandissent souvent moins bien et peuvent rester plus petits au plus tard et enfin, ils peuvent
avoir aussi des problèmes de comportement et des difficultés d‟apprentissage à l‟école. Bien sûr, ce ne
sont pas tous les bébés de faible poids qui vivront ces problèmes, et ces risques seront plus importants
s‟ils sont nés beaucoup trop prématurément ou de très faible poids de moins de 1000 grammes. (Seguin,
2005).
La prématurité et l‟hypotrophie ont des points communs puisqu‟elles aboutissent à
l‟accouchement d‟un enfant de faible poids, fragile, nécessitant une prise en charge obstétrico-pédiatrique
particulière. La différence réside dans la conséquence de la recherche étiologique qui, dans le cadre de la
prématurité n‟a plus d‟effets immédiats sur la grossesse actuelle mais permet d‟espérer l‟organisation
d‟une prévention pour une grossesse ultérieure (ww.medix.free.fr :2009, 12/05/2012).
En Afrique, les études récentes étalées ont montré la fréquence dans les pays
différents : 10, 8 % au Burkina faso; 11, 4 % au Congo Brazzaville et 9, 4 % au Benin (Warthon, 2005).
En République Démocratique du Congo, la proportion est similaire à celle des pays en
développement dont elle fait partie ; bien que les conditions socio-économiques soient difficiles, la
fréquence reste élevée à 16-27 % (16, 4 % à Kama dans la province du Maniema, 17 % à Kinshasa, 27 %
àKipaka encore dans le Maniema (Khrouf et al, 2007)
Ceci dénote la probabilité accrue de la naissance de ces bébés dans des situations
socio-économique défavorablespour les femmes en gestations. S‟agit-il des questions d‟ordre alimentaire,
psycho-social, disposition physique, infections sexuellement transmissibles, des troubles métaboliques ou
maladies de carences… tout au long de la grossesse, comme c‟en est des cas observés ailleurs ?
(Hanne, 2008 ; Sall, 2008 ; www.unicef.org: situation des enfants dans le monde, 2009 lu le 12/05/2012).
Cette étude se concentre sur l‟analyse qualitative des facteurs liés aux naissances de faible poids dans le
vaille de Béni où les conditions de vie semble critique après une logue guerre qui a troublé l‟Est de la
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAMBALE. et al. : Facteurs déterminants la naissance des enfants de faible poids146
RDC. Les questions fondamentales de recherche portent sur l‟analyse de la fréquence de faible poids de
naissance dans la ville de Beni – ainsi que des facteurs qui leur sont associés
La finalité est de permettre un éveil de conscience des autorités sanitaires sur la prise en charge
particulière des enfants de faible poids à la naissance.
II. METHODOLOGIE
II. 1. Population et échantillon
La population d‟étude est constituée de 692 femmes qui sont venues accoucher à la
maternité de deux structures sanitairesles plus fréquentées de la ville de Beni notamment l‟hôpital Général
de Référence de Beni et le Centre MédicalEvangélique NYANKUNDE/clinique de Beni durant la période
de notre recherche étalée du 15 mai au15 août 2012.
Nous avons pris en compte toutes les femmes ayant accouché des enfants de faible poids dans les deux
structures sanitaires. Ces femmes sont exactement au nombre de 85 parmi lesquelles 66 ont répondu à
nos critères de sélection ci-après:
- Etre résidante de la ville de Beni depuis plus de 5 ans et de manière permanente ;
- Avoir accouché d‟un enfant pesant moins de 2500g à la naissance dans l‟une des deux structures
sanitaires (HGR de Beni et CME NYANKUNDE/Beni) de la ville (où la prise en charge des femmes
accouchées et totale) ;
- Avoir suivi toutes les consultations prénatales (CPN) prescrites
- Ne pas avoir des accouchements jumellaires
L‟étude étant prospectivepour la récolte de données nous avons utilisé la technique des
questionnaires avec une série des questions systématiques préétablies, précises et détaillées portant sur
l‟identité complète de la femme, ses antécédents gynécologiques durant la grossesse, ainsi que sa vie
socio-économique au niveau du ménage. L‟analyse documentaire a permis denous renseigner de
quelques éléments sur la fiche de consultation prénatale et de compléter les informations manquantes.
Les observations cliniques des bébés nées ont été enregistrées en les liants avec celles de leurs mères.
III. RESULTATS
Selon le score de maturité, 49 étaient prématurés, soit 69,01% et 22 dysmatures, soit 30,99%.
Le tableau 1 suivant présente la répartition des enfants de petits poids nés selon les centres.
1. Distribution des naissances par structure sanitaire et
Le tableau 1 suivant présente les intervalles des petits poids des bébés nés, les fréquences observées
(Fréq) en lien avec les structures sanitaires.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAMBALE. et al. : Facteurs déterminants la naissance des enfants de faible poids147
Tableau I : Répartition des enfants selon le poids à la naissance et structure sanitaire
d‟origine.
Poids à la naissance (en grammes)
CME
HGR/Beni
TOTAL
Nyankunde/Beni
Freq
%
Fréq
%
F
%
500 – 999
0
0
1
1, 40
1
1,40
1000 – 1499
7
9, 85
3
4, 21
10
14,06
1500 – 1999
11
15, 41
15
21,11
26
36,52
2000 – 2499
16
22, 53
18
25,34
34
47,87
TOTAL
34
47, 79
37
52,06
71
100
L‟analyse de ce tableau, nous fait remarquer que la tranche de 1500 – 1999 grammes
présente 26 cas sur 71, soit 36, 52 % et que celle de 2000 – 2499 gramme occupe la première place
avec 34 cas, soit 47,87%.Par ailleurs, on remarque que l‟HGR/Beni a enregistré beaucoup de cas 37 sur
71, soient 52,06%) par contre CME NYANKUNDE clinique de Beni vient en 2e position avec 34 cas sur 71
(soient 47,79%).
Rapport entre l’Age de la mère et poids à la naissance du nouveau-né
Les observations faites rapportent aux observations à mener auprès des accouchées.
Le tableau 2 suivant reflète la liaison entre le poids à la naissance et l‟âge de la mère.
Tableau 2: Age de la mère et poids à la naissance du nouveau-né.
AGE
Poids de
naissance
(en gr)
500 – 999
1000 – 1499
1500 – 1999
2000 – 2499
Total
15-19
20-24
25-29
30-34
35-39
Total
F
%
F
%
F
%
F
%
F
%
F
%
0
8
9
9
26
0
11,22
12,70
12,70
36,62
0
1
2
11
14
0
1,40
2,81
15,49
19,71
1
1
7
7
16
1,40
1,40
9,85
9,85
22,52
0
0
7
2
9
0
0
9,85
2,81
12,70
0
0
1
5
6
0
0
1,41
7,04
8,45
1
10
26
34
71
1,40
14,00
36,70
47,90
100
Il découle de l‟analyse du tableau II que la majorité des nouveau-nés avec faible poids
de naissance sont issues des femmes ayant la tranche d‟âge comprise entre 15 et 19 ans ; 26 cas sur 71
soit 36,62%. Elles sont suivies de celles âgées de 25 et 29 ans soit 22,52% ; le minimum étant enregistré
dans la tranche d‟âge de 35 et 39 ans soit 8,45% de cas.
X2cal = 30,92 > X2tab = 21,03 ; ddl = 12 au seuil de 0,05. La différence est significative.
Donc l‟âge de la mère a une influence sur le poids à la naissance du nouveau-né.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAMBALE. et al. : Facteurs déterminants la naissance des enfants de faible poids148
Rapport entre les nombres de naissance de la mère ( parité) et l’occurrence des naissances de
petits poids
Le tableau 3 présente la répartition des enquêtées selon leur parité en retenant quatre catégories
principales dont les:
- Primipare : femme qui vient d‟accoucher pour la première fois ;
- Pauci pare : femme ayant accouché deux à trois fois ;
- Multipare : femme ayant accouché quatre à cinq fois ;
- Grande multipare : femme ayant accouché plus de cinq fois.
Tableau 3 : Répartition de nos enquêtées selon leur parité
Parité de nos enquêtées
F
Primipare
33
Pauci pare
13
Multipare
13
Grande multipare
7
Total
66
%
50
19,71
19,71
10,58
100
Il découle du tableau 3 que la moitié de nos enquêtées sont des primipares avec 33 cas
sur 66 soit 50% suivies respectivement des paucipares et multipares qui ont chacune 19,71% et enfin les
grandes multipares soit 10,58% de cas.
Rapport entre les naissances de petits poids et la profession de la mère
Le tableau 4 démontre cinq types de fonctions exercées par les parturientes et les fréquences (F) des
petites poids à la naissance en faisant des liens
Tableau IV : Répartition de cas de faible poids à la naissance selon l‟occupation de la mère.
Poids naiss.
500-999
1000-1499
200-2499
1500-1999
Total
Activités
F
%
F
%
F
%
F
%
F
%
Ménagères
0
0
8
11,22 9
12,70 9
12,70 26
36,62
Etudiantes
0
0
1
1,40
2
2,81 11 15,49 14
19,71
Cultivatrices
1
1,40 1
1,40
7
9,85 7
9,85
16
22,52
Fonctionnaires de l‟Etat
0
0
0
0
7
9,85 2
2,81
9
12,70
Commerçantes
0
0
0
0
1
1,41 8
7,04
6
8,45
Total
1
1,40 10 14,02 26
36,62 34 47,89 71
100
Au regard du tableau 4, nous constatons que la plupart de nos sujets ont eu un poids de
naissance variant entre 200-2499 gramme soit 47-89% et que les femmes donnant naissance aux
nouveau-nés de faible poids sont ménagères et cultivatrices avec 59,14% d‟ensemble ; les étudiantes et
les fonctionnaires de l‟Etat représentent en moyenne respectivement 19,71% et 12,70% de cas, un
minimum chez les commerçantes boucle la série avec 8,45%
X2cal= 23,62 X2tab= 21,03 ; ; ddl = 12 au seul de 0,05. La différence est significative.
Donc l‟occupation de la mère a une influence sur le poids à la naissance du nouveau-né.
De notre étude sur les facteurs déterminant la naissance des enfants de faibles poids
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAMBALE. et al. : Facteurs déterminants la naissance des enfants de faible poids149
en ville de Beni, nous avons trouvé une fréquence de 12,3% laquelle est relativement supérieures aux
observations de l‟OMS (Milabyo, 2005). Ce taux est encore inférieur au taux global de la RDC évaluée
entre 15% -20% (Labama, 2002 ; Milabyo, 2005). Selon Camara et al, (2005), les petits poids à la
naissance s‟expliquent par les conditions socio-économiques défavorables de la femme. Cependant cette
étude démontre que l‟âge de la parturiente, la situation socio-professionnelle constituent des facteurs
importants à prendre en compte pour la contrôle et la surveillance des naissances des petits poids.
De notre étude 31,87% de nos enquêtés sont des ménagères. Notre résultat est superposable à celui
trouvé par Camara en 2005 à Dakar 29%. Pour celui-ci, souvent la femme sénégalaise ménagère, en
dehors de ses tâches quotidiennes est obligée de chercher de l‟eau. Il qualifie cette activité de travail
physique intense. Amine (2010) trouve que 51% de femmes ménagères accouchent des enfants de faible
poids.Il explique cette situation par le fait que ces femmes subissent de stress, des fatigues et
surmenages dans leur vie quotidienne. Notre avis n‟est pas différent de celui des auteurs cités. Nous
pensons que les femmes ménagères exercent des travaux physiques intenses, elles ont de stress, des
fatigues qui peuvent favoriser le faible poids à la naissance comme l‟affirme Seguin (2005).Par ailleurs,
Milabyo (2002) a fait une remarque très importante : « Le fait d‟exercer une profession n‟est pas à soi un
facteur de risque de faible poids à la naissance mais elle le sera au cas où les conditions socioéconomiques sont défavorables. A ce moment là , la profession est même qualifiée d‟un facteur
aggravant ».
Nous constatons que la majorité des cas de faible poids de naissance sont issus des
mères dont l‟âge se situe entre 15-19 ans avec 36,62%. Diack (2007) que 37,9% des faibles poids de
naissance ont des mères ayant 14-20 ans. D‟autres chercheurs ont trouvé des résultats similaires (Gaigi,
2005 ; Warthon, 2005 ; Camara et al, 2006 ; Boossi-Serengbe et al, 2000), avec comme argumentation
l‟immaturité des organes reproducteurs incapables d‟abriter la grossesse jusqu‟à termes.
En République Démocratique du Congo, Milabyo en 2005, avance un taux de38,4%
dans le Maniema. Il évoque que la plupart de grossesses à cet âge seraient dues à des situations de
guerre et adhère à l‟argument de Diack (2007) pour justifier la survenue de faible poids à la naissance.
Notons aussi la grande parité n‟a pas été un miroir dans notre étude (10,58%), mais elle est reconnu
comme un facteur pourtant retrouvé dans d‟autres études comme celles de ISF (2009), de Kramers
(2007) aux USA et aussi de Boossi-Serengbe et al, (2000). L‟organisation mondiale de la santé citée par
Nzingoula(2007) affirme que les adolescentes de 15 à 19ans constituent un groupe à risque quant à la
survenu de faible poids à la naissance. Il implique également, l‟âge supérieur à 35ans qui n‟a représenté
dans cette étude que 8,45% contrairement à plusieurs publications africaines.
Notons que des facteurs alimentaires, les crises psychologiques, les antécédents
d‟infections ou des maladies chroniques (diabète, VIH/SIDA) peuvent indirectement ou indirectement les
naissances de petits poids – mais le suivi des cas risquent d‟être subjectifs. D‟où l‟idée-clé d‟accompagner
les femmes enceintes au cours de la consultation prénatale, de la conception à l‟accouchement en vue
de contrôler tous les paramètres parasites pouvant induire les naissances fragiles. L‟éducation sexuelle
reste prioritaire dans le cadre d‟accompagner les jeunes dans la prise de décisions pour concevoir.
CONCLUSION
Cette étude a été axée sur les facteurs déterminant la naissance des enfants de faible
poids dans la ville de Beni, cas de l‟hôpital général de référence de Beni et du CME/Nyankunde clinique
de Beni.
Tout en visualisant l‟importance de ce sujet et dans le but de contribuer à la réduction de
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAMBALE. et al. : Facteurs déterminants la naissance des enfants de faible poids150
faible poids à la naissance, nous nous sommes assignés comme objectifs de déterminer la fréquence des
enfants de faible poids de naissance et d‟identifier les facteurs de risque qui leur sont associés.
Nos hypothèse étaient telle que la fréquence, de faible poids à la naissance serait
élevée et que le jeune âge, le célibat, le mauvais état nutritionnel de la mère, l‟existence d‟une pathologie
au cours de la grossesse, le faible revenu, le surmenage physique de la mère et le manque d‟un état
d‟esprit positif seraient des facteurs de risque associés au faible poids à la naissance.
L‟analyse et l‟interprétation des résultats nous ont amené aux conclusions ci-après :
- La fréquence des cas de faible poids à la naissance durant notre période d‟enquête est de 47,87 % ;
- La majorité des cas defaible poids à la naissance sont compris entre 2000– 2499 grammes soit 47,
87 % ;
- La majorité des cas de faible poids à la naissance sont nés des primipares soit 50% ; dont 36,62%
chez les mères de 15 à 19 ans ;
- Nombreuses de nos enquêtées exercent l‟activité de ménage soit 31, 85 % ;
- LA majorité de nos enquêtés mangeaient deux fois par jour soit 60,60% ;
- 68, 18 % de nos enquêtées ont contracté au moins une maladie pendant la grossesse et que de toutes
les pathologies, les IST atteignent le pic de 60 % suivi du paludisme avec 55, 55 % de cas ;
- La syphilis était l‟infection sexuellement transmissible la plus rencontrée chez nos accouchées soit
81,48% ;
- 63, 64 % de nos enquêtées ont eu un mauvais climat familial pendant la grossesse soit avec leurs
conjoints, soit avec leurs belles-familles, soit encore avec leurs propres familles.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique152
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 152-169
ETUDE RHETORIQUE DES ENONCÉS DE PROPAGANDES POLITIQUES A LA LEGISLATIVE
DE NOVEMBRE 2011 à BUKAVU (RDC): CONFIGURATION & ILLOCUTOIRE
WALUMONA Basubi Alexis* et KANINGINI Kyoto Didace**
RESUME
S‟inspirant du regard critique, l‟étude présentée ici porte sur le traitement rhétorique des énoncés de propagandes
politiques lors des élections législatives de Novembre 2011 à Bukavu. Au cœur de cette recherche et s‟agissant de la
configuration et actes illocutoires des candidats, il est question d‟analyser les ressources linguistiques, thématiques et
rhétoriques mises en œuvre par les postulants au cours de la campagne électorale. Ensuite, l‟article part de la réunion du
signifiant au signifié, et du contrat ressorti du message propagandiste entre le destinateur et le destinataire. Enfin, sur le
plan sémantique, il conclut sur la constitution de l‟adjonction de l‟image au texte qui l‟accompagne, c‟est-à-dire la
congruence Image-Message.
MOTS CLES : Message, image, campagne électorale, émetteur, récepteur.
ABSTRACT :
In regard to the criticism inspiration, the present study deals with literary trealement for the written of
political propaganda the legislative elections of December 2011 in Bukavu. To the point of the research being the
configuration and the act of unfair speech of the candidates, it is a question of analyzing the linguistic sources, the
matics and fluent speech put in application by the postulate. When propagandizing the elections in addition, the article
goes to the meeting from the signifried to the signifier and the contract appear from the propagandist message between
the provider and the belonging. Finally, on the semantic plan it is concluded on the constitution of the image adjunction
for the text accompanying. It means congruent Message-Image.
KEYWORDS: Image, Message, election propaganda, speaker, receiver.
0. INTRODUCTION
Cette recherche se propose d‟examiner les messages véhiculés par les textes des candidats députés
nationaux au cours de la campagne électorale de Novembre 2011 en RDC, ainsi qu‟un point de réception
(le public) et un canal de transmission (le support linguistique) [Adam, 1999 :10; Amossy, 2000: 19]. Il ne
s‟agit pas d‟une analyse de l‟information dans la presse généraliste et d‟une visée autre que strictement
informative (Coppola et Camus 2012 : 8). Mais, dans une disposition immanente, nous focalisons notre
attention sur le message lui-même. Dire en fait, sur le plan sémantique, comment est constituée
l‟adjonction de l‟image au texte qui l‟accompagne (Barthes, 1964 :8).
Pour des raisons éthiques, nous n‟allons pas brandir les photos des candidats dans ces pages. Ce travail
se résume en une étude des ressources linguistiques, thématiques et rhétoriques mises en œuvre au
cours de la campagne électorale de Novembre 2011. En effet, la réunion du plan d‟expression (signifiant)
et celui du contenu (signifié) est l‟objet de cette lecture. Il est question de savoir quel contrat ressortirait du
message de propagande entre destinateur et destinataire. Ensuite, le destinataire fait-il ce que dit le
destinateur? Celui-ci est-il, à son tour, fidèle à ce qu‟il dit ? L‟idée qu‟il a sur ses interlocuteurs est-elle
certainement une réalité observée sur terrain ?
*
Assistant au département de français à l’ISP/Kamituga
Chef de travaux au département de français à l’ISP/Bukavu
**
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique153
1. CONSIDÉRATIONS THEORIQUES
De la rhétorique
Le nouveau Petit ROBERT (2007 : 2248) définit la rhétorique comme « Art de bien parler,
technique de la mise en œuvre des moyens d‟expression, éloquence ou style déclaratoire de rhéteur … ».
La rhétorique nouvelle subsiste depuis deux millénaires et on sait que son objet n‟est pas stable. Il ressort
de ces propos que la rhétorique est l‟art de faire de discourir dans une stylistique très raffinée. Aristote, le
géant régnant sur la totalité de la rhétorique la définissait comme : «une technique positive
d‟argumentation, appuyée sur des procédés verbo-logiques extrêmement précis, dont la base est l‟univers
culturel du vraisemblable » (Moline, 1982 : 10). Toujours selon cet auteur, la rhétorique est essentiellement
l‟art de l‟éloquence, donc l‟art de persuader par le discours. Avec la visée logico-pragmatique de la
démarche rhétorique, à en croire Aristote, elle est une science et un art de bien parler. La portée
scientifique de la rhétorique se justifie par sa pratique nécessitant de la part des rhéteurs la maîtrise des
techniques oratoires et l‟exercice des connaissances théoriques.
Selon Pourgeois (2001 : 7), la rhétorique souffre depuis longtemps d‟un dédain mal placé. Le fait de la lier
à la stylistique qui en est le prolongement ne l‟épargne pas de la « mauvaise presse » dont elle est
victime. Mauvaise presse rappelant l‟apostrophe de Victor Hugo lancée au XIXème siècle dans les
contemplations : « Guerre à la rhétorique et paix à la syntaxique! ».
L‟acception actuelle, quant à elle, ressort de l‟enjeu majeur qui est la réalisation du beau
discours. Comme tout art, la rhétorique assemble des procédures bien réglées qui tendent à cette fin.
Les résultats dépendent par conséquent d‟aptitudes ou de l‟habilité oratoire des sujets manipulant lesdites
procédures et techniques connues à l‟avance. Moline (1992: 6-7) explique la pertinence de la rhétorique
sur le plan artistique :
« … l‟enjeu est énorme, et même exorbitant car l‟art de la persuasion manié avec prestige,
c‟est-à-dire avec autorité et bravoure appuyé sur des connaissances techniques illuminées
par le don propre et exercées par une solide pratique, confère qui possède un pouvoir
considérable : on vise à faire penser aux gens ce qu‟a priori ils ne pensent pas, à leur faire
désirer, à leur faire ressentir des sentiments qui, au départ ne les avaient pas émis ».
Quoiqu‟il en soit, la notion de la rhétorique s‟avère inséparable de celle de la description
portraiturante. Ce qui nous amène à jeter un bref regard sur le passage du portrait à la description.
Du portrait à la description
Selon l‟acceptation générale, le portrait est la représentation d‟une personne ou la mise en
évidence de ses particularités physiques ou morales permettant de l‟identifier.
Il décrit une personne réelle ou fictive par le dessin, la peinture, la gravure ou l‟écriture. Le portrait peut,
selon le cas, s‟afficher prioritairement informatif ou s‟accompagner de commentaires plus ou moins
allusifs. Dans cette optique, on conviendra que toute portion consacrée à la description d‟une personne
relève du genre portraiturant.
Ce genre s‟appliquait, selon la Bruyère (dans Les caractères) à la découverte de tous les traits dominants
d‟un personnage, révélés par les mots, les gestes, les attitudes, les postures, etc.
Hamon et Bomati (199 : 171), Doutrepont (1961 : 59) et Adam (1993 : 33) désignent par « prosographie »,
toute description portraiturante ayant pour objet la figure, le corps, les traits, les qualités physiques ou
seulement l‟extérieur, le maintien, le mouvement d‟un être animé ou fictif, c‟est-à-dire, de pure imagination.
Dans la perspective d‟analyse littéraire, Moline (1992 : 142) considère que le portrait puiserait dans
l‟éthopée qui, d‟après lui, est une figure macrostructurale de second niveau. Tout en étant réelles, les
images descriptives n‟ont parfois pas d‟efficacité ou des valeurs en elles-mêmes. Elles apparaissent en
tant que signe d‟autre chose. Les lieux ou les personnages décrits sont indissociables du regard de celui
qui les décrit.
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WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique154
Ainsi, dans la description Ménipple, l‟ « oiseau paré de divers plumages », dans « les
caractères », « Du mérite personnel » P. 40, on peut facilement voir comment l‟évolution du texte obéit à
une évolution dialectique de l‟intériorité et de l‟extériorité qui articule l‟un par rapport à l‟autre le travail
mystificateur de Ménipple et la démystification de son créateur (Bergez 1996 : 126). Les descriptions des
pertes en vies humaines dans La peste traduisent chez Albert Camus une conception philosophique et
religieuse du monde, une fusion entre la nature, l‟homme, la civilisation et Dieu. Il ressort ainsi, que toute
description jouant un rôle symbolique passe tout d‟abord pour un discours relatant un événement. Mais il
finit par se faire comprendre comme sens. Or, tout sens est potentiellement connotatif ou polysémique. Il
relève non seulement les intentions du descripteur mais aussi celles violées par le texte lui-même ou
encore celles des lecteurs.
Ce qui impose un regard perspectif du clip de campagne du publiciste renvoyant, en effet, à la
construction verbale de l‟information.
Du clip de campagne : La construction verbale de l’information
Chaque campagne présidentielle ou législative a ses codes, ses rites, ses passages obligés. Et
depuis que la télévision est devenue la reine des médias, la production de clips, de photographies font
partie de la panoplie de tout candidat qui se respecte. La campagne dite « officielle », celle qui oblige les
canaux de transmission à rogner, de mauvais gré, sur la vente de temps de cerveau disponible aux
grandes marques, a vu le jour. Chaque candidat a désormais droit aux mêmes « canaux de
transmission ». cette égalité permet à qui se donne la peine de comparer les discours, les mises en
scènes, d‟étudier l‟affirmation de valeurs via le choix de codes graphiques ou d‟effets spéciaux ; d‟analyser
la sémantique et la sémiologie tout autant que la gestuelle et le comportement.
En effet, ce que donne à connaître un canal de transmission, notamment écrit, ce ne sont pas
des faits bruts mais des mises en mots (en énoncés) de ceux-ci, autrement dit l‟information « raconte » le
réel en le configurant dans des formes langagières, ce qui veut dire que « techniquement », elle ne peut
pas ne pas « construire » et donc peu ou prou, « déformer », « transformer », « manipuler » (au sens
propre, non nécessairement péjoratif)ce réel (Benoit, 2004 : 188). D‟une façon générale, le lecteur de
l‟information (message) fait face à un problème de vocabulaire. Quels mots doit-il employer ou choisir
pour fabriquer sa copie et au-delà informer son lecteur en « se rapprochant le plus d‟un degré zéro » de
l‟information (Camus et Georget, 2003 : 235) ? En effet, « il convient de ne pas confondre le mot et la
chose, le réel extra-langagier et le monde parlé (Camus, 1999 : 271) et de ne pas oublier que certaines
mises en forme langagières sont aussi des mises en formes efficientes du réel : « On ne sait plus que,
entre la réalité du fait brut et l‟expression linguistique où apparait l‟information brute sur la réalité, la
différence est aussi grande qu‟entre une chose et son ombre ou entre un son et son écho » (Roth, 2001 :
52). Certains auteurs se sont d‟ailleurs attachés à analyser les mécanismes de cette efficience (ou
opérativité) du message (langage écrit), tel Freund proposant la notion de « mots piégés » (1991 : 151),
qui sont considérés par Breton comme relevant d‟un « recadrage abusif » et d‟une « manipulation
cognitive » (2000 : 101). Siblot parle quant à lui de « tours de passe-passe verbaux » et de « mots
pourrisseurs » (2004 : 38) et Harzan constate (et dénonce) une « recherche de l‟efficacité aux dépens
mêmes de la vraisemblance » (2006 : 18). Aussi, doit-on se rendre à l‟évidence, les choix de mise en
forme langagière qui sont opérés par l‟énonciateur sont nécessairement voués à ce que Charaudeau
appelle l‟impossible innocence :
« A tout moment, l‟informateur (messager) devrait se demander, non pas s‟il est fidèle,
objectif ou transparent, mais quel effet lui semble produire telle façon de traiter
l‟information, et concomitamment quel effet produirait telle autre façon, puis encore telle
autre façon, avant de procéder à un choix définitif car le langage est plein de pièges »
(2005 : 28).
Cette « impossible innocence » amène inévitablement à interroger la responsabilité du locuteur,
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WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique155
de même que l‟éthique des pratiques langagières, comme le font Moirand et Pourquier au sujet de la
presse quotidienne nationale et régionale (2008 : 140-141) ou encore Gardin, pour qui « les choix
grammaticaux sont bien des choix idéologiques », ce qui l‟amène à parler de « morale linguistique »
(1999 : 60) et à définir l‟être moral dans le domaine de la langue comme celui « qui se sent appelé, se
sent autorisé, s‟autorise à travailler son expression, à avoir un comportement linguistique autre qu‟instinctif
ou contraint de l‟extérieur » (2008 : 31).
Il est classique de reconnaître que la concurrence média métrique impose aux candidats
postulants, d‟intéresser plus que d‟informer, ce qui les conduit à opérer un certain nombre de choix dans
les thématiques et dans la façon de les traiter. L‟écriture informative doit se trouver à la convergence
d‟une lecture de « plaisir » à laquelle correspondent des « stratégies de séduction » et d‟une information
« exacte » en offrant des gages de sérieux et de véracité auxquels correspondent des « stratégies de
crédibilité ». Or, en réception, l‟idée même d‟information exclut l‟ordinaire, le commun, le banal, l‟habituel
au profit de l‟accidentel, du surprenant, de l‟imprévisible, du tragique, de l‟exceptionnel :
« Ce n‟est pas un hasard si tous les informateurs, mais aussi les publics auxquels ils
s‟adressent, s‟accordent pourtant à considérer comme « événement » un certain
nombre de faits, tels que les vastes rassemblements, les incidents dramatiques ou les
catastrophes par exemple. Les journalistes ou publicistes ne font que reprendre avec
leurs moyens propres, une définition sociale de l‟événement qui existe presque
indépendamment d‟eux ». (Champagne, 1991 : 65).
Le propagandiste devra alors satisfaire ces attentes contractuelles. Dès lors, le potentiel attractif
de l‟information ainsi que sa valeur de pertinence, entendus ici comme sa raison d‟être communiquée et
sa reconnaissance en tant qu‟objet d‟échange valide et conforme, devrait passer par sa capacité à trouver
une certaine résonance affective, un certain écho émotionnel chez le récepteur. En effet, la visée de
captation s‟adresse à la vie pulsionnelle du récepteur, celui-ci étant défini par l‟instance informative
comme une « cible affective » ou encore une « cible ressentante » dans tous les cas un « lieu de
sensibilité » (Charadeau, 2005 : 84).
En référence au propos d‟Achache (1991 : 50) s‟attachant à caractériser le « modèle
propagandiste », nous disons que la « raison » n‟est pas le niveau pertinent de cette visée, celle-ci étant
orientée vers une couche psychologique plus profonde, s‟agissant d‟agir sur des forces psychiques
localisées hors du champ de la réflexion.
En résumé, ce parcours théorique convient que la rhétorique en tant que art de bien parler, est
une technique de la mise en œuvre des moyens d‟expression, l‟éloquence et même de style déclaratoire
très raffiné. C‟est l‟étude de la construction formelle des discours. Quant à la construction verbale de
l‟information, le clip de campagne, nous l‟avons dit, détient ses codes, ses rites et passages obligés. L‟un
de ces passages est donc la satisfaction des attentes contractuelles. Ces codes et rites se rapportent
étroitement au mariage Portrait-Description où la description réelle ou fictive est faite.
Ainsi, c‟est sur base de ces considérations théoriques que nous appréhenderons désormais
l‟étude rhétorique consacrée aux énoncés des propagandes politiques lors des élections législatives de
Novembre 2011 à Bukavu. Cette analyse portera plus particulièrement sur des ressources linguistiques,
rhétoriques et thématiques faisant état d‟un échantillonnage de cinquante (50) candidats en campagne
électorale. Il s‟agira de circonscrire quelques procédés de mise en forme discursive en vue de constituer
autant de marques-traces de l‟adjonction de l‟image au texte après, bien sûr, une focalisation attentive sur
le message lui-même.
2. Catégorisation configurante des énoncés
D‟après la catégorisation énonciative du corpus, les messages se diversifient par
appartenance aux idéaux politiques. En d‟autres termes, l‟argumentation du candidat ne s‟écarte pas des
idées et projets de sa plateforme (Amossy, 2000 : 55).
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique156
Selon qu‟une vision politique est commune pour telle série d‟énoncés, les messages propagandistes sont
à similitudes thématiques et l‟objectif est de rencontrer les aspirations populaires. Pour la majorité
présidentielle, la thématique abordée porte sur le développement (cfr le candidat n° 107), la paix et
l‟exposition des expériences antérieures (candidat n° 106, PPRD), la majoration salariale (PALU, n° 78),
la croyance en Dieu et/ou en Christ (PALU, n° 77), la bonne gouvernance (n° 69, MSR), l‟organisation
sportive (n° 85 P.C.D, et n° 148 UPERDI), etc. Toutefois, L‟opposition politique s‟atèle sur les thématiques
comme : le changement (n° 129, UDPS) ; (n° 144, UNC) ; le développement et la démocratie (n° 143,
UNC) ; etc. Les indépendants complètent la liste avec les sèmes : honnêteté (n° 37), démocratie (n°
154), marche vers la lumière (n° 36).
Par contre, ceux faisant état de désaccord d‟opinions politiques sont de la catégorie de messages à
divergences thématiques. Cette tranche d‟énoncés puise dans la polémique : mouvance présidentielle et
opposition politique hors jeu. Bien des candidats ici présentés, ne jurent qu‟avec les casquettes d‟homme
de Dieu, de Pasteur, d‟ancien de l‟Eglise pour être crus. Allusion faite à l‟énoncé : « Homme de Dieu
averti, ayant servi en Belgique, Suisse, Kinshasa et à Bukavu. Toujours à votre écoute et à vos côtés
avec le même élan chrétien pour vous servir… » (Révérend Pasteur KYEMBWA WALUMONA Jules).
L‟énoncé s‟ancre dans la configuration des messages à soubassement spirituel où la spiritualité est vécue
sous forme de clientélisme, de publicité et donc un outil de séduction. Toutefois, le caractère prometteur
voilé par les textes des députés en devenir retient l‟attention des électeurs.
Ce sont des énoncés dont la texture est fondée sur des promesses fallacieuses et démagogiques. Ce qui
est dit ou énoncé n‟est pas foncièrement fait (AUSTIN, 1970 : 50-56). L‟adresse : « Votez pour BULAMBO
KILOSHO, il changera la mentalité des Bukaviens » en est une réelle illustration. Outre la configuration cihaut dégagée, le bilinguisme rentabilisé à des fins politiques est, dans cette étude, un phénomène
important. Les textes en français et/ou en Kiswahili renvoient soit à la traduction en vue de saisir la
compréhension du public électeur, soit au rapprochement Candidats-Electeurs ; pour autant que le swahili
est la langue nationale la plus parlée et la mieux comprise par l‟électorat bukavien. Le mariage
linguistique « Kwa usalama, ujenzi na maendeleo ya Sud-Kivu ; Pourla sécurité, la reconstruction et le
développement du Sud-Kivu” est un titre d‟exemple alors que la séquence : « Je dénonce et je dis non,
tusimame na tujenge upya inchi yetu » renfermant l‟alternance codique ne traduit ici qu‟une esthétique de
la création verbale (Bakhitine, 1984 : 60).
Tout compte fait, les textes à tendance identitaire ne sont pas en reste. Par exemple, « Qui est
KYEMBWA ?... Rassembleur du peuple, Artisan de la paix,… Défenseur du genre et famille,… » (PPRD,
n° 106) ; « Tumchaguwe sote Papa Gérard KABEMBA BILUNGI, Baba yetu » (M.S.R, n°…) ; « Le
candidat de la jeunesse et des sportifs » (PCD, n° 85) ; « Kijana wa maendeleo » (URDEC, n° 151) ;
« L‟homme de Bukavu,… » (sn° 154, indépendant).Les postulants s‟identifient par des caractères
permanents et fondamentaux pour une meilleure illustration au public. Ces caractères sont compris dans
une orientation communautaire et cosmopolite. (Goffman, 1975 : 95).
3. ANALYSE DES MESSAGES ICONIQUES
Notons que nous avons analysé les images et photos des candidats, dont les archives se trouveraient
dans les bureaux électoraux, au niveau national et provincial.
3. 1 Le cliché de l’homme politique
Sur les cinquante clips observés retenus, 45 offrent l‟image du candidat en relief. Le fond
est varié allant du bleu azur au jaune clair en passant par des nuances de vert, de rouge et noir. La mise
en relief du personnage est certes une option énonciative dans un climat politique où n‟existe aucune
idéologie du type classique. Il s‟agit ici d‟une lutte pour faire prévaloir plus le personnage que les idéaux
du genre : les conservateurs, les travaillistes, les socialistes, les républicains,… Il est clair que l‟héritage
politique congolais se range derrière des personnalités, qu‟elles soient reconnues ou non comme héros
nationaux.
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WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique157
En parcourant les images, on se rend compte que la candidate n° 77, Madame WABIGWA
MABUNGANO Hélène du parti Lumumbiste Unifié (PALU) fait coiffer son portrait par la photo en emblème
du patriarche Antoine GIZENGA. De celui-ci, le regard incrusteur perçant, comme celui de l‟aigle, semble
indiquer à son poulin la voie à suivre. Quant aux Messieurs MUBAKE NOMBI Valentin, MUSHIZI
NFUNDIKO KIZITO, respectivement de l‟UDPS et de l‟UNC, ils font, à leur tour, illustrer leurs images par
des personnalités morales des partis politiques13 : Sur la forme d‟abord, tous les clips de campagne
mettent en scène le /la candidate soit devant un fond bleu (KYEMBWA W.), soit rouge (MUSHIZI N) , soit
blanc (BULAMBO K.)
Tous ces clips sont d‟un classicisme navrant, jouant du cliché de l‟homme politique face à une caméra
récitant les mots soupesés par son staff qui défilent au prompteur. Une technique tellement éculée que
chaque observateur (votant) peut deviner au regard fixe à quel point la parole est maîtrisée. A ce jeu-là, la
désincarnation est forte et il est de même assez plaisant de voir combien l‟homme qui, par excellence,
n‟arrive pas à se maîtriser, à savoir MUSHI BONANE, candidat à sa propre succession qui essaie par tous
les moyens de ne pas déborder de son texte tout en n‟y arrivant pas, glissant dans une fin de phrase :
« … c‟est prouver l‟amour et la volonté qu‟on a pour hisser l‟OC Bukavu-Dawa encore plus loin » parlant
singulièrement d‟une seule équipe de football comme pour exprimer son attachement à celle-ci et ignorant
d‟autres. A rebours du prompteur, les candidats n° 79 et 144 ont fait le choix de reprendre ce qui parait
incarner l‟idéal de leur programme énoncé lors de la campagne électorale de novembre 2011. Pour le n°
79, l‟idéal se résume en cet écrit : « Tumchaguwe sisi wote Jean-Marie BULAMBO KILOSHO, mugombea
wetu ku bunge la taifa »(votons tous pour jean-Marie BULAMBO KILOSHO, notre leader à l‟assemblée
nationale) alors que pour le candidat n° 144, l‟déal réside dans « l‟unité des Bukaviens », à savoir la
passion pour le changement : « wote pamoja kwa mabadiliko inayo tufalia ». Et en mettant en scène non
seulement un discours devant des milliers de personnes, appuyé sur des images d‟archives
esthétiques,… l‟exercice de storytelling fonctionne très bien. A ce jeu-là, ces deux postulants renouent
avec le contexte sociopolitique actuel à Bukavu et inscrivent par l‟image leurs candidatures dans l‟histoire
du chef-lieu Sud-Kivutien, donc dans l‟imaginaire commun.
Sur le fond, ce positionnement marque une véritable différence. Loin des monologues
techniques (MATUMAINI KIGWIRA n° 81 « Je dénonce et je dis non, tusimame na tujenge upya inchi
yetu », la deuxième partie de l‟énoncé ayant pour traduction : levons-nous et construisons de nouveau
notre pays, Aimé MILENGE n° 150 « Education, notre cheval de bataille … » ) ou qui se veulent
démonstratifs d‟une pseudo-vérité (BIGARURA KACIGA Big Jean-Luc n° 78) ; le dynamisme d‟un
discours de meeting ou sur l‟affiche s‟articule avec une mise en récit qui parle de manière subtile du réel,
tout en invoquant l‟idéal : Abolition des privilèges, réels changements, vaincre avec Dieu et/ou Christ,
école gratuite, sécurité sociale, alternance,… Les jalons de l‟histoire propagandiste sont posés, ceux de
l‟histoire du progrès commun aussi et à la lumière du passé, le présent s‟éclaire de choix à faire : car à
travers ces évocations, on retrouve le programme des candidats sur l‟éducation (école), la sécurité, la
réforme fiscale, la justice distributive, la santé,…
La première des batailles est ici, la bataille des valeurs. Le choix du clip en vue d‟une
réussite électorale devrait être judicieux, car avant d‟en connaître les modalités techniques, les électeurs
doivent savoir à quelles valeurs se réfère une politique. Egalité, justice, Espérance,… sont les mots de
cette politique. Ils sont scandés à la fin du récit auquel invite surtout le candidat n° 144, cadre de l‟UNC et
l‟un des postulants victorieux à Bukavu. Autant de préceptes qui fonderaient, hormis la démagogie du
politique congolais, l‟idéal d‟une politique du réel ! Du souffle et du sens bien joué !
13
Pratiquement, tous les candidats avaient accroché au-dessus de leurs portraits, les ches de file de leurs
partis politiques.
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3.2 La rhétorique comme technique argumentative dans les messages
Comme évoqué plus haut, la rhétorique, en tant que noyau d‟argumentation, s‟appuie
sur des procédés verbo-logiques. Telle est la caractéristique qui sillonne la plupart des messages
adressés aux électeurs. Après lecture et analyse de ceux-ci, les figures de rhétorique les plus illustres se
dégagent comme suit :
3. 2. 1 L’amplification : procédé descriptif et argumentatif considérée comme « un modèle générique
des figures macrostructurales », l‟amplification consiste à « étendre l‟unique information centrale sous
plusieurs expressions, des mots ou groupes de mots à un ensemble de phrases » (Molinie, 1992: cité par
Kilosho, 2001: 85). A titre d‟exemple, recourons à cette information centrale sous plusieurs accumulations
de détails et éléments phrastiques du candidat MUSHI BONANE Sylvanus de l‟UPRDI:
« Bukavu, voter 100% n° 148 c‟est :
-
Comprendre le sens du combat ;
- Engager la lutte et finir avec l‟insécurité au Sud-Kivu et spécialement à Bukavu,… ». Sous cet
angle, comme l‟avoue Perelman (1988 : 51-52), l‟amplification s‟inscrit, sans nul doute, dans la logique
argumentative et crée la présence. Elle insiste longuement sur certains éléments qui ne sont pas
douteux : en prolongeant l‟attention qu‟on leur accorde, on augmente leur présence dans la conscience
des auditeurs, ici des électeurs :
« Voter 100% le candidat n° 148 c‟est :
-
S‟engager à promouvoir et à renforcer la formation pour l‟éclosion d‟une nouvelle élite
de la relève dans tous les secteurs de la vie nationale et internationale…
-
Récompenser les efforts d‟un digne fils ;
-
Lever l‟option pour la reconstruction, le développement du Sud-Kivu en général et de
Bukavu en particulier ;
-
Contribuer à l‟encadrement de la jeunesse et la promotion du sport au Sud-Kivu en
général et à Bukavu en particulier,…».
3. 2. 2 Chiasme :
« Votez tous pour n° 50, Pour l‟emploi et le salaire décent à tous les
Congolais, la paix et la justice sociale. Non à la corruption et aux autres
antivaleurs ».
Ce message, incarnant en son sein l‟antithèse, est celui qui oppose deux termes, deux
ensembles des termes ou deux idées dans la phrase (Bergez et al 2010 : 20). Telle est la beauté
discursive qui rejoint l‟adresse du candidat BYOMUNJIRA ZIHINDULA (UNC) dont le schéma chiasmique
se présente comme suit :
Emploi
Salaire
Paix
Corruption
Justice sociale
Antivaleurs
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WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique159
En vue de s‟écarter du reste des candidats en lisse, ce cadre de l‟UNC préfère l‟opposition de
ces connecteurs Pour et Non renvoyant ici à l‟antithèse. Celle-ci débouche sur le chiasme. La première
proposition rencontrant les aspirations du public alors que la deuxième reste une accusation implicite de
l‟autorité au pouvoir. L‟accusation s‟illustre par le sème « autres antivaleurs ». Pour ce politicien, les
séquences « corruption », « antivaleurs » constitueraient, par l‟entendement de l‟énoncé, deux grandes
faiblesses des hommes au pouvoir.
3. 2. 3 L’apposition
« Education, notre cheval de bataille »
Le mot « éducation » est mis en évidence par le candidat n° 150 pour autant que lui-même est
éducateur (enseignant). Celui-ci recourt à ce procédé dans l‟intention de prouver au public qu‟il est
proche de lui ; qu‟il défendrait valablement les droits de l‟éducateur, et pourquoi pas ceux de l‟éduqué. Le
mot est en juxtaposition avec « notre cheval de bataille ». Ainsi, l‟apposition est un procédé par lequel un
terme (nom, adjectif) ou une proposition qualifie un nom ou un pronom en leur étant juxtaposés ; le mot
ou la proposition juxtaposée.
3. 2. 4 L’anaphore
« Non à l‟injustice sociale
Non à l‟impunité
Oui au développement »
L‟ouverture du message par l‟adverbe Non renvoie au procédé stylistique dit anaphore. Ce
procédé qui est nommé anaphora (action d‟élever) est une reprise d‟un mot ou d‟un groupe de mots au
début de phrases ou de membres de phrases qui se suivent, produisant un effet de renforcement, de
symétrie. En linguistique, elle est un ensemble des procédés de répétition (BERGEZ. D et al., 2010 :
130). Ainsi, dans le cadre d‟asseoir sa vision politique, MUKUBAGANYI MULUME Jean- Pierre, l‟un des
hauts cadres du PPDR/Sud-Kivu emploie consciemment l‟anaphore à travers son affiche.
3. 2. 5 La métonymie
« Bukavu, relève-toi et marche vers la lumière ».
En focalisant son message sur le toponyme « Bukavu », le candidat n° 36 s‟adresse aux
habitants de cette ville qu‟il estime longtemps et en grande partie ténébreuse et dont les infrastructures
sont en grande partie archaïques. Elle doit, d‟après l‟adresse de l‟émetteur, marcher vers l‟électricité ;
c‟est-à-dire aller de l‟avant. Cet appel incarnerait, en fait, un éveil de conscience lancé par Monsieur
MUDERHWA. Cette figure de rhétorique est alors un procédé par lequel un concept est exprimé par un
terme désignant un autre concept qui lui est relié par une relation nécessaire. C‟est en bref, par la cause,
le contenu par le contenant, le tout par la partie,… (Bergez et al., 2010 : 166).
3. 2. 6 L’hyperbole
« Il militera pour : un salaire décent à l‟enseignant pour l‟éducation de nos
enfants sans prime. Un solde digne au militaire pour notre sécurité, l‟eau
potable et l‟électricité aux Congolais ; l‟emploi aux jeunes pour le
développement de nos familles et de notre pays, etc ».
Ce message du postulant n° 78 est une hyperbole qui consiste à amplifier, à exagérer dans la
transmission du discours (Bergez et al ; 2010 : 138). Au-delà de l‟amplification, ces propos sombrent dans
une exagération exprimée par « … un salaire décent à l‟enseignant pour l‟éducation de nos enfants sans
prime » en ce sens qu‟il ne lui revient pas d‟abolir la fameuse prime qui date déjà de près de deux
décennies en RDC. Ce cadre du PANADER, comme tous les autres candidats, recourt aux adresses
démagogiques pour enfin drainer la masse populaire. Son message intériorise une promesse visiblement
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique160
irréalisable et hyperbolique. L‟hyperbole est aussi une des figures clés du romantisme lorsqu‟il s‟agit par
exemple de magnifier la beauté ou l‟horreur de l‟héroïsme ou la bassesse, la sagesse ou la folie, la force
ou la faiblesse (Bergez et al 2010 : 139). Nous la retrouvons, en effet, chez MWEZE CIMANUKA VOVA
(Candidat n° 44) lorsqu‟il est question pour lui d‟impressionner sa base en excitant l‟imagination :
« Tumezingatiya fikra za Mzee Laurent Désiré KABILA ». Le candidat dépasse,
à ce niveau, sa propre conviction jusqu‟à intégrer dans son énoncé les idées du héros national ayant pour
objectif convaincre les interlocuteurs par exagération.
Les excès de l‟hyperbole sont ceux de la flatterie, de la consolation et même de la politesse
mondaine comme l‟illustre en Swahili Maître LUBALA MUGISHO Emmanuel (KAZA n° 85) :
« Kujitowa kwa ajili ya wanyonge »
Ajoutons que le style précieux est également hyperbolique, lorsqu‟il est question d‟émouvoir,
d‟amuser ou d‟intriguer comme en témoigne cette étonnante accumulation du candidat n° 150 Aimé
MILENGE, enseignant de son état :
« Education, notre cheval de bataille ; essayons d‟abord avec un enseignant
qui vit avec nous ».
Enfin, dans le genre épidictique (genre des discours d‟éloge ou de blâme), l‟hyperbole est
traditionnellement utilisée pour glorifier, vanter les hauts faits ou émouvoir (Bergez et al 2010 : 140). Les
textes ci-après illustrent mieux ces propos :
« … Homme d‟Etat chevronné ayant déjà été élu 3 fois député national et
ayant servi comme gouverneur de province au Kasaï-Occidental, au Maniema
et au Sud-Kivu… » (Révérend KYEMBWA WALUMONA Jules).
« Wote tuchaguweni n° 143, hepukeni makosa ya mbele, tuchaguwe mtu
wa maendeleo » (Ir. MUSHEGERA KALABA LASHI) dont la version
française est : « Votons tous pour le n° 143, évitons les erreurs antérieures,
votons pour un homme de développement ».
En s‟exprimant de cette manière, le candidat exhorte ses électeurs à tourner la page du passé
caractérisé par bien des erreurs. D‟après ce message, il est donc la personne éligible et capable de tout
à travers le qualificatif « l‟homme de développement ».
Alors que le premier énoncé étale l‟expérience, les exploits du prétendant député, le deuxième
relève les faiblesses du pouvoir en vue de décrire la gloire du postulant n° 143.
« Voter pour le candidat du travail bien fait, de l‟honnêteté et de la justice ».
A travers la séquence « … le candidat du travail bien fait, de l‟honnêteté … », l‟émetteur se
donne les éloges et se fait passer pour un immaculé à la suite des attributs « honnête, juste, … ».
3.2 .7. L’Epanorthose
Cette figure consiste à revenir sur un propos pour le modifier. Deux formes opposées de
l‟épanorthose sont attestées, à savoir l‟épanorthose alternative et l‟épanorthose renforçant une idée
(Bergez et al 2010 : 106). Les propos tenus par LASHI, renchérissent cette réalité. Lorsque le député
insiste sur la proposition « …hepukeni makosa ya mbele… », l‟on sent que l‟énoncé renvoie à
l‟épanorthose alternative car le locuteur revient sur un fait (imperfections politiques antérieures) pour
l‟adoucir par le propos complémentaire « …tuchaguwe basi mtu wa maendeleo » a pour traduction :
votons cette fois-ci pour un homme de développement.
3.2.8. La polyphonie
La polyphonie (du grec polus, « nombreux » et phônéma, « le son de la voix ») désigne les
différentes voix qui se font entendre dans un même discours ; il arrive en effet que le sujet parlant ne soit
pas le locuteur, et que ce dernier ne soit pas l‟énonciateur (Bergez et al 2010 : 205). C‟est notamment le
cas dans un discours littéraire et politique où il convient de distinguer l‟écrivain (personne sociale) de
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique161
l‟auteur (énonciateur) et du narrateur (locuteur) :
« Je dénonce et je dis non, tusimame na tujenge upya inchi yetu » dont la
deuxième partie a pour version française : levons-nous et construisons de
nouveau notre pays (Espérance MATUMAINI K. n° 81).
Cette déclaration bilingue prend en usage deux pronoms personnels. Le « je » répété et le
« nous » de « tusimame tujenge» signifiant « levons-nous et construisons » traduisent la polyphonie.
Dans ce passage, la narratrice (« je ») est la candidate MATUMAINI elle-même, censée exprimer sa
propre détermination. Par ailleurs, le discours est récupéré par le préfixe pronominal « tu» de tusimame
en swahili renvoyant à « nous » en français. Il ne s‟agit plus de l‟auteur-narrateur elle-même par rapport
aux actions mais d‟un groupe de locuteurs déterminés à l‟activité politique, et donc distincts de l‟écrivain,
considéré en tant que personne.
3.2.9. L’allitération
Répétition remarquable d‟une consonne ou de phonèmes consonantiques voisins :
« Pour l‟emploi et le salaire décent à tous les Congolais, la paix et la justice sociale. Non à la corruption
et aux autres antivaleurs » (BYOMUNJIRA ZIHINDULA).
Dans ce message, l‟allitération en [l] produit une harmonie propre à faire ressentir le caractère
visionnaire, judiciaire du candidat n° 50. L‟insistance sur cette même consonne lors de la propagande
produit un véritable espoir de la part des interlocuteurs, par le renforcement qu‟elle fait effectivement
entendre.
3.2.10. L’anadiplose
Cette figure de répétition consiste à reprendre dans une phrase (souvent au début) un mot ou un
groupe de mots de la phrase précédente, de manière à établir une liaison( BERGEZ, D 2010 : 23) :
« Rassemblons les communautés, nous les rendrons meilleurs ; car les
communautés rassemblées chercheront à nous plaire et ne pourront nous
plaire que par les choses qui les rendent respectables » (MUSUBAO
Charles).
L‟anadiplose est ici amorcée par la reprise de « Rassemblons les communautés » au début
comme à l‟intérieur du message du candidat MUSUBAO. Cette répétition de mots se prolonge jusqu‟à
concerner le groupe de mots « nous plaire » repris deux fois dans l‟énoncé. Ce procédé qui n‟est pas à
confondre avec la réduplication (voir anaphore), est rencontré notamment dans le style des discours,
parce qu‟il permet aux auditeurs de mieux mémoriser les mots importants et de mieux repérer les
articulations logiques. En voici un texte illustratif:
« Pourquoi la sécurité ne peut pas être améliorée, pourquoi la population
active ne peut pas accéder aux emplois rémunérateurs et pourquoi les valeurs
ne peuvent plus guider la vie publique ? » (Aimé-Jules MURHULA
NAMEGABE, partie politique : PCP).
L‟insistance sur le mot « pourquoi » tantôt au début de la phrase, tantôt à l‟intérieur du texte, ne
renvoie à ce niveau qu‟à l‟anadiplose. Focalisant son attention sur la mise en évidence, le candidat du
PCP fonde l‟argumentation sur la sécurité et les emplois rémunérateurs.
3.3. La dimension linguistique et illocutoire des énoncés propagandistes
3.3.1. Dimension linguistique
Après lecture attentive du corpus, le français s‟avère la langue illustre chez la majorité
d‟émetteurs. Toutefois, il n‟est qu‟une langue seconde à Bukavu et n‟appartient qu‟aux personnes
instruites. Il se pose ainsi à nos yeux, un problème lié à la non maîtrise de la langue française par la
population bukavienne. Ce qui implique l‟incompréhension de destinataire par rapport au message qui lui
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique162
est transmis par le candidat (émetteur). Beaucoup se retrouveraient mieux en swahili qu‟en français. Or,
le français reste l‟unique langue officielle et administrative du pays. En conséquence, le destinataire ferait
difficilement ce que lui dirait son destinateur, faute de maitrise du support linguistique. Ce qui confirme
que l‟idée qu‟a le candidat sur ses interlocuteurs n‟est pas nécessairement une réalité rencontrée sur
terrain.
Par ailleurs, des candidats s‟estiment écoutés et bien suivis alors que l‟inverse pourrait être
observé sur terrain. Quoi qu‟il en soit, certains de nos postulants répertoriés se sont intéressés beaucoup
plus au code Swahili pour espérer une meilleure écoute. Là aussi, tout reste à vérifier car l‟émetteur ne
serait pas forcément fidèle à ses propos bien qu‟utilisant une langue vernaculaire du terroir. A ce titre,
nous avons identifié les politiciens ci-après ;
- Mâitre LUBALA MUGISHO Emmanuel (KAZA) n°-85
« Kujitowa kwa ajili ya wanyonge », « Kijana apewe nafasi na haki yake », « Mwanamke apewe eshima
yake ».
-
Marcelin CHISHAMBO RUHOYA n°115
“Kwa usalama, ujenzi na maendeleo ya Sud Kivu”
- BULAMBO KILOSHO Jean Marie n°79
« Tumchaguwe sisi wote Jean Marie BULAMBO KILOSHO, Mgombea wetu ku bunge la taifa »
-
MUSHIZI NFUNDIKO KIZITO n° 144
« Wote pamoja kwa mabadiliko inayo tufaliya »
-
FAIDA KAGABI, n° 63
“Mtetezi wa haki za raia”
-
MWEZE CIMANUKA VOVA N° 44
“Tunazangatia fikra za Mzee Laurent Désiré KABILA”
-
KAHETO n°152
« Tumchague wote n°152, kwa maendeleo, kijana wa Bukavu »
Somme toute, le choix de la langue n‟influence en rien le contrat candidat- électeur. Il revient à
celui-ci d‟examiner minutieusement le contexte codique et sémantique dans lequel se situe
l‟émetteur .D‟ou ‟un travail qui veut provoquer une prise de conscience et une maturité politique
responsable chez tous les citoyens et les dirigeants, en particulier, tout en lançant un appel vibrant à la
responsabilité de chacun. Allusion faite ici à monsieur MWEZE CIMANUKA VOVA qui, en dépit de ce
texte : « Tumezingatia fikra za mzee Laurent Désiré KABILA » défendant les idées nobles de Mzee
Laurent Désiré KABILA, a été surpris désagréablement par son électorat.
3.3.2. Dimension illocutoire : vœu des candidats
L‟illocutoire porte sur les actes du langage dans les messages au public électeur. Un acte de
langage est un moyen mis en œuvre par le locuteur pour agir sur son environnement par ses mots. Il
cherche à informer, inciter, convaincre etc. son ou ses interlocuteurs par ce moyen (Austin J.L. 1970 :16).
Le vœu des postulants n‟est rien d‟autre qu‟attirer les électeurs par le contenu des messages. Ce qui
conditionne le caractère incitatif et informatif des énoncés à savoir : « Il militera pour : un salaire décent à
l‟enseignant, pour l‟éducation de nos enfants sans prime. Un solde digne au militaire pour notre sécurité,
l‟eau potable et l‟électricité aux Congolais. L‟emploi aux jeunes pour le développement de nos familles et
de notre pays, etc » (BIGARURA KACIGA Big Jean –Luc). « Pour la démocratie et les idées de Mzee
Laurent Désiré Kabila, nous changerons ce pays » (MUSUBAO Charles, P.K, n°47).
En effet, le contenu sémantique véhiculé dans les textes a pour but de convaincre l‟électeur en
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique163
rencontrant ses aspirations. Tel est le grand vœu des candidats. Des formations politiques se rapprochent
de la base électorale en ce sens. Citons en passant, les partis de l‟opposition qui, se penchant sur
d‟éventuelles faiblesses du régime actuel, les candidats députés opposants offrent des slogans
favorables aux votants. Les cas frappants où le postulant s‟estime plus convaincant que ses challengers
sont :
« Le peuple d‟abord ! » (Valentin MUBAKE Nombi)
« Voter pour UDPS= voter utile » (Valentin MUBAKE N)
« Pour un état de droit et un changement réel » (Martin BUZANGU)
« La patrie d‟abord » charisme : « Amour-Fidélité-Honnêteté » (MUKUNGILWA KITABO Kudjos)
« Tous pour un leadership féminin » (KIZUNGU NSIMIRE Raissa)
Ces messages incitatifs (faire vœu de garantir,…) s‟adonnent à une mise en évidence. Ils se mettent en
évidence et impliquent indirectement des critiques acerbes à l‟endroit des hommes au pouvoir comme le
stigmatise cet autre énoncé : « wote tuchagueni n°143, hepukeni makosa ya mbele, tumchaguwe mutu
wa maendeleo ». En vue d‟accomplir l‟attente de l‟énonciateur. A ce stade, ces textes (messages)
deviennent corporatifs car basés sur des critiques, excuses et tolérance du passé misérable du
Congolais : « …Hepukeni makosa ya mbele », « …un changement réel », etc.
Par ailleurs, les députés adoptent diverses stratégies dans l‟énonciation des messages. Ce sont,
tantôt, des déclarations (textes déclaratifs), tantôt ils expriment, a priori, les sentiments de gratitude
(textes expressifs) : « Je dénonce et je dis non,… » ; « Mama yetu na mtetezi wetu 100% tumchaguwe
yeye tu. Fille BK » (NKUBONAGE CIBI CA BENE), « la jeunesse au service du peuple » (Kyakwima Yuma
Bertin).
Tels sont les actes illocutoires qui s‟accomplissent en disant quelque chose et à cause de la signification
de ce que l‟on dit. C‟est une production d‟un énoncé auquel est attachée conventionnellement une force
(DUCROT O., 1980 :28). Ce qui traduit les déclarations, les divers promesses et engagements exprimés
par les messages propagandistes.
4. ANALYSE DE LA CONGRUENCE IMAGE-MESSAGE
4.1. Nature et construction de l’image
« Est dite image la représentation d‟un être ou d‟une chose par les arts graphiques, la
photographie, le film » (BARTHES, R, 1964 :10). Elle est une reproduction visuelle d‟une personne par un
miroir, un instrument d‟optique. C‟est la tenue à la photo, au dessin, à la peinture comme éléments de
construction de l‟image dans cette étude. Par rapport au format de l‟image, les prises de vues sont soit
des portraits, soit des paysages. A l‟instar de la construction de l‟image, la profondeur de champs
demeure déterminante. En effet, la profondeur s‟intéresse au type de questionnement qu‟ y a-t-il au
premier plan ? Qu‟y a-t-il au deuxième plan sur l‟image du postulat publiciste ? Sur ce point, les postures
suivantes retiennent notre attention :
Ces images suscitent la curiosité du public par la posture et les gestes des postulants. La première
(Mubake) a, au premier plan la devise du parti « Votez UDPS = votez UTILE » qui est un message de
proue que tout candidat de cette formation politique adresse à sa circonscription électorale. Ensuite,
l‟image s‟accompagne de la petite photo du président du parti comme pour traduire les idéaux de celuici et l‟incarnation de la sagesse de l‟opposant historique congolais. La deuxième (celle de Bulambo K.)
ne se caractérise que par sa visualité et sa posture tout entière. Quant à celle de BUZANGU, le portrait
affiche à première vue les deux doigts levés comme slogan notoire de l‟UDPS. Et en deuxième lieu, le
candidat offre un sourire avec les bras croisés signifiant ici la sagesse. Par ailleurs, les couleurs sont
un facteur assez déterminant dans la nature de l‟image. Elles dépendent en grande partie de
l‟appartenance du candidat à un courant politique. La prédominance du rouge, du noir, du jaune et même
du bleu sur l‟image des postulants ci-après n‟est pas un fait du hasard :
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique164
4.2. Interprétation de l’image
L‟interprétation de l‟image s‟inscrit dans la technique de prise de vue qui est celle de
photographie. Elle porte, en effet, sur la prise de vue, les lignes ou indications de lecture, les couleurs et
le message véhiculés par l‟image (Benoit, 2004 : 190). Interpréter une image, c‟est le rendre
compréhensible, traduire, donner un certain sens à cette image (Barthes, 1964) ce qui rend l‟image
naturelle. Généralement, les photos du corpus de cette recherche ont été prises dans des studios avec
des pauses des personnages. L‟univers représenté par la majorité des députés représentant la cible,
n‟est ni tourné vers la gauche (ce qui pourrait être interprété comme le passé) ni tournés vers la droite
(ce qui pourrait être perçu comme le futur). Dans le corpus, le personnage prend généralement toute la
place ; il se trouve à une distance personnelle du lecteur (votant) :
Ces images se trouvent donc dans la zone intime du personnage qui s‟impose en fixant son regard sur
elles. Il n‟y a pas d‟échappatoire possible. C‟est un face à face redoutable. La communication est établie
entre l‟émetteur et le récepteur dont le comportement et le regard sont chargés de sens multiples (Ducrot,
1980 : 11-60). Les lignes qui parcourent les images sont de différentes natures et suggèrent plusieurs
significations : -tantôt ce sont les indications constituées de bras et du corps du personnage, tantôt il
s‟agit de l‟inspiration d‟un effet de dynamisme ; les lignes ou les bras sont croisés ou arrondis sur la
veste du personnage. A ce niveau, les mains renvoient à la perfection. Les images d‟Alain NTAMBUKA
n°118 (bras croisés) ; MUKUBAGANYI MULUME Jean – Pierre (bras arrondis) MWANZA HAMISI WA
SINGOMA (image portraiturante) en constituent une réelle illustration.
Les couleurs prédominantes sont le rouge, le bleu et le noir qui sont un lien direct avec les
couleurs des partis politiques. La grandeur et la clarté de la photo viennent contraster avec le reste de
l‟image.
Bref, les images à couleurs prédominantes portent et sur la mise en relief de l‟émetteur et sur
sa visibilité. Comme suggéré plus haut, l‟objectif dans cette recherche, est de nous occuper de l‟insistance
d‟émission, c'est-à-dire du message lui-même. Autrement-dit, il s‟agit de la réunion du plan d‟expression
(signifiant) à celui du contenu (signifié). Le candidat vend son identité. Une identité que le message
symbolise. L‟identité devient une arme séductrice. A travers son implication, le candidat se révile
performant et compétitif. Le texte contenu sur l‟image parle de lui-même et le public en devient
l‟interlocuteur. Le message se caractérise alors par une énonciation supposant un locuteur, actant 1 qui
est l‟image, un auditeur actant 2 qui est le public (Kerbrat, 1980 :130), et par la volonté du locuteur
d‟influencer son interlocuteur.
4. CONCLUSION
Cette étude montre que l‟introduction des ressources linguistiques, thématiques et rhétoriques
dans les textes propagandistes augmente ou diminue les intentions et les perceptions. Le traitement
« central » des messages persuasifs étant probablement un processus sous contrôle du sujet en ce sens
qu‟il requiert son attention, et des efforts soutenus pour traiter le maximum d‟informations (adresses des
candidats aux votants) véhiculées par le message. Ensuite, s‟activant sur le principe d‟économie cognitive
auquel elle fait référence dans le modèle du traitement heuristique et systématique de l‟information, cette
réflexion s‟est focalisée sur les actes illocutoires des candidats d‟une part et du comportement perlocutoire
des électeurs d‟autre part. Du côté du récepteur (destinataire), le mariage « dire et agir » pose encore
problème. Tenant compte de l‟expérience malheureuse de la législature passée, le public électoral
bukavien demeure sceptique et réservé. Ce qui confirme que l‟idée qu‟aurait un candidat sur ses
interlocuteurs ne serait, certainement ou exactement, pas une réalité observée sur le terrain. Ainsi,
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique165
déceptions, désillusions et surprises électorales désagréables sont observées de la part des candidats.
Tel est le résultat du refus des consignes données par le destinateur au destinataire lors de la campagne
expliquant, en fait, le scepticisme électoral du public bukavien vis-à-vis ses futurs élus.
Tout compte fait, nous pensons, par l‟entremise de cette recherche que la présence d‟un
marquage argumentatif accentué dans le message du candidat n‟a fait qu‟encourager ou favoriser la
tendance à l‟économie cognitive en matière du traitement de l‟énoncé par le destinataire (électeur). Car,
avouons-le, le destinataire ne fait pas nécessairement ce que lui propose le destinateur dans le message.
Ce qui sous-entend plus généralement que la propagande politique est donc vouée à un traitement de
nature plus heuristique et systématique ; que le message politique se joue de la tendance supposée de
la cible grand nombre ; une cible (message) vouée à se soumettre à des interprétations multiples,
dominantes et hégémoniques des interlocuteurs. S‟agissant d‟introduire des considérations de nature plus
éthique et sémantique du contenu de message, l‟adjonction de l‟image à son texte a constitué une
analyse d‟un procédé langagier illustrant une manipulation des consciences et une maturité politique
responsable chez tous les citoyens et les dirigeants en particulier et de lancer un appel vibrant à la
responsabilité de chacun en général. Ainsi, dans les imaginaires sociaux, les données sont perçues
comme des signes de neutralité et de sérieux, où tout énoncé se rapproche du regard de la doxa
objectiviste, d‟un degré zéro de mise en spectacle du message linguistique du texte écrit.
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ANNEXES
ORGANISATION DU CORPUS ET CATÉGORISATION CONFIGURANTE DES ENONCÉS
1. Plateforme : majorité présidentielle
a) PPRD
MUKUBAGANYI MULUME Jean-Pierre n° : 107
Message : « Non à l‟injustice sociale
Non à l‟impunité
Oui au développement »
Révérend Pasteur KYEMBWA WALUMONA Jules n° 106
Message : « Toujours à votre écoute et à vos côtés avec le même élan chrétien pour vous
servir !
KYEMBWA NI NANI ?
-
Mwenyi kukusanya makabila ;
-
Mwenyi kuleta amani ;
-
Musiasa wa juu, aliyekwisha chaguliwa mara tatu mu bunge na kuwa liwali wa majimbo : KasaïOccidental, Maniema na Sud-Kivu ».
-
Mtumishi wa Mungu ambaye alihudumu miaka mingi, pa Belgique, Suisse, Kinshasa na Bukavu ;
-
Mtetezi wa familia na wanawake ;
-
Mwenyi kuinua vijana;
-
Msikilivu wa matatizo na shuguli za watu wa umri zote.Qui est KYEMBWA ?
-
Rassembleur du people,
-
Artisan de paix,
-
Homme d‟Etat chevronné, ayant déjà été élu trios fois député national et ayant servi comme
gouverneur de province au Kasaï-Occidental, au Maniema et au Sud-Kivu,
-
Homme de Dieu averti, ayant servi en Belgique, Suisse, Kinshasa et Bukavu,
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique167
-
Défenseur du genre et famille,
-
Interlocuteur de la jeunesse,
-
Interlocuteur de tous les âges. »
b) PANADER
BIGARURA KACIGA Big Jean-Luc, n° 78, PANADER
Message : « Il militera pour : un salaire décent à l‟enseignant pour l‟éducation de nos enfants
sans prime.Un solde digne au militaire pour notre sécurité, l‟eau potable et
l‟électricité aux Congolais ; l‟emploi aux jeunes pour le développement de
nos familles et de notre pays, etc. ».
BULAMBO KILOSHO Jean-Marie, PANADER, n° 79
Message : “Tumchaguwe sisi wote Jean-Marie BULAMBO KILOSHO, mugombea wetu ku bunge
la taifa”
MATUMAINI KIGWIRA Espérance (NYASSA KISONGO), PANADER, n°81
Message : « Je dénonce et je dis non, tusimame na tujenge upya inchi yetu »
c) PALU
KIZITO KABAMBA M, PALU,
Message : « Avec Christ nous vaincrons ».
WABIGWA MABUNGANO Hélène, n° 77, PALU
Message : « Avec Dieu nous ferons des exploits, le peuple vaincra ».
d) M17
MUDEKUZA CHIBWANA Justin n° 43
Message : « Mudwanga peuple, préfet de l‟EDAP/ISP ».
MWEZE CIMANUKA VOVA n° 44
Message : « Tumezingatiya fikra za Mzee Laurent Désiré KABILA ».
NDELEMA SELEMANI Jean-Baptiste n° 45
Message: “Par le peuple et pour le peuple…”
e) PPCD
NTAMBUKA NYANGEZI Alain n° 118
Message : « Merci de voter pour la promotion d‟une jeunesse consciente, responsable et
agissante ».
CISHAMBO RUHOYA Marcellin n° 115
Message : « Kwa usalama, ujenzi na maendeleo ya Sud-Kivu ».
f)
MSR
MAPATANO ga MUDEKERE NGANGA J. n° 69
Message: “Ensemble pour la paix, la bonne gouvernance et la promotion des droits humains,
avec Dieu nous vaincrons ».
KABEMBA BILUNGU Gerard n° …
Message : « Tumchaguwe sote Papa Gérard KABEMBA BILUNGI, Baba yetu ».
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique168
g) PCD
Maître LUBALA MUGISHO Emmanuel (KAZA) n° 85
Message : « Kujitowa kwa ajili ya wanyonge ».
MUNYOLE BEKAO Gérard n° 86
Message: “Le candidat de la jeunesse et des sportifs”
h) URDEC
Aimé MILENGE n° 150
Message : « Education, notre cheval de bataille ; essayons d‟abord avec un enseignant qui vit
avec nous ».
MULONDA KABOVU Faustin n° 151
Message : « Kijana wa maendeleo ».
i)
UPERDI
MUSHI BONANE Sylvanus, U.P.R.D.I, n° 148
Message : « Voter 100% le candidat N°148 c‟est :
Comprendre le sens du combat ;
Engager la lutte et en finir avec l‟insécurité au Sud-Kivu et spécialement à Bukavu ;
Lever l‟opinion pour la reconstruction, le développement du Sud-Kivu en général et de
Bukavu en particulier ;
S‟engager à promouvoir et à renforcer la formation pour l‟éclosion d‟une nouvelle élite de
relève dans tous les secteurs de la vie nationale et internationale ;
C‟est prouver l‟amour et la volonté qu‟on a pour hisser Bukavu-Dawa encore plus loin.
Somme toute, les candidatures de Pascal MUKONDE MUSULAY n° 14, KWIGWASA
NAKAHUGA G n° 45, BASHENGEZI MIRINDI, FAIDA KAGARABI n° 63 (MRCA), NKUBONAGE
CHIBICHABENE sont sélectionnées pour le compte de ma mouvance présidentielle.
2. Plateforme : opposition politique congolaise et alliés
a) UDPS/TSHISEKEDI
MUBAKE NOMBI Valentin n° 130
Message : « Le peuple d‟abord ; voter pour l‟UDPS = voter utile ».
BUZANGU Martin n° 129
Message : « Pour un Etat de droit et un changement réel »
BIZIBU Déogracias n° 128
Message : « La patrie d‟abord »
b) UNC
MUSHIZI NFUNDIKO KIZITO : UNC, n° 144.
Message: « Wote pamoja kwa mabadiliko inayo tufaliya »
MUSHEGERA KALABA LASHI : UNC, n° 143).
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA B et al. : Etude rhetorique des enoncés de propagandes politique169
Message : « Wote chaguweni n° 143, hepukeni makosa ya mbele, tuchaguwe mtu wa
maendeleo»
MPANANO Roger : UNC, n°
Message : « Pour un réel changement et la démocratie ».
J.M.V KAZUNGUZIBWA NYENYEZI : UNC/MCSD, n°
Message : « Du changement V.K »
Guillaume BONGA LAISI : UNC/n°
Message : « Pour un véritable changement, votez pour BONGA LAISI ».
BYOMUNJIRA ZIHINDULA UNC/MCSD, n°
Message : « Votez tous pour n° 50, Pour l‟emploi et le salaire décent à tous les Congolais, la
paix et la justice sociale. Non à la corruption et aux autres antivaleurs ».
c) PT
MUKUNGILWA KITABO Kudjos n° 144
Message : « Un seul idéal : La patrie d‟abord. Charisme : Amour-Fidélité-Honnêteté »
d) PK (Patriotes Kabilistes)
MUSUBAO Charles, P.K, n° 47
Message : « Pour la démocratie et les idées de Mzee Laurent Désiré KABILA ».
MUSAFIRI DONAT, n° 99
En revanche, les candidats KABUSIMBI LUNGELE David (UDEMO) et MURHULA
MANEGABE (PCP) complètent la liste de l‟opposition congolaise.
3. Candidatures indépendantes
MWANZA HAMISSI WA SINGOMA, Indépendant, n° 37 :
Message : « Votez pour le candidat du travail bien fait, de l‟honnêteté ».
BAGAYAMUKWE TADJI Gustave, Indépendant, n° 154
Message : « L‟homme de Bukavu, indépendant, démocrate, patriote, lèves-toi »
MUDERHWA MUSHI Jean-claude (Ingénieur civil), n° 36
Message :
« Bukavu,
relèves-toi
et
marches
vers
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
la
lumière ».
MILENGEZI et al.:Etude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
170
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 170-179
ETUDE ab initio DE PROPRIETES STRUCTURALES ET DYNAMIQUES DU
MILENGEZI Riziki J.* , LUKAMBA Ameli G* et AMISI Safari*
*
RESUME :
Nous présentons dans ce papier l‟étude, sous le formalisme de la DFT GGA-WC, des propriétés structurales et
dynamiques du KNbO3. Les résultats obtenus sont en bon accord avec les données expérimentales. En condensant
successivement les phonons obtenus dans les courbes de dispersion, nous confirmons que le KNbO 3 subit la même séquence
de transition de phases que le BaTiO3. Le calcul des charges effectives de Born nous a permis d‟établir que le KNbO3 est
plus ferroélectrique que le BaTiO3.
MOTS CLES :ab initio, pérovskite, DFT-GGA-WC, KNbO3, BaTiO3, propriétés dynamiques, propriétés structurales.
ABSTRACT:
We are presenting in this research, in the DFT GGA-WC formalism, the dynamics and structural‟s proprieties of KNbO3.
The gained results are in good agreement with the experimental data. When condensing successively the obtained
phonons instabilities we assume that the KNbO3 undergoes the same transition phases like BaTiO3 .The born effective
charges calculations allowed us establish that the KNbO3 is more ferroelectric than the BaTiO3.
KEYS WORDS:ab initio, perovskite, DFT-GGA-WC, KNbO3, BaTiO3, dynamics proprieties, structuralproprieties.
1. INTRODUCTION
Les propriétés structurales et dynamiques du cristal pérovskite niobate de potassium (KNbO3) ont
déjà fait l‟objet de recherche (Hewart, 1973; Fontana et al, 1984; Gourdain et al, 1984; Masuda et al,
2004; Liang et al, 2009). Certains travaux ont mis en évidence, en plus du caractère ferroélectrique du
KNbO3,sa similarité et le titanate de baryum BaTiO3, en ce qui concerne la séquence de leurs transitions
de phases ferroélectriques, et leur état fondamental rhomboédrique (Wang et al, 1996). Cependant, tous
ces travaux antérieurs ont étéeffectués sous différents formalismes, hormis la DFT-GGA-WC, qui
constitue notre objet de l‟étude.
Le niobate de potassium KNbO3 est un important candidat de matériaux piézoélectriques,
possèdant un grand coefficient électro-optique, un grand facteur d‟accouplement mécanique et un grand
coefficient optique pour diverses applications électroniques (Yamanouchi et al., 1997). Il a un mérite
commercial du point de vue de la productivité et flexibilité de la forme (Masuda et al., 2004) et, comme la
plupart des matériaux pérovskites, ce minéral présente une structure cubique à haute température et
comme le titanate de baryum trois phases ferroélectriques en dessous de la phase haute symétrie, dont
la phase rhomboédrique est l‟état fondamental.
*
Département de Physique-Technologie ; Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MILENGEZI et al.:Etude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
171
Composés isostructures (Gourdain et al., 1994) le niobate de potassium et le titanate de baryum,
ont la même séquence de transitions de phases ferroélectriques. Ils passent respectivement de la phase
cubique (
) à la phase tétragonale(
) à 435℃ et à 120℃ ; ensuite à la phase
orthorhombique (
) à 225℃ et à 0℃ ; enfin à la phase rhomboédrique (
) à -50℃ et à -70℃ ;
phase dans laquelle les deux composés trouvent leur état fondamental.
Notre étude du KNbO3 se limite à une maille de cinq atomes (Fig. 1).
Figure 1 : Maille pérovskite ABO3 (5 atomes).
2. Approche méthodologique
Nous avons étudié grâce au code Abinit (http://www.abinit.org)toutes les propriétés structurales
et dynamiques du KNbO3 dans une maille de cinq atomes. Les résultats obtenus ont été chaque
comparésavec les données expérimentales et/ou théoriques ainsi qu‟avec les données théoriques sur le
BaTiO3.
Abinit est un programme basé sur la DFT, qui permet d‟accéder à l‟énergie totale, la densité de
charge et la structure électronique des systèmes construits avec des électrons et noyaux comme des
molécules et solides périodiques. Grâce à un calcul perturbatif introduit dans le formalisme de la DFT
(DFPT : DensityFunctional Perturbation Theory), il est possible de calculer les dérivées successives de
l‟énergie du matériau dont la résolution, par la matrice dynamique donne accès aux fréquences de
phonons, le tenseur diélectrique ou les charges effectives de Born (Safari, 2009)
Nos calculs ont été effectués avec l‟approximation du gradient généralisé de Wu et Cohen (GGAWC) (Wu and Cohen, (2006) et les paramètres structuraux ont été obtenus en optimisant les paramètres
de maille et les coordonnées atomiques jusqu‟à ce que toutes les composantes de force soient inférieures
à 10-7 hartrees/bohr.
La convergence a été atteinte pour une énergie de coupure de 50 hartrees pour l‟expansion d‟ondes
planes et une grille de points k 6×6×6 pour échantillonner la 1ère zone de Brillouin (1BZ).
Tous les résultats présentés dans ce papier ont été obtenus grâce au code Abinit, dans lequel est
implémenté le formalisme de la fonctionnelle de la densité (DensityFonctionalTheory, DFT) [Gonze et al.,
2002 ; Gonze et al., 2005 ; Gonze et al., 2009]
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MILENGEZI et al.:Etude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
172
3. Résultats et Discussion
3.1.Propriétés structurales
Les positions atomiques dans la maille cubique de référence sont fixées par symétrie, et la
relaxation consiste à trouver le paramètre de maille correspondant. Les résultats des optimisations sont
donnés dans les tableaux 1 pour la phase cubique et 2 pour la phase tétragonale.
Tableau 1 : Paramètre de maille cubique relaxé pour le KNbO3.
KNbO3
Présent
4.026
Exp. (King-Smith and Vanderbilt (1994)
4. 011
Du tableau 1, on remarque que le décalage entre les paramètres de maille calculé et expérimental pour le
KNbO3 dans la phase cubique vaut 0.2%. Notre valeur calculée peut donc être jugée en concordance
avec le paramètre expérimental.
De plus, la théorie GGA-WC est aussi justifiée puisqu‟en général elle surestime légèrement le paramètre
expérimental.
Tableau 2 : Paramètres de maille tétragonale relaxés et déplacements atomiques pour le KNbO3.
KNbO3
Présent
4.004
4.123
1.029
0.013
-0.032
-0.030
Les composantes indépendantes
Exp. (M. D. Fontana et al., 1984)
3.997
4.063
1.016
0.018
-0.026
-0.022
et
correspondent respectivement à un déplacement
parallèle et à un déplacement perpendiculaire par rapport à la direction Nb-O. Tous ces déplacements
relatifs sont rapportés en prenant l‟origine sur l‟atome A (K) de la structure ABO3, c‟est-à-dire en ramenant
à zéro le déplacement de l‟atome A (
). Le décalage entre deux valeurs se calcule par
. Ainsi,
Les tableaux 3 et 4 donnent les résultats des optimisations respectivement pour les phases
orthorhombique et rhomboédrique.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MILENGEZI et al.:Etude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
173
Tableau 3 : Paramètres de maille orthorhombique relaxée et déplacements atomiques pour leKNbO3
KNbO3
Présent
Exp. (Fontana et al., 1984)
3.993
3.973
4.074
4.035
0.012
0.010
-0.019
-0.016
-0.023
-0.014
-0.025
-0.014
89.75
90.27
Ce tableau 3 décrit les paramètres de maille orthorhombique relaxée et déplacements atomiques relatifs
au KNbO3
Tableau 4 : Paramètres de maille rhomboédrique relaxée et déplacements atomiques pour leKNbO3
KNbO3
Présent
Exp. (Fontana et al., 1984)
4.047
4.016
0.011
-0.0179
0.013
-0.0179
-0.0173
-0.009
89.87
89.83 (Hewat, 1973)
Ce tableau présente, par contre les paramètres de maille rhomboédrique relaxée et déplacements
atomiques relatifs au KNbO3
3.2.Propriétés électroniques
Les propriétés électroniques d‟un matériau sont étudiées à travers la densité d‟état et la structure
de bandes électroniques. La densité d‟état (DOS, Density Of State) est une caractéristique fondamentale
pour les solides cristallins. C‟est en effet une caractéristique du métal qui détermine un bon nombre de
ses propriétés physiques.
La DOS quantifie le nombre d‟états électroniques possédant une énergie donnée dans le matériau
considéré.
En physique du solide, la théorie des bandes est une modélisation des valeurs d‟énergie que
peuvent prendre les électrons d‟un solide à l‟intérieur de celui-ci. Cette modélisation conduit à parler des
bandes d‟énergie ou de structure de bandes. Selon la façon dont ces bandes sont occupées, il est
possible d‟expliquer les différences de comportement entre un isolant, un semi-conducteur et un
conducteur.Le calcul ab initiotraite les solides à l‟état fondamental, or lorsque la température du solide
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MILENGEZI et al.:Etude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
174
tend vers le zéro absolu, deux bandes d‟énergie permises jouent un rôle particulier. La dernière bande
complètement remplie est appelée « Bande de valence » ( ) et l‟énergie maximum de cette bande porte
le nom d‟énergie de valence ( ). La première bande d‟énergies permise inoccupéeou partiellement
remplie qui la suit est appelée « Bande de conduction »( ) et l‟énergie maximum au sein de cette bande
porte le nom d‟énergie de conduction ( ). L‟énergie qui sépare la bande de valence et la bande de
conduction est appelée le « Gap » (
).
Le Gap, ou énergie de saut est donc l‟énergie nécessaire pour qu‟un électron soit promu de la
versla
par agitation thermique ou par toute autre source d‟excitation (lumière, pression, …). Dans le cas des
isolants, les deux bandes sont séparées par un gap important. Pour les conducteurs, le gap n‟existe pas
et la bande de conduction se superpose à une partie de la bande de valence. Et, les semi-conducteurs
possèdent quant à eux un gap faible (typiquement, (
eV)pour que des électrons aient une
probabilité non négligeable de la franchir par simple excitation thermique lorsque la température
augmente. La valeur du gap du KNbO3 trouvée dans nos calculs est de 1.75 eV tandis que la valeur
expérimentale est 3.3eV (Singh, 1996). Cette valeur calculée est inférieure à l‟échelle expérimentale, mais
ceci est une caractéristique de la DFT. Cette sous-estimation du gap est liée au fait qu‟on ne calcule pas
lesniveaux d‟énergie des électrons mais plutôt ceux des particules fictives deKohn-Sham. Ces particules
non intégrantes ont été introduites pour décrire l‟état fondamental du gaz d‟électrons. La DFT est une
théorie d‟état fondamental alors que le gap est une théorie d‟état excité. Par conséquent, elle ne permet
pas nécessairement de déterminer toutes les propriétés des états excités du système.
3.3.Charges effectives de Born
Le concept de charge atomique et ionique est couramment utilisé en physique et en chimie, de
sorte qu‟il paraît utile de déterminer cette grandeur lorsqu‟on effectue des études sur un ABO 3. Si un
matériau est purement ionique, on définit la charge nominale de ses atomes à partir de sa formule
chimique. Dans le cas du KNbO3, celles-ci valent +1 pour le Potassium, +5 pour le Niobium et -2 pour
l‟Oxygène, en notant qu‟un matériau n‟est jamais purement ionique, puisque les électrons sont délocalisés
dans l‟espace. Des hybridations entre orbitales atomiques donnent lieu à des redistributions d‟électrons,
de sorte que les charges nominales peuvent uniquement servir comme première estimation de la charge
« réelle ».On distingue deux grandes catégories de charges qui sont les charges statiques et les charges
dynamiques. Ce sont des concepts complètement distincts et de nombreuses définitions coexistent. La
charge effective de Born correspond à une grandeur physique qui est expérimentalement mesurable.
C‟est une charge dynamique liée à la variation de la polarisation induite par un déplacement collectif des
noyaux appartenant à un sous réseau donné. Le tenseur des charges effectives de Born
de
l‟atome
est le coefficient de proportionnalité à l‟ordre linéaire entre la variation de la polarisation
macroscopique P sous un champ électrique nul dans la direction et un déplacement de l‟atome selon
la direction . Il est défini par la relation:
où est le volume de la maille.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MILENGEZI et al.:Etude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
175
L‟équation (1) pouvant se mettre sous plusieurs formes équivalentes, la polarisation est
simplement égale à l‟opposé de la dérivée de l‟énergie par rapport au champ électrique, puisque
l‟énergie d‟un dipôle électrique pplongé dans un champ électrique vaut
.Ainsi, la
polarisation dans la direction peut se mettresous la forme :
Le tableau 5 présente les résultats des calculs des charges effectives de Born faits au volume
relaxé.
Tableau 5 : Les charges effectives de Born (en unités atomiques) et la constantediélectrique du
composéKNbO3 au paramètre de maille optimisé.
Présent
1.13
10.2
-7.78
-1.78
7.15
Exp.
KNbO3
Charge nom.
+1
+5
-2
4.69 (Wang et al., 1996)
La constante diélectrique
est un coefficient qui décrit la facilité qu‟a un matériau
paraélectrique de se polariser. Elle vaut 7,15 pour le KNbO3.Comparée à la valeur expérimentale (tableau
5), il se présente une surestimation des valeurs obtenues; ceci étant liée une fois une caractéristique de la
DFT. Il provient du fait que les approximations locales utilisées pour l‟énergie d‟échange-corrélation sont
insuffisantes pour décrire correctement la réponse d‟un gaz d‟électrons à un champ électrique.Les atomes
A et B étant dans un site de symétrie cubique, leurs tenseurs des charges effectives sont isotropes, et
peuvent donc être réduits à un scalaire. Les atomes O, situés au centre des faces, sont dans un site de
symétrie tétragonale et possèdent des valeurs distinctes de
selon deux directions différentes ; l‟une
parallèle et l‟autre perpendiculaire à la liaison B-O. Et, de ce fait le tenseur de charge effective des atomes
O consiste en des éléments diagonaux avec deux composantes indépendantes
et
, correspondant
à un déplacement parallèle et perpendiculaire par rapport à la direction Nb-Orespectivement. Le tableau 5
montre que le KNbO3 présente de grandes charges effectives de Born anomales pour les atomes B et O.
En effet, les charges nominales des atomes B et O sont respectivement +5 et -2 ; tandis que leurs
charges effectives de Born valent respectivement environ 10.2 pour le niobium et -7.78 pour l‟atome .
Ces charges effectives anomales indiquent que le transfert des charges dynamiques apparait le long de la
chaine Nb-O lorsque la longueur de liaison varie, laquelle est reliée aux hybridations entre les orbitales 2p
de l‟oxygène et 3d du niobium. Les charges effectives de Born des atomes A et
sont faibles et très
proches de leurs valeurs nominales.Ce résultat démontre que les liaisons dans le composé
KNbO3présentent une mixte liaison ionico-covalente. L‟atome K peut être décrit comme ayant un
caractère plus ionique, tandis que les atomes Nb et O ont un caractère plutôt covalent. On constate
cependant que le surplus de charge effective, ou charge anomale(rapport de la valeur+1) du K ainsi que
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MILENGEZI et al.:Etude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
l‟augmentation des charges effectives du
atomique de liaison ionique.
176
reflète pour l‟atome K, la sensibilité à un déplacement
3.4. Polarisation spontanée
La polarisation spontanée dans un matériau provient de la non-coïncidence des centres
de masses des charges positives et négatives dans la maille élémentaire. Elle est donc toujours
liée à une déformation de la maille cristalline. La distorsion spontanée de la maille en fonction de
la température est à l‟origine de plusieurs propriétés physique spécifiques à cette classe de
matériaux. Lorsque cette polarisation peut être inversée par l‟action d‟un champ électrique, le
matériau est dit ferroélectrique.D‟après l‟équation (1), il est clair qu‟il existe un lien direct entre les
charges effectives de Born et la polarisation, de sorte qu‟il est possible d‟estimer la polarisation
spontanée
dans un matériau, dans une direction cartésienne grâce à la variation de la
polarisation résultant des déplacements atomiques entre las deux phases.
où
est la différence des coordonnées cartésiennes de l‟atome
dans les phases ferroélectrique et paraélectrique. Il s‟agit donc des déplacements atomiques
permettant de passer d‟une phase à l‟autre. Avec les volumes de différentes relaxations, nous
avons fait un calcul de la polarisation spontanée par phase de Berry, qui permet en fait de tenir
compte de toutes les perturbations qui interviennent dans les déplacements des atomes. Le
tableau 6 donne les valeurs de la polarisation ainsi que du gain d‟énergie dans les trois phases
ferroélectriques du KNbO3 et du BaTiO3
Tableau 6 : Paramètres de maille ( ), polarisation (
) et gain d‟énergie par rapport à la
référence paraélectrique (meV/5 atomes) pour les trois phases ferroélectriques des composés KNbO3 et
BaTiO3. La polarisation spontanée dans les trois phases a été calculée par phase de Berry.
Phase
KNbO3
Groupe d’espace
(Présent)
Exp.
BaTiO3(Safari (2009)
Groupe d’espace
(Théorie)
Fez
Tétragonale
FEyz
Orthorhombique
FExyz
Rhomboédrique
P4mm
43.02
26 (Triebwasser, 1956)
-34.63
Amm2
46.68
42 (Kim and Yoon, 2002)
-43.3
R3m
46.76
51 (Liang et al., 2009)
-44.4
P4mm
34
-17
Amm2
38
-21
R3m
39
-23
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MILENGEZI et al.:Etude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
177
En observant les valeurs des énergies totales du tableau 6, l‟on note la stabilisation du KNbO3 comme du
BaTiO3 dans une structure rhomboédrique, ainsi que la polarisation spontanée du KNbO3dans chacune de
ces trois phases ferroélectriques qui est supérieure à celle trouvée dans les phases similaires pour le
BaTiO3.
3.5.Courbes de dispersion de phonons
La figure 1 montre les structures des bandes des phonons des composés KNbO 3 et BaTiO3
cubiques pour le calcul, aux volumes relaxés, de la maille à 5 atomes.
(a)
(b)
Fig. 1 : Courbes de dispersion des phonons de composés KNbO3 (a) et BaTiO3 (b) [Safari, 2009] cubiques
5 atomes dans la 1BZ, les fréquences exactes des phonons aux ponts de hautes symétries A, X,M et R
de la 1BZ, les valeurs négatives (imaginaires) correspondent aux instabilités.
La première observation faite sur la figure ci-dessus est la similarité qu‟il y a entre les courbes de
dispersion de phonons du KNbO3 et celles du BaTiO3. On comprend alors pourquoi le KNbO3 subit les
mêmes transitions de phases que le BaTiO3.
On remarque ainsi qu‟une forte instabilité est présente au point , laquelle est principalement caractérisée
par des vibrations de deux sous-réseaux d‟atomes Nb-O pour le cas du KNbO3 et Ti-O pour le cas du
BaTiO3 en opposition de phase correspondant à la catégorie des déplacements polaires.
C‟est ce mode polaire au point qui est à l‟origine de l‟instabilité ferroélectrique (FE).
La polarisation rémanente et le champ coercitif constituent les deux propriétés caractéristiques de la
ferroélectricité et sont notamment utilisés dans deux types d‟applications: les mémoires non volatiles et les
diodes optiques. Le mode instable (FE) reste instable le long de la ligne -X, avec une petite dispersion
entre les points X et M, une branche devient stable tandis que qu‟au point R, toutes les branches
deviennent stables.
Le tableau 7 présente les amplitudes des principales instabilités en (
) aux points , X et M
des composés KNbO3 et BaTiO3.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MILENGEZI et al.:Etude ab initio de propriétés structurales et dynamiques du
Tableau 7 : Amplitudes des principales instabilités (en
KNbO3 et BaTiO3 cubiques.
KNbO3
Présent
4.026
216i(FE)
X
161i(FE)
M
113i(FE)
178
) aux points , X et M dans les composés
BaTiO3
Théorie
3.988
164i(FE)
107i(FE)
71i (FE)
Dans quelques cas, on peut voir apparaître un mode polaire en bords de zone. Ce sont ces
instabilités qui sont observées en X et en M, mais l'instabilité en centre de zone l'emporte sur les modes
polaires en bords de zone. Ainsi, les deux matériaux KNbO3et BaTiO3 sont dominés par l'instabilité FE
dans toutes leurs phases, laquelle instabilité disparaît à l'état fondamental.
CONCLUSION
Nous avons présenté, dans ce papier, les résultats de nos calculs DFT/GGA-WC sur l‟étude du
KNbO3. Le niobate de potassium est un matériau pérovskite qui reste ferroélectrique dans toutes ses
transitions de phases. Comme le BaTiO3, il va de la phase cubique à la phase tétragonale, subit ensuite
une transition orthorhombique avant de se stabiliser dans la phase rhomboédrique.
Nous avons réussi à reproduire de nombreuses propriétés rapportées précédemment dans des
études expérimentales et théoriques concernant les structures cristalline et électronique, le gap, le tenseur
diélectrique optique, les charges effectives de Born, la polarisation spontanée et les fréquences propres
des phonons. Nous avons également pu caractériser les phases intermédiaires. L‟analyse des résultats
nous a permis de comprendre davantage la dynamique du réseau cristallin des ABO 3 ainsi que quelques
mécanismes responsables de la transition de phase ferroélectrique qu‟ils subissent. La comparaison des
valeurs calculées avec les résultats expérimentaux et/ou théoriques a montré que la plupart de nos
calculs reproduisent bien l‟expérience et/ou la théorie, ce qui nous permet de valider a posteriori les
approximations inhérentes aux calculs ; la sous-estimation du gap et la surestimation de la constante
diélectrique étant bien connues comme caractéristiques de la DFT. Qu‟il s‟agisse des charges effectives
atomiques comme des instabilités ferroélectriques dans la phase paraélectrique ou des déplacements
atomiques, de la polarisation spontanée comme du gain énergétique par rapport à la phase paraélectrique
dans les différentes phases ferroélectriques, ceux-ci prennent de façon générale plus de valeur dans le
KNbO3 que dans le BaTiO3. D‟où le KNbO3 est plus ferroélectrique que le BaTiO3.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru180
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 180-193
LES HOMOGRAPHES Ŕ NDU DU KIFULIIRU: CONTENUS SEMANTIQUES ET
COMPORTEMENTS SYNTAXIQUES
RUHEKENYA Jumapili Samson*
RESUME
Le thème -ndu est a trait à diverses situations en kífuliiru. Tout en gardant sa nature nominale, il peut changer de classe
et de sens et manifester divers comportements syntaxiques.
En tant que subordonnant, il a grammaticalement la possibilité de relier deux propositions, à savoir la proposition
principale et la proposition subordonnée, celle-ci pouvant être mobile dans la plupart des cas.
MOTS-CLES : substantif subordonnant, précessif, classe, augment, proposition relative.
ABSTRACT
In kífuliiru, the stem –ndu is complex. It can change both the class and meaning displaying different syntactic behaviour.
As a subordinating conjunction, it has a grammatical possibility of joining the main and the subordinate clauses. The
latter may be movable in most cases.
KEYWORDS:subordinating substantive, precessive, class, augment, relative clause.
Introduction
En kífuliiru, le thème nominal Ŕndu apparaît dans plusieurs classes nominales et varie de sens
selon le préfixe et la classe à laquelle il appartient. Ses variations morphologiques et
sémantiques peuvent être sériées en deux catégories, à savoir le substantif et le subordonnant
(ou le relateur).Dans cet article, rédigé selon la méthode descriptive et l‟approche structuraliste, il
sera question de montrer, d‟après le corpus disponible recueilli par l‟enquête directe, comment le
thème Ŕndu est à la fois un substantif et un relateur (ou subordonnant), ce dernier unissant deux
propositions.
1. Le thème –ndu : substantif
Précédé d‟un préfixe nominal affecté par un morphotonème haut, le thème Ŕndu a la nature de
substantif dans les classes suivantes:
a) La classe 1 : le préfixe nominal se présente sous la forme mú- et renvoie aunombre
singulier. Lorsqu‟on ajoute ce préfixe au thème –ndu, on a le sens de « personne, homme »
Exemples :
(1) úmúndu ánátunga íngoko
« l‟homme éleva les poules »
(2) úlúkwavu lwánáhenda úmúndu
« le lièvre trompa l‟homme »
*
Département de Français et Langues Africaines, ISP/Bukavu
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru181
b) La classe 2 : le préfixe nominal se manifeste sous la forme bá- qui renvoie au pluriel.
Lorsque le thème -ndu est précédé de ce préfixe, il signifie alors « les hommes, les
personnes, les gens ».
Exemples :
(1) ábándu báhúnga ákaáya
« les gens ont fui le village »
(2) ábándu bánjomba
« les hommes me haïssent »
(3) ábándu bánduma
« les hommes m‟ont envoyé »
Dans les phrases ci-dessus, la suppression du nom ábándu peut être liée au fait que le nom
auquel renvoie le préfixe verbal bá- est attesté dans ce qui précède. Sémantiquement, bá- a le
sens de ábándu « les personnes ».Par ailleurs, signalons que dans les phrases (1), (2) et (3) qui
précèdent, on peut supprimer le substantif ábándu « les gens, les hommes ». Dans ce cas, le
préfixe bá- renvoie au substantif de la classe 2 qui est vague, imprécis, c‟est-à-dire le sujet est
non autrement identifié. Il y a généralisation du sujet étant donné que le sujet n‟est pas précisé.
Par contre, un énoncé comme bánjomba « ils me haïssent », non en rapport avec un quelconque
substantif de classe 2 dans la partie qui précède, sous-entend des gens mal identifiés qui
haïssent. C‟est le caractère vague et imprécis du sujet.
Dans le même ordre d‟idées, le préfixe bá- de la classe 2 peut aussi renvoyer, de façon générale,
à un substantif pluriel qu‟on peut traduire en français par le pronom neutre « on » parce que le
sujet est non autrement identifié.
Exemples :
(1) bámbwíra níkóle
« on m‟a dit que je travaille »
(2) bánzímba ífwaranga
« on m‟a volé de l‟argent »
Le préfixe bá- des énoncés (1) et (2) renvoie, d‟une manière vague, à celui (ceux) qui a (ont) dit
ou volé : il peut s‟agir de plusieurs personnes ou d‟une seule personne (malgré le recours au
préfixe bá- ). Ce contexte rendant le sujet vague ou imprécis, le préfixe bá- renvoie donc au
pronom indéfini on qui, selon Isabelle Chollet et Jean-Michel Robert, peut remplacer un inconnu
ou des gens qu‟on ne connaît pas (Isabelle et Jean-Michel., 2009 : 47).
C‟est aussi le cas de l‟énoncé bánduma « on m‟a envoyé » où le préfixe verbal bá- ne précise
pas celui (ou ceux) qui a (ou ont) envoyé. Cette ambigüité peut être volontaire ou involontaire de
la part de l‟auteur de la phrase. L‟essentiel est que l‟interlocuteur comprend tout simplement que
celui qui parle est envoyé, sans vouloir identifier celui (ou ceux) qui l‟a (ou l‟ont) envoyé. Dans
cours d‟orthographe pour tous, Bled (2004) considère que le prénom on (ici traduit par le préfixe
bá- du kífuliiru) peut se remplacer par « l‟homme » indéfini (Bled,2004 : 67) étant donné qu‟il est
mal connu. Pour ce faire, le préfixe bá- sous- entend le singulier au lieu de renvoyer au pluriel.
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RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru182
c)La classe 7 : Le préfixe nominal se présente sous la forme kí- et renvoie au singulier. Le thème
Ŕndu affecté de ce préfixe kí- signifie « la chose, quelque chose ».
Exemples :
(1) úlúfu kíri kíndu kíbi
«la mort est une mauvaise chose»
(2) náábona íkíndu kyálenga
« j‟ai vu quelque chose passer »
d) La classe 8 : le préfixe nominal apparaît sous la forme bí- et se rapporte au nombre de pluriel.
C‟est donc la classe qui sert de pluriel à la classe 7.
Exemples :
(1). yibí bíndu birí bíbi
« ces choses sont mauvaises »
(2). íbíndu byásooméza
« les choses étonnent »
Lorsque le prédicat employé avec le préfixe bí- n‟est pas précédé du sujet bíndu « les choses »,
ce préfixe renvoie à un sujet abstrait de la classe 8. Le sujet est ainsi indéterminé, vague, neutre,
impersonnel. Au lieu de connoter le pluriel, le préfixe bí- exprime alors l‟abstrait, le neutre.
Exemples :
(1) bítangashobóka
« ce n‟est pas possible »
(2) birí kwôkwó
« c‟est comme cela »
(3). biki ?
« c‟est quoi »
e)La classe 14 : le préfixe nominal se manifeste sous la forme bú-. Lorsque le thème Ŕndu est
précédé de ce préfixe, il signifie « le foufou ».
Exemples :
(1) úmúkazi ááduga úbúndu
« la femme a préparé le foufou »
(2) úbúndu bwálííbwa
« le foufou est consommé »
e)La classe 15 : le préfixe nominal apparaît sous la forme kú-. Constitué de ce préfixe et du
thème Ŕndu, le substantif kúndu signifie « la manière, la façon ».
Exemple :
(1) úkúndu Mátenga ávúníka
« la façon dont Matenga est blessé »
(2) Múlíndi ádeta úkúndu bákábaláma
« Mulindi a dit la façon dont ils avaient voyagé »
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RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru183
2. Le thème –ndu : subordonnant
Par subordonnant, il faut entendre un mot ou groupe de mots qui sert de jonction entre la
proposition principale et la proposition subordonnée (Ruhekenya, 2010 : 334).
Comme le signalent Martin Riegel et co-auteurs dans Grammaire méthodique du français, le
caractère subordonné d‟une proposition est généralement indiqué par la présence d‟un terme
introducteur (Martin et al., 2009 : 787). C‟est ce terme introducteur que nous préférons appeler
subordonnant.
En tant que subordonnant, le thème Ŕndu peut être affecté soit du préfixe kú- dela classe 15, soit
du préfixe há- de la classe 16.
a) Le thème –ndu affecté du préfixe kú- :
Affecté du préfixe nominal kú- de la classe 15, le thème Ŕndu peut servir de subordonnant entre
la principale et la subordonnée. C‟est dire qu‟il peut relier la proposition principale et la
proposition subordonnée. Le substantif subordonnant kúndu signifie « bien que, même
si, quoique ». Il exprime l‟opposition entre les deux propositions dont l‟une qu‟il introduit est
dépendante de l‟autre.
Exemples :
(1) ábáhíízi báfulúka kúndu báteerwa
« les cultivateurs sont revenus des champs bien qu‟ils aient été attaqués »
(2) ímísore yáyanga kúndu ígonda lyágoora
« les jeunes se sont mariés même si la dot est difficile à trouver »
(3) ábaána báyiguta kúndu bátáálya úbúndu
« les enfants sont rassasiés même s‟ils n‟ont pas mangé le foufou »
(4) ákaáya káteerwa kúndu ábángere bákálanga
“le village est attaqué bien que les bergers l‟aient protégé”
(5) útúgúlíro túkáálema kúndu íngaavu zítakágúlwámwó
« les marchés contenaient les gens quoique les vaches n‟y aient pas été achetées »
La proposition subordonnée relative introduite par le substantif subordonnant kúndu est mobile.
Elle peut, en effet, précéder la proposition principale sans changer le sens de la phrase. Ainsi,
les exemples qui précédent peuvent être transformés comme suit :
(6) kúndu báteerwa, ábágúzi báfulúka
« bien qu‟ils aient été attaqués, les cultivateurs sont revenus… »
(7) kúndu ígonda lyágoora, ímísore yáyanga
« même si la dot est difficile à trouver, les jeunes se sont mariés »
(8) kúndu bátaalya úbúndu, ábaána báyííguta
« même s‟ils n‟ont pas mangé le foufou, les enfants sont rassasiés »
(9) kúndu ábángere bákálanga, ákaáya káteerwa
« bien que le berger l‟aient protégé, le village est attaqué »
(10) kúndu íngaavu zítákágúlwámwó, útúgúlíro túkááléma
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RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru184
« quoique les vaches n‟y aient pas été achetées, les marchés étaient pleins (d‟hommes) »
Il importe de signaler et remarquer que le substantif kúndu doit être employé sans augment pour
servir de lien entre la proposition principale et la proposition subordonnée. Bien que le kífuliiru
soit la langue à augment, le substantif úkúndu (employé avec l‟augment u-) rend la phrase
asémantique lorsque sa proposition subordonnée est introduite par le subordonnant úkúndu (au
lieu de kúndu). Pour cette raison, les phrases ci -après sont incohérentes, incorrectes et le
substantif úkúndu se traduit par « la manière », « la façon » :
(1) * ábáhíízi báfulúka úkúndu báteerwa
« les cultivateurs sont revenus des champs la manière dont ils ont été attaqués »
(2) * ímísore yáyanga úkúndu ígonda lyágoora
« les jeunes se sont mariés la manière dont la dot est difficile à trouver »
(3) * ábaána báyííguta úkúndu bátaalya úbúndu
« les enfants sont rassasiés la façon dont ils n‟ont pas mangé le foufou »
(4) * ákaáya káteerwa úkúndu ábángere bákálanga
« le village est attaqué la façon dont les bergers l‟ont protégé »
(5) * útúgúlíro túkáálema úkúndu íngaavu zítákágúlwámwó
« les marchés contenaient les gens la manière dont les vaches n‟y étaient pas achetées »
(6) * úkúndu báteerwa, ábáhíízi báfúlúka
« la façon dont ils ont été attaqués, les cultivateurs sont revenus des champs
(7) * úkúndu ígonda lyágoora, ímísore yáyanga
« la manière dont la dot est difficile à trouver, les jeunes se sont mariés »
(8) * úkúndu bátaalya úbúndu, ábaána báyííguta
« la manière dont ils n‟ont pas mangé le foufou, les enfants sont rassasiés »
(9) * úkúndu ábángere bákálánga, ákaáya káteerwa
« la manière dont les berger l‟ont protégé, le village est attaqué »
(10) * úkúndu íngaavu zítákágúlwamwó, útúgúlíro túkááléma
« la manière dont les vaches n‟y étaient pas achetées, les marchés contenaient les gens »
Au vu de ces dix phrases asémantiques ci-dessus, l‟on constate que la proposition relative
introduite par úkúndu « la manière, la façon » est agrammaticale quelle que soit sa place par
rapport à la proposition principale. L‟augment est dans ce cas incompatible avec le subordonnant
kúndu.
Il faut, par ailleurs, noter l‟existence de phrases dont le dédoublement du précessif kwó
(Ruhekenya, 2004: 86) est placé après le verbe de la proposition subordonnée introduite par le
subordonnant kúndu. Ce dédoublement se manifeste sous la forme kwôkwó « de la façon en
question, la manière dont il s‟agit ». Ce précessif dédoublé renvoie au substantif kúndu « la
façon, la manière ». Il s‟agit de la forme qui exprime le présentatif de référence.
Exemples :
(11) ábáhíízi báfúlúka kúndu báteerwa kwôkwó
« les cultivateurs sont revenus des champs bien qu‟ils aient été attaqués de la façon dont
il s‟agit »
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RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru185
(12) ímísore yáyanga kúndu ígonda lyágoora kwôkwó
« les jeunes se sont mariés même si la dot est difficile à trouver de la façon dont il est
question »
(13) ábaána báyííguta kúndu bátaalya kwôkwó
« les enfants sont rassasiés même s‟ils n‟ont pas mangé de la manière dont il s‟agit »
(14) ákaáya káteerwa kúndu ábángere bákálanga kwôkwó
“le village est attaqué bien que les bergers l‟aient protégé de la manière dont il est
question”
(15) útúgúlíro túkáálema kúndu íngaavu zítákágúlwámwó kwôkwó
« les marchés avaient contenu les gens quoique les vaches n‟y aient pas été achetées
de la façon dont il est question »
Les propositions subordonnées dans les exemples (11), (12), (13), (14) et (15) peuvent
commencer les phrases sans changer le sens de celles-ci:
(11) kúndu báteerwa kwôkwó, ábáhíízi báfúlúka
« bien qu‟ils aient été attaqués de la façon dont il s‟agit, les cultivateurs sont revenus des
champs »
(12) kúndu ígonda lyágoora kwôkwó, ímísore yáyanga
« même si la dot est difficile à trouver de la façon dont il est question, les jeunes se sont
mariés »
(13) kúndu bátáálya úbúndu kwôkwó, ábaána báyííguta
« même s‟ils n‟ont pas mangé le foufou de la manière dont il s‟agit, les enfants sont
rassasiés »
(14) kúndu ábángere bákálánga kwôkwó, ákaáya káteerwa
“bien que les bergers l‟aient protégé de la manière dont il est question, le village est
attaqué”
(15) kúndu íngaavu zítákágúlwámwo kwôkwó, útúgúlíro túkáálema
« quoique les vaches n‟y aient pas été achetées de la façon dont il est question, les
marchés contenaient les gens »
Sur le plan syntaxique, le précessif dédoublé kwôkwó peut aussi se placer au début de la
proposition principale pour signifier « c‟est de cette façon que, c‟est de cette manière que » sousentendant ainsi la façon ou la manière (décrite avec insistance) à laquelle on venait de faire
allusion dans un discours. Cela veut dire, dans ce contexte, que la manière ou la façon est
précédemment bien décrite et détaillée dans le discours.
Exemples :
(16) kwôkwó ábáhíízi bafúlúka kúndu báteerwa
« c‟est de cette façon décrite, que les cultivateurs sont revenus des champs bien qu‟ils
aient été attaqués »
(17) kwôkwó ímísore yáyanga kúndu ígonda lyágoora
« c‟est de cette façon décrite que les jeunes se sont mariés même si la dot est difficile à
trouver »
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RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru186
(18) kwôkwó ábaána báyiguta kúndu bátáálya úbúndu
« c‟est de cette façon décrite que les enfants sont rassasiés même s‟ils n‟ont pas mangé
le foufou »
(19) wôkwó ákaáya káteerwa kúndu ábángere bákálanga
“c‟est de cette façon décrite que les enfants sont rassasiés même s‟ils n‟ont pas mangé
le foufou »
(20) kwôkwó útúgúlíro tukáálema kúndu íngaavu zítákágúlwámwó
« c‟est de cette façon que les marchés étaient remplis des gens quoique les vaches n‟y
aient pas été achetées »
Pour bien insister sur cette façon déjà décrite dans le discours précédent, la langue admet que le
précessif dédoublé kwôkwó « cette façon, cette manière » soit dans la principale, aussi précédé
par le simple précessif kwó ayant une nuance d‟insistance. Les deux précessifs (redoublé et
simple) renvoient à la même classe, c‟est –à-dire la classe 15 et précisément au substantif
kúndu.
Exemples :
(21) kwókwôkwó ábáhíízi báfúlúka kúndu báteerwa
« c‟est de cette façon ainsi décrite que les cultivateurs sont revenus des champs bien
qu‟ils aient été attaqués »
(22) kwókwôkwó ímísore yáyanga kúndu ígonda lyágoora
« c‟est de cette façon ainsi décrite que les jeunes se sont mariés même si la dot est
difficile à trouver »
(23) kwókwôkwó ábaána báyííguta kúndu bátaalya úbúndu
« c‟est de cette façon ainsi décrite que les enfants sont rassasiés même s‟ils n‟ont pas
mangé le foufou »
(24) kwókwôkwó ákaáya káteerwa kúndu ábángere bákalanga
« c‟est de cette façon ainsi décrite que le village est attaqué bien que les bergers l‟aient
protégé »
(25) kwó kwôkwó útúgúliro túkáálema kúndu íngaavu zítákágúlwámwó
« c‟est de cette façon ainsi décrite que les marchés étaient remplis des gens quoique les
vaches n‟y aient pas été achetées »
Le précessif redoublé peut même se placer entre deux précessifs formés à partir du préfixe kúdu substantif subordonnant kúndu de la classe 15. Il s‟agit, dans l‟ensemble, de quatre
répétitions successives du précessif qui se rapporte au substantif de cette classe et qui, dans ce
cas, est toujours antéposé à la proposition principale devant commencer la phrase.
La répétition exagérée du précessif exprime l‟insistance, la mise en évidence de l‟idée exprimée
dans la principale.
Exemples :
(26) kwó kwôkwó kwó ábáhíízi báfúlúka kúndu báteerwa
« c‟est exactement de cette façon ainsi décrite que les cultivateurs sont revenus des
champs bien qu‟ils aient été attaqués »
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru187
(27) kwó kwôkwó kwó ímísore yáyanga kúndu ígonda lyágoora
« c‟est exactement de cette façon ainsi décrite que les jeunes se sont mariés même si la
dot est difficile à trouver »
(28) kwó kwôkwó kwó ábaána áyiguta kúndu bátáálya úbúndu
« c‟est exactement de cette façon ainsi décrite que les enfants sont rassasiés même s‟ils
n‟ont pas mangé le foufou »
(29) kwó kwôkwó kwó ákaáya káteerwa kúndu ábángere bákalanga
« c‟est exactement de cette façon ainsi décrite que le village est attaqué bien que les
bergers l‟aient protégé »
(30) kwó kwôkwó kwó útúgúlíro túkáálema kúndu íngaavu zítákágúlwámwó
« c‟est exactement de cette façon ainsi décrite que les marchés étaient remplis des gens
quoique les vaches n‟y aient pas été achetées »
Le substantif kúndu perd sa nature de subordonnant lorsqu‟il est directement placé après le
précessif kwó répété trois fois. La deuxième proposition introduite par kwôkwókwókúndu
« c‟est de cette façon que » est alors indépendante de la première qui commence toujours la
phrase. Dans ce cas, le substantif kúndu exprime la façon, la manière (au lieu de l‟opposition).
Exemples :
(31) úmúkazi ábetula úmúlonge, kwôkwó kwó kúndu yiiba ádeta
« la femme a transporté le bambou, c‟est de cette façon que son mari a parlé »
(littérairement: la femme a transporté le bambou comme son mari le lui a demandé )
(32) ngágalúka i Búvííra, kwôkwó kwó kúndu náábona
« je rentrerai à Uvira, c‟est de cette façon que j‟ai résolu »
(littérairement: je rentrerai à Uvira comme je l‟ai résolu)
(33) ábaána bákoléra nákulu, kwôkwó kwó kúndu bákáhánúúlwa
« les enfants ont travaillé pour leur grand-mère, c‟est de cette façon qu‟ils avaient été
éduqués» (littérairement: les enfants ont travaillé pour leur grand-mère comme ils avaient été
éduqués)
(34) yulú lwíji lwáyííjula, kwôkwó kwó lútúúla
« cette rivière est pleine, c‟est de cette façon qu‟elle a toujours été »
(littérairement: cette rivière est pleine comme elle a toujours été)
(35) úmútono gútahomba, kwôkwó kwó kúndu ábáshaaja bákáádeta
« l‟idée ne tombe jamais en faillite, c‟est de cette façon que les vieux avaient parlé »
(littérairement: l‟idée ne tombe jamais en faillite comme les vieux l‟avaient dit)
(36) * kwôkwó kwó kúndu yiiba ádeta, úmúkazi ábetula úmúlonge
« c‟est de cette façon que son mari a parlé, la femme a transporté le bambou »
(37) * kwôkwó kwó kúndu náábona, ngágalúka i Búvííra
« c‟est de cette façon que j‟ai résolu, je rentrerai à Uvira »
(38) * kwôkwó kwó kúndu bákahanuulwa, ábaána bákolera nákulu
« c‟est de cette façon qu‟ils avaient été éduqués, les enfants ont travaillé pour leur grandmère »
(39) úmúkazi ábetula úmúlonge, kwôkwó yiiba ádeta
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru188
« la femme a transporté le bambou, c‟est ce que son mari a dit »
(40) úmúkazi ábetula úmúlonge, kwôkwó kwó yiiba ádeta
« la femme a transporté le bambou, c‟est ce que son mari a dit »
(41) úmúkazi ábetula úmúlonge, kwó yiiba ádeta
“la femme a transporté le bambou, ce que son mari a dit”
Les phrases (36), (37) et (38) sont syntaxiquement incorrectes étant donné que les propositions,
introduites par kwôkwókwó kúndu, les commencent, au lieu de les terminer.
Par contre, il importe deremarquer que les phrases (39), (40) et (41) sont grammaticalement
correctes même si les deuxièmes propositions n‟emploient pas le substantif kúndu auquel
renvoient les précessifs et kwó de la classe 15 exprimant la manière, la façon (au lieu de
l‟opposition).
Tout en renvoyant au substantif kúndu, le précéssif kwó de la classe 15 peut signifier « tel que »
pour exprimer la comparaison. C‟est le cas illustré dans la phrase (41) : úmúkazi ábetula
úmúlonge kwó yiiba ádeta “la femme a transporté le bambou tel que son mari l‟a dit”.
La proposition subordonnée kwó yiiba ádeta « tel que son mari l‟a dit » exprime la comparaison
au lieu d‟exprimer l‟opposition introduite par le subordonnant kúndu « bien que » auquel se
rapporte le précessif kwó.
Le précessif kwó peut être précédé du comparatif ngá « comme » pour introduire la proposition
subordonnée de comparaison. L‟ensemble ngá+kwó signifie « comme ».
Exemples :
(1) úmúkazi ábetula úmúlonge ngá kwó yiiba ádeta
“la femme a transporté le bambou comme son mari l‟a dit”
(2) ábaána bádeta ngá kwó bákááyúúvwá
« les enfants ont parlé comme ils avaient entendu »
La subordonnée introduite par ngá+kwó peut commencer la phrase sans changer le sens de
celle-ci. Ainsi, les exemples (1) et (2) qui précèdent peuvent être reformulés comme suit :
(1) ngá kwó yiiba ádeta, úmúkazi ábetula úmúlonge
“ comme son mari l‟a dit, la femme a transporté le bambou ”
(2) ngá kwó bákááyúúvwá, ábaána bádeta
«comme ils avaient entendu, les enfants ont parlé »
Il est important de noter l‟existence de phrases dont les propositions subordonnées sont
introduites par le substantif subordonnant úkúndu (employé ici avec l‟augment ú-) qui signifie « la
manière, la façon ». Ce substantif subordonnant introduit donc la proposition subordonnée
complément circonstanciel de manière. Les phrases suivantes sont illustratives.
(1) yiishe ábábwíra úkúndu bágaadeta
« leur père leur a dit la manière dont ils s‟exprimeront »
(2) mwǎmi ákáyuuvwa úkúndu ábágingi baage bákámubwíra
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru189
« le roi avait compris la manière dont ses sages lui avaient parlé »
(3) íngaavu zánásííma úkúndu záragira
« les vaches se réjouirent de la manière dont elles sont allées au pâturage »
(4) lúkwavu ánábwíra Rumúngu úkúndu ákáhenda wa ndare
« le lièvre raconta à Rumungu la manière dont il avait trompé le lion »
Contrairement au substantif kúndu introduisant la proposition subordonnée d‟opposition jouissant
d‟une mobilité, le substantif subordonnant úkúndu « la manière » se place toujours à la fin de la
phrase et peut être suivi du précessif simple kwó.
Exemples :
(5) yiishe ábábwíra úkúndu kwó bágaadeeta
« leur père leur a dit la manière dont ils s‟exprimeront »
(6) mwǎmi ákáyuuvwa úkúndu kwó ábágingi baage bákámubwíra
« le roi avait compris la manière dont ses sages lui avaient parlé »
(7) íngaavu zánásííma úkúndu kwó záragíra
« les vaches se réjouissent de la manière dont elles sont allées au pâturage »
(8) lúkwavu ánábwíra Rumúngu úkúndu kwó ákáhenda wa ndare
« le lièvre raconta à Rumungu la manière dont il avait trompé le lion »
Dans les phrases (5), (6), (7) et (8), il y a lieu de supprimer le substantif úkúndu sans changer
totalement leur sens car le précessif kwó « comment » peut se substituer audit substantif auquel
il se rapporte.
Ainsi, les exemples qui précèdent peuvent se transformer en :
(5‟) yiishe ábábwíra kwó bágaadeta
« leur père leur a dit comment ils parleront »
(6‟) mwǎmi ákáyúúvwa kwó ábágingi baage bákámubwíra
« le roi avait compris comment ses sages lui avaient parlé »
(7‟) íngaavu zánásííma kwó záragira
« les vaches se réjouissent de la façon dont elles sont allées au pâturage »
(8‟) lúkwavu ánábwíra Rumúngu kwó ákáhénda wa ndare
« le lièvre raconta à Rumungu comment il avait trompé le lion »
La proposition subordonnée relative introduite par le précessif kwó est toujours postposée par
rapport à la proposition principale. Si elle commence la phrase, elle la rend syntaxiquement
incorrecte et, partant, sans sens.
Exemples :
(9) *kwó bágaadeta, yiishe ábábwíra
«ce qu‟ils diront, leur père leur a parlé»
(10) *kwó ábágingi baage bákámubwíra, mwami ákáyúúvwa
« ce que ses sages lui avaient dit, le roi avait compris ».
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru190
(11) *kwó záragíra, íngaavu zánásííma
« la façon dont elles sont allées au pâturage, les vaches se
réjouissent »
(12) *kwó ákáhenda wa ndare, lúkwavu ánábwíra Rumúngu
« la façon dont il avait trompé le lion, le lièvre raconta à Rumungu
En tant que subordonnée qui complète la proposition principale, la proposition relative introduite
par kwó « que » peut être remplacée par l‟infixe objet –ku-, placé à l‟intérieur du verbe de la
principale. Cette forme d‟infixe remplace ainsi le substantif subordonnant úkúndu « la manière, la
façon » de la classe 15. Ainsi, les exemples (5‟),(6‟),(7‟) et (8‟) peuvent être respectivement
transformés comme suit :
(5”) yiishe ákubabwíra
« leur père le leur a dit »
(6”) mwǎmi ákakuyúúvwa
« le roi l‟avait entendu »
(7”) íngaavu zánákusííma
« les vaches s‟en réjouirent »
(8”) lúkwavu ánákubwíra Rumúngu
« le lièvre le raconta à Rumungu »
Il convient également de signaler que la proposition relative introduite par le précessif kwó
« que » peut être aussi remplacée par le pronom kwó, placé en position postfinale du verbe
principal. Ainsi, les exemples (5”), (6”), (7”) et (8”) sont respectivement transformables comme
suit :
(5‟”) yiishe ábábwírakwó
« leur père le leur a dit »
(6‟”) mwǎmi ákáyuuvwakwó
« le roi l‟avait entendu »
(7‟”) ingaavu zánásíímakwó
« les vaches s‟en réjouirent
(8‟”) lúkwavu ánámubwírakwó
« le lièvre le lui dit »
En cette position, le Professeur NKIKO munya Rugero appelle kwó pronom personnel (NKIKO,
m.R, 1986 : 104) qui, en fait, remplace toute la proposition relative complément.
b) Le subordonnant –ndu affecté du préfixe há- :
Appartenant à la classe 16, le substantif subordonnant áhándu (employé avec l‟augment á-) est
morphologiquement analysable en á-há-ndu.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru191
Sémantiquement, le substantif áhándu signifie littéralement « le lieu », « au lieu ». C‟est ce
deuxième sens (« au lieu ») qui s‟applique au rôle d‟unir deux propositions, c‟est-à-dire la
proposition principale et la proposition subordonnée relative. Celle-ci exprime l‟opposition et sert
à compléter, comme le confirment Sylvie Poisson-Quinton et co-auteurs, la proposition principale
(Poisson-Quinton et al., 2007 : 245).
Sur le plan syntaxique, le substantif áhándu introduit la proposition relative d‟opposition qui est
facultativement antéposée ou postposée par rapport à la proposition principale. Dans ce cas, le
substantif áhándu, signifiant « au lieu de » ou « à la place de », est toujours employé avec
l‟augment. Le verbe de la proposition subordonnée d‟opposition, introduite par le subordonnant
áhándu, est conjugué au mode conditionnel, généralement caractérisé par le morphème –anga-,
placé devant le radical, et la finale –íri. Dans les exemples suivants, nous traduirons le verbe de
la subordonnée, par l‟infinitif à la place du conditionnel :
(1) uyó múkozi ánáhííva ínyamííshwa áhándu ángahíízíri
« ledit travailleur chassa les animaux au lieu de cultiver »
(2) áhándu angahíízíri, uyó múkozi ánáhííva ínyamííshwa
« au lieu de cultiver, le dit travailleur chasse les animaux »
(3) ábányere bánáyangwa áhándu bángataahíri
« le filles se marièrent au lieu de regagner le domicile »
(4) áhándu bángataahíri, ábányere bánáyangwa
« au lieu de rentrer à domicile, les filles se marièrent »
(5) úbúdandaza bwánáhomba áhándu bwángayúngusíri
« le commerce tomba en faillite au lieu d‟être bénéfique »
(6) áhándu bwángayúngusíri, úbúdandaza bwánáhomba
« au lieu d‟être bénéfique, le commerce tomba en faillite »
Pour insister sur l‟opposition, le substantif subordonnant áhándu peut être directement
suivi du précessif hó de la classe 16.
La proposition relative introduite par le groupe subordonnant áhándu hó peut être
postposée ou antéposée à la proposition principale.Les exemples qui suivent le prouvent :
(1) uyó múkozi ánáhiiva ínyamííshwa áhándu hó ángahíízíri
« ledit travailleur chassa les animaux au lieu de cultiver »
(2) áhándu hó ángáhíízíri, uyó múkozi ánáhiiva ínyamííshwa
« au lieu de cultiver, ledit travailleur chassa les animaux »
(3) ábányere bánáyangwa áhándu hó bángataahíri
« les filles se marièrent au lieu de regagner le domicile »
(4) áhándu hó bángataahíri, ábányere bánáyangwa
« au lieu de regagner le domicile, les filles se marièrent »
(5) úbúdandaza bwánáhomba áhándu hó bwángayúngusíri
« le commerce tomba en faillite au lieu d‟être bénéfique »
(6) áhándu hó bwángayúngusíri, úbúdandaza bwánáhomba
« au lieu d‟être bénéfique, le commerce tomba en faillite »
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru192
Il importe de signaler que la langue fuliiru admet que seul le précessif hó puisse introduire la
proposition relative d‟opposition sans être précédé par le substantif áhándu de la classe 16,
substantif auquel renvoie ledit précessif que le professeur Mukash Kalel appelle pronom relatif
libre, terme non verbal qui commence la proposition subordonnée relative (Mukash, 2004 :140).
En effet, cet auteur considère que le pronom hó est facultatif dans les phrases (1), (2), (3), (4),
(5) et (6) qui précèdent.
Dans une phrase, la proposition relative, introduite par ce pronom hó, jouit d‟une certaine
mobilité. Voici les exemples illustratifs :
(1) uyó múkozi ánáhiiva ínyamííshwa hó ángahíízíri
« ledit travailleur chassa les animaux au lieu de cultiver »
(2) hó ángáhíízíri, uyó múkozi ánáhííva ínyamííshwa
« au lieu de cultiver, le dit travailleur chassa les animaux »
(3) ábányere bánáyangwa hó bángataahíri
« les filles se marièrent au lieu de rentrer à domicile »
(4) hó bángataahíri , ábányere bánáyangwa
« au lieu de rentrer à domicile, les filles se marièrent »
(5) úbúdandaza bwánáhomba hó bwángayúngusíri
« le commerce tomba en faillite au lieu d‟être bénéfique »
(6) hó bwángayúngusíri, úbúdandaza bwánáhomba
« au lieu d‟être bénéfique, le commerce tomba en faillite »
Il ressort, des exemples qui précédent, que le préfixe verbal du verbe de la proposition relative
renvoie au substantif sujet de la proposition principale. Toutefois, le préfixe verbal du verbal de la
proposition relative peut se rapporter à un sujet différent de celui de la proposition principale. Les
deux verbes, celui de la principale et celui de la subordonnée, ont ainsi les sujets différents.
Dans ce cas, la subordonnée peut exprimer, selon le contexte, le lieu, l‟opposition, le temps (au
lieu d‟exprimer seulement l‟opposition). Cette subordonnée relative jouit d‟une certaine mobilité
dans la phrase.
Exemples :
(1) uyó múkozi ánáhííva ínyamííshwa hó ábándi bándu bángahíízíri
« le dit travailleur chassa les animaux à la place où les autres personnes pouvaient
cultiver »
(2) hó ábándi bándu bángahíízíri, uyó múkozi ánáhiiva ínyamííshwa
« à la place où les autres personnes pouvaient cultiver, ledit travailleur chassa les
animaux »
(3) ábányere bánáyangwa hó múshijawabo ángabagayíri
“les filles se marièrent au lieu que leur frère les contesta »
(4) hó múshijawabo ángabagayíri, ábányere bánáyangwa
“au lieu que leur frère les contesta, les filles se marièrent »
(5) úbúdandaza bwánáhomba hó íngaavu záyoolola
« le commerce tomba en faillite là où les vaches ont beaucoup produit »
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RUHEKENYA : les homographes – ndu du kifuliiru193
(6) hó íngaavu záyoolóla, úbúdandaza bwánáhomba
« là où les vaches ont beaucoup produit, le commerce tomba en faillite »
(7) uyó múhíízi ánátema íkíti hó ábandi bángakibyalwíri
“ledit cultivateur coupa l‟arbre au moment où les autres pouvaient le transplanter »
8) hó ábandi bángakibyalwíri, uyó múhíízi ánáteme íkíti
“au moment où les autres pouvaient le transplanter, ledit cultivateur coupa l‟arbre »
Il existe aussi de phrases indépendantes dans lesquelles le préfixe há- de la classe 16 renvoie
au temps. De telles phrases sont surtout employées pour introduire les contes populaires. Le
préfixe há- se rapporte à ce qui est neutre tout en signifiant le temps.
Exemples :
(1) hálirííri úmwǎmi múguma
« il y avait un roi »
(2) hálirííri ákaáya káguma
« il y avait un village »
(3) hánáhíka íkyanya kííja
« il arriva un bon moment »
CONCLUSION
Manifestation de la forme Ŕntu du proto-bantu, le thème Ŕndu du kífuliiru revêt plusieurs statuts:
selon le préfixe qui lui est affecté, il change de classe et de sens. En plus de sa nature nominale,
il peut introduire de propositions subordonnées relatives ayant diverses fonctions : subordonnée
relative de manière, subordonnée relative d‟opposition, subordonnée relative de temps,
subordonnée relative de lieu, subordonnée relative de comparaison.
Ainsi, sur le plan grammatical, les homographes Ŕndu manifestent plusieurs comportements
syntaxiques à différents contenus sémantiques.
BIBLIOGRAPHIE
1) MARTIN R. et al, Grammaire méthodique du français, PUF, Quadrige, 2009.
2) ISABELLE C. et JEAN-MICHEL R., Précis de grammaire, CLE international, 2004.
3) BLED E., Cours d‟orthographe pour tous, hachette, Paris, 2004.
4) POISSON-QUINTON S. et al., Grammaire expliquée du français, CLE internationl,2007.
5) MUKASH K., Questions spéciales de la linguistique générale. Syntaxe des langues bantu, CRP,
kinshasa, 2004.
6) NKIKO M.R. et al, Eléments de grammaire swahili, éd.Impala, Lubumbashi, 1986.
7)
RUHEKENYA J., Eléments de phonologie et de morphologie du kifuliiru, Approche structuraliste,
mémoire de DEA, UNILU, Lubumbashi, 2004.
8)
RUHEKENYA J., La morphosyntaxe du kifuliiru, thèse doctorale, UNILU, Lubumbashi, 2010.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 194
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 194-205
INTERGENERICITE DANS LE THEATRE : CAS DE « MOI, VEUVE DE L’EMPIRE » DE SONY
LABOU TANSI
ABSTRACT
BIZIMANA MushombaniEdison*
The reading of “Moi, veuve de l‟Empire”, play belonging to Sony LabouTansi, foresees generic transgression norms of the
play. This transgression relies on a mixture of genres within the same text. It is about poetic aspect, narrative itinerary
and the play. That is the genre strapwork mechanism in its refractory conception which leads to intergenericityaround
which Sony LabouTansi‟s play originality, in search for innovative ways is built up. That is where the demarcation
between the official label that the literary institutions gives, understood as literary texts legitimization authority as well
as the writing mode of the work in itself.
KEY WORDS: genericity, transgenericity, intergenericity, literary Institution.
RESUME
La lecture de la pièce de théâtre ; « Moi veuve de l‟Empire » de Sony LabouTansi, laisse entrevoir une transgression des
normes génériques du théâtre. Cette transgression repose sur un mélange de genres au sein d‟un même texte. Il s‟agit
notamment du côtoiement du versant poétique, du parcours narratif et du théâtral. C‟est ce mécanisme de tresse des
genres dans sa conception réfractaire qui conduit à l‟intérgénéricité sur laquelle se construit l‟originalité du théâtre
Sonyien en quête des voies novatrices.C‟est là que se situerait la démarcation entre l‟étiquette officielle que donne
l‟institution littéraire comprise comme instance de légitimation de textes littéraires et le mode de l‟écriture de l‟œuvre en
elle-même.
MOTS CLES : généricité restreinte, plurigénéricité, intergénéricité, Institution littéraire.
INTRODUCTION
Notre travail s‟intitule « L‟intergénéricité dans le théâtre, cas de« Moi, veuve de l‟Empire » de
Sony LabouTansi ». Ainsi cet article s‟inscrit dans le cadre de travaux portant sur l‟écriture hybride. Il n‟est
pas inintéressant de marquer que celui-ci innove dans la mesure où il cherche à orienter ses analyses sur
le théâtre.Le théâtre de SonyLabouTansi illustre à bien d‟égards, la dramaturgie africaine moderne. Celleci repose essentiellement, pour emprunter à Bernard Magnier, sur « le théâtre total », unissant toutes les
techniques d‟art dans le cadre d‟un spectacle où le spectateur lui-même serait inclus. Ainsi, Bernard
Magnier (1989 : 137) soutient que ce dramaturge (Sony LabouTansi) mêle les genres en ce sens que, la
musique, la danse, le chant ; participent à l‟ensemble dans son théâtre.A travers, Moi, veuve de l‟Empire,
publié en 1987, nous voulons rendre compte du caractère de « théâtre total » de la pièce.
Notre problématique s‟est, par ricochet, inspirée de Josias Semujanga, à qui nous avons
emprunté le terme « intérgénéricité ». Le chercheur oriente le terme dans le sens d‟une forme de baroque
chez le même Sony et qu‟il décrit en ces termes :« Tout d‟abord l‟esthétique du romancier congolais se
caractérise par la transgression des modèles génériques. Ses romans mettent en place des formes
narratives alliant des procédés des récits populaires de la culture urbaine africaine, la musique Rumbacongolaise, les récits dialogués incorporés dans la narration romanesque aux formes du roman latinoaméricain et à celles du roman occidental. Mais, aucun des textes de Sony LabouTansi ne se réduit à l‟un
des modèles en particulier. L‟écriture de Sony LabouTansis‟emploie à incorporer aux textes de fiction des
*
Institut Supérieur Pédagogique (ISP), Département de Français et Langues Africaines
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 195
scènes de la vie quotidienne où « la chanson du crabe » rejoint celles des vendeuses de pacotilles, ou les
paroles démentielles des « guides » (2001: 214). Ainsi, avons-nous décidé de tenter l‟explorer si la même
démarche créatrice opère au théâtre. Globalement, nos questions de recherche consisteraient à chercher
à vérifier si l‟intergénéricité n‟est pas le principe de base de la dramaturgie Sonyenne dans Moi, veuve de
l‟Empire. Ce qui pousse à nous demander :
 Quels sont les ingrédients génériques du spectacle de Sony ?
 Par quels procédés Sony LabouTansi crée-t-il l‟intergénéricité, par delà la plurigénéricité en vue
d‟établir un texte unique ; de quelle manière cette tresse conduit-elle à l‟intergénéricité ?
 Quels mécanismes d‟écriture emploie-t-il pour mêler plus aisément les genres et déboucher sur
un texte unique ?
Ce sont là des questions auxquellesnous souhaiterions apporter des éléments de réponse pour contribuer
à élucider un tout énigmatique de l‟art de Sony LabouTansi.
Notre objectif est visiblement de déceler la pluralité des genres en un seul ouvrage et dégager
les mécanismes de leur brassage en vue de l‟intergénéricité tout en nous rappelant que Sony LabouTansi
se caractérise par sa conception réfractaire des genres. Celle-ci pousse le dramaturge congolais à ne pas
souscrire à un canon générique unique ou spécifique. La pièce inscrit dans sa matrice les survivances ou
les traces de l‟oralité, comme c‟est le cas fréquent chez plusieurs écrivains brazzavilois et qui sont les
manifestations du phénomène d‟imbrication et du caractère hybride de ce texte théâtral.
L‟intérêt de cette recherche réside dans l‟opportunité qu‟elle offre de contribuer à élucider une
des tendances actuelles de la dramaturgie africaine dans sa quête d‟originalité. Cette originalité
consisterait en elle dansl‟inscription des traces d‟autres genres que Sony LabouTansi mixe à des fins
artistiques personnelles car le dramaturge africain tente de se frayer des chemins insolites. La question de
genre a trouvé son actualité depuis 1995, du moins pour ce néologisme, et c‟est là une des nouvelles
tendances qu‟emprunte aujourd‟hui le théâtre africain contemporain. Nos analyses sur Moi, veuve de
l‟Empire seraient une modeste contribution aux efforts en cours.
Nos hypothèses se résumeraient en ceci : L‟intergénéricité trouverait une première explication
dans la conception Sonyenne de la fable dramaturgique. Cet aspect permettrait d‟imprimer à la pièce des
improvisations à souhait dans la mesure où la nouvelle conception integénérique se veut une ouverture à
l‟interdisciplinarité des savoirs ;
Sur le plan méthodologique, nous pensons pouvoir appliquer, à cette question motrice, l‟approche
poétique appuyée par la stylistique dans son acception littéraire. Nous entendons par poétique,
« l‟ensemble de principes esthétiques qui guident un écrivain dans son œuvre ». (Delcroix et Hallyn.,
1987 :11). « La poétique postule ainsi l‟existence d‟une spécificité littéraire que les formalistes russes ont
baptisé, la littérarité(Todorov, 1965 : 37) et dont elle se propose de dégager les propriétés (loc. cit)
La poétique, appliquée à la dramaturgie, elle est susceptible de rendre compte des ingrédients
génériques du spectacle ainsi que les voies de la tresse des genres dont use Sony LabouTansi pour
aboutir à un texte unique dans cette sorte d‟intergénéricité incluant la littérarité théâtrale du spectacle
dans une pièce.
La stylistique « est donc aussi pensable comme une branche de l‟esthétique, ou de la critique d‟art :
non pas pour se demander comment on fabrique une œuvre, mais pour chercher à comprendre est faite
une œuvre, du côté de la réception(…) » (Molinie, 1993 :4). Appréhendée de cette façon, elle cherche à
analyser « les conditions matérielles, formelles, de l‟art littéraire ». De ce fait, elle est à la fois descriptive
et interprétative.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 196
Par ailleurs, « l‟analyse stylistique est l‟examen des procédés linguistique mis en œuvre par un
écrivain, non seulement à des fins communicatives, mais encore en vue de produire un effet esthétique.
elle sans cesse au service de l‟interprétation littéraire du texte, en s‟attachant de prime à bord aux
modalités de l‟écriture de l‟œuvre »(Calas et Charbonneau, 2000 :1) Les mêmes auteurs envisagent de
considérer prioritairement les deux axes constituant « les paramètres génériques et textuels » (2000 :3).
La stylistique est susceptible de suppléer à l‟étude des genres dans la pièce en ce sens que la
transgression des normes a comme corollaire la production d‟une esthétique nouvelle par le procédé
d‟imbrication des genres à des fins thématiques novatrices. D‟ailleurs, la plupart des stylisticiens
telsLarthomas, Calas et Charbonneau, Tamine, Cogard, Molinié,…) consacre une grande partie de leurs
ouvrages à l‟étude des genres littéraires dans ce qu‟ils appellent « la stylistique des genres ».
Quant à nous, les paramètres génériques permettent de poser un horizon d‟attente et, par
conséquent, d‟évaluer le degré de conformité de l‟œuvre particulière par rapport à la matrice servant de
norme objective dans la vision de l‟institution littéraire internationale servant d‟instance de légitimation des
textes.
Nos investigations portent sur l‟unique pièce de théâtre dans la production dramaturgique de l‟auteur
en ce sens que celle-ci affiche, dans sa matrice textuelle, un caractère hybride ou hétérogène permettant
un répertoire probant et analysable pour démontrer l‟aspect intergénérique de la pièce.
1. CONCEPTS FONDATEURS DE L’INTERGENERICITE DANS NOS INVESTIGATIONS
Nous voulons, par ce passage, balayer les réflecteurs ou ancrage théorique dans lequel s‟inscrit la
recherche. Ainsi, nous cherchons à scruter les concepts de base qui permettent d‟avoir une vue
d‟ensemble sur la notion de genre par rapport à son évolution dans les productions littéraires africaines
contemporaines.
1°. Le genre littéraire : Est un « ensemble d‟œuvres de nature semblable et de tendances foncières à,
peu près identiques » (Doutrepont, 1965 : 144). Ainsi, les genres littéraires, tels que préconisé par
Pearson cité par Wellek et Worren( 318 - 320) « peuvent être considérés comme des impératifs
institutionnels qui contraignent certes l‟écrivain, mais, sont aussi contraints par lui ». Ainsi, les critiques
Schmitt et Viala (1982 : 210) appellent genres littéraires « des ensembles des textes regroupés selon
quelques traits communs». Cela nous permet de dire que le genre littéraire est une véritable
« institution ».Communément, les genres sont des ensembles de textes qui obéissent à des modèles, des
conventions et des contraintes. (Ici, on parle strictu sensu ainsi des « lois » d‟un genre), et ils sont
déterminés par des goûts, des habitudes et des attentes du public. Chaque époque en privilégie certains,
en invente, en renouvelle d‟anciens, d‟autres qui ne sont plus productifs survivent néanmoins parce que
des textes qui en relèvent restent lus.
2°. La plurigénéricité : Notion complexe à cerner d‟emblée mais qu‟un décryptage adéquat incite
d‟emprunter à Anatole Mbanga qui stipule que : « les personnages des romans de Sony LabouTansi
empruntent le parler des acteurs de théâtre et que de tels procédés littéraires forts adéquats ont pour
finalité le renforcement d‟une espèce de symbiose entre la prose et la poésie immanente et omniprésente
partout ». (Présence Francophone : n° 52, 1998 : 164). Ce procédé de faire cohabiter de façon technique
et architecturale les micro-genres au sein d‟un macro-genre est un indice de plurigénéricité.La
plurigénéricité est in fine la reconnaissance de plusieurs genres au sein d‟un texte non plus homogène,
mais hétérogène alliant allégrement ces genres dans la matrice textuelle unique et canonisée par
l‟instance de légitimation de textes littéraires appelée « Institution Littéraire Internationale ».
3°. L’intergénéricité : Est une fabrique, qui est d‟actualité scientifique en littérature. Ce terme suppose un
mélange des genres et relève du génie créatif de Josias Semujanga qui, néanmoins l‟oriente dans le sens
d‟une forme de baroque dans le roman de Sony LabouTansi : « De l‟intergénéricité comme forme de
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 197
baroque dans le roman de Sony LabouTansi ».Il n‟est pas aisé de dissocier les notions de plurigénéricité
et d‟intergénéricité. Tout est problème d‟école et d‟orientation que chaque chercheur veut donner à sa
recherche. Leur poids sémantique n‟affiche pas de sèmes éloignés.
Marielle Mace,(les enjeux des genres littéraires, article affiché sur internet)parlant de la
généricité restreinte estime que c‟est une question à placer dans un sens actif, transformationnel. La
présence des genres dans le travail de conception, de production et réception des écritures
contemporaines est en effet prise en compte sous une forme préciseet sans doute par l‟époque : aux
genres comme lignes de partage, axes d‟organisation et de hiérarchisations de l‟espace littéraire, on
substitue la dynamique des genres, les diverses formes d‟interaction entre les catégories génériques,
canoniques ou non, bref une question de « constante récatégorisation ». Cette dynamique est saisie à
travers des notions désormais familières : hybridation, métissage, entre-deux, passage, transgressiondes
contraintes,hétérogénéité, le composite, … . On pourrait alors dessiner l‟espace de la réflexion actuelle
sur les genres comme un territoire partagé entre l‟usage de l‟idée d‟hybridation d‟un côté, et la valorisation
d‟une force structurante des genres, de l‟autre.
Il appert que, dans ce fondement théorique, la notion d‟intergénéricité n‟a pas encore été
explorée au théâtre. Notre contribution consiste à scruter, la même démarche, déjà appliquée au roman
par nos prédécesseurs en l‟occurrence SEMUJANGA Josias qui, lui, l‟a appliqué au roman de Sony
LabouTansi, en parlant de l‟intergénéricité comme forme de baroque ; DABLA Sewanou, parlant des
nouvelles écritures africaines sur la production romanesque du même auteur ;MBALAAnatole,en parlant
des procédés des création dans l‟œuvre de Sony LabouTansi. Système d‟interactions dans l‟écriture; et
d‟autres encore qui ont parlé de tropicalité, cette fois sur les récits d‟ahmadou KOUROUMA ; n‟est pas
opérationnelle dans la pièce de théâtre, Moi, veuve de l‟Empire de ce même auteur. Nos théories puisent
profondément dans la poétique pour nous rendre compte de lois des genres et s‟inspirent des analyses de
ce MUJANGA à qui, nous empruntons le terme d‟intergénéricité. En plus, quant à l‟historique de la notion
de genre littéraire ; CANVAT Karl (1999) , « Enseigner la littérature par les genres. Pour une approche
théorique et didactique de la notion de genre littéraire » et JENNY Laurent (2003), les genres littéraires,
université de Genève, notes des cours. Avec CANVAT Karl, nous avons pu retracer l‟évolution des
conceptions génériques à travers les pratiques littéraires, puis passer en revue les principaux modèles
théoriques, des plus classiques (Aristote, Hegel, Brunetière…) aux plus novateurs (Bakhtine, Genette,
schaeffer, Petitjean…), sans omettre l‟apport récent des typologies de textes (Bronkart, Adam…). Sur
cette base, nous avons acquis une proposition de formalisation cohérente, souple et ouverte de la notion
de genre littéraire. Ont été ensuite examinés les enjeux des genres : catégories classificatoires, ils
établissent aussi des « pactes de lecture » des textes et insèrent ceux-ci dans une généalogie qu‟ils
confortent ou contestent. En gros, ces deux auteurs nous ont servis des sources d‟inspiration pour mieux
cerner les concepts pertinents à cette analyse. La dichotomie entre théâtre classique compris comme
celui qui respecte le modèle générique et le théâtre moderne ou total qui,- en Afrique s‟enracine dans la
tradition très ancienne des rituels et dans les vieux fons culturel (patrimoine culturel) africain en s‟inspirant
aussi des modèles venus d‟Europe et qui favorise par le fait l‟innovation dans la recherche de synthèses
inouïes-décrit mieux précédemment en empruntant à SEMUJANGA, et compris comme le modèle de
transgression des normes génériques, a été mieux appréhendée. La poétique et la stylistique (littéraire)
s‟avèrent d‟une adéquation cruciale comme approches permettant d‟explorer l‟aspect d‟intergénéricité au
théâtre sonyien.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 198
2. REPERTOIRE DE GENRES INSCRITS DANS MOI, VEUVE DE L’EMPIRE
2.1.
L’espace théâtral
Celui-ci est la dimension configurationnelle de la pièce dans l‟économie général de son corps
Le dramaturge africain, Sony LabouTansi, présenteMoi, veuve de l‟Empire comme « une tragédie
musicale comique en trois tableaux ». Cette présentation figure dans le méta-discours de la pièce à la
troisième page. La dénomination des parties de la pièce en termes de tableaux ou bien d‟actes (autrefois
désignés par scène) serait un trait de la modernité et même de la post-modernité où la première scène
certifie la mort de JULLIUS Caïd Kaésaire. Cléopâtre préférait des jurons, des injures assez tranchantes.
Elle vitupérait dans la deuxième réplique de la scène que :
« Il est mort…
Vous l‟avez tué
Parce qu‟il a essayé
D‟ouvrir l‟Histoire
A tous les hommes […] (p. 14)
Cléopâtre démontre la nature du conflit qui emporta son préféré JULLIUS CaïdKaésaire. L‟événement
malheureux, le meurtre du potentat, JULLIUS Caïd était présagé par son confident Boatous et sa
treizième femme, Cléopâtre.
Cléopâtre tout en prenant position et décision, en précisant la mission qu‟elle s‟assigne :
« cambrioler l‟avenir » (p.14) ; elle clarifie la fonction qui lui revenait dans sa quatrième intervention
(réplique) :
[…] « J‟assumerai
Le ride ou pousse
Un époux massacré
Je porterai son sang
A l‟envers
Même pour insulter tes maîtres » (p.14)
Ces propos de Cléopâtre l‟auréole d‟un courage exceptionnel : celui de venger son mari tué.Quant à la
résolution du différend, Sony prend comme arme dans la lutte de sa Cléopâtre la ruse de celle-ci et met
de côté l‟armée.
Moi, veuve de l‟Empire ne fait que révéler l‟atmosphère de la dictature telle qu‟elle se déroulait en Afrique
en général et en Afrique Centrale en particulier.
On peut arriver à établir l‟historicité de la pièce à partir des personnages que Sony LabouTansi
actualise. D‟où une tragédie d‟ancrage historique nourrie des expériences macabres des années
sanglantes 60, 70 et 80. C‟est peut-être ce qui fait dire à Danielle DUMAS que : « Mais le drame que
Sony nous donne Shakespeare l‟aurait applaudi, car la chute de l‟Empire romain, l‟assassinat de Jules
César, sont métaphores de toute décomposition nationale, de tout complot politique. Cependant, ni
l‟Histoire, ni la littérature ne se répètent » (Daniel DUMAS ; « Editorial » 1985, n° 815, p.1). Force est de
constater que la nature du conflit est politique. Ce sentiment de vengeance pousse Cléopâtre à marquer
sa désapprobation continue dans cette entreprise pleine de péril. Malgré les séductions plurielles et les
démonstrations amoureuses convaincantes, Oko-Brutus, Cléopâtre « n‟en cède pas une once »et décide
puissamment de vivre son veuvage. De sa quête affective et/ou psychologique impossible, on retient les
paroles plurielles suivantes :
« Haïssez-moi lumière
C‟est votre droit
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BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 199
Mon devoir est de vous adorer
Rester mon soleil
Dans la conjugaison des soleils
Ma lumière blessée […] » (p. 20 : 3e intervention)
Les deux assassins, par leurs interventions, se trahissent mutuellement. Ces prétendants se détestent
aux yeux de Cléopâtre et veulent« se déchirer ». Ce qui ne fait que suffoquer Cléopâtre résidente d‟un
endroit déjà assez insulté par le deuil. Ok-Naves se montre possesseur et expérimenté dans la
démonstration des sentiments amoureux les plus éthérés à partir de sa parole. Oko-Brutus lui montre
que : Un ambitieux (ambition de succéder aux amours de son oncle)
De votre pointure
Devrait à cette minute-ci
S‟occuper d‟acheter
Les consciences (p.23)
Comme « l‟amour rend les amants poètes » l‟assassin vitupère des promesses vraiment chimériques
marquées par les utopies et les délires amoureux. La sixième intervention d‟Oko-Naves le témoigne :
« J‟attacherai le ciel
A vos pieds déesse
Et vous mettrai le monde
Au creux de la main […] (p. 24)
L‟épilogue de Moi, veuve de l‟Empire se clôt sur un discours de triomphalisme et infléchit le
texte dans une sorte de combat, de texte héroï-comique où Cléopâtre sort victorieuse car elle remporte la
victoire sur tous ses prétendants et déclare :« Qui me reste-t-il à boire
Pour mériter cette ville
A Yoka-Ma
Va chercher Césarion
La guerre est finie
La conscience commence
Nous allons ouvrir l‟Histoire
A tous les hommes » (p.32, 9ème intervention)
L‟action de la pièce s‟accompagne, certes des didascalies trop limitées. A titre indicatif, ces
éléments prouvent à suffisance la théâtralité de la pièce comme matrice textuelle mais qui regorge
d‟autres indices génériques en son sein et qu‟il appert de relever également.
2.2.
Le versant poétique de la pièce
Le mode poétique de la pièce s‟inscrit dans les propos ou dans les discours des personnages
et non dans les didascalies. Sans penser à la poésie dans son intégralité, nous nous attachons à
l‟extraction du fait poétique à partir des séquences poétiques.
1°. Micro-séquence contenant la réplique de Marcus Bubulu.
Les journaux
Vont
La pinailler
La pilonner
La pourfendre sans pitié
Mais surtout
Sans arguments
Le fait poétique est évidemment présent dans la séquence à travers les faits ci-après :
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 200
 La présence des vers irréguliers comme par exemple le non respect de la structure canonique de
la phrase où la première est réduite à un syntagme nominal, la deuxième à la base et la suite
serait une série de compléments ;
 L‟absence de ponctuation même à la fin de la réplique est une marque particulière de la
séquence ;ce sont là les marques de la poésie moderne.
 En terme de fréquence et de successivité, on se rend compte que certains éléments de
l‟intervention comme le déterminant « la » apparaissent et occupent la même position linguistique
trois fois de suite. Ces occurrences ou ces répétitions à des endroits bien précis proviendraient
de la volonté délibérée de poétisation. C‟est là aussi le désir d‟inviter le lecteur, dans la
préférence de la forme irrégulière des phrases, à les scander et à les marteler sous forme de
vers.
2°. Micro-séquence contenant l’intervention de l’Annonciateur
Je suis Marcus Bibulu
dieu – conteur
dieu – amuseur
dieu – chanteur
dieu – poète, marchand de la bonne humeur
Et voici Lasso mon double
Que des princes nous avons déjà tués
desrires ! Que de rois … (p.8)
Une confusion se laisse lire icidans la distribution du discours par l‟auteur. Celui qui est présenté
par l‟auteur comme devant prononcé le discours a une identité « nom » autre que celui qui s‟actualise et
se prononce dans l‟intervention. Cette dualité est suggestive. Marcus Bibulu se présente en outre comme
possesseur d‟une certaine omniscience de l‟art de par toutes les qualités dont il se déclare.les
merveilleuxintervient dans les paroles de l‟annonciateur qui semble posséder une pluralitédes savoirs.
L‟intervention contient encore, non seulement l‟anaphore visible à travers l‟itérativité du terme « dieu »
auquel on adjoint d‟autres éléments subordonnés à valeur d‟extension prédicative et cela avec une
fréquence de quatre, mais aussi un autre procédé d‟écriture amplifie les termes d‟un énoncé afin de
mettre en valeur un objet ou une idée en procédant de l‟exagération et de l‟emphase ; l‟hyperbole : « tués
des rires ».Il s‟en suit la réticence, une autre image expressive qui se produit lorsqu‟un énoncé s‟arrête
brusquement restant selon toute apparence inachevée et visible à travers le point de suspension qui
clôture la réplique. Le rejet des rires met en évidence la tonalité de l‟ironie qui amène le lecteur à
s‟interroger sur les idées admises dans une scène tragi-comique. Ce procédé marque l‟imbrication de la
tonalité pathétiquedans la séquence en ce sens que Sony cherche à montrer le sentiment des souffrances
humainesengendrées par le régime en place.
Les expressions conduisent au rythme tantôt binaire tantôt ternaire, l‟absencede ponctuationtrop
fréquente à la manière d‟Alain Mabanckou, et des majuscules inappropriées, la personnification,la
construction irrespectueuse des phrases, typographie, la personnification :« Remords flambant/Quittez
mon âme ». Les rimes irrégulières, le rejet, l‟enjambement autant des marqueurs qui inscrivent les
séquences de la pièce dans la poésie.
Sur le plan interdisciplinaire, la séquence évoque le texte de la littérature orale africaine relatif à
la bénédiction et à la malédiction répondant ainsi aux caractères du théâtre total en incluant le modèle
esthétique africain dans le corps de la pièce. On classerait directement ces textes dans un genre que
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BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 201
cette littérature atteste à savoir la poésie ésotérique dans sa forme des prières et des chants. D‟ailleurs, la
formule finale de la séquence le prouve à suffisance : « qu‟il en soit ainsi » et qui est la transposition de la
formule « ainsi soit-il » souvent proférée pour clore une demande adressée à un être surnaturel.Des
comparaisons : Brutus vous charrie
Partout
Comme blessure
Les anaphores :« qui saigne qui saigne et qui saigne »
La métonymie et la personnification dans :« touchez ces mains/elles ont bu un prince »
et dans: « Et mes veines chantent/vos veines »
Ces échappées génériques inscrivent la séquence dans la poésie. Au demeurant, le fait
poétique est patent. Le recours au fait poétique est plus fréquent et prédomine la pièce.
2.3.
Le parcours narratif de la pièce
Le parcours narratif de la pièce est une dimension qui participe à l‟économie générale du texte
en commutant ou en s‟imbriquant dans la matrice textuelle du texte deMoi, veuve de l‟Empire. Oko-Navès
reçoit l‟ordre consistant à montrer les humeurs et le contexte de la réception des hôtes de marque qui
visitent l‟Empire.
Faites rire mon cousin
aulieu de trembler
commedeux feuilles
L’annonciateur et son double se concertent du geste
Racontez-lui l‟épopée
deSandiang-Sandani
Ou la légende du dieu Bangou
qui délivrait une dispense d‟Etat civil
C‟est le double de Marcus Bibulu, Lasso qui raconte la première partie de leur recette :
Fermé à la terreur
Des intelligences blanches
mais de temps à autre
manipulé
par la modernité tapageuse
qui gouverne notre monde
et notre temps
Après cette introduction à la narration précédée de sa présentation, Marcus Bibulu la poursuit :Le savant
évidemment osa naître
demère chinoise
avecquelques picotements
arabes sur la peau
[Sourire de Julius Caïd, l’Annonciateur et son double sont heureux de ce petit succès] (Didascalies)
Ceci, prouve le sens de l‟histoire et de la narration dans l‟écriture sonyenne. Les deux griots
produisent un discours narrativisé. La narration est unitaire en dépit des personnages qui, par instant,
fulminent. La segmentation présente dans cette narration répond à l‟intention de théâtralisation du récit en
ce sens qu‟on peut établir son intégralité en défiant la distribution des paroles aux personnages. Le passé
simple comme temps du récit est bien fonctionnel mais dans la suite des séquences narrativisées da la
pièce c‟est le présent de narration qui prédomine.La narrativisation intervient ici à partir du moment où
nous avons la présence d‟un personnage narrateur qui nous fait savoir les faits survenus. Ces deux
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BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 202
personnages (griots) se comportent en narrateurs-témoins des faits.Leur description, la chronologie, leur
inventaire ; « les découvertes », les péripéties de la découverte sont des indices du narratif dans cette
pièce. Ce parcours narratif est diégétique en ce sens qu‟il s‟inscrit dans le corps de la pièce sans être la
dominante principale. L‟élection de la narration à offrir aux hôtes de marque relève de l‟interventionnisme
auctoriel, conscient ou inconscient. L‟auteur reconnait pourtant que sa production serait dramatique ou
théâtrale. C‟est là une amphibologie des genres. L‟auteur à travers ses interviews, rhétorque souvent en
disant qu‟il pratique la fable théâtrale. L‟espace narratif de la pièce est donc un espace fabuliste.
Ainsi, la principale confusion qui continue à accroître le bonheur de cette recherche réside dans
ce mélange des genres, dans ce foisonnement générique dans Moi, veuve de l‟Empire, dans le narratif
fabuliste fictionnel repartit dans les discours des personnages. La diegèse est ainsi opérationnelle mais
sous une forme mimétique.
3. De la polygénéricité a l’intergénéricité
Après l‟extraction des genres littéraires inscrit dans la pièce, il est pertinemment opportun d‟envisager
les mécanismes de tresse de genre en un texte unique revêtant le corps d‟un théâtre, quelles que soient
les restrictions dimensionnelles du régisseur. La polygénéricité s‟entend comme la présence de microgenres au sein d‟un même texte considéré comme macro-genre. La multiplicité des genres devient ainsi
une technique de tresse de genres faisant du texte un carrefour des genres, un foisonnement des genres.
L‟intérgénéricité serait compris comme le repère de ce mélange des genres à partir des éléments
qui découlent des lois propres aux genres littéraires et qui se trouvent combinés allégrement dans Moi,
veuve de l‟Empire. Sony LabouTansi étaler son intention iconoclaste. Ainsi, Josias SEMUJANGA déclare
que : « Sony LabouTansi abolit la frontière que la critique établit d‟habitude entre les genres littéraires et
artistiques » (In Godin Cléo.Op. cit. p. 69). Il s‟avère que les frontières entre les genres, autrefois bien
distinctes sont bien moins nettes, voire inexistantes. Il reste cependant qu‟il est utile de connaître, dans
une perspective historique, les classifications antérieures et de s‟interroger sur celles du présent. Les
genres actuels participent à de nouvelles aventures esthétiques qui rendent ses œuvres multiformes et
se refusent à être protéiformes sous le label des grands courants, mouvements et écoles littéraires qui
contribuent chacun à la création des formes nouvelles. C‟est pourquoi cette réflexion se présente sous un
aspect différent de la vision et de la classification ordinaires des textes littéraires, car l‟impression
d‟hétérogénéité domine la production littéraire contemporaine. Le classement est voué probablement au
recyclage et Sony LabouTansi(mais aussi Ahmadou Kourouma, calixtheBeyala … ; pour ne pas citer leurs
textes) se présente comme un porte-drapeau de recycleurs de la littérature africaines contemporaine.
Lorsque l‟on considère leparatexte dans sa fonction d‟identification pour établir le contrat de
lecture et l‟horizon d‟attente, Sony LabouTansi affiche le sentiment de la dénégation du genre. Que se soit
du côté théâtral ou du côté romanesque, l‟auteur préfère les termes les plus confus. Avant que ces textes
ne soient institutionnalisés par les régisseurs, il parle de « récit » pour ses romans et de la « fable » pour
la plupart de ses pièces de théâtre. La polygénéricité qui est à la base de l‟intergénéricité s‟expliquerait
alors en termes d‟abolition de la frontière entre les genres par cette présence de plus d‟un genre au sein
d‟un texte unique. La multigénéricité passe donc par l‟ensemble des techniques utilisées pour tresser le
texte.
Moi, Veuve de l‟Empire assure l‟embrayage de la fiction dans l‟incipit. Sony intitule ce texte
« tragédie musical comique en trois tableaux » le mélange du tragique et du comique est un signe de
l‟hétérogénéité intériorisée probablement dans le schème de l‟auteur. REUTER Yves parlant de
l‟hétérogénéité dans sonintroduction à l‟analyse du roman. Paris : Armand colin, 2009 : 95 affirme que « le
roman est un genre protéiforme, susceptible de prendre des aspects très variés. Cela signifie notamment
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BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 203
qu‟il est structuré de façon complexe par des tensions entre son organisation spécifique, ses visées et
diverses séquences qu‟il intègre. » Pour le cas de la pièce, l‟espace théâtral apparait comme une
superstructure incorporant ou brassant des intermèdes musicales, des épopées, des contes, des
séquences dialoguées ou narrativisées et d‟autres poétisées pour des fins artistiques contribuant à
l‟éclatement des modèles ou patrons génériques. La métaphore de Valéry cité par J.M. Dévésa, selon
laquelle le lion est fait de moutons digérés trouve dans la pièce son sens profond. De ce fait, les genres
africains tendent à se métamorphoser lorsque les prières, les chants, les contes, la légende et l‟épopée
prennent partie dans l‟économie générale de la pièce par le procédé de la subversion pour une quête
d‟originalité et d‟esthétique nouvelle dans l‟écriture.
L‟Architectualité de la pièce nous intéresse, en fait de riposte, car ce concept permet d‟établir le
rapport d‟un texte aux catégories génériques tout en incluant la paratextualité. REUTER Yves, op.cit.
p.130 considère que « l‟architetualité est la relation la plus abstraite et souvent la plus implicite, parfois
notée par une simple indication paratextuelle (essai, roman…). Elle renvoie au genre et est fondamentale
aussi bien pour la construction du texte que pour les attentes du lecteur et son mode de
lecture. »l‟architextualité, à travers la notion de genre, mélange en effet des indications de contenu, de
forme et d‟effet.
Ces techniques relèvent à la fois de l‟imbrication, hétéroclisme, éclectisme,liage, l‟insertion, de
l‟interculturalité, côtoiement et de la jointure des genres exsangues qui constituent le legs des écrivains
négro-africains longtemps avili en le communiant avec les genres modernes occidentaux dans ce qu‟il
convient d‟appeler « les littératures des survivances ». Ces procédés relèvent aussi de l‟amphibologie
des genres, de la symbiose, de l‟hybridisme, de la métamorphose du genre, de l‟intrusion et de
l‟interférence des matériaux linguistiques. L‟écriture de Sony opère une sorte de voyage en tout genre
littéraire de par sa visée qui lui permet d‟appliquer à bon escient sa conception réfractaire du genre
plaçant par le faite le corps de la pièce à «l‟ère de soupçon ».
La littérature négro-africaine évolue en épousant une esthétique d‟intégration de différents genres
possibles et disponibles à la réalisation du projet d‟écriture des auteurs. Les micros-genres se voient
précisément être solubles dans les macros-genres que sont la poésie, la prose et la dramaturgie.Ce
malaise catégoriel permet de réfléchir sur la destinée et la vocation de la littérature sur ce plan. Les
homologies des genres contribueraient certainement à la manifestation de la polygénéricité dans les
textes contemporains et rendent d‟avantage leur autonomisation trop douteuse. La tripartition de la
littérature a depuis longtemps ouvertla voie à la dialectique des genres. Elle a aboutit à une discussion
perpétuelle et jusqu'alors irrésolue cherchent à établir un rapport entre l‟œuvre et genre en ce qu‟ils ont de
systématique. C‟est cette interrogation languissante qui fait le bonheur de cette étude qui veut que l‟on
puisse considérer les textes littéraires en leurs caractéristiques essentielles en vue de les recatégoriser
selon une nouvelle voie et leur tendance dominante. Ainsi, demande -t-on ce qu‟on peut véritablement
appeler « genre littéraire » dans son unicité. Cela étant, toute œuvre suppose un horizon d‟attente c'est-àdire un assemble des règles préexistantes pour orienter la compréhension du lecteur (du public) et qui lui
permettent une réceptionappréciative. C‟est peut-être la dynamique intergénériqueet le souci d‟invention
continuellerécusant le suivisme formel à la satisfaction et à la prostitution des genres faisant corps dans la
production d‟un texte unique qui fait la fortune sonyenne.
5. CONCLUSION
Au terme de ces analyses, il appert que Sony LabouTansi, à travers Moi,veuve de l‟Empire,
pratique sa conception de la fable théâtrale et réfractaire du genre, conception selon laquelle il refuse
d‟obéir à un genre précis et unique. De même les rares indications que l‟auteur de Moi, veuve de l‟Empire
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BIZIMANA : Intergénéricité dans le théâtre 204
donne du genre auquel rattacher ses pièces balaient les classifications traditionnelles: «Tragédie musicale
comique ». Cet intitulé crée la confusion, le brouillage des repères catégoriels pouvant aller à l‟abolition, à
la dénégation des frontières entre les genres littéraires. Par ricochet, ce texte théâtral de Sony
LabouTansiréussit à briser les barrières de l‟espace générique. En dépit de cette instance pouvant servir
le lieu de légitimation des textes littéraires, les repères auxquels l‟institution littéraire fait appartenir les
textes s‟avèrent peu fiables. C‟est cela qui nous pousse à emprunter et à épouser les idées des Josias
Semujanga (1998: 77) «De la fusion à la métamorphose des genres littéraires : la convocation de procédé
génériques divers, touchant ainsi bien à la fable, à l‟essai qu‟au théâtre, apparait sans doute comme le
marquage d‟une volonté de contester des catégories littéraires ou de récatégoriser les éléments
constitutifs des genres et de leurs distinctions ». Pareille hypothèse nous a permis de circonscrire
l‟intergénéricité dans la pièce et d‟y imprimer le dynamisme des genres. On a observé que dans la pièce
le théâtral côtoie le poétique et le narratif dans une fusion libre et totale des formes esthétiques en ce
texte de la littérature africaine francophone.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
2010
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BAPOLISI B. et al. : Phénomène enfants sorciers à Bukavu
206
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 206-214
PHENOMENE ENFANTS SORCIERS A BUKAVU
Paulin BAPOLISI BAHUGA* et David MALALA NTAMBUE**
RESUME
La croyance en la sorcellerie est très répandue aujourd‟hui. Des accusations fondées sur des suspicions de toutes
sortes confèrent à ces dernières la valeur des preuves de la sorcellerie. La croyance à la sorcellerie s‟explique par la
recherche de l‟explication de tout ce qui frappe l‟homme ou la communauté.
Le contexte social est aussi déterminant dans ce genre de choses, car les préoccupations individuelles et
intérieures du groupe vivant dans une communauté bien populaire seront différentes de celles d‟un milieu bien huppé.
Aussi, des situations telles que l‟incendie d‟une maison, le décès par noyade, l‟éboulement dû aux eaux de ruissellement, le
Kwashiorkor, la forte fièvre, la menace d‟avortement, la mort subite s‟interprètent en référence à la sorcellerie. Des
femmes et des hommes sont tués pour avoir été taxés de sorciers.
Raison pour laquelle des efforts de recherche doivent être consentis pour découvrir les caractéristiques et
l‟origine des sujets dits sorciers afin de mettre sur pied des mécanismes de leur prise en charge et une éducation appropriée
pour une harmonie dans la société.
MOTS CLES : Enfants, sorciers, sorcellerie
ABSTRACT
Belief in sorcery is very expanded nowadays. Accusations based on suspicions of any sort tend to give some kind of proofs
of sorcery. Belief to sorcery is explained by the search for explanations to anything that bothers man or the community.
The social context is also dominant in this kind of belief, because individual and inner preoccupations of group living in a
popular community are different from the ones of a crested area. Besides, situations like those concerning the burning of a
house, death due to drowning, death due to water flooding, kwashiorkor, strong fever, abortion menacing, sudden death,
are interpreted with reference to sorcery. Thus women and men are tortured and killed for being blamed of sorcery.
That is why research efforts must be set up in order to discover the characteristics and the origin of subjects as sorcery so
as to set up measures for the supposed agents, care and for assuring them an appropriate education so as to ensure
harmony in the society.
KEYS WORDS :Childrens, sorcer, sorcery
I.
INTRODUCTION
La sorcellerie est, selon le dictionnaire Robert (1998, p.461), l‟opération magique du sorcier.
Pour Delanaye (2004, p.9), la sorcellerie est une manière socioculturelle d‟interpréter le mal, la
souffrance, la mort, etc. Elle révèle les croyances, les traditions et les habitudes familiales que l‟individu a
et de l‟imagination collective.
Pour Nghenzi Lonta du Foyer EK‟ABANA, (2004), la sorcellerie est un ensemble d‟actions
mystérieuses. Elle comprend la maîtrise, l‟exécution, la manipulation des substances, les invocations et
les incantations verbales suivies d‟effets aussi bien à court, à moyen et à long terme sur la victime ciblée.
*
Professeur au département psychopédagogie à l’ISP/Bukavu
Chef de travaux au département psychopédagogie à l’ISP/Bukavu
**
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAPOLISI B. et al. : Phénomène enfants sorciers à Bukavu
207
Pour Mulyumba Wa Mamba (2002, p.133), la sorcellerie est une force mystique capable de
provoquer des effets négatifs sur l‟entourage. Cet auteur pense que la sorcellerie a des liens avec la
magie. En effet, la magie est un pouvoir pour une personne d‟agir sur une autre ou sur une chose à
distance par la simple volonté du magicien. Cette action à distance se fait soit par sympathie, soit par
similitude, soit par télépathie. La sorcellerie et la magie n‟ont qu‟une différence fonctionnelle. La magie est
neutre et elle devient médecine lorsqu‟elle a pour but de guérir, on l‟appelle alors « magie blanche ».
Comme la sorcellerie est souvent utilisée pour nuire à autrui, on l‟appelle alors « magie noire ».
Selon Ndombene (1988, p.13), la sorcellerie est une puissance entachée de deux pôles, l‟un
négatif et l‟autre positif. Cette puissance est perçue comme une intelligence et un pouvoir d‟une autre
nature qui permet de dominer soit pour protéger ou pour réaliser certains objectifs tels qu‟acquérir des
richesses ou affirmer sa personnalité.
Les opérations du sorcier s‟accomplissent, suivant les modes directs ou indirects, à des
occasions et des moments précis en vue d‟atteindre une finalité. Elles culminent en des événements
souvent lugubres sur les victimes. Elles ont comme champs d‟application le règne humain, animal et
végétal suite à certains principes et aux dispositions naturelles des êtres du règne considéré.
Dans le règne humain, le sorcier peut agir sur lui-même et sur son semblable. Agissant sur soi, il
peut s‟il veut, communiquer à proximité ou à distance, se localiser, aliéner l‟une de ses facultés, produire
les feux d‟artifice, etc. ses actions sur son semblable (sorcier ou non sorcier, victime ou non) sont directes
ou indirectes. Directement, il peut agir tout seul, masqué ou de concert avec d‟autres sorciers.
Indirectement, il fait agir des relais matériels comme les animaux, les insectes et les oiseaux selon la
taxonomie culturelle, ou des intermédiaires humains (sorciers ou non). Il confère ainsi par incantation sa
force aux relais et aux intermédiaires (non sorciers et sorciers). Le choix des relais est fondé sur
l‟intentionnalité, la stratégie et la tactique de la sorcellerie ainsi que sur les caractéristiques particulières
de ceux-ci.
Le sorcier est très dangereux, car c‟est un homme qui n‟est pas toujours repérable et qui n‟agit
pas toujours de la même façon. Il est partagé entre son désir de faire le mal et le regret qu‟il a quand il a
fait quelque chose de mauvais. Souvent, il agit comme si c‟était contre sa volonté, c‟est pourquoi il est
difficile de le reconnaître. En effet, il est très intelligent : il sait comment les autres l‟imaginent, il se montre
gentil et souriant pour qu‟on ne le découvre pas.
La sorcellerie est ainsi, une réalité socioculturelle de nos communautés africaines (Colle, 1971)
. Mais de tout temps, elle reste une attitude d‟âme chez les individus angoissés par des contraintes
morales ou matérielles auxquelles ils ne savent répondre immédiatement.
La croyance en la sorcellerie est très répandue aujourd‟hui dans la province du Sud-Kivu. Selon
le rapport rédigé par le foyer Ek‟Abana (2004, p.2), des accusations fondées sur des suspicions de toutes
sortes confèrent à ces dernières la valeur des preuves.
Pour Kalulu Bafunyembaka (2004, p.15), au Sud-Kivu, la croyance à la sorcellerie s‟explique en
grande partie par la recherche de l‟explication de tout ce qui frappe l‟homme ou la communauté en
recourant au surnaturel. Selon cet auteur, chaque fois que l‟on cherche à répondre aux questions du
genre « Pourquoi cela est arrivé », « Comment cela est arrivé ? », on fait recours à la croyance à la
sorcellerie.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAPOLISI B. et al. : Phénomène enfants sorciers à Bukavu
208
Le contexte social est aussi déterminant dans ce genre de choses, car les préoccupations
individuelles et intérieures du groupe vivant dans une communauté bien populaire comme Kadutu seront
différentes de celles d‟un milieu bien huppé comme certains coins de la commune d‟Ibanda en
l‟occurrence le quartier MUHUMBA. En effet, dans le quartier populaire, pour une moindre contrainte
sociale, les gens évoquent très vite la sorcellerie et de tels cas sont fréquents ici à Bukavu car les
témoignages des églises et des centres d‟encadrement psychosocial constituent des preuves. Aussi,
devant des situations telles que l‟incendie d‟une maison, le décès par noyade, l‟éboulement dû aux eaux
de ruissellement, le Kwashiorkor, la forte fièvre, la menace d‟avortement, la mort subite d‟un membre
influent de la famille,… interprète-t-on tout en référence à la sorcellerie.
Dans une étude menée par Mulyumba Wa Mamba et al. (2002, p. 132) sur quelques éléments
d‟enquête sur le phénomène « accusation de sorcellerie », ces chercheurs disent qu‟on est présumé ou
non selon qu‟on se trouve ou non dans une position de faiblesse par rapport à l‟accusateur. Et on verra la
jalousie de son entourage, composé souvent des personnes à niveau de vie bas que le sien, selon qu‟on
s‟estime envié par celui-ci.
En observant les différentes situations devant lesquelles on recourt à de telles interprétations, on
a l‟impression que l‟homme cherche un bouc-émissaire auquel il fait porter la responsabilité du mal ou de
la souffrance dont il est victime. Il y a même des femmes et des hommes qui sont tués pour avoir été
taxés de sorciers. Pourtant, la loi congolaise ne reconnaît pas la sorcellerie, faute de preuve.Etant donné
que ces situations deviennent en quelque sorte permanente, elles exigent un effort systématique de
compréhension. Ainsi, pour comprendre cette situation, nous avons considéré la réalité des enfants
encadrés au Foyer EK‟ABANA à Bukavu et nous nous sommes posé les questions suivantes : Quelles
sont les caractéristiques des enfants dits sorciers ? De quelles familles proviennent-ils ? Ont-ils des
parents ? Quelles étaient leurs activités habituelles ? Entre les garçons et les filles, qui sont les plus
accusés ?
Pour répondre à ces questions, nous avons émis les hypothèses suivantes :
1) Les enfants accusés de sorcellerie se caractériseraient par des modes opératoires spéciaux.
2) Ces enfants proviendraient de familles dont les conditions socio-économiques sont détériorées et
basses.
3) Les enfants accusés de sorciers seraient des enfants adoptifs.
4) Les enfants accusés de sorciers seraient des enfants sans activités du genre scolaire
5) Les filles seraient plus accusées que les garçons.
Notre objectif est de découvrir les caractéristiques et l‟origine des enfants dits sorciers afin de
mettre sur pied des mécanismes de prise en charge et une mise en place d‟une forme d‟éducation
appropriée permettant à la population de prendre des précautions pour vivre en harmonie avec une telle
catégorie de gens.
II. CADRE METHODOLOGIQUE
Dans cette partie de notre recherche, il parait nécessaire de préciser les méthodes utilisées, la
population d‟étude, l‟échantillon de travail ainsi que les différentes techniques de récolte et de traitement
des données.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAPOLISI B. et al. : Phénomène enfants sorciers à Bukavu
209
2.1. METHODE UTILISEE
Ainsi, pour la réalisation de cette étude, nous avons utilisé la méthode comparative soutenue par
l‟approche descriptive. Les recherches descriptives sont celles ayant pour objectif la description
rigoureuse des caractéristiques d‟une personne, d‟une situation d‟un groupe ou la détermination des
fréquences de certains phénomènes.
L‟approche descriptive a pour objet de décrire de manière systématique, les faits, les
particularités, les intérêts et les événements. En effet, les études descriptives ont une marque de grande
valeur, car elles fournissent des vérités sur lesquelles certains jugements professionnels peuvent être
émis. Cette méthode nous a été utile dans la mesure où elle nous a permis de décrire les caractéristiques,
les mécanismes et le mode opératoire des enfants accusés de sorciers dans la ville de Bukavu.
2.2. POPULATION ET ECHANTILLON D’ETUDE
Dans le cadre de cette recherche, la population est constituée de toutes les personnes accusées
de la sorcellerie dans la ville de Bukavu et les membres des familles de ces enfants.
Etant donné que nous avons été en difficulté de pouvoir identifier les églises et les autres
structures encadrant les enfants accusés de sorciers, nous nous sommes contentés de travailler avec 25
enfants accusés de sorciers hébergés au Foyer EK‟ABANA à Bukavu en 2012 et 25 membres de
familles de provenance de ces enfants et 10 encadreurs rencontrés au Foyer EK‟ABABA.
Nous avons choisi le Foyer EK‟ABANA, car il est une structure qui encadre les enfants ayant les
caractéristiques que nous voulons appréhender dans cette recherche. Aussi, le choix de ce Foyer est-il dû
à la facilité de rencontrer plusieurs enfants accusés de sorciers à la fois, ce qui nous faciliterait la récolte
des informations ( tableau 1).
Tableau1. Population d’étude par catégories et par sexe
N°
Catégories
Effectif
1
2
3
Total
Enfants
Parents
Encadreurs
25
25
10
60
sexe
G
2
8
7
17
F
23
17
3
43
%
41.67
41.67
16.66
100.0
Il ressort de ce tableau que notre échantillon est constitué de 60 sujets dont 25 enfants accusés
des sorciers, soit 41.67 %, 25 membres des familles de ces enfants et 10 encadreurs du Foyer
Ek‟ABANA. D‟un autre point de vue, il ressort que sur un total de 60 sujets, il y a 43 filles soit 71.67 % et
17 garçons, 28.23 %.
2.4. TECHNIQUE DE RECOLTE DES DONNEES
La récolte de l‟information est une étape importante d‟une recherche parce qu‟elle fournit
l‟élément de base pour la vérification de l‟hypothèse.
Dans une recherche, la nature même des informations qu‟il convient de recueillir pour atteindre l‟objectif,
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210
commande les moyens à employer.
En effet, il existe des instruments permettant de recueillir les informations lorsqu‟on veut réaliser
une étude scientifique. Nous pouvons citer : l‟entretien ou interview, le test, le questionnaire, l‟observation,
la technique documentaire,… Leur choix est fonction des objectifs et de la nature des données.
Pour notre étude, nous avons fait recours à l‟entretien.
Selon Grawitz, cité par Depelteau (2003, p. 314), l‟entretien ou l‟interview est un procédé
d‟investigation scientifique, utilisant un processus de communication verbale pour recueillir les
informations, en relation avec le but fixé. C‟est une communication verbale entre un chercheur et un
enquêté dans le but de recueillir les informations concernant un objet précis.
C‟est un moyen par lequel le chercheur tente d‟obtenir des informations auprès des sujets ayant
été les plus souvent témoins ou acteurs d‟événements sur lesquels porte la recherche.
Selon le but poursuivi, on peut parler de l‟entretien de diagnostic, de l‟entretien thérapeutique et de
l‟entretien de recherche.
En considérant le nombre de participants, on distingue l‟interview individuelle et l‟interview de
groupe.
Selon la méthode utilisée, De Landsheere (1979, p.82), distingue l‟entretien libre ou non
structuré, l‟entretien dynamique, la réflexion parlée, l‟entretien dirigé, et l‟entretien semi-dirigé.
C‟est à cette dernière forme d‟entretien que nous avons recouru dans la réalisation de la
présente recherche. Cet entretien avec les enfants a tourné autour des questions suivantes : quelles sont
les accusations portées contre vous? Les parents sont-ils tous vivants? Quelle activité exerciez-vous
avant d‟être amené au foyer ? Pour les parents, nous leur avons posé la question : « reconnaissez-vous
avoir accusé votre enfant de sorcier ?» Pour les encadreurs du foyer Ek‟ABANA, l‟entretien a tourné
autour des questions : Quelles sont les accusations portées contre les enfants que vous encadrez ? De
quelles familles proviennent-ils ?
2.5.
Dépouillement et traitement des données
Pour les questions ouvertes, nous avons fait recours à l‟analyse des contenus où nous avons passé
à la catégorisation qui consiste à déterminer les catégories et à dégager les idées maîtresses de chaque
réponse du sujet.
Pour Mucchielli (1971, p.78), l‟analyse des contenus est définie comme une méthode
d‟inventaire, de dépouillement et de catégorisation portant sur les éléments significatifs d‟une
communication.
L‟utilisation de la technique de pourcentage nous a permis de quantifier nos résultats. La formule pour
calculer le pourcentage est la suivante :
P
f
100
ou f
N
N
P
fréquence
Effectif
pourcentage
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III. RESULTATS ET DISCUSSION
Dans ce chapitre, nous allons présenter, analyser et interpréter les résultats. Ainsi, notre
préoccupation est de savoir quelles sont les caractéristiques des enfants dits sorciers, de quelles familles
proviennent-ils et s‟ils ont des parents. C‟est ainsi que nous présentons les données telles que nous les
avons recueillies sur le terrain.
Pour ce qui est de la question « quelles sont les accusations portées contre vous », nous avons
récolté les renseignements contenus dans le tableau 2 ci-après :
Tableau 2: Type de griefs attribués aux enfants « dits sorciers »
N°
01
02
03
04
05
06
Type de griefs
Avoir tué un membre de la famille
Avoir vendu la richesse familiale
Avoir empêché la prospérité
Avoir occasionné les avortements
Avoir occasionné des accidents
Avoir joué à la corde souvent caché en dessous du lit
Total
f
7
5
4
3
1
5
25
%
28
20
16
12
4
20
100
De la lecture des données de ce tableau, nous constatons que sur 25 enfants enquêtés, 7 soit
28 % sont accusés d‟avoir tué un membre de leur famille; 5 soit 20 % sont accusés d‟avoir vendu la
richesse de leurs familles ; 5 autres, soit 20 % sont accusés d‟avoir joué à la corde ; 4 soit 16 % sont
accusé pour avoir empêché la prospérité de la famille, 3 soit 12 % sont accusés pour avoir occasionné les
avortements à certains membres de leurs familles et 1 soit 5 % est accusé pour avoir occasionné des
accidents.
Au regard de ces résultats, nous confirmons notre hypothèse selon laquelleles enfants accusés
de sorcellerie se caractériseraient par des modes opératoires spéciaux.
Ces résultats sont parlants, mais il faut une analyse des mécanismes et procédures par lesquels
on fait accepter à ces enfants cet état d‟enfants sorciers. Car comme le dit le professeur Kalala Nkudi
(2002, p.8) pour les enfants accusés de sorciers hébergés dans les maisons de prière, que les questions
que posent les pasteurs à ces enfants sont des questions souvent suggestives du genre « n‟est-ce pas
que vous avez occasionné la mort de tel membre de la famille ? » Dans une telle situation, il y aurait un
décalage avec la réalité, car la pression exercée sur l‟enfant peut faire en sorte qu‟il accepte une situation
pour laquelle il n‟a pas été l‟auteur.
Pour ce qui est de la question de savoir si leurs parents sont tous vivants, nous avons recueilli les
informations contenues dans le tableau 3 ci- après :
Tableau 3 : Effectifs et pourcentages d’enfants ayant leurs parents en vie
Réponses
Avec parents
Orphelins
Total
Effectif
5
20
25
Pourcentage
20
80
100
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Il ressort de ce tableau que 20 enfants soit 80 % n‟ont pas leurs parents en vie et 5 enfants, soit
20 % ont des parents. Ces résultats nous permettent d‟affirmer l‟hypothèse selon laquelle les enfants
accusés de sorcier seraient souvent des enfants adoptifs. Pour ce qui est de la question « Quelle activité
exerciez-vous avant d‟être amené au foyer ? », les réponses ci-après ont été recueillies (tableau 4) :
Tableau 4 : Fréquences et pourcentages des activités exercées avant d’être au foyer
N°
Activités
Fréquence
pourcentage
01
Maternage
15
60
02
Bonne
5
20
03
Elève
5
20
Total
25
100
La lecture des données de ce tableau nous montre que sur un total de 25 sujets enquêtés, 15
soit 60% ne s‟occupaient que du maternage des enfants ; 5 soit 20 % étaient des bonnes et 5 sujets, soit
20 % étaient des élèves.
Au regard de ces résultats, nous remarquons que ceux qui étaient élèves ne sont représentés
que par 20 %. Les 80 % d‟enfants accusés de sorciers sont représentés par des enfants exerçant d‟autres
activités en dehors de l‟école et de la classe. A cet effet, nous confirmons l‟hypothèse selon laquelle la
plupart des enfants accusés de sorciers seraient des enfants sans activités du genre scolaire.
Pour ce qui est de la question « de quelles familles proviennent ces enfants ?», les réponses
recueillies sont présentées dans le tableau 5 ci-après :
Tableau 5: Catégories des familles des enfants accusés des sorciers suivant les conditions socioprofessionnelles
N°
01
02
03
Catégorie
Famille de pauvre
Famille de chômeur
Famille de fonctionnaire
Total
f
17
5
3
25
%
68
20
12
100
Par ce tableau, l‟on note qu‟un total de 25 enfants enquêtés, 17 soit 68 % proviennent des
familles pauvres ; 5 enfants soit 20 % proviennent des familles dont les parents sont en chômage et 3
enfants soit 12 % proviennent des familles de fonctionnaires. Les pauvres et les chômeurs couvrent 85 %.
De tels résultats, nous permettent de confirmer l‟hypothèse selon laquelle, les enfants accusés de la
sorcellerie proviendraient de familles dont les conditions socio-économiques sont détériorées et basses.
Pour élargir notre compréhension de ce phénomène, nous avons aussi recueilli les propos
fournis par les parents et les encadreurs des enfants accusés de la sorcellerie. Les parents ont répondu à
la question « reconnaissez-vous avoir accusé votre enfant de sorcier ? A cette question, les réponses
fournies sont présentées dans le tableau 6 ci-après :
Tableau 6: Reconnaissance des parents d’avoir accusé leurs enfants des sorciers
N°
Catégorie
f
%
01
Oui
19
76
02
Non
6
24
Total
25
100
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213
La lecture des données de ce tableau montre que sur 25 parents interrogés, 19, soit 76 % ont
accepté qu‟ils ont accusé leurs enfants de sorciers alors que 6 parents, soit 24 % ont nié d‟avoir accusé
leurs enfants des sorciers. Pour ce qui est des encadreurs, une seule question leur avait été posée de la
manière suivante : « de par les accusations et les comportements des enfants que vous encadrez au
Foyer Ek‟a Bana, pensez-vous qu‟ils sont des sorciers ? De cette question, nous avons recueilli les
renseignements ci-après (tableau 7):
Tableau 7: Effectifs et pourcentages des réponses des encadreurs
N°
01
02
Réponse
Oui
Non
Total
f
1
6
7
%
14.29
85.71
100
La lecture des données de ce tableau nous montre que sur 7 encadreurs enquêtés, 1 encadreur,
soit 14.29 % a confirmé que les enfants accusés des sorciers encadrés au foyer Ek‟a Bana sont
réellement des sorciers. Cependant, 6 encadreurs, soit 85.71 % ont déclaré que les enfants encadrés au
foyer Ek‟a Bana ne sont pas des sorciers. Les 6 encadreurs ont déclaré que les enfants encadrés au foyer
sont des enfants difficiles et non des sorciers. Quant à la question de savoir lequel de deux sexes est plus
touché par ces accusations, nous avons considéré la répartition de l‟ensemble d‟enfants rencontrés au
Foyer Ek‟a Bana et nous sommes arrivé à la distribution ci-après ( tableau 8) :
Tableau 8 Enfants accusés des sorciers par sexe
N° Sexe
f
01 Garçons
2
02 Filles
23
Total
25
%
8
92
100
De ce tableau il ressort que sur 25 enfants accusés de sorciers 23, soit 92 % sont des filles et 2,
soit 8 % sont des garçons. Pour les encadreurs, les garçons sont rares, car la plupart sont des fillesmères délaissées par les parents pour avoir eu une grossesse avant l‟âge de mariage.
Eu égard à ce résultats, nous confirmons l‟hypothèse selon laquelle, les filles seraient plus
accusées que les garçons.
CONCLUSION
Au terme de la présentation de ces résultats, nous avouons qu‟il n‟est pas facile pour nous de
tirer une quelconque conclusion sur un phénomène aussi compliqué que la sorcellerie. La recherche sur
ce phénomène doit être poursuivie par d‟autres chercheurs intéressés en l‟abordant dans plusieurs
milieux et en orientant les hypothèses vers d‟autres déterminants.
Toutefois, il convient de retenir que la « connaissance sorcière » était un moyen de calmer des
esprits méchants, de supprimer les disputes, la violence et la division. Mais aujourd‟hui, elle est devenue
un moyen d‟accusation et une arme pour faire disparaître l‟autre. En effet, les accusations sorcières
empêchent la cohésion et la confiance et bloque le progrès pendant qu‟elle était la base de l‟organisation
de la vie en société et l‟unité des peuples.
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Au bout de cette recherche sur le phénomène enfants sorciers à Bukavu, nous ne prétendons
pas avoir épuisé tous les aspects liés à un phénomène si complexe. Toutefois, cette étude constitue un
rapport significatif dans le domaine scientifique. Dans celle-ci, nous n‟avons pas touché à tous les aspects
et traité les facteurs relatifs aux accusations sorcières. Nous espérons que les autres chercheurs y
consacreront ultérieurement du temps afin de nous compléter pour contribuer à la compréhension des
facteurs influençant l‟expansion ou la survivance de la sorcellerie dans les milieux urbains alors que la
sorcellerie est un phénomène qu‟on rattache trop souvent aux milieux reculés.
Quelques pistes de réflexion se dégagent :
- Les fréquences des accusateurs et des accusés se repartissent-elles équitablement dans tous les
territoires de la province ou y a-t-il prédominance dans l‟un ou l‟autre?
- Les considérations populaires de la sorcellerie par rapport à l‟image que l‟Etat et la justice se font
d‟elle sont-elles concordantes.
- Les processus de purification ou d‟encadrement du sorcier lui permettent-ils réellement de retrouver
son équilibre psychologique et son insertion sociale ?
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Lubumbashi.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MULOWAYI K. ; Observation d’une nappe de grave à matériel lithique
215
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 215-225
L’OBSERVATION D’UNE NAPPE DE GRAVATS A MATERIEL LITHIQUE DANS LA REGION DE LA
RIVIERE BISHALALO(Vallée de la Mugera,Nyangezi, Rift Kivu-Tanganyika)
Germain MULOWAYI Kayemba*
RESUME :
La nappe de gravats ou stone-line de la région de la rivière Bishalalo est un horizon de matériaux grossiers constitués
d‟un cailloutis divers de quartz et quartzite, à éléments émoussés ou roulés, auquel se trouve mélangé un abondant
matériel lithique frais, ni émoussé ni roulé,attestant l‟existence d‟une industrie de transition duMiddle Stone Age au Late
Stone Age. Cet horizon repose directement, avec un contact net et érosif, sur la zone III d‟altération d‟un soubassement
basaltique. Ce contact net et érosif suggère que la nappe de gravats en présence n‟est ni une surface d‟érosionde derniers
40000 à 15000 ans B.P.ni un ensemble de matériaux grossiers issu d‟un mécanisme de solifluxion ou d‟un mécanisme
biologique de montée et de descente des matériaux grossiers. Ici,il s‟agirait plutôt d‟un cas d‟une nappe de gravats forméeà
la suite des remaniements latéraux des sols sur les versants, notamment le décapage et le pavageliés aux oscillations
climatiqueset/ou à la tectonique.
MOTS-CLES:- Stone-line - Matériauxgrossiers – Décapage - Pavage – Middle Stone Age - Late Stone Age –
Oscillations climatiques – Tectonique
ABSTRACT:
The gravel sequence or stone-line of the BishalaloRiver region is a horizon of coarse materials. It is composed of various
quartz and quartzite gravels, with blunted or rounded elements, mixed up with an abundant and fresh lithic material.
The latter doesn‟t show any blunted or rounded elements and testifies the existence of a transitional Middle to Late
Stone Age industry.This horizon lies directly on top of the weathering zone III of a basaltic basement. The contact is
clear and erosive, this suggests that the observed gravel sequence can not be an erosion surface dating back from the last
40.000 to 15.000 years B.P. and neither be interpreted as an assembly of coarse materials resulting from a mechanism of
solifluction or bioturbation resulting in a rise or drop of the coarse materials. In this case the gravel sequence would be
formed as a result of lateral reworking of the soils occurring on the adjacent slopes, where the stripping off and pavement
formation is linked to climatic oscillations and/or tectonics.
KEY-WORDS:- Stone-line – Coarse material – Stripping - Paving - Middle Stone Age - Late Stone Age - Climate
oscillations - Tectonics
INTRODUCTION
Bien qu‟on s‟accorde sur le fait que les nappes de gravats ou « stone-line » sont des marqueurs
chronologiques et paléoclimatiques, les questions relativesà leurs formations et recouvrements divisent et
suscitentencore de débats. En république démocratique du Congo, les études relatives à la pédogenèse
et au remaniement des sols ont plus porté sur les régionsde ouest (Schwartz 1996, De Ploey 1963, 1964
1965, 1969 ; De Ploey et Van Morsel, 1963, 1966 ; De Ploey et Poesen 1989 ; Stoops 1967, 1989 ; Van
Morsel 1968, Meyer 1960) et du sud-est (Roche 1989 ; M‟Benza-Muaka et al. 1987) que sur celles du
*
Professeur à l’I.S.P-Bukavu
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MULOWAYI K. ; Observation d’une nappe de grave à matériel lithique
216
nord(De Craene 1954) et de l‟Est. Elles sont, d‟ailleurs et particulièrement rares ou inexistantes, dans le
rift Kivu-Tanganyika (Runge 1995).De ce qui précède, la présente note est une modeste contribution à la
connaissance de ce phénomène dans une région des montagnes où l‟intensité de l‟érosion sur les
versants n‟aurait pas favorisé la conservation des horizons à gravats plus anciens comme on le retrouve à
l‟ouest et au sud-est du pays.
29° Lac
Rift Kivu-Tanganyika
Edouard
91
6m
CADRE SPATIAL
1°
LacKivu 42m
14
Champs volcaniques
2°
Bukavu
Nyangezi
Les observations rapportées dans cet article ont été
effectuées sur une coupe d‟un talus basaltique, le long
de la route nationale Bukavu-Kamanyola, sur la rive
gauche de la rivière Bishalalo au niveau (2°38‟59‟‟S,
28°52‟16‟‟E) où celle-ci fait une chute d‟environ dix
mètres avant de continuer son cours à travers le marais
(plaine alluviale) de la Mugera au Nord du Secteur de
Nyangezi. Cet emplacement, en venant de Bukavu, est
situé à 1600 mètres d‟altitude et est à environ 500
mètres de distance du marché rural du groupement de
Nyangezi.La Vallée de la Mugera fait partie du rift KivuTanganyika au sein de la branche occidentale du grand
rift est-africain. Elle est située au sud-ouest du lac Kivu
à plus ou moins 25 kilomètres de Bukavu, dans le
Secteur de Nyangezi. Ses coordonnées géographiques
sont 28°48‟ et 28°53‟ de longitude Est et 2°39‟ et 2°45‟
de latitude Sud.(fig.1)
En forme d‟un mini-graben orienté en direction SW-NE
(Grzybowskiet al. 1986, Kalialia 1984, Villeneuve 1973),
40km
cettevallée est un bassin suspendu et fermé
0
LacTanganyika
(intramontaineous basin) entre les lignes des faîtes des
28°
29°
montagnes de la chaîne des Mitumba dont les Monts
Fig.1Rift Kivu-Tanganyika
Bisunzu
(2520 m), Shafwe (1994m), Luhanga (2263m), Nyidunga
(2502m), Gashaka (2507m) et Ihanga (2548m) à l‟ouest ; du Mont Nkumbwe (2193.3m) au sud-ouest et
les Monts Bangwe (1996m) et Kamashuli (1880m) à l‟est. Son réseau hydrographique est constitué par la
rivière Mugera et ses affluents dont les plus importants sont, de la source (à l‟Est du Mont Gashaka) à la
confluence avec la Ruzizi: la Nyamiloro, la Muzinzi, la Cibaya et la Kansize, sur la rive droite et la
Nabalume, la Cidasa, la Mukubio, la Kaghore, la Cihanda et la Bishalalo (aussi appelée Nyakamira), sur la
rive gauche (fig. 2).
3°
773
m
Mwenga
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MULOWAYI K. ; Observation d’une nappe de grave à matériel lithique
0
S H A F W E (R a n d a h i)
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28°50'
217
F ig .2 V a llé e d e la M u g e ra
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MULOWAYI K. ; Observation d’une nappe de grave à matériel lithique
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BREF APERÇU DES NOTIONS ET THEORIES SUR LA FORMATION ET LE RECOUVREMENT DES
STONE-LINES
Au sujet des nappes de gravats ou « stone-lines »dans les régions intertropicales, une abondante
littérature a été produite (Schwartz 1996; Alexandre et al. 1992; Lanfranchi& Schwartz 1991; Embrechts&
De Dapper 1990 ; Kuete 1990 ; Lanfranchi& Schwartz 1990 ; Schwartz &Lanfranchi 1990 ; Stoops 1990,
1989, 1967; Alexandre &Simoens 1989 ; Alexandre & Soyer 1989 ; Bremer &Späth 1989 ; De Dapper
1989 ; De Ploey&Poesen 1989 ; Embrechts& De Dapper 1989 ; Mc Farlane&Pollard 1989 ; Moeyersons
1989 ;Faniran& Jeje 1983; Tricart 1974; Lévêque 1969; de Heinzelin 1955, 1952). Ces couches à
éléments grossiers (cailloux), parfois discontinues, parfois épaissies localement en petites lentilles, dont
l‟épaisseur varie de quelques centimètres à 1 ou 2 mètres, s‟observent à de profondeurs de l‟ordre du
mètre etreposent habituellement sur des altérites, souvent manifestement tronquées et sont elles-mêmes
recouvertes par un matériau fin, souvent d‟une couleur différente de celle du substratum, dans lequel elles
se sont développées. Ce manteau fin est un ensemble d'horizons pédologiques meubles dépourvus
d'éléments grossiers, appelés "niveaux de recouvrement", ou plus simplement "recouvrement".
Couverture
Stone-line
L‟ensemble « stone-line et recouvrement » a
été appelé «complexes destone-line». Stoops
(1967, 1989 et 1990) en a proposé un profil
de trois niveaux « α, β et » qui reposent sur
un soubassement rocheux non altéré « ».
(fig.3)
On s‟accorde que leurorigine est complexe et,
de toute évidence, différents processus
Saprolite
géomorphologiques, pédogénétiques et
biologiques ont pu intervenir dans leurs
formations. Plusieurs hypothèses émises
mettent en avant les remaniements du sol et
Roche fraîche les oscillations climatiques mais elles ne
ressortent pas suffisamment d‟éléments qui
apportentde solution satisfaisante au
problème ou qui tranchent de façon définitive
Fig.3 Complexe destone-line
en faveur des uns ou des autresprocessus et
origines.Deux conceptions principales opposent, en ce qui concerne des horizons supérieurs du sol, les
partisans d‟une origine «autochtone» à ceux d‟une origine «allochtone».
Pour les tenants de l‟autochtonie, les stone-linesrésulteraient du fauchage des filons de quartz et du
déplacement de pierrailles à la suite de la solifluxion tropicale tandis que les partisans de
l‟allotochtonieestiment que les stone-linesrésulteraient d‟une évolution polygénique des versants,
commandée par des oscillations climatiques. Il s‟agirait d‟un pavage mis en place lors d‟une période de
décapage plus intense du versant (un climat sec) et qui aurait été enterré par colluvionnement et/ou par
les remontées biologiques, spécialement par l‟action des termites, lors d‟une période ultérieure de
stabilisation (un climat humide) à couverture végétale plus dense. Ces remontées aboutissent à un
enfouissement des éléments grossiers ou au recouvrementd‟un pavage d‟érosion (Alexandre et al. 1992).
D‟autres théories sont : l‟enfoncement des éléments grossiers sous l‟effet de leur propre poids
(Cahen&Moeyersons 1977), le soutirage chimique et les flux latéraux de matières solides sous l‟influence
des paléoclimats (Lanfranchi& Schwartz 1990 ; de Heinzelin 1952, 1955).
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MULOWAYI K. ; Observation d’une nappe de grave à matériel lithique
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DESCRIPTION DU PROFIL
D‟orientation NW-SE, le complexe de « stone-line » de Bishalaloest observable sur près de 15 mètres de
longueur et 3-4 mètres de hauteur. Il fait ressortir trois ensembles bien distincts qui se superposent, de
bas en haut, de la manière suivante (fig.4):
Le premier ensemble de 1.5 – 2 m
de hauteur est constitué de blocs
basaltiques, en prismes polygonaux
0
1
et
rectangulaires,
couchés
2
obliquement. La partie sommitale de
3
ces blocs, sur environ 0,4 – 0,9 m au
4
contact avec l‟ensemble suivant, est
5
bien altéré et correspond à la zone
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 141516m III d‟un profil d‟altération. Les
Sol subactuel
produits de cette altération,
Végetation
Géosol, recouvrement argilo-limono-sableux
notamment des débris basaltiques et
des éléments argilo-limoneux, , par
Stone-line contenant des artefacts lithiques
le mécanisme de solifluxion, les
Basaltes (blocs et fragments)imprégnés dans
une matrice argilo-limoneuse
interstices laissés par les blocs
basaltiques.
E
W
m
Fig.4 Coupe de Bishalalo
Le passage de la partie sommitale
de cet ensemble à l‟ensemble suivant est brusque. Nous n‟avons pas pu observer un passage graduel
comme cela aurait pu être en situation d‟un complexeclassique de stone-line tel que l‟on décrit notamment
Lanfranchi et Schwartz (1991) et Alexandre et Soyer (1989).
Le deuxième ensemble est un niveau médian constitué d‟une couche ondulante du cailloutisnettement
remarquable sur toute la longueur de la coupe et a une épaisseur variant entre 0,1 – 0,2 m voire 0.5 m à
certains endroits. Cette nappe de gravatsest un horizon bien distinct, intercalé entre l‟horizon d‟altération
de la roche sous-jacente (le basalte) et le dépôt de recouvrement qui constitue le troisième ensemble de
la coupe de Bishalalo. Son contact avec le niveau d‟altération des basaltes est net et érosif. Du point de
vue du roulis, la composition des éléments de cette stone-line est hétéroclite. On y retrouve aussi bien des
éléments de galets anguleux à subanguleux que des éléments émoussés et bien roulés, tous de quartz et
de quartzite, auxquels se mélange un matériel lithique diversifié (outils, nucleus, éclats, fragments et
déchets), frais et non roulé. Aucun élément de basaltes, même pas un fragment, n‟a été trouvé sur les 15
mètres que nous avons observés.
Le troisième ensemble est une unité sommitale argilo-limono-sableuse de couleur rouge (2,5 YR ¾) et
d‟une puissance d‟environ 0,8-1,5 m. C‟est un dépôt friable présentant une faible et discrète pédogenèse,
remarquable par la présence des tubulures et des galeries attestant des traces de racines et d‟activité
biologique. Aucune structure sédimentaire n‟est observable dans ce dépôt de recouvrement. Son contact
avec la stone-line sous-jacente est érosif.
LE MATERIEL LITHIQUE
Récolté dans une tranchée de 15 carrés de 1 m x 0,5 m chacun, le matériel lithique est présent partout et
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MULOWAYI K. ; Observation d’une nappe de grave à matériel lithique
220
intégralement mélangé aux autres éléments grossiers (cailloutis) constituant la stone-line.
Sur les plans de la matière première et de l‟état, ce matériel lithique est principalement et
presqu‟exclusivement en quartz et en quartzite frais et non roulés. Il est constitué de 4997 artefacts dont
4806 produits de débitage (96,2%) et 191 outils (3,8%).
Les produits de débitage (nucleus, éclats, fragments et débris) sont représentés par un débitage préparé
constitué de 339 artefacts soit 7,1% et par un débitage non préparé regroupant 4467 pièces soit 92,9% de
l‟ensemble du débitage.
La famille des nucleus est composée de 155 nucleus préparéset de 429 nucleus non préparés. Les
nucleus préparés comprennent 7 nucleus à lamelles, 63 nucleus circulaires Levallois diminutifs, 62
nucleus discoïdes à débitage centripète équatorial, 30 nucleus Levallois. La catégorie des nucleus non
préparés renferme 36 nucleus bipolaires, 102 nucleus globuleux, 48 nucleus à un plan de frappe, 58
nucleus à deux plans de frappe, 12 nucleus à trois plans de frappe et 166 nucleus irréguliers.
Les éclats sont au nombre de 627 pièces dont 177 éclats préparéset 450 éclats non préparés. Les éclats
préparés sont composés de 37 éclats Levallois, 73 éclats lamellaires et laminaires, 67 éclats à préparation
dorsale centripète. Les éclats non préparés sont constitués de 188 éclats d‟épannelage, 190 éclats de
débitage, 52 éclats d‟avivage et 20 burins de Siret.
Les fragments et débris constituent le lot le plus important du débitage. Ils sont respectivement au nombre
de 483 pièces pour les fragments (203 fragments d‟épannelage et 280 fragments de débitage) et de 3112
artefacts pour les débris.
Bien qu‟en une infime part du matériel récolté, les outils sont fort diversifiés. On y retrouvedes outils mis
en forme, des pièces retouchées et/ou utilisées et les autres pièces.Les outils mis en forme constituent la
catégorie la plus importante de l‟outillage. Au nombrede 155 pièces, ils représentent à eux seuls 81,2% de
l‟ensemble. Les Grattoirsy représentent 14,7%, les Pointes 12,6%, les Encoches 7,9%, les Outils étroits
aux bords plus ou moins parallèles 10,5%, les Pièces retouchées 8,4%, les Galets aménagés 7,9%, les
Racloirs 6,8%, les Armatures à tranchant transversal 6,3%, les Denticulés 4,2%, les Bifaces 2,1%, les
Burins 1,6%, les Perçoirs 1,6%, les Outils composites 1% et les Becs 0,5%.Les pièces retouchées et/ou
utilisées sont représentées par 16 pièces (8,4% de l‟outillage). Elles sont constituées d‟éclats et des
fragments d‟éclats d‟épannelage et de débitage plus ou moins retouchées et caractérisées par quelques
enlèvements ou aménagements postérieurs au débitage sans intention bien perceptible. Une seule pièce
bien définie est un percuteur (0,5%), un gros galet sphérique d‟environ 11,3 cm de long et 8,2 cm de large.
Les autres pièces sont au nombre de 15 artefacts dont 10 ébauches(5,2%) comprenant 1 ébauche de
biface, 4 ébauches de pointes unifaciales sur éclat et 5 ébauches d‟outils étroits aux bords plus ou moins
parallèles ; 3 pièces tronquées (1,6%)dont les troncatures résultent des retouches plus ou moins
abruptes et 2 pièces diverses (1%) caractérisées par l‟entame d‟un façonnage quelconque ne laissant pas
percevoir les intentions des fabricants.
L‟analyse typologique et technologique a montré que les percussions bipolaire et lancée indirecte et dans
une certaine mesure la percussion lancée directe ont été appliquée dans la production de ces produits de
débitage. Ces techniques sont suggérées d‟une part par les petites dimensions des nucleus et la
présence des nucleus bipolaires et d‟autre part par la présence des talons punctiformes, des bulbes diffus
et des burins de Siret. Ces derniers sont indéniablement la marque de la percussion directe (Tixieret al.
1980).
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DISCUSSION ET CONCLUSION
Les blocs des basaltes qui constituent le premier ensemble représentent la base de la coupe de Bishalalo.
Ces basaltes se trouvent dans la zone des coulées du champ volcanique du sud-ouest du lac Kivu (Cahen
1954, Meyer 1954, Villeneuve 1973c, 1977 et 1980 ; Kalialia 1984, Grzybowskiet al. 1986, Grzybowski
1991). Sur base des données relatives au volcanisme au sud-ouest du lac Kivu, ces produits volcaniques
de Bishalalo pourraient être plus ou moins contemporains des produits des environs de Bukavu datés de
7 +0,4, 6,9 + 0,35 et 5,9 Ma (Pasteels et al 1985, Pasteels&Boven 1989) et sont en tout cas d‟âge
miocène étant donné que les datations K-Ar du volcanisme de la région du Sud-Kivu donnent un âge qui
se situerait dans les limites de 10 à 5 Ma (Pasteelset al. 1989).
La forte altération de la partie sommitale de cette formation basaltique et l‟absence d‟une quelconque
transition entre elle et la stone-line suggèrent qu‟elle (la formation basaltique) devrait avoir subi une très
longue exposition à l‟atmosphère avant d‟être recouverte par l‟ensemble détritique (le deuxième et le
troisième ensemble) et ce, longtemps après que l‟altération des blocs basaltiques ait commencé.
En considérant la morphologie de la région de la Vallée de la Mugera qui est une région de montagne où,
par les effets de la tectonique, l‟érosion sur les versants devait être intense au cours des âges ; il y a lieu
d‟envisager ce qui suit :
D‟abord, par le fait que la stone-line de Bishalalo ne contient ni des fragments des basaltes, ni des
nodules et gravillons ferrugineux, on ne pourrait pas considérer que sa formation est autochtone, c‟est-àdire provenant du soubassement basaltique. Celui-ci n‟a, par ailleurs, aucun lien parental avec cet
ensemble qui le recouvre. Cette considération est aussi soutenue par l‟inexistence d‟un passage
progressif entre la partie sommitale fortement altérée de l‟ensemble basaltique et le niveau caillouteux. Un
tel cas est considéré comme inhabituel dans la formation de stone-lines et résulterait des remaniements
des sols. Büdel (1982: 133) a reconnucette situation dans les hautesterres de Somalieetécritnotamment:
« Harder to explain are the „stone lines,‟ superficially stringers of coarser, usually
slinghtlysubangularclasts, which, however, are not concretions, but gravel or detrital fragments. These are
not common, but when they appear, it is in the upper part of profile, usually a few dm below the surface.
This suggests that they originated through enrichment, especially where the composition of the soil
changes just above the stone line ».
Ensuite, en ce qui concerne les complexes de stone-lines, on sait que d‟importantes érosions des sols ont
pu se produire successivement en un même lieu par des ruissellements aréolaires qui, sous des
conditions climatiques sèches (semi-arides), ont permis l‟exposion en surface de dallages grossiers et,
sous des conditions plus humides, la mise en place de couvertures de particules fines apparentées au
substrat altéré. Cette couverture au moment où la végétation basse devenait plus dense, pouvait aussi
être due à l‟action des termites étant donné que leur travail d‟extraction de produits meubles comporte un
minimum d‟argile (Lanfranchi& Schwartz 1990, Alexandre & Soyer 1989, Thomas 1979, Stoops 1967).
Enfin, notons que bien que la région où la coupe de Bishalalo est exposée soit essentiellement basaltique
d‟âge miocène (Grzybowski 1991, Grzybowskiet al. 1986, Pasteelset al. 1985,Kalialia 1984, Villeneuve
1973, 1977 et 1980, Cahen 1954, Meyer 1954), on y retrouve cependant des roches précambriennes qui
affleurent au niveau de la partie sommitale de la colline, en bordure de la Ruzizi. Tenant compte que les
oscillations climatiques ont certainement entraîné des périodes d‟intenses altérations (périodes humides)
suivies de décapages et de pavages (périodes sèches) et de recouvrement, lors du retour des conditions
humides, il y a lieu de considérer que les éléments de la stone-line, le cailloutis et les éléments d‟industrie
lithique de la coupe de Bishalalo proviendraient du haut de la colline et auraient été déposés vers le bas
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MULOWAYI K. ; Observation d’une nappe de grave à matériel lithique
222
par colluvionnement et constitueraient probablement le pavage le plus récent à cet endroit.
Cette dernière interprétation repose sur l‟idée qu‟il ne serait pas impossible que chacune des phases
sèches qui se sont succédé au cours des derniers 60.000 ans B.P. dans la région au sud du lac Kivu ait
permis, comme à l‟ouest (De Ploey 1969) et au sud-est (Roche 1989) de la république démocratique du
Congo, la dénudation partielle d‟un même dallage préexistant sur les versants ceinturant la Vallée de la
Mugera, donnant aux préhistoriques la possibilité de s‟y installer et d‟y abandonner les produits de leurs
différentes industries.
D‟après ses propres observations des stone-lines du bassin de la Ruzizi, le professeur Ilunga Lutumba
(communication personnelle) fait remarquer que c‟est fort rare de rencontrer, dans cette région, des stonelines plus anciennes à la faveur d‟un bassin sédimentaire. Les stone-lines étant des formations de
versants, ils ont dû subir plusieurs phases d‟érosion au cours des âges. Ainsi pourrait-on expliquer le fait
qu‟on ne retrouve dans cette région qu‟un seul niveau de stone-line et partant le plus récent car ne
contenant que des artefacts de l‟âge de la pierre moyen à l‟âge de la pierre récent.
De ce qui précède, il y a lieu d‟envisager que les matériaux grossiers (les éléments de quartz et de
quartzite) constituant le cailloutis de la stone-line de Bishalalo proviendraient de deux sources différentes
et cela de la manière suivante :
- Un premier ensemble, probablement le plus abondant, serait issu de l‟altération des roches
précambriennes du haut de la colline. Ce seraient des débris du niveauβd‟un complexe de stone-line. On
sait d‟après Stoops (1967) que le niveauβd‟un complexe de stone-lineest un niveau intercalé entre α et et
est caractérisé par la présence d‟éléments assez grossiers plus ou moins abondants de taille variant entre
les gravillons et les blocs, mais généralement des cailloux centimétriques,assez résistants, la plupart du
temps, à l‟altération chimique.
- Un deuxième ensemble, le moins abondant, viendrait du matériel lithique non taillé et/ou taillé importé
sur cette colline par les préhistoriques qui y auraient établi leurs habitats et/ou leurs ateliers de taille.
Contrairement aux observations faites ailleurs, notamment dans la région de Sangha au CongoBrazzaville (Lanfranchi& Schwartz1991), dans le Katanga (Alexandre et al ; 1992, Alexandre & Soyer
1989) et dans le Bas-Congo (Stoops 1967, 1990, au Congo-Kinshasa,où les éléments d‟industries
lithiques sont plaqués au-dessus des cailloux (stone-line) et en sont des constituants essentiels de la
partie supérieure ;ici le matériel lithique est retrouvé au sein même du cailloutis constituant la stone-lineen
question.Ceci amène à supposer que ce matériel enfoui dans le sol ou gisant sur un sol nu au sommet de
la colline a dû être soumis, comme les autres éléments de pierre, aux remaniements latéraux des sols
(décapage et pavage) liés aux oscillations climatiques et/ou à la tectonique. Les mécanismes de pavage
d‟érosion ou de transports latéraux, sur les collines, contribuant à la formation de la stone-line, ont été
démontrés par De Dapper (1989) et par Embrechts et De Dapper (1989 et 1990) et sont soutenus par
Alexandre et al. (1992), Alexandre et Soyer (1989) et thomas (1979). Ces auteurs ont présenté des
arguments en faveur des mécanismes de la pédimentation. Ceux-ci contribuent à la formation d‟une
couche constituée d‟éléments détritiques de nature variée s‟accumulant en couche parfois épaisse. Les
processus de pédimentation comme l‟ablation aréolaire par ruissellement requièrent des conditions
climatiques de type tropical sec ou semi-aride avec couvert végétal clairsemé, ce qui apparaît être le cas
à Bishalalo.
L‟absence des fragments des basaltes dans la stone-line comme celle des éléments grossiers dans le
dépôt de recouvrement poussent à minimiser les hypothèses de la formation de la stone-line de la coupe
de Bishalalo par les mécanismes de descente dans les sols et ceux de remontée du bas vers le haut et de
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MULOWAYI K. ; Observation d’une nappe de grave à matériel lithique
223
considérer ce recouvrement comme étant le dernier et le plus récent quand on sait qu‟à l‟ouest et au sudest, les recouvrements des stone-lines sont connus comme contenant souvent une ou plusieurs industries
lithiques.
Enfin, outre le fait que les caractéristiques du recouvrement sont rigoureusement semblables des
sommets des interfluves surbaissés aux témoins de l‟ancienne surface, on ne voit pas quel aurait bien pu
être le phénomène ayant fait disparaître complètement les très nombreux reliefs locaux nécessités, dans
l‟hypothèse de RUHE, pour alimenter d‟éventuels pédisédiments de chacune des nombreuses ondulations
de cette vieille surface.
Nous voyons que l‟hypothèse (( autochtone )) ne peut guère être discutée pour les sols des sommets et
autres points hauts ; le doute peut cependant planer quant aux versants étant donné que, pour ceux-ci, un
colluvionnement peut tirer son origine des matériaux apportés par érosion des sommets. Nous devons
donc nous appuyer, pour les sols développés sur pentes, sur d‟autres données plus spécifiquement
pédologiques.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA: Aspect de l’ironie par erreurs de raisonnement
226
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 226-240
ASPECTS DE L’IRONIE PAR ERREURS DE RAISONNEMENT DANS Quand les Afriques
s’affrontent de TANDUNDU E. A. BISIKISI
WALUMONA Basubi Alexis*
RESUME :
Cet article s‟inscrit dans le champ des études consacrées à la construction textuelle de l‟ironie. Il consiste en une analyse
du discours des composantes actancielles sur l‟ironie par erreurs de raisonnement pour y relever des procédés de mise en
forme langagière des personnages. Ces derniers étant à voir comme les marques d‟une visée strictement informative : les
« Aspects de l‟ironie chez TANDUNDU E. A. B ». Ils installent l‟ironie par des arguments décousus et la font véhiculer
par le faux. Ensuite, ils montrent qu‟en accentuant ainsi la dramatisation d‟un échange inter actanciel, on accroit
l‟intensification des jugements hâtifs au risque des préjugés. Enfin, l‟étude conclue sur l‟utilité des stratégies adoptées
par des intellectuels africains face à une Afrique déchirée, abusée, agressée et délaissée à son propre sort désespéré.
MOTS CLES : Ironie, Erreur de raisonnement, ironie occidentale, préjugés, stratégies.
ABSTRACT:
This paper is focused on the field of the studies on the textual construction of irony. It consists of the analysis of the
speeches of characters on the irony by the errors of the reasoning to reveal the procedures of the formatting of the speeches
of the characters. The latter have been the marks of a given aim strictly informative: The” Aspects of the irony at
TANDUNDU E.A.B”. They install the irony and then with the rambling arguments and spread it badly. They show
that by putting an accent on dramatization of relationship, they increase the intensification of haste judgments leading
to prejudices. At last, the study concludes the importance of strategies adopted by African intellectuals towards Africa
that is destroyed, abused, assaulted and abandoned on its own.
KEYWORDS: Irony, error of reasoning, western irony, prejudice, strategies.
1. INTRODUCTION
Notre dessein est de considérer, très spécifiquement, le phénomène des erreurs de
raisonnement sous l‟angle de l‟ironie, devenue un art en soit. Il n‟est pas question d‟interroger les
modalités de l‟élément ironique, sa dimension narrative et linguistique comme le signale (LAWSONHELLU, 1998 : 125) mais d‟embrasser plutôt le fonctionnement de cet art par erreurs de raisonnement,
son mode d‟expression à travers ses manifestions, ainsi que son intégration aux autres différentes
composantes de la pièce en nous appuyant sur ses implications linguistiques, stylistiques et
philosophiques (KERBRAT, 1978 : 34). Une lecture attentive de la pièce « Quand les Afriques
s‟affrontent » révèle une constance au niveau de la représentation : Des aspects de l‟ironie (LAWSONHELLU, 1998 : 126). Cette figure présente dans l‟œuvre théâtrale est une incarnation manifeste des
dictatures coloniales et postcoloniales dont l‟Afrique traditionnelle est principalement victime. Ce procédé
y dépeint connait un essor et un emploi de plus en plus fréquent. En effet, l‟œuvre que nous analysons
est l‟histoire d‟un amour entre un Africain et une Européenne ; mais un amour nourri, dans le cas
d‟espèce, par des propos incohérents en échange inter actanciel et qui met aux prises les Afriques en
suscitant les interrogations ci-après :
*
Institut Supérieur Pédagogique (ISP) de Kamituga, Département de français et langues Africaines
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA: Aspect de l’ironie par erreurs de raisonnement
227
-
Quelle attitude devrait adopter les intellectuels africains face à une Afrique confrontée à multiples
problèmes ? Que choisir entre la patrie et l‟amour, l‟Afrique et l‟Europe ?; l‟ « honneur » et la
« honte » ?
-
Quelles stratégies les Afriques (traditionnelle, contemporaine et celle du futur) mettent-elles en
place en vue de désapprouver les préjugés leur formulés par l‟Occidentalisé et/ou l‟Européen ?
Que véhicule alors l‟ironie dont les mauvais arguments sont talents ?
Il sied de dire que la prise de conscience, les leçons tirées du passé misérable de l‟Afrique et la
revalorisation des valeurs africaines par les intellectuels noirs constitueraient une attitude responsable
face à une Afrique déchirée, abusée, agressée, mourante et délaissée à son propre sort désespéré. Le
caractère dénonciateur en est le cheval de bataille. En outre, la révolution psycho-mentale et critique
intégrant ainsi l‟acceptation de soi, mettrait fin au tâtonnement sur le choix embarrassant entre la
« patrie » et l‟ « amour », l‟ « honneur » et la « honte ». Telles seraient, à notre avis, des stratégies
pouvant contourner d‟autres idéologies en l‟occurrence, l‟ironie occidentale. La dénonciation des
injustices par le rire et la dédramatisation d‟une situation tragique ou la subversion des valeurs sont des
fonctions remplies et véhiculées par l‟ironie (GENETTE, 1982 : 28) ; (BERGSON, 1977 : 10 – 17).
L‟objectif est de démontrer à l‟aide des théories philosophiques et littéraires, que l‟ironie comme vision du
monde est une manière de nommer de façon multiple ; de rendre possible la représentation du réel et lui
donner un sens polyphonique face à l‟incongruité (SIMEDOH. 2008 : p…). La sémiotique du discours
combinant les approches narratologique et stylistique nous a permis d‟aborder cette question. L‟étude
prend en compte une ossature qui sillonne les points que voici : ancrages théoriques, manifestations de
l‟ironie dans l‟œuvre, l‟ironie par erreurs de raisonnement et illusions logiques : Traces.
2. ANCRAGES THEORIQUES
ESCARPIT : Le rebondissement et le paradoxe ironique.
ESCARPIT place l‟ironie non pas en opposition à l‟humour mais en son centre. Dans son approche,
le sérieux et le non sérieux rejoignent la théorie développée par Schopenhauer (LAQABI, 1996 : 22) et à
quelques différences près, celle de Bergson (ESCARPIT, 1991 : ….). Mais, contrairement à celle-ci, la
notion est chez ESCARPIT plus étendue et dépasse ce cadre plus philosophique. Il rappelle que le non
sérieux, selon JEAN CHATEAU (1991 : 456), « nous révèle, en effet, une capacité proprement humaine,
celle de distinguer les plans d‟univers et de glisser de l‟un à l‟autre ». Le non – sérieux étant considéré ici
comme synonyme de la plaisanterie ou son domaine de prédilection, il est aussi un lieu de communication
et s‟opère en milieu social. Il donne comme résultat le sourire ou le rire pour atténuer les reproches, pour
montrer qu‟on ne se prend pas trop au sérieux justement, ou encore pour détourner autrui d‟un monde
approprié (LAQABI, 1996 : 23).
SCHOPENHAUER ET BERGSON
Dans sa théorie du ridicule développée dans le Monde comme volonté et comme représentation,
Schopenhauer repris par Saïd LAQABI (LAQABI, 1996 : 23) offre une approche assez intéressante.
Celle-ci s‟articule autour d‟une opposition concept / intuition au sens où c‟est l‟incongruité ou l‟écart entre
les deux qui provoquent le rire. Ce serait en quelque sorte la victoire des sens sur l‟intellect, ce qu‟il
énonce ainsi :
« Si […] quelque chose de réel, d‟intuitif, est rangé à dessein sous le concept de ce qui en est le
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA: Aspect de l’ironie par erreurs de raisonnement
228
contraire, l‟ironie alors n‟est plus que commune et plate ; ainsi, quand par une forte pluie nous disons :
« Voici un temps agréable » ; quand, à la vue d‟une fiancée laide, nous nous écrions : « La belle
compagne qu‟il s‟est choisie là » ; - quand nous disons d‟un filou : « Cet homme d‟honneur », etc. De
telles plaisanteries ne font rire que les enfants et les personnes dépourvues de toute culture ; car ici le
désaccord entre concept et réalité est absolu. Toutefois, et justement à cause de leur caractère lourd et
exagéré, elles ont l‟avantage de faire ressortir clairement cet élément fondamental de tout rire, la
divergence entre l‟idée et l‟intuition ». (LAQABI, 1996 : 776).
Une première définition de l‟ironie se dégage des considérations de Schopenhauer. L‟ironie est
considérée ici dans son acception courante d‟antiphrase. L‟ironie est alors une forme grossière de l‟esprit
car elle ne doit sa manifestation qu‟à l‟évidence du procédé qui s‟appuie sur le désaccord absolu entre
réalité et concept. Cette sorte d‟ironie, constate Schopenhauer, ne fait rire que «les enfants et les
personnes dépourvues de toute culture », à première vue parce que ceux-ci manquent de subtilité.
Schopenhauer revient cependant plus loin sur cette définition du rire en détail et clarifie son propos. En
effet, le contraire du rire et de l‟enjouement est le sérieux qui consiste en la conscience de l‟harmonie
complète entre le concept ou la pensée et l‟intuition ou la réalité. En d‟autres termes, quand il y a une
complète adéquation entre une idée et son expression, il y a du sérieux. Etre sérieux, c‟est penser les
choses comme elles sont et penser qu‟elles sont ce qu‟on pense. Il y a un accord reconnu entre ce qui est
conçu et ce qui apparaît comme produit. Le sérieux consiste alors à rechercher l‟harmonie complète entre
la réalité et l‟idée. Mais il arrive que cette harmonie se brise. Il arrive que la réalité ne corresponde pas à
ce qu‟on pense. Cette harmonie brisée peut alors faire rire et le produit final peut en être interprété de
différentes manières selon le point de vue et l‟angle par lequel on l‟aborde. L‟expression peut être
différente et par conséquent l‟accueil aussi. Tout dépend alors de deux facteurs qui sont la manière de
dire et la façon de recevoir et d‟interpréter ce désaccord entre l‟idée et son expression, entre la conception
d‟une idée et sa représentation, et ceci se fait en rapport avec ce qu‟on appelle le sérieux, ce qui nous fait
voir deux catégories dont le fond est la plaisanterie :
« Si la plaisanterie se dissimule derrière le sérieux, nous avons l‟ironie, ainsi par exemple, quand
nous semblons entrer sérieusement dans des idées contraires aux nôtres et les partager avec notre
adversaire, jusqu‟à ce que le résultat final le désabuse sur nos intentions et sur la valeur de ses propres
pensées. Tel était le procédé de Socrate vis-à-vis d‟Hippias, de Protagoras, Gorgias et autres sophistes et
généralement vis-à-vis d‟un grand nombre de ses interlocuteurs. Le contraire de l‟ironie serait donc le
sérieux caché derrière la plaisanterie. C‟est ce qu‟on appelle l‟humour. On pourrait le définir : le double
contrepoint de l‟ironie […]. L‟ironie est Objective, combinée en vue d‟autrui, l‟humour est subjectif, vivant
avant tout notre propre moi. […] L‟ironie commence par la physionomie grave et finit par un sourire,
l‟humour suit une marche opposée ». (LAQABI, 1996 : 781-782). L‟ironie n‟est plus ici un joyeux drille qui
cherche à faire rire des enfants. Dans cette conception, le désaccord produit par l‟idée et son expression
donne un produit à deux caractères ou à deux visages. L‟ironie, c‟est la plaisanterie cachée derrière le
sérieux. C‟est l‟exemple de Socrate devant les sophistes.
Il a rarement fait rire ces derniers. Bref, Schopenhauer remarque que si bon nombre d‟actions humaines
s‟accomplissent avec la raison et la réflexion, bien d‟autres répugnent à l‟emploi de ces deux facultés.
Pour lui, ce qui explique cet état de choses serait l‟incapacité de réduire la connaissance intuitive à la
connaissance abstraite même si l‟une et l‟autre tendent à un rapprochement comme à un horizon
impossible à atteindre. Cette incapacité, cette impossibilité de rapprocher la connaissance intuitive de la
connaissance abstraite se manifeste entre autres à travers le rire qui, comme la raison, est un phénomène
typiquement humain. Et il le définit comme suit : « Le rire n‟est jamais autre chose que le manque de
convenance – soudainement constaté entre un concept et les objets réels qu‟il a suggérés, de quelque
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA: Aspect de l’ironie par erreurs de raisonnement
229
façon que ce soit, et le rire consiste précisément dans l‟expression de ce contraste » ( LAQABI, 1996 :
93).
Abordant la même problématique, Bergson, dans sa théorie sur le rire, part plutôt du comique. Selon
lui, « on obtient un effet comique en transposant l‟expression naturelle d‟une idée dans un autre ton »
( BERGSON, 1977 : 94). Puisqu‟il existe une multitude de tons, il en résulte une multitude de moyens et
le comique peut passer par un grand nombre de degrés « depuis la plus plate bouffonnerie jusqu‟aux
formes les plus hautes de l‟ironie » (LAQABI, 1996 : 94). Une gradation s‟observe donc dans sa
conception du comique. Tout est question de transposition et de degré. On a, selon Bergson, la
transposition du familier en solennel, de la petitesse en grandeur, du pire en meilleur. Le mouvement
n‟est cependant pas rectiligne. Il peut se biaiser, s‟inverser et se raffiner davantage selon les critères
esthétisants utilisés et surtout selon l‟effet recherché. Parmi les procédés de transposition, il y aurait
l‟hyperbole ou la litote.
Pour Bergson, le cas de l‟ironie qui, prétendant que tout va bien, n‟a pas besoin de l‟indifférence.
En résumé, voici les deux conceptions. Pour Schopenhauer, l‟ironie, c‟est la plaisanterie cachée
derrière le sérieux ; pour Bergson, l‟ironie c‟est énoncer ce qui devrait être en feignant de croire que c‟est
précisément ce qui est. Ainsi, l‟ironie selon Bergson rappelle les exemples traditionnels de la rhétorique :
le blâme par la louange et les modèles que signalait déjà Schopenhauer. L‟ironiste fait croire ce qui n‟est
pas.
JANKELEVITCH : Ironie, une question de gradation
Selon lui, l‟ironie est cinglante, émerveillant, fielleuse, méprisante et agressive. Elle est une sorte
de rosserie amère qui exclut l‟indulgence. Dans la notion de l‟ironie, Jankélévitch évoque également la
question de l‟humour à une nuance de gentillesse et d‟affectueuse bonhomie que l‟on ne retrouve pas
dans l‟ironie. Les qualificatifs employés par cet auteur montrent tout de même une opposition entre
l‟humour et l‟ironie. Malgré cette opposition apparente, Jankélévitch opte quand même pour l‟idée que
l‟humour est un dépassement et un accomplissement ; il le considère comme plus sérieux : « Cette ironie
qui est finalement sérieuse, c‟est ce qu‟avec Höffding on pourrait appeler l‟Humour » (SIMEDOH, 2008 :
171). Par moment Jankélévitch parle respectivement de « l‟ironie fermée » et de « l‟ironie ouverte ».Cette
dernière serait un fait d‟humour selon les caractéristiques qu‟il en donne : « l‟humour, c‟est de l‟ironie
ouverte : car si l‟ironie close ne désire pas instruire, l‟ironie ouverte est finalement principe d‟entente et de
communauté spirituelle » ( SIMEDOH, 2008 : 172).
HENRI MORIER et le paradoxe ironique
Pour Morier, l‟ironie est l‟expression d‟une âme qui, éprise d‟ordre et de justice, s‟irrite de
l‟inversion d‟un rapport naturel, normal, intelligent, moral et qui éprouvant une envie de rire
dédaigneusement à cette manifestation d‟erreur ou d‟impuissance, stigmatise d‟une manière vengeresse
en renversant à son tour le sens des mots (antiphrase) ou en décrivant une situation diamétralement
opposée à la situation réelle (anti catastase). Ce qui est une manière de remettre les choses à l‟endroit
(SIMEDOH, 2008 : 555). En d‟autres termes, face à une situation d‟ordre renversé ou d‟injustice, l‟ironie,
attitude mentale, se propose de remettre les choses telles qu‟elle le voudrait et le fait non sans renverser
elle-même le processus.
C‟est en cela que l‟ironie constitue en soi un paradoxe parce qu‟elle s‟oppose à l‟opinion courante ou à
une situation jugée inacceptable et, pour ce faire, adopte un raisonnement qui dissimule et contredit dans
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son énonciation, l‟objet de la critique (SIMEDOH, 2008 : 92-96).
Selon Morier, ce qui dérange l‟ironiste est l‟incongruité entre ce qui est dit et le contexte où se
produit le discours, entre le signe et son objet. En ce sens, l‟ironiste est un idéaliste qui souffre de l‟erreur
et voudrait corriger ce qui déforme la vérité ou ce qui ne devrait pas être. Pour résoudre ou remettre les
choses à leur place, l‟ironiste une du dédain et surtout du rire, un rire fermé, peu ouvert. On est ici dans la
définition traditionnelle de l‟ironie qui est l‟antiphrase : dire le contraire de ce que l‟on pense. C‟est une
première étape dans la définition, celle qui est souvent privilégiée, mais il ne faut pas oublier que, dès les
origines, l‟ironie est un système à panorama très varié selon le but visé, le sens voulu ou espéré, et les
figures qui y président. Il faut aussi ajouter que l‟ironie appartient à plusieurs catégories et que, par
conséquent, on dénombre plusieurs genres d‟ironie.
L’ironie socratique
De source philosophique et associée, comme son nom l‟indique à Socrate, l‟ironie socratique est
caractérisée par une ignorance ou une complaisance simulée afin de faire ressortir l‟ignorance réelle de la
victime ou de la cible. C‟est une attitude ou état d‟esprit qui apparaît aussi dans l‟autodénigrement
raffiné, humain, dissociation entre les identités, entre l‟être et le paraître, qui est finalement sa source.
Elle feint la naïveté et la plaisanterie. Le rire provoqué est équivoque et porteur d‟un jugement ambigu. Ici
l‟ironie est plutôt une attitude qu‟autre chose, car l‟ironiste, par le rire, cherche son propre plaisir, mais le
fait aux dépens d‟autrui ou de lui-même. Ce type d‟ironie joue sur la dissimulation qui est la première
caractéristique de l‟ironie selon Schopenhauer. Selon lui, l‟ironie constitue un masque qui demande à être
arraché. C‟est la figure de Socrate qui se fait passer pour un ignorant pour mieux confondre ses
adversaires. Attitude interrogatrice, l‟ironie se trouve au cœur de la maïeutique et cherche à faire coïncider
la conscience intellectuelle et morale. C‟est pourquoi Jankélévitch considère l‟ironie comme une
autoréflexion :
Socrate crible de questions les marchands de belles phrases et il prend un malin
plaisir à crever leurs outres d‟éloquence, à dégonfler ces vessies toutes peines
d‟un vrai savoir. Socrate est la conscience des Athéniens, tout semble leur bonne
et leur mauvaise conscience ; c‟est-à-dire qu‟on retrouve dans sa fonction la
disparité propre aux effets de l‟ironie, selon que celle-ci nous délivre de nos erreurs
ou nous prive de nos croyances. (JANKELEVITCH, 1964 :10-11).
Les certitudes ne tiennent plus. Les dogmes philosophiques, et moraux s‟estompent. L‟ironie est
systématiquement une remise en question. Celle-ci, cependant, a un but, celui de la recherche de la
vérité, et elle utilise la dialectique comme moyen mais dont le sens est autre chose. Ce pourquoi la figure
la plus utilisée est l‟allégorie. Cependant un constant s‟impose : l‟ironie socratique, de par son
fonctionnement, donne dans du sérieux car devenue méthode. Elle n‟est pas un simple jeu mais sérieux.
Cela oblige à poser la question des rapports entre le ludique, l‟ironie et le sérieux. L‟être l‟emporte sur le
non-être. Mais au fil du temps, l‟ironie socratique devient une stratégie critique de remise en question des
idées reçues, une rhétorique dont l‟ambition philosophique est non seulement de s‟approcher du vrai et du
bien mais aussi de convaincre un public par la dialectique (SIMEDOH, 2008 :46-47).L‟ironie socratique
étant une dialectique, le lieu où elle s‟exerce est la conversation ; elle est très développée dans
l‟Eutyphron où Socrate se pose en victime d‟un détracteur et aussi dans Ménon. Mais c‟est surtout dans le
Banquet de Xénophon que l‟interrogation d‟apparence naïve et sans prétention est mise en évidence :
« Eh bien ! reprit Socrate, ne vous semble-t-il pas qu‟il appartient au bon
apparieur de se rendre agréable à son partenaire celui ou celle qu‟on lui propose
certainement. – Et n‟est-ce pas aussi qu‟un homme peut, avec les mêmes yeux,
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exprimer soit l‟affection soit la haine ? – certainement ? – Et peut-on, avec la
même voix, parler de façon modeste ou de manière arrogante ? – certainement.
– En outre, certains propos ne font-ils pas naître la haine tandis que d‟autres
inspirent l‟amitié ? – certainement. – Dans tout cela, le bon entremetteur
n‟enseignera-t-il pas ce qui est de nature à plaire ? – certainement. – Quel sera
donc le meilleur : celui qui peut rendre agréable à une personne, ou agréable à
plusieurs ?
Après avoir constaté que l‟on était aussi d‟accord sur ce point, Socrate
poursuivit : « Mais si quelqu‟un pouvait rendre les gens agréables à la cité tout
entière, ne serait-il pas le parfait entremetteur ? – par Zeus, il est évident, s‟écria
chacun (…) » (Le Banquet 57-64, cité par Morier, 1961 :53-54) ».
L‟ironie Socratique traverse les siècles et se développe. Schlegel s‟en empare dans sa théorie de
l‟ironie romantique ; Kierkegaard s‟interroge sur le caractère subjectif de l‟ironie socratique
(KIERKEGAARD. : 1975 :18) et Jankélévitch met l‟accent sur son aspect autoréflexif.
Tout compte fait, nous retenons de ces théories que l‟ironie comme vision du monde, est au
carrefour de plusieurs manifestations (- le rire, la blague, la division, et la satire) que nous baptisons ici
« la banlieue de l‟ironie ». En effet, c‟est par des arguments décousus des actants que l‟ironie s‟installe
dans la pièce. En d‟autres termes, c‟est le faux (erreur dans le raisonnement) qui véhicule l‟ironie. Telle est
l‟acception qui constitue le soubassement de l‟analyse ultérieure du présent article.
3. MANIFESTATION DE L’IRONIE DANS L’ŒUVRE DE TANDUNDU E.A.B
3.1. Les actants : de la raideur au ridicule
Les acteurs de la pièce incarnent la catégorie des colonisés. Cette catégorie est l‟image de
l‟Afrique traditionnelle. Par son truchement, TANDUNDU (1984) passe en revue, le monde colonial et
introduit le lecteur au cœur du pouvoir colonial usurpateur et dominant. Mais au lieu des êtres graves, les
actants détournent, par une singularité particulière, le ridicule qui se manifeste sous plusieurs formes. La
représentation faite d‟eux laisse voir des colonisés appartenant bien sûr à ces « millions d‟hommes
arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à la vie, à la danse, à la sagesse,… » (SIMEDOH,
2008:83). Mais leur portrait est encore plus éloquent dans la mesure où « l‟Africain se détache des siens
par son caractère risible » (SIMEDOH, 2008 :84). Ce qui pousse l‟acteur HUNG à adopter une attitude de
dénonciation :
« Oui : Je vous accuse, vous et vos ancêtres d‟avoir été vaincus par l‟Occident, de
ne nous avoir transmis en héritage que la honte. La honte de la défaite. (Un temps).
Et puis non ! Votre défaite n‟est pas ma défaite. Je ne veux pas l‟assumer. Pourquoi
en porterais-je le poids ?
Pourquoi ? Je ne suis pas de votre bois. Je suis de ceux qui défient le tonnerre ! (Au
public) Ah ! je rêve d‟une Afrique unie, et forte, et … fière ! » (TANDUNDU,
1984 :120).
Ses relations et ses actes participent à la raideur tel qu‟en parle Bergson à propos du comique
qui se réalise par une sorte de mécanique planqué sur un corps humain :
« c‟est plutôt que le geste saisi paraît plus franchement machinal quand on peut le
rattacher à une opération simple, comme s‟il était mécanique par destination (…).
Nous venons de la déduire à priori, mais les pitres en ont sans doute depuis
longtemps l‟intuition » (BERGSON, 1985 :26).
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C‟est donc le geste machinal qui pousse au rire parce que là où on attend la vie, il y a une sorte
de rigidité qui se manifeste. Cette mécanisation s‟observe dans la pratique religieuse de l‟Africain
traditionnaliste par le biais de l‟intervention de l‟actant ISAKA. En effet, ce dernier paysan converti au
christianisme, étonne par sa pratique religieuse. Dès le lever de son lit et dans une rage assez comique
d‟ailleurs, il oblige sa femme à prier avec lui mais en allant vite, quitte à laisser faire la prière aux saints :
« Prions !(…) Tu laisseras les prières à tous les saints. Je ne veux pas être en retard
(…) Au nom du père(…) Ils prièrent d‟une voix monotone et chantante, agenouillés
sur leur lit de bambou comme des chameaux que l‟on charre. ISAKA dit enfin
Amen » (p.55).
Cette dévotion mécanique s‟observe également au moment de la décoration. ISAKA souffrant
d‟un besoin naturel et pressant, s‟abandonne à son Dieu :
« Dieu tout puissant, pria-t-il intérieurement (…). Tu vois que mon plus cher désir en
ce moment où j‟attends la médaille et le chef des Blancs, seul dans ce cercle, seul
dans deux mondes, entre trois Afriques, (…) oh !, mon Dieu ! que tu fis totalement
différent(…) Mon cher et grand désir est d‟enlever ces souliers et de pisser (…) Oui,
de pisser (…) Je ne suis qu‟un pauvre pécheur et je ne mérite pas que tu m‟écoutes
(…) mais je te prie de m‟aider dans cette position sans précédent dans ma vie, au
nom de Jésus-Christ notre seigneur. Ainsi soit-il (…) je fais le signe de croix
intérieurement ». (p.57).
Toujours dans l‟exercice de sa dévotion, ISAKA applique les préceptes sans réflexion, ce qui en
accentue la raideur, c‟est dans ce sens de rigidité dans la pratique des préceptes que ce personnage fait
don de ses terres à la mission catholique et vit lui-même dans une case misérable : « il avait « donné »
ses terres aux prêtres et habitait une case misérable au village dont la Mission portait le nom et qui
s‟étendait au pied du cimetière » (p.57). Et le commentaire de cet actant narrateur, tout en jouant de
l‟ironie, accentue ce ridicule :
« Il avait eu la grâce insigne d‟être le propriétaire d‟une terre qui, un beau matin, plut
au Bon Dieu. Ce fut un père blanc qui lui révéla sa divine destinée. Comment
pouvait-on aller contre la volonté de celui qui donne ? L‟ancien Africain, entre temps
avait été recrée par le baptême, s‟effaça devant l‟huissier du tout-puissant. Il suivit
enthousiaste, l‟édification du quartier du seigneur sur la terre de ses ancêtres »
(p.64).
Cette rigidité ou manque de jugement dont fait preuve ISAKA dans l‟exercice de sa religion, est le
résultat d‟une pratique mécanique qui occulte la raison qui doit donner normalement une flexibilité aux
actes et régir ainsi de façon intelligente les actions. En effet, les personnages posent des actes comme
s‟ils allaient de soi sans aucune réflexion au préalable, comme le fait remarquer l‟acteur AZIZAH : « Bosse
de vache ! Sa tête me revient ! dit le voisin de LEMBA. M‟est avis que … mais c‟est toi qui a filé ta terre au
bon Dieu ! – A la mission catholique, rectifia un autre » (p.28). Cette intervention souligne le côté naïf du
personnage AZIZAH et démontre aussi qu‟il est possible de distinguer la mission catholique et Dieu. Ce
que ne fait pas forcément AZIZAH. L‟artifice comique se révèle par cette opposition qui se fait par dialogue
interposé et par l‟exagération dont fait preuve AZIZAH dans sa pratique religieuse. Dans l‟exercice de sa
foi, AZIZAH agit donc de façon mécanique, et il en est de même dans d‟autres situations, comme en
témoigne ce dialogue entre lui, NGWAP et KONGOLO :
« - Tu as dû te lever tôt pour chasser ! lança son ami NGWAP qui ne quittait pas des
yeux le pantalon d‟AZIZAH. Un bon chasseur, c‟est comme une putain, ça sent à
distance …
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- J‟ai pris raccourcis, dit AZIZAH avec un sourire gêné. Je ne suis bien que sur les
pistes … ça, c‟est plus fort que moi … la route, avec ces gros cailloux … »
(p.77).
AZIZAH est tellement habitué à prendre des raccourcis qu‟il lui est impossible de marcher sur la
nouvelle route. Ici c‟est encore l‟habitude, c‟est-à-dire le manque de souplesse, qui devient source de
comique. Disons que la pièce traduit la naïveté des intellectuels africains à travers les personnages et met
à nu l‟hypocrisie des colonisateurs en dépassant la frontière à ne pas franchir : « KONGOLO : je demande
si vous pouvez venir manger avec lui le bouc que son beau-frère lui a apporté pour célébrer la médaille
que vous lui avez donnée. Je le dis parce que depuis que les Blancs sont ici, il n‟a jamais vu un Blanc
inviter un indigène ni un indigène inviter un Blanc. Etant donné qu‟ils sont maintenant des amis ou plus
que cela comme le grand chef, le Haut-commissaire l‟a dit, il faut bien que quelqu‟un commence »(p.103).
Cette invitation de KONGOLO dénote son esprit simple qui prend les choses au premier degré. Comme
montré plus haut, la délimitation de l‟espace ne se limite pas au physique mais affecte le psychologique.
C‟est ce que KONGOLO n‟a pas compris en osant inviter chez lui le Haut-commissaire. Ici, la
communication se situe à des niveaux différents. KONGOLO se méprend de la signification véritable des
paroles du Haut-commissaire à travers ces séquences : « … le Haut-commissaire sourit et parla à
l‟interprète ; … l‟Africain regrette de prononcer les paroles suivantes après quelques verres de vin, mais il
y a un proverbe africain qui dit : « si tu veux savoir ce qu‟un ami pense de toi, bois quelques gobelets avec
lui »
Tous les Blancs remuèrent. Un Blanc s‟épongea le visage. Le dessous du menton du Haut-commissaire
se gonfla et se dégonfla … » (p.104).
3.2. De l’ironie socratique au sarcasme dans Quand les Afriques s’affrontent
L‟ironie, comme on l‟a vue, prend plusieurs formes. L‟une des formes connues est l‟ironie
socratique. Celle-ci s‟insère soit sur le plan de la connaissance, de la vérité, soit sur celui de l‟action
(SIMEDOH, 2008 : 98). Elle ne vit que mouvante dans le sens que l‟ironiste lui donne, d‟où sa forme dite
maïeutique (SIMEDOH, 2008 : 49). Dans son mouvement, l‟ironiste qui se sait faible passe à l‟attaque,
ce qui ne l‟empêche pas de devenir agressif, dès que faire se peut. A ce niveau, l‟ironie sait taquiner les
colosses par la raillerie et c‟est à partir de ce moment d‟agressivité qu‟elle prend la forme du sarcasme
(LAQABI, 1996 : 48). Celui-ci place des explosifs, petits donc dissimulés, mais, surtout ravageurs.
N‟appelle-t-on pas d‟ailleurs, le sarcasme l‟ironie mordante ? Ici, l‟ironiste se rebiffe dans l‟adversité. Il est
malveillant et plus grossier, aigre et acide. Il s‟exerce en présence de celui qu‟il vise. C‟est un tel
mouvement que nous notons dans Quand les Afriques s‟affrontent. Les actions de la pièce se situent
dans les années 80 et se présentent sous forme de dénonciation des incapacités des intellectuels
africains face à un choix embarrassant entre « la patrie » et « l‟amour », « l‟Afrique et l‟Europe »,
« l‟honneur et la honte ». A travers cette dénonciation, les personnages (ISAKA, AZIZAH, LEMBA,…)
incarnent le prototype d‟homme africain naïf et plaçant l‟homme blanc au sommet de toute connaissance
et civilisation :
« Quelle histoire l‟africain, le Noir peut-il avoir ? Sans parler de sa civilisation… Je
commence à m‟en douter ; Hé ! Comment un africain ne peut-il pas se réjouir d‟épouser
une blanche ? J‟ai découvert le monde ; adieu sale Afrique… » (p133).
L‟illustration ci-haut dégagée est une preuve que l‟intellectuel noir ne s‟assume pas. Le goût de
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l‟ailleurs crée, tour à tour, une panique généralisée dans son chef. Pour lui, l‟amour et le mariage mixte
valent plus que la patrie. Ainsi, ISAKA consigne minutieusement les faits dont il a été témoin et les
conversations auxquelles il a assisté, les comportements des habitants des différents villages. Il se
contente de relater les faits sans poser de jugement à priori. Si TANDUNDU s‟attarde sur la civilisation,
c‟est qu‟il participe au même titre que le Blanc colonial au pouvoir de domination ; cette réalité s‟ancre
dans le caractère religieux de l‟œuvre. La collusion est constatée à la page 97 :
« DUGA : - Père, vous ne pouvez savoir quelle surprise c‟est de vous retrouver là, au
détour d‟une piste dans votre blanche soutane, immaculée, comme une divine
apparition… Parfois, il me semble que je vais croire aux anges gardiens. Mais je vous
interdis formellement, entendez-vous ? formellement (…) oui, formellement, d‟appeler
enthousiasme le splendide épanouissement que je dois à ma sublime vocation, une
vocation unique … hum ! avec la vôtre, quoi ! D‟ailleurs, je continueà soutenir envers et
contre vous que la mienne et la vôtre n‟en font qu‟une » (p. 150).
Tout en voulant instaurer sa foi, le père Frank inculque aussi sa culture dépouillant son message
de son contenu. C‟est ce qu‟observe Eloïse BRIERE : « (…) le projet chrétien ne s‟est pas cantonné dans
le domaine du sacré et du message christique car s‟est intimement lié à celui du monde profane. Le
missionnaire s‟engagea activement à répandre les techniques et pratiques de sa culture d‟origine. C‟est
bien ce lien avec l‟administrateur et le commerçant qui a vidé le message du missionnaire de sa
dimension sacrée, le ramenant au niveau des choses mortes » (p. 54). Les personnages sont façonnés
de telle sorte qu‟ils servent de miroir les uns aux autres. Au fil du théâtre, les objets, et principalement les
valeurs véhiculées par la religion s‟annulent. La méthode n‟est pas une confrontation, même si, par
moments, les paroles des uns et des autres peuvent faire penser à une certaine velléité de violence. Mais
en général, il se dégage du rire, un rire grinçant. C‟est ainsi que s‟observe le déchirement du voile du
mensonge qui se manifeste par plusieurs tiroirs : la naïveté, la parabase, la déconstruction. La
construction de l‟œuvre devient un lieu où les valeurs se déconstruisent et l‟esthétique est celle du
sarcasme au sens où l‟ironie prend une touche grinçante, critique et devient mordante par un constat
d‟échec.
3. 3 La mise en scène, du règlement au dérèglement : La parodie
Jouer c‟est d‟abord se divertir, s‟évader, se détourner du moins provisoirement des contraintes et
des exigences de la vie (SCHOPENHAUER, p. 781). Mais c‟est aussi s‟imposer une autre contrainte qui
consiste à se soumettre à un code aux conventions strictes du jeu d‟où l‟expression « Jouer le jeu ». La
contrainte que l‟on s‟est imposée a pour but le plaisir, la relaxation ou le soulagement. Par ailleurs,
l‟aspect mécanique du jeu, dans le sens de « jouer le jeu » où une règle s‟établit peut conduire à la
multiplicité de fins, dont l‟adéquation ou l‟inadéquation du fait de la gratuité. Ainsi, une première règle peut
se muer en une autre, d‟où le dérèglement au sens où le produit se structure différemment, et d‟où
l‟expression « jouer de quelqu‟un ». Dans la pièce, le personnage joue pour soi un jeu qui diffère de celui
de l‟autre. Là se pose tout le problème de la représentation et de l‟objectif ou l‟effet recherché. C‟est ce
que souligne BOURQUIN : « L‟application du terme aux opérations de la mimesis, dans des expressions
comme « jouer aux gendarmes et aux voleurs », « jouer à la guerre » (…), et aussi « jouer un morceau /
une pièce de théâtre »… » prend tout son relief : ce qui est évoqué est l‟ambiguïté de la représentation,
du signifiant au signifié, qui est de l‟ordre non de la duplication mais de l‟interprétation. Car le signifiant
joue le signifié à la fois dans toutes les acceptations du jeu. (BERGEZ et al, 2010 : 151). C‟est dans cette
perspective que la scène de la remise et réplique des paroles aux actants KONGOLO et KAHONG se
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réalise.
Toutefois, pour récompenser le personnage KAHONG de sa contribution dans l‟œuvre de la
colonisation, il a été décidé de le décorer lors de la cérémonie de la remise de dot :
« Tu as beaucoup milité pour faciliter l‟œuvre de l‟Europe dans ce village. Tu as donné
des terres aux colons – missionnaires, tu avais en plus livré tes deux enfants à la guerre
où ils ont connu une mort glorieuse… (…). Tu es ami (…) vraiment le cadeau que nous
t‟offrirons veut dire que tu es plus que notre ami » (p. 220).
La scène de la cérémonie est savamment orchestrée et bien mise en évidence par les acteurs.
Divers éléments sont mis en exergue, et entre autres, la description de la posture de KAHONG lors de la
remise de la dot :
« (…) Tête nue, les bras collés au corps, moi KAHONG, je me tiens immobile devant
cette maison, où il me faut attendre l‟arrivée du représentant des civilisés occidentalisés.
Des gardes alors à grand-peine ses congénères masses derrière lui » (p. 194).
A cette attitude s‟ajoutent les regards de ce personnage :
« KONGOLO : - Petit idiot que tu es KAHONG.
N‟est-ce pas toi qui regardas timidement comme un animal qui s‟est observé. Tu te fis
violence pour résister à l‟envie de passer ta paume sur ton visage pour essuyer la sueur
qui parlait sur le bout de ton nez (…) Tu réalisas que tu étais dans une situation étrange.
» (p. 229).
Au lieu de tout le monde, KAHONG est solitaire et étonne par sa posture. La comparaison avec
un animal souligne bien son état détraqué et le met en position d'un objet d'observation. La situation ellemême est étrange car inhabituelle. KONGOLO laisse voir que KAHONG fouille dans son passé et ne
trouve personne de son village qui ne soit mis dans cette position. C'est la mise en place de deux
mondes, celui de privilégiés et dominants (Africains modernistes) et celui des dominés, complètement
différents qui, malgré cette cérémonie, garde chacun ses valeurs (Africains conservateurs). En réalité,
KAHONG ne comprend pas ce qui se passe et trouve drôle d'ailleurs qu'on le déteste pourtant il est
dépositaire des us et coutumes et s'oppose à toute symbiose culturelle: « Mes frères je ne suis pas d'avis
que le mariage Européenne – Africain soit pour nous un salut comme beaucoup le pensent... vous
intellectuels quelle attitude prenez-vous devant notre Afrique abusée, agressée, déchirée, mourante,
délaissée à son propre sort désespérer ? » (p292). Ici, la phrase se fait sous forme d'un discours indirect
libre. C'est tout le protocole imposé qui devient objet de caricature dans la description. Le monde des
dominants où les Blancs appliquent de façon machinale un protocole qui leur est familier. Ce qui est plus
intéressant dans la description de ces deux mondes c'est non seulement le regard que les uns ont par
rapport aux autres mais et surtout l'attitude tâtonnante qu'affichent des intellectuels africains tel que
déploré par l'acteur LOWEY (p. 295 : « LOWEY – Que diable ! C'est bien tout Kinshasa universitaire qui y
est représenté ou presque. Vous avez été surpris dans le véritable visage qui est celui des intellectuels
africains ; le visage de l'indécision ». Ceci dit, la question de savoir quelle attitude adoptent les
intellectuels africains devant une Afrique déchirée demeure pendante dans le chef de ceux-ci. Les uns se
dérobent à leurs responsabilités, au nom d'une idéologie souvent désuète, si non mal digérée. Les
autres, les rares qui prennent fait et cause pour l'Afrique, ne sont pas entendus. Et bien d'autres piétinent
la patrie au profit de l'amour ; choisissent l'Europe c'est-à-dire l'honneur et critiquent acerbement les
valeurs originelles. Quoiqu'il en soit, une partie d'intellectuels noirs estime que la meilleure attitude à
prendre serait un comportement dénonciateur tel que déclaré par HUNG :
« Le portrait que vous venez de faire des intellectuels africains, n'est-il pas en réalité la
projection inconsciente de votre propre univers intérieur ? N'est-ce pas le reflet
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dénonciateur de votre déchirement ? » (p297).
Ainsi, la lecture de l'œuvre laisse penser que les Afriques (traditionnelle, moderne et celle du
futur) sont déchirées par un conflit qui réside dans la recherche difficile de conciliation. Il consiste en
l'adoration aveugle de l'Occident :
« … HUNG : - Nous sommes ce que vous avez voulu faire de nous. Dès l'enfance,
vous nous avez braqué sur l'Europe, vous nous avez présenté l'Europe comme l'idéal,
le modèle par l'excellence. Nous avons même appris le français au détriment de nos
langues maternelles. Nos programmes furent exactement ceux des petits Belges ou
Français. « École métropolitaine » disait-on » (p299).
« … Vous étiez fier de vos enfants qui parlaient la langue des Blancs, qui savaient
l'histoire, la géographie, la littérature de l'Europe » (p299).
« … Vous avez encouragé l'acculturation, le matraquage intellectuel » (p299).
En somme, progressivement, cette scène que les acteurs ont pris le soin de décrire longuement
va connaître une mise en scène de la part des habitants du quartier de HUNG, le futur époux : de retour
chez lui après les déboires suite aux conseils lui prodigués par les traditionalistes, HUNG est au plus mal
car n'émettant plus à la même longueur d'ondes que les sages africains. Sa douleur est palpable. Ce qui
devrait être une joie chez lui s'est mué en souffrance. La tonalité, en ce moment de dialogue, est grave,
mais rapidement, le ton change, allégé par la parodie. Toutefois, l'identification de l'acte de langage des
personnages conditionne largement l'interprétation du message délivré, au delà de la compréhension de
son contenu sémantique. Par exemple, la motivation de l'énoncé du personnage NGWAP lorsqu'il
s'adresse à HUNG : « j'ai appris que tu as obtenu ton diplôme... » (p258) peut être de féliciter son
destinataire, de s'excuser d'avoir douté de sa réussite, d'ironiser sur un succès tardif ou supplément de
l'informer du fait rapporté.
4. L'IRONIE PAR ERREURS DE RAISONNEMENTS ET ILLUSIONS LOGIQUES : TRACES
Le processus pour analyser la validité des arguments des personnages de ce théâtre congolais
n'est en général pas si simple. Quelques réflexes et une certaine habileté mentale, acquis par la pratique,
ajoutés à une façon de penser strictement logique, sont nécessaires.
Dans cette œuvre, certaines erreurs de logique sont faciles à reconnaître, tandis que d'autres sont plus
subtiles et difficiles à découvrir. Ici, le sujet des erreurs de logique ne sera pas traité de manière
exhaustive, formelle ou académique mais comme dit plus haut, il s'agit de démontrer comment, par des
arguments décousus, l'ironie s'installe. En d'autres termes comment le faux (erreur) véhicule-t-il l'ironie.
4. 1 La généralisation abusive ou l’induction
La généralisation abusive ou raisonnement inductif consiste à tirer des conclusions générales à
partir de cas particuliers. Celle-ci devient donc très rapidement et très facilement abusive, surtout si elle
a pour objet le comportement d'autrui,... (CUQ et MICHEL, 2003 : 86). Ce raisonnement est
particulièrement fréquent dans la pièce telle que nous le cernons à la page (34) :
« Tu es philosophe toi et puis Zut
Donc, nous approuvons que nous sommes une société de philosophe ».
Le personnage-narrateur part uniquement de la première prémisse vers une conclusion hâtive.
Pour lui, la deuxième prémisse n'a pas de raison d'être. Ce qui dégage le caractère incomplet et aberrant
de ce raisonnement inductif. En effet, le gros de l'ouvrage sillonne non seulement des conclusions hâtives
mais aussi des affirmations gratuites. Il s'agit ici d'un problème de valeur culturelle. Pour AZIZAH, c'est la
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA: Aspect de l’ironie par erreurs de raisonnement
237
société qui prime sur l'individu alors que pour ISAKA c'est l'inverse. Les deux s'opposent culturellement.
Cette réalité est une caractéristique dominante chez bien des acteurs. Ainsi, à la page 35, les propos :
« ISAKA – Objection ! Proclamer la primauté de l'individu sur la société, c'est légitimer l'anarchie »
renvoie au fait que ce personnage (AZIZAH et ISAKA) aient des avis partagés au fur et à mesure qu'ils
échangent. Ils n'émettent plus sur la même longueur d'ondes. Cette opposition entre ces antagonistes se
poursuit à la même page par l'argumentation d'AZIZAH :
« AZIZAH : - Attention, ISAKA. Les individus ne sont pas dans la société comme des
éléments d'un ensemble géométrique. Les premiers sont doués de liberté, les seconds
non. Cela change tout » (p. 35).
Quoiqu'il en soit, la réplique d'AZIZAH est un apport correctif dans le fond et la forme du propos
de son émetteur. Contrairement à ISAKA, il prend soin du respect strict de la logique dans son
argumentation, c'est-à-dire la fidélité à la justification de son point de vue. C'est au développement de son
allocution, que l'actant d'AZIZAH tombe dans la même erreur de raisonnement que son interlocuteur. Il
conclue alors son discours à partir des prémisses posées par le point de vue d'ISAKA : « … Conclusion :
la société traditionnelle est une société tyrannique et barbare », dépourvu de pertinence argumentative.
En d'autres termes, cette conclusion est emprunte de préjugés nourris par l'occident. Et dans l'énoncé
prononcé par ISAKA à la page 41 : « … la colonisation fut la chance de l'Afrique noire. Donc, vive la
colonisation ! N'est-ce pas, AZIZAH ? », l'on dit une affirmation ironique et provocatrice.
La conjonction Donc annonce ici la conclusion, amplifiée davantage par l'oppression dont fut victime le
continent noir de l'époque coloniale. Le personnage ISAKA se moque acerbement de son interlocuteur.
C'est, autrement dit, cette affirmation débrisquant l'orgueil occidental qui explique de manière implicite
l'erreur de raisonnement dans le discours. Telle est la raison qui indispose ISAKA dans cette réplique
colérique d'AZIZAH : « Si tu comptes sur moi pour avaliser cette énormité tu te trompes de porte, ISAKA.
Pas si bête » (p. 41).
Pour des raisons de finesse, TANDUNDU ne se passe pas de types de raisonnements qui
caractérisent les didascalies de la pièce. Le caractère inductif y est donc prédominant. Le raisonnement
inductif paraît dans l'œuvre comme une forme de raisonnement valable sans l'être réellement car ayant
bien des limites. Quant à la question : « l'induction peut-elle se fonder sur la raison ? » le philosophe
anglais HUME David a r »pondu que l'introduction n'est pas rationnellement justifiée et son mécanisme
relève beaucoup plus de la psychologie que de la logique. De plus, bien loin d'être le fondement de
l'introduction, le principe du déterminisme est lui-même le produit d'une induction (LAWSON – HELLU,
1998 : 123-125). Tel est le constat qui fait que l'induction reste tout à fait suspecte pour une épistémologie
rationaliste. Elle n'est pas un raisonnement cohérent et elle ne porte que sur des lois statistiques et non
des faits logiques purs. Par cet exemple, l'induction amplifiante s'avère déterminante :
« LEMBA: - D'accord, c'est ainsi que l'on constate que les Anciens traditionalistes, les
Modernes, les Blancs agresseurs ont une propriété commune, la culture (la civilisation).
Ce sont tous les êtres vivants. D'où : les Anciens, les Africains traditionalistes, les
Modernistes et les Blancs (non grands agresseurs) avons tous une même civilisation
extrêmement avancée... » (p. 374).
D'après la conclusion : « … Nous avons tous une même civilisation extrêmement avancée... », la
difficulté dans l'introduction reste à savoir si le dénombrement a été complet. Le raisonnement inductif ici,
consiste à généraliser dans l'ensemble des cas analogiques un fait observé ou expérimenté dans un
certain nombre de cas. La vérité dans ce raisonnement de l'acteur LEMBA c'est que « les Anciens, les
Africains traditionalistes, les Modernes ainsi que les Blancs ont chacun leur culture (civilisation) alors que
le caractère faux ou abusif du raisonnement se situe au niveau de la généralisation sur la séquence « …
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA: Aspect de l’ironie par erreurs de raisonnement
238
tous les êtres vivants et avons tous une même civilisation extrêmement avancée » où « tous » est repris
deux fois. L'induction amplifiante semble donc logiquement suspecte car passer de l'observation de
quelques faits à l'affirmation d'une loi générale pourrait aboutir à une faute de logique. A cette réalité
illogique s'ajoutent des passages ci-après s'ancrant, à leur tour, dans le phénomène lié à l'erreur de
raisonnement :
« NGWAP : - Mes frères, j'ai vu un ouvrage des Blancs il y a peu longtemps et je l'ai
bien apprécié. Comme je trouve cet autre et sans l'avoir lu, en tout cas je conclus qu'il
doit être bien raffiné » (p. 22)
« NGWAP : - oh ! Sachez que pour démontrer l'utilité du travail chez les Blancs, on part
de la situation de celui qui ne travaille pas et là on peut conclure qu'il faut alors
travailler... ».
Le premier raisonnement part de quelques ressemblances même partielles pour conclure sur
d'autres cas alors que le deuxième dont l'idée clé est le mot « travail » part d'une considération fausse ou
absurde pour déduire sur une conséquence vraie ou utile. Par ailleurs, l'usage de la plaisanterie et de la
moquerie jalonne les interventions des acteurs HUNG, KONGOLO et NGWAP. Pour KONGOLO, la
réaction est « Excusez-moi, petit, patron. Je voulais savoir si vous n'aviez besoin de rien » La réplique de
HUNG : « Merci, Mbuta Kongolo, tout va bien. Tu peux disposer » Ceci dit, l'échange dans la séquence
« Excusez-moi ... » jusqu'à la minimisation du patron par le terme « petit patron ». Toutefois, le verbe
excuser est un dégagement d'un minimum d'égard complété, ici, par la qualification Petite. Ainsi, la ruse
de KONGOLO va donc de la gradation (éloges gelés aux interlocuteurs) aux propos ironiques.
KONGOLO dit ce qu'il ne pense pas réellement. Cherchant à plaire (production de la comédie), cet acteur
tombe inconsciemment dans la raillerie. Cette comédie-plaisanterie chez l'énonciateur devient un grand
scandale pour lui. L'ironie est, en fait, vue comme une sorte de comédie dans laquelle le locuteur joue un
rôle, celui d'un adversaire dont il reprend les paroles (BERGEZ, 2010 : 151).
4. 2 L'abus d'autorité
Le terme « abus » vient du latin abusus, consommation complète, mauvais usage, abus,
gaspillage, lui-même, composé du préfixe ab, indiquant la déviation et de usus, action de se servir, usage
excessif, injuste ou pernicieux de quelque chose. L'abus est aussi le fait d'outrepasser certains droits,
d'aller au-delà d'une norme, d'une règle. De ce fait, il peut être répréhensible de par la loi, l'habitude ou la
coutume. L'abus d'autorité, dans un sens proche de l'abus de pouvoir, est une contrainte morale exercée
sur quelqu'un par une personne qui se sert de son autorité de fait ou de droit, pour l'obliger à accomplir un
acte contraire à ses intérêts (CUQ et MICHEL, 2003 : 25- 26) tel qu'illustré sur cette page :
« LOWEY : - Monsieur, sais-tu que je te mettrai aux arrêts ? Je trouve que la jeunesse
africaine ne réfléchit presque pas ! Il faut la corriger. Avant l'indépendance égale après
l'indépendance
… Il vous faut réapprendre l'Afrique désapprise… » (p. 292).
En revanche, cet abus d'autorité justifie également les faits par le comportement ou les
déclarations non-fondées des personnes (êtres) considérées comme incarnant une autorité morale ou
physique. C'est le « magister dixit » comme nous le lisons à la page 292 :
« Les valeurs occidentales priment sur celles de l'Afrique puisque nos aïeux nous ont dit
qu'ils en ont vécu plusieurs expériences ».
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
WALUMONA: Aspect de l’ironie par erreurs de raisonnement
239
4. 3 La fausse cause
Du point de vue de la logique formelle, la fausse cause est un raisonnement où un effet est
nécessairement postérieur à sa cause, c'est-à-dire que si chaque obligation est l'effet de l'existence de
l'autre, aucune d'elle ne peut naître (PLANIOL, La thèse anti-causaliste, 1920). Dans l'ouvrage, on
démontre les faits par des causes non vérifiées, non soutenues. C'est le cas de la réflexion du
personnage HUNG à la page ci-après: « Si le continent noir est déchiré, abusé et agressé, c'est parce
que non colons avaient prédit qu'après eux ce serait le chaos » (p. 274).
La notion de cause subjective ou fausse permet ici de répondre justement à l'exigence de conformité à
l'ordre et aux bonnes mœurs, en ce qu'elle permet de contrôler la concordance avec des exigences
supérieures quand le recours à l'objet ne le permet pas.
4. 4 La fausse conséquence
Elle consiste à donner une conclusion qui ne découle pas logiquement des prémisses. La fausse
conséquence est une suite illogique entraînée par un fait qui en est la cause (LE PETIT LAROUSSE
ILLUSTRE 2009 : 238). Cette forme d'erreur de raisonnement se développe dans l'œuvre dont les
exemples frappants sont :
« KABEYA : - Comme il n'y a pas de Blancs au Congo-Kinshasa, ce que les
Congolais sont incapables de tout » (p. 282).
« KABEYA : - Puisque les Belges ont colonisés le Congo, donc ils sont euxmêmes désorganisés, voleurs et malhonnêtes... » (p. 284).
Bref, ces erreurs de raisonnement sont des fautes logiques généralement commises sans intention de
tromper; mais par l'ignorance. Elles sont ainsi appelées « paralogisme ». Quand les Afriques s'affrontent
répertorie bien de discours logiquement incohérents dont la liste ci-haut dégagée n'est pas exhaustive.
5. CONCLUSION
Le titre de cet article évoque à la fois un début et une orientation d'une étude qui devra contribuer
à reconnaître à leur juste valeur, à saisir et à interpréter les interactions de l'ironie par erreurs du
raisonnement dans l'œuvre. Quand les Afriques s'affrontent est une pièce où nous analysons d'abord une
théâtralité du discours ironique qui procède de la superposition de deux ou plusieurs voix actantielles,
celle du locuteur et celle de l'auditeur qui est raillé. C'est le mini-schéma actantiel composé de trois
éléments (actant 1 : Le locuteur, actant 2, l'auditeur, actant 3, la cible) selon KERBRAT (1978). Ce trio
nous a paru très intéressant dans la mesure où nous avons pu remplacer les deux premiers actants par
les pôles d'une communication écrite que sont les instances réelles : l'auteur et le lecteur. Quant au
troisième actant, il demeure inchangé. Cela est possible pour un travail qui assume la réception du texte
ironique comme composante essentielle. En ce qui concerne le présent travail, nous avons entrevu la
possibilité de nous servir de ces trois actants selon une perspective plus immanente. Ensuite, l'erreur
logique dont il est question se situe dans les arguments décousus par lesquels l'ironie s'installe dans la
pièce. Autrement dit, ce sont les erreurs de raisonnement (généralisation abusive, fausse cause, fausse
conséquence, abus de l'autorité,...) qui véhiculent l'ironie. Elles consistent globalement en des préjugés
négatifs formulés contre l'Africain traditionnel. Ces préjugés s'illustrant par la communication ironique ont
pour résultat, le rire humain de complicité.
Par ailleurs, nous devons constater que l'acte de rire a été longtemps perçu de manière plus au
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WALUMONA: Aspect de l’ironie par erreurs de raisonnement
240
moins négative. Ainsi, la même équation sérieux = non sérieux apparaît dans la tradition occidentale,
quoique de manière moins virulente qu'en Afrique. C'est par sa révolution (psycho-mentale et critique),
son caractère dénonciateur des injustices et de la dédramatisation d'une société tragique que l'intellectuel
africain pourrait désapprouver des préjugés et jugements hâtifs contre lui. Enfin, à l'aide des théories
philosophiques et littéraires, nous avons montré que l'ironie est une vision du monde et une manière de
nommer de façon multiple. Elle rend possible la représentation du réel et lui donne un sens polyphonique,
face à l'incongruité. L'ironie en fonction de nombreuses possibilités qu'elle offre reste une stratégie dans
la construction de différentes esthétiques dans l'art dramatique. Celui-ci devient une aire de jeu où se
dessinent divers formes : la parodie, la dérision, le sarcasme, etc.
6. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. BERGEZ, D., GERAUD,V. et ROBRIEUX J.J. , Vocabulaire de l'analyse littéraire, 2ème éd,
Armand, Colin, Paris, 2010.
2. BERGSON, H., Le Rire. Essai sur la signification du comique, Paris, P.U.F, 1977.
3. BERGSON, H., La pensée et le mouvement, Paris, Paris, 1985.
4. CHÂTEAU, J., Le comique. Essai d'interprétation générale, Paris, S.E.D.E.S, 1991.
5. CUQ, J. P. et MICHEL, G., Dictionnaire de didactique du français, langue étrangère et seconde,
Paris, Ed. Jean Pencréoh, 2003, p86.
6. ESCARPIT, R., Le comique. Essai d'interprétation générale, Paris, S.E.D.E.S, 1991.
7. FONTANIER, J. , Les figures de discours, Paris, Flammarion, 1977, pp145.
8. GENETTE, G., La Métalepse. De la figure à la fiction, Paris, Seuil, 2004.
9. JANKELEVITCH, V., L'ironie ou la bonne conscience, Paris, P.U.F, 1950.
10. JANKELEVITCH, V., L'ironie, Paris, Flammarion, 1964, p12
11. KERBRAT, O.C., Problèmes de l'ironie, in linguistique et sémiologie n° 2, P.U.F., 1978.
12. KIERKEGARD, S., Le concept d'ironie constamment rapporté à Socrate, Paris, l'orante, 1975.
13. LAWSON, H., «L'ironie du pleurer – rire chez Henri Lopès », Etudes littéraires, 30 (2) :123-140,
1988.
14. LAROUSSE, P. I., Les mots de la langue française/noms communs, 2009, p238.
15. MORIER, H., Dictionnaire de poétique et de rhétorique, Paris, P.U.F, 1961.
16. LAQABI, S. M., Aspects de l'ironie dans la littérature maghrébine d'expression française des années
quatre-vingt, thèse inédite, 1996 p22.
17. PLANIOL, P., La thèse anti-causaliste, 1920
18. SIMEDOH, K. V., L'humour et l'ironie en littérature francophone subsaharienne. Une poétique du
rire, thèse inédite, Kingston Ontario, Canada, Queen's university, mars 2008.
19. TANDUNDU, E. A. B., Quand les Afriques s'affrontent, Paris, 2ème éd. L'Harmattan, 1984.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
241
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 241-254
EFFET DE LA FERTILISATION SUR LE RENDEMENT ET LA CONCENTRATION EN
NUTRIMENTS CHEZ LE HARICOT COMMUN BIOFORTIFIE
BAHATI Dieudonné1, BIRALI Mwamini1, MASIRIKA Christiane1, BISIMWA Basengere1,
MULUMUNA-wa-LOLAJanvier1, HERI-KAZI Aimé1,WALANGULULU Jean1et OBEDI
Nyamangyoku1
ABSTRACT
Beans farming, because of its importance in the DRC and South Kivu province in particular, can be promoted to
overcome food insecurity, particularly in combating nutritional deficiencies. Unfortunately, his production is still very
low due to soil infertility or deficiency in farming technology varietal selection. Thus a study of the influence of mineral
fertilization or not combined with manure on yield and nutrient content of two dwarf beans bio fortified varieties
( CODMLB 001 BRB 194) was conducted on the experimental site of the Faculty of Agriculture of the
UniversitéCatholique de Bukavu (UCB), in Karhale in Bukavu town. The trial was conducted according to a split- plot
design, in which different treatments were randomly assigned. The collected seeds were subjected to analysis in order to
determine nutrient levels. Processing and data analysis including analysis of variance and separation of means were
performed by the R software. The results showed that the best yields were given by the CODMLB 001 variety and the
manure + NPK treatment. For nutrients, it appeared that for the two varieties, the type of fertilizer to recommend
depends on the nutrient that we want to improve the content, because the different analyzed nutrients (carbohydrates,
protein, lipid, iron and zinc) have presented different levels based on fertilizers applied. It is thus clear from this study
that the adoption by farmers of bio fortified bean varieties and organic and mineral fertilizationcan enable them to
improve food security.
KEY WORDS:organic fertilizing, mineral fertilizing, varieties, nutrients, biofortified bean
RÉSUMÉ
La culture de haricot, de par son importance en RDC et en province du Sud Kivu en particulier, peut être développée
pourcontourner l‟insécurité alimentaire, en combattant notamment les carences alimentaires. Malheureusement sa
production demeure très faible à cause de l‟infertilité du sol ou d‟insuffisances paysannes dans la technologie de sélection
variétale. C‟est ainsi qu‟une étude de l‟influence d‟une fertilisation minérale combinée ou non au fumier sur le rendement
et la teneur en nutriments de deux variétés de haricotnainbio fortifié (CODMLB 001 et BRB 194) a été réaliséesur le site
expérimental de la Faculté des Sciences Agronomiques de l‟Université Catholique de Bukavu, à Karhale dans la ville de
Bukavu. L‟essai a été conduit suivant un dispositif split-plot, dans lequel les différents traitements ont été affectés de
manière aléatoire.Les graines récoltées ont fait l‟objet des analyses en vue de déterminer les teneurs en nutriments. Le
traitement et l‟analyse des données notamment l‟analyse de la variance ainsi que la séparation des moyennes ont été
réalisées par le logiciel R. Les résultats obtenus, ont montré que les meilleurs rendements ont été donnés par la variété
CODMLB 001 et le traitement NPK+fumier. Pour les nutriments, il est ressorti que pour les deux variétés, le type de
fertilisant à recommander est fonction du nutriment dont on veut améliorer la teneur, les différents nutriments analysés
(glucides, protéines, lipides, fer et zinc) ayant présenté des teneurs différentes en fonction des fertilisants appliqués. Il
ressort ainsi de la présente étude que l‟adoption par les paysans des variétés bio fortifiées de haricot, et de la fertilisation
organominéraleleur permettra d‟améliorer la sécurité alimentaire.
MOTS CLES :fertilisant organique, fertilisant minéral, variétés, nutriments, haricot biofortifié
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
I.
242
INTRODUCTION
Le Sud Kivu est parmi les provinces de la RDC les plus frappées par l‟insécurité alimentaire
chronique(Diasonga, 2013). Les résultats préliminaires de l‟évaluation approfondie de la sécurité
alimentaire conduite par le PAM, la FAO et le Ministère de l‟Agriculture en 2012 indiquent qu‟environ 62%
de la population serait affectée par l‟insécurité alimentaire au Sud Kivu (PAM et FAO, 2013). La situation
alimentaire et nutritionnelle de la population de cette province est marquée par la malnutrition protéinoénergétique chez les enfants de 0 à 5 ans et les carences en micronutriments qui touchent toutes les
couches de la population. Cela a atteint un niveau tel que 42% des maladies sont liées à l‟alimentation
(Gaye, 2008).
Au Sud Kivu, l‟essentiel de la population vit de l‟agriculture (PNUD, 2009) ; cette dernière est
cependantconfrontée à de nombreuses contraintes (méthodes culturales inadéquates, baisse
continuelle de la fertilité de sols, lutte phytosanitaire inexistante, matériel de propagation non
amélioré, absence de jachères,…) qui se traduisent par une chute de la production (Ministère du
plan, 2005; Mukucha et al., 2012).Pour Balagizi et Mapatano (2012), cettesituation constitue l‟une
des principales causes de l‟insécurité alimentaire observée dans la province.
Les petits agriculteurs du Sud-Kivu cultivent chaque année le haricot, la culture vivrière la plus
pratiquée dans la province après le manioc (Ministère du plan, 2005). C‟est donc une culture à
partir de laquelle les carences alimentaires peuvent être contournées dans le milieu. Elle figure
en effet, parmi les spéculations végétales stratégiques retenues dans le cadre du P.N.S.A.
(Programme National de Sécurité Alimentaire) en vue d‟augmenter et d‟améliorer la production
agricole dans le but de réduire le déficit alimentaire et de contribuer à la résolution du problème
de malnutrition (MINAGRI, 2010).Ainsi, il a été mis au point des variétés de haricot enrichi en fer,
dites haricot biofortifié en fer, pour faire face à la carence en fer et ainsi lutter contre l‟anémie qui
menace actuellement 43% d‟enfants en âge préscolaire au Sud Kivu étant donné que 50% de
cas d‟anémie sont dus à une insuffisance alimentaire en fer (Anonyme, 2009). Cependant,
comme pour toutes les autres cultures vivrières, le rendement de haricot demeure très faible au
Sud Kivu (541kg/ha en moyenne) (Anonyme, 2010).
Cette faible production de haricot est liée, comme pour les autres cultures vivrières, aux
contraintes présentées plus haut. Mais de tous ces facteurs évoqués, la diminution de la fertilité
de sols semble être l‟un des principaux facteurslimitants de la production de haricot dans le SudKivu. Ceci avait déjà été démontré par Musungayi et al. (1990), ensuite parNgongo et al. (1995).
De ce fait, l‟application de la matière fertilisante améliorerait la production de cette culture si
lessemences sont bien sélectionnées.Ce travail se propose ainsi d‟évaluer l‟effet de la fumure
organique seule ou combinée à la fumure minérale sur le rendement et la teneur en nutriments
de deux variétés de haricot bio fortifié (CODMLB001 et BRB194), en vue d‟identifier le type de
fertilisant à appliquer pour maximiser le rendement ainsi que la teneur en micronutriments.
L‟intérêt de cette étude est sa contribution dans l‟amélioration de la technologie agricole autour
du haricot, comme aliment et culture porteuse et importante dans la lutte contre l‟insécurité
alimentaire dans le Sud Kivu.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
II.
243
MILIEU, MATERIEL ET METHODES
II.1 MILIEU
L‟essai a été conduit sur le site expérimental de la Faculté des Sciences Agronomiques de
l‟Université Catholique de Bukavu (U.C.B.), à Karhale(2°29‟55,7‟‟ S-28°50‟ 35,5” E, alt. 1700 m).
La station expérimentale jouit du climat de type Aw (classification de Köppen), avec la moyenne
annuelle des températures journalières de 19,8°C, les précipitations annuelles les plus faibles
atteignent en moyenne 1000 mm et les plus fortes 1700 mm (Simir, cité par Mageniet al., 1997).
La période la plus sèche va de juin à août et la plus humide, de septembre à mai. Ces conditions
sont globalement convenables à la culture du haricot qui du reste est très pastique (Baudoin et
al., 2001). L‟étude a été menée durant la saison culturale B, soit de mars à juin 2011.
II.2 MATERIEL
Deux variétés bio-fortifiées de haricot ont fait l‟objet de la présente étude à savoir : BRB 194 et
CODMLB 001. Elles ont été fournies par la station de l‟INERA/Mulungu. Ces deux variétés font
partie des variétés bio-fortifiées larguées en province dont le taux d‟adoption actuelle (59%) est
appelé à s‟accroître notamment par les efforts de vulgarisation (Cinyabuguma et al.,
2012).Quelques-unes de leurs caractéristiques sont reprises dans le tableau 1 et leurs
photographies sur les figures 1 et 2 ci-après.
Tableau 8: quelques caracteristiques des varietes utilisees
Variétés
Caractéristiques
Durée moyenne du cycle de culture
Rendementmoyen kg/ha
Teneur en fer (ppm)
Teneur en zinc (ppm)
CODMLB001
BRB194
85 jours
1502
81-90
38
80 jours
1200Kg
52-59
28-30
Source : Catalogue des variétés en diffusion par le PNL (INERA/MULUNGU), 2011.
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BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
244
Figure 13: Variété BRB194
(Tiré des cartes CIALCA, 2008)
Figure 2: Variété CODMLB 001 (tiré de la collection
d’images du PNL de l’INERA/Mulungu, 2011)
II.3 CONDUITE DE L’EXPERIMENTATION
II.3.1Dispositif expérimental
L‟essai a été conduit suivant un dispositif split-plot avec randomisation. Cette étude a choisi deux
facteurs à savoir : Les fertilisants comme facteur principal avec 8 niveaux : NPK+fumier,
PK+fumier, Urée+fumier, NPK, PK, Urée, fumier et un témoin ; les variétés ont constitué le
facteur secondaire avec 2 niveaux : la variété BRB 194 et la variété CODMLB 001. Les
dimensions des parcelles étaient de 1,5m × 1,2m soit une superficie de 1,8m² comprenant au
total 30 plants par parcelle. Un semisen ligne a été réalisé aux écartements de 30cm × 20cm, tel
que suggéré par Baudouin et al. (2001). D‟où une densité de 166 666 plants ha-1. La distance
entre les parcelles était de 30 cm. Les parcelles dans lesquelles était appliqué le fumier étaient
séparées de 60 cm de celles dans lesquelles il n‟a pas été appliqué. Les répétitions, quant à
elles, étaient séparées d‟un mètre. L‟affectation des traitements dans différentes parcelles a été
réalisée au hasard.
Le schéma du dispositif expérimental est repris à la figure 1 ci après.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
245
Figure 3: dispositif experimental de l‟essai
II.3.2 Paramètres observés
Comme préconisé par Dagnélie (1981)dans Principes d‟expérimentation, deux types
d‟observations ont étés réalisées : les observations essentielles et les observations
accessoires.Les observations essentielles avaient trait au rendement de haricotet ses
composantes (nombre de gousses par plant, nombre de graines par gousse et poids de 100
graines) ainsi qu‟aux analyses au laboratoire. Les analyses de laboratoire ont été réalisées au
laboratoire de l‟Office Congolais de Contrôle à Bukavu et ont consisté en ladétermination des
teneurs en protéine, lipide, glucide, fer et zinc.
Les observations accessoires ou secondaires sont celles qui ne sont pas liées à l‟objectif de
l‟expérience, mais qui peuvent fournir des informations nécessaires à l‟interprétation des
résultats. Elles ont porté ici sur le taux de levée (10 jours après semis) et la surface foliaire des
plants à la floraison.
En outre, l‟essai n‟a pas fait l‟objet d‟attaque par des maladies, ni des ravageurs. Aussi, le taux de
levée de graines a été de 100%, ce qui montre que les semences utilisées étaient de bonne
qualité.
II.3.3 Application des Fertilisants
Deux types de fumure ont été appliqués :
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BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
246
Fumure de fond : Le fumier de ferme, le super phosphate triple et le chlorure de potassium ont
constitué la fumure de fond.
Le fumier a été appliqué à la volée et incorporé au sol à l‟aide d‟une houe lors de la
préparation des plates-bandes. La quantité de fumier utilisée a été de 25 t ha-1équivalent à
4,5kg par parcelle, dont 150g/plant.
Le chlorure de potassium et le super phosphate triple étaient appliqués par poquet au
moment du semis, respectivement suivant les doses de 90 Kg ha-1de potassium soit 4,8g de
super phosphate triple par plant et 90 Kg ha-1 de phosphore, soit 1g de KCl par plant.
Fumure d‟entretien : Elle était constituée de l‟Urée et a été appliquée trois semaines après semis
à la dose de 86,96 Kg d‟Urée par ha soit 40 Kgha-1d‟azote. Chaque parcelle recevait 15,7g d‟Urée
soit 0,52 g par plant. L‟application était faite en couronne autour de chaque plant.
2.3.4
Analyses chimiques
Les analyses de différents nutriments (protéines, matières grasses, glucides, fer et zinc) ont été
réalisées suivant les méthodes d‟analyse des plantes préconisées par Pauwels et al. (1992),
auxquelles se conforme suffisamment l‟équipement du laboratoire de l‟OCC/Bukavu.
Protéines : la teneur en cet élément a été obtenue en utilisant la méthode Kjeldahl consistant en
une minéralisation de l‟échantillon suivie d‟une distillation de l‟azote ; le distillat est recueilli dans
20 ml d‟acide sulfurique 0,1 N, puis titré avec l‟hydroxyde de sodium 0,1 N en présence de
l‟indicateur mixte qui vire du rouge violet au vert.
La teneur en azote s‟exprime en % du poids avec 2 décimales :
Pour obtenir la teneur en protéines brutes, on multiplie la teneur en azote total par le facteur de
conversion 6,25.
Matière grasse : la détermination a été réalisée par extraction à l‟éther de pétrole
suivant la méthode Soxhlet. Selon cette procédure,on place l‟échantillon de farine dans
une cartouche à extraction. L‟échantillon est recouvert d‟un tampon d‟ouate dégraissé et
soumis à l‟extraction à l‟éther de pétrole. Après l‟extraction, on distille le solvant et le
résidu isolé dans le ballon préalablement taré et séché à l‟étuve entre 100 et 105°C et
pesé après refroidissement. Le poids du résidu isolé correspond à la teneur en matière
grasse.
La teneur en matière grasse est obtenue par la formule :
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
247
Glucides : La teneur en glucide a été calculée par la formule ci-dessous :
%Glucide = 100% - (taux d’humidité + taux de cendres + taux de protéine + taux de
matière sèche)
Fer et Zinc
La méthode consiste en la destruction des composés organiques par calcination suivie d‟une
solubilisation des éléments par attaque avec un acide minéral fort. Apres calcination, faire
une dilution de 1/5 des extraits de cendre : 2ml d‟extrait + 8ml de HNO3.Régler
lespectrophotomètre d‟absorption atomique pour chaque élément, puis mesurer l‟absorbance
(extinction) des étalons et des échantillons.
2.3.5Traitement et Analysesstatistiques des données
Le traitement et l‟analyse des données ont été réalisés à l‟aide du logiciel R version 2.9.0
(Copyright (C) 2009 The R Foundation for StatisticalComputing ; ISBN 3-900051-07-0). L‟analyse
de la variance ainsi que la séparation des moyennes ont été réalisées par le même logiciel, dans
le but de faire ressortir les différences qui seraient induits par les facteurs étudiés.
III.
RESULTATS ET INTERPRETATION
III.1 RENDEMENT
Tonnes / Ha
Tonnes / Ha
Les résumés de l‟analyse et du traitement des données sur le rendement (t/ha) sont repris aux
figures4 et 5 ci-après.
FIGURE 5: RENDEMENT (T/HA) DU
HARICOT SELON LES VARIETES
FIGURE 4: RENDEMENT DU
HARICOT (T/HA) SELON LES
Les traitements avec la même lettre ne sont pas statistiquement différents au seuil de 5%.
Des figures4 et 5, il ressort des différences hautement significatives au niveau de tous les
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
248
facteurs en étude (fertilisants, variétés) ; mais aucune différence significative n‟a été observée au
niveau de l‟interaction.
III.2 TENEUR EN NUTRIMENTS
Teneur (%)
Teneur (%)
Les résultats des différentes teneurs étudiés ont révelé des différences significatives au niveau des
variétés et des fertilisants, néanmoins, aucune différence n‟a été décelée au niveau de l‟interaction entre
les deux facteurs, et cepour tous les nutriments. Les figures ci-dessous (6 à 15) donnent respectivement
les résultats relatifs aux teneurs en protéines, lipides, glucides, fer et zinc.Les traitements avec la même
lettre ne sont pas statistiquement différents au seuil de 5%.
Figure 7: Teneur en protéines (%) selon les
variétés
Teneur (%)
Teneur (%)
Figure 14: Teneur en protéines (%) selon les
types des fertilisants
Figure 8:teneur en lipides selon les types des fertilisants
figure 9: teneur en lipides
selon les varietés
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
249
Teneur (%)
Teneur (%)
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
Figure 11: teneur en glucides (%) selon les fertilisants
Teneur (ppm)
Teneur (ppm)
Figure 15: Teneur en glucides (%) selon les types
des fertilisants
Figure13: Teneur en fer
(ppm)selon les variétés
Teneur (ppm)
Teneur (ppm)
Figure 12: Teneur en fer (ppm) selon les types des fertilisants
Figure 14: Teneur en zinc (ppm) selon les types des fertilisants
Figure 15: Teneur en zinc
(ppm) selon variétés.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
IV.
250
DISCUSSIONS
IV.1 RENDEMENT
Le fertilisant NPK+fumier a conduit à un rendement nettement supérieur aux autres types de fertilisants,
soit 1,844 t/ha, suivi du fertilisant PK+ fumier (1,559 t/ha). Le plus faible rendement a été observé chez les
parcelles non fertilisées (1,136 t/ha).
L‟obtention des rendements élevés après fertilisation au NPK+fumier serait due au fait que le NPK apporte
à la culture les trois éléments majeurs dans l‟alimentation des plantes et le fumier facilite l‟assimilation de
ces éléments par la plante (Borget, 1989). Ces résultats confirment ceux obtenus en France à Grignon
dès 1975 par Dehérain (Vilain, 2001) sur un sol différent de celui en essai et ceux obtenus au Sud Kivu
par Bossissi en 2010.
Quant aux variétés, il ressort que la variété CODMLB001 présente un rendement élevé comparativement
à la variété BRB194, soit 1,769t/ha contre 1,265t/ha. Ce résultat confirme les caractéristiques de ces
variétés présentées au tableau 1et qui stipulent que le rendement de la variété CODMLB001 est de 1,500
t ha-¹ en moyenne et supérieur à celui de BRB194 qui est de 1,200 t ha-¹.
IV.2 TENEURS EN NUTRIMENTS
IV.2.1 Protéines
En regard des fertilisants utilisés, l‟Urée+fumier et le NPK+fumier ont permis d‟obtenir des graines ayant
un taux élevé en protéines, soit 26,4% et 25,85%. Les teneurs faibles en protéines ont été observées chez
les graines de parcelles fertilisées au fumier seul (21,92%) et celles de parcelles qui n‟ont pas été
fertilisées (21,86%).
Selon Heller etal. (1989), la synthèse des protéines requiert l‟absorption de l‟azote sous forme de nitrate,
la réduction du nitrate en ammonium, la synthèse des acides aminés et enfin la condensation des acides
aminés par des liens peptidiques pour ainsi former la protéine. Ainsi, l‟Urée et le NPK associés au fumier
viennent en première position avec des fortes teneurs en protéines. Ceci par le fait que ces deux
fertilisants minéraux contiennent l‟azote qu‟ils mettent à la disposition de la plante et, le fumier renferme à
son tour une fraction importante d‟azote, en plus de la grande quantité de carbone (Anonyme, 1989). De
ce fait, la fraction supplémentaire d‟azote, apportée par le fumier, combinée à celle apportée par l‟Urée et
le NPK interviendraient dans la formation des acides aminés qui constitueront par la suite la protéine.
IV.2.2 Lipides
Après comparaison des moyennes, les graines de parcelles fertilisées au NPK et au PK associés au
fumier présentent statistiquement les mêmes teneurs en lipides que celles qui n‟ont subi que la fertilisation
minérale (NPK et PK), soit 1,61 %. Cette absence de différence, d‟après IFDC (2010) serait due à une
faible teneur en phosphore contenue dans le fumier.
Cependant, comparativement à d‟autres types de fertilisants, le NPK et PK combinés ou non au fumier ont
donné des teneurs en lipide supérieures aux teneurs obtenues après fertilisation par d‟autres types de
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
251
fertilisants. Le NPK et le PK en apportant directement le phosphore à la plante favoriseraient la synthèse
de lipides étant donné que le phosphore apporté par les fertilisants intervient dans la synthèse des lipides
en facilitant la liaison entre le glycérol et l‟acide gras ; le glycérol pour se lier à l‟acide gras devant se
présenter sous forme de glycérolphosphate (Heller et al.,1989).
Toutefois, la variété BRB194 a présenté une teneur plus élevée en lipides que la variété CODMLB001,
soit 1,49% contre 1,44%.
IV.2.3 Glucides
Il ressort, après analyse, que les fertilisants NPK et PK associés au fumier présentent les plus fortes
teneurs en glucides dont 61,71 % et 61,86% ; en deuxième position on retrouve les mêmes fertilisants non
associées au fumier avec respectivement 60,5 et 60,32%. La faible teneur en glucide a été observée chez
les graines fertilisées au fumier seul (56,7%) et chez celles qui n‟ont bénéficié d‟aucun fertilisant (57,13).
Le PK et le NPK donnent des graines ayant des fortes teneurs en glucides et cela tant chez la variété
CODMLB001 que chez la variété BRB194. La supériorité de la teneur en glucides des graines fertilisées
par le NPK et le PK s‟explique par le fait que les deux fertilisants apportent à la plante du potassium ; or le
potassium intervient principalement dans la synthèse des hydrates de carbone, leur migration et leur
stockage (Tayeb et Persoons, 1994).
De ces résultats, il ressort aussi que la variété CODMLB001 présente une teneur en glucides élevées soit
59,75% comparativement à la variété BRB194 58,85% et cela se vérifie pour tous les types de fertilisants
minéraux appliqués. Cependant, la teneur en glucides de graines de haricot variant de 57% à 62%
(Baudouin et al., 2001 ; Westphal et al., 1985), les deux variétés en étude n‟ont présenté que des teneurs
moyennes en glucides; c‟est à dire ni faibles, ni trop élevées.
IV.2.4 Teneur en fer
Des résultats des analyses, il ressort que la teneur élevée en fer est obtenue après fertilisation au
PK+fumier (76,1 ppm), en deuxième position vient le PK (75,58 ppm) et en troisième position le
NPK+fumier (72,72 ppm). Les traitements avec l‟Urée et le témoin (sans fertilisants) ont présenté une
faible teneur en fer, soit une moyenne de 57,22 ppm.
En effet, parmi les facteurs qui influencent l‟assimilation du fer par la plante on trouve la teneur du sol en
fer, l‟eau, l‟aération du sol, la matière organique et l‟interaction entre éléments nutritifs présents dans le sol
(Loué, 1993). Westphalet al. (1985) signalent que la quantité de fer contenue dans les plantes varie
légèrement avec la nature du sol sur lequel elles sont cultivées. Ainsi, suivant l‟interaction entre les
éléments du sol, il a été démontré que l‟interaction entre le phosphore et le fer est la plus importante. Les
feuilles déficientes en fer ont souvent été trouvées riches en phosphore et la richesse du sol en
phosphore a souvent été citée parmi les principaux facteurs ne favorisant pas l‟assimilation du fer par la
plante surtout en sol alcalin. Cependant, il a été démontré que le potassium quant à lui favorise
l‟assimilation du fer par la plante (Loué, 1993). Ainsi l‟application du PK qui fournit à la plante, à la fois le
phosphore et le potassium a donné des graines ayant une légère augmentation de la teneur en fer
comparativement à celle obtenue après fertilisation au NPK et à l‟Urée.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
252
Le fer inter-réagit aussi avec les anions nitrate (NOᴣ -) dans le sol. Plus il ya de NOᴣ -dans le sol, plus
l‟assimilation du fer est faible (Loué, 1993). D‟où l‟application de l‟Urée a conduit aux faibles teneurs en fer
comparativement au NPK et PK.
Il est à remarquer, des résultats des analyses que la variété CODMLB001 présente des teneurs élevées
en fer par rapport à la variété BRB194, soit 86,92 ppm contre 66,46 ppm. Ce qui s‟explique par les
caractéristiques de ces variétés qui stipulent que la variété CODMLB001 contient 85,5 ppm de fer et que
la variété BRB194 en contient 55,5 ppm (Tableau 1). Cependant, de part la fertilisation apportée, il est à
remarquer qu‟il ya une augmentation du teneur en fer de 1,42ppm chez la variété CODMLB001 et
de 10,96 ppm chez la variété BRB194.
IV.2.5Zinc
La fertilisation à l‟Urée + fumier a donné des graines à forte teneur en zinc soit 28,05 ppm ; suivie de celle
à l‟Urée sans fumier (27,84ppm), après vient le NPK + fumier (26,16ppm), suivie du NPK sans fumier
(25,97ppm). En avant dernière position nous avons le PK + fumier et le fumier avec respectivement 25,55
et 25,75 ppm. En dernière position vient PK sans fumier avec 20,52 ppm. Parmi les facteurs influençant la
disponibilité du zinc à la plante, on a les réserves du sol en zinc, la réaction du sol, la température du sol
et la lumière, les chélates et la matière organique, l‟interaction entre éléments nutritifs présents dans le sol
et les précédents culturaux (Loué, 1993). Ainsi, suivant l‟interaction entre les éléments du sol, il est bien
connu que des teneurs élevées du sol en phosphore assimilable ou des fortes fertilisations phosphatées
sont susceptibles d‟induire ou d‟aggraver la baisse d‟assimilation du zinc chez les plantes (Loué, 1993).
Par contre différentes études menées ont montré que les engrais azotés ont une tendance à augmenter
l‟absorption du zinc par la plante (Loué, 1993), ce qui se vérifie aussi dans cette étude car les graines de
plants fertilisés à l‟Urée ont présentées des teneurs élevées en zinc. Les graines de plants fertilisés au
NPK viennent en deuxième position car le NPK apporte aussi l‟azote à la plante. Cependant celles
fertilisées au PK ont présenté des teneurs faibles.
Des résultats obtenus, il ressort aussi que la variété CODMLB001 a présenté des teneurs en zinc
nettement supérieures à celles de la variété BRB194 soit 30,03ppm contre 21,27ppm. Cette tendance
rejoint les résultats publiés par Anonyme (2009), respectivement 38 et 29 ppm ; quoique ces deux variétés
aient présenté des teneurs en zinc inférieures à leurs teneurs normales. Loué (1993) montre que
l‟assimilation du zinc par la plante diminue lorsque l‟assimilation du fer augmente. Ce qui justifierait les
résultats trouvés ici.
V.
CONCLUSION
Les résultats obtenus dans cette étude ont montré que le rendement était élevé chez la variété
CODMLB001. Quant à la fertilisation, le traitement NPK+fumier a donné le meilleur rendement.Par
ailleurs, la teneur élevée en protéines a été obtenue après fertilisation à l‟Urée et au NPK combinés au
fumier. La teneur en lipides a été élevée après fertilisation au NPK et au PK avec ou sans fumier, et la
variété BRB194 a présenté une teneur élevée. La teneur en glucides a été élevée chez la variété
CODMLB001 et par rapport aux fertilisants, le NPK et le PK associés au fumier ont permis d‟obtenir les
meilleurs résultats.
L‟application du PK+fumiera influencé positivement lateneur en fer, et la variété CODMLB001 en a
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BAHATI et al.:Effet de la fertilisation sur le haricot biofortifié
253
présenté des teneurs nettement supérieurs à la variété BRB194. La forte teneur en Zinc a été obtenue,
après fertilisation à l‟Urée associée au fumier, et chez la variété CODMLB001, elle a été très élevée que
chez la variété BRB194.
Il apparait alors que la meilleure variété et le meilleur fertilisant du point de vue rendement sont la variété
CODMLB001 et le NPK+fumier. Pour l‟obtention des teneurs élevées en nutriments, la variété et le type
de fertilisant à utiliser sont fonction du nutriment à améliorer. Ainsi, l‟adoption par les paysans des variétés
améliorées de haricot, en particulier celles fortifiées et la fertilisation organo minérale permettrait de
combattre l‟insécurité alimentaire.
Ce travail permettra aux intervenants dans le domaine de la sécurité alimentaire de mieux faire véhiculer
la valeur des variétés bio fortifiées de haricot et des techniques agricoles y afférentes, compte tenu de leur
importance, étant donné qu‟une étude réalisée sur le taux d‟adoption des variétés de haricot sur une
partie du territoire de Kabare par Cinyabuguma et al. (2012), a montré que 70% de ménages enquêtés ne
connaissaient pas la qualité nutritive de haricot biofortifié, bien que la majorité les aient adoptées.
VI.
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Pudoc.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
HATEGIKIMANA et al. ; Contenus d’enseignement sur les relations et les fonctions255
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 255-263
LA PROBLEMATIQUE DES CONTENUS D’ENSEIGNEMENT SUR LES RELATIONS ET LES
FONCTIONS DANS L’EDUCATION MATHEMATIQUE AU SECONDAIRE
Par Emanuel HATEGEKIMANA Luanda* et Augustin BANWITIYA Yeleko**14
RESUME
Cette recherche est une analyse critique des contenus d‟enseignement sur les relations et les fonctions afin d‟évaluer les
problèmes de la véracité et de la contextualisation des concepts prévus au cycle inférieur de l‟école secondaire. L‟analyse a
montré que certaines définitions sont floues et ne sont pas adaptés aux milieux didactiques et d‟autres ne sont pas
correctes. Il existe un écart de transposition didactique entre les contenus de certains manuels et les contenus savants tels
qu‟enseigné à l‟Université et les connaissances ne sont pas bien contextualisées. D‟où la nécessité de faire un état de lieux
global et de chercher une situation fondamentale pour l‟enseignement de ces connaissances.
MOTS CLES :fonction, relation, application, écart de transposition, contenus didactique, savoir savant.
ABSTRACT
This paperconsists of criticalanalysis of teaching contents on relations and functions in order to evaluate the correctiness
and the contextualisation of the concepts foreseenat the secondaryschoollevel. This analysis has
shownthatsomedefinitions are not clear and not adapted to classeroomteaching, and thatsomeothers are simply not
correct. There exists a teaching transposition differencebetween the contents of somesecondaryschool books and the
contents of the universitylevel book. Besides, the knowledge to betransmittersis not wellcontextualised to enhame the
learning. It isthereforenecessary to conductageneralsurvey and not findout a fundamental situation for the teaching of
thisknowledge.
KEY WORDS :function, relation, application, transposition difference, didacticknowledge, scientificknowledge.
1. INTRODUCTION
L‟observation des définitions des fonctions et des relations au premier cycle de
l‟enseignement secondaire montre l‟écart que ces notions présentent par rapport aux définitions
algébriques sur les relations et les fonctions, ce qui écœure tout mathématicien bien averti. Cette
situation nous a conduits à faire une analyse épistémologique de ces connaissances afin de tirer
au clair les problèmes qui en résultent. En effet, l‟enseignement des fonctions en première année
de graduat comme notion synonyme de l‟application crée des confusions chez les étudiants qui
ont appris qu‟une application est une notion particulière d‟une fonction. Un certain balisage des
contenus d‟enseignement s‟avère donc indispensable pour lever les écarts préjudiciables que
présentent ces contenus présents dans les différents manuels d‟enseignement secondaire et les
livres d‟enseignement de l‟algèbre du premier cycle de l‟enseignement supérieur et universitaire,
presque partout au monde entier.
L‟intérêt de la présente recherche est d‟analyser les contenus d‟enseignement sur les
relations en deuxième année secondaire, de critiquer les manuels utilisés, d‟évaluer l‟écart de la
transposition didactique susceptible d‟entraver l‟apprentissage des fonctions dans l‟enseignement
* Chef de Travaux à l’Université de Goma, Faculté de Sciences et Doctorant en Didactique des
Mathématiques de l’Université Pédagogique Nationale de Kinshasa.
** Professeur à l’Université de Kisangani, faculté de Sciences.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
HATEGIKIMANA et al. ; Contenus d’enseignement sur les relations et les fonctions256
de mathématique, spécialement l‟apprentissage des relations et des fonctions.
Dans „‟Revue Africaine des Didactiques des Sciences et des Mathématiques‟‟ n°2
(2007) : enseignement - apprentissage (article), à son chapitre troisième, plusieurs problèmes
apparaissent et soulèvent les vrais enjeux sur lesquels les didacticiens africains pourraient se
pencher s‟ils veulent marquer de leur empreinte, le champ de la didactique des mathématiques.
Ces enjeux soulèvent entre autre les questions de la structuration des contenus des matières qui
présentent souvent des écarts de transposition par rapport aux connaissances savantes qui leur
donnent naissance (Brousseau, 2000).
Ainsi, en nous plaçant dans ce cadre de réflexion, nous nous somme posé les questions
suivantes : Y a-t-il un écart de transposition didactique entre les connaissances savantes et les
savoirs didactiques proposés par les manuels scolaires ? Quelles seraient les conséquences de
cet écart sur l‟acquisition de ces connaissances dans la suite du cursus scolaire ? Ce
questionnement appelle les hypothèses formulées comme suit :
1. Les contenus des manuels en usage dans nos écoles sur les relations et les fonctions s‟écartent
des connaissances savantes qui leur ont donné naissance.
2. L‟écart existant entre les connaissances savantes et les connaissances enseignées ne peut pas
favoriser l‟apprentissage dans la suite du curriculum de l‟élève.
Pour vérifier ces hypothèses nous nous servirons des analyses épistémologiques et
mathématiques étayées par la théorie de la transposition didactique. Il sera question de faire.une
analyse qui s‟insère dans la première phase de la méthode de l‟ingénierie didactique en usage
dans les recherches de la didactique des mathématiques.
Cadre théorique
a. Conception théoriques des notions de relations et applications
- Etant donné deux ensembles A et B décrits par les éléments x et y respectivement, on appelle
couple ou doublet (x,y), l‟objet mathématique formé en prenant d‟abord un élément x de A et
ensuite un élément y de B et tel que (x,y)=(x‟,y‟) ssi x=x‟ et y=y‟ et donc par contraposition
(x,y) (x‟,y‟) x x‟ ou y y‟. x est la première coordonnée ou composante du couple (x,y) et y en
est la deuxième coordonnée ou composante.
- On appelle produit cartésien des ensembles A et B, l‟ensemble noté AxB (A croix B) des tous les
couples (x,y) tels que x A et y B. Donc on a : AxB= (x,y) tel que x A et y B . On note parfois
B2=BxB et B3=BxBxB, …
- Soient A et B des ensembles. On appelle relation R entre deux éléments x et y décrivant
respectivement les ensembles A et B, toute propriété caractéristique des éléments d‟une partie G
de l‟ensemble AxB. On dit alors que G est le graphe de la relation R. Donc G= (x,y) AxB : xRy .
- Soient E et F deux ensembles quelconques. On appelle correspondance de E vers F, toute
relation non vide de E dans F. Si f est une correspondance de E dans F elle est dite fonctionnelle
par rapport à la deuxième variable ssi x A, !y B : xRy.
- Si à tout élément x de E on associe un élément et un seul y de F on établit ainsi une
correspondance fonctionnelle par rapport à la deuxième variable qu‟on appelle aussi fonction ou
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
HATEGIKIMANA et al. ; Contenus d’enseignement sur les relations et les fonctions257
application. La fonction f se note
et l‟élément unique y qui correspond à x se note
y
qu‟on lit „‟y est l‟image de x par f‟‟. On voit donc que les mots „‟application‟‟ et „‟fonction‟‟
sont synonymes. On préfère parler de fonctions lorsqu‟on est dans le cas des ensembles des
nombres.
- Une application de E dans F est dite injective ssi x,x‟ E, f(x)=f(x‟) x=x‟ i.e. par
contraposition, f est injective ssi x,x‟ E, x x‟
f(x) f(x‟). Elle est dite surjective ssi, y F,
x E : f(x)=y. Une application qui est à la fois surjective et injective est dite bijective.
b. Notion de transposition didactique
La transposition didactique peut se définir comme un processus suivant lequel une connaissance
savante devient une connaissance enseignable. C‟est donc un processus de transformation des
connaissances savantes en connaissances enseignables et enseignés. Ces connaissances obtenues par
transposition ne sont pas des simplifications des connaissances savantes mais plutôt d‟autres
connaissances qui peuvent différer qualitativement de ces connaissances savantes qui leur ont donné
naissance.
En effet il a été prouvé par Yves Chevallard en 1980 que les objets désignés comme à enseigner
ne pouvaient en aucun cas s‟analyser comme des simplifications d‟objets plus complexes issus de la
société savante. Ils sont au contraire le résultat d‟un apprêt didactique, d‟une construction qui les en fait
différer qualitativement. En ce sens, la transposition didactique concerne la transformation suivante :
objet de savoir
objet à enseigner
objet d‟enseignement, l‟origine étant laissée dans le flou et
relevant du domaine implicite. L‟objet du savoir est définissable dans le domaine du savoir savant, c‟est-àdire celui qui est reconnu comme tel par une communauté scientifique et n‟est pas enseignable sous sa
forme. Des mécanismes précis doivent assurer son extraction du domaine savant et son insertion dans un
discours didactique, discours de l‟enseignant en classe.
Une fois ce traitement réalisé, le savoir didactique est intrinsèquement différent du savoir savant
qui lui sert de référence (JOHSUA, 1999). L‟écart entre ces deux savoirs constitue l‟écart de la
transposition didactique. La transposition didactique est un concept emprunté à Michel Verret qui
caractérise le décalage entre le fonctionnement savant du savoir et son fonctionnement dans
l‟enseignement. Il en résulte que tout enseignement du savoir produit des déformations particulières de ce
savoir car toutes les découvertes en mathématique ne sont pas nécessairement accessibles à tous et
donc les résultats scientifiques ne sont pas facilement communicables dans le langage courant.
Le savoir savant est l‟ensemble de toutes les théories scientifiques relatives à une
discipline donnée tandis que le savoir scolaire ou savoir enseigner est tout ce qu‟on retrouve
dans le programme. Le passage du savoir savant au savoir enseigné a pour résultat tout ce
qu‟on retrouve dans le programme et notamment dans les manuels scolaires. Le passage du
savoir savant au savoir enseigné constitue la transposition didactique.
Selon Chevallard, on appelle transposition didactique, le phénomène de transformation
du savoir savant en savoir didactique c‟est-à-dire en savoir scolaire.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
HATEGIKIMANA et al. ; Contenus d’enseignement sur les relations et les fonctions258
2. PRESENTATION DES RESULTATS
a) Analyse du livre ‘’Maîtriser les maths 2ème, p 28’’
Le contenu de ce livre sur les relations et les fonctions se présente de la manière suivante :
« 1. Relation
Définition : Une relation R d‟un ensemble A vers un ensemble B est une partie (sousensemble) du produit cartésien AxB. A est l‟ensemble de départ ou source et B est
l‟ensemble d‟arrivée ou but.
2. Fonction
Une relation f définie de A vers B est une fonction si, et seulement si, chaque élément de
A a au plus une image dans B.
Remarques : a) f : A B est une fonction ssi, x Domf, !y Imf : y=f(x). Le symbole
« ! » se lit il existe un et un seul.
b) Soit f : A B, x A, y B et z B. Si f est une fonction telle que f(x)=y et f(y)=z, alors
y=z.
c) Toute relation dont le graphe est vide est une fonction.
d) Une fonction est aussi appelé « relation fonctionnelle».
e) Une simple relation est toute relation non fonctionnelle.
Application
Définition : Une relation f de A vers B est une application si chaque élément de A a une et une
seule image dans B. f : A B est une application ssi x A, !y B : y=f(x).
Remarque : - Une fonction de E vers F est une application si Domf=E
- Toute application est une fonction mais toute fonction n‟est pas nécessairement une
application.
- f : A B n‟est pas une application s‟il existe un élément de A qui n‟a pas d‟image ou un
élément de A qui a plusieurs images.
- Toute application définie dans un ensemble A est appelé transformation de A. »
Dans ce livre, la définition d‟une application n‟est pas claire. De même aucune situation
didactique n‟a été prévue pour assurer une meilleure compréhension de la dite notion au niveau
des enseignants. D‟où la transposition didactique est mal fait car ce contenu ne s‟adapte pas au
langage des élèves et est donc difficilement compréhensible par eux. Cependant, c‟est un
contenu vrai. En effet, le mot fonction ici est presque synonyme du mot application car, de la
définition donnée, on voit clairement qu‟une fonction f de A vers B est une application de Domf A
vers B, ce qui rejoint la fonctionnalité de l‟application. Ce mot est utilisé aussi sans précision car
on ne dit pas si la fonctionnalité se rapporte à quelle variable étant donné qu‟une application ou
fonction est une correspondance (relation non vide) qui est fonctionnelle par rapport à la
deuxième variable. De ce fait, on peut remarquer en outre que les connaissances données ici
sont très savantes et ne s‟adaptent pas au niveau des élèves de deuxième année secondaire. En
effet, ce texte se présente sous forme d‟un texte destiné aux mathématiciens de haut niveau.
On introduit les relations tels que „‟relation fonctionnelle‟‟ ou „‟relation non fonctionnelle‟‟ sans
les expliquer au lieu d‟introduire plutôt la notion de „‟correspondance‟‟ et la définition est notée en
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
HATEGIKIMANA et al. ; Contenus d’enseignement sur les relations et les fonctions259
langage formalisé pourtant en deuxième année secondaire il n‟y a pas de logique qui s‟y
enseigne. En effet, au cycle élémentaire on forme d‟abord l‟intuition des élèves par la
construction des concepts de base et la logique se forme à partir de la troisième année
secondaire où on commence à initier les élèves au raisonnement logique par des
démonstrations.
Un langage formalisé peut donc bloquer l‟apprentissage s‟il n‟est pas déduit et construit par
des situations didactiques et on voit effectivement qu‟il y a absence des situations didactiques
dans ces contenus. La définition donnée ici pour les fonctions s‟écarte de la définition savante sur
les fonctions telles que le proposent beaucoup d‟auteurs. En effet, la fonction se définit à partir de
la fonctionnalité d‟une correspondance par rapport à la deuxième variable et les mots fonctions et
applications sont synonymes.
Ainsi, GODEMENT (1968) écrit ce qui suit :
« Soit E et F deux ensembles quelconques. Si à tout x de E on associe un élément y et
un seul de F, on établit entre E et F une correspondance univoque qui se nomme aussi
fonction ou application ».
Les propos de GODEMENT étant corroborés par BISMANS, DONNEDU, DIEUDONNE, on
peut confirmer qu‟il y a un problème de contenu d‟enseignement sur la définition et les
connaissances proposées qui ne sont pas correctes et cela met en cause la légitimité des
connaissances qu‟on enseigne au secondaire. Ce qui crée un écart de transposition assez grand.
2ème livre : MUKOKO NZWANA, algèbre quatrième, p74, 77
Le contenu de ce livre se présente comme suit :
Notons qu‟en quatrième année secondaire on définit une fonction et une application
comme suit : une fonction f de A vers B est une relation de A vers B telle que chaque
élément de A ait au plus une image dans B. Si x a une image y par f, on note
f : A B ou encore f : A B : x y=f(x).
x
f ( x) y
-
Le domaine de définition de f noté Domf, est l‟ensemble des éléments de A pour lesquels f est
définie. Nous écrirons Domf={x A :f(x) B}
-
Soient f :A B et P A. L‟ensemble image de P par f, noté f(P) est l‟ensemble des éléments de B
ayant un antécédent dans P. Nous écrirons f(P)={y B : x P : y=f(x)}
Graphe d’une fonction
Soit une fonction f : A
x
B . Le graphe de f, noté Gf est l‟ensemble des couples (x,y) de
f ( x) y
AxB tels que y = f(x).
Une application f de A vers B est une fonction pour laquelle chaque élément de A a une et
une seule image dans B. Elle est définie pour tout x A. D‟où Domf=A. Ainsi, f est une
application de A vers B lorsque Domf=A.
On voit donc que ces définitions s‟écartent de celles proposées par R. Godement ainsi que F.
BISMANS, A. DONEDDU et J. DIEUDONNE et sont plus ou moins floues pouvant créer une
confusion,ces définitions ne sont pas bien clarifiées. Ceci étant, il sera possible que les élèves de
l‟école secondaire ne maîtrisent pas convenablement la définition d‟une fonction ou d‟une
application.Il en résulte que le contenu de ce livre est trop savant car il ne donne aucun sens aux
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
HATEGIKIMANA et al. ; Contenus d’enseignement sur les relations et les fonctions260
notions de fonctions ou applications par un usage quelconque des situations d‟apprentissage
(contextualisation) et la transposition didactique dont il est issu n‟est pas correctement réalisée.
Notons que la question de situations didactique se pose toujours même s‟il s‟agit d‟un manuel de
4ème secondaire car il s‟agit d‟une nouvelle connaissance à laquelle on doit donner du sens dans
un contexte d‟usage de ce concept. Bref, ces définitions ne peuvent pas permettre aux élèves de
saisir le sens et la signification des concepts fonction ou application car le texte lui-même de ce
manuel manque de logique et de lucidité et le texte est trop synthétique et moins détaillé, moins
explicite.
3ème livre : Maîtriser les maths 3, p 14 et 19.
Le contenu de ce livre se présente comme suit :
« Définitions
1. Soit A et B deux ensembles. On appelle relation R de A vers B, de graphe G, le triplet (A,B,G)
défini par : R (A,B,G)={(x,y) AxB : xRy}=GR. Une relation d‟un ensemble A vers un ensemble B
est une partie du produit cartésien AxB.
2. Une fonction f de A vers B est une relation telle que chaque élément de A ait au plus une image
dans B.
3. Une relation f de A vers B est une application si et seulement si, tout élément de A a une image
et une seule dans B. »
Nous constatons également que ces définitions s‟écartent de celles proposées par Roger
GODEMENT car le contenu de ce livre est trop savant. En effet, ce contenu ne donne pas les
vraies définitions d‟une relation, d‟une fonction ou d‟une application. Les relations étant toujours
liées aux liens verbaux les définissant, la définition d‟une relation doit être liée à celles des
relations propositionnelles à deux variables. Cela permettrait également de préparer les élèves à
la notation des images et à la rattacher correctement à la notation des relations entre éléments.
D‟où la transposition didactique dont il est issu est mal conçue. Il différentie une fonction d‟une
application et ne donne aucune situation d‟apprentissage.Il résulte de façon globale par
comparaison des livres du secondaire et d‟université, que les définitions de ces manuels en
usage au secondaire sont données vaguement et cela peut avoir une répercussion sur la maîtrise
de ces notions par les élèves du secondaire.
4ème livre : KATUMBWE L., Mathématique 1ère année secondaire, ed. CECAF-Hatier,
Kinshasa 1974.
Le contenu de ce livre sur les relations et les applications et fonctions se présentent de la
manière suivante :
« 1. Relation
Soit E un ensemble d‟enfants : E={Kalala, Ndaye, Mukeba, Ntumba, Toto}. Soit F un ensemble
des notes : F={8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15}. Cette semaine Kalala a obtenu les notes 12, 14, 10 ;
Ndaye a obtenu 8, 9, 11 ; Mukeba 9, 10, 12, 13 ; Ntumba 9, 14 ; Toto lui, n‟a eu aucune note. La
phrase : „‟Ndaye a eu comme note 8‟‟ établit une relation entre Ndaye, élément de E et 8,
élément de F. „‟a eu comme note‟‟ est le lien verbal de la relation.
Soit A l‟ensemble {pêcheur, chasseur, soldat, boulanger} et soit B l‟ensemble {barque, fusil,
canon, compas}. Nous allons établir une relation de A vers B à l‟aide du lien verbal „‟utilise‟‟.
Nous noterons R cette relation.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
HATEGIKIMANA et al. ; Contenus d’enseignement sur les relations et les fonctions261
Par exemple, puisque le soldat utilise un fusil, nous noterons soldat R fusil. Fusil est l‟image de
soldat par la relation R et soldat est l‟antécédent de fusil par la relation R. Une image se trouve
toujours dans l‟ensemble d‟arrivée tandis qu‟un antécédent, lui, se trouve toujours dans
l‟ensemble de départ.
Note : - Une relation R d‟un ensemble E vers un ensemble F peut être définie par son lien
verbal, par son schéma à flèches ou par son schéma cartésien.
- Si x E et y F et x Ry, alors x est l‟antécédent de y, y est l‟image de x. E est l‟ensemble de
départ et F est l‟ensemble d‟arrivée de la relation R.
2. Application
Voici le schéma à flèche de l‟application f de l‟ensemble A vers l‟ensemble B.
A aB
b.
c.
d.
Nous constatons que sur le schéma à flèches de l‟application f, de chaque élément de
l‟ensemble de départ part une flèche et une seule. f étant une application de l‟ensemble A vers
l‟ensemble B, pour indiquer que b a pour image par cette application, on notera : f : b
,
f :a
, f:c
, f:d
Définition : Une relation de E vers F est une application de E vers F si tout élément de
l‟ensemble de départ a une image et une seule.
Bijection
Définition : Une bijection est une application telle que tout élément de l‟ensemble d‟arrivée ait un
antécédent et un seul.
Relation d‟équivalence
Définition : Une relation R dans un ensemble E est appelée relation d‟équivalence si elle est à la
fois symétrique, réflexive et transitive.
Dans ce livre la notion de relation part des situations pouvant aider les élèves à bien maîtriser la
matière. Malheureusement la définition du mot relation n‟a pas été donnée de façon claire. Ici on
ne montre pas si le mot application est synonyme du mot fonction mais la définition du mot
application est correcte, celle du mot fonction est absente. En outre, ces définitions sont pauvres
car elles ne contiennent pas les éléments pouvant contribuer à la compréhension des concepts
„‟relations‟‟, „‟fonctions‟‟ et „‟applications‟‟ par les élèves. Ainsi donc ce manuel ne permet pas un
meilleur apprentissage car l‟auteur devrait donner les situations sociales qui peuvent permettre
aux élèves de mieux comprendre la notion de relations, fonctions ou applications. Ce contenu à
lui seul ne permet pas donc aux élèves de mieux comprendre le sens de ces concepts, il faut lui
associer d‟autres pour son enrichissement, si on convient de l‟utiliser dans l‟enseignement
secondaire.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
HATEGIKIMANA et al. ; Contenus d’enseignement sur les relations et les fonctions262
CONCLUSION
Il se dégage des analyses de chaque manuel que les contenus d‟enseignement que proposent
ces manuels posent un véritable problème d‟apprentissage du fait que :
Presque tous les manuels présentent des définitions floues ne reflétant aucun sens ou
signification des concepts en étude et qui peuvent influencer négativement la compréhension de
ces objets d‟étude en classe ;
La majorité des manuels entretiennent des confusions de différenciation entre les fonctions et les
applications alors que ces concepts sont des synonymes, ces confusions pouvant avoir un
impact négatif sur les apprentissages futurs dans la suite du cursus scolaire en mathématique ;
La grande partie des manuels ne contextualise pas les contenus d‟enseignement proposés par
des situations didactiques et celui qui donne des situations, ne fait pas ressortir de ces situations
le sens et la signification des concepts en question ;
Il se dégage de ces contenus un écart de transposition didactique entre ces contenus
savamment présentés et le contenu scientifique auquel ces connaissances se réfèrent et cet
écart met en jeu la légitimité des connaissances enseignées.
Il en résulte donc l‟existence d‟une problématique du contenu d‟enseignement des relations,
fonctions et applications au cycle inférieur de l‟enseignement secondaire. Cette problématique
appelle une recherche de solution à ce sujet après une recherche approfondie de la répercussion
de ce problème sur les apprentissages des élèves et sur les actions didactiques du professeur en
cette matière étant donné la place qu‟occupent les notions en question à savoir les relations, les
fonctions et les applications non seulement dans l‟ensemble des mathématiques mais et surtout
dans le cursus de l‟éducation mathématique depuis l‟école primaire jusqu‟à l‟université en
passant par l‟école secondaire dont une partie est concernée directement par les résultats de nos
analyses. Ces recherches devront aboutir à la conception des situations fondamentales pour
contextualiser ces connaissances pour un meilleur apprentissage.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MUVUNJA F.A. et al. :The epilithic macroalgae Cladophora sp. in Lake Kivu
264
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 264-276
THE EPILITHIC MACROALGAE CLADOPHORA SP. IN LAKE KIVU: ECOLOGICAL
IMPORTANCE AND RESOURCE-BASED PERSPECTIVE.
MUVUNDJA F.A.1,2, ZABENE Z.F.1,2, ALUNGA, G.L.32,3, AGANZE B.B.14, ISUMBISHO, M.P.2,3
ABSTRACT
This paper shows bio-ecological characteristics of the macroalgae Cladophora which grows on rocks and further solid
substrates within Lake Kivu littoral. Samples were collected and analyzed for chlorophyll a, bulk natural products using
spectrophotometric methods and standard phytochemical screening tests. Nutrient elemental (C, N, P) and stable isotope
compositions were analyzed using an Elemental Analyzer-Isotope Ratio Mass Spectrometry (EA-IRMS). Results
indicated that water chemistry of the site was in the range of favorable conditions to the development of Cladophora in
the littoral zone of Lake Kivu, particularly during the seasonal upwelling in dry season and low lake water stands. Algal
analyses showed low P content and C/N, C/P and N/P molar ratio values were high ( 29; 1134 and 39, respectively),
compared to the Redfield stoichiometry. This observation supports that P enrichment is necessary to boost the macroalgal
production. Its δ13C signature -19.61‰ was higher than that of the Lake Kivu phytoplankton. The δ15N value of
+1.01‰ in the algal tissue suggested that Cladophora mat is an N2-fixing assemblage, either itself or its associate such
as symbiotical cyanobacteria. In addition, the Cladophora mat showed appreciable amounts of lipoids, phenols and
saponins which may support its known antioxidant and antimicrobial activities. The alga can also be used as a source of
proteins and lipids for feeding in aquaculture and aviculture.
KEY WORDS: Epilithic macroalga, water quality monitoring, elemental stoichiometry, stable isotopes, littoral zone,
Lake Kivu
RESUME
Cette recherche traite de l‟écologie et de la Biogéochimie de cette algue épilithique. Les propriétés physico-chimiques des
eaux ambiantes étaient mesurées. Des échantillons d‟algues étaient collectés et analysés pour la chlorophylle a par
spectrophotométrie et les substances naturelles totales par des tests de screening phytochimique. Les compositions en bioéléments (C, N et P) et en isotopes stables étaient analysées à l‟aide d‟un analyseur élémentaire couplé à un spectromètre
de masse. Les résultats de l‟étude indiquent que la qualité physico-chimique des eaux est favorable à la croissance de la
Cladophora, en particulier pendant la saison sèche lors du flux ascendant (upwelling) des nutriments par mélange des
eaux ainsi que des bas niveaux d‟eau du lac. Les analyses de l‟algue ont montré que les rapports molaires C/N, C/P et
N/P étaient très élevés (respectivement 29, 1134 et 39) comparés à la stœchiométrie Redfield du phytoplancton. Ce
rapport indique un rôle écologique important de l‟algue Cladophora, comme bio-indicateur de la pollution en nutriments
mais aussi pouvant agir comme un puits de N et P en cas de pollution en nutriments. La valeur de δ13C (-19.61‰) était
supérieure à celle du phytoplancton du Lac Kivu. La signature isotopique de l‟azote δ15N dans le tissu végétal de l‟algue
valait +1.01‰ ; ce qui suggère que la Cladophora ou son assemblage avec les cyanobactéries est fixatrice d‟azote
1
Département de Chimie-physique, Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu (ISP/Bukavu), B.P. 854
Bukavu, R.D.Congo
2
Unité d’Enseignement et de Recherche en Hydrobiologie Appliquée, ISP/Bukavu, B.P. 854 Bukavu,
R.D.Congo
3
Centre de Recherches Universitaires du Kivu (CERUKI), ISP/Bukavu, R.D.Congo
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MUVUNJA F.A. et al. :The epilithic macroalgae Cladophora sp. in Lake Kivu
265
atmosphérique. En plus, l‟algue contient d‟énormes quantités des lipoïdes, phénols et saponines lui conférant des
propriétés antioxydantes et antibactériennes connues pour cette algue. L‟algue peut aussi être exploitée comme aliments
de petit élevage (aquaculture et aviculture).
MOTS CLES:Macroalge épilithique, Evaluation de la qualité de l‟eau, stœchiométrie élémentaire, zone littorale, Lake
Kivu
1. INTRODUCTION
Cladophora is a filamentous asexual alga with a diplohaplontic lifestyle (Dodds and
Gudder 1992) which generally grows attached to hard substrates by forming a rhizoidal system
(Depew et al. 2009; Ishii and Sadowski 2010). It is called by local communities “Irhenvu” and
“Lubobi” (in Mashi and Kifulero dialects, respectively). It is a dominating macroalga on Lake Kivu
shorelines embedding almost all the rocks and solid substrates. Its ecology as well as its
biochemistry has not yet been documented despite its predictable importance in the foodweb and
nutrient cycling in the littoral zone of Lake Kivu. Yet the foodweb of Lake Kivu‟s littoral zone is
very weakly known (Villanueva et al. 2008; Descy et al. 2012). The success of conservation of the
fragile fish diversity of Lake Kivu needs a good understanding of the lake biogeochemical
processes which allows allocating a specific role to each of the biomes of the ecosystem.
This study is a contribution to the knowledge of the ecology of Cladophora sp. in Lake
Kivu by assessing the environmental quality of its habitat and its importance in nutrient cycling
and foodweb in the littoral zone of the lake, where live 27 of the 29 fish species present in the
lake, especially the endemic cichlids (Snoeks et al. 2012).
2. METHODS AND MATERIALS
2.1. Study site
Lake Kivu is a tropical meromictic Great lake of the western African rift lying between the
Democratic Republic of Congo and Rwanda (Fig.1). Lake Kivu overflows to Lake Tanganyika by
Ruzizi River. The lake covers a surface area of 2370 km2 with a maximum length of 102 km, a
maximum width and depth of 45 km and 485 m, respectively (Stoffers and Hecky 1978; Beadle
1981; Hecky et al. 1987). At the feet of the Nyiragongo active volcano, Lake Kivu is a
permanently stratified lake with large amounts of carbon dioxide and methane in its deep waters
(Tietze et al. 1980; Schmid et al. 2005; Pasche et al.2009).The lake has a shallow oxic (bio)-zone
limited to 60 m depth only (Sarmento et al. 2006; Isumbisho et al. 2006) and a very narrow (<10%
of the lake surface area) and abrupt littoral zone (Verbeke 1957). This is embedded of rocks and
dead materials on which grows the Cladophora macroaalgae. Sometimes they are grazed by
Tilapia and Haplochromis
2.2. Characterization of the sampling site and algae collection
During this study, the sampling site was chosen at the shores of Lake Kivu at Ishungu, in
the southern part of the Lake basin (Fig.1). The water depth at the site was 0.5 m. Physicochemical properties (Temperature, Electric Conductivity, Dissolved oxygen and pH) of lake water
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MUVUNJA F.A. et al. :The epilithic macroalgae Cladophora sp. in Lake Kivu
266
were measured in field using an “in situ” multiprobe (Hydrolab, USA).
Water and Cladophora samples were taken between August 2012 and June 2013. Water
was sampled using a Niskin Bottle and stored in cool conditions within a cool box before they
were taken to the laboratory for analyses of nutrients. Algal samples were collected by hand using
latex gloves and stored in a plastic basin where they were washed gently with in situ lake water to
remove dead materials and silt.
2.3. Algal biomass estimation and identification of the material
To estimate the algal biomass in the field, a transect area of 0.25 m 2 was delimited
arbitrary in the coastal zone, algal substrates within were removed from water and the algal
biomass was harvested into a plastic basin. The sample was rinsed with lake surface water,
filtered on a 150 µm-pore size mesh and allowed to spin-dry before it was transported under cool
conditions to the laboratory where it was weighed fresh.
A duplicate sample of algal samples kept in formalin (4%) was taken to the Centre de
Recherches en Hydrobiologie d‟Uvira (CRH/Uvira) for microscopic identification using an optical
microscope (Olympus CH30) and identification keys based on the morphology of the alga:
filament shape, structure, and ramification nodes as well as images of corpuscles on the
filaments.
2.4. Sample treatments
The samples of algal materialof Cladophora were divided into two parts: one for
phytochemical screening and another one for chlorophyll analysis. The part for chlorophyll was
weighed fresh and added to HPLC grade acetone (90%) for pigment extraction while the other
part was dried at room temperature in low light conditions. One part of the dry samples was finegrounded using a metal mortar and pestle, and served for natural product analyses by
phytochemical screening. Another part was further dried into an oven at 40⁰ C up to constant
weight and kept into a desiccator prior to elemental analyses.
2.5. Chemical analyses
2.5.1.
Nutrient analyses in water samples
2.5.2.
Chlorophyll extraction and analysis
Dissolved nutrients were analyzed on filtered water samples (GFF glass fiber filters: 0.7
µm pore size, 47 mm of diameter) using UV/VIS spectrophotometric techniques (APHA 2005)
according to the protocols followed by Muvundja et al. (2009). Ammonium (NH 4+) and nitrate
(NO3-) concentrations were determined in water samples using the dichloroisocyanuratesalicylate and the cadmium reduction methods respectively. Nitrite (NO 2-) was measured by the
azo-dye complex formation method. Soluble reactive phosphate (SRP) and silica (SRSi) were
determined, respectively, by the molybdate/ascorbic acid and the molybdo-salicylate complex
methods.
An aliquot of 1 g of the fresh algal sample was weighed, grounded in dark conditions and
allowed to digest in 5 ml of acetone 90% for 1 hour in the fridge before it was subject of
sonication for 15 minutes (with Brandelin electronic Sonorex RK 100, Germany). The sample was
then kept in cool conditions within a fridge for 24 hours prior to the second sonication. Thereafter
the sample was subject of centrifugation for 5 minutes at 4300 rpm and the extract was removed
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267
using a Pasteur pipette and transferred to a new tube.
Chlorophyll a pigment (Chl a) and phaeopigment a (Phaeo a) contents were measured
using a spectrophotometer at 665 nm in a 1 cm-cuvette before and after acidification with HCl 0.1
N. Chl a and Phaeo a contents (µg) in 1g of dry sample were calculated using the Lorenzen
equations (Descy 1992) adapted to dry samples as following:
(Eq. 1)
(Eq. 2)
Where Db and Da are the sample optic densities (absorbances) before and after acidification,
respectively; V, the solvent volume added to the sample for extraction (ml) and L, the optic
(cuvette) length (cm).
2.5.3. Elemental and stable isotope analysis
Carbon and Nitrogen elemental and stable isotope compositions were performed in the laboratory
of Biogeochemistry of the Swiss Federal Institute of Aquatic Research and Technology (EAWAG,
Switzerland). Aliquots of dry ground raw material of the algal sample in triplicate were weighed into tin
capsules (Säntis, Switzerland) and measured for C and N with an elemental analyzer (Thermo quest, CE
instruments, USA) coupled to an isotope ratio spectrometer for (C, N) isotope composition. N isotope
values were calibrated using internal (sulfanilic acid) and international reference materials (IAEA-N1) with
assigned δ15N values of +2.0 and +0.4‰ (versus Air), respectively. The standard deviation was 0.02% for
N and 0.1% for Cand the analytical reproducibility for δ15N measurements was ± 0.2‰.
Phosphorus content of the alga was analyzed on raw dried material after digestion by persulfate
in an autoclave (Wolf Sanoclav KL12-2, Germany) for 2 hours at 120⁰C. Consequently phosphorus was
measured using the molybdenum blue method (APHA 2005).
2.5.4. Phytochemical screening
Three kinds of extracts were used for the phytochemical screening, namely the aqueous,
ethanol and petroleum ether extracts. The screening was made following standard tests (e.g.,
Trease and Evans 1989; Harbone 1998; Aiyegero and Okoh 2010; Bhamdary et al. 2012;
Ugwochuku et al. 2013).
Alkaloids were detected on aqueous extract aliquots using the Mayer and Wagner tests.
Flavonoids were tested using the Brigg-Locker reagent on an alkaline solution of an aliquot of the
aqueous extract. The presence of glycosides was tested using the Fehling test on acidified
aqueous extracts. Saponins were detected on aqueous extracts by the foam method. Tanins were
detected in aqueous extracts by FeCl3 and Stiasnys reagent test.
Lipoids were detected on petroleum ether extract using the sulfuric acid method. Phenol
detection was performed on ethanol extract using the FeCl3 1% and concentrated H2SO4 tests.
Quinones were detected on petroleum ether extracts using NaOH 1% solution. The presence of
steroids was tested on ethanol extracts by adding acetic acid and sulfuric acid reagents
successively. Terpenes were tested on petroleum ether extracts as well as on anhydrous acetic
acid extracts using the Lieberman-Burchard and Hinschson reagents. Crude protein content was
determined by multiplying the nitrogen content by a factor 5.8 suitable for aquatic organisms
(Graigner and Bitterlich 1984).
3. RESULTS
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268
3.1. Water quality and life cycle of Cladophora
Water quality parameters were measured within the habitat of this macroalga. The physicochemical properties of the in-site waters are reported in Table 1. Average water temperature was 24.9⁰C
and pH was 9.2. Dissolved oxygen was 6.2 mg/l and specific electric conductivity was ~1,200 µS/cm
(Table 1).
Table 1. Water physico-chemical properties at the sampling site
T
pH
Sp. Cond.
DO
Date
°C
units
µS/cm
mg/l
09.9.2012 24.1
9.9
1,160
6.5
25.1.2013 25.5
9.2
1,219
7.1
07.3.2013 25.6
8.9
1,225
5.3
20.3.2013 24.7
8.9
1,217
n.d.
17.4.2013 24.5
9.0
1,197
n.d.
26.5.2013 25.0
9.4
1,114
6.9
Ave± SD
24.9±0.5
9.2±0.3
1,188±43
6.5±0.3
Legend:n.d stands for “not determined”; Sp. Cond.: Specific electric conductivity; SD: standard
deviation
The Secchi disc was always visible up to the bottom indicating a maximum light penetration.
Nutrient analyses indicated values of 152 µg/l of NO3-, 536 µg/l of NH4+, 116 µg/l of PO43- and 3.30 mg/l of
SiO2. Nitritewas always under the detection limit (<10 µg/l) by the analytical method used. Ammonium was
the most abundant nitrogen species in water samples (Table 2).
The length of the algal filaments ranged from 11.1 to 17.2 cm with an average value of 14.8 cm.
The alga was identified as being a Cladophora algal type most probably Cladophora glomerata. The alga
was found to be associated with symbiotic microalgae such as diatoms
Table 2. Water nutrient concentrations at the sampling site
Nutrient (µg/l)
NO3NO2Site (littoral)
152±110
<10
Pelagic zone (*)
80
38
# samples
6
6
Legend:(*) Modified after Sarmento (2006)
NH4+
536±47
51
6
SiO2
3,300±89
2,795
6
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PO43116±95
39
6
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269
The life cycle of Cladophora in Lake Kivu (Fig. 2) is seasonal and its bloom is reported during the
dry season (June to August). During the rainy season, the alga is less abundant and seems to be
dormant.
(2a
)
(2b)
(2d)
(2c)
Figure 2. Life cycle of Cladophora in Lake Kivu: (2a) September (end of Dry Season); (2b)
January (Rainy Season); (2c) May (end of Rainy Season) and (2d) June (beginning of Dry
Season).
During the September mission (end of dry season), lake water level was low (Muvundja et al.
2014) and most of rock substrates were populated by blooming algae (Fig. 2a) whereas in January during
high water levels the substrates were submerged and the algal biomass shrunk (Fig. 2b). The algal growth
was again observed in May (Fig. 2c) and started blooming in June as the water levels started decreasing
(Fig. 2d). The average value of the algal biomass of June and September measurements was 1.1 kg/m2.
3.2. Algal nutrient stoichiometry and stable isotopes
Table 3. Elemental and total chloropigment composition of Cladophora tissue
Variable
C
(%)
N
(%)
P
(%)
Protein
(%)
Chl a
(µg/g)
Phaeo
(µg/g)
C/N
(molar)
N/P
(molar)
C/P
(molar)
Chla/Phaeo
(w/w)
Cladophora 30.74 1.23 0.07 7.1
57
19
29
39
1134 3
Legend:Chl a: chlorophyll a; Phaeo: total phaeopigments (chlorophyll degradation products)
Bulk elemental and pigment compositions of Cladophora are presented in Table 3. They indicate
a mass/mass composition of 30.74% of C, 1.23% of N and 0.07% of P. Considering a conversion factor of
5.8 for aquatic organisms (Graigner and Bitterlich 1984), the protein content of the macroalga can be
estimated at 7.1% (w/w). Chlorophyll a and phaeopigment a contents were 57µg/g and 19 µg/g,
respectively. The calculations of algal internal nutrient stoichiometry revealed atomic ratios of C/N = 29;
C/P = 1134 and N/P = 39 (Table 3). The ratio between Chl.a and Phaeo.a was 3. Carbon and nitrogen
stable isotope composition of Cladophora is compared to other foodweb components of Lake Kivu in
Table 4. δ13C and δ15N signature values were equal to -19.61‰ and 1.01‰ respectively.
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Table 4. Comparison of the (C, N) stable isotope composition of Cladophora and other
trophic level members in Lake Kivu
Producer Cladophora
phytoplankto
H.
H.
H.
s
sp.
n
microchrysomelas olivaceus
astatodon
δ13C (‰) -19.61*
-22.03**
-18.46**
15
δ N (‰) 1.01*
4.66**
9.21**
Legend:*This study; ** Masilya (2011), “H.” stands for Haplochromis
-16.60**
9.21**
-18.60**
8.68**
3.3. Phytochemical screening
The chemical tests revealed the presence of lipoids, phenols and saponins in appreciable
amounts (Table 5). Alkaloids and steroids were present in moderate amounts. However flavonoids,
glycosides, tannins and terpenoids were present only in trace amounts whereas quinones were absent.
Table 5. Natural substance composition of Cladophora tissue
Substances Alcal.
Flavon.
Glyc.
Lip.
Phen.
Quin.
Sapon.
Ster.
Tan.
Terp.
Test
++
+
+
+++ +++
+++
++
+
+
Legend:+++: appreciable amounts (positive test in less than 5 minutes); ++: moderate amounts
(positive test after 5 minutes); +: trace amounts (positive test later); -: not detected (negative test).
Alcal.: alkaloids; Flavon: flavonoids; Glyc.: Glycosides; Lip.: lipoids; Sapon.: saponins; Ster.:
steroids; Tan: tannins; Terp.: terpenoids.
4. DISCUSSION
In the Great lakes of Northern America, mats of Cladophora have been found to contain large
quantities of pathogen bacteria such as Salmonella, Escherichia Coli, Shigella spp.,
Campylobacker spp., sulphate-reducing bacteria, etc. as they live in symbiosis with Cladophora
which provides protection and nutrients to bacteria and receives back vitamins from them (Ishii et
al. 2006; Olapade et al. 2006; Byappanahalli et al. 2009). The macroalga Cladophora (Kützing
1843 in Stamarch 1972) is probably the most widely distributed among other macroalgal families
of the world‟s freshwater ecosystems (Higgins et al. 2008). This alga is not unique to lakes but it
is also reported in rivers and estuarine where they appear in blooms in case of nutrient
enrichment. In Northern America, Cladophora sp. bloom was reported as a freshwater ecological
problem from 1950 to 1980 due to eutrophication of waterbodies (Higgins et al. 2008; Depew et
al. 2009). These algae are known to be indicator species of cultural eutrophication in the
Laurentian Great Lakes (Shear and Konawesich 1975). They also grow well in slightly alkaline
waters. Cladophora family contains almost 300 species (e.g. Cladophora glomerata; Cladophora
alpine; Cladophora humida; Cladophora rivularis, etc.) but the majority of them are inaccurately
described (Stamarch 1972; Higgins et al. 2008).
C. glomerata (L.) Kütz. is one of the most frequently observed Cladophora species in Lakes
(Whitton 1970; Dodds and Gudder 1992) such as the terms Cladophora and C. glomerata can be
used interchangeably (Ishii and Sadowsky 2010). They are green algal macrophytes belonging to
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271
Chlorophyta genus responsible for most of the primary productivity of near-shore ecosystems
(Zbikowski et al. 2007). They are edible by many aquatic organisms. Although, in Lake Kivu,
Cladophora sp. was found to be a minor feeding component with only 2.7 % of the food
occurrence in guts of adult sardines (Limnothrissa miodon and Lamprichtys tanganyikanus)
(Masilya et al. 2011), this food item should be more important in the diet of herbivorous,
detritivorous or omnivorous fishes of Lake Kivu such as the littoral Haplochromines and tilapiines
(Ulyel et al., 1990; Froese and Pauly 2006), Clarias spp. and Barbus spp.(Villanueva et al. 2008)
living mainly on the shoreline (Ulyel 1991; Kaningini 1995; Masilya 2011).
Cladophora sp. has also been reported to contain some natural substances responsible of its
antibacterial and antioxidant activities (Soltani et al. 2011). A recent study about its nutritional
value by Khuantrairong et al. (2011) indicated that the alga contains: 10.7 to 17.7 % of protein;
2.0 to 2.6% of lipid; 14.7 to 16.9% of ash; 52.5 to 61% of carbohydrate; 20.7 to 26.1% of fiber and
9.9 to 11.3 % of moisture; and up to 10 mg per 100 g of vitamins. Zbikowski et al.( 2007) reported
that Cladophora sp. has the potential of being used in trace metal biomonitoring and
bioremediation due to its high removal efficiency of heavy metals from waters (Cu2+, Zn2+, Cd2+
and Hg2+) which ranged from 85 to 99% of the total content of aqueous solutions.
During the study period temperature, pH, electric conductivity and dissolved oxygen (Table 1)
were similar to what was previously found for the surface waters of the pelagic surface waters of Lake Kivu
(Sarmento 2006). However regarding nutrient concentrations, the littoral waters were 3 times enriched in
phosphate than the pelagic water average. Nitrate and ammonium were respectively 3.5 and 10 times
higher in littoral waters than in pelagic zones (Table 2). This relative nutrient enrichment is due to the
proximity of the littoral zone to the catchment where direct anthropogenic inputs are expected. However
they remain well fitted in the range of good quality surface waters (Chapman and Kimstach 1996). High
ammonia and phosphate concentrations at this site suggest inputs of organic waste from domestic and
agricultural activities. A similar observation was made for the littoral zone at the upstream part of the
reservoir of Ruzizi I Hydropower Dam (Muvundja et al. 2011) and other urban rivers of Bukavu (Muvundja
et al. 2009). There was no outstanding difference of silica concentrations between this site and the pelagic
zone (Table 2). This might be due to the fact there was no river inflow nearby the site. Rivers are the main
external sources of silica to the epilimnion of Lake Kivu (Muvundja et al. 2009). Nitrite concentrations were
always negligible at the site obviously due to high oxygen saturation of the lake waters at such a shallow
site. In fact, in high oxic conditions, NO2- is rapidly oxidized into NO3-(Chapman and Kimstach 1996).
Favorable conditions for the development of Cladophora include humid, alkaline, oxic conditions,
nutrient availability, especially for PO43- (Kelly and Linda 1996; Houben 2007; Higgins et al. 2008; Penick
et al. 2012). Therefore the physico-chemical properties observed at the study site in this study make the
onshore of Lake Kivu to be considered as a good habitat for the development of this alga, especially
during low water stands. The algal bloom observed during the dry season has to be linked to more nutrient
availability by upwelling (Muvundja et al. 2009; Pasche et al. 2009, 2012) and water level decrease
(Muvundja et al. 2014) which limits dilution in the littoral zone. The contrasting biomass decline in rainy
season is be due to nutrient dilution by rising lake water level combined to low lake internal nutrient supply
by the pelagic waters due to enhanced stratification and consequent lack of deep mixing.
The chlorophyll a/phaeopigment ratio of our samples (Table 3) which is an indicator of algal
freshness (Descy 1992) suggested that about 1/3 of the pigment content of the samples was made of
detritus algae. Nutrient stoichiometry in Cladophora indicated C/N, N/P of C/P values of 29, 39 and 1134
respectively (Table 3). Compared to the stoichiometry of aquatic microalgae (Redfield 1934), Cladophora
experiences very low N, P contents relative to carbon. For example, C/P and N/P values are 10.7 and 2.4
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272
times higher than that observed in phytoplankton. This suggests that phosphorus is the most prominent
nutrient limiting factor for the growth of Cladophora. According to Houben (2007) the onset P limitation for
Cladophora growth within Great lakes of Northern America occurs for C/P > 505 and N/P > 41 whereas
zero positive growth occurred for C/P > 1246 and N/P > 75. He also found that elemental composition of
Cladophora in various ecosystems depend on the lake trophic state, i.e. nutrient enrichment, especially
phosphate concentrations (Houben 2007; Higgins et al. 2008). During this study C/N ranged from 14 to 21,
N/P from 35 to 104 and C/P from 726 to 1869 molar ratios. He also found that C/P and N/P greater than
581 and 52 respectively were indicators of phosphorus deficiency. Hence, Cladophora can be used as a
bioindicator of nutrient pollution in littoral zone, and therefore an important tool in lake environmental
monitoring (Penick et al. 2012).
According to our results, carbon and nitrogen stable isotopes were -19.6‰ and +1.01‰,
respectively (Table 4). In Houben (2007), δ13C and δ15N values of Cladophora ranged from -16.01 to 21.73‰ and +5.40 to +7.80‰, respectively. Differences in isotopic signatures are due to lake productivity
and nutrient cycling status. The low δ15N (of +1.01‰) compared to that of phytoplankton (+4.66‰) in Lake
Kivu (Table 4, Masilya 2011) suggests another nitrogen source for Cladophora in Lake Kivu. This is most
likely caused by nitrogen fixation by Cladophora-associated microalgae such as epiphytic cyanobacteria.
The comparison of carbon isotope signature of Cladophora with that of littoral fishes
(Happlochromines, Table 4) of Lake Kivu indicate a difference ranging from +1.01 to +3.01‰. This extend
of fraction may be due to the fact that some Haplochromine species have a diverse range of feeds
(macroalgae, detritus, fish larvae, benthic insects, etc.) while others are more herbivorous oriented (Ulyel
et al.1990; Masilya 2011; Snoeks et al. 2012). For example in Lake Kivu, H. olivaceus, H. crebridens and
H. rubescens are epilithic algae scrapers (Snoeks et al. 2012) whereas H. astatodon is furthermore
detritivorous and prefers rocky habitats (Ulyel et al. 1990).
The phytochemical screening has revealed the presence in appreciable amounts of lipoids,
phenols and saponins (Table 5). Cladophora rivularis was found to contain a good number of lipids (polar
and non-polar) and sterols were found by Kamenarska et al. (2004). They tested positively the organic
extracts of the alga on staphylococcus aureus. Total phenolic and total flavonoid contents of Cladophora
were tested positively for antioxidant activity such as Cladophora was suggested as a novel source of
natural antioxidant and antimicrobial pharmaceutical agents by Soltani et al. (2011).
The Lipid and protein contents of Cladophora allowed considering it as a potential source of
feeding stuffs for aquaculture (Traichaiyaporn et al. 2010) and aviculture as well as for biofuels under
nutrient-enriched culture conditions (Kumar et al. 2011). Therefore Cladophora might be a good nutritional
resource for fish feeding such as the cichlid species which feed on it (Ulyel et al. 1990; Ulyel 1991; Masilya
2011). However the production of biofuel from Cladophora may require an intensive culture in (N, P)
enriched ponds (Penick et al. 2012). Moellet-Nzaou (1994) recognized to Cladophora some medicinal
effect against burns. The therapeutic activity might be due to one or another class of the natural products
detected in this plant.
Acknowledgements
We would like to thank Mr.Kamalebo of the Centre de Recherches en Hydrobiologie d‟Uvira (CRH-Uvira)
for the identification of the studied algae. We are also grateful to our crew members Silas, Djoba and
Douglas for their field assistance during the sampling campaigns.
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YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs277
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 277-287
PERCEPTION DU NIVEAU DES PERFORMANCES PROFESSIONNELLES DES FINALISTES
DE l’ISP- BUKAVU DANS LES ECOLES SECONDAIRES DE BUKAVU (SUD-KIVU, RDC)
YUMA Wamugambya Alphonse*
ABSTRACT:
This paper present the statement of performances developed by ISP-Bukavu Finalists in the field of Teaching
in Secondary school Are they positively or negatively appreciated? That is not requiring the pain to know it. And
knowing it, the reflection would be carried on the solution, by attacking the causes or factors which touch more than one
actor in educative system: from student to his teacher, from the house of formation to the State which had given him that
mission. The negative had taken away on the positive; the pessimism had not the reason to avoid the optimism which may
be characterizing us. “
The result of our modest research showing how much they are formed products by ISP- Bukavu on the first market of
employment: the high schools in Bukavu Town. Haw many of them are on domain of formation and how are they
appreciated? It is a veritable autopsy.Among the formulate causes for complaint, there are for the whole (all the domains
assembled or joined) and they are for domains.For each is count, the statement had been established.
KEYWORD:statement - positive - negative - domains – factors
RESUME
Ce travail vise à évaluer le niveau de performances des finalistes de l‟ISP- Bukavu dans le monde
d‟enseignement compétitif et concurrentiel. Sont-ils positivement ou négativement appréciés ? La réflexion porte sur les
solutions, en s‟attaquant aux causes ou facteurs qui touchent plus d‟un acteur dans le système éducatif : de l‟étudiant à
son formateur, de la maison de formation à l‟Etat qui lui a donné la mission. Le négatif l‟emportant sur le positif, le
pessimisme n‟a pas de raison de cacher l‟optimisme qui doit nous caractériser. « Mieux vaut tard que jamais », dit-on.
Les résultats de notre modeste recherche montrent combien il y avait des produits formés par l‟ISP- Bukavu sur le premier
marché d‟emploi : les écoles secondaires de la ville de Bukavu. A combien ils étaient par filière de formation et comment
sont-ils appréciés ? C‟est une véritable autopsie. Parmi les griefs formulés, il y en a certes pour l‟ensemble (toutes les
filières réunies) mais les plus importants sont présentés par domaines.
A chacun son compte, le bilan étant établi.
MOTS CLES :bilan – positif – négatif – filières - facteurs
I. INTRODUCTION
En effet, l‟ISP-Bukavu est arrivé à maturité, et a suffisamment déversé des enseignants
dans l‟enseignement secondaire au niveau de la ville, de la province, et même de la région des
grands lacs africains, et cela depuis 1971 (date de sa création), et dans les domaines diversifiés
décrits dans le programme national de l‟enseignement secondaire (www.minedideps.org lu le 10
juillet 2014). Et, à l‟heure actuelle, l‟Université se voit interpellée et les Instituts Supérieurs
Pédagogiques (ISP) en particulier, par rapport à leur mission de «pourvoir le pays, en fonction de
*
Assistant l’UPN/Kinshasa
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs278
ses besoins, en personnel enseignant de formation supérieure, générale ou spécialisée … » (Loicadre n° 86/005 du 22/9/86 :15), et cette mission est définie actuellement sur trois dimensions
complémentaires (ISUMBISHO et BUGEME, 2014) dont : (i) organiser une éducation de qualité
pour produire des futurs dirigeants du pays ; (ii) promouvoir la recherche scientifique comme
soubassement du développement endogène ; (iii) faciliter le Transfert de connaissances pour la
transformation de la société pour un développement durable.
Cependant, des plaintes et lamentations fusent de partout, avec un écho: « le niveau des élèves a
sensiblement baissé ». Et c‟est lorsque la réflexion se porte sur la responsabilité de la chute du système
que les violons ne s‟accordent plus et c‟est la levée des boucliers. L‟enseignement secondaire accuse
l‟enseignement primaire de lui envoyer des élèves mal formés et ce dernier reproche à l‟enseignement
secondaire de lui produire des enseignants de piètre qualité. Qui a raison et qui a tort ? … A son tour,
l‟enseignement secondaire réplique en affirmant que les professeurs du secondaire sont formés par
l‟université et leur niveau à la sortie de l‟université ne fait que baisser ! Et le cercle vicieux se
referme (MAROYI, S. cité par MOKONZI, B., 2009 : 75).
Et pourquoi s‟accuse-t-on mutuellement?
Le cadre conceptuel de cette étude est centré sur l‟analyse de l‟efficacité des
microsystèmes éducatifs dont l‟ISP- Bukavu et le transfert de savoir en milieu éducatifs au sein
de la ville de Bukavu. Nous pouvons dès lors nous poser les questions ci-après en rapport avec
la quantité et la qualité de ses produits :
Quel est le niveau de satisfaction des premiers services utilisateurs (écoles secondaires de Bukavu)
dans les différentes filières organisées ?
Quelles sont les propositions concrètes des gestionnaires d‟écoles secondaires en vers l‟ISP pour
assurer le meilleur service à la communauté?
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
La démarche empruntée dans cette recherche fait appel à deux grandes types de
méthodes : la méthode quantitative et la méthode qualitative (NGONGO D., P-R., 1999 : 59-90,
120-125, 135-140, 149-152, 155-156, 159-160, 196-201).
 Quantitative : en recourant à la méthode d‟enquête et aux techniques du questionnaire et de
traitement des données quantitatives (statistique descriptive : organisation et présentation des
données en tableaux des fréquences et graphiques).
 Qualitative :
– Quant au choix de la méthode, c‟est l‟étude de cas (ISP- Bukavu), en usant de l‟approche
systémique.
– Quant au type de cas à étudier, il s‟agit d‟un cas visant :
L‟évaluationsommative de la manière dont les programmes de formation entreprise par
l‟ISP-Bukavu sont concrétisés sur terrain par ses produits déversés dans les écoles
secondaires de Bukavu ;
L‟éducation, en améliorant la compréhension de l‟action éducative entreprise et
Une étude de type recherche-action : observer pour établir la ligne de base et proposer
des solutions.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs279
– Quant au choix de la technique : il s‟agit principalement de l‟analyse qualitative et
quantitative de contenu des réponses des gestionnaires d‟écoles secondaires de Bukavu à
notre questionnaire d‟enquête.
En tant qu‟une technique de recherche pour la description objective, systématique et
quantitative de contenu manifeste de communications, notre analyse de contenu a une double
qualité : qualitative et quantitative. Elle a été réalisée en deux étapes : « exploration » et
« vérification ». Les réponses des gestionnaires d‟écoles secondaires ayant été analysées, les
indices retenus pour la catégorisation sont les « thèmes et fragments des phrases ». Il existe bien
des modèles pouvant être utilisés dans l‟appréciation du personnel enseignant. De plusieurs
modèles consultés, nous avons dégagé les éléments communs ci-dessous constituant les
catégories retenuesdans la codification de réponses des enquêtés/ il s‟agit de critères suivants :
R1 : Aptitude, habilité, compétence professionnelle, connaissances générales, théoriques,
pratiques et méthodologiques.
R2 : Activité, puissance de travail, efficacité, responsabilité, discipline,
Initiative (I) : I1 : Qualités d‟ordre, d‟arrangement, d‟agencement méthodique.
I2 : Esprit d‟entreprise, imagination créatrice, dévouement, zèle.
Sociabilité (S) : S1 : Dialogue et échanges maître – élèves
S2 : Collaboration avec les collègues, les supérieurs, respect et obéissance.
Moralité (M) : M1 : Autorité, dignité, honnêteté, objectivité, intégrité.
M2 : Sacrifice, patriotisme, civisme.
Ponctualité (P) : P1 : Respect heure début service ; P2 : Assiduité, régularité au lieu de travail.
Population et Echantillon d‟étude
Cette étude se limite aux observations dans la ville de Bukavu. Les unités de cette
population, utilisées pour la récolte des données de notre recherche, sont les gestionnaires de
ces écoles, leurs appréciations sur les produits de l‟ISP- Bukavu qu‟ils emploient comme
enseignants. Ces considérations d‟ensemble nous conduisaient à faire exception à la règle qui
veut que la recherche, en tant qu‟une démarche parcimonieuse, s‟exerce rarement sur toute la
population. Considérations qui nous déterminaient à atteindre le plus grand nombre d‟écoles
existantes dans la ville de Bukavu, si pas toutes. Nous avons recensé au total 88 écoles
secondairesà échantillonner pour cette étude à travers uin questionnaire. A chaque dépôt du
questionnaire dans une école, le gestionnaire contacté signait dans notre cahier de transmission,
en indiquant la date éventuelle de retrait du protocole dûment complété. Il y avait eu beaucoup de
reports des dates dans certaines écoles.
Sur les 88 écoles secondaires où nous avons déposé notre questionnaire, seules 60 ont
complétées la fiche d‟enquêtes et se repartissent selon le tableau 1.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs280
Tableau n°1 répartition des écoles enquêtées par réseaux
Réseau
Nombre
d‟écoles
Pourcentages
Non
conv.
Privé
23
Conv.
Catholique
Conv.
Protestant
Conv.
Kimbangu
Conv.
Adventiste
Conv.
Islamique
Total
11
Non
conv.
Officiel
6
17
2
1
0
60
38,3
28,3
18,3
10
3,4
1,7
0
100
Pour nous permettre d‟être fixé sur la valeur des jugements portés sur les produits de
l‟ISP-Bukavu dans ces écoles, il nous a paru indiqué de répartir ces enquêtés en fonction de leur
sexe, âge, ancienneté dans la fonction et niveau d‟études (tableau 2).
Tableau n°2 caractérisation des enquêtés
Sexe
Age (années)
Ancienneté
Variables
Nombre
Pourcentage
M
F
Tot
<30
≥30
Tot
1an
>1an
Tot
D6
A2
57
95
3
5
60
100
1
2
59
98
60
100
0
0
60
100
60
100
1
2
Niveau d‟études
G3
L2
A1
A0
27
45
32
53
Tot
60
100
Les indices de performances observées ont porté sur des critères suivants, en prenant en
compte : les initiatives, la sociabilité, la moralité, la ponctualité et le rendement, selon les
recommandations de MAGER dans notre beau métiers (encadré 1):
Encadré 1. Echelle de performances en enseignement
Echelle des performances
Maîtrise de la matière de leur domaine.
Valeurs intellectuelles (culture générale) appréciables.
Valeurs morales appréciables.
Gestion des documents pédagogiques
Esprit de citoyenneté responsable (résistance aux exigences conjoncturelles)
Esprit de collaboration avec les parents et les autorités scolaires
Respect de différentes étapes d‟une leçon.
Application des méthodes d‟évaluation plus objectives
Production des matériels didactiques.
Utilisation rationnelle des matériels didactiques
Ces éléments ont été aussi tirés des fiches d‟appréciations annuelles des enseignants selon leur
ancienneté. Et des éléments sur les observations négatives à améliorées ont été pris en compte
en vue de formulations des recommandations plus constructives à l‟endroit de l‟ISP Bukavu en
tenant compte de ses politiques de formations
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs281
II. RESULTATS ET DISCUSSION
Catégorisation des finalistes des finalistes de l’ISP dans l’enseignement secondaire en
fonction de leurs filières dans la ville de Bukavu.
Le tableau 3 suivant présente la distribution des produits de l‟ISP Bukavu selon les filières de
formation
Tableau n°3 Distribution des produits
Filière (département)
Effectifs
Pourcentage
Franc
125
21
Angl.
89
15
Hist.
88
14
Math.
74
12
Phys.
71
12
Géo.
66
11
Biol.
57
9
Chim.
24
4
Sca/lg
15
2
Total
609
100
Les produits de l‟ISP-Bukavu, à l‟œuvre dans les écoles secondaires de Bukavu touchées par
notre enquête, se répartissent comme suit : 125 produits du département de français, 89
d‟anglais, 88 d‟histoire, 74 de mathématique, 71 de physique, 66 de géographie, 57 de biologie,
24 de chimie et 15 de sciences commerciales administratives et informatique de gestion. La
section Lettres et Sciences Humaines y est représentée à 50%, celle des Sciences Exactes à
48% et celle des Sciences Commerciales Administratives et Informatique à 2 %.
Ainsi, dans les 60 écoles secondaires de notre échantillon, il y avait, à notre descente sur
le terrain, un total de 609 enseignants produits de l‟ISP-Bukavu, soit une moyenne de ± 10
produits par école. A ce nombre, nous pourrions ajouter 38 autres produits de l‟ISP-Bukavu parmi
les60 gestionnaires d‟écoles qui ont répondu à notre questionnaire et dire que 63,3%(38/60) des
gestionnaires d‟écoles secondaires de Bukavu sont produits de l‟ISP- Bukavu. Ce qui porterait
l‟effectif des produits de l‟ISP-Bukavu à 647 au lieu de 609. Ce surplus de 38 autres produits
(chefs hiérarchiques ayant apprécié les autres) ne sera pas pris en compte puisque n‟ayant pas
eux-mêmes été appréciés par quelqu‟un d‟autre.
Perception des produits de l’ISP- Bukavu : appréciations des chefs hiérarchiques
(évaluation, rétroaction, feed-back)
Niveaux de satisfaction des gestionnaires d‟écoles secondaires sur les prestations des produits
de l‟ISP- Bukavu
Les chefs hiérarchiques directs des produits de l‟ISP en fonction dans les écoles
secondaires de Bukavu ont, dans leurs réponses à notre questionnaire, su apprécier
positivement et négativement leurs agents. Nous avons suffisamment analysé leurs
appréciations.
Tableau n°5Niveaux de satisfaction des gestionnaires d‟écoles sur les prestations des produits
de l‟ISP
Niveau
de Indécision
50%
75%
100%
Total
satisfaction
Nombre d‟écoles
4
4
50
2
60
Pourcentage
7
7
83
3
100
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs282
Dans l‟ensemble, 86% de gestionnaires (52/60) sont satisfaits à plus de 75% de prestations des
enseignants produits de l‟ISP-Bukavu. Respectivement, 83% de gestionnaires (50/60) le sont à
75% et 3% de gestionnaires (2/60) le sont à presque 100% (la raison est que ces deux
gestionnaires n‟engagent dans leurs écoles que des produits de l‟ISP-Bukavu, sur base des
points obtenus en stage).7% de gestionnaires (4/60) sont restés indécis pour ne s‟être pas
prononcés sur cette question de niveau de satisfaction. 7% de gestionnaires (4/60) ne sont
satisfaits qu‟à 50% de prestations des enseignants produits de l‟ISP-Bukavu.
Les points positifs justifiant le niveau de satisfaction de gestionnaires à plus de 75% et
leur catégorisation
Tableau n°6 Points positifs émergents
Indices
Observations positives
R
1. Formation pédagogique et méthodologique éprouvée.
2. Maîtriset la matière de leur domaine.
3. Valeurs intellectuelles (culture générale) appréciables.
4. Valeurs morales appréciables.
5. Compétents, se défendent bien sur le plan scientifique.
6. Compris par les 2/3 des élèves de leurs classes.
7. Tiennent bien les documents pédagogiques.
8. Techniciens de l‟enseignement par rapport aux autres.
9. Résistent aux exigences du marché à conjoncture
difficile.
10. Patriotiques en acceptant de travailler dans
l‟enseignement.
11. Consentent des sacrifices énormes en servant leur
pays.
12. Font montre d‟esprit d‟ouverture, de dialogue et de
discipline.
Les promotions d‟avant 1995 sont
13. Plus compétentes, se défendent mieux que les autres.
14. Maîtrisent mieux la matière, la transmettent facilement.
15. Respectent les différentes étapes d‟une leçon.
16. Encadrent mieux les élèves par des interrogations et
devoirs.
17. Fabriquent les matériels didactiques.
18. Utilisent rationnellement ces matériels didactiques.
Les promotions postérieures à 1995.
19. Possèdent les connaissances théoriques.
20. Seuls les licenciés maîtrisent mieux la méthodologie.
Sous total
Total
R1
X
X
X
I
R2
I1
Catégories
S
M
I2 S1 S2 M1 M2
P
P1
P2
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
11
1
12
1
1
2
1
1
2
0
4
4
0
0
0
Sur 20 indices relevés par les gestionnaires d‟écoles secondaires, 12 sont de la catégorie
« rendement », 4 de la catégorie « moralité », 2 de la catégorie « initiative » et 2 de la catégorie
« sociabilité ». Il se dégage que le « rendement » soit l‟élément le plus pointé par les
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs283
gestionnaires dans l‟appréciation positive des enseignants produits de l‟ISP- Bukavu.
Bien que 86% de gestionnaires soient satisfaits de prestations des produits de l‟ISP- Bukavu à
plus de 75%, - ce qui est déjà un indice positif significatif, une très bonne performance, - l‟idéal,
certes difficile à atteindre, serait que tous les gestionnaires le soient à 100%.
Le tableau n° 7 suivant présente les performances par filière
Tableau n°7 Performances par filière
catégories
Rendement Initiative (I) Sociabilité Moralité
(R)
(S)
(M)
Anglais
6
3
1
0
Français
8
5
0
0
Histoire
5
3
4
2
Biologie
6
5
1
0
Chimie
7
2
1
0
Géographie
11
3
1
2
Mathématique
9
0
0
1
Physique
7
2
0
1
Sca/Ig
9
2
0
0
Total
68
25
8
6
%
63
23
7
6
Filières
Ponctualité
(P)
0
0
0
0
0
1
0
0
0
1
1
Total
10
13
14
12
10
18
10
10
11
108
100
Il ressort de ce tableau d‟ensemble que le « rendement », parmi les griefs formulés contre les
enseignants produits de l‟ISP-Bukavu, reste l‟élément le plus pointé par les gestionnaires
d‟écoles secondaires (68/108, soit 63% des griefs s‟y rapportent). Cette catégorie est suivie par
l‟ «initiative » (25/108, soit 23% des griefs), par la « sociabilité » (8/108, soit 7% des griefs), par la
« moralité » (6/108, soit 6% des griefs) et enfin par la « ponctualité » (1/108, soit 1% des griefs).
Ce dernier grief relatif à la ponctualité a été principalement formulé à l‟endroit des enseignants
produits du département de géographie.
Facteurs explicatifs de la régression
Les gestionnaires d‟écoles touchées par notre enquête ont avancé plusieurs facteurs qui
expliqueraient une « régression » qu‟ils ont constatée dans les produits de l‟ISP-Bukavu en place
dans leurs écoles (tableau 8)
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs284
Tableau 8 Facteurs de régression de la qualité des prestations
Facteurs liés à la vie de l’étudiant
Ils mènent une vie dure : se logent, se
nourrissent, se paient eux-mêmes les
études ;
Sans moyens pour survivre, ils se livrent
à des activités extra-muros : enseignants
ou précepteurs dans des familles ;
En conséquence : irrégularité et aux
cours et dans les écoles où ils prestent,
absence de concentration à l‟étude ;
inclinaison à la facilité ; loi du moindre
effort.
Facteurs liés à l’institution (ISP-Bukavu)
Mauvais recrutement des enseignants et
celui des étudiants (élèves du secondaire
de niveau faible), les concours d‟entrée
(au graduat et en licence) étant devenus
facultatifs, la prime des enseignants est
primordiale pour gonfler les effectifs ;
La rigueur, cheval de bataille, n‟existe
plus : on assiste à des « promotions
collectives » pour gagner en prime ;
Auditoires surpeuplés, les encadreurs
des matinées et de stages ont un grand
nombre d‟étudiants à suivre.
Facteurs liés à la vie de l’enseignant formateur de ces
produits
L‟encadreur de l‟étudiant devient lui-même enseignant au
secondaire, d‟où irrégularité, encadrement insuffisant ;
Le décès, la démission de certains enseignants remplacés
par des jeunes qui se plaisent dans la médiocrité ;
Certains ne préparent plus, se contentent des anciennes
notes ou des syllabus qu‟ils n‟expliquent parfois pas,
d‟autres ne donnent que le plan du cours en demandant
aux étudiants d‟aller faire des TP et signent des heures
non prestées ;
Certains maîtres de stage ne se pointent que pour récolter
les notes (cotes) et non pour l‟amélioration ;
L‟ivresse de certains qui passent le temps dans des débits
de boisson, rançonnant les étudiants de plusieurs façons ;
La subjectivité dans l‟évaluation et suivi des étudiants en
formation Facteurs liés à l’Etat et à la société en général
La mauvaise gestion des ressources : l‟Etat n‟organisant
pas son secteur politique, l‟impact affecte l‟enseignement ;
La marginalisation de l‟enseignement : enfant pauvre,
secteur négligé mais clé de la vie nationale. L‟ingratitude
de la société qui ne reconnaît pas la valeur de
l‟enseignant ; cette société qui exige plus qu‟elle ne
donne ;
Le facteur économique, « étudiant devenu bailleur de
fonds », fait que les exigences pédagogiques se trouvent
atténuées, ce qui diminue la rigueur des enseignants en
fragilisant leur personnalité ;
Ce phénomène « prime » fait croire à l‟étudiant (bailleur
des fonds) qu‟il a totalement droit à la réussite ;
Le facteur social, « la compétition tribale », qui fait qu‟une
sorte d‟hégémonie sociale s‟exprime par des « promotions
des étudiants de sa tribu », de qualité parfois médiocre :
trafic d‟influence, «tribalisation » des institutions ;
La régression du système éducatif dans l‟ensemble
(décrite dans l‟œuvre de MOKONZI, B., G., Op. cit) ;
La croissance démographique galopante qui fait qu‟il y ait
beaucoup de demandes d‟études que d‟infrastructures.
En dépit des facteurs de régression, les gestionnaires ont également cité quelques facteurs qui
expliqueraient, si pas la progression, alors le maintien ou la non disparition de la formation
donnée aux produits.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs285
Conclusion et Suggestions
Notre objectif principal s‟est donc vu réalisé parce que nous connaissons maintenant les
points faibles (négatifs) de nos produits, les facteurs qui, selon nos enquêtés, seraient à la base
et les pistes de solutions possibles. Au banc des accusés nous retrouvons l‟étudiant lui-même,
l‟enseignant formateur, l‟institution qui forme (ISP-Bukavu) sans oublier l‟Etat et la Société en
général. A chacun d‟y tirer son compte, aux fins de redressement et d‟amélioration.
Si, pour étayer notre problématique, nous avons fait référence à MAROYI, S. cité par
MOKONZI B., G., qui a demandé aux différentes parties prenantes de ne plus s‟accuser
mutuellement lorsque la réflexion porte sur la responsabilité de la chute de notre système
éducatif, nous terminerons notre conclusion par le même auteur MOKONZI B.,G. qui, parlant de
la R.D.Congo, suggère qu‟ « Elle doit abondamment investir dans l‟éducation en menant
unevéritable croisade contre la médiocrité , c‟est-à-dire en luttant contre le règne du petit, du
désordre, de l‟à peu près, de l‟insignifiant, du minime, bref du médiocre et en instaurant l‟école de
l‟excellence ».
En tout, il faut que les départements organisés par l‟ISP revitalisent les approches didactiques
en notant les observations suivantes :
Département d‟Anglais
Reprendre avec le laboratoire des langues, promouvoir le micro-enseignement de la
conjugaison ;
Mettre l‟accent sur les langues africaines, notamment le Swahili ;
Rehausser le volume horaire de la grammaire et de la phonétique ;
Introduire le cours de correspondance commerciale anglaise.
Département de Français
Créer un laboratoire de langue ;
Mettre l‟accent sur la grammaire traditionnelle que générative, la conjugaison, l‟analyse, la
rédaction, composition et dissertation, la poésie, la littérature du Congo que du Moyen-âge ;
Introduire les cours de latin, grec, philosophie, correspondance commerciale française, initiation
aux arts dramatiques et animation culturelle.
Département d‟Histoire
Amplifier le contenu du cours de civisme et développement, l‟étendre jusqu‟en troisième année
de graduat ;
Privilégier les cours d‟histoire qui touchent à nos régions et tribus ;
Insister sur l‟interprétation des documents et des événements. ;
Organiser des visites des sites importants.
Département de Biologie
Sensibiliser à la création des laboratoires et à l‟exploitation du matériel didactique en puisant
dans l‟environnement;
Introduire le cours de technique de laboratoire au graduat ; relancer le jardin botanique ;
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs286
Revoir à la hausse le volume horaire du cours de chimie et renforcer son contenu en fonction
du secondaire.
Département de Chimie
Cultiver chez les finalistes le souci de faire comprendre leurs enseignements que de faire
mémoriser des formules ;
Multiplier des travaux pratiques en combinant la théorie et la pratique, créer des centres
d‟expérimentation ;
Créer l‟esprit d‟initiative en exploitant des produits locaux dans l‟expérimentation, collaborer
avec les élèves.
Département de Géographie
Renforcer la cartographie avec la production des cartes, produire des manuels et autres
matériels didactiques ;
Cultiver le souci d‟actualiser les données statistiques en géographie économique et produire
des brochures ;
Organiser des descentes sur terrain, excursions ;
Le cours d‟anglais pratique devra exploiter les documents de géographie écrits en anglais.
Département de Mathématique
Insister sur la didactique spéciale des mathématiques pour cesser de mystifier ce cours ;
Produire des cahiers d‟exercices résolus des mathématiques pour tous les niveaux du
secondaire ;
Faire la promotion de cette option en informant sur l‟importance des mathématiques dans la
vie ;
Introduire le cours de géométrie analytique, ajouter celui de dessin scientifique.
F.2.8. Département de Physique
Concrétiser cet enseignement de physique en le rendant plus expérimental que théorique ;
Initier les finalistes au montage de mini laboratoires en exploitant tout ce qui est disponible dans
le milieu ;
Produire des cahiers d‟exercices résolus de physique pour les différents niveaux du
secondaire ;
Approfondir les chapitres d‟électronique et d‟interprétation des phénomènes physiques.
Départements des sciences commerciales, administratives et d‟informatique de gestion
Approfondir et faire faire beaucoup d‟exercices dans les cours de comptabilité ;
Produire des cahiers d‟exercices de comptabilité pour différents niveaux et classes du
secondaire ;
Multiplier les exercices en correspondance commerciale anglaise et française ;
Renforcer la formation des étudiants en informatique (théorie et pratique).
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
YUMA W. : Produits de l’ISP-Bukavu tels que perçus par les premiers utilisateurs287
IV. BIBLIOGRAPHIE
KALIGHO Kakule, « Historique de l‟ISP-Bukavu », allocution prononcée lors du dixième
anniversaire de l‟ISP-Bukavu (1965-1975), 1975.
MAGER M., sd. Notre beau métier.
KANYANA Mutombo, « La famille en Afrique : entre traditions, mutations et européanismes », In
Regards Africains – Séminaires Interculturels, Avril – Mai 2008.
MOKONZI Bambanota, G., « Planification de l‟éducation », Séminaire, ECODOC, 2008-2009.
39p.
MOKONZI Bambanota, G., « De l‟école de la médiocrité à l‟école de l‟excellence », Harmattan,
Paris, 2009, 193p.
NGONGO Disashi, P – R, « La recherche Scientifique en Education : paradigmes, méthodes,
techniques », Academia-Bruylant, Louvain – la – Neuve, 1999, 216p.
CNS – EGE, Nouveau Système Educatif : Avant – projet, Kinshasa, janvier 1996.
Loi – Cadre n° 86/005 du 22/9/86 de l‟Enseignement National, in Educateur, n° Spécial 11,
EDIDEPS, 1986, 64p.
Tableau synoptique du nombre d‟écoles secondaires publiques par territoire/commune ou sous
division, régime de gestion et par gestionnaire, Division provinciale de l‟EPSP, Antenne du Plan et
Statistiques Scolaires (mai 2005).
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAKULE : Accouchements multiples de haut rang 288
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 45, pp. 288-296
ACCOUCHEMENTS MULTIPLES DE HAUT RANG AU CHUSYLVANUS OLYMPIO A LOME
(TOGO) - Aspects épidémiologiques et pronostic
KAKULE Ndungo Y. E.*
RESUME
Cette étude rétrospective effectuée dans le service de gynécologie et obstétrique du Chu Sylwanus Olympio (CHU-SO) à
Lomé avait pour objectif d‟évaluer les aspects épidémiologiques et le pronostic materno-fœtal des grossesses multiples de
haut rang (grossesses triples et plus). La population d‟étude (couvrant la période du 1er avril 2009 au 31 mars 2012) était
constituée de toutes les accouchées de triplés et plus., ayant atteint une période gestationnelle supérieure ou égale à 28
semaines d‟aménorrhée (SA), ainsi que toute accouchée dont l‟accouchement du 1 er nouveau-né s‟est déroulé en périphérie
ensuite la parturiente référée dans le service de gynécologie et obstétrique du CHU- SO.La fréquence des accouchements
triples était de 11,84 pour 10000 accouchements et elle était de 0,56 pour 10000 dans les accouchements quadruples.
L‟âge maternel moyen était de 27 ans avec 36,5% des primipares. Seules 14% de femmes ont bénéficiées de l‟induction
d‟ovulation. Le caractère héréditaire était marqué du côté maternel avec 18% contre 14% du côté paternel. Le diagnostic
était posé dans 36,5% des cas au 1er trimestre par échographie et 36,5% des cas au cours de l‟accouchement. L‟âge
gestationnel moyen à l‟accouchement était de 32 SA. La césarienne était le 1 er choix comme mode d‟accouchement avec
77,5%. Le poids moyen des nouveau-nés était de 1700 g. La mortalité périnatale était de 12%, la mortinatalité était de
7,5% et la mortalité néonatale était de 4,5%. La mortalité maternelle était de 4,5%.La grossesse multiple de haut rang
est une grossesse à très haut risque avec la prématurité qui est constante et ses conséquences qui sont parfois fatales. Son
diagnostic précoce s‟impose pour une bonne prise en charge prénatale, per-partum et néonatale.
MOTS CLES : Accouchements multiples de haut rang, pronostic fœtal et maternel, CHU - Sylvanus Olympio.
ABSTRACT
This paper related to a retrospective study aims at evaluating epidemiologic aspects and the maternal and fetal prognosis
of higher-order multiple pregnancies, covering the period from April 1, 2009 to March 31, 2012. The population of the
study was constituted with all women who gave birth to triplets and quadruplets or above. It includes women who gave
birth to triplets and who reached a gestational age equal or superior to 28 weeks of amenorrhea, and also women who
gave birth to the first born in circumference and refer to gynecology and obstetrics service of CHU – SO. The frequency of
triple births is 11.84 per 10,000 births and is 0.5 per 10,000 births in quadruple. The average age was 27 years with
36.5% of primiparous. Only 14% of women received ovulation induction. The hereditary breast side is marked with 18%
and 14% of the paternal side. The diagnosis was made in 36.5% of cases in the first quarter as ultrasound and 36.5% of
cases during childbirth. The mean gestational age at delivery was 32 SA. Caesarean section is the first choice as a mode of
delivery with 75%. The average weight of newborns is 1700gr. Perinatal mortality was 12%, stillbirth was 7.5% and
neonatal mortality was 4,5%. Maternal mortality was 4.5%.Multiple pregnancies are high-ranking very high risk
pregnancy with prematurity is constant and its consequences, which are sometimes fatal. It is therefore necessary for the
diagnosis considered pre cosgood prenatal care, intrapartum and neonatal.
KEYWORDS:Multiple births, higher-order, fetal and maternal prognosis, CHU – SYLVANUS OLYMPIO.
I.
INTRODUCTION.
Les « grossesses multiples de haut rang (GMHR)» sont des grossesses au cours
desquelles se développent simultanémenttrois fœtus et plus dans le même utérus (Blondel,
1996). Bien que la fréquence de ces grossesses connaisse des valeurs variées, elles ne cessent
*
Service de Gynécologie et Obstétrique du CHU – Sylvanus Olympio, Université de Lomé, Lomé, Togo
et Assistant à l’ISTM Butembo RDC
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAKULE : Accouchements multiples de haut rang 289
d‟augmenter à cause de la maîtrise des techniques de l‟assistance médicale à la procréation
(AMP) et des méthodes d‟induction de l‟ovulation mal contrôlées.
De telles grossesses sont restées et resteront longtemps des grossesses à très haut risque. Elles
posent des problèmes à tous les stades : lors du suivi, de l‟accouchement et du post-partum.
Elles sont exposées plus que les grossesses mono-fœtales à de nombreuses complications
graves tant pour la future mère que pour les enfants à naître.
Si le diagnostic précoce en est facilité par l‟avènement de l‟échographie, les
complications n‟ont pas disparu. La prématurité et l‟hypotrophie fœtale constituent les principales
complications des GMHR ( Blondel, 1996; Charasson et al, 1997).
Les grossesses triples et plus constituent un problème occasionnant des risques élevés de
mortalité et de morbidité entraînant un coût élevé pour la famille à cause des multiples
hospitalisations des mères et de leurs enfants. C‟est une charge lourde pour la famille à la fois
sur le plan psychologique et socio-économique. C‟est un problème majeur de santé publique.
L‟indication de la césarienne prophylactique pour les grossesses triples et plus est
controversée, car peu d‟études prospectives importantes ont été publiées. La voie basse est
acceptée par certains auteurs, mais la césarienne est recommandée par la majorité des auteurs
notamment pour les grossesses induites.
Cette étude vise à mettre en évidence l‟ampleur de la fréquence et des complications
liées aux AMHR au CHU- SYLVANUS OLYMPIO à Lomé, avec comme but de :
a) déterminer la fréquence des accouchements multiples de haut rang (AMHR),
b) identifier les facteurs favorisants les grossesses multiples et ceux qui influencent le pronostic
materno-fœtal
c) déterminer le pronostic maternel et fœtal.
II.
MATERIEL ET METHODES.
Il s‟agit d‟une étude rétrospective descriptive qui s‟étend du 1er avril 2009 au 31 mars
2012, soit sur une période de trois ans et focalisé dans les services gynécologiques du CHUSYLVANUS OLYMPIO à Lomé (Togo), avec comme population d‟étude constituée de toutes les
accouchées de triplés, de quadruplés et plus.
Deux critères d‟inclusion étaient retenus:
- toute accouchée des triplés et plus ayant atteint une période gestationnelle supérieure ou égale
à 28 semaines d‟aménorrhée,
- toute accouchée des triplés et plus dont l‟accouchement du 1er nouveau-né s‟est déroulé en
périphérie et la parturiente référée ou adressée dans le service du CHU.
Les critères de non inclusion sont notamment : (i) toute accouchée des triplés et plus, dont
l‟accouchement s‟est réalisé en périphérie ;(ii) toute accouchée chez qui l‟expulsion des triplés et
plus dont l‟âge gestationnel est inférieur à 28 semaines d‟aménorrhée.
La collecte des données a été possible grâce à différents documents qui se trouvaient
dans les archives du service de gynécologie et obstétrique, tels que : les dossiers des
accouchées, le registre d‟accouchement, le registre des comptes-rendus opératoires, le registre
de néonatologie et une fiche d‟enquête.L‟âge moyen des accouchées était de 27 ans, avec les
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAKULE : Accouchements multiples de haut rang 290
extrêmes variant entre 18 et 37 ans
( figure 1)
32%
27,50%
18%
13,50%
9%
15 - 19 ans
20 - 24 ans
25 - 29 ans
30 - 34 ans
.
Figure 1 : Répartition des accouchées selon leur âge.
35 - 39 ans
Les variables étudiées étaient la fréquence de l‟AMHR, l‟âge maternel, le traitement de
l‟infertilité, les antécédents personnels et familiaux, la parité, l‟évolution de la GMHR, le terme de
la grossesse et le mode d‟accouchement, les caractéristiques et pronostic des nouveau-nés,
ainsi que les suites de couches immédiates avec le pronostic maternel.
III.
RESULTATS
Type de traitement administrés et fréquences des accouchements multiples
Du 1er avril 2009 au 31 mars 2012, soit sur une période de trois années, 17728
accouchements des naissances vivantes ont été enregistrés dont 17225 accouchements uniques
et 472 accouchements multiples dont 22 AMHR.
Pour l‟accouchement des triplés avec 22 cas, la fréquence était de 11,84 pour 10 000
accouchements avec 63 nouveau-nés et pour l‟accouchement des quadruplés, soit une
fréquence de 0,56 pour 10 000 accouchements, avec 4 nouveau-nés.
Le tableau 1 présente le type de traitement pour les accouchées et les fréquences des
accouchements multiples
Tableau 1 : Répartition des accouchées selon le type de traitement.
Type de traitement
Nombre des accouchées
Aucune induction
13
Induction au Citrate de Clomifène
3
Données non disponibles
6
Total
22
Facteurs favorisants les accouchements multiples
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
Pourcentage
59
14
27
100
KAKULE : Accouchements multiples de haut rang 291
Le caractère héréditaire sur base des antécédents personnels, familiaux et collatéraux : une des
accouchées était elle-même jumelle. Le tableau 2 démontre l‟influence des antécédents familiaux
et collatéraux dans les accouchements multiples.
Tableaux 2 : répartition des accouchées selon les antécédents familiaux et collatéraux
Aucun
Mère
Père
Conjoint
Données non disponibles
Total
Nombre
7
4
3
2
6
22
Pourcentage
32
18
14
9
27
100
Le diagnostic de la GMHR était posé par l‟échographie au 1er trimestre dans 36,5% de
cas. Le diagnostic clinique était aussi posé dans 36,5% de cas au moment de l‟accouchement.
Les diagnostics qui étaient posés au 2e et au 3e trimestre, étaient parfois erronés pour 1 cas de
grossesse triple et 1 cas de grossesse quadruple.
Pronostic materno-fœtal
La moyenne d‟âge gestationnel pour les triplés était de 32 SA et 35 SA +1 jour pour les
quadruplés. L‟accouchement a été prématuré dans 91% soit 20 cas.
Concernant le mode d‟accouchement, la majorité des accouchements était réaliser par
la voie haute dans 77,5% soit 17 cas et par voie basse dans 22,5% soit 5 cas.
Tableau 3 : Répartition des nouveau-nés selon le score d‟APGAR à la 1e et la 5e minute.
Sc. APGAR
0
1–3
4–6
7 – 10
TOTAL
Nombre
5
0
6
56
67
A 1e minute
Pourcentage
7,5
0
9
83,5
100
A 5e minute
Nombre
Pourcentage
0
0
1
1,6
61
98,4
62
100
Le poids moyen des nouveau-nés était de 1700 g avec des extrêmes variant entre 900
g et 2500 g. En effet,46% des triplés ont un poids qui varie entre 2000 – 2400 g et 30% ont un
poids qui varie entre 1500 – 1900g.
Le taux de mortalité périnatale est de 12 % soit 8 cas sur 67 nouveau-nés.La
mortinatalité représente 7,5% soit 5 cas sur 67 nouveau-nés, étaient sans signe de vie à la
naissance. La mortalité néonatale précoce était de 4,5% soit 3 cas sur 67 nouveau-nés dont les
causes principales étaient, la détresse respiratoire d‟origine diverse avec 2 cas et l‟infection
néonatale avec 1 cas.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAKULE : Accouchements multiples de haut rang 292
Les complications qui ont été enregistrées dans les suites de couches
immédiates étaient : l‟hémorragie de la délivrance avec 8 cas, l‟anémie sévère avec 6 cas,
l‟éclampsie du post – partum avec 1 cas et 1 cas de décès maternel.
DISCUSSION
La fréquence des accouchements de haut rang dans notre étude, est de 11,84/10 000
accouchements pour les triplés. Cette fréquence est similaire à celles trouvées par JONASet al.
(1992) avec 10,9 /10 000 accouchements pour les triplés à Carlton (Australie) et par
M‟BORTCHE et al (2010) avec 11,58/10 000 accouchements multiples en 2010 dans le même
service.Par contre cette fréquence est de loin supérieure à celles de MABIALA-BABELAet al.
(2007) qui sont de 2/10 000 accouchements pour les triplés à Brazzaville ; de BLONDEL (1996)
selon son étude épidémiologique 6/10 000 au Pays-Bas et 4,3/10 000 en France en 1996.
Dans notre étude, la fréquence élevée pourrait s‟expliquer par le facteur racial qui est
un facteur favorisant selon la littérature, un avis partagé par MARTINet al. (1985), VAASTet
al.(2000), qui ont signalé une fréquence particulièrement élevée des grossesses multiples dans la
race noire d‟Afrique.
L‟âge moyen des accouchées est de 27 ans avec les extrêmes de 18 et 37 ans. Les
tranches d‟âges comprises entre 30 – 34 ans et 35 – 39 ans représentent 50%. Nos résultats
répondent au constat déjà fait par certains auteurs qui affirment que la probabilité de survenue
d‟une grossesse multiple, en général, est élevée après l‟âge de 30 ans. KIELYet al. (1992) à
Hyattsville (USA), avaient constaté que les grossesses de haut rang survenaient dans la tranche
d‟âges de 30 – 34 ans avec 15,2 ‰ dans la race blanche et dans la race noire la tranche d‟âge
de 35 – 39 ans avec 16,5 ‰ dans la race noire .
Pour la circonstance de survenue, dans notre étude, les GMHR sont survenues
spontanément dans 59% de cas. Notre résultat se rapproche de celui d‟ADESIYUN et ESEIGBE
(2009) à Kaduna au Nigéria soit 71,4%. Nous osons croire, avec les Nigérians, que la survenue
de grossesse multiple en Afrique serait en rapport avec l‟hérédité. En effet, dans notre étude,
une des accouchées qui était « jumelle de naissance » soit 4,5% de cas, avait un cumul
d‟antécédents de grossesse multiple du côté de sa mère, son père et de son conjoint. A ce qui
concerne les antécédents familiaux de grossesses multiples, nous avons retrouvé dans notre
étude 41% de cas dont 18% de cas du côté maternel, 14% du côté paternel et 9% de cas du
côté du conjoint.
Dans l‟étude au Congo Brazzaville, MABIALA-BABELAet al. (2007) ont retrouvé 65%
du côté maternel et 8,1% du côté paternel.
1. Moment et moyens de diagnostic.
Dans notre étude, deux moyens de diagnostic ont été possibles, mais à des moments
très différents. L‟échographie obstétricale a été pratiquée au cours du 1er trimestre dans 36,5%
de cas. Ce résultat répond à l‟affirmation de certains auteurs dont PONSet al. (2009), où le
diagnostic exact est posé avant 15 SA dans 82,4%. Certaines échographies obstétricales ont été
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAKULE : Accouchements multiples de haut rang 293
faites au cours des 2e et 3e trimestres, mais avec parfois une erreur de diagnostic sur le nombre
exact des fœtus.
Le diagnostic clinique, malheureusement, n‟a été posé qu‟au moment de
l‟accouchement, soit 36 ,5% de cas. Ceci reflètele bas niveau socio – économique de la
population qui ne permet pas la réalisation de l‟échographie précoce.
2. Consultations prénatales et pathologies dépistées
Dans notre étude, la menace d‟accouchement prématuré (MAP) vient en première
position avec 50% de cas suivie de la pré-éclampsie sévère avec 33% de cas et de l‟anémie
avec 27% de cas. Ce taux de 50% pour la MAP est inférieur à celui de BOWERSet al. qui ont
trouvé que 90% de grossesses triples se terminent après une menace d‟accouchement
prématuré. En effet, la MAP est évoquée par la majorité d‟auteurs, car la grossesse multiple de
haut rang arrive rarement au terme de 37 SA.
3. ISSU DE L‟ACCOUCHEMENT
Dans notre série l‟accouchement multiple de haut rang a été prématuré dans 91% de
cas. Ce qui est de l‟avis de certains auteurs dont PONSet al. (2009) qui ont trouvé 90% de cas
et MABIELA avec 100% des cas.
En fonction de l‟âge gestationnel nous avons trouvé 54,5% de cas entre 34 – 36 SA et 36,5% de
cas entre 28 – 33 SA.
BALLAHet al. ont trouvé 70,6% des cas d‟accouchement des triplés entre 33 – 36 SA. Selon
NANCY BOWERS, la date optimale de l‟accouchement des triplés est de 30 – 34 SA et de 28 –
32 SA pour les quadruplés.
La moyenne d‟âge gestationnel dans notre étude est de 32 SA pour les triplés. Notre résultat est
similaire à celui de la littérature. En effet, plusieurs auteurs ont trouvé dans leurs études une
moyenne d‟âge gestationnel, pour les triplés, variant entre 31 – 32 SA.
Concernant le mode d‟accouchement, la césarienne a représenté dans notre série la
principale voie d‟accouchement avec un taux de 77,5% de cas et la voie basse dans 22,5% de
cas.
ADESIYUNet al.à Kaduna au Nigéria à 2007 ont trouvé 69% de cas de césarienne
ainsi que JONASet al.à Carlton en Australie avec 83% de cas de césarienne pour les GMHR. En
effet, selon plusieurs auteurs la voie haute est la voie préférentielle afin de réduire les risques
pour les fœtus à cause de la prématurité.
La voie basse de notre série a été motivée par le fait que les parturientes ont été reçues à un
stade avancé de la phase active de la dilatation cervical.
4. ETAT DES NOUVEAU-NES
Le score d‟APGAR était bon dans 83,5% de cas à la 1e minute pour passer à 98,5% à
la minute. Dans 1,6% de cas, le score d‟APGAR est resté inférieur à « 7 » à la 5e minute, ce
taux est meilleur par rapport à celui de FATEMEH et al (2009), à Isfadan en Iran, qui ont trouvé
6% de cas de score inférieur à « 7 » à la 5e minute. Pour M‟BORTCHE (2010) à Lomé au Togo, le
5e
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAKULE : Accouchements multiples de haut rang 294
score d‟APGAR était inférieur à « 7 » à la 1e minute 8,3%, pour ensuite passer à 0% à la 5e
minute.
Par contre dans 7,5% de cas le score d‟APGAR était nul à la 1e minute, dont 4,5% de
cas de mort-nés frais et 3% de cas de mort-nés macérés. Nos résultats sont proches de ceux
trouvés par BOTTINGet al. (, soit 3,5% pour les cas de mort in utero et 5% des cas de mort-nés.
Le poids moyen des nouveau-nés triplés était de 1700g chacun, avec les extrêmes qui
varient entre 900 – 2400g. Cette moyenne est similaire à celle trouvée par CHARASSONet al.
(1996) à Toulouse avec un poids moyen de 1800g. Quant à NANCY, 46% des triplés ont un poids
qui varie entre 2000 – 2400g et 30% ont un poids qui varie entre 1500 - 1900g.
5. PRONOSTIC PERINATAL.
Dans notre étude, la mortalité périnatale est de 12%. Ce taux est similaire à celui trouvé
par certains auteurs pour qui , la mortalité périnatale variant entre 10 - 12,1%. Pour ces auteurs
les GMHR étaient bien suivies depuis la première consultation prénatale jusqu‟à l‟accouchement
avec l‟accueil des nouveau-nés.
Ce résultat est diversement retrouvé par CHARASSONet al. 1997) avec 7,5% ; ainsi que
MASNAOUIet al. (2009) à Rabat avec 40,5%.La mortinatalité était caractérisée par 3% de cas de
mort-nés macérés et 4,5% de cas de mort-nés frais. Les mort-nés macérés étaient issus d‟une
grossesse triple monochoriale – triamniotique à 30 SA dont le poids de naissance est de 350g
pour chaque mort-né macéré et de 1800g pour le survivant.DE GEA LANSACet al. (1999) à
Tours ont décrit un cas de triplé monochorial – triamniotique avec deux naissances vivantes de
1700g et 1770g, et un mort-né de 600g.REHANet al. (1995) aux USA ont trouvé un cas similaire
avec trois naissances vivantes, mais deux décès sont survenus le 2e jour après accouchement.
Quant à YAO-LUNG CHANGet al. (2007) à Taoyuan Taiwan avaient décrit un cas de
transfuseur – transfusé dans une grossesse triple dichoriale – biamniotique. Et, dans notre série,
les mort-nés frais étaient issus d‟une césarienne faite suite à une souffrance fœtale aigue à 34
SA avec des poids de 2080g, 2000g et 1900g. La mortalité néonatale précoce était de 4,5%, ces
décès néonataux précoces étaient dus à la détresse respiratoire avec et aux infections
néonatales.MASNAOUIet al. (2009) au Maroc et ADESIYUNG (2009) au Nigéria, ont trouvé
respectivement 12,7% et 11,9% de taux de mortalité néonatale précoce. Pour CHARASSON
(1997) à Toulouse la mortalité néonatale précoce représente 60% pour les naissances de moins
de 1500g et 67% pour les grands prématurés. Pour CREININet al. (1991), la première cause de
mortalité néonatale est l‟hyper-bilirubinémie avec 51,3% vient ensuite l‟hypoglycémie avec
30,8%, la détresse respiratoire 23,1%.
6. Complications et pronostic maternel
Dans les suites de couches, la vie de la mère a été menacée par certaines
complications dont l‟hémorragie de la délivrance avec 36% de cas, suivie de l‟anémie sévère
avec 27,5% et la crise éclamptique de post-partum compliqué d‟œdème aigu des poumons avec
4,5%. Il est à noter aussi que les suites de couches ont été simples dans 36% des cas.Les
mêmes complications des suites de couches pour les accouchements des GMHR sont signalées
dans la littérature. La mortalité maternelle est de 4,5% soit 1 cas qui était décédé dans un tableau
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
KAKULE : Accouchements multiples de haut rang 295
de choc hypovolémique suite à une hémorragie de la délivrance, malgré une hystérectomie de
sauvetage.
IV.
CONCLUSION.
Dans cette étude, il ressort que les grossesses multiples de haut rang, et spécialement
les gestations spontanées, sont fréquentes au Togo. Le pronostic maternel était marqué par une
morbidité élevée, comparativement aux femmes en gestation unique. L‟accouchement prématuré
était de règle. Le mode d‟accouchement a été la voie haute. Les complications principales au
cours de l‟accouchement ont été : l‟hémorragie de la délivrance, l‟anémie sévère et l‟éclampsie
dans le post-partum immédiat.
Le pronostic anténatal était caractérisé par une mortinatalité. Le pronostic néonatal était
caractérisé par la mortalité néonatale précoce. Ainsi un diagnostic précoce au 1er trimestre de la
grossesse doit permettre une bonne prise en charge de la gestante jusqu‟à l‟accouchement.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique297
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 297-309
L’ILLUSION CHIMIQUE CRÉÉE PAR LA MÉTHODE ALGÉBRIQUE SUR LA
STŒCHIOMÉTRIE D’UNE RÉACTION : CAS DE L’ÉQUILIBRATION DES ÉQUATIONS REDOX
CONTENANT DE L’EAU OXYGÉNÉE
BISIMWA MUSHAMBAZA15, BASHAMUKA BAGULA, DUNIA MARHEGANE, MANO MACHUMU,
AGANZE BIGABWA & MURHULA CITULI
RÉSUMÉ
Dans cet article, nous évoquons des problèmes posés, à la stœchiométrie d‟une réaction redox, par la méthode algébrique.
Nous exploitons des exemples se rapportant auxréactions de l‟eau oxygénée/oxygène comme réducteur par le
permanganate ou le bichromate. L‟application de la méthode algébrique à ces équations conduit à plusieurs séries des
coefficients dont une seule correspond à la bonne stœchiométrie. D‟une part, les résultats de ce travail indiquent, le coté
abstrait et spéculatif des maths en chimie. D‟où certains enseignants parlent -à tort ou à raison- de leur inutilité. D‟autre
part, ces résultats nous poussent à recommander, aux enseignants de chimie de les exploiter pour montrer àleurs élèves, au
cours de leur enseignement,l‟importance des maths en chimie et leurs limites sur le plan pratique.
MOTS-CLÉS : Réaction redox, équilibration, méthode algébrique, stœchiométrie
ABSTRACT
In this paper we set out some student‟s comprehensive difficulties caused by algebric method on redox reactions
stoichiometry. We give and capitalize some examples of chemical equations in which we find the couple hydrogen
peroxide and oxygen as a reducing agent.
Applying algebraic method on those equations conducts to a series of equilibrium stoichiometric numbers in which only
one serial number corresponds absolutely to correct and good stoichiometry.
On one hand, the results indicate the mathematics „abstract and speculative faces in chemistry. Perhaps that‟s the reason
why some teachers find maths useless in science. On the other hand, those results involve recommending to chemistry
teachers to explain those examples in order to show the importance of mathematics and, unfortunately, their practical
limit when applied in chemistry.
KEY-WORDS: redox reaction, equilibrium, algebraic method, stoichiometry
I. INTRODUCTION
Une équation chimique est un écrit symbolique qui modélise la transformation de molécules et d'atomes
lors d'une réaction chimique. Elle peut se présenter sous plusieurs formes dont la plus courante dans les
ouvrages de chimie indique que la transformation n'est que dans un sens : desréactifs vers les produits
[Griffé, 1996 ; McQuarie& Rock, 2010 ; Wikipédia, 2012].
Dans la pratique, l'équilibration d'une équation chimique permet de prédire les quantités de réactifs
optimales et les quantités de produits de réaction générés, l'énergie nécessaire à amorcer la réaction,
ainsi que l'énergie dégagée [O‟Cledjo, 1983 ; McQuarie& Rock, 2010].Une équation équilibrée permet aux
apprenants de mieux comprendre la notion de stœchiométrie ou de conservation des espèces lors d'une
15
ISP-Bukavu, département de Chimie-physique
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique298
réaction chimique (application des lois de conservation : matière, charges, électrons, protons)
[Kamulongwa et al. 2010 ; Mayengo & Nsoni, 2007 & 2008 ; O‟Cledjo, 1983].
Il existe différentes méthodes pour équilibrer les atomes en jeu dans une réaction chimique: par
tâtonnements, ajustementssuccessifs (basée sur le plus petit commun multiple), la méthode algébrique
(méthode des coefficients indéterminés), la méthode basée sur le changement d'étage d'oxydation ou la
méthode de demi-équation.
La première méthode est facilement applicable lorsqu'il y a peu d'atomes et peu de molécules en jeu. La
deuxième est le plus souvent utilisée par des personnes possédant une facilité certaine à manipuler
mentalement les expressions numériques. La troisième mèneinvariablement à une solution, mais est
parfois plus difficile à mettre en œuvre. La quatrième exige la connaissance préalable des étages
d'oxydation des éléments, le calcul des autres étages d‟oxydation inconnus, la détermination des
éléments dont les étages d'oxydation ont changé etle nombre d'électrons mis en jeu ; la cinquième- plus
complexe- exige la connaissance et l'établissement des demi-équations selon le milieu réactionnel en plus
de la connaissance des états d‟oxydation[Wikipédia, 2012].
Les manuels-programme proposent les méthodes suivantespour équilibrer les réactions chimiques :
- „‟Maitriser la chimie 1‟‟, écrit par Mayengo et Nsoni (2007) recommande l‟utilisation de la
méthodealgébrique en troisièmeannée secondaire ;
-
„‟Maitriser la chimie 2‟‟, écrit par Mayengo et Nsoni (2008) recommande l‟utilisation des
méthodesbasées sur le nombre d‟oxydation et de demi-équation en quatrièmeannée ;
-
„‟Maitriser la chimie 3‟‟, écrit par Kamulongwa et al. (2010) recommande l‟application de toutes
ces méthodes aux élèves et enseignants de la sixième année biologie-chimie et agrovétérinaire.
Cependant la plupart des élèves en dernière année du secondaire-qui semblent avoir acquis la maîtrise
des systèmes d'équations- préfèrent équilibrer les équations redox par la méthode algébrique [Enquête,
2012]. Cette méthode mathématique est perçue par les élèves comme simple ; ellen'exige pas de
connaissance préalable des étages d‟oxydation, des électrons mis en jeu, de l'oxydant ou du réducteur ni
celle du milieuréactionnel [Mayengo&Nsoni, 2007]. Elle consiste à placer des lettresdevant chaque
composé formant l‟équation, établir et résoudre des systèmes d‟équations linéaires c‟est-à-dire des
systèmes de p équations à m inconnues [Badetty et al. 2010].
La question qui se dégage est de savoir si la méthode algébrique est applicable ou appropriée pour
équilibrer les différentes équations redox en l‟occurrence celles qui renferment les couples eau
oxygénée/eau ou eau oxygénée/oxygénée.Pour répondre à cette question, cette étude met en exergue
les difficultés que pose l‟application de la méthode algébrique aux élèves et à leurs enseignants lors de
l‟équilibration des équations redox surtout celles qui renferment les couples précités respectivement
comme oxydant ou comme réducteur. L‟enquête menéeensixièmeannée secondaire indique que les
élèves considèrent que ces équations sont impossibles à équilibrer par la méthode algébrique [Enquête,
2012].
Au cours de cette étude, il nous parait intéressant d‟éclairer les enseignants et les apprenants sur les
problèmes que pose la méthode algébrique pour sa mise en œuvre et son interprétation chimique à partir
de différents exemples d‟équations redox dont l‟eau oxygénée est l‟un des principaux réactifs. Cette étude
montre ainsi l‟écart qui existe entre la pratique et l‟abstraction mathématique en chimie. En outre, cette
étude met en exergue les liaisons insoupçonnées qui existent entre la chimie et les mathématiques. Ces
types de liens sont établis dans plusieurs situations dont l‟équation de réaction en est une illustration
éloquente [Lalande, 2011 ; Ribière&Zamaniri, 2011].
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique299
2. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE
Nous proposons d‟équilibrer septéquations redoxportant sur le dosage de l‟eau oxygénée. Ce sont des
équations que l‟on retrouve souvent dans les cahiers d‟items posés aux examens d‟état dont la résolution
en classe pose des difficultés aux élèves [Bashamuka& Mano, 2009 ; IGE, 2005].A partir de ces
équations, nous avons formé des systèmes d‟équations à plusieurs inconnues. Ces équations sont
résolues en remplaçant l'une des inconnues par une valeur entière minimale ou par la méthode de
substitution [Badettyetal. 2010 ; Wikipédia, 2012].Nous proposons algébriquement les solutions possibles;
nous équilibrons ensuite l'équation par une autre méthode en l‟occurrence la méthode de demi-équation
(celle qui tient compte des faits chimiques réels qui se déroulent au cours d‟une réaction redox). Nous
comparons les différentes réponses obtenues à partir de ces deux méthodes. Enfin, nous procédons au
dosage redox pour établir dans la stœchiométrie un lien entre la théorie traduite par le calcul
mathématique à travers la méthode algébrique et la pratique chimique.
3. PRÉSENTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS
3.1. Équilibration par la méthode algébrique
Soit à équilibrer les équations chimiques suivantes (numérotées de 1 à 7) par la méthode algébrique:
1° K4Fe(CN)6 + H2SO4 + H2O → K2SO4 + FeSO4 + (NH4)2SO4 + CO
On procédera comme suit (Kamulongwa et al. 2010 ; Mayengo&Nsoni, 2007 & 2008 ; Wikipédia, 2012) :
- Affecter une variable à chaque coefficient
a K4Fe(CN)6 + b H2SO4 + c H2O → d K2SO4 + e FeSO4 + f (NH4)2SO4 + g CO
-
Imposer l'équilibre à chaque atome
Le même nombre d'atomes doit apparaître de chaque côté de l'équation:
K: 4a = 2d Fe: 1a = 1e C: 6a = g N: 6a = 2f H: 2b+2c = 8f S: b = d+e+f O: 4b+c = 4d+4e+4f+g
- Résoudre le système d'équation : (La substitution directe est souvent efficace)
d=2a e=a g=6a f=3a b=6a c=6a
Puisque tous les coefficients dépendent de a, choisir a=1 (le plus petit nombre entier positif), d'où : a=1,
b=6, c=6, d=2, e=1, f=3 et g=6
- Inscrire les coefficients calculés
K4Fe(CN)6 + 6 H2SO4 + 6 H2O → 2 K2SO4 + FeSO4 + 3 (NH4)2SO4 + 6 CO
2° CrI3 + Cl2 + KOH
KIO4 + K2CrO4 + KCl + H2O
On pose la stœchiométrie de cette équation chimique : a, b, c // k, l, m, n, dont le système de l‟équation
algébrique est suivant :
a CrI3 + b Cl2 + c KOH
k KIO4 + l K2CrO4 + m KCl + nH2O
Cr : a = l I : 3a = k
Cl : 2b = m K : c = k + 2l + mO : c = 4k + 4l + nH : c = 2n
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique300
a=l
(1)
3a = k
(2)
2b = m
(3)
c = k + 2l + m (4)
c = 4k + 4l + n (5)
c = 2n
(6)
⇒
(5) = (6)
2n = 4k + 4l +n
On a:
a=l
3l = k
2b = m
c = 5l + m
n= 4(k+l)
c= 2n
⇒
⇒ n = 4k +4l ⇒
n = 4(k + l )
a=l
a = l (7)
3l = kk= 3l (8)
2b=m
2b = m (9)
c= 5l + mm = 27 l (10)
n= 4(4l)=16ln = 16 l (11)
c = 32 l
c = 32 l (12)
(10) dans (9) donneb = 27/2l, avec l Є 2 IN* pour b entier ;alors on a toutes les équations définies en
fonction de l. Il suffit donc d‟attribuer à„‟l‟‟ une valeur minimale soir la valeur 2, pour obtenir les autres
valeurs : a = 2 b = 27 c = 64 k= 6 l = 2 m =54 n = 32
Ainsi, on a la stœchiométrie : 2 / 27 / 64 // 6/ 2 / 54 /32 (solution unique)
3° FeCl2 + H2O2 + HCl
FeCl3 + H2O
Soit l‟équation chimique dont les coefficients stœchiométriques x, y, z, a et b, est :
xFeCl2 + yH2O2 + zHCl
a FeCl3 + b H2O
En appliquant les lois de la stœchiométrie, on établit les équations algébriques suivantes : Fe : x = a Cl :
2x + z = 3a H : 2y + z = 2b O : 2y = b d‟où on forme le système d‟équations suivant :
x=a
(1)
2x + z = 3a
(2)
2y + z = 2b
(3)
2y = b
(4)
La résolution par la méthode de substitution (1) dans (2) et (3) dans (4), on a le système suivant :
z=a=b=x
(1)
y = a/2 = b/2 =z/2 = x/2 (2)
Les autres inconnues sont exprimées en fonction de l‟inconnue x ; alors si on pose x = 2, on obtient : x = z
= a =b = 2 et y = 1. La stœchiométrie de l‟équation est donc : 2/1/2 // 2/2
L‟équation équilibrée est donc : 2 FeCl2 + H2O2 + 2 HCl
2 FeCl3 + 2 H2O
4°KMnO4 + H2SO4 + H2O2 MnSO4 + K2SO4+ H2O + O2
On pose la stœchiométrie de cette équation : x, y, z // a, b, c, d soit l‟équation chimique suivante : x
KMnO4 + y H2SO4 + z H2O2 a MnSO4 + b K2SO4 + c H2O + d O2
Pour Mn: x = a K : x = 2b O : 4x + 4y + 2z = 4a + 4b + c + 2d S : y = a + b H : 2y + 2z = 2c
On obtient 4 équations du système suivant :
x = a =2b
y=3b
y+z=c
4x + 4y + 2z = 4a + 4b + c + 2d
Par la méthode de substitution, ce système devient :
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique301
x = a =2b
(1)
y=3b
(2)
z = c – y = c – 3b
(3)
4x + 4y + 2z = 4a + 4b + c + 2d (4)
Par substitution des équations (1), (2) et (3) dans (4), on a :
4.2b + 4.3b + 2(c-3b) = 4a + 4b + c + 2d
8b + 12b + 2c - 6b = 4a + 4b + c + 2d14b + 2c =4a + 4b + c + 2d 10b + c= 4a + 2d avec, a
= 2b10b + c = 8b + 2d
c = 2d - 2b
Ainsi, on obtient en résolvant la situation suivante : x = a = 2b , x et a є 2N* y = 3b, y є 3N* z = c – 3b
c = 2d – 2b, c є 2N* avec d ≥ 2
Si on pose si a = 2, x = 2, b = 1, y = 3 on obtient : z = c Ŕ 3 et c = 2d Ŕ 2b formant un
systèmed‟équations paramétriques. Ici le coefficient c doit nécessairement être supérieur à 3 pour que z
soit entier. Il suffit d‟attribuer des valeurs arbitraires a l‟inconnue c pour définir les autres valeurs.
Ainsi, nous avons une infinité de solutions de cette équation dont la stœchiométrie est :
x / y / z // a / b / c / d
2 / 3 / 1 // 2/ 1 / 4 / 3
2 / 3 / 3 // 2/ 1 / 6 / 4
2 / 3 / 5 // 2 / 1 / 8 / 5
2 / 3 / 7 // 2 / 1 / 10 / 6
5° KMnO4 + H2O2 + HClMnCl2 +KCl + H2O + O2
On pose la stœchiométrie de cette équation chimique : x, y, z // a, b, c, d
x KMnO4 + y H2O2 + zHCla MnCl.2 + bKCl + c H2O + d O2
Pour Mn: x = a K : x = b
O : 4x + 2y = c + 2d
Cl : z = 2a + b H : 2y + z = 2c
Le système de l‟équation algébrique est suivant :
x = a (1)
x=b
(2)
4x + 2y = c + 2d
(3)
z = 2a + b
(4)
2y + z = 2c (5)
Par substitution les équations du système réduit sont:
x=a=b
(1)
2y = -4a+c + 2d
(2)
z = 2a + b
(3)
2y = 2c - 2a-b
(4)
et on a (2) = (4) alors -4a +c + 2d =2c –2a-b -4a +c + 2d =2c –3a alors c + 2d = 2c + a
2d = a + c (5)
On a: x = a = b
x = a = b (6)
2y = -3a + 2c
y = -3a/2+ c (7)
z = 2a + b
z = 3a(8)
2d = a + c
2d = a + c(9)
Dans l‟équation (7), l‟inconnue a doit appartenir à 2 IN* pour que y soit entier et donc c > -3a/2. Pour
résoudre le système ainsi formé, il faut attribuer certaines valeurs aux inconnues. Alors si a = 2, b = 2, x
=2, z = 6,y = -3 + c y doit être un entier positif donc c >3 et 2d= 2 + c avec c Є 2 IN*. On obtient deux
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique302
équations y= c-3 et 2d = c + 2 formant un système d‟équations paramétriques. Il suffit de fixer la valeur de
c pour déterminer les valeurs des autres variables. Ainsi, on a une infinité des solutions :
x
y
z
a
b
C
d
2
1
6
2
2
4
3
2
3
6
2
2
6
4
2
5
6
2
2
8
5
6° K2Cr2O7 + H2O2 + H2SO4Cr2(SO4)3 + K2SO4 + O2 + H2O
On pose la stœchiométrie de cette équation chimique : a, b, c, // k, l, m, n, dont le système de l‟équation
algébrique est :
a K2Cr2O7 + bH2O2 + c H2SO4kCr2(SO4)3 + l K2SO4 + m O2 + n H2O
K: 2a =2l Cr: 2a = 2kO: 7a + 2b + 4c =12k +4l+2m + n H: 2b + 2c =2nS: c =3k+ l
On forme le système suivant:
a =l
(1)
a=k
(2)
7a + 2b + 4c =12k +4l+2m + n
(3)
2b + 2c =2n
(4)
c =3k+ l
(5)
Par substitution de (1) et (2) dans les autres équations, on obtient les équations suivantes:
2b + 4c =9a +2m + n
(6)
b+c=n
(7)
c = 4a
(8)
On obtient un système de trois équations à cinq inconnues. La résolution de ce système exige qu‟on
attribue certaines valeurs à certaines inconnues. Si on pose a = 1, on obtient c = 4 et 2b + 16 = 9 + 2m + n
soit 2b + 7 = 2m + n(9) et b + 4 = n (10). Par substitution de (10) dans (9), on obtient l‟équation suivante :b
+ 3= 2m ou b = 2m - 3 (11)
La résolution de cetteéquation paramétrique oblige qu‟on attribue une valeur minimale et arbitraire la
variable(soit m = 2) ce qui conduit aux coefficients suivants:
a
b
c
k
l
M
n
1
1
4
1
1
2
5
1
3
4
1
1
3
7
1
3
4
1
1
4
9
7°a K2Cr2O7 + b H2O2 + c HClk CrCl3 + l KCl + m H2O +n O2
K: 2a = l
Cr: 2a = k O: 7a + 2b = 2m + n H: 2b + c = 2n Cl = 3k +l
2a = l = k
(1)
7a + 2b = 2m +n (2)
2b + c = 2n
(3)
c = 3k +l
(4)
La substitution de (1) dans (4) donne :
7a + 2b = 2m +n (5)
2b + c = 2n
(6)
c = 8a
(7)
La substitution de (7) dans (6) conduit à ce qui suit :
7a + 2b = 2m +n(8)
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique303
b + 4a = n
(9)
On obtient un système de deux équations à quatre inconnues. La résolution de ce système oblige qu‟on
attribue des valeurs entières minimales et arbitraires à deux inconnues (soient a =1 et b= 1) ce qui conduit
aux solutions suivantes :
a
b
c
k
l
M
n
1
1
8
2
2
2
5
1
3
8
2
2
3
7
1
5
8
2
2
4
9
1
7
8
2
2
5
11
Lorsqu‟on examine les équations mathématiques établies, on constate ce qui suit:
- pour toutes ces équations, le nombre d‟inconnues est supérieur ou égal au nombre d‟équations
formant le système ;
-
pour les trois premières équations, il suffit d‟exprimer les autres variables en fonction d‟une seule
et même variable, attribuer à cette inconnue une valeur réelle minimale pour aboutir directement
à une seule et unique solution réelle. Par contre, pour les autres équations- équations complexes
relatives au dosage de l‟eau oxygénée- on est obligé de former une équation paramétrique
(ouattribuer plusieurs fois, des valeurs aux inconnues) afin de progresser dans la résolution de
l‟équation et aboutir aux coefficients stœchiométriques ;
-
les principaux coefficients qui forment l‟équation paramétrique–qui oblige finalement d‟attribuer
une valeurà un paramètre pour progresser- sont des coefficients stœchiométriques des
composés : eau oxygénée, eau ou oxygène qui interviennent dans l‟équation à équilibrer ;
-
La méthode algébrique s‟applique à l‟ensemble des équations chimiques proposées : on arrive à
deséquations réellement équilibrées ;
3.2. Équilibration par la méthode de demi-équations
Ici nous ne reprenons que l’équilibration des équations redox qui ont conduit à une infinité des
solutions à partir de la méthode algébrique:
Equation 4
[MnO4- + 8 H+ + 5e
Mn2+ + 4H2O] x 2
[H2O2
O2 + 2H+ + 2e] x 5
MnO4- + 6 H++ 5H2O2
2 Mn2+ + 5O2 + 8H2O
2 KMnO4 + 5 H2O2 + 3 H2SO4
2 MnSO4 + K2SO4 + 5 O2 + 8 H2O
La stœchiométrie de la réaction est 2/5/3/2/1/8/5
Equation 5.Suivre la même procédure qu‟a l‟équation précédente
2 KMnO4 + 5 H2O2 + 6 HCl
2 MnCl2 + 2 KCl + 8 H2O + 5 O2
La stœchiométrie de la réaction est 2/5/6/2/2/8/5
Equation 6
[Cr2O72- + 14 H+ + 6e
2Cr3++ 7 H2O] x 1
+
[H2O2
O2+ 2H + 2] x 3
2+
Cr2O7 + 14 H + 3H2O2
2Cr3+ + 3 O2+ 7 H2O
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BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique304
K2Cr2O7 + 3 H2O2 + 4 H2SO4
2Cr 2(SO4)3 + 3 O2 + 7 H2O
La stœchiométrie de la réaction est 1/3/4/1/1/3/7
Equation 7. Suivre la même procédure qu‟à l‟équation précédente.
K2Cr2O7 + 3 H2O2 + 8HCl
2Cr Cl3 + 2KCl + 3 O2+ 7 H2O
La stœchiométrie de la réaction est 1/3/8//2/2/3/7
3.3. Dosage de l’eau oxygénée par manganimétrie et par bichromatométrie
Objectif : Réaliser le dosage de l‟eau oxygénée par manganimétriepar bichromatométrie
Présentation du principe du dosage : basé sur les propriétés oxydantes des ions permanganate
et des ions bichromate
-
repérer l‟équivalence sachant qu‟en solution aqueuse, les ions permanganate MnO 4- donnent
une couleur violette tandis que les ions manganèse Mn2+ sont incolores.la solution de
permanganate sert elle-même d‟indicateur de fin de titrage
-
la solution de bichromate est jaune orangé mais donne par réduction des ions chrome III verts.
On utilise la diphenylaminesulfonée comme indicateur qui vire du bleu au violet (Bikuba, 2010 ;
O‟Cledjo, 1983).
Matériel et produits nécessaires
-
S1 : solution aqueuse de peroxyde d‟hydrogène de concentration molaire c1 inconnue (à
déterminer). Il peut s‟agir par exemple d‟une solution titrant 2 volumes préparée en diluant au
1/10 ièmeune solution commerciale à 20 volumes.
-
S2 : solution aqueuse de permanganate de potassium de concentration molaire c2 = 10 -2 mol.L-1
en ions MnO4- .
-
S3 : solution aqueuse d‟acide sulfurique de concentration molaire 1 mol.L-1
-
Burette graduée, erlenmeyer, béchers, pipette jaugée de 10 ml, propipette, pissette d‟eau,
entonnoir, agitateur magnétique, pipette graduée 5 ml.
Protocole expérimental
- Verser la solution titrante S2 dans la burette. Ajuster au zéro.
- En utilisant la pipette jaugée et la propipette, prélever un volume V1 = 10 mL de la solution
S1.
- Verser le prélèvement dans l‟erlenmeyer.
- En utilisant la pipette graduée et la propipette, verser au moins 2 mL de la solution S3 dans
l‟erlenmeyer. Porter les gants pour cette manipulation.
- Mettre en marche l‟agitateur magnétique.
- Par ajouts successifs de 1 mL, verser la solution titrante S2 dans l‟erlenmeyer.
- Estimer approximativement (à 1 mL prés) le volume V2(éq) nécessaire pour obtenir
l‟équivalence.
- Réaliser un deuxième dosage sur 10 mL de solution S1 en mesurant précisément, à une ou
deux gouttes prés, le volume V2 (éq) nécessaire pour obtenir l‟équivalence
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique305
(i)
Réactifs
titrage de KMnO4(0.01N) par H2O2 (0.032N), en milieu acide H2SO4
Normalité
Volume/mL.
Coefficient minimum Observation
1
2
3
KMnO4
H2O2
KMnO4
H2O2
0,01
0,032
0,01
0,32
10
3,3
10
3,2
2
5
2
5
KMnO4
H2O2
0,01
0,032
10
2,8
2
5
(ii)
Réactifs
1
titrage de KMnO4(0.01N) par H2O2 (0.032N) en milieu acide HCl
Normalité
Volume/mL
Coefficient minimum
Observation
KMnO4
H2O2
0,01
0,032
10
3,1
2
5
2
KMnO4
0,01
10
2
3
H2O2
KMnO4
H2O2
0,32
0,01
3,2
0,28
10
0,029
5
2
5
Réactifs
1
2
K2Cr2O7
H2O2
1
1
5
4,8
1
3
K2Cr2O7
1
5
1
0,2
24
3
1
5
1
0,1
49
3
K2Cr2O7
H2O2
1
(iii)
Réactifs
2
K2Cr2O7
H2O2
K2Cr2O7
1
1
1
5
4,9
5
1
3
1
H2O2
K2Cr2O7
H2O2
0,2
1
0,1
24,7
5
49
3
1
3
3
Coefficient O2 = 5.
titrage de K2Cr2O7 par H2O2 en milieu acide H2SO4
Normalité
Volume/mL
Coefficient minimum
H2O2
3
Coefficient. O2= 5
titrage de K2Cr2O7 par H2O2, en milieu acide HCl
Normalité
Volume/ mL
Coefficient minimum
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
Observation
Coefficient O2 = 3
Observation
Coefficient O2= 3
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique306
3.4. Discussion des réponses obtenues
On constate que lorsque l’oxygène n’est pas présent parmi les produits de la réaction, la méthode
algébrique conduit à une seule réponse. Par contre, la présence à la fois de l’eau et de l’oxygène
parmi les produits conduit inévitablement aux équations paramétriques. Le système d’équation est
donc doublement indéterminé [Badetty et al, 2010, pp. 514]. A partir de la loi des proportions
définies, on peut trouver les coefficients relatifs à l’eau oxygénée et à l’oxygène [Griffe, 1996 ;
McQuarie& Rock, 2010].
Equation-4. Coefficients stœchiométriques de l‟équation redox : KMnO4 par H2O2, en milieu acide H2SO4
Nous avons une infinité de solutions de cette équation dont la stœchiométrie est indiquée en gras:
x / y / z // a / b / c / d
2 / 3 / 1 // 2/ 1 / 4 / 3
2 / 3 / 3 // 2/ 1 / 6 / 4
2 / 3 / 5 // 2 / 1 / 8 / 5
2 / 3 / 7 // 2 / 1 / 10 / 6
L‟infinité de solutions indique que le coefficient d‟eau oxygénée zdoit être supérieur ou égal à1et d le
coefficient stœchiométrique de l‟oxygène doit être supérieur ou égal à3.
Par titrage de KMnO4 par H2O2, en milieu acide H2SO4 nous avons obtenu la stœchiométrie exacte de
l‟équation chimique est donc : 2 / 3 / 5 // 2 / 1 / 8 / 5. L‟équation équilibrée est :
2KMnO4 + 3H2SO4+ zH2O2
K2SO4 + 2MnSO4 + cH2O + dO2
2/2.10-5 = z/5,28.10-5 ce qui implique z = 5,28 et ainsi, on a z=d= 5 (en arrondissant).
Equation 5. Coefficients stœchiométriques de l‟équation chimique KMnO4 par H2O2, en milieu acide HCl.
Nous avons une infinité de solutions de cette équation dont la stœchiométrie est indiquée en gras:
x / y / z // a / b / c / d
2 / 1 / 6 // 2/ 2 / 4 / 3
2 / 3 / 6 // 2/ 2 / 6 / 4
2 / 5 / 6 // 2 / 2 / 8 / 5
2 / 7 / 6 // 2 / 2 / 10 / 6
D‟après l‟infinité de solutions possibles, on constate que des coefficients d‟eau oxygénée est y ≥1 et la
progression arithmétique c+d dont la raison est 3 et c+d est supérieur ou égal 7, avec d coefficient
stœchiométrique de l‟oxygène est aussi supérieur ou égal à3.
Nous avons obtenu par le titrage de KMnO4 par H2O2, en milieu acide HCl que la stœchiométrie exacte de
l‟équation chimique est donc : 2 / 5 / 6 // 2 / 2 / 8 / 5. L‟équation au point d‟équivalence est 2KMnO 4 + y
H2O2 + z HCl
K2SO4 + 2MnSO4 + cH2O + dO2
2/2.10-5 = y/4,96.10-5 ⇒ y = 4,96 et ainsi, on a y=d= 5 (en arrondissant)
Equation 6. Coefficients stœchiométriques de l‟équation chimique K2Cr2O7 par H2O2, en milieu acide
H2SO4
Nous avons une infinité de solutions de cette équation dont la stœchiométrie est reprise en gras:
x / y / z // a / b / c / d
1 / 3 / 4 // 1/ 1 / 7 / 3
1 / 5 / 4 // 1/ 1 / 9 / 4
1 / 7 / 4 // 1 / 1 / 11 / 5
1 / 9 / 4 // 1 / 1 / 13 / 6
Les coefficients d‟eau oxygénée est y ≥3 et sont en progression arithmétique avec ceux de l‟eau avec une
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique307
raison de 3 ; en même temps les coefficients stœchiométrique de l‟oxygène sont inférieurs ou égaux à
ceux de l‟eau oxygénée.
Nous avons obtenu par le titrage de K2Cr2O7 par H2O2, en milieu acide HCl ou H2SO4 que la stœchiométrie
exacte de l‟équation chimique est donc : 1 / 3 / 4 // 1 / 1 / 7 / 3. L‟équation équilibrée, au point
d‟équivalence, est :
1 K2Cr2O7 + y H2O2 + 4 H2SO4
1 K2SO4 + 1Cr2 (SO4)3 + cH2O + dO2
⇒
-4
-4
1/8,3.10 = y/24.10
y = 2,90 et ainsi, on a y=d= 3 (en arrondissant)
Equation 7. Coefficients stœchiométriques de l‟équation chimique K2Cr2O7 par H2O2, en milieu acide
HCl .Nous avons une infinité de solutions de cette équation dont la stœchiométrie est indiquée en gras:
x / y / z // a / b / c / d
1 / 1 / 8 // 2/ 2 / 2 / 5
1 / 3 / 8 // 2/ 2 / 3 / 7
1 / 5 / 8 // 2 / 2 / 4 / 9
1 / 7 / 8 // 2 / 2 / 5 / 11
L‟équation équilibrée est la suivante :
K2Cr2O7 + 3 H2O2 + 8 HCl
2 CrCl3 + 2 KCl + 3 O2 + 7 H2O
On constate que lorsque l‟oxygène n‟est pas présent parmi les produits de la réaction, la méthode
algébrique conduit inévitablement à une seule réponse. Par contre, la présence à la fois de l‟eau et de
l‟oxygène parmi les produits conduit aux équations paramétriques formant un système doublement
indéterminé [Badetty et al, 2010 pp. 514-517]. Les coefficients du couple réducteur eau
oxygénée/oxygène sont fixés arbitrairement pour aboutir à une réponse mathématiquement acceptable.
En attribuant une valeur à une inconnue, on obtient les autres valeurs. Pour l‟équation contenant le couple
eau oxygénée/eau, on obtient une solution unique.
Pour les équations renfermant le couple eau oxygénée/oxygène, la résolution conduit inévitablement à
plusieurs solutions possibles. On peut alors envisager plusieurs séries des coefficients qui
correspondraient à des combinaisons chimiques qui président à la stœchiométrie. Pour la réaction
chimique s‟effectue selon une combinaison précise impliquant une série unique de coefficients
stœchiométriques [Griffe, 1996 ; McQuarie& Rock, 2010].
L‟existence de plusieurs séries de solutions donne l‟impression qu‟il existe plusieurs équationséquilibrées
et donc plusieurs combinaisons possibles ou des proportions multiples entre l‟oxydant et le réducteur.
Cette manière de penser compromet la logique même de combinaison précise et discrète entre éléments
conduisant à la formation du produit (composé) au cours de la réaction. Cette disposition reste cependant
illusoire et s‟éloigne de la pratique chimique expérimentée. Elle tire ses origines dans les combinaisons
possibles entre les nombres mathématiques.
D‟autre part, sur le plan didactique, l‟enseignement aux étudiants de l‟existence d‟une seule équation
équilibrée issue des combinaisons privilégiées est compromis. Ainsi les étudiants utilisateurs de la
méthode algébrique auraient des difficultés à choisir, au cours de ces examens à choix multiples, la bonne
réponse parmi celles qui leur sont proposées.
4. CONCLUSION
Le présent travail avait pour objectif d‟attirer l‟attention des enseignants et des apprenants sur
l‟équilibration des équations redox parla méthode algébrique. L‟équilibration des équations chimiques
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique308
complexescontenant l‟eau oxygénée H2O2 comme l‟un des réactifs montre que cette méthode pose
problème.
Les résultats obtenus nous ont permis de constater que:
-
en cas d‟équations paramétriques, on continue à poser dans les limites imposées par la
résolution du systèmed‟équation algébrique. On obtient une infinité des solutions avec un
coefficient supérieur ou égal à 1 (avec le permanganate) ou à 3(avec le bichromate). L‟enjeu se
joue au niveau du couple H2O2/O2. Nous avons observé que le nombre de moles de H2O2 et celui
de H2O dans les différentes équations chimiques sont dans une progression arithmétique : dans
le cas du permanganate,la raison égale à3 et pour le bichromate, la raison est4 ;
-
malgré la variation des coefficients relatifs aux composés eau oxygénée/eau/oxygène, tous les
autres conservent leurs coefficients stœchiométriques initiaux.
-
il existe plusieurs solutions réelles à l‟équilibration par la méthode algébrique des équations
redox contenant le couple eau oxygénée/eau ;
D‟autre part, lorsqu‟on compare les réponses obtenues par la méthode algébrique et celles issues de
la méthode de demi-équations, on observe ce qui suit :
-
une solution unique pour la premièreméthode et diverses solutionsréelles ne correspondant pas
à des stœchiométries variéespour la seconde.
-
les résultats analysés ont permis de constater que l‟enjeu se joue au niveau du réducteur, eau
oxygénée et de l‟oxydant permanganate ou bichromate, siège des échanges électroniques qui
interviennent dans ces réactions ;
-
pour aboutir à la bonne stœchiométrie, il suffit d‟attribuer, dans l‟équation paramétrique, pour la
troisième fois une valeur à la variable pour le cas de la réaction entre le permanganate et l‟eau
oxygénée et pour la première ou la deuxième fois dans le cas du bichromate.
L‟existence de plusieurs solutions serait la base de plusieurs difficultés que rencontrent les praticiens de la
méthode algébrique lors de l‟équilibration des équations redox. Ainsi conclut-on que la méthode
algébrique n‟est pas une voie directe pour équilibrer correctement les équations redox contenant l‟eau
oxygénée comme réducteur.
Au vu des résultats obtenus, nous recommandons aux élèves de la sixièmeannée et à leurs enseignants
d‟utiliser la méthodealgébriqueavec plus d‟attention pour équilibrer les équations redox contenant l‟eau
oxygénée comme réducteur et à d‟autres réactionsapparentées pour des raisons évoquées
précédemment. D‟autre part, cette méthode ne peut êtretotalement généralisable pour équilibrer les
équations redox contrairement à ce qui est mentionné dans les manuels de chimie en usage au
secondaire. Des cas particuliers comme ceux évoqués dans ce travail et d‟autres qu‟on trouverait encore
laissent planer le doute sur la généralisation de cette méthode. D‟un côté c‟est parce qu‟il n‟est pas aisé
d‟aboutir à la réponse finale ; de l‟autre côté, on ne saurait pas actuellement quel sens attribuer à
certaines équations équilibrées par cette méthode.
Mais néanmoins, sur le plan didactique, l‟infinité des solutions présentées dans cette étude devrait
êtreexploitée par les enseignants pour montrer aux élèves l‟ambiguïté que pose la méthodealgébrique et
justifier donc son abandonpar les élèves lors de l‟équilibration des équations redox complexes.
La résolution de ces équations par la méthodealgébriquesoulève deux nouvelles questions qui feront
l‟objet d‟une étudeultérieure : comment aider un étudiant utilisateur de la méthode algébrique à équilibrer
correctement une équation redox ? Quelle éventuelle autre interprétation chimique peut-on attribuer aux
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
BISIMWA M. et al. : L’illusion chimique créée par la méthode algébrique309
différentes autres séries de coefficients stœchiométriques obtenuslors de l‟équilibrage des équations
complexes contenant de l‟eau oxygénée ?
Enfin, ce travail a le mérite d‟avoir :
-
montré que la méthode algébrique peut être appliquée aux équations redox bien qu‟elle conduise
à plusieurs solutions pour certaines; elle exige pour cela de la part des utilisateurs (élèves et
enseignants), la maitrise de la résolution des systèmes d‟équations à plusieurs inconnues et des
équations paramétriques ;
-
mis en exergue une illustration des liens insoupçonnés qui existent entre la chimie et les
mathématiques ;
-
établi le caractère parfois abstrait de la mathématique par rapport à la pratique chimique.
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Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MUSIMBI et al.: L’institutionnalisation du système de Confiance en RD Congo310
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 310-320
L’INSTITUTIONNALISATION DU SYSTEME DE CONFIANCE EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO
MUSIMBI Muganza Deogratias* et ROMAÑA BLANDÓNBetsy Mayelis
RESUME
Le présent article traite du système social de la confiance. La confiance est un système social au même titre que les
systèmes politique, économique, juridique, etc. Le système de la confiance suit cette logique : la confiance s‟octroie, se
retire et se refuse. Le système de la confiance sert de critère d‟évaluation de toutes nos relations. Nous avons confiance
dans les institutions hospitalières, éducatives, politiques, etc. Nous avons confiance en nous-mêmes ou non. La confiance
est un média de communication. Tous les systèmes sociaux fonctionnellement différenciés ont besoin d'un niveau élevé de
confiance. La confiance n'exclut pas le contrôle. La confiance n'élimine pas le risque que l‟on court quand on se confie à
quelqu‟un. Qui maintient intact ce qu‟il fait connaitre aux autres est digne de confiance. Qui confie sait qu‟il peut être
déçu. En revanche, il peut retirer sa confiance, une fois confiance qu‟il se rend compte qu‟il a été trahi.
MOTS CLES: Confiance – système – contrôle – media de communication – risqué – systèmes sociaux différenciés.
ABSTRACT
The present article is about the social system of the confidence. The confidence is a social system to the same title
that the systems politics, economic, legal, etc. The system of the confidence follows the logic that follows: the confidence
grants retire and refuse. The system of the confidence acts as criteria of assessment of all our relations. We have
confidence in the hospitable, educational institutions, policies, etc. We have confidence in ourselves. The confidence is a
media of communication. All functionally differentiated social systems have need of a level raised of confidence. The
confidence doesn't exclude the control. The confidence doesn't eliminate the risk that one runs when one confides in
something. Who maintains intact what made it known to the other is worthy of confidence. Who confides knows that
he/it can be disappointed. But then, he/it can withdraw his/its confidence once he/it realizes that he/it has been
betrayed.
KEYS WORDS:Confidence – system – control – media of communication – risk – differentiated social systems.
1.
Formulation du problème
Le système sociétal comprend plusieurs sous systèmes sociaux fonctionnellement différenciés : le
système politique ; le système économique ; le système scientifique ; le système éducatif ; le système
familial ; le système religieux ; le système juridique ; le système médiatique ; le système procédural ; le
système éthique ; le système artistique ; le système des contacts ; le système de confiance, etc. Le
schéma qui suit servira de guide dans la compréhension de notre communication. Un système social
fonctionnellement différencié a : a) un code binaire (confiance/défiance) ; b) une fonction systémique (le
maintien de la foi dans les expectatives) ; c) des prestations systémiques ; d) une réflexion ; contrôle,
procédure ; e) une codification secondaire (réputation, renommée) ; f) un niveau d‟observation du
*
Université Officielle de Bukavu
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MUSIMBI et al.: L’institutionnalisation du système de Confiance en RD Congo311
deuxième ordre ; g) une rationalité propre ; h) un pouvoir constitué : le capital de confiance/capital
symbolique.
Au niveau des systèmes des Etats modernes, nous connaissons ce que valent les Etats-Unis
d‟Amérique, l‟Allemagne, les pays Scandinaves, la France d‟une part ; et de l‟autre, l‟idée que nous nous
faisons des pays tels : la République Démocratique du Congo, la Somalie et l‟Italie. Au niveau de
compagnies aériennes telles CAA (Compagnie Africaine d‟Aviation), Awa Bora etc., et des compagnies
telles qu‟Air France, British Airways, etc. Il y a quelques années (et encore aujourd‟hui), la République
Démocratique du Congo figurait sur la liste des pays dont les appareils (avions) ne peuvent pas survoler
l‟espace de l‟Union Européenne. Quant à ce qui concerne les institutions universitaires nous connaissons
la différence entre le fait d‟étudier à la Sorbonne, à la Sapienza, à Cambridge University, etc., et le fait
d‟étudier dans une autre institution universitaire. Qu‟on le veuille ou non, il existe une différence entre
publier aux Presses universitaires de France (PUF) et publier chez L‟Harmattan. Au niveau des marchés
financiers, une différence saute aux yeux quand l‟on a le billet vert (le dollar) et le Franc Congolais. Dans
la vie quotidienne, des exemples foisonnent quand l‟on si situe sur le promontoire du système de
confiance.
Deux autres exemples peuvent nous aider à illustrer l‟importance du système de confiance dans nos
transactions quotidiennes. Nous tirons ces deux exemples dans le contexte de présentation des examens
d‟Etat en RDC. Le Collège Alfajiri a toujours eu la renommée aux Exétats depuis sa création jusqu‟à nos
jours. Il y a eu une année où le Recteur du Collège avait présenté les listes des candidats aux examens
d‟Etat. Lors de la proclamation des résultats, un étudiant avait échoué ou mieux son nom n‟avait pas
apparu sur la liste de ceux qui avaient réussi. Autrement dit, supposons que le Recteur du Collège avait
présenté une liste où il y avait 46 candidats dans une promotion. Sur 46 inscrits aux épreuves, le nom
d‟un candidat n‟avait pas apparu sur la liste. Le Recteur du Collège introduisit un recours auprès du
Centre de correction des examens d‟Etat. Il gagna gain de cause : son candidat avait aussi réussi mais il
s‟avérait que son nom avait été omis sur la liste de ses condisciples.Il y eut aussi une année où, comme
d‟habitude, le Recteur du Collège présenta les listes des inscrits aux mêmes épreuves. Mais, comme on
ne peut rien prévoir la mort survint inopinément. Un candidat mourut alors qu‟il avait déjà rempli les fiches
pour présenter les examens d‟Etat. Lors de la proclamation des résultats, le nom de l‟étudiant apparu sur
la liste de ceux qui avaient réussi. Donc cent pour cent. Ces deux exemples nous montrons les cas
extrêmes du système social de confiance.
La RDC connaît un déficit du système de confiance (de confiance systémique). La confiance est une
structure sans laquelle un Etat n‟en est pas un. Les Etats africains au Sud du Sahara n‟ont pas su se
doter des structures de confiance raison pour laquelle on y enregistre, sans aucune exception, un déficit
chronique de la confiance systémique. La confiance s‟obtient, par exemple, à travers les mécanismes de
l‟institutionnalisation de la production des informations statistiques fiables.
Si l‟on observe le vécu quotidien congolais, l‟on se rend compte que le congolais n‟a pas confiance en luimême. Il existe chez le congolais une attitude généralisable de manque de confiance en lui-même et de
méfiance envers les autres – ceux qui ne font pas partie de la propre ethnie – et de méfiance envers les
institutions de son propre pays.
2.
La rationalité du système social de confiance
Par système de confiance nous entendons un système social partiel dont la fonction systémique
consiste dans la foi en des expectatives de continuité pour orienter notre vécu quotidien. Pour le dire
autrement, le système de confiance consiste dans la confiance (foi) en des principes stables et solides qui
président à la sélection de vivre ou non dans un pays (Cf. N. LUHMANN, 19963, 5. 41). La confiance et la
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méfiance sont deux aspects importants de la vie sociale. La confiance est un fait social qui réduit la
complexité et la contingence de la vie sociale.
La transmission d‟une intersubjectivité contraignante repose sur des relations de confiance. L‟expression
de confiance systémique prend en considération les relations de confiance qui s‟établissent entre les
systèmes sociaux et leurs environnements respectifs. L‟institutionnalisation de l‟individualisme de
l‟autoreprésentation conduit à poser le problème des expectatives de comportement imputables soit à la
personnalité individuelle soit à la personnalité sociale. Les deux dernières expressions indiquent
implicitement la notion soit de la réputation personnelle soit celle de renommée institutionnalisée. La
renommée,qu‟elle soit personnelle ou institutionnelle, est un média de communication lié au problème de
l‟autoreprésentation de la personnalité individuelle.
Le principe de réflexivité peut aussi s‟appliquer d‟une façon négative, en ce sens que je peux faire
comprendre aux autres que je n‟ai pas confiance en moi-même, de la même manière, je puis douter du
niveau de confiance qu‟une personne m‟octroie, tout comme je peux ne pas avoir aperçu qu‟une personne
a perdu confiance en moi (Cf. N. LUHMANN, 19963, 120). La confiance dans un système social, - tout
comme la confiance dans un ordre social, - se manifeste en deux moments. Premièrement, dans le
principe de réflexivité systémique qui consiste dans le fait qu‟un sujet octroie sa confiance dans la
confiance que les autres personnes ont envers le système social donné. Deuxièmement, la confiance se
fonde aussi dans la confiance octroyée aux personnes assumant des responsabilités sociales. C‟est là la
base rationnelle du système de confiance (ID., 120-121). Le système de confiance ne détruit pas
l‟insécurité qui serait due aux risques probables mais plutôt, il accroît le niveau d‟insécurité tolérable (ID.,
49. 138). Le système de confiance réduit la complexité du monde social. Plus un système social est
complexe plus il a besoin autant de la confiance et de la méfiance. C‟est un paradoxe valide et
irrécusable. Sur ce sillage, Luhmann écrit :
[Néanmoins, pas seulement dans des cas individuels, mais surtout au niveau du système, la confiance
dépend du fait que l‟inclination au risque soit soumis à un contrôle et que le seuil de désillusion ne soit pas
élevé. Si cela est correct, alors l‟on pourrait supposer qu‟un système ayant atteint une grande complexité,
lequel a aussi besoin de confiance, a aussi en même temps plus besoin de méfiance, et par voie de
conséquence, la méfiance doit être institutionnalisée, par exemple sous forme de supervision.]16
3. La construction des relations de confiance
Une relation de confiance est non seulement une nécessité quotidiennement ressentie et
inéluctable dans la communication sociale mais aussi un fait social sui generis fondamental.
Quotidiennement nous sommes confrontés aux situations qui exigent de nous l‟octroi, le refus et le retrait
de la confiance. La confiance, - dans les expectatives normatives, comportementales, cognitives ; la
confiance dans les institutions légitimement établies, la confiance dans sa propre autoreprésentation ou
dans sa propre autoprésentation, etc. -, semble être un besoin vital. La personne qui confie, peu importe
l‟objet sur lequel repose sa confiance, court le risque de la désillusion qu‟implique le fait d‟octroyer la
16
“Sin embargo, sobre todo no sólo en casos individuales, sino mucho más en el nivel del sistema, la
confianza dipende de que la inclinación al riesgo se mantenga bajo control y que la cuota de
desilusiones, no sea demasiado grande. Si esto es correcto, entonces, se podría suponer que un sistema
de alta complejidad el cual necesita al mismo tiempo de más desconfianza y, por lo tanto, debe
institucionalizar la desconfianza, por ejemplo en la forma de supervisión” N. LUHMANN, 1996 3,
155.
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confiance. Il faut, cependant, reconnaître que la confiance n‟est pas une donnée figée au sens de non être
variable. Elle a, tout au moins, ses limites et ses proportions au-delà desquelles elle ne saurait être
octroyée. La confiance n‟élimine pas les risques ; elle sert plutôt à les réduire.
La personne qui octroie confiance ne confie (ne se fie pas) pas d‟une façon inconditionnelle (Cf. N.
LUHMANN, 19963, 49. 55). En effet, Luhmann stigmatise : [celui qui maintient intact ce qu‟il a permis que
l‟on connaisse de lui-même, soit consciemment ou inconsciemment, est digne de confiance.] 17
L‟autoreprésentation et l‟autoprésentation considérées comme prestation sélective dans la communication
sociale sont soumises soit à la confiance personnelle, c‟est-à-dire à l‟auto confiance, soit à l‟observation
ou l‟interprétation positive qu‟en font les interlocuteurs d‟une communication sociale. Quand les deux
réalités augmentent dans la même direction (positive ou négative), s‟accroît (diminue) aussi ; dans la
même proportion, la probabilité de l‟action sociale (ou l‟agir politique) de la personne bénéficiaire. A ce
propos, Luhmann avance : [Les possibilités d‟action augmentent proportionnellement à l‟augmentation de
la confiance dans notre autoprésentation et dans l‟interprétation que d‟autres en font.]18
Toutes ces considérations conduisent à la reconnaissance, dans l‟interaction et l‟agir social, de l‟existence
d‟un vrai et propre capital de confiance (Cf. N. LUHMANN, 19963, 68). Tous les systèmes sociaux
différenciés cherchent à maintenir un niveau élevé de confiance. La confiance dans un ordre social (dans
un environnement social différencié) semble être un préalable nécessaire pour la généralisation de la
confiance à tous les autres sous-systèmes. Le système de confiance doit être institutionnalisé pour qu‟il
ne dépende plus de la variabilité aléatoire des motivations de type personnel (ID., 67).
La transmission d‟une intersubjectivité contraignante pourrait reposer sur des relations de confiance. La
construction de relations de confiance systémique se révèle comme un des défis du développement des
systèmes sociaux africains. L‟expression de confiance systémique prend en considération les relations de
confiance qui s‟établissent entre les systèmes sociaux et leurs environnements respectifs. Ces relations
vont du maintien de l‟autoprésentation aux piliers de la confiance en passant par la confiance dans un
ordre social différenciateur et par les relations d‟une relation de confiance.
L‟analyse théorique du concept de confiance nous ramène à la reconsidération des thèmes des
expectatives normatives et cognitives. L‟on pourrait étendre l‟analyse sur les expectatives d‟attitude,
celles d‟appartenance et celles de comportement. L‟analyse théorique de l‟institutionnalisation de
l‟individualisme de l‟autoreprésentation conduitégalement à poser le problème des expectatives de
comportement imputables soit à la personnalité individuelle soit à la personnalité sociale. Les expressions
de personnalité individuelle et de personnalité sociale indiquent implicitement la notion soit de réputation
personnelle soit celle de renommée institutionnalisée. La renommée quelle que soit sa nature, personnelle ou institutionnelle peu importe- est un média de communication lié, sans aucun doute, au
problème de l‟autoreprésentation de la personnalité individuelle. Par média de communication, il faut
entendre définitivement [une institution supplémentaire au langage, c‟est-à-dire, un code de symboles
généralisés qui réglementent la transmission de prestations sélectives.]
Il existe un rapport étroit - souvent ignoré parce que non évident de première vue- entre le concept de
contingence et celui de confiance. La contingence semblerait être le reflet de la confiance ; tout comme
l‟espérance en serait son opposé (Cf. N. LUHMANN, 19963, 41).La connexion entre les concepts de
contingence et celui de confiance exige d‟être bien illustrée. Le rapprochement de deux concepts, au point
de vue sémantique, semblerait ne pas être évident. Nous l‟avons déjà vu, le concept de contingence
indique le fait que d‟autres possibilités d‟expérience pourraient se réaliser différemment aux attentes
17
« El que se mantiene con lo que ha permitido que se sepa acerca de él ya sea consciente o
inconscientement, es acreedor de la confiance. » N. LUHMANN, 19963, 66).
18
“Las posibilidades de acción aumentan proporcionalmente al aumento de la confianza en nuestra
autopresentación y en la interpretación de otras personas de ésta.» N. LUHMANN, 19963, 68.
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prévisionnelles. Du point de vue de la théorie des systèmes sociaux, le concept de contingence signifie la
probabilité élevée du danger de désillusion ou mieux encore la probabilité de courir des risques (Cf. N.
LUHMANN, 1977, 40). Le droit positif, comme structure du système sociétal distingue le désaccord
existant entre un comportement attendu ou probable et un comportement réel. Luhmann ramène le
problème au niveau de la différence entre le futur présent ou anticipé et le présent futur ou prochain. En
effet, il affirme :
[Dans la dimension temporelle, le présent est référé à un futur qui se présente encore comme un modus
du probable ou de l‟improbable. En d‟autres termes, la forme du futur demeure la probabilité qui, à son
tour, oriente l‟observation dans le sens d‟une forme bilatérale : de façon plus ou moins probable ou plus
ou moins improbable, distribuant ces modalités sur tout ce qui peut advenir. C‟est la raison pour laquelle le
temps moderne a opportunément inventé le calcul des probabilités pour pouvoir s‟adapter à une réalité
fictivement construite et redoublée. De cette manière, le présent peut calculer un futur qui peut toujours
advenir diversement, tout en maintenant la possibilité de soutenir d‟avoir calculé juste, même si, par la
suite, les événements se produisent diversement à la prévision. Cela suppose que l‟on puisse faire la
distinction entre le futur du présent (ou perspectives futures) comme le règne du probable/improbable et
les présents futurs qui adviendront toujours comme ils adviendront et jamais diversement. Cette rupture
entre le futur présent et les présents futurs n‟exclue pas nécessairement les prévisions] 19
Le droit africain coutumier connaissait des mécanismes de garantie d‟octroi de la confiance. La prestation
de serment exigée soit au roi soit à ses sujets pourrait être considérée ici comme un acte d‟une confiance
négative. Au Rwanda précolonial, par exemple, le roi, lors des cérémonies d‟intronisation, prêtait serment
sur l‟emblème de son royaume et de la dynastie qu‟était le tambour; tandis que les hauts fonctionnaires de
la cour royale étaient soumis à ingurgiter un breuvage magique en signe de leur fidélité et dévouement
inconditionnels parfois allant jusqu‟à la mort (Cf. A. GATERA, 1983, 89. 93). A propos de ces prestations
de serment Gatera stigmatise : «En effet, l‟homme étant respecté dans la mesure où il tient ses
engagements, celui qui viole le pacte du sang, pacte sacré, s‟il en est, est considéré avec mépris par
l‟ensemble de la communauté.» (ID., 91).
Le serment prêté par le roi l‟investissait également du pouvoir d‟être le garant de la prospérité, de la
justice, de la défense, de l‟ordre, etc., sur toute l‟étendue du territoire de son royaume (ID., 95). Le
Madagascar précolonial connaissait, à l‟instar de la plupart des autres réalités africaines précoloniales, la
prestation de serment unilatéral – car seul le peuple s‟engageait – prestation qui créait des conditions
d‟une relation réciproque de confiance. Sur ce sillage Rouhette affirme : « Cette confiance réciproque
entre le roi et ses sujets naît de la prestation du serment d‟allégeance, contrat de confiance
particulièrement solennel mais unilatéral puisque seul le peuple s‟engage. » (A. ROUHETTE, 1987, 73).
Le serment d‟allégeance, quand bien même qu‟il soit unilatéral, lie indirectement le roi au sens de faire de
lui le garant obligé d‟utiliser son pouvoir pour la prospérité de son peuple. Il y avait là lieu de voir en ce
contrat de confiance réciproque un esprit d‟équilibre entre le pouvoir royal et le pouvoir populaire (ID., 74).
19
“Nella dimensione temporale il presente viene riferito ad un futuro, che si presenta ancora come modus
del probabile o dell’improbabile. In altri termini : la forma del futuro à la probabilità, che a sua volta
orienta l’osservazione nel senso di forma bilaterale : come più o meno probabile o più o meno
improbabile, ripartendo queste modalità su tutto ciò che può accadere. Per l’appunto il Moderno ha
tempestivamente inventato il calcolo delle probabilità per potersi adeguare ad una realtà fittiziamente
costruita e raddoppiata. Così il presente può calcolare un futuro che può sempre avvenire in modo
diverso, mantenendo la possibilità di sostenere di aver calcolato giusto, anche se gli eventi poi sono
diversi. Ciò presuppone che si possa distinguere tra futuro (o prospettive future) del presente come regno
del probabile/improbabile e presenti futuri, che saranno sempre come saranno, e mai diversamente.
Questa frattura tra futuro presente e presenti futuri non esclude necessariamente le previsioni.” N.
LUHMANN, 1995, 87-88.
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Le droit moderne avait, depuis longtemps, introduit une forme de confiance positive en institutionnalisant
le contrat formalisé pour unir deux volontés contractantes à travers des déclarations sanctionnées par la
loi. Le contrat – de quelle que nature soit-elle -, autant que la prestation publique lors d‟une prise de
pouvoir ou d‟une prise en charge de quelque responsabilité sont des formes qui représentent la quête
moderne de la confiance. A ce sujet, Luhmann avance :
[En particulier, l‟institution légale du contrat formé seulement par la coïncidence des volontés déclarées
des parties contient une reformulation technique du principe de confiance en termes de loi qui se fait trop
indépendante pour que la confiance accomplisse un rôle soit comme condition véritable soit comme une
base pour la validité des traités/pactes.]20
Les relations de confiance exigent de structures particulières. Ces dernières sont au nombre de trois :
l‟obstination relative à la relation ; les dépendances réciproques ; et l‟imprévu. (ID., 62).A ce niveau
d‟analyse théorique, il est convenant de remonter à l‟expression de confiance politique qui fit son entrée
dans la littérature politique au cours de la période qui suivit la fin des guerres civiles religieuses en
Occident. Par la suite, l‟expression de confiance politique fut soudainement remplacée par l‟expression
d‟appui politique (ID., 93. 95). Dans la réalité quotidienne, la quête et l‟octroi autant de la confiance
politique que de l‟appui politique adviennent à deux niveaux de généralisation que sont : d‟un côté, le fait
qu‟un citoyen nourrisse certaines de ses expectatives dans une plate-forme/orientation politique qui
représente ses intérêts ; et de l‟autre, le fait de continuer à résider dans son propre pays dans l‟espérance
de voir se réaliser ses propres ambitions (IBID.,). Il faut le reconnaître, l‟Etat connaît un déficit de
confiance systémique sans précédent. Pour relever le défi et combler le déficit de confiance, l‟Eta
Congolais doit créer des conditions autant de possibilité que de réalisation de la confiance systémique.
[Les piliers de la confiance doivent reposer sur un terrain solide. Dans les cas que nous avons discuté, les
supports de la confiance se rencontrent principalement dans les opportunités d‟une communication
effective ; dans la possibilité d‟interchanger de l‟argent avec des choses de valeur véritable et durable ;
dans la possibilité d‟obtenir un accord définitif sur de types de fondements où l‟on exige la vérité ; dans la
possibilité d‟activer le moyen de coercition qui appartient à l‟Etat en respectant des normes établies.
Réunies les conditions de ces opportunités pour la communication, la personne qui octroie la confiance
aux deux différents niveaux de généralisation : il a confiance dans l‟effectivité de certaines opportunités de
communication comme en une soupape de sécurité, au besoin, elle a confiance dans le fonctionnement
général du système, ce qui augmente justement l‟effectivité de ces opportunités.]21
Pour gagner de la confiance systémique, l‟Etat Congolais devrait créer des mécanismes tels que des
procédures explicites de la réduction de la complexité sociale, c‟est-à-dire qu‟il doit créer des expectatives
qui fassent croire aux congolais le fait que toute l‟action politique – décisions politiques – est le fruit non
20
“En particolar, la institución legal del contrato formado solamente por la coincidencia de las
voluntades declaradas de las partes, contiene une reformulación técnica del principio de confianza en
términos de ley que se hace demasiado indipendente para que la confianza desempeñe un rol ya sea
como condición verdadera o como una base para la validez de los convenios.” N. LUHMANN, 19963,
58.
21
“Los pilares de la confianza deben construirse en terreno sólido. En los casos que hemos discutido, los
soportes de la confianza principalmente se encuentran en las oportunidades de une comunicación
efectiva ; en la posibilidad de intercambiar dinero por cosas de valor verdadero y duradero, en la
posibilidad de lograr un accuerdo definitivo en tipos de fundamentos en los que se exige la verdad, en la
posibilidad de activar el medio de coerción que pertenece al Estado sobre la base de las reglas
establecidos. Dadas estas oportunidades para la comunicación, la persona que otorga confianza en dos
niveles diferentes de generalización : confía en la efectividad de ciertas oportunidades de comunicación
como una válvula de seguridad, si fuera necesario, confía en el funcionamento general del sistema lo que
aumenta en gran medida la efectividad de estas oportunidades. » N. LUHMANN, 1996, 96-97.
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de la spontanéité politique mais le résultat de la réflexivité politique. Cela implique premièrement, une
différenciation sémantique, c‟est-à-dire le passage des expressions de rivalité politique en opposition
politique, de régime politique au système politique, etc. Deuxièmement, un abandon radical de la
connotation de la confiance politique qui repose sur la consanguinité avec le détenteur du pouvoir de l‟Etat
(Cf. N. LUHMANN, 1996, 96). Troisièmement, la construction d‟un ordre social qui repose sur des
présentations réfléchies et institutionnalisées (ID., 106 – 107, 112).
Il existe aussi une étroite relation entre la confiance personnelle et la confiance dans un système social
(ou la confiance dans un ordre social). Les deux types de confiance s‟alimentent réciproquement. Le
système de confiance, à l‟instar des autres systèmes sociaux, est aussi soumis au principe de réflexivité
systémique.
[L‟individu peut avoir confiance dans sa propre confiance, tout comme il peut percevoir ses sentiments ou
réfléchir sur sa propre pensée ; de plus, il peut avoir confiance au fait que les autres ont confiance en lui ;
et que finalement, les autres ont confiance au troisième degré de la même forme que lui-même le
réalise.]22
La doctrine scientifique classique considère le principe d‟intersubjectivité scientifique comme un des
canons de la scientificité de tous les résultats de la recherche scientifique. Le concept d‟intersubjectivité
contraignante se différencie fonctionnellement de celui d‟intersubjectivité scientifique dans l‟acception des
classiques des sciences sociales. A partir du moment où la vérité devient l‟objet du système scientifique,
le système sociétal devait se fier aux affirmations qui ne sauraient qu‟être transmissibles
qu‟intersubjectivement comme une certitude obligeante (Cf. N. LUHMANN, - J. HABERMAS, 1973, 7).
Pareille certitude doit revêtir deux caractères à savoir : un caractère d‟une connaissance démontrable
d‟une façon convaincante ; et un autre caractère d‟un savoir transmissible d‟une manière sûre. Ces deux
caractères firent de la vérité scientifique un média de transmission de sens (Cf. N. LUHMANN, 19811, 273,
273-274. 274). Malgré l‟acceptation du principe d‟intersubjectivité contraignante, la science de la
sociologie de souche systémique reconnaît le fait qu‟il y aura toujours quelque personne qui n‟accepterait
pas sa vérité. C‟est là une donnée qui corrobore la négation du principe d‟intersubjectivité de la vérité
scientifique (Cf. N. LUHMANN, 1991, 66).
Pour résoudre la difficulté liée à la transmission d‟une intersubjectivité contraignante il faut recourir au
concept de légitimité. Ce dernier concept a le mérite d‟inclure autant l‟acceptation des prémisses
décisionnelles que la reconnaissance des décisions contraignantes. Seule l‟institutionnalisation des
processus décisionnels qui crée la légitimité (Cf. N. LUHMANN, 2001, 23). La reconnaissance
généralisable des décisions contraignantes ne saurait être ni le résultat d‟un consentement volontariste ni
le fruit d‟une conviction spontanée imputable à l‟individu pris singulièrement. Elle découlerait plutôt d‟un
ordre social différencié qui l‟institutionnalise. La reconnaissance généralisable de la légitimité est donc
imputable non à une motion intérieure personnelle mais plutôt à la seule validité de la décision officielle
(ID., 26. 115). La procédure est un mécanisme qui porte l‟individu à neutraliser – au sens d‟isolément
volontaire – sa propre position. La procédure doit être fonctionnellement différenciée comme un système
social d‟action. Les procédures juridiquement régulées peuvent être obtenues par le biais de
l‟institutionnalisation des normes organisationnelles et procédurales se fondant sur le droit positif. Vu que
la personne humaine constitue le vrai problème de l‟ordre social contemporain, seul l‟isolément social de
l‟individu semblerait être le mécanisme efficace et efficient pour solutionner le problème. Sur ce sillage
Luhmann suggère :
22
“El individuo puede confiar en su propia confianza, precisamente como él puede percibir sus
sentimientos o pensar sobre su pensamiento ; además, puede confiar en que los otros confian en él, y
finalmente que los otros confian en las terceras partes de la misma forma que él lo hace.” ID., 120.
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MUSIMBI et al.: L’institutionnalisation du système de Confiance en RD Congo317
« Il semble donc qu‟une légitimation par la procédure ne consiste pas à engager intérieurement la
personne concernée, mais plutôt à l‟isoler en tant que source de problèmes et à rendre l‟ordre social
indépendant de son accord ou de son refus. C‟est précisément cette indifférence à l‟égard des structures
motivationnelles de l‟individu et de son accord ou de son refus qu‟exprime le concept de „validité‟
(Geltung) des normes et des valeurs. Les procédures servent à mettre en œuvre, sans danger, cette
prétention à la validité au sein de la vie sociale. » (ID., 117-118).
Le problème de transmission d‟une intersubjectivité contraignante se pose au niveau de la relation de
prestation systémique. En d‟autres paroles, le problème demeure celui du transfert de la sélection
dédoublée, par exemple, des décisions. Les considérations faites jusqu‟à maintenant pointent au concept
de rationalité du pouvoir. Le pouvoir politique, à l‟instar de tout autre pouvoir social différencié et
disponible, est considéré comme un média de communication dont le double objectif se ramène à ce qui
suit : un média de communication qui sert à réaliser certains programmes et un média de communication
à travers lequel se réalise le transfert de volonté – la sélection décisionnelle – du détenteur du pouvoir. La
légitimation rationnelle de tout pouvoir fonctionnellement différencié peut ainsi se fonder sur la
positivisation du droit, c‟est-à-dire une sorte de croyance en des pouvoirs décisionnel, normatif et
sanctionnel (Cf. N. LUHMANN, 19782, 177). Le transfert de prestation systémique de système à système
n‟est pas automatique, mais il est régulé par l‟adéquation des médias de communication donneurs avec
les structures du système receveur (Cf. N. LUHMANN, 19833, 113-114).
4. Des alternatives des solutions
L‟Etat Congolais doit garantir sa souveraineté et assurer sa fiabilité sur l‟échiquier international. A ce
stade, le système de confiance s‟obtient à travers les mécanismes de l‟institutionnalisation de la
production des informations statistiques fiables. En effet, fournir une information statistique fiable dans un
temps record se révèle, non seulement un acquis de notre temps, mais aussi une caractéristique
fondamentale de la fiabilité d‟un Etat de droit.
Pour résoudre le problème du tribalisme, du régionalisme et de l‟ethnicisme lié au recrutement du
personnel de la carrière administrative, l‟Etat Congolais devrait instaurer un contrôle sur les mécanismes
des concours et imposer un critère d‟admissibilité en excluant les personnes d‟une même famille jusqu‟au
troisième degré de consanguinité.
Pour résoudre le problème d‟impunité concernant les détournerus des deniers publics, l‟Etat Congolais
devrait introduire un châtiment qui frappe la personne dont la responsabilité est établie et sa descendance
jusqu‟à la troisième génération. C‟est-à-dire, aucun descendant de la personne inculpée ne pourrait
prétendre occuper une charge politique et élective dans l‟administration publique.
Pour résoudre le problème de l‟empoisonnement, l‟Etat Congolais devrait institutionnaliser la pratique
obligatoire de l‟autopsie. La confiance est un média de communication très sensible. La confiance se
conserve dans un vase fragile. Une fois que nous n‟avons pas su la sauvegarder, il nous faudrait un travail
positif pendant plus ou moins 25 ans pour rémériter la confiance perdue.
Le droit moderne avait, depuis longtemps, introduit une forme de confiance positive en institutionnalisant
le contrat formalisé pour unir deux volontés contractantes à travers des déclarations sanctionnées par la
loi. Le contrat – de quelle que nature soit-elle -, autant que la prestation publique lors d‟une prise de
pouvoir ou d‟une prise en charge de quelque responsabilité sont des formes qui représentent la quête
moderne de la confiance. A ce sujet, Luhmann avance :
[En particulier, l‟institution légale du contrat formé seulement par la coïncidence des volontés déclarées
des parties contient une reformulation technique du principe de confiance en termes de loi qui se fait trop
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MUSIMBI et al.: L’institutionnalisation du système de Confiance en RD Congo318
indépendante pour que la confiance accomplisse un rôle soit comme condition véritable soit comme une
base pour la validité des traités/pactes.]23
Les négociateurs autant que les médiateurs de profession savent combien sont utiles les attitudes de
confiance (Quinto, 1999). Se situant entre les deux parties en conflit, ils savent que la condition sine qua
non pour la recherche de la „zone de la possible entente‟, zone où se réalise ce que communément l‟on
désigne par « The Best Alternative To Negociation Agreement. »
Conclusion
Toutes ces considérations nous conduisent même à reconnaître, dans l‟interaction et l‟agir social,
l‟existence d‟un vrai et propre capital de confiance (ID., 68). Tous les systèmes sociaux fonctionnellement
différenciés cherchent à maintenir un niveau élevé de confiance. La confiance dans un ordre social
fonctionnellement différencié semblerait être un préalable nécessaire pour la généralisation de la
confiance à tous les autres sous-systèmes. Les systèmes de confiance doivent être institutionnalisés pour
qu‟ils ne dépendent plus de la variabilité aléatoire des motivations de type personnel (ID., 67). Les
relations de confiance exigent de structures tout particulières. Luhmann en a individualisées trois
principales à savoir : l‟obstination relative à la relation ; les dépendances réciproques ; et l‟imprévu (ID.,
62).
Il existe aussi une étroite relation entre la confiance personnelle et la confiance dans un système social
(ou la confiance dans un ordre social). Les deux types de confiance s‟alimentent réciproquement. Le
système de la confiance, à l‟instar des systèmes sociaux, est aussi soumis au principe de réflexivité
systémique. A ce propos Luhmann précise :
[L‟individu peut avoir confiance dans sa propre confiance, tout comme il peut percevoir ses sentiments ou
réfléchir sur sa propre pensée ; de plus, il peut avoir confiance au fait que les autres ont confiance en lui ;
et que finalement, les autres ont confiance au troisième degré de la même forme que lui-même le
réalise.]24
Le système de la confiance réduit la complexité du monde social. Plus un système social est complexe
plus il a besoin de systèmes de la confiance et de la méfiance. C‟est un paradoxe pourtant valide et donc
irrécusable. Sur ce sillage Luhmann retient :
[Néanmoins, pas seulement dans des cas individuels, mais surtout au niveau du système, la confiance
dépend du fait que l‟inclination au risque soit soumis à un contrôle et que le seuil de désillusions ne soit
pas très élevé. Si cela est correct, alors l‟on pourrait supposer qu‟un système ayant atteint une grande
complexité, lequel a aussi besoin de confiance, a aussi en même temps plus besoin de méfiance et par
voie de conséquence, la méfiance doit être institutionnalisée, par exemple sous forme de supervision.]25
23
“En particular, la institución legal del contrato formado solamente por la coincidencia de las voluntades
declaradas de las partes, contiene une reformulación técnica del principio de confianza en términos de ley
que se hace demasiado independente para que la confianza desempeñe un rol ya sea como condición
verdadera o como una base para la validez de los convenios.” N. LUHMANN, 1996, 58.
24
“El individuo puede confiar en su propia confianza, precisamente como él puede percibir sus
sentimientos o pensar sobre su pensamento ; además, puede confiar en que los otros confina en él, y
finalmente que los otros confina en las terceras partes de la misma forma que él lo hace.” ID., 120.
25
“Sin embargo, sobre todo no sólo en casos individuales, sino mucho más en el nivel del sistema, la
confianza dipende de que la inclinación al riesgo se mantenga bajo control y que la cuota de desilusiones
no sea demasiado grande. Si esto es correcto, entonces se podría suponer que un sistema de alta
complejidad, el cual necessita más confianza, también necessita al mismo tempo de más desconfianza y,
por lo tanto, debe institucionalizar la desconfianza, por ejemplo en la forma de supervisión.” ID., 155.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MUSIMBI et al.: L’institutionnalisation du système de Confiance en RD Congo319
Aujourd‟hui, il ne peut plus être admis le fait de continuer à référer l‟actuel ordre social à la res
publica des anciens Grecs. L‟ordre social qui correspondait aux cités grecques (Athènes et Sparte) était
indifférencié et est donc déjà révolu. L‟actuel appareil décisionnel moderne produit autant des tensions
variées que des scénarios riches en alternatives. Pour le dire autrement, la société contemporaine doit
apprendre à résoudre des problèmes qui se posent à travers les mécanismes de prise des décisions
collectives contraignantes (Cf. N. LUHMANN, 2002, 47. 50).
Un ordre social différencié se reconnaît dans un contexte où sont garanties et réunies les conditions
suivantes : 1) l‟autoreprésentation de la personne ; 2) la formation d‟expectatives fiables de
comportement ; 3) la satisfaction des besoins économiques ; et, 4) la possibilité de prendre des décisions
contraignantes (ID., 77). La première des quatre conditions mérite une explication particulière.
L‟autoreprésentation doit être comprise comme la personnalité individuelle. L‟homme, c‟est-à-dire, l‟être
humain, est identifiable à la personnalité avec laquelle il se représente.
Deux notions sont fondamentales pour la réussite d‟une autoreprésentation. Il s‟agit de la notion de la
liberté et de la dignité. L‟individualisme de l‟homme s‟acquiert dans l‟interaction sociale. La dignité n‟est
pas une dotation innée, en ce qu‟elle est une dotation naturelle. Une personnalité individuelle n‟a aucune
chance de réussir dans l‟interaction sociale si l‟autoreprésentation ne jouit d‟aucune dignité (ID., 109-110.
112. 119. 120). La dignité de l‟homme se réfère aux conditions internes de l‟autoreprésentation ; tandis
que la liberté de l‟homme concerne la sphère extérieure de l‟autoreprésentation de la personnalité
individuelle. La liberté d‟un individu déterminé ne saurait être gérée par quelque autre individu ou par
quelque autre instance publique. La liberté s‟autogère, dans le cas contraire, cela conduit à la mort de la
propre dignité (ID., 126. 131).
Un ordre social différencié est celui où les droits fondamentaux ont la fonction de maintenir et de
déclencher le processus de différenciation sociale. Pour le dire autrement, la différenciation sociale permet
la diversité des différentes orientations de généralisation de la structure communicationnelle (ID., 182183). Un ordre social différencié est aussi celui où la légitimation par procédure a acquis droit de cité.
Légitimer par procédure c‟est se refuser à engager les structures motivationnelles de l‟individu, c‟est-àdire, son accord ou son désaccord. Légitimer par procédure, c‟est isoler le consentement de la
personnalité individuelle, - personnalité individuelle qui est source de problèmes, - dans le but de rendre
indépendant l‟ordre social différencié (Cf. N. LUHMANN, 2001, 117-118).
C‟est une erreur commune de croire qu‟il existe une autorité qui garantisse soit la dignité soit la
liberté individuelle. Les droits fondamentaux supposent que chaque personnalité individuelle est dotée
d‟une intelligence qui le rende autonome et capable de s‟orienter correctement et de mieux gérer la
sphère de sa liberté (Cf. N. LUHMANN, 2002, 124). Les droits fondamentaux contribuent énormément au
maintien constant de la différenciation sociale qui constitue l‟ordre social complexe. C‟est le cas de
mentionner explicitement les droits fondamentaux. Ces derniers sont : la liberté de foi ; la liberté
d‟opinion ; la liberté d‟association ; la liberté de la réunion ; la liberté de presse ; la liberté de libre exercice
de l‟art ; la liberté de la science ; la liberté de la recherche ; la liberté de l‟enseignement ; la liberté de la
libre éducation familiale ; la liberté de coalition ; la liberté de la libre constitution de parti politique ; et la
liberté du libre choix d‟une carrière. Dans leur ensemble, toutes ces libertés concourent à la protection de
l‟autoreprésentation personnelle. Toutes ces libertés constituent et génèrent des mécanismes de tutelle
des expectatives élaborées en dehors du système politique (ID., 158-159).
Il ressort clairement que les libertés fondamentales sont conçues en termes de thèmes de la
communication et en termes de choix des partenaires de la communication (ID., 159). Les deux
orientations de choix du thème et de choix du partenaire de la communication s‟adressent à la
personnalité individuelle qui, selon le cas, peut choisir de se connecter ou d‟interagir. Les libertés
fondamentales excluent qu‟une personnalité individuelle soit conditionnée politiquement dans l‟exercice de
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
MUSIMBI et al.: L’institutionnalisation du système de Confiance en RD Congo320
ses droits. Les libertés fondamentales font accroître la disponibilité et la chance de communication. Ces
libertés garantissent, sans aucun doute, la chance de communication (ID., 59).
Le rationalisme moderne avait épinglé le problème de l‟individu en un problème de liberté par rapport
aux prédéterminations sociales. C‟est pour cette raison que le rationalisme moderne avait ciblé la solution
pour une conviction d‟une égalité des personnes. C‟est ainsi qu‟il prônait l‟institutionnalisation de
l‟individualisme qui fait de l‟individu, c‟est-à-dire, de la personnalité individuelle, le pilier du nouvel ordre
social (ID., 95). Il ressort que dans un ordre différencié, c‟est la personnalité individuelle qui apparaît avec
évidence, alors que dans des rôles qu‟elle peut jouer, apparaissent seulement des fragments de la
personnalité individuelle (ID., 95-96). Un ordre social différencié, à travers le système procédural et les
procédés de délestage, prône un agir impersonnel. Les deux procédés de délestage empêchent qu‟un
agir soit imputé (imputable) à une personnalité individuelle. D‟où le devoir d‟agir d‟une façon impersonnelle
et le contrôle et le maintien d‟une distance expressive de rôles (Cf. N. LUHMANN, 2001, 90). L‟inclination
à penser le système sociétal actuel en termes économiques, c‟est-à-dire, en une société économique
implique la prééminence des relations impersonnelles n‟est pas incompatible avec l‟expression des
relations personnelles. Au contraire, la société contemporaine admet, à la fois, la possibilité des relations
personnelles. Les relations sociales où les propriétés individuelles de la personnalité individuelle sont
admises ou permises sont désignées par l‟expression d‟interpénétration interhumaine (Cf. N. LUHMANN,
1987, 3.4). A ce niveau de réflexion, il faut signaler l‟improbabilité qui découle du fait des habitudes
particulières. Pour l‟affirmer différemment, plus mon point de vue est singulier, c‟est-à-dire, très personnel,
plus il a la chance de ne pas susciter le consensus (ID., 13).
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(dispensa). L‟élaboration est nôtre.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
321
Cahiers du CERUKI, Nouvelle
Série, 44, pp. 321-3
DETERMINANTS DU DEFAUT DE REMBOURSEMENT DES CREDITS OCTROYES AUX PETITES ET
MOYENNES ENTREPRISES PAR LA BANQUE COMMERCIALE DU CONGO-AGENCE DE BUKAVU
(BCDC/Bukavu).
CIRHUZA Ndatabaye Martin26, BASHOMBE Balagizi Anselme27, BABONEKinesha Roger1 et HAMULI
Mastaki Benjamin
RESUME
La présente étude s‟assigne comme objectif de déceler les principaux facteurs qui déterminent le défaut de remboursement
des crédits octroyés aux PMEs par la BCDC/Bukavu. Il s‟agit concrètement
d‟énumérer les différents
attributs /caractéristiques que peut afficher une PMEs emprunteuse et dont leur connaissance permettrait, au
demeurant, de prédire la probabilité de défaillance de la PME. Pour y parvenir, une enquête a été menée auprès de 60
PMEs. Sur base d‟un modèle spécifié en Coupe instantanée et inspiré de Georges Tene(2006-2007), avons-nous
débouché aux résultats selon lesquels la relation de long terme, le Besoin en Fonds de roulement, le Ratio de liquidité, le
rationnement du crédit, le montant de la garantie exigée, le ratio de rentabilité économique sont les principaux
clignotants du risque de crédit au sein de l‟institution sous étude.
MOTS-CLES : Défaut de remboursement, Petites et Moyennes entreprises, Ratios financiers
ABSTRACT
The present study aims at finding out the main factors which condition the lack of reimbursement of loans which are
granted to Small and Middle Enterprises (SMEs) by the BCDC /Bukavu agency in the DR Congo. It is concerned mainly
with pointing out the different characteristics that a SME which borrows loans can exhibit, and knowing its
characteristics, one can easily predict the probability of its deficiencies or shortcomings. In order to carry out this
research, a survey has been carried out to 60SMEs. On the basis of a specified model in cross-section inspired by Georges
Tene (2006-2007), we have come to the results according to which the long-term relationship, the need of rotation funds,
the liquidity ratio, the loan rationing, the amount of the required guarantee, the economic returned ratio are the
principal indicators of the loan risk within the institution under study.
KEY-WORDS: default reimbursement, Small and middle enterprises, financial ratios
INTRODUCTION
La crise financière qui secoue le monde actuellement, notamment les défaillances successives des
grandes Banques internationales, a remis sur le devant de la scène, la problématique des risques
Bancaires dont le risque de crédit (ELHAMMA, 2009). L‟effet dévastateur qu‟eut la faillite de l‟influente
Banque Américaine Lehmann Brothers en automne 2008 a touché l‟ensemble des économies mondiales,
nous démontrant alors, la répercussion qu‟une seule grande Banque peut avoir à l‟échelle planétaire
(MALTAIS, 2010-2011). Cette prolifération des problèmes Bancaires à l‟échelle internationale, a suscité à
la fois l‟intérêt des économistes et des régulateurs à propos de la stabilité du système financier,
caractérisé dès lors par une opacité accrue, des systèmes Bancaires fragiles, et surtout par un volume
important de créances douteuses et litigieuses.
Les uns et les autres soutiennent que la faillite d‟une Banque due au risque de défaut des emprunteurs,
dont les conséquences sur le système financier peuvent être néfastes compte tenu des effets de dominos
26
27
Assistants au département des sciences commerciales et administratives à l’ISP-Bukavu
Che de travaux au département des sciences commerciales et administratives à l’ISP-Bukavu
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
322
et de contagion, peut entraîner des externalités négatives sur la sphère réelle et déstabiliser toute l‟activité
économique. Il en résulte une perte d‟informations accumulées par les intermédiaires financiers sur les
prêteurs et les déposants, un coût social lié à la rupture des relations de crédit ; ce qui est de nature à
provoquer un renchérissement du coût de l‟intermédiation (AYACHI, J., sd ).
L‟évaluation et la prévention du risque de crédit deviennent ainsi primordiales pour les Institutions
financières, notamment à cause de certains facteurs tels que l‟augmentation au niveau mondial, du
nombre de faillite des institutions financières, la tendance pour les gros emprunteurs de s‟éloigner des
institutions financières, la dépréciation de la valeur des actifs réels qui réduit inévitablement la valeur
des garanties et la croissance fulgurante des instruments hors-bilan qui sous-tendent une exposition
au risque supplémentaire. C‟est pourquoi, le risque de crédit est devenu le défi premier du secteur de
la gestion des risques enfin des années 1990 et l‟est sûrement pour le commencement du siècle
suivant (CHAMPAGNE, 1999). Dès lors, un contrôle plus efficace du secteur bancaire, nécessite que
les banques analysent minutieusement la solvabilité de leurs emprunteurs et qu'elles ne surestiment
pas la sécurité des crédits.
Les financements Bancaires accordés en République Démocratique du Congo sont assujettis à des
exigences de garanties réelles avec des échéances de remboursement assortis d‟intérêts basés sur le
taux du Marché Monétaire (BCC). Un tel système, bien qu‟il ait joué le rôle de premier plan dans la
création du tissu économique Congolais voit aujourd‟hui ses limites dans le niveau particulièrement élevé
des créances classées.
A titre illustratif, la BCDC/Bukavu, se caractérise par un portefeuille très risqué : les créances douteuses
se sont levées en milliers de CDF à 82 986 999,2 en 2009 contre 125 777 645 et 157 048 463 en 2010 et
2011 respectivement ; alors que, les crédits octroyés se lèvent à 122 024 867 ; 184 319 091 et
254 845 008 respectivement (BCDC, 2011).
Particulièrement, pour analyser l‟information qu‟un Banquier détient sur ses clients, on dispose à la BCDC
Agence de Bukavu, d‟une méthode fondée sur le diagnostic financier et dont les exigences majeures
sont le jugement et le bon sens (BCDC /Bukavu); ce qui ne permet pas de déceler judicieusement les
emprunteurs susceptibles de ne pas honorer leurs engagements à terme. Ainsi, devient-il opportun, de
trouver une autre approche complémentaire sinon alternative, amélioratrice du taux d‟impayés, pour
analyser les dossiers de crédit. Ceci passe objectivement par la mise sur pied d‟un modèle statistique
d‟évaluation du risque de non remboursement des emprunteurs.
Corrélativement aux considérations précédentes, la question suivante mérite d‟être posée : Quels sont
les principaux facteurs explicatifs du défaut de remboursement du crédit octroyé aux PME par la BCDC
Agence de Bukavu ?
Préalablement, nous estimons que les ratios comptables et/ou financiers auraient un contenu
informationnel qui leur permettrait d‟expliquer et de prévenir la défaillance des entreprises. Parmi eux, les
ratios de Structure, de Rentabilité, de Liquidité ainsi que de Gestion ou d‟exploitation, constitueraient une
première catégorie des principaux facteurs explicatifs du défaut de remboursement du crédit octroyé aux
PME par la BCDC.
La relation de long terme, les conditions d‟obtention et de remboursement du crédit (Rationnement du
crédit, montant estimé des garanties, durée de remboursement), ainsi que les caractéristiques de la PME
et de son promoteur; constitueraient une deuxième catégorie de clignotants (symptômes) probables
d‟occurrence des difficultés de remboursement du crédit.
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
323
II. METHODOLOGIE
2. 1. Note sur le déroulement de l’enquête et la description du questionnaire
Les données utilisées dans cette étude ont été collectées en deux étapes : la pré-enquête et l‟enquête
proprement dite.
La pré-enquête (réalisée au mois de Janvier 2013) nous a permis de tester le questionnaire d‟enquête et
de déterminer la taille de l‟échantillon. A partir d‟elle, nous avons pu déterminer les variables à retenir
dans l‟élaboration du questionnaire d‟enquête ainsi que leur unité de mesure. En revanche, pendant
cette étape, les entretiens avec les agents de crédit , nous ont permis de déterminer la période sur
laquelle la recherche devrait porter ainsi que la population cible. Rien n‟a rassuré de la disponibilité de
l‟historique de crédit des emprunteurs ayant sollicité le crédit il y a plus de deux ans. A ce titre, nous
avons alors opté pour une étude faite sur les emprunteurs ayant sollicité le crédit depuis le mois de
Janvier 2011. Pour mieux appréhender leur solvabilité, nous avons exclu de notre analyse tous ceux dont
l‟échéance de remboursement n‟était pas encore arrivée à terme pendant la période d‟enquête (mois de
Mars et Avril 2013) ; celle-là étant d‟une année maximum et d‟un mois au minimum. Au cours de cette
période (sous examen), la BCDC avait accordé du crédit à 80 PME constituant ainsi la population cible,
mais toutes les informations nécessaires à notre analyse n‟ont été disponibles que pour 60 PME
constituant ainsi notre taille d‟échantillon ; soit un taux de sondage appréciable de l‟ordre de 75%.
Le questionnaire a comporté respectivement deux grandes catégories des questions : les unes d‟ordre
qualitatif et de nature à nous permettre d‟évaluer et d‟ apprécier la politique de gestion du risque de crédit
par la BCDC et les autres pour l‟identification des facteurs explicatifs du défaut de remboursement du
crédit par les PME.
2.2. Spécification théorique du modèle
Elle est matérialisée par la justification des variables exogènes retenues dans l‟explication de la
probabilité de défaut de remboursement des PME emprunteuses. Mais, avant de commencer la
justification des variables exogènes retenues dans cette étude, il s‟avère impérieux de noter
préalablement que la variable endogène est le « défaut de remboursement du crédit par une PME ».
Cette variable est dichotomique et fait référence au sort encouru par la BCDC sur chacune des PME
emprunteuses de l‟échantillon. En effet, deux résultats sont possibles : le remboursement dans le délai et
dans les conditions convenus ou le contraire.
Il sied de noter que les modalités de remboursement au sein de la BCDC obéissent au principe de
remboursement in fine : les intérêts sont payables mensuellement alors que le principal est remboursable
à l‟échéance au même moment du paiement des intérêts de la dernière période (dernier mois).Cependant,
il se pose un problème, allons-nous qualifier un emprunteur de défaillant dès lors qu‟il a connu un certain
retard de paiement même des intérêts d‟une seule période ? Logiquement et au regard de la définition du
défaut de remboursement du crédit, il est défaillant. Toutefois, un emprunteur défaillant pendant une
certaine période pour non paiementdes intérêts est encore tolérable, estiment les agents de crédit de la
BCDC. De là, vient la nécessité de se rapporter au remboursement du principal pour définir l‟élément à
détecter. Cette variable endogène est codifiée :
1 : Lorsque la PME de l‟échantillon n‟a pas remboursé (le principal) dans le délai et dans les conditions
convenus ; en d‟autres termes, lorsqu‟ il y a eu défaut de remboursement du crédit par la PME.
0 : dans le cas contraire. Le risque de crédit ne s‟est pas matérialisé ; la PME emprunteuse est saine.
Les variables exogènes, sont regroupées en deux principales composantes et réfèrent toutes aux
caractéristiques des PME le jour d‟octroi du crédit. Une première composante comprend les ratios
financiers alors qu‟une seconde comprend d‟autres variables qu‟il a été raisonnable de penser pouvoir
expliquer la variable d‟intérêt.
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CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits

324
2.2. 1. Les principaux ratios financiers retenus
Malgré la diversité des ratios, due à la diversité des informations utilisées pour leur calcul et aux
caractéristiques financières qu‟ils permettent de mettre en évidence, nous les avons regroupés sous les
thèmes suivants : la Structure ou la Stabilité, la Rentabilité, la Gestion ou l‟exploitation, la Liquidité. Ce
regroupement découle des résultats d‟études empiriques sur la modélisation du défaut de
remboursement, des spécificités du référentiel comptable Congolais et des contraintes de la Base des
données. Tous ces ratios sont mesurés une année (tout au plus) avant la défaillance.
1° Les ratios de structure :
a. Ratio du fonds de Roulement Net
Suivant E. Cohen (2006), certaines unités paraissent parfaitement aptes à assurer leur solvabilité avec un
FRN négatif, alors que d‟autres s‟avèrent insolvables malgré un FRN largement positif. De même,
certaines entreprises maintiennent leur solvabilité avec un FRN de faible montant alors que d‟autres
connaissent des difficultés de règlement malgré un FRN de montant beaucoup plus élevé. Dès lors, il
existe une ambigüité dans la relation entre le niveau de cette variable et le défaut de remboursement
conduisant à la définition de l‟hypothèse suivante :
H.1. La corrélation entre la probabilité de remboursement du crédit et le ratio du Fonds de Roulement Net
mesuré sur la PME le jour d‟octroi du crédit serait positive ou négative.
b. Ratio de Levier financier :
L‟inclusion de cette variable est justifiée par le fait que du côté du banquier, l‟utilisation de la dette induit
des risques relatifs à la variabilité du rendement et augmente la probabilité de défaut. Lorsque le niveau
d'endettement est faible, l'état d'insolvabilité est improbable. D‟où l‟hypothèse suivante :
H. 2. Plus le rapport (Dettes/ Fonds propres) est élevé, plus ou moins la probabilité de défaut serait
élevée selon que l‟endettement produit ou non un effet de massue sur les fonds propres de la PME.
2° Ratio de rentabilité économique :
L‟hypothèse à tester est la suivante :
H.3. Sous réserve d‟un problème d‟hasard moral, la probabilité de défaut serait négativement liée
au ratio de rentabilité économique
De manière générale et en référant à la théorie financière, plus un investissement est rentable, plus le
risque qui lui est rattaché est important et plus le défaut de remboursement devrait être probable. En
revanche, nous ne concluons pas immédiatement en référant à la théorie que plus la rentabilité du projet
jusque là exploité par la PME est importante, plus le risque financier est élevé, et par conséquent plus la
probabilité de non remboursement devient importante. En effet, Sous réserve d‟un problème d‟aléa de
moralité, une forte rentabilité est garante d‟une liquidité à partir de laquelle le remboursement du crédit est
possible. Une entreprise qui ne crée pas de valeur de façon durable finira par faire faillite et connaîtra des
difficultés pour honorer ses engagements vis-à-vis des créanciers financiers.
3° Ratio de liquidité immédiate
Nous envisageons tester l‟hypothèse selon laquelle :
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
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H. 4. La liquidité immédiate agirait
emprunteuses.
325
négativement sur la probabilité de défaut des PME
Cette hypothèse est dictée par le fait qu‟il est logique de déduire qu'il existe une plus grande probabilité
qu'une entreprise ait des difficultés à honorer ses obligations financières contractuelles si l'état de ses
liquidités est précaire. Plus les liquidités détenues par une entreprise sont importantes, plus son risque
d'insolvabilité est faible.
4° Les Ratios de Gestion,
Aussi ratios d‟exploitation, les ratios de Gestion, traduisent le rythme auquel certains éléments du bilan
sont renouvelés, dans le cadre de l‟activité courante de l‟entreprise. On les formule à propos des encours
cycliques soumis à rotation du fait des opérations d‟exploitation. Ils apportent également des indications
précieuses à l‟appui de l‟interprétation des notions de FRN et du BFR (COHEN, 1991).
On retrouve sur le questionnaire, la séparation nette entre les trois principaux ratios de Gestion dont nous
avons voulu -à première vue- évaluer l‟incidence individuelle sur le défaut de remboursement. Il s‟agit
des ratios permettant de mesurer la liquidité des stocks et des créances commerciales d‟une part,
l‟exigibilité des dettes fournisseurs d‟autre part. A ce niveau, l‟élément mis en évidence est la vitesse de
rotation. Mais si les données ont été ainsi collectées, nous les avons traitées moyennant certaines
modifications de manière à avoir un indicateur unique et synthétique du risque se rapportant directement
au cycle d‟exploitation.
Ainsi, en prenant l‟inverse de la vitesse de rotation de chacun de ces trois indicateurs et en multipliant le
résultat par 365 jours, nous obtenons le délai de rotation associé. Le seul indicateur susceptible de nous
permettre l‟appréhension de trois délais est le BFR. Celui-ci résulte initialement du décalage qui existe
entre le délai-stocks et le délai-clients d‟une part, le délai-fournisseurs d‟autre part. Nous pouvons dès lors
être tenté de l‟exprimer en jours en faisant la somme algébrique des valeurs des ratios de rotation
précédents : Durée de rotation des Stocks+ Durée de rotation des clients – Durée de rotation des
fournisseurs= BFR en nombre de jours.
Au regard de cette définition, il convient de faire les observations suivantes :
Indicateur de la qualité de Gestion financière à Court terme, le BFR augmente avec la durée de rotation
des stocks et des créances ou avec la diminution de la durée de rotation des dettes -fournisseurs ;
auxquels cas, l‟entreprise rencontre des problèmes de trésorerie (dus à l‟accroissement du besoin
d‟exploitation et/ou à l‟immobilisation des fonds) susceptibles de la conduire à ne plus honorer ses
engagements vis-à-vis du banquier (ici la BCDC), toutes choses étant égales d‟ailleurs.
Par la suite, en supposant que les durées de rotation des stocks, des clients et des fournisseurs soient
stables dans le temps, l‟hypothèse à tester est la suivante :
H.5.Probabilité de défaut et nombre de jours du BFR seraient positivement liés toutes choses
restant égales par ailleurs.
2.2.2 Les autres variables d’analyse
1° Relation de Long terme (longue date) :
L‟hypothèse à tester est la suivante :
- H.6. -Sous réserve d‟un effet risque de ruine dans la relation de crédit, la probabilité de défaut des
PME emprunteuses au sein de la BCDC serait négativement liée à la relation de long terme.
-Il existerait un niveau optimal de la durée de cette relation (celui-là minimiserait la probabilité de
défaut)
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
326
En impliquant le micro-entrepreneur dans une relation de long terme et en lui exigeant une épargne
préalable, la constitution progressive d‟un fonds de garantie lui offrant la possibilité de renouvellement de
crédit, la BCDC l‟incite à développer un bon comportement. Selon les agents de crédit de la BCDC, les
relations (en termes d‟avoir traité avec le même emprunteur plusieurs fois) évitent les descentes sur le
terrain pour une inspection de l‟activité de la PME sollicitant le crédit. Généralement, considèrent-ils, une
PME qui a déjà obtenu du crédit et qui l‟a normalement remboursé, est considérée comme saine et
susceptible de rembourser tout éventuel autre crédit.
2° Les conditions d‟obtention et de remboursement du crédit.
a) Le rationnement du crédit
Bien qu‟il y ait plusieurs acceptions du concept rationnement du crédit, nous allons dans le cadre de ce
travail nous rapporter sur la considération suivante : il y a rationnement du crédit, lorsque les bailleurs des
fonds approuvent aux emprunteurs un montant du crédit inférieur à celui demandé même s‟ils disposent
suffisamment des ressources ou que l‟emprunteur est disposé à accepter les conditions de prêt établies
par les prêteurs (TUAN-ANH, 2009). C‟est exactement cela qui se fait au sein de la BCDC.
En effet, en réduisant le montant sollicité préalablement par l‟emprunteur on le contraint à la modification
du projet pour lequel il est venu sollicité le crédit. Et si en même temps, il ne dispose pas des capacités et
d‟expérience pour le nouveau projet, rien ne garantit qu‟il rembourse le crédit à l‟échéance. De même, des
crédits de faible montant incitent les emprunteurs à développer des projets moins rentables faute d‟enjeu
organisationnel. Dès lors, un rationnement total (crédit Crunch) est optimal pour le banquier qu‟un
rationnement partiel. Pour tester la validité d‟une telle assertion, et sachant que cette variable est
dichotomique, prenant la valeur 1 si la PME a été rationnée le jour d‟octroi du crédit et 0 dans le cas
contraire, nous émettons l‟hypothèse suivante :
H. 7. Au sens de la définition précédente, le rationnement du crédit serait positivement lié à la probabilité
de défaut
b) Le montant estimé des garanties
Nous appréhendons cette variable par le montant estimé des garanties laissées en otage par la PME
emprunteuse. Une variable dichotomique (soit que la PME avait laissé des garanties ou non) aurait dû
nous servir mais le problème est celui de non variabilité ; la BCDC exigeant à tous ses emprunteurs des
garanties et de même nature. Celles-ci concernent les titres de propriété de la maison du promoteur de la
PME ; laquelle maison doit être assurée et faire l‟objet d‟une évaluation de la valeur monétaire de telle
sorte que celle-ci peut à la limite, dépasser le montant du prêt. Cette variable est quantitative et fait
référence au montant (valeur monétaire en milliers de dollars Américains) estimé de la garantie laissée en
hypothèque par la PME le jour d‟octroi du crédit. L‟hypothèse à tester est la suivante :
- H.8. Plus la valeur d‟hypothèque est élevée, plus le risque que la PME ne rembourse le crédit à
l‟échéance serait faible
c) La durée de remboursement en mois
H9. Probabilité de défaut et durée de remboursement du crédit seraient en relation positive ou négative.
Cette ambigüité réside dans le fait qu‟une courte durée est susceptible d‟entrainer l‟emprunteur au défaut
alors qu‟une longue durée ne l‟entraîne pas forcément au défaut de remboursement. Dans le premier cas,
le return de son activité peut dépendre d‟un cycle d‟exploitation long alors que dans le second cas, il peut
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
327
développer un hazard moral et le suivi de la gestion du prêt par l‟institution financière peut connaître
d‟Handicap.
3° Les caractéristiques des emprunteurs comme variables de signalisation.
C‟est par manque même d‟un terme cohérent sous lequel nous pouvons regrouper le reste des variables
exogènes que nous utilisons le concept « caractéristiques ». En effet, même les ratios financiers
constituent des caractéristiques (financières) susceptibles de différencier les entreprises saines de celles
défaillantes. Nous avons seulement voulu isoler leur influence sur la variable d‟intérêt afin d‟en faciliter
l‟interprétation en confrontant leur contribution à celle des variables financières. Les enseignements des
modèles théoriques soulignent que les caractéristiques des PME aussi bien que celles de leurs
promoteurs permettent de réduire les phénomènes de sélection adverse et d‟aléa moral en améliorant la
gestion du risque de crédit par les prêteurs. Les variables suivantes rentrent dans cet angle d‟analyse. .
1° Taille de la PME emprunteuse.
Le critère de taille a été et reste donc un facteur prépondérant de différenciation du coût du crédit entre les
entreprises d‟autant plus qu‟à risque égal, le coût de l‟endettement est d‟autant plus élevé que la taille de
l‟entreprise emprunteuse est réduite. Il semble bien que les critères de taille et de risque de non
remboursement soient dépendants, donc susceptibles de se cumuler, ce qui plaide en faveur de
l‟existence des coûts d‟agence assis sur la dimension de l‟entreprise. (COHEN, 2006)
-En mesure que la taille de l‟entreprise est élevée (synonyme d‟un accroissement du chiffre d‟affaires), elle
présente un potentiel de croissance et est donc susceptible de rembourser le crédit ; par contre, qualité de
gestion et taille peuvent être positivement corrélées. Plus l‟entreprise est petite, plus la possibilité de
faillite (au mieux de défaillance) est élevée
- H. 10. Probabilité de défaut et taille de la PME sont négativement corrélées toutes choses égales
d‟ailleurs (absence d‟un comportement opportuniste en particulier).
2.
Niveau d‟études du promoteur de la PME
Cette variable constitue un indicateur de la compétence et un indicateur de la performance de gestion.
Elle fait référence au niveau d‟études de l‟entrepreneur principal (éventuellement dirigeant de la PME)
lors de l‟introduction de la demande de financement. Cela étant, cette variable prend deux valeurs dans la
table de dépouillement notamment : la valeur 0 lorsque le promoteur de la PME est d‟un niveau d‟études
universitaire et 1 dans tous les autres cas. Cela nous permet de définir de l‟hypothèse selon laquelle :
H. 11. Telle que codifiée, la variable niveau d‟études exercerait un effet positif sur la probabilité
de défaut
3. L‟expérience du promoteur dans le domaine ayant fait l‟objet de la demande du financement
En effet, ayant une expérience dans le domaine d‟activité pour lequel le crédit est sollicité, on peut
vraisemblablement penser que le dirigeant maîtrisera mieux les conditions de la concurrence, se sera déjà
taillé une part de marché et aura par conséquent renforcé son avantage concurrentiel, gage d‟une
profitabilité durable. En revanche, si c‟est pour exactement l‟activité jusque là exploitée que l‟emprunt est
sollicité, ce que le propriétaire aura déjà déterminé les perspectives de rentabilité et de durabilité
financière avant qu‟il ne sollicite le financement. Tous ces arguments militent en faveur d‟une performance
de remboursement assise sur la dimension « expérience ».
Cette variable prend la valeur 1 si le jour de l‟évaluation du dossier de crédit, le promoteur avait une
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
328
certaine expérience dans le domaine d‟activité ayant fait l‟objet de la demande de financement (toutes
recherches faites par la BCDC ont prouvé que l‟activité pour laquelle le crédit est demandé est celle
exercée dès lors par l‟emprunteur ou a des synergies avec celle-ci) et la valeur 0 dans le cas contraire.
H.12. Telle que définie et codifiée, l‟expérience du promoteur exercerait un effet négatif sur la
probabilité de défaut
4. Le secteur d‟activité pour lequel le crédit a été accordé
Cette variable se justifie par le fait que le banquier est toujours sensible à la nature d‟activité dans laquelle
seront injectés les fonds à prêter. Certaines activités moins rentables accroissent le risque de défaut de
l‟emprunteur alors que d‟autres plus rentables augmentent la capacité de remboursement de ce dernier.
Dès lors, une sélection des activités par le Banquier se révèle indispensable et pourrait conduire à
exclure ou à rationner le crédit pour certaines PME ne présentant pas des projets porteurs. Pour simplifier
l‟exposé et tenant compte des différentes activités exercées par les PME dans la ville de Bukavu, cette
variable de nature qualitative binaire et est codifiée de la manière suivante :
1 : Si la PME a exprimé le besoin de financement et œuvre dans le secteur du type industriel :
Boulangerie et savonnerie par exemple
0 : pour le reste des autres activités.
Cette manière de faire nous permet de tester l‟éventuel « effet cycle d‟exploitation » sur la capacité de
remboursement du crédit. En effet, on peut avancer l‟argument selon lequel, plus le cycle d‟exploitation est
court, plus le Besoin en Fonds de Roulement d‟exploitation est faible et plus bonne est la trésorerie. Dans
ces conditions, cette codification devrait nous conduire à observer une relation positive entre le secteur
d‟activité et la probabilité de défaut.
H.13. Telle que spécifiée, la variable secteur d‟activité exercerait une influence positive sur la
probabilité de défaut des PME emprunteuses
Au regard des considérations précédentes, nous pouvons présenter les variables de cette étude de
manière condensée à la lumière du tableau suivant :
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
329
Tableau n°1 : Synthèse des variables du modèle et signes attendus
Type de
variable
Effets mesurés
Acronyme /Intitulé
Variable
dépendante
Défaut de remboursement de la PME
DEFREMB
Modalités
Qualitative : prend la valeur 1 si la PME n‟a pas remboursé (le principal) dans les délais et conditions
convenus, c‟est-a-dire lorsqu‟il y a eu défaut et 0 dans le cas contraire, lorsque le risque de crédit ne
s‟est pas matérialisé, la PME est donc saine
Ratio de Fonds de Roulement Net
RFRN
Quantitative : mesuré par le rapport entre les Valeurs immobilisées et les ressources durables
+/-
Ratio de Levier Financier
RLF
Quantitative : rapport entre les Dettes financières et les capitaux propres
+/-
Ratio de Rentabilité Economique
RRE
Quantitative : Rapport entre le Résultat net d‟exploitation et l‟actif économique
-
Ratio de Liquidité Immédiate
RLI
Besoins en Fonds de Roulement
BFR
Relation de Long Terme
RLONGTERME
Quantitative : rapport entre la Trésorerie active et les dettes à court terme.
Quantitative : (délai de rotation de stocks+délai de rotation des créances commerciales et assimilées)( les délai de rotation dettes fournisseurs et assimilés)
+
Quantitative : mesure le nombre de fois que le client a bénéficié d‟un crédit avant qu‟il n‟introduise sa
demande
Qualitative : prend lala valeur 1 si la PME a été rationnée le jour d‟octroi du crédit et 0 dans le cas
contraire
+
Rationnement du crédit subi par la PME
RCREDIT
Montant estimé (en milliers de Dollars Américains) de la
valeur monétaire de l‟immeuble hypothéquée par la PME
sous forme de garantie
MGARANTI
Durée de Remboursement en mois (du principal) accordé à
la PME
DREMB
Variable
indépendantes
Taille de la PME
TAILLE
Niveau d‟Etudes du promoteur de la PME
Expérience du Promoteur dans le domaine d‟activité ayant
fait l‟objet de la demande de crédit
Secteur d‟Activité pour lequel le crédit est accordé à la
PME
NIVETUDES
EXPROMO
SECTATIT
Quantitative : mesure la valeur en dollars de l‟immeuble hypothéquée
signes
attendu/hypothèse
-
Quantitative : elle est mesurée en nombre de mois (dont minimum 1 mois et maximum 12 mois)
+/-
Quantitative : mesuré en milliers des $US du chiffre d‟affaires annuel
Qualitative : Prend la valeur 1 si le promoteur de la PME a un niveau d‟étude universitaire et 0 dans le
cas contraire
Qualitative : Prend la valeur 1 si le promoteur avait une certaine expérience dans le projet pour lequel
il demande le crédit et 0 dans le cas contraire
Qualitative : prend la valeur 1 si la PME œuvre dans le secteur d‟activité du type industriel
(boulangerie et savonnerie par exemple) et 0 pour le reste d‟activité
-
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+
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
2 .3. SPECIFICATION FORMALISEE ET PROBLEMES D’ESTIMATION
Compte tenu de l‟objectif poursuivi par cette étude, nous nous faisons une représentation simplifiée pour
bien les comprendre, bien expliquer, et au besoin, prévoir la défaillance des PME emprunteuses au sein
de la BCDC.
La forme fonctionnelle du modèle à tester est la suivante :
DEFREMBi=β0+β1RFRNi +β2RLFi+β3RREi+β4RLIi+β5BFRi+ β6RLONGTERMEi + β7 (RLONGTERME)*i+
β8TAILLEi + β9NIVETUDESi + β10EXPPROMOi + β11SECTAVITi + β12RCREDITi + β13MGARANTI
i+β14DREMBi +εi
i = 1, ..,60
(1)
Dans cette équation, εi désigne le terme aléatoire. Il est censé isoler l‟influence d‟autres variables qu‟il
nous a été difficile d‟intégrer dans le modèle, faute de contrôle. On retrouve à titre illustratif des variables
relatives aux conditions prédéterminant la concurrence dans le secteur de la PME ou la volonté du
dirigeant de rembourser le prêt, la supervision adéquate après l‟octroi du crédit et/ ou le monitoring du
crédit, …, ainsi que les différentes erreurs de spécification et de mesure.
Ce modèle Spécifié en coupes transversales, s’inspiré particulièrement du travail de Georges
Tene (2006-2007). On retrouve cependant certaines particularités dues aux contraintes de la Base des
données et au différentiel des objectifs. On peut par exemple noter l‟exclusion de la variable montant de
crédit accordé pour des motifs déjà élucidés. C‟est le cas aussi de l‟introduction d‟une variable
quadratique (RLONGTERME)* pour tester l‟éventuelle non linéarité de la relation entre la probabilité de
défaut et la relation de long terme. Certes que cela peut éventuellement poser un problème de
multicolinéarité mais espérons qu‟elle sera relative suite à l‟influence d‟autres variables. Nous notons
aussi l‟absence du taux « d‟intérêt » qui est une constante au sein de la BCDC pendant la période sousexamen et pour tous les emprunteurs de l‟échantillon (il est de 14% pour les entreprises).
Etant donné le problème que soulève cette spécification quant à l‟application des Méthodes usuelles
d‟estimation des paramètres, nous avons opté de recourir à des méthodes particulières d‟estimation à
l‟occurrence celle de maximum de vraisemblance.
III. PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
3.1. QUELQUES STATISTIQUES DESCRIPTIVES DES DONNEES
Bien que les états financiers exigés aux emprunteurs par la BCDC portent sur les trois derniers
exercices ; les données ne portent que sur le dernier exercice comptable, le plus proche de la période
d‟introduction de la demande de financement. La table fait apparaître les caractéristiques suivantes pour
l‟échantillon :
-Sur les 60 PME, 34 sont saines alors que 24 sont défaillantes au sens de la définition de la variable
d‟intérêt ; cela implique un taux de défaillance de 43,33% indiquant que le problème de risque de crédit
est réel sur les PME au sein de la BCDC au cours de la période sous analyse.
- Globalement, les entreprises présentent les caractéristiques statistiques résumées dans le tableau
suivant :
Tableau n°2. Principales statistiques descriptives des variables (en milliers des dollars américains)
Caractéristiques statistiques
X1
X2
X3
Moyenne
0,26 0 ,32 0,59
X4
X5
1,30 4,00
X6
X7
X8
X9
233,9
122 ,7
1
6,56 1
116,41
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2013
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
Médiane
Maximum
Minimum
Skewness
Kurtosis
Jarque- Bera
Probabilité
V1
0,25
0,
60
0,
03
0,41
1,85
4,96
0,
08
1,30
1,80
V2
Décision sur la forme de la
distribution
N
306
0,25
0 ,60
1,31 5,00
0,90
2,00
2,50 7,00
200,0
0
6,00 100,00 110, 00
550,0 12,0
0
0
300,00 300,00
-0,05
0,88
2,80
7,91
0,05
1,31
5,51
33,09
0,34
0,28
2,21
2,37
50,00
0,63
1,93
6,85
2,00
0,16
1,77
4,06
0,01
2,79
0 ,00
4,16
0,30 0,02
0,91 -2,71
1,23 -0,62
ANN
N
S
0,03
2,00
0,13 0,01
0,52 2,89
-1,68
-1,94 -0,22
-0,31 3,96
ANN NSNA
S
N
0,00
-0,85
2,60
7,74
ANNS N
50,00
0,91
2,85
8,41
60,00
1,48
6,00
44,67
0,00
4,70
4,74
NSNA
ANNS
N
Source : notre confection sur base des données de l’enquête
Legende :
-
N : Normale
-
ANNS : Aplatie normale mais non symétrique
-
NSNAN : Non symétrique et non aplatie normale
Avec : X1=RLI, X2=RRE, X3=RLF, X4=RFRN, X5=RLONGTERME, X6=MGARANTI, X7=DREMB,
X8=BFR, X9=TAILLE
De toutes ces données, la moyenne des garanties retient à ce niveau notre attention. Elle est égale à
234 000 Dollars Américains traduisant des exigences très fortes de la BCDC vis-à-vis des PME
emprunteuses et la difficulté pour une entreprise sans garanties suffisantes de lever les fonds sur le
marché financier classique de la ville de Bukavu (hypothèse que la BCDC est un échantillon
représentatif). De nos jours, ceci expliquerait le succès que rencontre le secteur de la Microfinance dans
la ville de Bukavu. Cependant, un examen minutieux de la série de la variable garantie fait apparaître un
écart type de l‟ordre de 156,768456 traduisant ainsi un coefficient de variation de 67,28%. Celui-ci
implique que bien que la moyenne soit élevée, les données sont fortement dispersées. En effet, elles sont
placées à 67,28% d‟écarts relativement à la moyenne. Alors qu‟on exige des montants des garanties très
élevées à certaines PME, on en exige encore moins à d‟autres. Quoi qu‟il en soit, les conditions sont
toujours orthodoxes ; la valeur minimum de l‟immeuble hypothéqué étant de 50000 Dollars Américains.
Par contre, les valeurs de Skewness et de Kurtosis permettent de générer directement les valeurs V1 et
V2 nécessaires dans la conduite du test de normalité de la distribution de chacune de variables
concernées. A ce titre, la règle de décision indique que seuls les ratios de liquidité, de Fonds de
Roulement ainsi que la durée de remboursement suivent une loi normale.
3.2. CHOIX DE LA METHODE ET RESULTATS DE L’ESTIMATION
Nous avons déjà noté la nécessité de faire recours à une méthode particulière d‟estimation des
paramètres dans le cas dichotomique. Une façon simple d‟estimer les paramètres de ce type de modèle
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
307
est de recourir en lieu et place de la méthode des moindres carrés ordinaires à la méthode probit ou logit
(nous sommes dans la famille de maximum de vraisemblance). Le premier est fondé sur une fonction de
densité normale alors que le second est bâti sur une fonction de probabilité logistique. Quoiqu‟il en soit, il
apparaît que les fonctions de répartition des lois normales centrées réduites et des lois logistiques simples
ou transformées sont extrêmement proches. Par conséquent, les modèles probit et logit donnent
généralement des résultats relativement similaires. Ainsi, a priori la question de choix entre ces deux
modèles ne présente que peu d‟importance (HURLIN, 2003). Toutefois, pour raison de rigueur
scientifique, on peut bien vouloir choisir entre les deux méthodes et appliquer celle répondant le mieux
aux données du problème étudié. Ceci prend tout son sens lorsque bien que, les coefficients dans le cas
dichotomique ne soient pas directement interprétables, l‟enjeu de l‟étude est d‟ouvrir sur la fixation d‟un
seuil permettant de séparer judicieusement les deux groupes d‟entreprises emprunteuses ; ce seuil étant
fonction des estimateurs et que ces derniers sont nettement différents au point que si β L représente
l‟estimateur du logit et βP celui du probit, on devrait observer la relation : βL≈1,6 βP
Comme pour le cas précédent, nous faisons recours au test de Jarque et Bera, afin de vérifier la
normalité de la distribution statistique des résidus. Appliqué aux données reprises dans la table de
dépouillement, le logiciel Eviews fournit directement des résultats à partir desquels ce test peut être
appliqué.
Graphique n°2. Visualisation de la série résiduelle servant de base au test de normalité.
30
Series: Standardized Residuals
Sample 1 60
Observations 60
25
Mean
Median
Maximum
Minimum
Std. Dev.
Skewness
Kurtosis
20
15
10
5
Jarque-Bera
Probability
0.071324
-0.001064
6.651862
-1.447578
0.985540
5.054348
34.57547
2747.990
0.000000
0
-1
0
1
2
3
4
5
6
7
Source : notre construction sur base du logiciel Eviews 3.1.
Il vient que s =JB=2747,99> X21-0,05(2)=5,99, on rejette l‟hypothèse H0 de normalité de la distribution au
seuil de 5%. Aussi, le graphique des résidus indique que ces derniers sont fortement biaisés à droite. Ils
sont donc positivement asymétriques ; leur moyenne (0,071) étant largement supérieure à la médiane (0,001). La fonction de distribution des résidus ne suit pas une loi normale. Elle est gouvernée par un
processus non Gaussien. Par conséquent, la méthode appropriée pour en estimer les paramètres est le
Logit.
Dès la première tentative d‟estimation des paramètres du modèle, nous nous heurtons à un problème
de multicolinéarité absolue : la matrice grâce à laquelle les estimateurs doivent être obtenus est
singulière. Par conséquent, la tentative de détermination du niveau optimal de la relation de long terme a
échoué. Cela implique, que s‟il existe, il est impossible que nous le déterminions dès lors que la
méthodeLogit est très sensible à la colinéarité et que celle-ci est parfaite entre les deux variables (Relation
de Long terme et la variable quadratique lui associée). Nous notons aussi qu‟aucun des remèdes
(notamment l‟augmentation de la taille de l‟échantillon à condition que l‟ajout d‟observations diffère
significativement de celles figurant déjà dans le modèle, la « RidgeRegression »,) n‟est envisageable.
Pour la taille de l‟échantillon en particulier, nous avons déjà noté qu‟elle a été fixée sous contrainte de la
Cahiers du CERUKI, nouvelle série n° 44/2014
CIRHUZA. N. et al. : Déterminants du défaut de remboursement des crédits
308
disponibilité des données. Si on le pouvait, on tenterait refaire l‟enquête et l‟augmenter. Par contre, si la
deuxième technique est envisageable, le travail serait alors fastidieux car il nécessiterait un traitement
manuel susceptible de prendre nombreuses heures avec toutes les éventuelles erreurs que nous
commettrions. Dans ces conditions, la seule parade efficace consiste alors, à éliminer l‟une des deux
séries explicatives représentant le même phénomène. Le cas d‟espèces, il s‟agit de l‟élimination de la
variable quadratique. Ceci nous a conduit à la nouvelle équation aménagée suivante :
DEFREMB i =β0+β1RFRNi +β2RLFi+β3RREi+β4RLIi+β5BFRi+ β6RLONGTERMEi + β7TAILLEi +
β8NIVETUDESi + β9EXPPROMOi + β10SECTAVITi + β11RCREDITi + β12MGARANTI i+β13DREMBi +εi
i = 1, ..,60
(3)
Toutes les hypothèses faites sur les signes des estimateurs restent valables dans ce dernier cas. La table
suivante présente les principales statistiques du modèle obtenu dès la première estimation ;
Tableau n°3. Principales statistiques de la première estimation du modèle Logit
Variables
Coefficients
Ecarts-types
z-Statistiques Probabilités.
RLI
-11.95243
6.387654
-1.871176
0.0613
RRE
-10.27710
5.927318
-1.733854
0.0829
RLF
-2.761514
2.393260
-1.153872
0.2486
RFRN
0.906886
1.587033
0.571435
0.5677
RLONGTERME
-1.119321
0.500472
-2.236531
0.0253
NIVETUDES
1.828899
2.576852
0.709742
0.4779
EXPPROMO
-2.419043
2.989505
-0.809178
0.4184
RCREDIT
5.203727
3.254559
1.598904
0.1098
MGARANTI
-0.009984
0.007861
-1.270130
0.2040
SECTAVIT
-3.132569
2.396168
-1.307324
0.1911
DREMB
0.030519
0.294756
0.103540
0.9175
BFR
0.034843
0.016339
2.132483
0.0330
TAILLE
-0.016593
0.027122
-0.611815
0.5407
C
11.13039
9.702875
1.147122
0.2513
LR statistic (13 df)
56.09440
McFadden R-squared 0.683180
Probability(LR stat)
2.59E-07
Hannan-Quinncriter.
1.091373
Source : Traitement sur base du Logiciel Eviews 3.1.
Il apparaît de prime à bord qu‟un grand nombre de variables ne semblent pas avoir joué un rôle de
premier plan dans l‟explication du défaut de remboursement du crédit par les PME au seuil de confiance
de 5%. La dernière colonne de ce tableau indique par ailleurs que seules les variables Relation de long
terme ainsi que le Besoin en Fonds de Roulement sont significatives au seuil de 5%. Face à une telle
situation, Régis Bourbonnais identifie certaines méthodes de sélection des variables explicatives, entre
autres la méthode appelée Backwardelimination (ou élimination progressive). Cette méthode consiste sur
le modèle complet à k variables explicatives, à éliminer de proche à proche (en d‟autres termes en
réestimant l‟équation après chaque élimination) les variables explicatives dont les T-deStudent sont en
dessous du seuil critique (BOURBONNAIS, 1991). Après élimination progressive des variables, Durée de
remboursement, Taille, Ratio de Fonds de Roulement, Niveau d‟études et Expérience du promoteur dans
le domaine d‟activité ayant fait l‟objet de la demande de financement, Secteur d‟activité, Ratio de levier
financier, nous obtenons les résultats finals suivants.
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309
Tableau n° 4. Principales statistiques de la dernière estimation du modèle Logit
Variables
Coefficients
Ecarts-types
z-Statistiques
Probabilités.
RLI
-6.044315
2.961020
-2.041295
0.0412
RRE
-3.824322
2.353626
-1.624864
0.1042
RLONGTERME
-0.636823
0.260368
-2.445857
0.0145
RCREDIT
2.924379
1.457183
2.006871
0.0448
MGARANTI
-0.009763
0.005131
-1.902692
0.0571
BFR
0.025830
0.011219
2.302316
0.0213
C
3.352742
1.836003
1.826109
0.0678
Hannan-Quinn criter.
LR statistic (6 df) 49.81387
0.867141
McFadden R-squared
0.606689
Probability(LR
5.12E-09
stat)
Source : traitement à partir du Logiciel Eviews 3.1.
Ces résultats sont globalement améliorés que ceux présentés précédemment. La dernière colonne
indique que toutes les variables sont désormais significatives au seuil standard de 5% excepté l‟intercept
(terme de seconde importance), le montant estimé des garanties et le ratio de rentabilité économique qui
ne le sont qu‟au seuil de 10%. De même, elles comportent des signes attendus.
3.3. TESTS DE VALIDITE STATISTIQUE DU MODELE ELABORE ET INFERENCES
Ces tests portent essentiellement sur deux volets : sur la multicollinéarité et sur la spécification en termes
de significativité globale et d‟appréciation de la qualité de l‟ajustement.
3.3.1. Test de la multicollinéarité.
Jusqu‟ici, nous avons estimé les paramètres en estimant que les variables exogènes ne sont pas liées.
Nous avons au cours de la même occasion remédié au problème de la multicollinéarité absolue. Il reste
cependant à vérifier si les six variables exogènes retenues lors de la dernière estimation ne sont pas les
unes et les autres corrélées au sens d‟une multicollinéarité relative. En effet, l‟adoption d‟un tel point de
vue se révèle justifié car les variables exogènes corrélées apportent la même information et sont
redondantes. Cela peut être source d‟estimateurs biaisés et non asymptotiquement convergents. De
prime abord et théoriquement, on pourrait s‟attendre à une certaine relation entre le ratio de liquidité et
celui de rentabilité, entre le rationnement du crédit et la relation de long terme. Nous faisons alors recours
au test de Klein pour tester ces éventuelles relations.
Tableau n° 4. Matrice des coefficients de corrélation entre variables exogènes
Variables
RLI
RRE
RLONGTERME
RCREDIT
RLI
RRE
1 0.31
1
RLONGTERME RCREDIT
MGARANTI BFR
0,01
-0,08
-0,19
0,5
-0,24
0
0,05
0,45
1
0,22
-0,17
0
1
0,06
-0,01
1
-0,12
MGARANTI
BFR
1
Source : notre confection.
D‟emblée, et avant le verdict du test, les coefficients de corrélation (tous faibles et tendant vers zéro) ne
semblent pas confirmer la présence de la multicollinéarité. Par ailleurs en élevant au carré chacun de
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310
coefficients de corrélation et en comparant le résultat au coefficient de détermination du Modèle, le test de
Klein confirme l‟absence de colinéarité entre variables.
3.4. Test de globalité et de qualité de spécification du modèle.
Afin de tester l‟hypothèse HO de nullité de tous les paramètres ; HO : β1=β2=…β7=0, nous utilisons le ratio
du Log vraisemblance ; soit la statistique suivante : LR=-2(Ln(LR)- Ln(Lu)) avec LR=valeur de la fonction
du Log-vraisemblance contrainte sous H0 et Lu=valeur de la fonction du Log vraisemblance non
contrainte. LR suit, sous l‟hypothèse nulle H0, une distribution d‟un X2 à k degrés de liberté. Si la
statistique LR est supérieure au X2 lu dans la table pour un seuil déterminé, généralement de 5%, et k
variables exogènes, alors nous refusons l‟hypothèse H0, le modèle estimé comporte au moins une
variable explicative de significative. Compte tenu de la caractéristique de la variable à expliquer codée en
0 ou 1, le coefficient de détermination R2 n‟est pas interprétable en termes d‟ajustement du modèle ; c‟est
pourquoi, on utilise une statistique appelée le pseudo-R2 donnée par :
R2
=0.606689. C‟est le Pseudo- coefficient de détermination du modèle, de MaccFadden
(l‟un des initiateurs des premiers travaux sur l‟économétrie des variables endogènes dichotomiques).
Nous sommes en face de LR= 49.81387> X2(0,05) (6)=12,592, synonyme d‟une significativité globale du
modèle. En admettant une probabilité de nous tromper de 5%, les six variables exogènes retenues
expliquent à 60,66% la probabilité de défaillance des PME emprunteuses au sein de la BCDC. Sachant
que le modèle est spécifié en coupes instantanées, ce degré est appréciable. Le modèle ainsi
statistiquement validé, prend la forme définitive suivante :
DEFREMB i=3, 352742 – 3,824322RREi –6,044315RLIi +0,02583BFRi –
(1, 8261)
(-1, 6243)
(-2, 0412)
(2, 302)
0,636823RLONGTERMEi +2,924379RCREDITi -0, 009763 MGARANTI i
(-2, 4458)
(2, 0068)
(-1, 9026)
i = 1…, 60
(4)
Les chiffres entre parenthèses représentent les z-statistiques associées aux variables exogènes et
équivalant aux ratios de student dans le modèle usuel.
Le modèle étant Logit, l‟écrire sous les formes suivantes en facilite la compréhension :
Ln (
) =3,352742 –3,824322RREI -6,044315RLIi +0,02583BFRi – 0,636823RLONGTERMEi
+2,924379RCREDITi -0, 009763 MGARANTI i (5) ; avec pi la probabilité que la PME i fasse défaut.
Prob (
(6);
La quantité (6) correspond à la probabilité que le défaut de remboursement se réalise sur la PME i.
IV. INTERPRETATION ET CONFRONTATION DES RESULTATS
A l‟issue de la deuxième estimation, il s‟avère que les seuls principaux clignotants du risque de crédit
sont, dans leur ordre d‟importance : la relation de long terme (influence négative sur la probabilité de
défaut), le Besoin en Fonds de Roulement (influence positive sur la probabilité de défaut), le Ratio de
liquidité et le Rationnement du crédit (influence négative et positive sur la probabilité de défaut), les
garanties et le ratio de Rentabilité (influence négative sur la probabilité de défaut). Au regard de leurs
ratios z critiques, leurs poids respectifs est de 19,84%, 18,68%, 16,56%, 16,28%,15,43% et 13,18%
dans le pouvoir explicatif global. Il suffirait alors que la BCDC joue sur elles dans un sens comme dans
l‟autre, si elle veut optimiser sa politique d‟octroi de crédit. En d‟autres termes, ce sont là les éléments à
rechercher lors de l‟étude des dossiers des PME emprunteuses.
D‟où les deux volets notre hypothèse de base doivent être nuancés. En confrontant ces résultats à la
littérature ayant constitué le soubassement du choix de nos variables exogènes, nous admettons que les
conclusions obtenues convergent avec les travaux empiriques auxquels avons-nous fait référence.
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311
CONCLUSION
Cette recherche avait pour objectif d‟identifier les principaux facteurs qui déterminent le défaut de
remboursement des crédits octroyés aux PME à la BCDC/Agence de Bukavu. Après analyse et traitement
des données, les résultats ont permis d‟affirmer que les principaux clignotants du défaut de
remboursement sont, dans leur ordre d‟importance : la relation de long terme(influence négative ), le
Besoin en Fonds de Roulement (influence positive), le Ratio de liquidité immédiate (influence négative), le
rationnement du crédit(influence positive ), les Montant de la garantie (influence négative) et le ratio de
rentabilité économique (influence négative). De ce fait, la BCDC-Agence de Bukavu devra attacher une
importance particulière à ces facteurs dans l‟étude du dossier de demande de crédit pour toute PME
emprunteuse aux fins de se prémunir contre tout défaut de remboursement.
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