Prix du TGV : opération vérité à la SNCF
Transcription
Prix du TGV : opération vérité à la SNCF
mercredi 22 mai 2013 LE FIGARO 20 ENTREPRISES Prix du TGV : opération vérité à la SNCF Souvent critiquée pour son manque de transparence et un TGV trop cher, la SNCF lance un nouveau tarif le samedi. VALÉRIE COLLET [email protected] UN PRIX MOYEN DE TGV MOINS CHER SUR LES LONGUES DISTANCES EN CENTIME D’EURO 13 centimes Prix au km entre Paris TRANSPORT Conscients que les clients de la SNCF continuent à trouver le TGV trop cher, les dirigeants de l’entreprise publique viennent d’ajouter un nouveau «petit prix» à la panoplie. Après le lancement de Ouigo, des Prem’s et des IDTGV, la SNCF proposera ces prochaines semaines un aller et retour à 30 euros dans la journée de samedi - un jour souvent creux dans l’activité TGV - pour les trajets de moins de deux heures. « Cette offre sera d’abord lancée en mai dans la région Nord-Pas-de-Calais sur le Paris Lille, Boulogne, Lens, Arras avec un tarif à 20 euros. Dès le 19 juin, elle sera étendue aux autres lignes TGV pour des voyages de moins de deux heures», explique Barbara Dalibard, directrice générale de la branche Voyages de la SNCF. Dans un deuxième temps, cette offre d’allers et retours sera proposée le dimanche. L’entreprise fait d’une pierre deux coups : elle améliore le taux de remplissage de ses TGV le weekend et elle montre qu’elle est sensible aux doléances des familles, des associations de consommateurs et des élus qui estiment que leurs territoires ne bénéficient pas de tarifs accessibles. Ces derniers mois, le tarif du TGV Paris-Lille a ainsi été dénoncé par les élus nordistes qui jugeaient que le prix au kilomètre était inéquitable par rapport à d’autres lignes à grande vitesse. Mardi Frédé- ric Cuvillier, le ministre des Transports, s’est d’ailleurs associé à la maire de Lille, Martine Aubry, pour saluer les « innovations » de la SNCF « qui vont bénéficier à tous les clients du TGV Nord ». À défaut de revoir les prix de cette ligne, la SNCF va rajeunir les rames et rappelle que des travaux de rénovation des infrastructures sont prévus d’ici à 2020. Plutôt que de simplifier une gamme tarifaire jugée complexe, Barbara Dalibard s’est livrée mardi à une opération de pédagogie sur les prix et Marseille (800 km) 20 centimes Prix au km entre Paris et Rennes (350 km) et Paris et Arras (231 km) 18 centimes Prix entre Strasbourg et Lyon (500 km) La SNCF va proposer un aller et retour à 30 euros dans la journée de samedi - un jour souvent creux dans l’activité TGV - pour les trajets de moins de deux heures. FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO que l’avion se remplit, on appuie sur la pédale du frein ou de l’accélérateur en augmentant les prix ou en les abaissant STÉPHANE SIÉ, DIRECTEUR D’AÉROGESTION DÉCOMPOSITION DE L’OFFRE « LOISIRS » en % Prix moyen Petits prix POUR UN TGV, SELON LES HORAIRES, UN VENDREDI en € 65 80 61 70 57 60 53 50 49 40 45 30 41 20 37 10 33 0 29 Av. 6h59 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Après 21 h. peuvent toutes utiliser cette technique d’optimisation des recettes », explique le directeur d’Aérogestion dont les conseils ne concernent plus seulement l’aérien. Selon leurs besoins, les entreprises remplissent très en amont de la date de « péremption » ou au contraire au dernier moment. Pilotage informatisé Ainsi la SNCF met en vente ses petits prix au moment où ses rames sont plus clairsemées. Et lorsque le rush se profile, les prix bas se raré- en %, par type de billets proposés Loisirs réduits 43% Tarifs sociaux 21% Plein tarif loisir 17% 13% Prem's 5% IDTGV Source : SNCF fient. Un pilotage informatisé qu’il faut savoir contrôler pour tenir compte des prix des concurrents, de la météo… et tenter de jouer astucieusement sur les tarifs. « De trop nombreux hôtels ont laissé filer la commercialisation de leurs chambres en la confiant à des sociétés sur Internet », estime Philippe Myslakowski, consultant spécialisé du cabinet PMT Hotels. Selon lui, plutôt que de brader leurs invendus en ligne sur différents sites, les hôteliers feraient mieux d’investir dans leur propre site et leur distribution en direct. 0 10 20 30 40 Les entreprises qui vendent des services low-costs sont passées maîtresses dans l’art de faire évoluer le prix jusqu’au jour du départ. Ces instruments de gestion ont déconcerté les clients habitués aux prix fixes. Mais grâce à ce système, les entreprises parviennent à mieux anticiper leurs recettes et donc à prévoir leur rentabilité. Le « yield management » va donc étendre son spectre à d’autres activités de service. « Mais rien n’empêche les entreprises qui le pratiquent à être plus transparentes », conclut StéV. C. ET J.-B. L. phane Sié. ■ La vogue des réservations d’hôtel de toute dernière minute JEAN-BERNARD LITZLER [email protected] 70% C’est la réduction maximale proposée par la plupart des sites pour une réservation du jour même Réserver sa chambre d’hôtel depuis son smartphone alors que l’on est en face de l’hôtel où l’on souhaite dormir, l’idée peut sembler farfelue. Elle se développe pourtant au rythme de la multiplication des applications mobiles destinées à la réservation de toute dernière minute. Le principe a été lancé aux États-Unis, notamment, avec le site Hotel Tonight qui propose exclusivement des réservations pour le jour même, assorties de réductions de 30 à 70 %. Alors que le précurseur se développe en Europe, la concurrence s’organise. La start-up française VeryLastRoom, dont le service a été lancé il y a neuf mois seulement, propose une approche originale. Pour chaque hôtel référencé, le tarif affiché diminue centime par centime au cours de la journée, entre midi et 2 heures du matin, horaire limite de prise des réservations. Plus la réservation est prise tard, moins la chambre est chère, sous réserve de disponibilité. « Contrairement à nos concurrents, qui visent plutôt les hôtels haut de gamme et s’en tiennent à quelques villes, nous visons le public français au sens large », souligne Nicolas Salin, fondateur de la société implantée à Marseille. Moyennant une commission fixe de 15 % sur le prix final, l’application (uniquement disponible sur iPhone pour l’instant) propose à ses 450 hôtels adhérents, pour l’instant, de vendre leurs dernières chambres. Objectif affiché : proposer un millier d’établissements français et multiplier les propositions à l’étranger avant la fin de l’année. Séduisant pour le client, le principe n’en est pas moins compliqué à gé- Le distributeur d’électroménager a vu son chiffre d’affaires reculer de 2,7 % en France sur la période allant de début février à fin avril 2013. Le groupe, qui exploite 229 magasins dans l’Hexagone sur un total de 457 en Europe, estime avoir gagné des parts de marché sur ses concurrents. Fusion dans la pharmacie Infographie etAuàfurmesure Taux d’occupation 90 Plutôt que de privilégier un prix fixe, la SNCF détermine plusieurs niveaux de prix pour que ses trains soient rentables en étant mieux remplis, génèrent plus de recettes, ce qui permet de vendre certains billets moins cher. « Mais nous nous interdisons le “retour en arrière”, c’est-àdire de proposer le lendemain un prix moins cher pour mieux remplir le train. Nous sommes une entreprise publique et ce serait mal compris par nos clients. Les Français ont besoin de stabilité et de repères et nous ne pouvons pas adopter les pratiques du low-cost dans l’aérien », ajoute la patronne de la branche Voyages. Autre idée reçue contrée par la SNCF : les provinciaux ne paient pas plus cher que les Parisiens : LyonMarseille, 2 heures en TGV, coûtera de 51 à 63 euros alors que ParisRennes coûte de 59 à 71 euros pour le même temps de trajet. Le prix des billets ne « flambe pas non plus pendant les vacances scolaires », insiste aussi Barbara Dalibard, qui cible l’étude publiée en mars par l’association de consommateurs CLCV : lors du week-end le plus chargé des vacances de Pâques, le prix moyen du billet atteignait 57 euros alors qu’il se limite à 50 euros un weekend normal. Pour payer moins cher, la SNCF martèle ses conseils habituels : anticiper son départ, disposer d’une carte de réduction, se fier au calendrier des départs… ■ Darty voit ses ventes baisser en France Comment la SNCF joue sur les prix pour remplir ses trains TAUX DE REMPLISSAGE ET POIDS DES PETITS PRIX « Pas de low-cost » EN BREF Trains, avions, hôtels : les raisons du maquis des tarifs Billets d’avions, de trains, chambres d’hôtel et bientôt places de match de foot ou de spectacle… Tous ces services sont à leur façon des « denrées périssables ». Les entreprises qui les proposent cherchent la martingale. Et pour vendre leurs produits jusqu’à la dernière, et préserver leur rentabilité, elles appliquent les techniques du « yield management », à l’origine parfois d’une impression de maquis tarifaire chez les consommateurs. Car avec cette méthode, les tarifs fluctuent en fonction de la demande, ce qui les rend peu lisibles. « Au fur et à mesure que l’avion se remplit, on appuie sur la pédale du frein ou de l’accélérateur en augmentant les prix ou en les abaissant », explique Stéphane Sié, directeur d’Aérogestion, une entreprise de conseil spécialisée dans le « yield management ». Tout a commencé en 1985 avec American Airlines, la compagnie aérienne américaine qui a également inventé les programmes de fidélisation. « Jusquelà, les compagnies aériennes avaient tendance à maximiser le prix des billets d’avion. Maintenant, elles maximisent leurs recettes globales », résume Stéphane Sié. Le principe de base est simple : toute demande est stimulable par le prix. « Les activités qui vendent des services que l’on ne peut pas stocker destinée à tordre le cou aux idées reçues. Certes, la SNCF pratique le yield management, l’optimisation des recettes de ses TGV, concède la dirigeante. rer pour les hôteliers. Non seulement, ils se voient prélever des commissions parfois élevées mais cette vogue de la dernière minute complique encore la gestion des stocks. « J’ai voulu tester le système, mais pour le moment ce n’est pas convaincant », avoue Sylvie de Lattre, propriétaire des hôtels 4* Thérèse et Récamier, à Paris. Pour elle, en trois mois, les réservations sur Hotel Tonight se sont comptées sur les doigts d’une main. Il faut dire aussi qu’elle essaie de ne pas dépasser les 30 % de réduction alors que les utilisateurs de ces sites en réclament plus. ■ Le groupe pharmaceutique américain Actavis va racheter l’irlandais Warner Chilcott pour 8,5 milliards de dollars en actions, dette incluse. Cette opération donnera naissance à un groupe pesant 11 milliards de dollars de chiffre d’affaires, qui deviendra le numéro trois de la pharmacie de spécialité aux États-Unis. Le ton monte entre le Crédit agricole et Bercy La banque mutualiste va déposer un recours devant le Conseil d’État pour protester contre sa facture fiscale 2012. Elle estime que Bercy n’avait pas le droit de lui refuser la déduction d’une partie de la perte subie lors de la vente de sa filiale d’Emporiki. 840 millions d’euros sont en jeu. Embraer décroche une commande géante L’américain SkyWest a passé une commande ferme de 40 jets Embraer 175, assortie d’options pouvant porter le contrat final à 200 appareils avec l’avionneur brésilien. Au total, le contrat pourrait atteindre 8,3 milliards de dollars, a précisé SkyWest. CO2 : l’auto allemande en appelle à Merkel Le président de la fédération allemande de l’automobile, la VDA, a écrit à la chancelière pour lui demander son soutien concernant le projet de la Commission européenne - qui menace les véhicules des constructeurs allemands - de réduire les émissions de CO2 des voitures neuves à 95 grammes par kilomètre parcouru en 2020.