Airbus la marque dans l`histoire

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Airbus la marque dans l`histoire
Encyclopédie
Airbus
la marque dans l’histoire
Avion du consortium européen Airbus Industrie, créé en 1970.
Non, Airbus n’est pas une compagnie d’autocars ! Dans la guerre commerciale qui oppose les deux plus grands
avionneurs mondiaux, Boeing et Airbus, toutes les armes, même l’humour, sont bonnes pour détrôner le concurrent.
Créé le 18 décembre 1970, le groupement d’intérêt économique (GIE) Airbus Industrie réunit, à ses débuts, le français
Sud-Aviation, intégré à Aerospatiale, et l’allemand Deutsche Airbus. C’est véritablement la première fois – hormis le
cas isolé du Concorde – qu’une famille d’avions va être conçue de manière transnationale. Objectifs fixés par les
Par Jean
Watin-Augouard
Historien des marques,
rédacteur en chef de la
«Revue des Marques».
pères d’Airbus, Roger Béteille, directeur technique de Sud Aviation, et Henri Ziegler, son président et futur premier
patron d’Airbus : fonder une industrie aéronautique civile européenne capable de rivaliser avec les américains Boeing,
« l’ogre de Seattle », McDonnell Douglas et Lockheed-Martin. Le consortium européen va regrouper quatre sociétés :
le français Aérospatiale Matra (37,9 %), l’allemand Daimler-Benz Aerospace (Dasa, 37,9 %), tous deux à l’origine du
projet en 1967 (provisoirement enterré en 1968 en raison de divergences de vues), le britannique British Aerospace
(depuis 1979, 20 %) et l’espagnol Casa (depuis 1977, 4,2 %). Le fuselage est allemand, le cockpit français, les ailes
anglaises, la queue espagnole, les réacteurs franco-américains. Et le puzzle est assemblé là où le ciel est le plus
dégagé, à Toulouse, berceau de Clément Ader et de l’Aéropostale, siège d’Airbus Industrie, ainsi qu’à Hambourg. Le
premier vol de l’A-300-B (300 pour le nombre de passagers), qui décolle de Toulouse-Blagnac le 28 octobre 1972,
correspond à l’entrée de l’aviation dans l’ère du transport de masse. Et ce biréacteur gros porteur entame une
révolution économique en termes de coûts dans l’aviation commerciale, dominée jusqu’alors par des tri ou quadriréacteurs.
Les débuts – choc pétrolier de 1973 oblige – sont laborieux, comme en témoigne le nombre d’avions livrés : quatre en
1974, autant en 1975, aucun en 1976. Airbus doit à Frank Borman, ancien astronaute d’Apollo-VIII et président
d’Eastern Airlines, l’entrée dans le ciel américain, en 1977, grâce à quatre commandes. Fin 1979, Airbus, avec deux
cent cinquante-six appareils vendus, prend son envol. Il le doit à Bernard Lathière, deuxième président du consortium
et négociateur hors pair, ainsi qu’à Jean Pierson, son président de 1985 à 1998. La famille s’est, depuis, agrandie :
A-310 (1978), le premier avion piloté à deux sans mécanicien, A-320 (1984), A-330 et A-340 (1987), A-321 (1989),
A-319 (1993), A-318 (2000), A-340-600 (2002), A-380 (2005), un paquebot des airs avec bar, casino, restaurant et salle
de sport, et A-350.
Depuis 1972, le consortium a vendu deux mille cinq cents appareils à près de cent cinquante compagnies aériennes.
Dès ses origines, Airbus Industrie a joué la carte de l’électronique. Le fameux manche à balai cède la place à une
manette de jeu vidéo. Exit le mécanicien navigant : un Airbus se pilote à deux et non plus à trois. Mais c’est toujours
à quatre, voire davantage, que Airbus Industrie sera piloté demain. Simple structure de commercialisation et
d’après-vente, le GIE Airbus Industrie, présidé depuis 1998 par Noël Forgeard, s’est transformé, le 1er janvier 2001, en
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société anonyme : l’AIC (Airbus Integrated Company), avec pour actionnaires l’European Aeronautic Defence and
Space Company (EADS, 80 %) et Bae Systems (20 %). Après l’aéronautique civile, la société se lance dans le transport
militaire avec l’A-400 M, construit par Airbus Military. Signature de la première communication institutionnelle et
mondiale orchestrée par Euro RSCG Corporate en 2001 : « Travel in peace ». La même agence réalise en 2003 un film
sur l’A-380 présentant des passagers confortablement installés dans toutes les situations possibles et conclut : « On
n’a pas pu changer les hommes, alors nous avons changé les avions. » Signature : « A-380. Attendez-vous à plus
d’espace. »
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