Épreuve écrite de BIOLOGIE
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Épreuve écrite de BIOLOGIE
Banque Agro Veto. Session 2010 Rapport sur le concours B ENSA Épreuve écrite de BIOLOGIE Concours B ENSA Nombre de candidats 159 Moyenne Ecart-type 9,31 3,72 Note la plus basse 0 Note la plus haute 20 Cette épreuve comprend une question de synthèse et une étude de documents, deux parties indépendantes comptant chacune pour la moitié de la note finale. Le jury a constaté, pour la deuxième année consécutive, que son conseil des rapports précédents a été suivi et qu’une large majorité des candidats a traité les deux parties proposées. Question de synthèse Les copies sont en général correctement présentées : le plan apparaît et l’effort d’illustration est louable. Le jury demeure cependant toujours perplexe devant l’orthographe, la grammaire et la syntaxe catastrophiques de certaines copies. Convaincu que la qualité de l’expression écrite est fondamentale pour un futur cadre, le jury ne peut qu’encourager les candidats à manifester davantage de rigueur quant au choix des termes employés et à rédiger des phrases courtes et précises, accompagnées de schémas explicatifs clairs (titre, légende, échelle). Le jury conseille cette année encore aux candidats de passer plus de temps à analyser le sujet. Une telle analyse doit permettre de dégager une problématique qui justifie le plan adopté. L’introduction ne sert donc pas uniquement à annoncer un plan, mais à justifier une idée directrice, un projet de démonstration, que le plan vient soutenir. C’est dans l’introduction que le candidat doit justifier les différents aspects qu’il souhaite traiter et, a contrario, pourquoi certains aspects seront volontairement délaissés. Seule la rigueur de la démarche permet de justifier la validité des choix faits. Ce projet de démonstration doit ensuite guider le candidat tout au long de sa rédaction. En effet, un exposé scientifique est une progression logique, assise sur des arguments articulés qui permettent de construire au fur et à mesure une réponse à une problématique. Un raisonnement scientifique ne saurait être une simple juxtaposition de concepts directement issus d’un cours et non adaptés au sujet, voire une simple liste de motsclés. Le jury ne peut que recommander à chaque candidat de prendre du recul pour construire son exposé, afin que celui-ci devienne un exposé personnel mettant en valeur des qualités scientifiques et non des seules capacités de mémorisation. Enfin, dans sa conclusion, le candidat, après avoir rappelé les points essentiels qu’il a dégagés dans le corps de son devoir, doit s’efforcer d’élargir son propos en valorisant sa culture générale et son ouverture d’esprit. Le sujet de synthèse proposé cette année demandait aux candidats de réfléchir aux acides ribonucléiques des eucaryotes. Les procaryotes se trouvaient ainsi d’emblée exclus ! Ce sujet étant classique, le jury s’attendait à ce que certains thèmes soient abordés, surtout s’ils figurent explicitement au programme du concours. Etaient ainsi attendus des développements, plus ou moins longs, sur : - la structure et les propriétés des ARN (mots-clés : base azotée, ribose, acide phosphorique, liaison phosphodiester, appariement W-C & Hoogsteen, etc.) - les différents types d’ARN (mots-clés : méthodes d’extraction, analyse par sédimentation, pré-ARN, ARNm, ARNr, ARNt, ARN nucléaires, ARN nucléolaires, etc.) - la biogenèse et la maturation des ARN (mots-clés : initiation, élongation, terminaison, maturation, contrôles, RNase P, coiffe, queue polyA, excision/épissage, splicéosome, édition, épissage alternatif, stabilité/dégradation, export nucléaire, etc.) - la traduction (mots-clés : localisation, ribosomes, mécanismes) - les ARN interférents, le monde à ARN, les virus à ARN En résumé, les bonnes copies ont été rédigées par des candidats qui sont parvenus à dégager l’essentiel grâce à un cheminement raisonné, qui s’organise en paragraphes équilibrés comportant une argumentation expérimentale et théorique, ainsi que des exemples précis et des illustrations soignées. Pour conclure cette première partie, le jury propose un florilège de « perles » relevées dans différentes copies et invite les futurs candidats à réfléchir aux affirmations suivantes : L’ADN et l’ARN sont un enchaînement d’acides aminés composé de deux brins antiparallèles en hélice α. L’ADN est formé par des unités de base qui sont les acides désoxyribonucléiques. Un acide ribonucléique est un enchaînement de ribonucléotides liés par les liaisons osidiques. Les acides ribonucléiques sont constitués d’une séquence d’acides nucléiques. Un polymère d’acides nucléiques associé à des protéines forme les trois grandes classes d’ARN. Les acides ribonucléiques sont impliqués dans la composition de l’ARN. L’ARN 18S code pour les protéines constituant la petite sous-unité. Les acides ribonucléiques sont composés de sucres et d’acides nucléiques. Deux exemples d’ARN à rôles cellulaires de première importance : l’ATP et l’AMPc. L’association de plusieurs acides ribonucléiques permet de coder pour certains acides aminés. Un promoteur est une séquence permettant la fixation de l’ARN au niveau de la double hélice d’ADN. L’ARN polymérase fait partie des ARNt. La mol (sic) d’ARN passe dans le cytoplasme où il (sic) sert de modèle à la synthèse des acides aminés. Une fois dans le cytoplasme, l’ARN va passer dans l’appareil de Golgi où il va subir des maturations successives. Une fois cela accompli, cet ARN va être pris en charge par une protéase qui va lire les nucléotides. Les ribosomes, eux-mêmes synthétisés par des ARN ribosomaux […] S’ensuit alors l’élongation, l’ARN pol va se déplacer le long de l’ADN en polymérisant des acides ribonucléiques. La ribonucléase a la capacité d’ouvrir les deux brins d’ADN et d’associer au brin matrice sa base complémentaire. La ribonucléase permet l’élongation du brin d’ARN. Les introns sont clivés grâce à l’action d’exo- et d’endonucléases. Il existe plusieurs types d’ARN dans la cellule : l’ARN polymérase qui aide lors de la transcription de l’ADN. Il existe également un autre type d’ARN qui est les ARN polymérases. Un individu aux cheveux blonds, qui marche, s’explique par l’expression de son ADN. Et enfin … « Dans le noyau l’ADN va subir une transformation. Elle s’effectue sur l’ADN par l’action d’unités ribosomiques. Ces unités sont de petits organites présents dans toute cellule vivante. Elles sont codées 58 S, 18S, 16 S, 5 S. Pour ma part, je l’avoue, ces chiffres me perdent. Donc j’expliquerai le mécanisme en y (sic) faisant abstraction. Ces unités s’appellent des ribosomes. L’ADN, par l’action d’acides cassant les liaisons hydrogène, devenant ainsi monobrin, va être transcrit en ARN. C’est l’étape de la transcription. Au sortie (sic) de ce ribosome, l’ADN devient l’ARN. » Etude de documents Le jury tient à rappeler aux candidats qu’il leur faut répondre précisément et succinctement aux questions posées et non faire une synthèse, aussi structurée soit elle. Les réponses se doivent de rester concises. Il est inutile de paraphraser l’énoncé. En effet, s’il est évident qu’expliquer les données expérimentales présentées sur les figures est indispensable pour émettre des hypothèses et/ou étayer des conclusions, il ne s’agit pas pour autant de simplement discourir de façon approximative sur ces résultats. Il convient au contraire de décrire les résultats en allant à l’essentiel, puis de les interpréter sans extrapoler. Il va de soi que l’interprétation de résultats expérimentaux impose de connaître les techniques utilisées pour obtenir ces résultats, en particulier s’il s’agit de techniques classiquement employées en biochimie et en biologie moléculaire. Le jury recommande donc aux candidats d’analyser rigoureusement les résultats expérimentaux présentés et de clairement séparer les conclusions que ces résultats permettent de valider d’éventuelles hypothèses pouvant être émises sur la base de ces mêmes résultats. Enfin, il est souhaitable que les candidats lisent la totalité du sujet pour en saisir le projet global avant de s’engager dans la rédaction des réponses. En effet, les résultats à analyser à chacune des questions apportent souvent des éclairages complémentaires à la problématique biologique envisagée. Le sujet de cette année proposait d’élucider certains déterminants génétiques et moléculaires qui interviennent dans la pigmentation du plumage de deux espèces d’oiseaux, la poule domestique (Gallus gallus) et la caille japonaise (Coturnix japonica). Dans un premier temps, les expériences présentées démontraient l’existence dans le génome d’embryons de poule domestique d’une séquence homologue à la séquence codante complète du MCR (Melanocortin Receptor) murin. L’analyse de la séquence des acides aminés de la protéine codée par la phase ouverte de lecture de cette séquence homologue permettait de suggérer que cette protéine appartient à la grande famille des récepteurs à sept hélices transmembranaires. Dans un deuxième temps, une analyse de polymorphisme de longueur de fragments de restriction montrait que les allèles E et e+ du locus extended black se distinguent par une différence du nombre de sites de restriction de type MscI dans la région codante. Les expériences proposées démontraient que la mutation à l’origine de cette différence entraîne la synthèse par les cellules transfectées avec des vecteurs d’expression porteur de l’allèle dominant E d’un récepteur constitutivement actif, qui reste donc indifférent à la stimulation par α–MSH. Dans un dernier temps, les phénotypes de cailleteaux issus de croisements entre individus au plumage yellow ou dark fawn-2 et individus au plumage recessive black permettaient de conclure à l’allélisme des gènes rb et Y. La mortalité embryonnaire homozygote (Y/Y) pouvait quant à elle être expliquée par une délétion entraînant la disparition de deux gènes codant pour des protéines essentielles à l’expression de l’information génétique. En conclusion de cette deuxième partie, le jury se doit de confesser son effarement devant la médiocrité d’un large tiers des copies. Celles-ci révèlent de gravissimes problèmes de niveau de connaissance et un manque évident de maîtrise de concepts fondamentaux. A titre d’exemples : le principe de la PCR est trop souvent ignoré ; la technique de Southern blot est confondue avec d’autres techniques de blots, quand elle n’est pas considérée comme une technique de séquençage ; l’évolution de l’activité adénylate cyclase en fonction de la concentration en α-MSH est décrite comme suivant une cinétique michaelienne. Face à de telles inepties, le jury ne peut qu’encourager les futurs candidats à manifester davantage de rigueur dans l’apprentissage de leurs cours. Correcteurs : M. Brion (rapport), M. Rajjou.