Pleine Lune
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vanesse31 Pleine Lune Publié sur Scribay le 01/02/2016 Pleine Lune Chapitre 12 C’est pour Lucas que je suis venue, seulement pour lui, me répétai-je intérieurement. Cela faisait à peine un quart d’heure que j’étais assise dans le bar situé face au cinéma en compagnie de Lucas et surtout d’Allison. Je mourrais d’envie de l’étrangler. Ils étaient déjà installés quand je suis arrivée. Les poils de mes bras se sont hérissés quand je découvris qu’ils étaient assis l’un à côté de l’autre. Ils passaient presque pour un couple. En tout cas, c’était tout de suite ce que j’avais ressenti en les voyant ensemble. J’avais presque hésité à entrer dans le bar mais j’avais aussi le goût du défi. J’avais bien l’intention de montrer à Allison que je tenais à Lucas. Je ne la laisserai pas marquer son territoire. - Salut, leur lançai-je. Lucas me répondit avec un sourire éclatant, contrairement à celui d’Allison. - Tu veux peut-être t’asseoir à côté de Lucas, me proposa-t-elle avec un semblant de gentillesse. Je voyais bien ce qu’elle essayait de faire, me faire passer pour la petite amie jalouse alors qu’elle, restait la bonne copine. Cette fille ne me connaissait pas. - Non, t’inquiète, ça va, déclinai-je poliment sa proposition. Après avoir passé commande, Allison me posa quelques questions sur ma vie et mes études mais le sujet ne la passionna pas longtemps. Elle revint vite sur sa petite personne et sur ses anecdotes avec Lucas. Elle n’hésitait pas à m’en mettre plein la vue et me montrer qu’elle était là bien avant moi. C’est pour Lucas que je suis venue, seulement pour lui , alors prend ton mal en patience, me dis-je intérieurement pour la énième fois alors que je mourais d’envie de l’étrangler. Peut-être que je pourrais en apprendre plus sur Lucas en écoutant Allison parler. Mais le son de sa voix était si désagréable à mes oreilles que je devais me retenir de ne pas me boucher les oreilles. Je fus ravie lorsque l’heure de la séance arriva. J’avais enfin une bonne excuse pour l’interrompre. - On devrait peut-être y aller si on veut avoir trois places assises côte à côte, leur disje en regardant ma montre. Même si j’espérais que ce ne serait pas le cas. Malgré les bonnes critiques du film, la salle n’était pas entièrement pleine. Nous avions finalement trouvé trois places proches. Lucas pris l’initiative de s’assoir entre nous deux. De cette façon, je pouvais presque en oublier la présence d’Allison et poser ma tête sur l’épaule de Lucas. Il avait pris ma main et cela me rassurait de savoir qu’il semblait tout à fait serein. Finalement ce qui me stressait le plus c’était d’entendre Allison demander à Lucas toutes les cinq minutes, s’il allait bien. Lucas Pleine Lune avait dû sentir ma nervosité croissante car il caressa le dos de ma main avec son pouce et m’embrassa sur le front. Le film était une comédie. Malheureusement, je n’en appréciais pas beaucoup l’humour, contrairement à Allison qui en profitait pour toucher le bras de Lucas à chaque fois qu’elle riait. Jamais je ne fus aussi soulagée que quand le générique de fin apparut sur l’écran. J’espérais sincèrement qu’Allison déciderait de ne pas prolonger notre soirée et qu’elle aurait la gentillesse de nous laisser seuls, avec Lucas. - C’était vraiment bien ce film, dit Allison en sortant du cinéma. J’ai passé une bonne soirée, rajouta-t-elle. Et toi Lucas ça n’a pas été trop difficile. - Non, c’était très bien, dit Lucas en passant son bras autour de moi. Le regard d’Allison suivit le bras de Lucas autour de ma taille puis l’expression de son visage devint méprisante et enfin son regard fut triste quand elle croisa le mien. Tout à coup, j’eus l’impression d’être une personne horrible. Depuis combien de temps était-elle amoureuse de Lucas ? L’était-elle avant de connaître son secret ? Lui avait-elle déjà avoué ses sentiments et l’avait-il repoussé ? J’étais vraiment désolée pour elle et je pensais que je devais me montrer plus compatissante avec elle. - Ouais c’était sympa, dis-je également. - OK, je vais vous laisser en tête à tête les amoureux. À plus dit-elle tout en s’approchant de Lucas qui se pencha pour l’embrasser sur la joue. Elle s’approcha de moi et je restais scotchée qu’elle me fasse la bise comme si nous étions de vieille copine. - Faut que l’on se refasse une soirée un de ces quatre, nous dit-elle puis elle tourna les talons. Lucas me prit la main et nous descendîmes la rue qui menait jusqu’à la place du château où étaient garés nos voitures. Lucas ne me lâchait pas la main jusqu’à ce que nous arrivions devant la portière de ma voiture. - Alors tu as vraiment passé une bonne soirée ? me demanda Lucas. Mes talents d’actrice étaient si mauvais que cela ? - Ouais, c’était bien, lui répondis-je en essayant de me montrer plus convaincante. Et toi ça n’a pas été trop difficile ? - Non ça va. J’ai cru que cela serait plus dur. Mais tu étais là, me dit-il en laissant frôler ses lèvres contre les miennes (mes jambes se mirent à trembler). Et ainsi qu’Allison, à vous deux, vous auriez réussi à me maîtriser. - Peut-être, dis-je un peu refroidie. - Je me trompe ou tu n’as pas l’air de beaucoup l’apprécier ?me demanda-t-il un peu 3 Pleine Lune déçu. - Non c’est pas ça. C’est juste que… vous n’êtes jamais sortis ensemble, même avant que tu deviennes un loup-garou ? voulus-je satisfaire ma curiosité. - On s’est embrassé une fois mais pour moi cela ne voulait rien dire. Je l’ai toujours vu que comme une amie, éluda-t-il. - Elle est toujours amoureuse de toi, lâchai-je. - Non tu te trompes, elle a oublié toute cette histoire depuis longtemps. C’est une fille sensée, elle a bien compris que je ne suis pas la personne qu’il lui faut. Une personne très intelligente peut faire des choses très idiotes quand elle est amoureuse. Moi aussi je suis amoureuse, et parce que j’avais mes propres faiblesses, je préférais lui laisser croire qu’il avait raison. - Est-ce que tu veux t’arrêter cinq minutes chez moi, en passant ? me demanda Lucas. - Seulement cinq minutes, t’es un sacré rapide me moquai-je mais en réalité je n’en menais pas large. - Oh mais je suis sûr que je peux te montrer plein de chose en cinq minutes, ma Belle, me glissa-t-il à l’oreille alors que ses mains passaient sous mon t-shirt. Je sursautais lorsque ses mains chatouillèrent la peau de mes hanches. - Non, je travaille demain, ce ne serait pas raisonnable, lui répondis-je en espérant ne pas rougir (vive la nuit !). Mais je t’appelle demain et on se voit toujours dimanche ? - Bien sûr, me dit-il avec son sourire à tomber, sois prudente sur la route. Je serais derrière toi, ajouta-t-il avant de m’embrasser. ? Je trépignais d’impatience, toutes les cinq secondes, je regardais par la fenêtre pour voir si Lucas arrivait. Hier soir, j’avais prévenu mes grands-parents de ma petite sortie à la plage avec mon petit ami et Pauline. Avec Lucas, on avait convenu qu’il passerait me chercher et que l’on retrouverait Pauline et Arthur directement à Granville. Emballée, ma grand-mère m’avait donc proposé que Lucas déjeune avec nous. J’avais presque espéré que Lucas refuse. Cette invitation donnait un caractère officiel à notre relation. Je ne savais pas encore quelle importance je voulais lui donner. À présent, j’appréhendais ce simple repas dominical qui avait plutôt lieu de présentation officielle. Je ne m’étais jamais imaginée présenter mon petit ami à mes grands-parents avant de l’avoir présenté à mon père. Mais c’était peut-être 4 Pleine Lune justement une idée de mon père, comme une sorte de test. Quoiqu’il en soit dès que j’entendis sa voiture, je sortis de la maison pour l’accueillir. J’ignore si c’était le stress qui me faisait agir de cette manière mais à peine était-il sorti de sa voiture que je lui sautais dans les bras. - Et bien quel accueil, me glissa-t-il à l’oreille. - Désolée j’angoissais un peu, m’excusai-je sans le lâcher. - Tu croyais que j’allais te posais un lapin ? se moqua-t-il de moi. - Non, c’est à cause de mes grands-parents. - Ne t’inquiète pas, je ne vais pas les dévorer, me dit-il avec un air taquin. Le conte du petit chaperon rouge me revint en mémoire et je ne pus réprimer un petit rire nerveux. - Tu ne m’en veux pas. Je ne voulais pas que ma grand-mère t’invite, lui dis-je avec une grimace de gêne. - Ah…, soupira-t-il avec un air extrêmement sérieux. - Non, c’est pas que je ne voulais pas que tu viennes mais je ne voulais pas que tu penses que je cherchais à te piéger, te passer la corde au cou, lui expliquai-je en rougissant. - Oh, lâcha-t-il en se retenant de rire. C’est à ce moment-là que mon grand-père choisit de se manifester. - Bonjour, lança-t-il. - Bonjour, lui répondit Lucas en se rapprochant de lui. Ils échangèrent une poignée de main silencieuse qui ressemblait presque à une conversation muette. Ma grand-mère vint à son tour lui dire bonjour. J’étais rassurée que mes grands-parents accueillent Lucas aussi gentiment. Je m’étais faite du souci pour rien. Ils ne lui firent pas subir un long interrogatoire et ne me posèrent aucune question gênante. Pauline avait eu d’excellentes informations. Le ciel était d’un bleu limpide et le soleil nous inondait de sa chaleur brulante. Une chance pour nous la voiture de Lucas était équipée de la climatisation. Cela me fit bizarre de me retrouver du côté passager. J’avais pris l’habitude d’être mon propre chauffeur. Du coup, je trouvais le temps un peu long, d’autant plus que mon compagnon n’était pas très bavard et restais concentré sur sa conduite. Cependant, je découvris que Lucas et moi partagions les mêmes goûts musicaux. 5 Pleine Lune Lorsque nous arrivâmes à Granville, nous eûmes quelques difficultés à trouver une place de stationnement. Il y avait beaucoup de promeneurs dans les rues et sur le bord de mer. Dès que je sortis du véhicule, l’air marin vint me chatouiller les narines. Je glissais discrètement ma main à l’intérieur de celle de mon amoureux. Lucas sursauta, il était plus tendu que la corde d’un arc. - Attend, lui dis-je pour qu’il arrête de marcher. Penche-toi, lui ordonnai-je en me plantant devant lui. - Pourquoi ? se méfia-t-il. - Fais-moi confiance, s’il te plait, lui intimai-je. Il soupira légèrement mais finit par se laisser faire. Je posais mes mains sur chacune de ses joues et effleurait doucement ses lèvres avec ma bouche. Il commença à se détendre. Je posais plusieurs fois de suite mes lèvres sur les siennes, jusqu’à ce que ses mains encerclent ma nuque. Je me blottis un peu plus contre lui et laissais ma bouche s’entrouvrir. Nos langues se caressèrent jusqu’à ce qu’un enfant un peu trop enthousiaste nous bouscula. Il nous regarda penaud, presque paniqué à l’idée que l’on se mette à le gronder. Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire. Lucas semblait à présent parfaitement détendu. - Tu vois, faire confiance aux autres peut être bon parfois, lui dis-je avec une pointe de malice. - Tu m’en diras tant, me répondit-il avec son sourire espiègle. Mon petit ami passa son bras autour de mes épaules et nous reprîmes le chemin de la plage. J’envoyais un message à Pauline comme convenu pour lui signifier notre arrivée. Sur le bord de la plage, j’enlevai mes sandales pour sentir le sable brûlant sous mes pieds. Je vis Pauline se diriger vers nous avec un large sourire, vêtu d’un maillot de bain rouge qui me fit penser à une vieille série télé. - Salut, m’accueillit-elle en m’embrassant. Elle sembla hésiter quelques secondes mais fis tout de même la bise à Lucas. - J’ai loué une petite cabane pour l’aprem, me dit-elle en me donnant une clé. Vous pouvez vous y changer et y laisser vos affaires. Vous nous retrouvez sur la plage, on est sous le parasol bleu, nous expliqua-t-elle en le désignant de sa main. - D’accord, à tout de suite, lui dis-je. Elle repartit en direction du parasol. Dans son maillot de bain deux pièces, Pauline était incroyablement sûre d’elle. J’ignorais si ma cousine en avait conscience mais ce maillot mettait ses formes féminines en valeur, et la gente masculine de cette plage semblait du même avis que moi. Je surpris Lucas qui la regardait s’éloigner. C’est un 6 Pleine Lune homme comme les autres ! Je me retins de lui donner un coup de coude et partit à la recherche de notre cabine. Alors que j’introduisis la petite clé dans le cadenas, une angoisse monta. Une seule cabine pour deux. Je me mentirais si je disais que je n’avais pas songé à une certaine intimité entre Lucas et moi mais pas maintenant, dans ses conditions, dans cette cabine. - Vas-y en premier, me dit Lucas en me donnant le sac à dos où nous avions mis nos maillots et les draps de bain. - D’accord, lui fus-je soulagée. La situation était cocasse. J’enlevais mes vêtements un par un derrière une fine porte en bois et l’homme qui me filait des papillons dans le ventre m’attendait sagement de l’autre côté. Je mis mon maillot et poussais le verrou de la cabine pour ouvrir la porte. Le regard que Lucas posa sur moi me fit un drôle d’effet et une vague de chaleur envahit tout mon corps. Je vis dans son regard une petite étincelle de désir qui me rendit fière et plus confiante en moi. J’attendais qu’il me parle, qu’il me fasse un compliment mais il restait totalement muet. - Quoi ? m’impatientai-je. - Heu rien… je vais me déshabiller, bredouilla-t-il. - Ce n’est pas une plage nudiste, raillai-je. - Hein ? Ah oui, non je veux dire me changer, bien sûr, se reprit-il en me montrant la cabine. À tout de suite, me dit-il en entrant à son tour dans le petit cabanon. Je décidais de laisser Lucas se changer et partais rejoindre Pauline sous le parasol bleu. - Tu vois, j’avais raison ce maillot te va parfaitement bien, constata-t-elle dès qu’elle me vit Qu’en as pensé Lucas ? me demanda-t-elle pendant que j’étalais mon drap de bain sur le sable. - Je crois qu’il l’apprécie aussi, jubilai-je en m’asseyant. Je repensais à la réaction de Lucas, ce n’était pas tout à fait la réaction que j’avais espéré quand je l’avais acheté. C’était encore mieux ! - Je te l’avais bien dit. Et je suis sûre que son amie Allison est bien loin de ses pensées, en ce moment, me dit-elle fièrement. - Ouais, en tout cas moi je n’ai pas envie de penser à elle, tranchai-je pour éloigner cette fille de mes pensées. - Je sais que je me mêle de quelque chose qui ne me regarde pas mais j’ai encore du mal à comprendre ce qui t’attire chez Lucas. Il me donne toujours une drôle d’impression, je le trouve trop étrange. 7 Pleine Lune Voyant que j’allais protester, elle me fit signe d’attendre. - Mais, continua-t-elle, si tu l’aimes vraiment je ne vois pas pourquoi je m’y opposerais. MAIS, insista-t-elle, s’il s’avise encore de te faire souffrir, il entendra parler de moi. - Je suis une grande fille, répliquai-je. - Excuse-moi, en tant qu’aînée, je veux juste protéger ma petite cousine, persista-telle. -Tu exagères, tu n’as que trois mois de plus que moi, lui dis-je en refusant de la prendre au sérieux. Elle sourit et remis ses lunettes de soleil. Je relevai la tête et me retournait un peu sur le côté pour voir si Lucas arrivait. Il sortit de la cabine à ce moment-là. Je ne pus détacher mon regard de son corps parfait. Je soupirais, pour moi, il éclipsait tous les autres hommes de cette plage. Je crus entendre au loin la voix de Pauline mais mes pensées étaient toutes focalisées sur quelqu’un d’autre. - Qu’est-ce que tu regardes comme ça ? s’exaspéra-t-elle en m’agrippant le bras. - Hein ! m’exclamai-je. - Ah, d’accord, je comprends mieux pourquoi, dit-elle en se retournant elle aussi. Il fait de la muscu ? me demanda-t-elle en abaissant ses lunettes. - Non, j’crois pas, lui répondis-je en essayant de me reprendre et de ne pas me mettre à baver. - Il est peut-être un peu trop poilu pour moi mais je dois avouer qu’il a des atouts très convainquant. Je ne pouvais bien sûr pas lui expliquer que sa musculature et sa pilosité étaient dues à son état de loup-garou. J’avais fait une promesse à Lucas mais décidemment, je me moquais qu’il soit un loup quelques nuits par semaine. - Physiquement, en tout cas, finit-elle par rajouter. J’allais protester lui expliquer que Lucas avait bien d’autres qualités mais une ombre s’approcha derrière nous. Avant qu’on eut le temps de réagir, nous fûmes aspergées de gouttelettes d’eau salée. Nous protestâmes toutes les deux en même temps, dans un éclat de rire. - Salut, me lança Arthur visiblement satisfait de sa petite blague et juste avant de s’asseoir à côté de Pauline et de passer amoureusement son bras autour de sa taille. Lucas arriva à ce moment-là. Après s’être échangé une poignée de main avec Arthur, Lucas étendit nos draps de bain sur le sable chaud. Quelle délicate attention. 8 Pleine Lune - Bon, ben moi, je vais me baigner, annonça Pauline. Vous venez ? nous proposa-t-elle en se levant déjà. - Ouais, j’arrive, lui répondis-je. Pauline partit avec Arthur en direction de la mer pendant que Lucas me tendit sa main pour m’aider à me relever. Sans un mot, Lucas garda ma main dans la sienne et nous suivîmes ma cousine. Nos corps très peu vêtus, à quelques centimètres l’un de l’autre, me réchauffait tout autant que ce soleil cuisant. Quand les premières vagues d’eau salée touchèrent mes jambes, j’hésitais à plonger entièrement mon corps dans cette eau a à peine vingt degré mais elle avait un bon effet rafraichissant. - Elle est froide, dis-je à Lucas pour lui expliquer mon hésitation. - Elle n’est jamais beaucoup plus chaude (non, c’est ma température corporelle qui est plus élevée que d’habitude), me répondit-il. Mouille-toi d’abord le corps avec ta main et entre doucement dans l’eau, me conseilla Lucas. J’écoutais ses conseils mais lorsque j’eu de l’eau jusqu’à la taille une grosse vague m’éclaboussa jusqu’au visage. - Ben enfin te voilà, m’accueillit Pauline en m’envoyant avec sa main quelques gouttes d’eau. Ce fut une déclaration de guerre, je l’éclaboussais à mon tour puis les garçons vinrent eux aussi se mêler à notre bataille. Nous passâmes tous les quatre, une bonne partie de l’après-midi dans l’eau. Lorsque j’en sortis, la mer avait déjà commencé à se retirer. Revenue sous le parasol, je m’allongeais sur mon drap de bain, Lucas fit de même à côté de moi. Sa main se glissa dans la mienne mais ni l’un et ni l’autre, ne prononcions un seul mot. Le bruit léger des vagues ainsi que le cri des mouettes parvinrent à mes oreilles, en y prêtant plus attention d’autres bruits venaient jusqu’à moi. Il y avait au loin le bruit d’un moteur de bateau et les rires des enfants sur la plage, sûrement occupés à construire des châteaux de sable. Sous la chaleur de cette fin d’après-midi de juillet, bercée par les bruits m’entourant, le sommeil m’enveloppait lentement quand Pauline décida de rompre cette quiétude. - Vous voulez pas aller manger une glace avant de partir ? proposa-t-elle d’une voix qui me parut un peu trop criarde. J’ouvris les yeux et me redressai sur les coudes. - Je ne suis pas contre, lui répondis-je d’une voix caverneuse. Ça te dit ? demandai-je à mon tour à mon amoureux. - Oui pourquoi pas, me répondit-il en protégeant ses yeux avec sa main. Maintenant que Pauline m’avait parlé de cette glace, j’en avais l’eau à la bouche. 9 Pleine Lune Alors que l’on remballait nos affaires, je jetais un regard en biais à Lucas. Il me surprit et me souris. En remontant vers la cabine, Lucas passa son bras autour de ma taille et m’embrassa. Il était prêt pour une petite balade en ville. C’était agréable de marcher main dans la main avec son petit ami dans les rues de Granville. Cette ballade dans ces rues en présence de ma cousine me rappelait d’anciens étés quand ma mère était encore avec nous. Elle aimait aussi se promener sur la côte normande. Pauline et sa mère étaient également de la partie. Nos mères appelaient cela des escapades féminines. J’avais presque l’impression qu’en observant attentivement les vitrines des magasins, j’allais finir par apercevoir le reflet de ma mère dans l’une d’elles. Je pouvais presque ressentir sa présence près de moi, tout près de moi… je me retournais vivement. Ce n’était pas la présence de ma mère que je percevais mais une présence beaucoup plus néfaste. - Qu’est-ce que… - Attend, coupai-je Lucas. Je m’étais arrêtée net de marcher et fixais chacun des passants dans la rue. La femme derrière moi me lança un regard noir. On aurait été à Paris, elle aurait passé son chemin sans me prêter la moindre attention mais ici, où les gens sont en vacances et en mode détente, je passais pour une jeune fille très impolie. - Louise, qu’est-ce qui t’arrive ? s’inquiéta Lucas. - Je ne sais pas mais j’ai cru sentir sa présence, lui expliquai-je. J’essayai de mémoriser chaque visage mais il était peut-être déjà loin. Nerveuse, je me mordis la lèvre. Rien. Je ne le voyais pas. - Est-ce que toi aussi, tu l’as… - Je n’en étais pas sûr jusqu’à ce que tu te retournes. Mais comment savoir qui c’est dans cette foule ? déplora-t-il. - On ne peut pas, soufflai-je. - D’accord, ça suffit, décida Lucas. Pauline qui n’avait pas vu que nous nous étions arrêtés, fis demi-tour et revins vers nous. - Qu’est-ce qui se passent les amoureux ? nous demanda-t-elle. - On rentre, dit Lucas un peu trop brutalement en passant son bras autour de mes épaules. - Oui, euh, j’suis un peu crevée. J’ai envie de rentrer, tentai-je d’expliquer à Pauline pour ne pas qu’elle s’inquiète. 10 Pleine Lune Elle nous observa quelques secondes puis plissa les yeux, pour enfin nous dire : - D’accord, je vois, me dit-elle avec un petit sourire en coin. Bonne sieste les amoureux ! nous lança-t-elle. ? J’avais très bien compris ce que soupçonnais Pauline mais hors de question de le contredire pour lui expliquer la véritable raison de notre départ précipité. De toute façon, comment lui dire que j’avais cru être suivi par un loup-garou cinglé ? Lucas ne me ramena pas chez mes grands-parents. Nous étions d’accord pour ne leur faire prendre aucun risque. Lucas était nerveux et son obsession de me protéger était omniprésente. En rentrant chez lui, je vis pour la première fois Lucas verrouiller sa porte à double tour et interdiction pour moi de rester devant une fenêtre. Nous étions en état de siège ! Je décidai d’aller prendre une douche enlever le sable et le sel qui s’attardaient sur ma peau pendant que Lucas restait sur le qui-vive tout en nous préparant des sandwiches. Pour les déguster, nous nous installions sur son canapé, devant la télévision. - Je devrais appeler mes grands-parents pour les prévenir que je vais rentrer tard, m’inquiétai-je. - Dis-leur que tu n’rentreras pas ce soir, m’annonça Lucas. - Quoi ? m’exclamai-je un peu inquiète tout à coup. - Écoute, dit-il en se rapprochant de moi. Il est sous sa forme humaine mais il n’en reste pas moins un homme dangereux et violent. Je préfère que tu restes ici cette nuit pour je puisse te protéger. - C’est uniquement pour ça ? lui demandai-je en me rapprochant de lui afin d’être sûre de ses intentions. - T’inquiète pas, je vais te laisser le lit et je dormirai sur le canapé, tenta-t-il de me rassurer pour mieux me convaincre. - C’est idiot, t’es chez toi, lui dis-je un peu gêné. On peut partager le même lit, promis je resterais sage, lui dis-je en plaisantant. - Mais moi je ne suis pas sûr de l’être, répliqua-t-il en se penchant vers moi. Je n’avais pas encore pensé clairement à ma première fois mais il était sûr que je l’envisageais avec quelqu’un que j’aime et en qui j’aurais confiance. Et c’était exactement les sentiments que je ressentais pour Lucas. Je faisais le second pas en posant mes lèvres sur celles de Lucas. Une chose en entraînant une autre, je me 11 Pleine Lune retrouvais assise à califourchon sur ses genoux et mon tee-shirt tombé à ses pieds. Alors que j’agrippais les pans de son tee-shirt et m’apprêtais à le lui ôter. Lucas me repoussa. - Non, arrête-toi, gronda-t-il en me prenant les mains. - Pourquoi ? lui demandai-je frustrée et un poil exaspérée. - Je… ce n’est pas la pleine lune mais, Louise, je reste un loup-garou. J’ai peur de te faire du mal, essaya-t-il de me calmer. - Tu arrives à te contrôler jusque-là, insistai-je un peu. - Oui, c’est ce que je pensais mais sous le coup de l’émotion je peux perdre les pédales. J’ai faillis tuer une fille, il y a quelques années, alors depuis, je préfère rester prudent. - Une fille, bougonnai-je un peu déçue d’apprendre qu’il y en avait eu d’autres avant moi. - Je ne l’ai vu qu’une seule fois, me dit-il juste pour me rassurer. Une erreur que je préfère oublier, ajouta-t-il pour clore le sujet. - D’accord mais ça ne nous empêche pas de partager le même lit. Je te promets que je sais me maitriser quand il le faut, tentai-je de me montrer responsable. Il me sourit et se pencha pour reprendre mon t-shirt resté sur le sol. - D’accord mais à condition que tu remettes ceci. Sinon, c’est moi qui ne pourrais pas rester sage. Il fallait admettre qu’il avait raison. Ce n’était que partie remise. 12