Pleine Lune

Transcription

Pleine Lune
vanesse31
Pleine Lune
Publié sur Scribay le 01/02/2016
Pleine Lune
Chapitre 12
C’est pour Lucas que je suis venue, seulement pour lui, me répétai-je intérieurement.
Cela faisait à peine un quart d’heure que j’étais assise dans le bar situé face au
cinéma en compagnie de Lucas et surtout d’Allison. Je mourrais d’envie de
l’étrangler. Ils étaient déjà installés quand je suis arrivée. Les poils de mes bras se
sont hérissés quand je découvris qu’ils étaient assis l’un à côté de l’autre. Ils
passaient presque pour un couple. En tout cas, c’était tout de suite ce que j’avais
ressenti en les voyant ensemble. J’avais presque hésité à entrer dans le bar mais
j’avais aussi le goût du défi. J’avais bien l’intention de montrer à Allison que je tenais
à Lucas. Je ne la laisserai pas marquer son territoire.
- Salut, leur lançai-je.
Lucas me répondit avec un sourire éclatant, contrairement à celui d’Allison.
- Tu veux peut-être t’asseoir à côté de Lucas, me proposa-t-elle avec un semblant de
gentillesse.
Je voyais bien ce qu’elle essayait de faire, me faire passer pour la petite amie jalouse
alors qu’elle, restait la bonne copine. Cette fille ne me connaissait pas.
- Non, t’inquiète, ça va, déclinai-je poliment sa proposition.
Après avoir passé commande, Allison me posa quelques questions sur ma vie et mes
études mais le sujet ne la passionna pas longtemps. Elle revint vite sur sa petite
personne et sur ses anecdotes avec Lucas. Elle n’hésitait pas à m’en mettre plein la
vue et me montrer qu’elle était là bien avant moi.
C’est pour Lucas que je suis venue, seulement pour lui , alors prend ton mal en
patience, me dis-je intérieurement pour la énième fois alors que je mourais d’envie
de l’étrangler. Peut-être que je pourrais en apprendre plus sur Lucas en écoutant
Allison parler. Mais le son de sa voix était si désagréable à mes oreilles que je devais
me retenir de ne pas me boucher les oreilles. Je fus ravie lorsque l’heure de la séance
arriva. J’avais enfin une bonne excuse pour l’interrompre.
- On devrait peut-être y aller si on veut avoir trois places assises côte à côte, leur disje en regardant ma montre. Même si j’espérais que ce ne serait pas le cas.
Malgré les bonnes critiques du film, la salle n’était pas entièrement pleine. Nous
avions finalement trouvé trois places proches. Lucas pris l’initiative de s’assoir entre
nous deux. De cette façon, je pouvais presque en oublier la présence d’Allison et
poser ma tête sur l’épaule de Lucas. Il avait pris ma main et cela me rassurait de
savoir qu’il semblait tout à fait serein. Finalement ce qui me stressait le plus c’était
d’entendre Allison demander à Lucas toutes les cinq minutes, s’il allait bien. Lucas
Pleine Lune
avait dû sentir ma nervosité croissante car il caressa le dos de ma main avec son
pouce et m’embrassa sur le front. Le film était une comédie. Malheureusement, je
n’en appréciais pas beaucoup l’humour, contrairement à Allison qui en profitait pour
toucher le bras de Lucas à chaque fois qu’elle riait.
Jamais je ne fus aussi soulagée que quand le générique de fin apparut sur l’écran.
J’espérais sincèrement qu’Allison déciderait de ne pas prolonger notre soirée et
qu’elle aurait la gentillesse de nous laisser seuls, avec Lucas.
- C’était vraiment bien ce film, dit Allison en sortant du cinéma. J’ai passé une bonne
soirée, rajouta-t-elle. Et toi Lucas ça n’a pas été trop difficile.
- Non, c’était très bien, dit Lucas en passant son bras autour de moi.
Le regard d’Allison suivit le bras de Lucas autour de ma taille puis l’expression de
son visage devint méprisante et enfin son regard fut triste quand elle croisa le mien.
Tout à coup, j’eus l’impression d’être une personne horrible. Depuis combien de
temps était-elle amoureuse de Lucas ? L’était-elle avant de connaître son secret ? Lui
avait-elle déjà avoué ses sentiments et l’avait-il repoussé ? J’étais vraiment désolée
pour elle et je pensais que je devais me montrer plus compatissante avec elle.
- Ouais c’était sympa, dis-je également.
- OK, je vais vous laisser en tête à tête les amoureux. À plus dit-elle tout en
s’approchant de Lucas qui se pencha pour l’embrasser sur la joue.
Elle s’approcha de moi et je restais scotchée qu’elle me fasse la bise comme si nous
étions de vieille copine.
- Faut que l’on se refasse une soirée un de ces quatre, nous dit-elle puis elle tourna
les talons.
Lucas me prit la main et nous descendîmes la rue qui menait jusqu’à la place du
château où étaient garés nos voitures. Lucas ne me lâchait pas la main jusqu’à ce
que nous arrivions devant la portière de ma voiture.
- Alors tu as vraiment passé une bonne soirée ? me demanda Lucas.
Mes talents d’actrice étaient si mauvais que cela ?
- Ouais, c’était bien, lui répondis-je en essayant de me montrer plus convaincante. Et
toi ça n’a pas été trop difficile ?
- Non ça va. J’ai cru que cela serait plus dur. Mais tu étais là, me dit-il en laissant
frôler ses lèvres contre les miennes (mes jambes se mirent à trembler). Et ainsi
qu’Allison, à vous deux, vous auriez réussi à me maîtriser.
- Peut-être, dis-je un peu refroidie.
- Je me trompe ou tu n’as pas l’air de beaucoup l’apprécier ?me demanda-t-il un peu
3
Pleine Lune
déçu.
- Non c’est pas ça. C’est juste que… vous n’êtes jamais sortis ensemble, même avant
que tu deviennes un loup-garou ? voulus-je satisfaire ma curiosité.
- On s’est embrassé une fois mais pour moi cela ne voulait rien dire. Je l’ai toujours
vu que comme une amie, éluda-t-il.
- Elle est toujours amoureuse de toi, lâchai-je.
- Non tu te trompes, elle a oublié toute cette histoire depuis longtemps. C’est une
fille sensée, elle a bien compris que je ne suis pas la personne qu’il lui faut.
Une personne très intelligente peut faire des choses très idiotes quand elle est
amoureuse. Moi aussi je suis amoureuse, et parce que j’avais mes propres faiblesses,
je préférais lui laisser croire qu’il avait raison.
- Est-ce que tu veux t’arrêter cinq minutes chez moi, en passant ? me demanda
Lucas.
- Seulement cinq minutes, t’es un sacré rapide me moquai-je mais en réalité je n’en
menais pas large.
- Oh mais je suis sûr que je peux te montrer plein de chose en cinq minutes, ma
Belle, me glissa-t-il à l’oreille alors que ses mains passaient sous mon t-shirt.
Je sursautais lorsque ses mains chatouillèrent la peau de mes hanches.
- Non, je travaille demain, ce ne serait pas raisonnable, lui répondis-je en espérant ne
pas rougir (vive la nuit !). Mais je t’appelle demain et on se voit toujours dimanche ?
- Bien sûr, me dit-il avec son sourire à tomber, sois prudente sur la route. Je serais
derrière toi, ajouta-t-il avant de m’embrasser.
?
Je trépignais d’impatience, toutes les cinq secondes, je regardais par la fenêtre pour
voir si Lucas arrivait. Hier soir, j’avais prévenu mes grands-parents de ma petite
sortie à la plage avec mon petit ami et Pauline. Avec Lucas, on avait convenu qu’il
passerait me chercher et que l’on retrouverait Pauline et Arthur directement à
Granville. Emballée, ma grand-mère m’avait donc proposé que Lucas déjeune avec
nous. J’avais presque espéré que Lucas refuse. Cette invitation donnait un caractère
officiel à notre relation. Je ne savais pas encore quelle importance je voulais lui
donner. À présent, j’appréhendais ce simple repas dominical qui avait plutôt lieu de
présentation officielle. Je ne m’étais jamais imaginée présenter mon petit ami à mes
grands-parents avant de l’avoir présenté à mon père. Mais c’était peut-être
4
Pleine Lune
justement une idée de mon père, comme une sorte de test. Quoiqu’il en soit dès que
j’entendis sa voiture, je sortis de la maison pour l’accueillir. J’ignore si c’était le
stress qui me faisait agir de cette manière mais à peine était-il sorti de sa voiture que
je lui sautais dans les bras.
- Et bien quel accueil, me glissa-t-il à l’oreille.
- Désolée j’angoissais un peu, m’excusai-je sans le lâcher.
- Tu croyais que j’allais te posais un lapin ? se moqua-t-il de moi.
- Non, c’est à cause de mes grands-parents.
- Ne t’inquiète pas, je ne vais pas les dévorer, me dit-il avec un air taquin.
Le conte du petit chaperon rouge me revint en mémoire et je ne pus réprimer un
petit rire nerveux.
- Tu ne m’en veux pas. Je ne voulais pas que ma grand-mère t’invite, lui dis-je avec
une grimace de gêne.
- Ah…, soupira-t-il avec un air extrêmement sérieux.
- Non, c’est pas que je ne voulais pas que tu viennes mais je ne voulais pas que tu
penses que je cherchais à te piéger, te passer la corde au cou, lui expliquai-je en
rougissant.
- Oh, lâcha-t-il en se retenant de rire.
C’est à ce moment-là que mon grand-père choisit de se manifester.
- Bonjour, lança-t-il.
- Bonjour, lui répondit Lucas en se rapprochant de lui.
Ils échangèrent une poignée de main silencieuse qui ressemblait presque à une
conversation muette. Ma grand-mère vint à son tour lui dire bonjour. J’étais rassurée
que mes grands-parents accueillent Lucas aussi gentiment. Je m’étais faite du souci
pour rien. Ils ne lui firent pas subir un long interrogatoire et ne me posèrent aucune
question gênante.
Pauline avait eu d’excellentes informations. Le ciel était d’un bleu limpide et le soleil
nous inondait de sa chaleur brulante. Une chance pour nous la voiture de Lucas était
équipée de la climatisation. Cela me fit bizarre de me retrouver du côté passager.
J’avais pris l’habitude d’être mon propre chauffeur. Du coup, je trouvais le temps un
peu long, d’autant plus que mon compagnon n’était pas très bavard et restais
concentré sur sa conduite. Cependant, je découvris que Lucas et moi partagions les
mêmes goûts musicaux.
5
Pleine Lune
Lorsque nous arrivâmes à Granville, nous eûmes quelques difficultés à trouver une
place de stationnement. Il y avait beaucoup de promeneurs dans les rues et sur le
bord de mer. Dès que je sortis du véhicule, l’air marin vint me chatouiller les narines.
Je glissais discrètement ma main à l’intérieur de celle de mon amoureux. Lucas
sursauta, il était plus tendu que la corde d’un arc.
- Attend, lui dis-je pour qu’il arrête de marcher. Penche-toi, lui ordonnai-je en me
plantant devant lui.
- Pourquoi ? se méfia-t-il.
- Fais-moi confiance, s’il te plait, lui intimai-je.
Il soupira légèrement mais finit par se laisser faire. Je posais mes mains sur chacune
de ses joues et effleurait doucement ses lèvres avec ma bouche. Il commença à se
détendre. Je posais plusieurs fois de suite mes lèvres sur les siennes, jusqu’à ce que
ses mains encerclent ma nuque. Je me blottis un peu plus contre lui et laissais ma
bouche s’entrouvrir. Nos langues se caressèrent jusqu’à ce qu’un enfant un peu trop
enthousiaste nous bouscula. Il nous regarda penaud, presque paniqué à l’idée que
l’on se mette à le gronder. Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire. Lucas semblait à
présent parfaitement détendu.
- Tu vois, faire confiance aux autres peut être bon parfois, lui dis-je avec une pointe
de malice.
- Tu m’en diras tant, me répondit-il avec son sourire espiègle.
Mon petit ami passa son bras autour de mes épaules et nous reprîmes le chemin de
la plage.
J’envoyais un message à Pauline comme convenu pour lui signifier notre arrivée. Sur
le bord de la plage, j’enlevai mes sandales pour sentir le sable brûlant sous mes
pieds. Je vis Pauline se diriger vers nous avec un large sourire, vêtu d’un maillot de
bain rouge qui me fit penser à une vieille série télé.
- Salut, m’accueillit-elle en m’embrassant.
Elle sembla hésiter quelques secondes mais fis tout de même la bise à Lucas.
- J’ai loué une petite cabane pour l’aprem, me dit-elle en me donnant une clé. Vous
pouvez vous y changer et y laisser vos affaires. Vous nous retrouvez sur la plage, on
est sous le parasol bleu, nous expliqua-t-elle en le désignant de sa main.
- D’accord, à tout de suite, lui dis-je.
Elle repartit en direction du parasol. Dans son maillot de bain deux pièces, Pauline
était incroyablement sûre d’elle. J’ignorais si ma cousine en avait conscience mais ce
maillot mettait ses formes féminines en valeur, et la gente masculine de cette plage
semblait du même avis que moi. Je surpris Lucas qui la regardait s’éloigner. C’est un
6
Pleine Lune
homme comme les autres ! Je me retins de lui donner un coup de coude et partit à la
recherche de notre cabine. Alors que j’introduisis la petite clé dans le cadenas, une
angoisse monta. Une seule cabine pour deux. Je me mentirais si je disais que je
n’avais pas songé à une certaine intimité entre Lucas et moi mais pas maintenant,
dans ses conditions, dans cette cabine.
- Vas-y en premier, me dit Lucas en me donnant le sac à dos où nous avions mis nos
maillots et les draps de bain.
- D’accord, lui fus-je soulagée.
La situation était cocasse. J’enlevais mes vêtements un par un derrière une fine porte
en bois et l’homme qui me filait des papillons dans le ventre m’attendait sagement de
l’autre côté. Je mis mon maillot et poussais le verrou de la cabine pour ouvrir la
porte. Le regard que Lucas posa sur moi me fit un drôle d’effet et une vague de
chaleur envahit tout mon corps. Je vis dans son regard une petite étincelle de désir
qui me rendit fière et plus confiante en moi. J’attendais qu’il me parle, qu’il me fasse
un compliment mais il restait totalement muet.
- Quoi ? m’impatientai-je.
- Heu rien… je vais me déshabiller, bredouilla-t-il.
- Ce n’est pas une plage nudiste, raillai-je.
- Hein ? Ah oui, non je veux dire me changer, bien sûr, se reprit-il en me montrant la
cabine. À tout de suite, me dit-il en entrant à son tour dans le petit cabanon.
Je décidais de laisser Lucas se changer et partais rejoindre Pauline sous le parasol
bleu.
- Tu vois, j’avais raison ce maillot te va parfaitement bien, constata-t-elle dès qu’elle
me vit Qu’en as pensé Lucas ? me demanda-t-elle pendant que j’étalais mon drap de
bain sur le sable.
- Je crois qu’il l’apprécie aussi, jubilai-je en m’asseyant.
Je repensais à la réaction de Lucas, ce n’était pas tout à fait la réaction que j’avais
espéré quand je l’avais acheté. C’était encore mieux !
- Je te l’avais bien dit. Et je suis sûre que son amie Allison est bien loin de ses
pensées, en ce moment, me dit-elle fièrement.
- Ouais, en tout cas moi je n’ai pas envie de penser à elle, tranchai-je pour éloigner
cette fille de mes pensées.
- Je sais que je me mêle de quelque chose qui ne me regarde pas mais j’ai encore du
mal à comprendre ce qui t’attire chez Lucas. Il me donne toujours une drôle
d’impression, je le trouve trop étrange.
7
Pleine Lune
Voyant que j’allais protester, elle me fit signe d’attendre.
- Mais, continua-t-elle, si tu l’aimes vraiment je ne vois pas pourquoi je m’y
opposerais. MAIS, insista-t-elle, s’il s’avise encore de te faire souffrir, il entendra
parler de moi.
- Je suis une grande fille, répliquai-je.
- Excuse-moi, en tant qu’aînée, je veux juste protéger ma petite cousine, persista-telle.
-Tu exagères, tu n’as que trois mois de plus que moi, lui dis-je en refusant de la
prendre au sérieux.
Elle sourit et remis ses lunettes de soleil. Je relevai la tête et me retournait un peu
sur le côté pour voir si Lucas arrivait. Il sortit de la cabine à ce moment-là. Je ne pus
détacher mon regard de son corps parfait. Je soupirais, pour moi, il éclipsait tous les
autres hommes de cette plage. Je crus entendre au loin la voix de Pauline mais mes
pensées étaient toutes focalisées sur quelqu’un d’autre.
- Qu’est-ce que tu regardes comme ça ? s’exaspéra-t-elle en m’agrippant le bras.
- Hein ! m’exclamai-je.
- Ah, d’accord, je comprends mieux pourquoi, dit-elle en se retournant elle aussi. Il
fait de la muscu ? me demanda-t-elle en abaissant ses lunettes.
- Non, j’crois pas, lui répondis-je en essayant de me reprendre et de ne pas me
mettre à baver.
- Il est peut-être un peu trop poilu pour moi mais je dois avouer qu’il a des atouts très
convainquant.
Je ne pouvais bien sûr pas lui expliquer que sa musculature et sa pilosité étaient dues
à son état de loup-garou. J’avais fait une promesse à Lucas mais décidemment, je me
moquais qu’il soit un loup quelques nuits par semaine.
- Physiquement, en tout cas, finit-elle par rajouter.
J’allais protester lui expliquer que Lucas avait bien d’autres qualités mais une ombre
s’approcha derrière nous. Avant qu’on eut le temps de réagir, nous fûmes aspergées
de gouttelettes d’eau salée. Nous protestâmes toutes les deux en même temps, dans
un éclat de rire.
- Salut, me lança Arthur visiblement satisfait de sa petite blague et juste avant de
s’asseoir à côté de Pauline et de passer amoureusement son bras autour de sa taille.
Lucas arriva à ce moment-là. Après s’être échangé une poignée de main avec Arthur,
Lucas étendit nos draps de bain sur le sable chaud. Quelle délicate attention.
8
Pleine Lune
- Bon, ben moi, je vais me baigner, annonça Pauline. Vous venez ? nous proposa-t-elle
en se levant déjà.
- Ouais, j’arrive, lui répondis-je.
Pauline partit avec Arthur en direction de la mer pendant que Lucas me tendit sa
main pour m’aider à me relever. Sans un mot, Lucas garda ma main dans la sienne et
nous suivîmes ma cousine. Nos corps très peu vêtus, à quelques centimètres l’un de
l’autre, me réchauffait tout autant que ce soleil cuisant.
Quand les premières vagues d’eau salée touchèrent mes jambes, j’hésitais à plonger
entièrement mon corps dans cette eau a à peine vingt degré mais elle avait un bon
effet rafraichissant.
- Elle est froide, dis-je à Lucas pour lui expliquer mon hésitation.
- Elle n’est jamais beaucoup plus chaude (non, c’est ma température corporelle qui
est plus élevée que d’habitude), me répondit-il. Mouille-toi d’abord le corps avec ta
main et entre doucement dans l’eau, me conseilla Lucas.
J’écoutais ses conseils mais lorsque j’eu de l’eau jusqu’à la taille une grosse vague
m’éclaboussa jusqu’au visage.
- Ben enfin te voilà, m’accueillit Pauline en m’envoyant avec sa main quelques
gouttes d’eau.
Ce fut une déclaration de guerre, je l’éclaboussais à mon tour puis les garçons
vinrent eux aussi se mêler à notre bataille. Nous passâmes tous les quatre, une
bonne partie de l’après-midi dans l’eau. Lorsque j’en sortis, la mer avait déjà
commencé à se retirer. Revenue sous le parasol, je m’allongeais sur mon drap de
bain, Lucas fit de même à côté de moi. Sa main se glissa dans la mienne mais ni l’un
et ni l’autre, ne prononcions un seul mot. Le bruit léger des vagues ainsi que le cri
des mouettes parvinrent à mes oreilles, en y prêtant plus attention d’autres bruits
venaient jusqu’à moi. Il y avait au loin le bruit d’un moteur de bateau et les rires des
enfants sur la plage, sûrement occupés à construire des châteaux de sable. Sous la
chaleur de cette fin d’après-midi de juillet, bercée par les bruits m’entourant, le
sommeil m’enveloppait lentement quand Pauline décida de rompre cette quiétude.
- Vous voulez pas aller manger une glace avant de partir ? proposa-t-elle d’une voix
qui me parut un peu trop criarde.
J’ouvris les yeux et me redressai sur les coudes.
- Je ne suis pas contre, lui répondis-je d’une voix caverneuse. Ça te dit ? demandai-je
à mon tour à mon amoureux.
- Oui pourquoi pas, me répondit-il en protégeant ses yeux avec sa main.
Maintenant que Pauline m’avait parlé de cette glace, j’en avais l’eau à la bouche.
9
Pleine Lune
Alors que l’on remballait nos affaires, je jetais un regard en biais à Lucas. Il me
surprit et me souris. En remontant vers la cabine, Lucas passa son bras autour de ma
taille et m’embrassa. Il était prêt pour une petite balade en ville.
C’était agréable de marcher main dans la main avec son petit ami dans les rues de
Granville. Cette ballade dans ces rues en présence de ma cousine me rappelait
d’anciens étés quand ma mère était encore avec nous. Elle aimait aussi se promener
sur la côte normande. Pauline et sa mère étaient également de la partie. Nos mères
appelaient cela des escapades féminines. J’avais presque l’impression qu’en
observant attentivement les vitrines des magasins, j’allais finir par apercevoir le
reflet de ma mère dans l’une d’elles. Je pouvais presque ressentir sa présence près
de moi, tout près de moi… je me retournais vivement. Ce n’était pas la présence de
ma mère que je percevais mais une présence beaucoup plus néfaste.
- Qu’est-ce que…
- Attend, coupai-je Lucas.
Je m’étais arrêtée net de marcher et fixais chacun des passants dans la rue. La
femme derrière moi me lança un regard noir. On aurait été à Paris, elle aurait passé
son chemin sans me prêter la moindre attention mais ici, où les gens sont en
vacances et en mode détente, je passais pour une jeune fille très impolie.
- Louise, qu’est-ce qui t’arrive ? s’inquiéta Lucas.
- Je ne sais pas mais j’ai cru sentir sa présence, lui expliquai-je.
J’essayai de mémoriser chaque visage mais il était peut-être déjà loin. Nerveuse, je
me mordis la lèvre. Rien. Je ne le voyais pas.
- Est-ce que toi aussi, tu l’as…
- Je n’en étais pas sûr jusqu’à ce que tu te retournes. Mais comment savoir qui c’est
dans cette foule ? déplora-t-il.
- On ne peut pas, soufflai-je.
- D’accord, ça suffit, décida Lucas.
Pauline qui n’avait pas vu que nous nous étions arrêtés, fis demi-tour et revins vers
nous.
- Qu’est-ce qui se passent les amoureux ? nous demanda-t-elle.
- On rentre, dit Lucas un peu trop brutalement en passant son bras autour de mes
épaules.
- Oui, euh, j’suis un peu crevée. J’ai envie de rentrer, tentai-je d’expliquer à Pauline
pour ne pas qu’elle s’inquiète.
10
Pleine Lune
Elle nous observa quelques secondes puis plissa les yeux, pour enfin nous dire :
- D’accord, je vois, me dit-elle avec un petit sourire en coin. Bonne sieste les
amoureux ! nous lança-t-elle.
?
J’avais très bien compris ce que soupçonnais Pauline mais hors de question de le
contredire pour lui expliquer la véritable raison de notre départ précipité. De toute
façon, comment lui dire que j’avais cru être suivi par un loup-garou cinglé ? Lucas ne
me ramena pas chez mes grands-parents. Nous étions d’accord pour ne leur faire
prendre aucun risque. Lucas était nerveux et son obsession de me protéger était
omniprésente. En rentrant chez lui, je vis pour la première fois Lucas verrouiller sa
porte à double tour et interdiction pour moi de rester devant une fenêtre. Nous
étions en état de siège ! Je décidai d’aller prendre une douche enlever le sable et le
sel qui s’attardaient sur ma peau pendant que Lucas restait sur le qui-vive tout en
nous préparant des sandwiches. Pour les déguster, nous nous installions sur son
canapé, devant la télévision.
- Je devrais appeler mes grands-parents pour les prévenir que je vais rentrer tard,
m’inquiétai-je.
- Dis-leur que tu n’rentreras pas ce soir, m’annonça Lucas.
- Quoi ? m’exclamai-je un peu inquiète tout à coup.
- Écoute, dit-il en se rapprochant de moi. Il est sous sa forme humaine mais il n’en
reste pas moins un homme dangereux et violent. Je préfère que tu restes ici cette
nuit pour je puisse te protéger.
- C’est uniquement pour ça ? lui demandai-je en me rapprochant de lui afin d’être
sûre de ses intentions.
- T’inquiète pas, je vais te laisser le lit et je dormirai sur le canapé, tenta-t-il de me
rassurer pour mieux me convaincre.
- C’est idiot, t’es chez toi, lui dis-je un peu gêné. On peut partager le même lit,
promis je resterais sage, lui dis-je en plaisantant.
- Mais moi je ne suis pas sûr de l’être, répliqua-t-il en se penchant vers moi.
Je n’avais pas encore pensé clairement à ma première fois mais il était sûr que je
l’envisageais avec quelqu’un que j’aime et en qui j’aurais confiance. Et c’était
exactement les sentiments que je ressentais pour Lucas. Je faisais le second pas en
posant mes lèvres sur celles de Lucas. Une chose en entraînant une autre, je me
11
Pleine Lune
retrouvais assise à califourchon sur ses genoux et mon tee-shirt tombé à ses pieds.
Alors que j’agrippais les pans de son tee-shirt et m’apprêtais à le lui ôter. Lucas me
repoussa.
- Non, arrête-toi, gronda-t-il en me prenant les mains.
- Pourquoi ? lui demandai-je frustrée et un poil exaspérée.
- Je… ce n’est pas la pleine lune mais, Louise, je reste un loup-garou. J’ai peur de te
faire du mal, essaya-t-il de me calmer.
- Tu arrives à te contrôler jusque-là, insistai-je un peu.
- Oui, c’est ce que je pensais mais sous le coup de l’émotion je peux perdre les
pédales. J’ai faillis tuer une fille, il y a quelques années, alors depuis, je préfère
rester prudent.
- Une fille, bougonnai-je un peu déçue d’apprendre qu’il y en avait eu d’autres avant
moi.
- Je ne l’ai vu qu’une seule fois, me dit-il juste pour me rassurer. Une erreur que je
préfère oublier, ajouta-t-il pour clore le sujet.
- D’accord mais ça ne nous empêche pas de partager le même lit. Je te promets que
je sais me maitriser quand il le faut, tentai-je de me montrer responsable.
Il me sourit et se pencha pour reprendre mon t-shirt resté sur le sol.
- D’accord mais à condition que tu remettes ceci. Sinon, c’est moi qui ne pourrais pas
rester sage.
Il fallait admettre qu’il avait raison. Ce n’était que partie remise.
12

Documents pareils